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Rodan 1943, 1947 et 1961 et Nurkse 1953). C’est à partir de la fin des années 50 que commence la
formalisation proprement dite de cette hypothèse, alors que le modèle de croissance de Solow semblait
l’ignorer. A cette époque en effet, la théorie néoclassique de la croissance de Solow-Swan (1956), qui
figurait aux frontières des recherches universitaires avait conduit la majorité des économistes à adopter
l’argument selon lequel toutes les nations devaient converger vers un seul et même état régulier,
laissant de côté la possibilité d’équilibre bas. Il faut attendre les preuves empiriques des limites de
modèle néoclassique et l’avènement des théories de la croissance endogène (Romer, 1986 et 1990 ;
Lucas, 1988 ; Barro, 1990 ; Rebelo, 1991 ; King et Rebelo, 1990 entre autre) dans la deuxième moitié
de la décennie 1980, pour que l’hypothèse d’une multiplicité de régimes de croissance d’équilibre soit
approfondie et confrontée aux données d’observation. Cette théorie de la croissance endogène des
années 1980-1990 a une similitude avec la littérature sur le développement des années 1940 et 1950,
qui a également fait valoir que la production ne dépendait que de capital. Les années 1990 ont vu ainsi
se développer une combinaison très prolifique d’avancées théoriques et de nouvelles analyses
empiriques d’existence possible d’équilibres bas dans le processus de croissance des pays. Ceci a été
montré, avec des méthodologies différentes.
Il existe maintenant une littérature abondante sur les clubs de convergence et équilibres multiples.
Depuis les premières contributions empiriques d’Abramovitz (1986) et de Baumol (1986), pour les
pays de l’OCDE, plusieurs chercheurs ont montré certains facteurs susceptibles de bloquer la
croissance dans les pays pauvres. Des nombreuses revues de littérature et des ouvrages entiers leurs
ont été consacrés. Enfin, les principaux résultats sur les équilibres multiples sont traduits depuis une
dizaine d’années en termes de recommandations de politique de développement comme les
propositions de « grande poussées » de Sachs et al (2004)
, le Projet du Millénaire des Nations Unies
de Collier (2004)
, dans le contexte des discussions initiées par la Commission Blair pour l’Afrique,
ou encore de l’Initiative pour un Plan Marshall mondial soutenue par le Club de Rome et théorisée par
Radermacher (2004). Bref, la notion d’équilibres multiples de croissance a perdu le charme de la
nouveauté. La présente contribution n’a pas pour but de faire une revue de littératures de ces
contributions, ce qui serait impossible dans le cadre restreint adopté ici. Cependant, la principale
question que ce courant a adressée à la science économique est également d’analyser la situation
apparente des pays les plus pauvres. Plus précisément, comment certaines économies en
développement sont-elles bloquées dans piège du sous-développement ? C’est cette question qui n’est
pas encore bien étudiée et mérite de ce fait, une investigation particulière sans la mélanger avec l’autre
question qui a fait l’objet de plusieurs analyses approfondies, à savoir, comment les économies dites
émergentes ont-elles réussi à échapper au piège du sous-développement ?
La principale motivation de l’article est empirique et il s’agit ici à la fois de voir comment un simple
modèle de Solow-Romer permet de rendre compte du taux de croissance en longue période d’un pays
en voie de développement et qualifié d’Etat-rentier du fait de l’importance de ses ressources en
minerai, en l’occurrence la RDC. L’étude est sur une très longue période. Un tel objectif peut paraître
simple et rencontre, pourtant, plusieurs difficultés. La première et finalement la plus difficile à
surmonter est la collecte d’informations statistiques fiables (particulièrement sous la période précédant
l’indépendance). Il est possible, cependant, d’utiliser les séries d’investissement de Kalonji Ntalaja
(2007)
, les séries de capital physique de capital physique, de capital humain et d’emplois de Kodila
Tedika et Kyayima Muteba (2010
) et de les compléter par les données disponibles dans les ouvrages
de Peeman (1997
) et Ndaywelè Nziem (1998
) pour résoudre en partie cette première difficulté. La
seconde difficulté est théorique. Le modèle de Solow-Romer ignore totalement les facteurs culturels,
SACHS, J. D., J. W. MCARTHUR, G. SCHMIDT-TRAUB, M. KRUK, C. BAHADUR, M. FAYE, et G. MCCORD (2004), “Ending
Africa’s Poverty Trap”. Brookings Papers on Economic Activity, 1, p. 117-240.
COLLIER, P. (2004), “African Growth – Why a ‘Big Push’?”, Article présenté à la session plénière de l’atelier de recherche biannuel du
Consortium pour la Recherche Economique en Afrique, 5 décembre, Nairobi.
Kalonji Ntalaja (2007), « Croissance et pauvreté en RDC», Université de Kinshasa (Miméo).
Kodila Tedika, O et Kyayima Muteba,F, (2010), « Sources de la croissance en République Démocratique du Congo d’avant indépendance.
Une analyse par la cointégration ». Document de travail Université de Kinshasa.
Peemans, (1997), Le Congo-Zaïre au gré du XXème siècle : Etat, Economie, Société. 279 p Ed. L'Harmattan, Paris.
NDAYWEL è NZIEM, I., 1998, Histoire générale du Congo. De l'héritage ancien à la République Démocratique. Paris/Bruxelles,
Duculot/De Boeck