CROISSANCE ECONOMIQUE ET CONSOMMATION DE CAPITAL NATUREL «Toute ressource naturelle est en quantité finie; et il s'ensuit qu'elles deviennent moins abondantes à mesure de la croissance de notre consommation.», voilà ce que nous disait Candide dans L'homme notre dernière chance, Croissance démographique ressources naturelles et niveau de vie de Julian Simon (1985). Dès lors on peut se demander comment la hausse de la production influe sur le stock de capital naturel ? Quelles peuvent être les limites de la croissance économique dans le cadre d'un développement équitable, viable et vivable c'est à dire durable ? La croissance économique est-elle réellement compatible avec la préservation du stock de capital naturel? Les Hommes ont toujours cherché à satisfaire leurs besoins en chassant, pêchant, cueillant … Mais depuis le XVIIIe siècle, la production a fortement augmenté sous l’effet de la Révolution agricole puis de la Révolution industrielle. Une perpétuelle quête de la hausse des rendements et de la productivité dans l'agriculture a conduit à l'apparition d'innovations comme la machine à vapeur de James Watt marquant le début de la révolution industrielle Cette période, caractérisée par un fort accroissement de l'extraction de ressources naturelles telles que l'eau, les forêts ou encore les énergies fossiles, donc du capital naturel C'est pour cela que depuis maintenant plus de deux siècles, on a vu se déployer une croissance économique spectaculaire de la production dans les pays industrialisés et plus récemment dans les nouveaux pays industrialisés (Chine,Inde,Brésil…). Cette croissance économique repose sur la production de biens et services créant une tension entre des besoins humains illimités et un stock de capital naturel limité. L'élévation du niveau de vie des populations des pays développés et émergents a accentué ce phénomène,. la demande globale a explosé ce qui a eu pour conséquence une nécessaire hausse de l'offre et donc une plus grande exploitation des ressources naturelles. C'est le cas par exemple des ressources pétrolières, dont la consommation est nécessaire, pour les transports, la production de divers biens... La consommation accrue de pétrole entraîne des rejets de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Par ailleurs, le pétrole étant une ressource non renouvelable (présente en quantité finie sur terre) car issu de la décomposition de matières organiques, processus nécessitant des millions d'années pour se renouveler, la hausse de sa consommation peut conduire rapidement à un épuisement total de cette ressource. Aujourd'hui l'individu est guidé par la rationalité. Ainsi l'individu rationnel cherchera à maximiser son profit et minimiser ses coûts, il fera alors le calcul à la marge «coûts, risques, avantages». Sauf que dans la consommation de capital naturel, l’intérêt privé est supérieur à l’intérêt collectif, (ceci va d'ailleurs a l'inverse de ce que prétend la main invisible d’Adam Smith). Le stock de capital naturel va ainsi diminuer puisque chacun cherchera à maximiser son profit, ceci entraînera alors une surexploitation des ressources, notamment lorsque les institutions sont défaillantes. L'économiste anglais Thomas Malthus prévoyait un retour des famines du fait d'une croissance de la population bien supérieure à celle des moyens de subsistance. Cette thèse peut être aujourd’hui réellement prise en considération à long terme au vu du rythme actuel de croissance et de diminution de stock de capital naturel. Ce dernier ne peut se renouveler à temps face à la pression importante qu'exerce l'homme à travers les prélèvements qu'il effectue. Un indicateur permet d'évaluer la surface productive nécessaire à une population pour répondre à sa consommation de ressources et à ses besoins d'absorption de déchets. C'est l'empreinte écologique elle mesure la pression qu'exerce l'Homme sur la nature en évaluant la surface productive nécessaire à une population pour répondre à sa consommation de ressources et à ses besoins de gestion de déchets. Selon, l'ONU, si l'humanité continue sur sa lancée elle consommera en 2050, trois fois plus de matières premières qu'aujourd'hui bien au-delà de ce qui est supportable par la planète. Cependant cette vision désastreuse de la croissance économique peut être nuancée comme le montre la courbe environnementale de Kuznets , qui illustre le fait que les individus vont chercher à améliorer la part des richesse qu'ils ont, ils vont donc vouloir satisfaire au mieux leurs besoins; au-delà d'un certain seuil, ils vont se préoccuper d'autres besoins comme la préservation de l'environnement et la sobriété dans l'exploitation et la consommation de capital naturel. Courbe environnementale de Kuznets. Ceci est également illustré par la pyramide de Maslow qui nous démontre qu'une fois qu'un certain nombre de besoins primaires et vitaux sont satisfaits, l'Homme pourra se consacrer à d’autres besoins Un second indicateur permet de comptabiliser l'effet du capital naturel sur la croissance économique : le PIB vert qui apporte au PIB classique de nouveaux critères. Ces nouveaux critères s’intéressent certes au flux de production d'un pays mais aussi à l'impact de cette production sur l’environnement par exemple un pays ayant un PIB important qui négligerait la protection de l'environnement aurait un PIB vert plus faible. Croissance économique et capital naturel sont liés, en effet la première puise dans ce dernier pour s’alimenter sans prendre en compte les stocks restant et son renouvellement. Même si il y a croissance économique il faut que notre consommation de capital naturel soit raisonné pour cela « il faut attribuer une valeur intrinsèque (propre) aux êtres naturels et à la biosphère indépendamment de leur utilité économique et social », la valeur du capital naturel ne doit pas se réduire à sa valeur marchande car ceci favoriserait sa surexploitation. La surconsommation de capital naturel, conséquence de la croissance, a des effets pervers sur le climat, or celui-ci étant un bien public mondial il est de notre ressort de limiter sa dégradation en régulant nos activités.