INFOMUSA La Revue Internationale sur Bananiers et Plantains Vol. 10 N° 1 Juin 2001 DANS CE NUMÉRO Propagation en masse in situ de FHIA-20 par emploi de benzylaminopurine Aspects socio-économiques de la culture du plantain en Colombie Production de feuilles de bananier pour l’industrie agroalimentaire Evolution des photosynthèse, transpiration et chlorophylle pendant le développement de la feuille de bananier Estimation du développement des racines à partir des caractéristiques des parties aériennes chez Musa Luttes culturale, chimique et biologique contre la pourriture vasculaire et le flétrissement du plantain Evaluation d’hybrides de la FHIA comparés à des variétés locales de Musa au Pérou Evaluation de matériel génétique de Musa pour la résistance aux charançons La fusariose du bananier au Kenya : distribution et impact sur les petits producteurs GCV des populations de Fusarium (Foc) au Viêt-nam La cercosporiose noire au Mexique Effet du nombre de repiquages sur la multiplication in vitro de bananiers Nouvelles des Musa La communauté bananière perd deux amis et collègues Nouvelles de l’INIBAP Thèse Livres etc. Annonces Nouvelles de PROMUSA CTA INFOMUSA est publié avec le soutien du Centre Technique de Coopération Agricole et Rurale (CTA) La mission de l’INIBAP est d’accroître de façon durable la productivité des bananiers et des bananiers plantain cultivés sur de petites exploitations pour la consommation locale et pour les marchés d’exportation. Le programme de l’INIBAP a quatre objectifs principaux : INFOMUSA La Revue Internationale sur Bananiers et Plantains Vol. 10 N° 1 Juin 2001 DANS CE NUMÉRO Propagation en masse in situ de FHIA-20 par emploi de benzylaminopurine Aspects socio-économiques de la culture du plantain en Colombie Production de feuilles de bananier pour l’industrie agroalimentaire Evolution des photosynthèse, transpiration et chlorophylle pendant le développement de la feuille de bananier Estimation du développement des racines à partir des caractéristiques des parties aériennes chez Musa Luttes culturale, chimique et biologique contre la pourriture vasculaire et le flétrissement du plantain Evaluation d’hybrides de la FHIA comparés à des variétés locales de Musa au Pérou Evaluation de matériel génétique de Musa pour la résistance aux charançons La fusariose du bananier au Kenya : distribution et impact sur les petits producteurs GCV des populations de Fusarium (Foc) au Viêt-nam La cercosporiose noire au Mexique Effet du nombre de repiquages sur la multiplication in vitro de bananiers Nouvelles des Musa La communauté bananière perd deux amis et collègues Nouvelles de l’INIBAP Thèse Livres etc. Annonces • organiser et coordonner un effort global de recherche sur la banane et la banane plantain visant au développement, à l’évaluation et à la dissémination de matériel génétique de Musa amélioré ainsi qu’à la conservation et à l’utilisation de la diversité génétique des Musa ; • promouvoir et renforcer la collaboration et le partenariat en matière de recherche sur les bananiers au niveau national, régional et international ; • renforcer la capacité des Systèmes nationaux de recherche agricole à conduire des recherches sur la banane et la banane plantain ; • coordonner, faciliter et appuyer la production, la collecte et l’échange d’information et de documentation sur la banane et la banane plantain. L’INIBAP est un programme de l’Institut international pour les ressources phytogénétiques (IPGRI), un centre “Future Harvest”. Nouvelles de PROMUSA CTA INFOMUSA est publié avec le soutien du Centre Technique de Coopération Agricole et Rurale (CTA) Vol. 10, N° 1 Photo de couverture : Vente locale de bananes en Bolivie (L. Pocasangre, INIBAP). Vol. 10, N° 1 INFOMUSA SOMMAIRE Editeur : Réseau international pour l’amélioration de la banane et de la banane plantain (INIBAP) Rédacteur en chef : Claudine Picq Comité de Rédaction : Emile Frison, Jean-Vincent Escalant, Suzanne Sharrock, Charlotte Lusty Imprimé en France ISSN 1023-0068 Rédaction : INFOMUSA, INIBAP, Parc Scientifique Agropolis II, 34397 Montpellier Cedex 5, France. Téléphone : + 33-(0)4 67 61 13 02 ; Télécopie : + 33-(0)4 67 61 03 34 ; Courrier électronique : [email protected] URL : http://www.inibap.org L’abonnement est gratuit pour les pays en développement. Les lecteurs sont invités à envoyer lettres et articles. La rédaction se réserve le droit d’abréger ou de reformuler les textes publiés pour des raisons de clarté et de concision. INFOMUSA ne peut s’engager à répondre à toutes les lettres reçues, mais s’efforcera de le faire dans un délai raisonnable. La reproduction de tout extrait du magazine est autorisée, à condition d’en spécifier l’origine. INFOMUSA est également publié en anglais et en espagnol. Changement d’adresse : Merci d’en informer la rédaction d’INFOMUSA à l’adresse indiquée ci-dessus, avec si possible six semaines de préavis, afin d’éviter toute interruption de réception de la revue. Les opinions émises dans les articles n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de l’INIBAP. Propagation en masse in situ de l’hybride de bananier plantain FHIA-20 par emploi de benzylaminopurine ...................................................................3 Aspects socio-économiques de la culture du bananier plantain en Colombie ....4 Production de feuilles de bananier plantain assouplies au feu pour l’industrie agro-alimentaire ................................................................................................9 Evolution de la photosynthèse, de la transpiration et de la chlorophylle pendant le développement de la feuille de bananier (Musa AAB Simmonds) ....................................................................................12 Estimation du développement des racines à partir des caractéristiques des parties aériennes chez les bananiers et les bananiers plantain (Musa spp.) .......................................................................................................15 Evaluation des luttes culturale, chimique et biologique contre la pourriture vasculaire et le flétrissement du bananier plantain (Musa AAB Simmonds) ....................................................................................17 Evaluation d’hybrides de la FHIA comparés à des variétés locales de Musa dans une région de l’est du Pérou indemne de cercosporiose noire............21 Evaluation de matériel génétique de Musa pour la résistance aux charançons.................................................................................................26 La fusariose du bananier au Kenya : distribution et impact sur les petits producteurs ......................................................................................................28 Groupes de compatibilité végétative des populations de Fusarium oxysporum f.sp. cubense au Viêt-nam ...............................................................................32 La cercosporiose noire (Mycosphaerella fijiensis Morelet) au Mexique.............33 Effet du nombre de repiquages sur la multiplication in vitro de quatre variétés de bananiers .....................................................................................................38 Nouvelles des Musa ...............................................................................................40 La communauté bananière perd deux amis et collègues....................................40 Nouvelles de l’INIBAP ............................................................................................42 Thèse.......................................................................................................................47 Livres etc.................................................................................................................47 Annonces................................................................................................................49 Nouvelles de PROMUSA..................................................................................I à XVI Agronomie Multiplication rapide Propagation en masse in situ de l’hybride de bananier plantain FHIA-20 par emploi de benzylaminopurine D. Manzur Macias B1G es bananiers et les bananiers plantain sont des herbes géantes pérennes, provenant de l’hybridation intra et interspécifique de deux espèces forestières diploïdes : Musa acuminata (bananier) et M. balbisiana (bananier plantain). Ils prolifèrent sous les tropiques et sont la source d’hydrates de carbone la plus importante dans les économies locales (Stover et Simmonds 1987). Le plus alarmant pour leur culture a été l’apparition et la dissémination de maladies comme la cercosporiose noire (Mycosphaerella fijiensis Morelet) et de celles dues au virus de la mosaïque à tirets (BSV) et de la mosaïque du concombre (CMV). Ces problèmes ont été résolus grâce aux programmes d’amélioration génétique mis en place par des organisations internationales qui ont permis d’obtenir des variétés de bananiers plantain résistants à la cercosporiose noire (Vuylsteke 1998), à haut rendement avec un haut potentiel à la consommation comme l’hybride FHIA-20 créé par le Dr Phil Rowe à la Fundación Hondureña de Investigación Agrícola (FHIA). Les bananiers plantain améliorés sont polyploïdes et parthénocarpiques, c’est pourquoi ils se multiplient de façon végétative à partir de bourgeons provenant de pieds mères prêts à être récoltés. La coupe du régime lève la dominance apicale exercée sur les bourgeons dormants du rhizome. On tronçonne celui-ci en autant de morceaux qu’il présente de bourgeons dormants afin de stimuler leur croissance ou bien on l’isole en arrachant la base des gaines foliaires et en incisant en croix les bourgeons déjà développés afin de stimuler le bourgeonnement des dormants (Auboiron 1997). La multiplication en masse in vitro ou micropropagation se pratique de façon routinière à partir de la prolifération de méristèmes apicaux sur le milieu de culture Murashige-Skoog enrichi en cytoquinines et en vitamines (Krikorian et Cronauer 1984). Un des facteurs limitants les plus fréquents quand on désire agrandir une plantation est l’obtention du matériel à planter qui est plutôt rare du fait de la nature même de la plante, de la faible production de rejets et de son lent développement (Tézenas du Montcel 1985). L INFOMUSA — Vol 10, N° 1 Figure 1. Différenciation des bourgeons de première génération (B1G) A B2G D C Figure 2. Différenciation des bourgeons de seconde génération (B2G). A. Méristème apical extrait. B. Incision en croix. C. Cavité du méristème apical. D. Bourgeon de seconde génération. La présente étude est destinée à évaluer une technique de multiplication in situ du bananier plantain FHIA-20. Matériels et méthodes Des vitroplants de l’hybride FHIA-20 provenant de la FHIA ont été multipliés par micropropagation au laboratoire de culture de tissus du Département de Phytotechnologie jusqu’à obtention de plantules complètes selon les protocoles établis par divers auteurs (Ma et Shii 1972, Hwang et al. 1984), puis acclimatés aux conditions du champ sous un système de brumisation intermittente et enfin transplantés sur leur emplacement définitif : une parcelle utile de 25 plants encadrée par du bananier plantain Dominico hartón, à la distance de 2 x 3 m entre les plants et les sillons, si- tuée à la ferme « Montelindo » (propriété de l’université de Caldas), localisée à 5°5N et 75°40’W, à 1050 m d’altitude, d’une température moyenne de 23°C et aux sols de classe ‘Typic Distrandept’. Un mois après leur plantation, les plants ont été fertilisés en accord avec les résultats des analyses de sol et les besoins nutritionnels du matériel végétal FHIA-20. Dix mois après la plantation, chaque plant s’était multiplié à raison de 8 à 10 rejets par emplacement ; rejets d’une hauteur de 15 à 20 cm et d’un pseudotronc d’un diamètre de 15 à 20 cm à la hauteur du collet du rhizome. On a appelé ces rejets : bourgeons de première génération (B1G) (figure 1). A l’aide d’un coutelas désinfecté au formol à 2% avant chaque opération, on a coupé transversalement le pseudotronc de chaque rejet à 2 cm du collet du rhizome et on a ensuite extrait le méristème apical situé à quelque 4 cm de profondeur, ce qui a laissé une cavité de 2 cm de diamètre sur le rhizome (figure 2A). On a ensuite incisé transversalement et en croix le fragment de pseudotronc restant jusqu’au niveau du collet du rhizome (figure 2B). Une fois ces coupures faites sur chaque rejet, on a déposé dans la cavité laissée par l’extraction du méristème apical, 4 ml d’une solution de cytoquinine benzylaminopurine (BAP) à la concentration de 40 mg par litre d’eau distillée (figure 2C). On a recouvert enfin les rhizomes avec un mélange à parties égales de limon sableux et de compost de fiente de poule jusqu’à 5 cm au-dessus de la surface du sol. Au bout de 3 mois, sont apparus des bourgeons dits de seconde génération (B2G) issus de chaque rejet recépé (figure 2D). Quand les propagules (bourgeons) issues des B2G se sont différenciées et ont atteint une hauteur de 20 à 30 cm, on les a incisées de nouveau selon le protocole décrit auparavant, en ajoutant dans les cavités la même quantité de BAP et en complétant l’opération de la même façon (figure 3A) jusqu’à obtention de propagules appelés bourgeons de troisième génération (B3G) (figure 3B). Soixante jours après, les B3G ont été traités de la même façon que les générations précédentes jusqu’à obtention de bourgeons de quatrième génération (B4G) que l’on a laissés se développer (figure 4A) pour les 3 A B3G B4G B A B Figure 3. Différenciation des bourgeons de troisième génération (B3G). A. Méristème apical extrait. B. Bourgeon de troisième génération. Figure 4. Différenciation des bourgeons de quatrième génération (B4G). A. Bourgeons en cours de développement. B. Plantule transplantée en sac. enraciner ensuite dans de la terre stérile et sous brumisation intermittente (figure 4B). élimine le méristème apical pour y incorporer la BAP, ils développent de 4 à 5 propagules dans le cas des B1G et des B2G et jusqu’à 13 pour les B3G. Il faut remarquer que cette technique se pratique quand le pied-mère a développé des rejets de 30 cm, et ce, sans abîmer le système racinaire de la plante-mère, qui produit son régime de façon normale. Elle permet d’obtenir également en huit mois des propagules quasiment exemptes de maladies ou de parasites puis l’on peut sélectionner des plantes saines au champ pour les multiplier. Il est facile et pratique de développer au champ cette technique en cas de pénurie de matériel ou pour multiplier massivement des variétés prometteuses et à haut rendement telles que l’hybride FHIA-20. En appliquant cette technique aux plants de FHIA-20 sur le point de fleurir, on a favorisé la suppression du temps de latence du bourgeonnement axillaire en inhibant la dominance apicale. Résultats Cette technique de propagation en masse in situ [de l’extraction du méristème apical a l’incision en croix en passant par l’addition de BAP] permet d’obtenir une moyenne de quatre bourgeons aux stades des B1G et des B2G mais, quand on la poursuit jusqu’au stade des B3G, on arrive à une moyenne de 13 plantules, ce qui est tout à fait comparable aux résultats obtenus in vitro. Si l’on totalise les propagules issues d’un bourgeon, de la première jusqu’à la troisième génération, on obtient 156 plantules [(4+4+4)x13]. Si l’on prévoit de sélectionner pour cette propagation en masse in situ, cinq B1G de chaque plant FHIA-20, on obtiendrait 780 plantules (156 x 5) par emplacement en huit mois. Discussion Potentiellement, un rhizome d’hybride FHIA-20 possède de 14 à 16 bourgeons quand le régime apparaît. Chacun d’eux produit de 6 à 8 bourgeons axillaires. Quand on incise ces bourgeons et qu’on en Ago-économie Remerciements L’auteur remercie les techniciens Jairo Castaño Z. et Manuel Aristizábal L. pour avoir revu cette publication. ■ Références Auboiron E. 1997. La multiplication sur souche décortiquée. Fiche technique : propagation rapide de matériel de plantation de bananiers et plantains. CRBP, Douala, Cameroun. 4pp. Krikorian A.A. & S.S. Cronauer. 1984. Aseptic culture techniques for banana and plantain improvement. Economic Botany 38 : 322-331. Hwang S.C., C.L. Chen, J.-C. Lin & H.L. Lin. 1984. Cultivation of banana using plantlets from meristem culture. Hort Science 19 : 231-233. Ma S.S. & C.I. Shii. 197 2. In vitro formation of adventitious buds in banana shoot apex following decapitation. Journal of the Chinese Society of Horticultural Science 18 : 135-142. Stover R.H. & N.W. Simmonds. 1987. Banana. 3ème ed. Longman, RU. 468pp. Tézenas du Montcel H. 1985. Le bananier plantain. Maisonneuve & Larose, Paris. 143pp. Vuylsteke D.R. 1998. Shoot–tip culture for the propagation, conservation, and distribution of Musa germplasm. IITA, Ibadan, Nigeria. 82pp. L’auteur est professeur titulaire, spécialiste en culture de tissus au Departamento de Fitotecnía, Facultad de Ciencias Agropecuarias, Apartado Aéreo 275, Manizales, Colombie. Courrier électronique : [email protected] Enquête en Colombie Aspects socio-économiques de la culture du bananier plantain en Colombie J. L. Rodríguez Martínez et A. Rodríguez Saavedra a culture du bananier plantain est devenue un axe de grande importance socio-économique en Colombie du point de vue de la sécurité alimentaire et de la création d’emplois. De plus, le bananier plantain appartient au secteur traditionnel de l’économie rurale où il est utilisé principalement comme om- L 4 brage de la culture caféière et représente un composant essentiel du programme alimentaire. En Colombie, plus de la moitié de la surface cultivée appartient aux petits producteurs (Rodríguez Saavedra et al. 1999). Dans le secteur agronomique, la banane plantain occupe le cinquième rang après le café, la canne à sucre, la pomme de terre et les fleurs. Elle participe à la production agricole du pays pour 6,8% du total (CCI 2000). Le bananier plantain est cultivé dans différentes zones agro-écologiques, de 0 à 2000 m d’altitude et entre 17 et 35°C. On y cultive environ 358 000 ha produisant annuellement 2,5 millions de tonnes de bananes dont 95% vont au marché interne et le reste à l’exportation. Les principaux centres producteurs se trouvent dans les zones caféières de la région andine où sont cultivés 231 000 ha (64% de la surface cultivée totale) rapportant 67% de la production nationale. D’autres régions naINFOMUSA — Vol 10, N° 1 turelles importantes pour le bananier plantain sont l’Orénoque, le Pacifique, les Caraïbes et l’Amazonie. Parmi les surfaces cultivées en bananier plantain, 87% le sont comme culture traditionnelle associée au café, au cacao, au yuca et aux fruitiers et les 13% restants comme monoculture mécanisée (Rodríguez Saavedra et al. 1999). La zone caféière centrale fournit la majorité des principaux marchés du pays. Le clone Dominico hartón est la variété la plus utilisée dans cette région. Dans d’autres régions productrices comme les Caraïbes, l’Orénoque, le Pacifique et l’Amazonie, le clone prédominant est le Hartón, plus adapté et productif en zones d’altitude inférieures à 1000 m (Rodríguez Saavedra et al. 1999). Selon la Corporación Colombia Internacional la consommation de bananes plantain en produit frais est estimée, pour l’année 1999, à 62 kg/personne/an, une des plus élevées au monde. Etat actuel de la culture du bananier plantain Dans le monde Pour des raisons agro-climatiques, la culture du bananier plantain est concentrée en Afrique, en Amérique latine et dans les Caraïbes. Le tableau 1 montre que, en 1999, l’aire mondiale du bananier plantain couvre 4,8 millions d’hectares plantés produisant 30,6 millions de tonnes. Les régions les plus productrices du monde se trouvent en Afrique et en Amérique latine avec respectivement 74,2% et 22,5% de la production mondiale contre 3,3% pour le continent asiatique. Les quatre plus gros pays producteurs pour le continent africain sont, dans l’ordre : l’Ouganda, le Rwanda, le Ghana et le Nigéria; pour l’Amérique latine et les Caraïbes : la Colombie et le Pérou et enfin, pour le continent asiatique : le Sri Lanka. La Colombie représente 39,1% de la production d’Amérique latine et des Caraïbes et 8,8% de la production mondiale, chiffres relativement stables ces huit dernières années. Le Pérou suit avec une participation de 4,4% à la production mondiale et de 19,5% à celle d’Amérique latine et des Caraïbes. Consommation mondiale La plus grande partie de la production mondiale de bananes plantain est presque uniquement destinée à répondre aux besoins internes des pays producteurs. Seulement 1% est commercialisé sur les marchés internationaux pour satisfaire la demande de consommateurs d’origine latine et, dans une proportion moindre, d’origine africaine (CCI 2000). INFOMUSA — Vol 10, N° 1 On estime que 10% des bananes plantain importées par les Etats-Unis sont destinés à l’élaboration de produits dérivés dont la consommation a augmenté de 15% entre 1991 et 1995. Ce type de produits continue à être destiné aux communautés d’origine latino-américaine ou africaine. Mais on cherche aussi à cibler les consommateurs d’origine anglo-saxonne car ils représentent la majorité de la population nord-américaine, ce qui fait de ce marché potentiel l’un des plus recherchés par les exportateurs de bananes plantain. Le marché est couvert à 90% par les entreprises suivantes : Mariquita, Migrand Chips, Goya food et Chifles Chips (CCI 2000). Dans le marché de l’Union Européenne, les Pays Bas, la Belgique et l’Espagne sont les principaux pays importateurs qui, à leur tour, exportent le produit vers d’autres membres de l’Union. Le marché européen du plantain vert est limité et relativement stable car la demande ne provient que des communautés latino-américaine, caribéenne ou africaine. Les principaux pays pourvoyeurs sont la ColomTableau 1. Production mondiale de banane plantain en 1999 (FAO 1999). Région Amérique latine et Caraîbes Afrique Asie Total Aire (103 ha) Rendement Production (t/ha) (103 t) 830,7 8,30 6 898,0 3 966,5 5,72 22 706,7 89,0 11,39 1 013,3 4 886,2 6,27 30 618,0 bie et le Costa Rica bien que certains pays africains participent également de façon marginale à l’approvisionnement de ce marché (CCI 1998). Pays importateurs Les Etats-Unis, l’Europe et le Japon sont les principaux importateurs de bananes plantain achetant 80% des exportations. Les Etats Unis importent uniquement d’Amérique latine et des Caraïbes : entre autres de Colombie, d’Equateur, du Venezuela, du Costa Rica et de République Dominicaine. Le Japon se fournit aux Philippines, en Chine et en Afrique du Sud alors que l’Union Européenne importe la banane plantain de ses anciennes colonies mais aussi d’Amérique latine et des Caraïbes. L’Europe produit également ce que l’on a coutume d’appeller le « plantain communautaire », qui provient d’Espagne, du Portugal, de Grèce ou des territoires et des départements d’outre-mer français comme la Martinique et la Guadeloupe (Rodríguez Saavedra et al. 1999). Pays exportateurs Colombie. Ce pays est considéré comme le principal exportateur de bananes plantain vers les marchés des Etats-Unis et de l’Union Européenne, avec une croissance lente en terme de volumes exportés. En 1995, on a exporté 105 000 tonnes pour 36 millions de dollars US FOB, chiffre porté à 121 000 tonnes en 1998, pour 42,1 millions de dollars US FOB, ce qui représente un taux de croissance positif de 4,9%. Dans le cas des Etats-Unis, la Colombie est passée de 80 000 tonnes exportées pour 28 millions de dollars US CIF en 1992 à 109 000 tonnes pour 40,4 millions de dollars US CIF en 1999, représentant une croissance des volumes exportés de 4,6%. Equateur. C’est le deuxième pays exportateur après la Colombie. Ses exportations vers les Etats-Unis ont considérablement diminué ces huit dernières années avec une variation moyenne de 7,3%. La plus faible participation a eu lieu en 1999 où on est passé de 57 000 tonnes pour 10,6 millions de dollars US CIF en 1992 à 26 000 tonnes pour 7,5 millions de dollars US CIF en 1999, ce qui représente un taux de croissance négatif de 10,6%. Le pays a fourni 13,1% du total importé par les Etats- Unis en 1999. En revanche, les exportations vers l’Union Européenne ont augmenté, passant de 396 tonnes en 1995 à 546 tonnes en 1998, ce qui représente un taux de croissance positif de 11,3%. Venezuela. C’est le troisième fournisseur de bananes plantain pour le marché nordaméricain : ses exportations ces huit dernières années ont été en moyenne de 8,2% et sa participation au total importé par les Etats-Unis en 1999 a été de 13%, égalant l’Equateur. Le pays a augmenté progressivement ses parts de marché, passant de 16 000 tonnes en 1992 pour 6,5 millions de dollars US CIF à 26 000 tonnes en 1999 pour 17,2 millions de dollars US CIF, soit un taux de croissance positif de 6,8%. En revanche, sa participation a diminué sur le marché de l’Union Européenne où on est passé de 33 tonnes en 1994 à 12 tonnes en 1998, ce qui représente un taux de croissance négatif de 22,4%. Cette situation a été mise à profit par le Costa Rica et la Colombie pour augmenter leurs parts de ce marché. Prix internationaux De façon générale, le prix de la banane plantain n’a pas augmenté de façon significative sur le marché nord-américain au cours des huit dernières années. La République Dominicaine obtient le prix moyen le plus élevé avec 0,58 dollar US/kg, suivie par le Venezuela avec 0.45 dollar US/kg, le Costa Rica et la Colombie avec 0.39 dollar US/kg et enfin l’Equateur avec 0.19 dollar US/kg. La figure 1 montre que le Venezuela détient le record historique des prix face à la Colombie et à l’Equateur. Ceci s’explique par la taille plus grande de la banane plantain vénézuélienne par rapport à celle de la banane plantain colombienne ou équato5 0,70 0,66 0,63 US$/kg/plantain 0,60 0,50 0,40 0,50 0,40 0,40 0,35 0,36 0,32 0,34 0,36 0,30 0,33 0,37 0,32 0,32 0,40 0,37 0,29 0,29 0,29 0,25 0,20 0,19 0,19 0,10 0,00 1992 0,01 1993 1994 0,01 1995 1996 1997 1998 1999 Années Colombie Equateur Venezuela Figure 1. Prix d’achat CIF par les USA en dollar US/kg de bananes plantain en provenance de Colombie, Equateur et Venezuela (1992–1999, Calculs de Corpoica Regional Nueve, Oficina de Planeación, sur des données du CCI 1999). 1,80 1,64 1,62 1,60 1,64 US$/kg/plantain 1,46 1,40 1,34 1,20 1,31 1,00 1,18 1,08 1,00 0,97 0,89 0,82 0,82 0,80 0,60 0,40 0,62 0,59 0,63 0,65 0,63 0,60 0,56 0,55 0,51 0,65 0,60 0,06 1995 1996 1997 1998 Années Colombie Dominique Costa Rica Venezuela Ghana Figure 2. Prix d’achat CIF en dollar US/kg du plantain frais par l’Union Européenne en 1994–1998 (Calculs Corpoica Regional Nueve, Oficina de Planeación, sur des données du CCI 1999). rienne : cela la rend très appréciée des communautés latino-américaines résidant aux Etats Unis, et plus particulièrement à Miami et à New York, où est concentrée la plupart des latino-américains et des caribéens consommateurs de plantain vert. Sur les marchés européens, les prix de la banane plantain sont supérieurs au prix nord-américain. Cela est dû principalement aux coûts élevés du fret et des tarifs douaniers sans oublier qu’il s’agit d’un produit exotique sur ce type de marché. La Figure 2 montre que le prix a varié entre 0,06 et 1,64 dollar US le kg de plantain frais. D’autre part, le prix le plus élevé a été obtenu par un pays africain, le Ghana : 1,53 dollar US/kg en moyenne sur quatre ans, suivi par l’île de la Dominique (Petites Antilles) avec 0,99 dollar US/kg et le Vene6 La culture de la banane plantain au plan national Distribution des zones productrices Le tableau 2 représente la répartition de la production selon les zones géographiques naturelles en 1999. La région andine apparaît comme la zone productrice la plus importante avec 64% de l’aire cultivée produisant 67% du total national. Suivent, par ordre d’importance, la région Pacifique avec 12% de l’aire cultivée produisant 9% du total ; puis les régions des Caraïbes, de l’Orénoque, d’Amazonie, des îles de San Andrés et de Providencia qui participent à hauteur de 24% pour la production et l’aire cultivée du total national. Les départements possédant les plus grandes surfaces cultivées et production au niveau national sont l’Antioquia, le Quindío et le Tolima avec respectivement 14%, 10% et 9% des surfaces en culture. En ce qui concerne la production, le Quindío et l’Antioquia représentent 14% et le Tolima 10%. La production de bananes plantain provient pour 81% de systèmes d’association avec le café, 15% de monoculture et 4% de cultures intercalaires. Types de producteurs 0,20 0,00 1994 sont sensiblement plus élevés. Or, on réexporte la banane plantain sur les marchés de France et d’Angleterre toute l’année, les meilleurs prix étant obtenus en Angleterre (CCI 1998, CCI 2000). zuela avec 0,75 dollar US/kg (ce dernier pays accuse un taux d’évolution des prix négatif de 77,5% de l’année 1996 par rapport à 1998), puis par le Costa Rica avec 0,63 dollar US/kg et enfin la Colombie avec 0,58 dollar US/kg en moyenne. Le comportement des prix de ces deux dernières années a été stable sur la période analysée. Il est à noter que le produit colombien a atteint des niveaux supérieurs à ceux du produit costaricien en France et en Grande Bretagne en 1998. En Grande Bretagne, le prix a varié entre 0,4 et 1,7 dollar US/kg. A partir de février 1999, le produit colombien a été payé entre 0,1 et 0,5 dollar US/kg de moins que le produit costaricien du fait d’une offre moindre en provenance de la région de Uraba. Les prix sur les marchés où sont réexportées les bananes plantain En se fondant sur le nombre d’hectares cultivés et le genre de l’exploitation, on peut établir quatre catégories de producteurs (petit, moyen, grand et industriel) (tableau 3) dont le système de culture dominant est l’association puis, à une échelle moindre, la monoculture (Rodríguez Saavedra et al. 1999). Dans tous les cas, la production est commercialisée localement, nationalement ou internationalement selon les volumes obtenus, exception faite de celle du petit producteur qui la réserve à sa consommation personnelle ou à l’alimentation animale. Les exploitations industrielles et parfois, les grands producteurs, possèdent des assistances techniques spécialisées alors que la majorité des petits et moyens producteurs ne disposent pas de ce genre de services (Rodríguez Saavedra et al. 1999). Consommation nationale En Colombie, le bananier plantain est une culture de grande importance stratégique au sein du secteur rural. De plus, il occupe une situation privilégiée dans la distribution alimentaire urbaine. La banane plantain se consomme aussi bien verte que très mûre et est préparée selon des recettes différentes dans les diverses régions du pays. On la trouve également sous forme de farine, de chips ou de snacks mais la transINFOMUSA — Vol 10, N° 1 formation industrielle ne représente qu’un très faible pourcentage de la production. La consommation de plantain frais a chuté ces huit dernières années, passant de 73,3 à 61,9 kg/personne/an, soit un taux de croissance négatif de 2,4% de 1992 à 1999. La consommation per capita de banane plantain transformée a, par contre, augmenté de 6% sur la même période, passant de 0,02 à 0,03 kg/personne/an. Ceci s’explique par les changements des comportements alimentaires : la tendance est aux produits transformés (CCI 2000). Quant à la demande agro-industrielle du produit, on constate que les perspectives sont favorables. La consommation est en effet passée de 900 tonnes en 1992 à 2000 tonnes en 1999, ce qui représente un taux de croissance de 12,1%. Les industries de transformation considèrent que ce comportement peut se poursuivre dans les cinq ans à venir si l’intérêt des consommateurs pour ce type de produit ne faiblit pas (CCI 2000). La figure 3 montre que, sur la totalité de l’offre nationale de banane plantain, Bogota est le plus gros consommateur avec 29% répartis en 70% de Hartón et 30% de clones divers comme Cachaco et Dominico hartón. Suivent les marchés de Medellin et de Cali avec respectivement 17% et 14% répartis en 80% de Dominico hartón et 20% de Hartón. Barranquilla vient en dernier avec 5% de la consommation nationale, en majorité du plantain Hartón. Près de 20% des consommateurs des marchés de Cali, de Barranquilla et de Bogota ainsi que 32% de ceux de Medellin préfèrent la banane plantain mûre (CCI 2000). Tableau 2. Surfaces cultivées, production et rendement de la culture du bananier plantain en 1999 dans différentes régions de Colombie. (Carlos Humberto Gutiérrez, Minagricultura, juin 2000). Région Surface cultivée (ha) Production t/an Rendement t/ha/an % Production % Surface cultivée Caraïbe Guajira 2 276 14 339 6,3 0,58 0,63 Magdalena 1 780 11 715 6,6 0,47 0,50 Cesar 3 381 23 905 7,1 0,97 0,94 418 3 201 7,7 0,13 0,12 Bolívar 5 417 35 980 6,6 1,46 1,51 Sucre 1 027 4 886 4,8 0,20 0,29 Córdoba 25 101 169 496 6,8 6,87 7,00 Sous-total 39 400 263 522 6,7 10,68 10,99 Atlántico Pacifique Choco 16 245 98 541 6,1 3,99 4,53 Cauca 5 576 34 937 6,3 1,42 1,56 Nariño 20 561 88 681 4,3 3,60 5,74 Sous-total 42 382 222 159 5,2 9,01 11,82 Andine et Interandine Antioquia 49 594 340 041 6,9 13,78 13,83 Valle del Cauca 11 985 127 283 10,6 5,16 3,34 Caldas 18 651 106 675 5,7 4,32 5,20 Risaralda 18 135 72 227 4,0 2,93 5,06 Quindío 36 080 345 262 9,6 14,00 10,06 Tolima 32 972 234 581 7,1 9,51 9,20 Cundinamarca 12 808 127 932 10,0 5,19 3,57 Boyacá 3 305 39 413 11,9 1,60 0,92 Santander 8 530 70 842 8,3 2,87 2,38 Norte Santander 12 475 89 223 7,2 3,62 3,48 Huila 26 638 95 310 3,6 3,86 7,43 231 173 1 648 789 7,1 66,84 64,48 Sous-total Orenoque Arauca 8 909 60 976 6,8 2,47 2,49 Casanare 2 367 19 439 8,2 0,79 0,66 0,04 Vichada 157 1 413 9,0 0,06 Meta 11 458 117 881 10,3 4,78 3,20 Sous-total 22 891 199 709 8,7 8,10 6,39 0,07 Amazonie Amazonas Caquetá 243 413 1,7 0,02 10 094 61 629 6,1 2,50 2,82 547 3 702 6,8 0,15 0,15 1,19 Création d’emplois Guainía La culture mécanisée, traditionnelle ou intercalaire d’un hectare de bananiers plantain génère respectivement la création de 1,68, 0,39 et 0,19 emplois directs permanents par ha et par an. Conformément à ce qui précède, on estime qu’un hectare de bananier plantain génère en moyenne 0,75 emplois permanents par an. Ce qui, rapporté à l’aire cultivée nationale, donne environ 288 375 créations d’emplois directs permanents par an. Ceci équivaut à 58 000 familles de cinq personnes se consacrant aux travaux de culture du bananier plantain. Guaviare 4 252 21 718 5,1 0,88 Putumayo 7 033 41 333 5,9 1,68 1,96 476 3 630 7,6 0,15 0,13 22 645 Prix nationaux Bien que la banane plantain soit un produit de production permanente, les époques de récolte sont influencées par des facteurs externes comme la production et le ramassage du café ou bien encore par des saisons extrêmement froides. Ces mouvements ou périodes de production sont à leur tour à l’origine de mouvements de hausse et/ou de baisse des prix en fonction des volumes de l’offre et de la demande (Rodríguez Saavedra et al. 1999). INFOMUSA — Vol 10, N° 1 Vaupés Sous-total 132 425 5,8 5,37 6,32 14 152 10,9 0,01 0,00 358 505 2 466 756 6,9 100,00 100,00 San Andrés y Prov. TOTAL Il faut noter que les trois principaux marchés de gros du pays (Bogota, Cali et Medellin) ont un comportement identique tant pour l’offre que pour la demande, et ce, bien que la banane plantain soit un produit de récolte permanente (Rodríguez Saavedra et al. 1999). Les variations saisonnières des prix courants de 1992 à 1999 sur les trois marchés de gros du pays sont reportées sur la figure 4. On peut y constater que ces prix subissent une hausse entre janvier et avril, avec un prix inférieur à Bogota. Pour le deuxième semestre, on observe une baisse des prix à Cali et à Medellin et un maintien à Bogota de prix très élevés jusqu’en septembre. Ensuite la situation est inversée. Tableau 3. Types de producteurs, taille de l’exploitation et système de culture (Rodríguez Saavedra et al. 1999). Type de producteur Petit Taille de Système de l’exploitation (ha) culture 0,1-5,0 Intercalaire* Associé** Monoculture Moyen 5,1-15,0 Associé Monoculture Grand 15,1- 30,0 Associé Monoculture Supérieure à 30,1 Associé Monoculture Industriel *Sans distribution spatiale uniforme, qui peut inclure diverses espèces de plantes cultivées **Sa répartition obéit à des systèmes de plantation définis en accord avec la plante associée principale. 7 Barranquilla Bucaramanga 5% 4% Cali 14% Santafé de Bogotá 30% Cartagena 2% Cúcuta 2% Medellín 17% Autres 26% Figure 3. Répartition de la consommation de banane plantain en Colombie (CCI 2000). 1,10 Indice 1,05 1,00 0,95 0,90 0,85 jan. fév. mar. avr. mai Bogota juin juil. août sep. oct. nov. déc. Cali Medellín Figure 4. Indice des variations saisonnières des prix de la banane plantain sur les trois principaux marchés de gros du pays. 1992-1999 (Calculs Corpoica Regional Nueve, Oficina de Planeación, sur des données de Cordicafé et du CCI 1992-1999). Finalement, les prix diminuent sur les trois marchés de gros entre novembre et décembre Il y a une déterioration des revenus réels en fonction du temps aussi bien chez les producteurs que chez les revendeurs à cause de divers facteurs parmi lesquels l’influence du phénomène « el Niño » qui a perturbé le climat de mars 1997 au premier semestre 1998 et de celui de « la Niña » qui a débuté au deuxième semestre 1998 et est prévu jusqu’au premier semestre 1999. Ces perturbations ont influencé directement les niveaux de production et entraîné une offre réduite et des prix élevés. 8 Commercialisation Canaux de commercialisation La commercialisation de la banane plantain est très difficile en raison de la dispersion des zones de production, de l’absence ou du mauvais état des voies de communication avec les centres urbains de consommation et de l’approvisionnement irrégulier du marché par les grossistes et les intermédiaires qui imposent les prix. De plus, des produits périssables comme la banane plantain subissent des détériorations continuelles du fait d’une mauvaise gestion post-récolte, ce qui augmente les pertes en qualité et en quantité de la production et donc influence le prix final (Rodríguez Saavedra et al. 1999). Comme la banane plantain est un fruit qui se consomme généralement frais et que sa commercialisation est immédiate, elle présente des caractéristiques spécifiques de mise sur le marché communes à toutes les denrées périssables, lesquelles ont un système complexe de production et une distribution difficile à rationnaliser. Dans ce processus interviennent beaucoup de producteurs et peu de grossistes chargés de distribuer massivement la banane plantain au consommateur. Comme ces grossistes sont peu nombreux, les informations sur le produit circulent rapidement entre eux et cela leur permet de s’entendre entre autres sur les prix et les quantités de produit à mettre sur le marché (Rodríguez Saavedra et al. 1999, CCI 2000). Pour la banane plantain en effet, la majorité des producteurs sont de petits producteurs très dispersés qui vendent généralement le fruit sur place. Aussi les intermédiaires jouent-ils un rôle essentiel dans la coordination des achats, le transport et la mise en vente de la banane plantain, ce qui leur permet d’empocher une grande partie de la valeur ajoutée au produit au cours du processus (Rodríguez Saavedra et al. 1999). Les marchés traditionnels constitués par les centrales d’achat, les places de marché, les marchés forains, quelques supermarchés et boutiques sont caractérisés par la main mise des intermédiaires. Pour définir les conditions de négociation, et du fait de l’hétérogénéité du produit, il est nécessaire de présenter la totalité des bananes plantain à l’endroit de la transaction (Rodríguez Saavedra et al. 1999). Le marché spécialisé est caractérisé par une structure appropriée où se déroulent les processus de sélection, de tri et d’emballage. Les chaînes de supermarchés, sous réserve de leur avoir présenté un échantillon du produit, avoir satisfait leurs exigences internes de qualité et garanti leur approvisionnement, acceptent ou non les arrivages des fournisseurs. Généralement ce type de transaction fixe une fourchette de prix afin d’éviter des écarts trop brutaux et impose une classification du produit conforme aux qualités habituellement commercialisées (Rodríguez Saavedra et al. 1999) Le marché national de la banane plantain répond comme partout aux exigences de l’offre et de la demande mais manque d’un organisme régulateur, ce qui a contribué au développement de canaux complexes de commercialisation. Dans ce contexte, on peut identifier cinq canaux principaux conduisant au consommateur : collecteur>grossiste>détaillant fournisseur>grossiste>supermarché producteur>supermarché grossiste>agro-industrie et producteur>agro-industrie (Rodríguez Saavedra et al. 1999, CCI 2000). INFOMUSA — Vol 10, N° 1 Pertes après récolte sur l’exploitation Les pertes de fruits après récolte sont estimées à 10%. Sachant que, pour 1999, la production nationale est de 2,5 millions de tonnes de bananes plantain, les pertes totales en fruits sont évaluées à 250 000 tonnes, ce qui représente près de 62,5 milliards de pesos (36 millions de dollars US), en utilisant pour cette estimation un prix moyen de vente sur place de la production de 250 pesos colombiens/kg (1 dollar US = 1 758,11 pesos colombiens en 1999). Ces chiffres illustrent bien la nécessité de mettre au point un processus qui permette, en plus d’éviter ces pertes économiques, de générer de la valeur ajoutée au produit frais et d’éviter les problèmes de pollution dus aux résidus agricoles de produits mal utilisés. Les causes des pertes sont principalement le faible niveau technologique au niveau de la culture, une récolte inadéquate, la manipulation inefficace du produit depuis le lieu de production jusqu’à celui de consommation et le manque de conformité du produit. L’emballage et surtout le transport sont les facteurs qui affectent la qualité et la présentation du fruit car l’intermédiaire ne porte aucun intérêt à l’amélioration du système d’emballage pour le transport du fruit. La plupart du temps, les régimes sont transportés en vrac ce qui entraîne coups et meurtrissures et par conséquent une mauvaise présentation et une baisse de la qualité (Rodríguez Saavedra et al. 1999). Dans le cas des marchés spécialisés, le produit est emballé et transporté en caisses qui protègent le fruit pendant les opérations de distribution, ce qui permet au final une meilleure acceptation du produit par le consommateur (Rodríguez Saavedra et al. 1999). plantain est également emballée et congelée entière pour certaines agro-industries qui exportent la banane plantain sous forme d’amuse-gueules, de farines ou congelée vers les marchés internationaux. Selon Day (1987), il est possible, après la récolte, d’utiliser le pseudotronc, les feuilles, les fleurs et les racines pour faire, entre autres, de la farine, du vinaigre, du papier, des galettes comestibles, de l’aggloméré, des aliments pour animaux, de la teinture. Dans la région de l’axe caféier central, il existe de grandes attentes pour le développement agro-industriel futur. Opportunités du marché de la banane plantain au niveau national et international La Colombie pourrait amplifier son offre sur le marché nord-américain, en particulier sous la forme d’amuse-gueules et d’aliments pour enfants, dans la mesure où la consommation du plantain frais ou transformée augmente dans les groupes latino-américains, africains, anglo-saxons et européens (CCI 2000). Selon les prévisions du Ministère de l’Agriculture pour l’an 2000, la production ne satisfera pas la demande du marché interne même si la consommation du produit frais a diminué. Cela implique que l’on dispose de nouvelles surfaces à cultiver ou que l’on mette en place un processus de transfert de technologies pour mécaniser quelques exploitations en cultures intensives afin de répondre aux besoins non satisfaits. On éviterait ainsi l’importation croissante de bananes plantain en provenance d’Equateur et du Venezuela (CCI 2000). ■ Références Corporación Colombia Internacional (CCI). 2000. http ://www.cci.org.co Corporación Colombia Internacional (CCI). 1999. Boletín CCI : SIM. Perfil de Producto Plátano No. 7. enero–marzo. 16pp. Corporación Colombia Internacional (CCI). 1998. Inteligencia de Mercados. Precios Internacionales de Bananito (Musa acuminata). Boletín No. 4, octubre. Corporación Colombia Internacional (CCI). 1998. Inteligencia de Mercados. Precios Internacionales de Plátano Verde. Boletín No. 3, septiembre. Corporación Colombia Internacional (CCI). 1998. Sistema de Información de precios y volúmenes transados. “SIPSA”. Precios mayoristas 3(42), octubre 10 al 16. Day B. 1987. Suculenta Fruta Tropical. Revista Selecciones : 76-80. FAO. 1999. http ://www.fao.org Rodríguez Saavedra A. & J.-L. Rodríguez Martínez. 1999. Aspectos Socioeconómicos del Cultivo del Plátano en Colombia. Oficina Regional de Planeación - Corpoica, Regional Nueve. Manizales, abril. Rodríguez Martínez J.-L., A. Rodríguez Saavedra & S. Belalcázar Carvajal. 1998. Importancia Socioeconómica del Cultivo del Plátano en la Zona Central Cafetera (Segunda Versión) Oficina Regional de Planeación - Corpoica, Regional Nueve. Manizales, marzo. Ministerio de Agricultura y Desarrollo Rural, Oficina de Información y Estadística. 2000. Area Cosechada, Producción y Rendimiento del Cultivo del Plátano por Regiones Naturales en Colombia. Información telefónica. Bogotá, D.C. José Luis Rodríguez Martínez travaille comme économiste et Alfredo Rodríguez Saavedra comme Directeur de la Oficina de Planeación, Corporación Colombiana de Investigación Agropecuaria (Corpoica) Regional 9, Apartado 1287. PBX : (0968) 876197 Fax : (0968) 876204 Manizales, Caldas, Colombia. E-mail : [email protected] Développement agro-industriel La culture de bananiers plantains Hartón et Dominico hartón dans des zones chaudes facilite l’épluchage des fruits, ce qui les rend potentiellement plus faciles à transformer. Les industries de transformation ont établi des distinctions entre les deux clones : la teneur en eau et la dimension sont plus importantes pour le fruit du clone Hartón et la teneur en matière soluble pour celui du clone Dominico hartón. D’autre part, il faut préciser qu’il n’y a aucun résultat concluant permettant une telle caractérisation des deux clones et de leurs avantages pour l’agro-industrie (CCI 2000). En Colombie, on préfère consommer le fruit frais et très peu sous forme de farine ou de chips. Le développement agro-industriel de la banane plantain dans la zone caféière centrale est récent. Au début de l’an 2000 s’est établi à Murrillo, municipalité d’Armenia, une usine agroalimentaire où sont élaborés des « patacones » (portions de banane écrasées puis frites dans un bain d’huile) de deux tailles différentes et des rondelles qui sont congelées en vue de leur distribution ultérieure dans les supermarchés. La banane INFOMUSA — Vol 10, N° 1 Agro-économie Production et utilisation des feuilles Production de feuilles de bananier plantain assouplies au feu pour l’industrie agro-alimentaire E. Echeverry Navarro a zone plane et chaude du centre sud du département de Tolima est habitée dans sa quasi totalité par des indigènes descendants de la tribu des «Pijaos» dont beaucoup, réunis en conseils municipaux indigènes, se consacrent à l’agriculture et à l’élevage à petite échelle. Parmi leurs habitudes agricoles de subsistance, l’une des principales espèces qu’ils cultivent est le bananier plantain du clone appelé “Cachaco común” (Musa ABB, Simmonds) qu’ils destinent à la pro- L duction de feuilles à assouplir au feu pour l’industrie agro-alimentaire. Ce clone a démontré une très bonne adaptabilité, à 400 m d’altitude, dans des conditions édaphiques et climatiques difficiles, caractérisées par des sols dégradés de faible fertilité, un climat chaud et sec, 1000 à 1300 mm de précipitations mal réparties par an et une température moyenne annuelle de 25°C. A l’intérieur de la zone étudiée (600 ha), 4500 à 5000 personnes participent à la production de feuilles assouplies au feu et vivent des revenus procurés par leur vente en ballots de 50 feuilles. Dans ce processus 9 de production n’interviennent que des groupes familiaux composés des pères et de leurs fils, quelque soit leur âge. La feuille de bananier plantain “Cachaco común” est la plus utilisée pour envelopper et contenir les aliments cuisinés parce qu’elle ne provoque aucun changement des propriétés organoleptiques des aliments et qu’elle est tout à fait stérilisée après son passage au feu ou à la flamme pour l’assouplir. Ce n’est pas le cas avec les feuilles de bananiers plantain appartenant à des clones différents, comme le «Harton», par exemple, qui donne, entre autres, une couleur verdâtre aux tamales1 et aux fromages emballés dans ses feuilles. Le tamale a une odeur particulièrement agréable quand il est enveloppé dans une feuille de bananier plantain “Cachaco común”. On ne connaît pas de travaux antérieurs à celui-ci portant sur des plantations de bananiers plantain du clone “Cachaco común” exclusivement dédiées à la production de feuilles pour l’industrie agroalimentaire. Ceci explique qu’on ne connaisse pas les réactions de la plante face à une défoliation fréquente et sévère. On peut s’attendre à ce que la plante accélère l’émission de feuilles et en augmente le nombre, comme le rapporte Belalcazar (1991), à moins qu’au contraire elle n’en diminue le nombre, mais c’est moins probable. Quand un petit cultivateur de bananier plantain “Cachaco común” décide de produire des feuilles, on sait à l’avance qu’il préfère vendre des feuilles toutes les semaines ou tous les quinze jours plutôt qu’un régime par an. D’autant que les régimes produits dans ces conditions, quand ils existent, sont très petits, faute de feuilles et donc de photosynthèse pour bien en remplir les doigts. Actuellement, le ballot de 50 feuilles de bananier plantain assouplies au feu se vend de 2000 à 2500 pesos colombiens, soient de 1 à 1,25 dollars US, équivalent plus ou moins au prix d’un régime de bananes plantain. En un an, la production de feuilles par bananier est de 150 à 175, représentant une valeur de 6000 à 7500 pesos alors qu’il n’y a qu’un régime commercialisable de plantain “Cachaco” qui lui, vaut à peine 2500 pesos. Sur la même plantation, les années suivantes, la production de feuilles se poursuit de façon stable et continue, et peut même augmenter, alors que la production de régimes diminue tant en qualité qu’en quantité après le premier cycle de production. cycle de croissance d’environ 120 à 130 jours par feuille et ce, quand les conditions agro-météorologiques (sol, précipitations, température, vent et humidité relative essentiellement) sont favorables au développement de la plante et qu’il n’y a pas de maladies, surtout du feuillage. La défoliation ou élimination de feuilles a été jusqu’à présent de nature phytosanitaire sur les bananiers plantain : elle consiste à supprimer toutes les feuilles infectées ou celles qui sont sèches à plus de 60%. En général, les dimensions des feuilles de bananiers plantain adultes mesurent 70 à 100 cm de large et de 150 à 400 cm de long, avec des corrélations foliaires qui oscillent entre 2 et 4 en fonction du clone cultivé, des conditions climatiques et du sol. L’épaisseur de la feuille varie de 0,35 à 1 mm selon la portion de limbe considéré et le stade de polyploïdie (Champion 1978, Belalcázar 1991). Dans de bonnes conditions et dans son milieu, un bananier plantain émet une feuille tous les 8 à 10 jours. On sait par ailleurs que, pour obtenir un bon régime de bananes plantain, il faut que le pied ait au moins 7 à 8 feuilles fonctionnelles au moment de la floraison (émission de la fleur mâle) (Arcila et al. 1994, Belalcazar et al. 1996, Martinez 1984). Dans d’autres études, on a montré que le bananier plantain a besoin de 8 feuilles fonctionnelles pour que la taille et le poids du régime ne soient pas diminués (Martinez 1984). Quand il y a seulement 4 à 6 feuilles fonctionnelles pendant la durée du cycle végétatif, le poids du régime est réduit de 50 et 40% respectivement. D’autre part, Belalcázar (1991) a également souligné que, quand on coupe non seulement les feuilles sèches mais aussi les vertes avant la floraison, on obtient quelques avantages par cette défoliation, parmi lesquels: • Le renforcement des processus physiologiques de la plante entraînant une augmentation de la production. • Une meilleure pénétration de la lumière jusqu’au pied de la plante, stimulant le bourgeonnement et le développement des rejets. • Une aération facilitée, diminuant l’humidité relative dangereusement propice au développement de maladies. • Une décomposition plus rapide de la matière organique. • La diminution des pertes en eau par transpiration en période de sécheresse. Des recherches menées entre autres par Belalcázar (1991), Martinez (1984) et Mer- chán (1994) confirment que le bananier plantain émet de 36 à 39 feuilles à peu près durant toute sa période végétative, sauf en cas de conditions climatiques extrêmes difficiles à maîtriser. De l’avis de Belalcázar et. al. (1998), de tous les clones de bananiers plantain triploïdes à codominance balbisiana (ABB), le “Cachaco común” apparaît comme le meilleur par sa rusticité et sa tolérance à l’égard des conditions de sécheresse et de stress hydrique. Matériel Cette étude s’est déroulée pendant 15 mois, de novembre 1996 à janvier 1998, dans l’exploitation d’un agriculteur située au lieu-dit «Agua Fría», localité de Coyaima, Centre Sud du département de Tolima (Colombie). La propriété est à 400 m d’altitude. Elle reçoit des précipitations annuelles de 1000 à 1300 mm, mais de répartition bimodale irrégulière, et la température moyenne annuelle est de 25°C. L’année 1997 a été une année atypique du point de vue climatique : de façon générale, les pluies ont été très rares toute l’année à cause du phénomène météorologique provenant du Pacifique appelé «el Niño». Cette sécheresse a entraîné la disparition de nombreuses petites plantations de bananiers plantain ainsi que, de temps à autre, une flambée des prix des ballots de feuilles qui passaient de 1500 à 3500 pesos colombiens l’unité, prix considéré comme très élevé par les intermédiaires et les grossistes mais jugé très convenable par les agriculteurs. La propriété où l’étude a été menée a un sol franc et limoneux. De pH 6,9, ce sol présente un faible pourcentage de matières organiques (1,3%), une quantité moyenne de soufre (6,0 ppm), des quantités élevées de phosphore (42,9 ppm), de cuivre (1,13 ppm), de fer (18,4 ppm) et de manganèse (37,02 ppm), de faibles quantités de zinc (0,72 ppm) et de bore (0,19 ppm), de fortes teneurs en calcium (18,43 meq/100 g de sol) et en magnésium (4,03 meq./100 g de sol), une faible teneur en potassium (0,15 meq/100 g de sol) et une teneur en sodium normale (0,10 meq/100 g de sol). On a planté des bananier plantain du clone “Cachaco común”. Celui-ci ayant le meilleur comportement sur la zone grâce à sa rusticité et sa tolérance à la sécheresse, est aussi le plus utilisé pour produire des feuilles assouplies au feu destinées à l’industrie agro-alimentaire des tamales, fromages, envueltos2 de plantain, de maïs, de riz, etc. On n’a employé aucun fertilisant ni pesticide d’aucune sorte. Revue bibliographique Selon les études faites par Martinez (1984), Arévalo (1986) et Belalcázar (1991), le bananier plantain peut conserver jusqu’à 16 feuilles fonctionnelles, érigées, vertes et saines. Ceci correspond à un 10 1 Le tamale est un plat typique colombien composé de poulet, de légumes et de farine de maïs, le tout cuit à l’étouffée dans une feuille de bananier. 2 L’envuelto est une galette à base de maïs, de pomme de terre ou de banane plantain enveloppée dans une feuille de bananier. Méthodologie On a planté 96 rejets dans des trous de 30 cm x 30 cm x 30 cm et à 2 m x 2 m de distance, conformément aux habitudes de la région. INFOMUSA — Vol 10, N° 1 Une analyse de sol a été réalisée mais aucune fertilisation n’a été pratiquée ensuite. Dans une précédente expérimentation, l’application de fertilisants inorganiques comme l’azote (urée à 46% de N) et le potassium (chlorure de potassium à 60% de K2O) avait entraîné le noircissement total des feuilles à leur passage au feu et on n’avait pas pu les utiliser dans l’industrie agro-alimentaire à cause de cela. Le contrôle des mauvaises herbes s’est effectué à la main et à trois reprises pendant la durée de l’expérimentation (15 mois). Il n’y a pas eu d’élimination des rejets. Sur chaque emplacement, autour de chaque pied-mère, on a laissé pousser tous les bourgeons axillaires comme il est de coutume dans la région : plus il y a de plantes par site, plus il y a de feuilles à récolter. On a travaillé en randomisation totale avec quatre protocoles et trois répétitions pour chacun. Les protocoles consistaient à laisser 3, 4, 5 ou 6 feuilles sur toutes les plantes d’un site après chaque récolte ou coupe de feuilles comme indiqué sur le tableau 1. Chaque protocole a été appliqué à une rangée de huit plantes ou de huit emplacements, comprenant chacun un pied-mère et ses rejets. Les trois premières coupes ont été faites à intervalles de trois semaines. Ensuite, en l’absence de pluies, les autres coupes se sont succédées toutes les quatre semaines, jusqu’à atteindre un total de huit récoltes de feuilles, chiffre considéré comme peu élevé pour une période de 14 mois. En condition de pluviométrie normale, il se forme une feuille tous les huit jours et en période de sécheresse, une tous les 10 ou 12 jours. Résultats et discussion Paramètres de croissance Le tableau 2 présente les résultats des mesures de croissance réalisées durant les huit récoltes de feuilles de l’expérimentation. Les valeurs moyennes des paramètres de croissance (hauteur et diamètre) pour le bananier plantain “Cachaco”, dans la localité de Coyaima, Tolima (Tableau 2), ne montrent pas de différences statistiquement significatives, ce qui suggère que la défoliation systématique, et à différents niveaux, n’a pas eu d’influence sur le développement végétatif des plantes. Paramètres de production de feuilles Sur le Tableau 3 sont exposés les deux paramètres mesurés immédiatement après la récolte des feuilles, et servant d’indicateurs de la biomasse produite dans le cadre de chaque protocole. En considérant le nombre total de feuilles commercialisables récoltées pendant les huit coupes faites au cours de l’expérimentation, les valeurs obtenues indiquent clairement que la meilleure formule INFOMUSA — Vol 10, N° 1 Tableau 1. Protocoles d’expérimentation de production de feuilles de bananiers plantain “Cachaco común”, en vue de leur utilisation comme emballage dans l’industrie agro-alimentaire. Espinal 1999. Protocole 1 Description Laisser 3 feuilles sur toutes les plantes, après chaque récolte de feuilles 2 Laisser 4 feuilles sur toutes les plantes, après chaque récolte de feuilles 3 Laisser 5 feuilles sur toutes les plantes, après chaque récolte de feuilles 4 Laisser 6 feuilles sur toutes les plantes, après chaque récolte de feuilles Tableau 2. Effet de la défoliation sur la croissance des clones du bananier plantain “Cachaco común”. Espinal 1999. Protocole Hauteur de la plante (moyenne, en cm) Périmètre du pseudotronc (moyenne en cm, à 1m du sol) 1 257,71 a* 34,92 a 2 264,17 a 40,00 a 3 258,13 a 38,29 a 4 258,83 a 39,88 a * Les valeurs aux lettres identiques ne diffèrent pas significativement entre elles. Tableau 3. Total des feuilles récoltées et poids moyen d’une feuille sur les huit récoltes. Espinal 1999. Protocole Total des feuilles récoltées Poids moyen d’une feuille (g) 1 792 a* 277,08 2 579 b 277,00 b 3 520 b 271,39 b 4 338 c 298,24 * Les valeurs aux lettres identiques ne diffèrent pas significativement entre elles. est le protocole No.1, suivi par les No. 2 et 3, qui produisent respectivement 72,6% et 65,2% du No. 1. Le No. 4 a produit le plus petit nombre de feuilles, soient seulement 42,4% du No. 1. Poids, longueur et largeur des feuilles Le poids d’une feuille n’est pas un paramètre décisif ou essentiel pour la production de feuilles destinées à l’industrie agroalimentaire car ce n’est pas lui qui détermine le prix à payer pour la feuille. Les critères les plus importants sont la longueur, la largeur et surtout l’état sanitaire des feuilles. La longueur et la largeur des feuilles ne sont pas des caractéristiques très précises. Une feuille de bananier plantain “Cachaco común” est considérée apte à envelopper ou à contenir des tamales, des fromages, des envueltos ou d’autres produits alimentaires du moment que son limbe ou que sa lame foliaire mesure plus d’un mètre de long et 30 cm de large en sa partie centrale. Ces deux paramètres ont été mesurés pendant l’expérimentation, à chaque coupe ou récolte de feuilles, uniquement à titre de référence. On peut souligner que la feuille de plus grande longueur a été rencontrée dans le protocole No. 2 : 206 cm de long sans pétiole et 69 cm de large dans sa partie centrale, suivie par une feuille de 196 cm de long et 67 cm de large, issue du protocole No. 4. Epoque des coupes S’il n’intervient pas de maladies ou de dommages graves dûs au vent, le moment de couper les feuilles de bananier plantain “Cachaco común” dépend principalement de la fréquence des pluies ainsi que des conditions du marché. Dans les conditions climatiques de la localité de Coyaima, la plante émet une feuille tous les 7 à 8 jours en saison des pluies et tous les 10 à 11 jours en saison sèche. La coupe des feuilles intervient quand une feuille, deux feuilles ou plus sont prêtes à passer au feu ou bien, plus spécifiquement, quand le marché l’exige. Mais, d’une façon générale, la coutume est de récolter toutes les deux semaines en saison des pluies et toutes les trois semaines en saison sèche. Paramètres économiques Après la récolte, la feuille est passée à la flamme pour l’assouplir directement sur place. Ensuite elle est pliée, empaquetée et ficelée en ballots de 50 feuilles chacun. Ces paquets sont vendus directement aux intermédiaires transporteurs qui, pendant la période considérée, les ont payés de 2000 à 2500 pesos colombiens (1 à 1,25 dollars US), selon l’époque de l’année et en fonction de l’offre et de la demande. Ces achats se font au comptant sur des points de vente mobiles, situés dans différents endroits de la zone productrice et à différents jours selon l’époque de l’année, et plus particulièrement lors des festivités populaires de milieu et de fin d’année. Les meilleurs prix d’achat des feuilles sont ainsi atteints au mois de juin pour les fêtes de la Saint Jean et de la Saint Pierre et aux mois de décembre et de janvier pour les fêtes de Noël, de fin d’année et de l’Epiphanie. Les prix de vente des feuilles baissent un peu pendant la saison des pluies puisqu’il y a alors une forte production et 11 donc une offre importante. Ils diminuent également pendant les mois où la demande est moindre. Conclusions • Dans le processus de production de feuilles de bananier plantain du clone “Cachaco común”, assouplies au feu et utilisées ensuite pour contenir ou envelopper des aliments cuisinés, le plus grand nombre de feuilles commercialisables a été obtenu quand on a laissé un minimum de trois feuilles par plante après la coupe des feuilles à vendre et ce, sans avoir procédé à l’élimination des rejets ni appliqué d’engrais ou de pesticide. • La plus importante production de feuilles correspond au protocole No. 1, dans lequel on a laissé trois feuilles par plante après chaque coupe. La plus faible production est obtenue dans le cadre du protocole No. 4, où on a laissé six feuilles par plante. • La plus grande quantité de feuilles obtenue en une seule coupe a été de 150 feuilles, au cours du protocole No. 1. • La commercialisation des feuilles se fait dans des points de vente ambulants dans les localités productrices et à des jours fixés au préalable avec les grossistes mis en concurrence. • La feuille est présentée à la vente en ballots de 50 feuilles pliées qui sont vendus directement et au comptant aux intermédiaires transporteurs à des prix variant entre 1500 et 2500 pesos colombiens le ballot. • Les meilleurs prix se paient au producteur pendant les mois de juin, de décembre et pendant la première quinzaine de janvier de chaque année. Cela Physiologie coïncide avec les festivités du moment, lorsque la demande en aliments cuisinés, et en particulier celle des tamales tolimenses, est au plus haut. • Le moment de couper les feuilles dépend principalement de la période (saison des pluies ou saison sèche). Ainsi, par temps de pluie, on peut faire une récolte de feuilles tous les quinze jours ou même toutes les semaines alors qu’en période sèche, la coupe peut attendre trois semaines et dans les cas les plus extrêmes, jusqu’à quatre semaines. Remerciements L’auteur remercie M. Antonio María Caicedo, ingénieur au Centre de Recherches Nataima pour sa collaboration à l’analyse statistique des données. ■ Références Arcila M.I., S. Belalcázar, J.A. Valencia & G. Cayón. 1994. Influencia del número de hojas en postfloración sobre el llenado de los frutos del clon de plátano Dominico Hartón, Musa AAB Simmonds. Pp. 90-93 in Mejoramiento de la producción del cultivo de plátano (C.S. Belalcázar, O. Jaramillo, J.A. Valencia, M.I. 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Le captage du rayonnement solaire par la surface foliaire est influencé par la taille, la forme, l’âge, l’angle d’insertion sur le tronc, la séparation verticale et la disposi- L 12 tion horizontale de la feuille (Yoshida 1972). L’angle d’insertion est très important pour la productivité de la culture puisque de lui dépendent l’exposition des feuilles aux rayons du soleil et donc une répartition plus uniforme de la lumière à travers le couvert végétal : ceci autorise une activité photosynthétique plus efficace aux niveaux intermédiaires et inférieurs de la plante (Cayón 1992). La chlorophylle, présente dans toutes les plantes vertes, est un des pigments les plus étroitement liés à l’efficacité photosynthétique, à la crois- sance et à l’adaptation des plantes à leur environnement. Kumar et al. (1972) ont mis en évidence un gradient de chlorophylle chez la canne à sucre allant de l’apex à la base des feuilles individualisées ainsi qu’entre feuilles d’âges différents. La photosynthèse présente de grandes variations selon l’âge de la plante. Au fur et à mesure que la feuille se développe et que les chloroplastes s’organisent, l’activité photosynthétique augmente rapidement jusqu’à un taux maximum, atteint à l’expansion complète de la lame foliaire, puis INFOMUSA — Vol 10, N° 1 L’expérimentation a été menée au Centre de Recherches Palmira, situé dans la municipalité de Palmira, département du Valle del Cauca, à 3º31’ de latitude nord et 76º19’ de longitude ouest, à 1001 m d’altitude, température annuelle moyenne de 24ºC, humidité relative moyenne de 75% et 1000 mm de précipitations annuelles moyennes, conditions climatiques correspondant à la forêt tropicale sèche (fs-T). Le sol du champ expérimental est de texture limoneuse-argileuse, de pH 6,8 et comportant 2,9 % de matières organiques. On a utilisé le clone Dominico hartón, planté à 3,0 m de distance entre les sillons et à 2,0 m de distance entre les emplacements de plantation, un rejet par emplacement pour une densité globale de 1666 plantes ha-1. On a employé un protocole expérimental complètement aléatoire, trois répétitions et six plants par répétition. Quand les plants ont eu émis 16 feuilles (cinq mois après la plantation) on a repéré sur chacun d’eux la plus jeune feuille complètement déroulée (feuille 1) et on a mesuré tous les 20 jours les taux de photosynthèse nette, de transpiration et de concentration en chlorophylle depuis le déroulement complet des demi-limbes (jour 0) jusqu’à la sénescence totale de la feuille (jour 140). Les taux de photosynthèse et de transpiration ont été évalués dans le secteur central de la feuille, à l’aide du système portatif de photosynthèse LI-6200 (Licor). Pour évaluer la chlorophylle, on a employé la méthode d’extraction à l’éthanol (Wintermans et al. 1965), sur des disques foliaires de 1,3 cm2, prélevés sur le même secteur foliaire central que celui utilisé pour l’évaluation des taux d’échanges gazeux. On a réalisé l’extracINFOMUSA — Vol 10, N° 1 Photosynthèse (µmol/m2/s) 12 y = -0.0006 x2+ 0.0242 x + 8.4694 R2= 0.80 10 8 6 4 2 0 20 40 60 80 100 120 140 160 -2 Age de la feuille (jours) 4000 3500 Transpiration (µmol/m2/s) Matériel et méthodes 14 y = -0.3246 x2 + 23.966 x + 3215.1 R2 = 0.86 3000 2500 2000 1500 1000 500 0 0 20 40 60 80 100 120 140 160 Age de la feuille (jours) 12 Chlorophylle totale (mg/g m.s.) elle perd progressivement ses capacités pendant le vieillissement foliaire. Contrairement à ce que l’on a cru pendant longtemps, à savoir que les taux de photosynthèse des cultures pérennes étaient moins élevés que ceux des plantes herbacées, des recherches récentes ont démontré que beaucoup d’arbres, d’arbustes, y compris certains conifères, présentent des taux maxima de photosynthèse très proches de ceux des plantes en C3 (Catsky et al. 1987). Pour la plupart des feuilles, le plus fort taux de photosynthèse est atteint quand le limbe est complètement déroulé et, à partir de ce chiffre, diminue fortement avec l’âge. Cette réduction de la capacité photosynthétique est typique des feuilles de plantes pérennes et à cycle court (Silveira 1987). Le but de ce travail a été de déterminer le comportement et l’intensité des échanges gazeux ainsi que ceux des processus de synthèse et de dégradation de la chlorophylle au cours du développement de la feuille du bananier plantain. y = -0.0007 x2 + 0.065 x + 6.6622 R2 = 0,68 10 8 6 4 2 0 0 20 40 60 80 100 120 140 160 Age de la feuille (jours) Figure 1. Evolution de la photosynthèse, de la transpiration et de la concentration en chlorophylle pendant le développement de la feuille de Dominico hartón. tion en faisant macérer à froid chaque disque foliaire dans un mortier contenant 4,0 ml d’une solution d’éthanol à 98% et de MgCO3 à 0.5 g l-1, en tranvasant l’extrait dans un tube à essais, puis en lavant le mortier avec 4,0 ml de la solution de façon à compléter le volume final à 8,0 ml. La séparation de l’extrait s’est faite par centrifugation à 3000 x g, durant cinq minutes. Une fois obtenu l’extrait éthanolique, on a lu les absorptions à 649 et 665 nm sur un spectrophotomètre Spectronic 21 et, à partir de ces données, on a calculé les concentrations en chlorophylle a (Cla), b (Clb) et totale (Clt), grâce aux formules suivantes: Cla = [(13,7 x A665) - (5,76 x A649)] x V / PD Clb = [(25,8 x A649) - (7,6 x A665)] x V / PD V = volume final de l’extrait éthanolique (8,0 ml) PD = poids sec du disque foliaire (g) Les résultats ont été soumis à une analyse de variance, de corrélation et de régression en utilisant le programme statistique MSTAT-C (Michigan State University). Résultats et discussion La figure 1 montre que, pendant la durée de vie de la feuille depuis le jour 0 jusqu’au jour 140, l’évolution des taux des échanges 13 Tableau 1. Matrice de corrélation entre l’âge de la feuille, la photosynthèse, la transpiration et la concentration en chlorophylle totale. Variables Age de la feuille Transpiration Chlorophylle totale - 0,688 ** - 0,634 ** 1,000 0,771 ** 0,842 ** - - 1,000 0,538 * - - - 1,000 Age de la feuille 1,000 Photosynthèse - Transpiration Chlorophylle totale Photosynthèse - 0,783 ** ** significatif (P<0,01) * significatif (P<0,05). gazeux (photosynthèse et transpiration) et de ceux de la synthèse de chlorophylle suivent un modèle quadratique de régression. Au stade initial de développement de la feuille, le taux de photosynthèse est bas et augmente rapidement jusqu’à un maximum (12,22 µmol CO2 m-2 s-1 ) atteint 20 jours après le déroulement de la feuille (JAD) puis il diminue légèrement et se maintient à peu près constant jusqu’au 80ème JAD et enfin il se réduit considérablement jusqu’à la mort des limbes (140 JAD). L’activité photosynthétique moindre de la feuille au stade le plus jeune (0 JAD) est due au fait que les systèmes photosynthétiques et enzymatiques ne sont pas complètement formés. La synthèse de la chlorophylle en est aux étapes initiales et la concentration en pigment n’est pas suffisante pour capter l’énergie solaire nécessaire à la photosynthèse. Quant aux stomates, ils ne sont pas opérationnels au maximum de leurs capacités physiologiques. Il suffit de considérer la couleur vert clair présentée par les feuilles immédiatement après le déroulement de la feuille “cigare”. Le taux maximum de photosynthèse (12,2 µmol CO2 m-2 s-1 ) de chaque nouvelle feuille formée se maintient pendant un laps de temps relativement court (20 jours), après quoi il diminue légèrement et se situe durant 60 jours entre 5,53 et 7,12 µmol CO2 m-2 s-1 avant d’atteindre la valeur minimum à la sénescence totale (140 JAD). Cette réduction drastique du taux de photosynthèse pendant la sénescence foliaire rend le bilan en carbone négatif car la respiration des feuilles reste constante pendant tout le processus de développement de la plante. La transpiration de la feuille est basse aussi au début du développement, puis elle continue à augmenter jusqu’à un maximum atteint au 40ème JAD et enfin diminue à mesure que la feuille entre en sénescence. Comme on peut l’observer, la feuille continue à transpirer au maximum jusqu’au 60ème JAD, c’est à dire durant une période plus longue que celle de la photosynthèse, ce qui, probablement, accélère le processus de sénescence. En raison des caractéristiques phyllotaxiques du bananier plantain et de l’émission permanente de nouvelles feuilles, celles-ci changent de position pendant le développement de la plante et donc d’exposition à la lumière solaire, jusqu’à se retrouver partiellement à l’ombre. Cette situation 14 contribue à la diminution progressive des taux de photosynthèse et de transpiration d’où les répercussions sur le bilan des échanges gazeux dans la plante. Ces résultats concordent avec ceux de différents auteurs qui ont étudié les interactions entre l’âge de la feuille et son activité physiologique pour des bananiers et des bananiers plantain en phase végétative de croissance. Ils ont constaté que les plus forts taux de photosynthèse et de transpiration se situent au niveau des feuilles les plus jeunes (feuilles 2, 3, 4 et 5), pour se réduire drastiquement au niveau des feuilles les plus anciennes (feuilles 6, 7, 8 y 9) (Robinson et Bower 1988, Kallarackal et al. 1990, Eckstein et Robinson 1995, Cayón et al. 1998). L’évolution de la concentration en chlorophylle est semblable à celle de la photosynthèse et de la transpiration : elle présente des concentrations maxima du pigment entre le 20ème et le 40ème JAD et diminue ensuite jusqu’à atteindre les valeurs minima à la sénescence complète. La concentration en chlorophylle est basse durant la période de déroulement de la feuille puisque celle-ci n’est pas complètement exposée à la lumière solaire et que c’est de cela que dépendent la synthèse et l’accumulation des chlorophylles. Quand la feuille a fini de se dérouler, l’augmentation de la concentration en chlorophylle est remarquable, puis elle se maintient constante pendant la période intermédiaire de la vie de la feuille pour décroître quand elle entre en sénescence. Les taux de photosynthèse et de concentration en chlorophylle pendant le développement de la feuille sont proportionnels, avec des maxima au 20ème JAD, apparemment moment de concentration optimum du pigment pour la photosynthèse. De plus, le processus photosynthétique diminue drastiquement quand la concentration en chlorophylle est limitante. A ce sujet, Cayón et al. (1994) ont observé que le taux maximum de photosynthèse de la feuille de bananier plantain dépend du contenu en chlorophylle et que la plus forte concentration en chlorophylle se trouve dans la zone centrale du limbe. Bien que la perte de chlorophylle soit un symptôme typique observé pendant la sénescence foliaire, sa disparition est toutefois plus lente que celle des autres composants photosynthétiques (Friedrich et Huffaker 1980, Holloway et al. 1983, Kura-Hotta et al. 1987, Makino et al. 1983). Des études réalisées pour expliquer le mécanisme de réduction de la photosynthèse durant la sénescence des feuilles indiquent que ce phénomène est dû à des changements de concentration et de cinétique de l’enzyme Rubisco (Evans 1986, Makino et al. 1985). L’activité de la chaîne des transporteurs d’électrons, directement corrélée à celle de la photosyntèse, diminue également pendant la sénescence foliaire, ce qui montre que la réduction de la photosynthèse est due principalement à la dégradation fonctionnelle des systèmes photosynthétiques (Camp et al. 1982, Holloway et al. 1983, Kura-Hotta et al. 1987). La moindre concentration de chlorophylle et des autres pigments photosynthétiques actifs peut limiter le processus photochimique des feuilles: ceci diminue l’activité photosynthétique si la concentration passe au-dessous du seuil optimum nécessaire au phénomène (Grabrielsen 1948). La photosyntèse, la transpiration et la concentration en chlorophylle sont inversement corrélées à l’âge de la feuille (P<0,001) ce qui indique qu’elles dépendent de l’ontogénie de la feuille et qu’elles diminuent progressivement à mesure que celle-ci avance (tableau 1). La photosynthèse est directement corrélée à la transpiration et au contenu en chlorophylle pour n’importe quel stade de développement de la feuille, ce qui montre que la photosynthèse est liée fonctionnellement à la transpiration et qu’elle dépend de la concentration en chlorophylle de la lame foliaire. L’angle d’insertion des feuilles sur la plante est un paramètre très important pour la productivité de la culture du bananier plantain car c’est de lui que dépendent l’exposition des feuilles aux rayons du soleil et la distribution dans la plante du rayonnement photosynthétiquement actif (RPA). La photosynthèse se déroule dans les différentes strates de feuilles superposées se faisant de l’ombre les unes aux autres, de façon que la RPA incidente soit absorbée en traversant les strates et ce, au maximum pour les feuilles les mieux exposées. De ce fait, la photosynthèse est plus importante pour les feuilles des strates moyennes ; les strates inférieures, qui reçoivent moins de RPA, ont des taux de photosynthèse plus bas. Chaque feuille produite par la plante va changer de position au fur et à mesure de la croissance de la plante, ce qui implique que son activité photosynthétique ne sera maximum que tant qu’elle restera bien exposée à la RPA. Comme les résultats de cette étude montrent que le taux de photosynthèse maximum des feuilles juvéniles se maintient durant un laps de temps relativement court (20 jours) et qu’ensuite ce taux diminue considérablement quand INFOMUSA — Vol 10, N° 1 les feuilles sont ombragées par de nouvelles feuilles, il est probable que ces nouvelles jeunes feuilles émises réalisent une compensation physiologique en produisant leur plus fort taux de photosynthèse immédiatement après les feuilles plus anciennes. De plus, le fait que la photosynthèse se stabilise entre 5,53 et 7,12 µmol CO2 m-2 s-1 pendant les 60 jours suivants du développement peut constituer une contribution essentielle aux processus physiologiques de la plante. En effet, du point de vue de la productivité, il est très important que les feuilles fonctionnelles maintiennent le taux de photosynthèse moindre certes mais constant pendant la période la plus longue possible. ■ Références Camp P.J., S.C. Huber, J.J. Burke & D.E. Moreland. 1982. Biochemical changes that occur during senescence of wheat leaves. I. Basis for the reduction of photosynthesis. Plant Physiol. 70:1641-1646. Catsky J. & Z. Sestadk. 1987. Measurement of leaf photosynthetic rate in trees. Pp. 29-46 in Tree crop physiology (M.R. Sethuraj & A.S. Raghavendra, eds.). Else, Amsterdam. Cayón G. 1992. Fotosíntesis y productividad de cultivos. Revista Comalfi 19 (2):23-31. Cayón G., J.E. Lozada & S. Belalcázar. 1994. 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Swennen, A. Tenkouano, R. Ortiz et D. Vuylsteke e système racinaire fait le lien entre la plante et le sol. Il assure l’absorption de l’eau et des éléments nutritifs, l’ancrage de la plante, la synthèse d’hormones et le stockage (De Langhe et al. 1983, Martin-Prével 1987, Stover et Simmonds 1987, Lahav et Turner 1989, Price 1995). Il existe des relations étroites entre le développement du système racinaire et la croissance des parties aériennes de la plante (Pearsall 1927, Broschat 1998, Fort et Shaw 1998). Russell (1977) indiquait qu’on pouvait estimer le développement des racines d’ancrage chez le blé d’hiver et L INFOMUSA — Vol 10, N° 1 le millet à chandelle d’après le nombre de feuilles. Henderson et al. (1983) ont constaté que l’étendue des ramifications des racines, très régulière chez l’épicéa de Sitka, pouvait être évaluée à partir du diamètre du tronc. Smith (1964) a signalé qu’il était possible d’estimer le développement des racines de plusieurs espèces ligneuses en mesurant des caractéristiques des parties aériennes. En ce qui concerne le bananier, Swennen (1984) et Blomme et Ortiz (1996) ont observé des corrélations positives entre le développement du système racinaire et la croissance des parties aériennes, tandis que Gousseland (1983) a évalué le nombre de racines adventives du bananier dessert “Giant Cavendish” d’après la surface foliaire. Dans cette étude, on a mis au point une méthode pour estimer le développement des racines à partir des caractéristiques des parties aériennes d’une grande diversité de génotypes de Musa. Matériel et méthodes Cette étude a été effectuée à la station d’Onne de l’IITA, située en zone de forte pluviométrie dans le sud-est du Nigeria. Le sol est un ultisol dérivé de sédiments côtiers, bien drainé mais pauvre en éléments nutritifs, avec un pH de 4,3 dans 1:1 H2O. La pluviométrie annuelle moyenne est de 2400 mm répartis entre février et novembre en régime monomodal. Ce site a été décrit de manière détaillée par Ortiz et al. (1997). Dans cette étude, on a évalué 27 génotypes représentatifs des différents groupes génomiques de Musa et des diffé15 Tableau 1. Coefficients de corrélation (P<0,05) entre la croissance des parties aériennes et les caractéristiques du système racinaire à 20 SAP (semaines après plantation). Caractéristique SF HP CP PR 0,72*** 0,65*** 0,65*** HR NR 0,46* 0,41* 0,29 0,16 LR 0,64*** 0,54** 0,46* 0,08 DM 0,47* 0,51** 0,70*** LT 0,41* 0,25 0,01 0,49* PT 0,65*** 0,53** 0,38 0,25 -0,09 -0,38* SF : surface foliaire (cm2), HP : hauteur de plant (cm), CP : circonférence du pseudotronc (cm), HR : hauteur du plus grand rejet (cm), PR : poids sec des racines (g), NR : nombre de racines adventives, LR : longueur des racines adventives (cm), DM : diamètre moyen à la base des racines adventives (mm), LT : longueur totale des racines adventives de la touffe (cm), PT : poids sec total du système racinaire de la touffe (g) *, **, *** significatif aux seuils P<0,05, 0,01 et 0,001 respectivement. Tableau 2. Modèles de régression pour prédire les caractéristiques du système racinaire à 20 SAP, avec la croissance des parties aériennes et le degré de ploïdie comme variables indépendantes. Caractéristique Caractéristique SF^ CP PR 0,001628*** 0,596934** 0,93 NR 0,001459*** 1,255633*** 0,93 LR 0,066704*** 23,476717** DM HR 0,099478*** PT 0,002066*** 0,426590 R2 0,94 0,093835*** LT DP 0,681434*** 0,97 14,69139*** 0,92 0,171415* 0,93 voir la signification des abréviations au tableau 1 ; DP : degré de ploïdie ^ : variables indépendantes *, **, *** significatif aux seuils P<0,05, 0,01 et 0,001 respectivement. rents degrés de ploïdie. Le matériel végétal a été obtenu par culture de méristèmes selon les méthodes de Vuylsteke (1989, 1998). On a acclimaté les plantules pendant six semaines dans une pépinière en serre (Vuylsteke et Talengera 1998, Vuylsteke 1998) avant de les transférer au champ en juin 1996. L’essai a été implanté dans un dispositif en blocs de Fisher avec deux répétitions de deux plants par génotype. Les parcelles, sous jachère herbacée depuis huit ans, ont été préparées manuellement de façon à perturber le sol au minimum. On a utilisé un espacement de 2 m x 2 m pour éviter que les systèmes racinaires des plants adjacents ne se mêlent. Afin de réduire la population de nématodes, on a traité l’aire expérimentale avec le nématicide Némacur (m.a. fénamiphos) à la dose de 15 g par plant (trois traitements an-1). Les plants ont été fertilisés avec 300 N et 450 K (kg·ha-1·an-1) en six doses fractionnées égales pendant la saison des pluies (de février à novembre). On a appliqué le fongicide Bayfidan (m.a. triadiménol) trois fois par an à la dose de 3,6 ml par plant afin de prévenir toute infection de cercosporiose noire (Mycosphaerella fijiensis Morelet). Les caractéristiques des parties aériennes et des racines ont été évaluées à mi-chemin de la croissance végétative (les plants étant âgés de 20 semaines). Pour la croissance des parties aériennes, on a pris en considération les caractéristiques suivantes : hauteur de plant (HP, cm), circonférence du pseudotronc au niveau sol (CP, cm) et surface foliaire (SF, cm2). Pour cal16 culer la surface foliaire, on a procédé selon la méthode d’Obiefuna et Ndubizu (1979) après avoir mesuré la longueur et la largeur maximale des feuilles. On a aussi mesuré la hauteur du plus grand rejet (HR, cm). Après avoir entièrement déterré le système racinaire, on a déterminé le nombre de racines adventives (NR), le diamètre moyen à la base des racines adventives (DM, mm), le poids sec des racines (PR, g), la longueur des racines adventives (LR, cm), le poids sec total du système racinaire de l’ensemble de la touffe (plante mère plus rejets) (PT, g) et la longueur totale des racines adventives de l’ensemble de la touffe (LT, cm). On a utilisé un pied à coulisse à vernier pour mesurer le diamètre moyen des racines adventives, et la méthode de Newman (1966) et Tennant (1975) pour estimer la longueur des racines adventives. On a procédé à l’analyse statistique des données des 27 génotypes à l’aide du logiciel SAS (SAS 1989). Par analyse des corrélations, on a évalué les relations entre la croissance des parties aériennes et les caractéristiques du système racinaire. On a fait aussi une analyse de régression multiple de manière séquentielle, en mettant les variables dépendantes (c’est-à-dire les caractéristiques du système racinaire) en relation avec la croissance des parties aériennes et le degré de ploïdie (DP). Résultats et discussion Des corrélations significatives ont été établies entre la croissance des parties aériennes et les caractéristiques du système racinaire pendant la phase du développement végétatif (tableau 1), ce qui confirme les observations antérieures (Beugnon et Champion 1966, Gousseland 1983, Swennen 1984, Lavigne 1987, Blomme et Ortiz 1996). L’analyse de régression a produit plusieurs équations attribuant au moins 90 % de la variation de la croissance du système racinaire à la variation du développement des parties aériennes. Les meilleurs indicateurs de la croissance racinaire étaient la surface foliaire, la circonférence du pseudotronc et la hauteur du plus grand rejet (tableau 2). Ces modèles montrent qu’une réduction de la surface foliaire, comme c’est le cas lors d’une infection de cercosporiose noire, affectera le développement du système racinaire, tandis qu’une augmentation de la surface foliaire, sous l’effet par exemple de la fertilisation, stimulera le développement des racines. Le pseudotronc, étant constitué de gaines foliaires, reflète le nombre de feuilles et la vigueur du plant. Par conséquent, la circonférence du pseudotronc reflète la croissance des parties aériennes et elle est un facteur important pour déterminer la vigueur des racines dans les modèles de régression. Il s’est avéré que la hauteur du plus grand rejet contribuait positivement à l’étendue du système racinaire de la touffe. La plupart des rejets observés sur les plants de 20 semaines étaient des rejets “écailles” (petits rejets à feuilles squamiformes) ou des rejets “baïonnettes” (grands rejets à feuilles lancéolées). Ces rejets avaient leur propre système racinaire, ce qui confirme les observations de Robin et Champion (1962) et de Beugnon et Champion (1966), qui ont signalé que les rejets baïonnettes du bananier dessert “Poyo” possédaient un système racinaire bien développé. L’effet positif du degré de ploïdie sur le diamètre des racines adventives qui a été enregistré dans cette étude confirme les observations faites antérieurement par Monnet et Charpentier (1965). Le ratio parties aériennes/racines dépend du stade de développement du plant (Brouwer 1966). Dans le cas du bananier, Gousseland (1983), ayant estimé le nombre de racines adventives à partir de la surface foliaire, a noté un effet du stade de développement du plant sur la précision du modèle de régression. Il a mis en évidence une sous-estimation du nombre de racines adventives en début de phase végétative. Cela signifie donc qu’il faut ajuster les modèles de régression en fonction du stade de développement du plant. En outre, le ratio parties aériennes/racines est fortement influencé par les conditions environnementales (Brouwer et De Wit 1969, Squire 1993, Martinez Garnica 1997, McMichael et Burke 1998). Par conséquent, il faut aussi ajuster ces modèles lorsque les plants sont cultivés INFOMUSA — Vol 10, N° 1 dans des conditions environnementales différentes. Cette étude démontre qu’on peut estimer le développement du système racinaire de Musa à partir de la croissance des parties aériennes des plants. La mise en relation de ces deux éléments offre donc une méthode non destructive pour évaluer le développement des racines. Remerciements Cette étude a bénéficié d’un financement de la VVOB (Vlaamse Vereniging voor Ontwikkelingssamenwerking en Technische Bijstand, Agence flamande de coopération au développement et d’assistance technique) et de la Direction générale de la coopération internationale (DGCI, Belgique). Les auteurs remercient Mlle Lynda Onyeukwu qui a aidé à collecter les données. ■ Références Beugnon M. & J. Champion. 1966. Etude sur les racines du bananier. Fruits 21:309-327. Blomme G. & R. Ortiz. 1996. Preliminary assessment of root systems in Musa (Abstract submitted for presentation at the International Conference on Banana and Plantain for Africa, 14-18 Oct. 1996, Kampala). MusAfrica 10:16. Broschat T.K. 1998. Root and shoot growth patterns in four palm species and their relationships with air and soil temperatures. HortScience 33(6):995-998. Brouwer R. 1966. Root growth of grasses and cereals. Pp. 153-166 in The growth of cereals and grasses (F.L. Milthorpe & J.D. Ivins, eds.). Butterworths, Londres. Brouwer R. & C.T. De Wit. 1969. A simulation model of plant growth with special attention to root growth and its consequences. Pp. 224-244 in Root Growth (W.J. Whittington, ed.). Butterworths, Londres. De Langhe E., R. Swennen & G.F. Wilson. 1983. 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Ortiz travaillent au sein de la Crop Improvement Division, Institut international d’agriculture tropicale Agriculture (IITA), c/o L.W. Lambourn & Co., Carolyn House, 26 Dingwall Road, Croydon CR9 3EE, Royaume-Uni. *Guy Blomme est actuellement coordinateur régional adjoint de l’INIBAP pour l’Afrique orientale et australe à Kampala (Ouganda). R. Swennen travaille au Laboratory of Tropical Crop Improvement, K.U. Leuven, Kasteelpark Arenberg 13, 3001 Leuven, Belgique. D. Vuylsteke travaillait à l’IITA et a disparu tragiquement dans un accident d’avion le 30 janvier 2000. Flétrissement bactérien Evaluation des luttes culturale, chimique et biologique contre la pourriture vasculaire et le flétrissement du bananier plantain (Musa AAB Simmonds) L.E. Gómez-Caicedo, E. Echeverry N. et R. González S. l’est du département de Tolima (Colombie), sont cultivés quelques 25 000 hectares de bananiers et de A INFOMUSA — Vol 10, N° 1 bananiers plantain, pour la majorité en zone caféière. Au second semestre 1996, dans la localité de Icononzo, on a rapporté l’apparition d’une maladie qui, par la caractérisation de ses symptômes, a permis de diagnostiquer qu’il s’agissait d’un problème nouveau pour la région. Initiale- ment, les troubles se sont manifestés sur le bananier plantain “Cachaco” (Musa ABB). Mais dernièrement, on a constaté des attaques de cette maladie sur le clone de bananier plantain Dominico hartón (Musa AAB Simmonds), ce qui a provoqué de graves pertes chez les petits producteurs. 17 Actuellement, la production moyenne des cultures mécanisées de bananiers plantain dans la zone d’étude est de 1000 régimes/ha, représentant une valeur commerciale proche de 3 millions de pesos (1500 dollars US). En présence de cette maladie, la production pourrait se réduire de près de 70%, entraînant de graves problèmes dans les zones d’économie rurale (Echeverry, données non publiées). La symptomatologie de la maladie se caractérise par la chlorose des feuilles basses, suivie par leur repliement au niveau du pseudopétiole, puis une généralisation ascendante du flétrissement qui finit par toucher toutes les feuilles de la plante (figure 1). En pratiquant à environ 1 m du sol une coupe transversale du pseudotronc affecté, on constate une pourriture acqueuse et d’odeur désagréable (figure 2). De plus, les gaines foliaires internes présentent des colorations allant du brun au marron foncé (figure 3). Contrairement aux symptômes de la pourriture molle du pseudotronc observés par Guzmán et Sandoval (1996) sur des hybrides FHIA-01 et FHIA-02, l’infection décrite à Icononzo progresse du rhizome vers la partie supérieure de la plante. Dans une étude réalisée sur la pourriture molle du pseudotronc chez les hybrides FHIA, présentant des symptômes semblables à ceux observés sur le clone de bananier plantain Dominico hartón, Guzmán et Sandoval (1996) ont isolé, à partir des tissus végétaux, la bactérie Erwinia carotovora. Les pourritures molles ou acqueuses provoquées par des bactéries appartenant au genre Erwinia spp. se rencontrent fréquemment associées aux Musacées en Amérique latine (Stover 1972). Stover (1972) note qu’il existe des bactéries E. chrysanthemi et E. carotovora qui affectent le corme et le pseudotronc, aussi bien chez les bananiers que chez les bananiers plantain. Stover (1972) a constaté que des cultivars du sous-groupe Cavendish sont sensibles à Erwinia sp., mais que les génotypes AAB et ABB sont plus tolérants. Selon Rivera et Ezavin (1989), dans différentes zones bananières du Venezuela, on a observé une pathologie caractérisée par une maladie du corme sur des cultivars de Musa acuminata (AAA). L’agent pathogène s’est trouvé être la bactérie E. chrysanthemi Burk. et al. Cedeño et al. (1990) signalent que la bactérie E. carotovora subsp. atroseptica est l’agent de la pourriture molle du pseudotronc du bananier plantain “Hartón” (Musa AAB) dans la région du sud du lac de Maracaibo. Urdaneta (1994), dans le répertoire qu’il a dressé des principales maladies de la culture des Musacées de l’Etat de Zulia au Venezuela, mentionne E. carotovora comme 18 Figure 1. La pourriture vasculaire est caractérisée par une chlorose des feuilles basses suivie par leur repliement au niveau du pseudopétiole et enfin un flétrissement général ascendant de la plante jusqu’à affecter complètement toutes les feuilles (photo: L.E. Gómez-Caicedo). Figure 2. La coupe transversale du pseudotronc infecté par la pourriture vasculaire permet d’observer un pourrissement acqueux avec production d’un exudat jaune, d’odeur fétide et d’aspect désagréable, caractéristique de l’attaque bactérienne (photo: L.E. Gómez-Caicedo). agent de la pourriture du pseudotronc du bananier plantain. Jiménez et al. (1994) rapportent que E. chrysanthemi Burk. et al. est l’agent causal de la nécrose du corme du bananier plantain. Les mêmes auteurs ont isolé trois souches de bactéries appartenant à la rhizosphère de bananiers plantain apparemment sains provenant d’un champ où les symptômes de la nécrose du corme n’étaient pas très développés. Ces bactéries sont antagonistes in vitro d’isolements de E. chrysanthemi et de E. carotovora. D’après leurs caractéristiques morphologiques, physiologiques et biochimiques, ces souches appartiennent au genre Pseudomonas spp. Belalcázar et al. (1991) font remarquer que la bactérie E. chrysanthemi p.v. paradisiaca Victoria et Barros est endémique dans les régions où se cultivent les Musacées et que les attaques y sont favorisées par des conditions de sécheresse et de carence nutritionnelle des plantations. Les observations de Schneider (1991) sur la relation entre la nutrition minérale et la condition d’hôte ont montré que toutes les applications de K, de Ca et de Mg avaient limité le développement de certains types d’étiolement, en particulier dû à du Fusarium sp. En l’absence de KCl, l’exudat produit réduit les sucres et les acides organiques en plus grande proportion. Le KCl, quant à lui, réduit le taux d’infection. La nutrition minérale a donc un effet distinct sur la nature de l’exudat et sur l’infection. Le Trichoderma peut inhiber l’agent pathogène par l’intermédiaire de ses substances antibiotiques ou bien en dégradant les parois bactériennes grâce à l’action d’enzymes comme les quitinases, les ß-1,3-glucanases, les protéases, les mannases et autres hydrolases (Limón et al. 1999). La relative importance de ces deux mécanismes dans le processus antagoniste dépend spécifiquement des interactions pathogène-hôte (Limón et al. 1999). Cependant la combinaison de l’action des enzymes hydrolytiques et des substances antibiotiques de Trichoderma a démontré sa synergie antifongique (Schirmböck et al. 1994). Matériels et méthodes Figure 3. Les gaines foliaires internes présentent une coloration qui va du brun au marron foncé avec un exudat jaune (photo: L.E. Gómez-Caicedo). L’étude a été menée de 1997 à 1999 dans la localité d’Icononzo, région de Piedecuesta, département de Tolima, Colombie. L’exploitation San Isidro où a été conduite l’expérimentation est située à 1380 m d’altitude, avec des précipitations annuelles moyennes de 1500 à 1700 mm et une humidité relative moyenne de 80%. Elle possède un sol limoneux-argileux, légèrement acide, avec un pourcentage modéré de matières organiques et peu de potassium. INFOMUSA — Vol 10, N° 1 Tableau 1. Résumé des résultats des tests morphologiques et physico-chimiques pratiqués pour caractériser la bactérie isolée à partir de pseudotroncs de bananiers plantain du clone Dominico hartón (AAB). Test Résultat Gram - Confirmation du Gram avec KOH à 3% + Odeur Fétide Couleur Crème Consistance Rouge Congo Butyreuse Forme bacillaire Fluorescence sur King-B - Catalase + Levan - Croissance en O-F (Hugh-Leifson) + Hydrolyse de la gélatine + NaCl 3% + NaCl 4% + Tetracycline + Streptomycine + Penicilline Genre Erwinia – Traitement cultural (T2). Uniquement application de potassium sous forme de KCl à raison de 200 g/plante tous les 30 jours. Cette fertilisation se distribuait en trois points autour de la plante, à 50 cm de la base du pseudotronc. – Traitement biologique (T3). Une seule inoculation, au début du second cycle végétatif, du champignon Trichoderma spp. dont la souche, isolée de sols provenant de plantes infectées, avait été multipliée au laboratoire sur le milieu sélectif d’Elad et al. (Chet 1987). On employait des doses de 50 g/plante, incorporées au sol en quatre points autour du pseudotronc. – Traitement témoin (T4). Aucune application. + = Positif; - = Negatif. Résultats et discussion Résultats de laboratoire Sur des bananiers plantain Dominico hartón (Musa cv. AAB) présentant des symptômes de l’infection, on a prélevé des échantillons de la partie interne du pseudotronc pour les analyser au laboratoire et identifier l’agent pathogène. Les échantillons ont été lavés au préalable à l’eau courante, puis coupés en petits tronçons de 2 cm de long et enfin désinfectés par de l’hypochlorite de sodium à 2,5% pendant 3 minutes sous agitation constante. On les a lavés à l’eau distillée stérile pour éliminer les résidus d’hypochlorite. Une fois désinfectés, les échantillons ont été mis à macérer dans un mortier contenant 1 ml d’eau distillée stérile. On a inoculé du milieu LB (Luria-Bertani) (Extrait de levure 5 g/l, Tryptophane 10 g/l, NaCl 10g/l, Agar 20g/l, de pH 5,5-6,0) avec 50 µl de cette macération. Les boîtes de Pétri ont été alors placées dans un incubateur, de marque Precision Scientific Inc., à 28°C pendant 48 heures. Pour caractériser l’agent pathogène, on a utilisé les tests suivants: coloration de Gram, confirmation du Gram par KOH à 3%, catalase, liquéfaction de la gélatine, Levan, King-B, croissance en O-F (Hugh-Leifson), tolérance à NaCl à 3 et 4%, antibiogramme avec tétracycline, streptomycine et pénicilline. Dans une exploitation commerciale de 2600 m2 plantée de bananiers plantain du clone Dominico hartón âgés de 29 mois et présentant des symptômes de pourriture vasculaire, on a délimité trois parcelles correspondant à trois distances de plantation : 5, 4 et 3 mètres entre les sillons et 2,5 mètres entre les plantes. Pour chaque distance, on a déterminé quatre sous-parcelles de cinq plantes chacune, avec trois répétitions. On a appliqué quatre traitements à chacune des sous-parcelles. INFOMUSA — Vol 10, N° 1 L’expérimentation s’est déroulée en deux phases: • La phase I, de novembre 1997 à août 1998 (8 mois), pendant laquelle on a appliqué et évalué les traitements suivants : – Traitement chimique (T1). Application mensuelle par aspersion autour du pseudotronc de chaque plante d’une solution de Vanodine à 5 cc par L d’eau (composition: c/100ml : complexe d’Iode surfactant; 2,5% d’Iode disponible. Marque Pfizer). – Traitement cultural (T2). Application des engrais suivants aux doses indiquées: Urée (46%) 150 g/plante, KCl (60% K 2 O) 200 g/plante, DAP (phosphate de diammonium: 48% P2 O5 et 18% N) 66 g/plante et 200 g/plante de “Micronfos” (Microfertiza. Colombie); on a ajouté de plus 300g/plante de chaux dolomitique comme correcteur de pH. – Traitement biologique (T3). On a appliqué autour du pseudotronc du Kasumin à 2% [Kasugamycine: 3-0-(2amino-4(1-carboxyformidoyle) amino 2, 3, 4, 6 tétra oxy-alpha-D-arabino hexapyranosyl)inositol] à raison de 1 cc par L d’eau. – Traitement témoin (T4). Aucune application. • La phase II, de septembre 1998 à février 1999 (6 mois), pendant laquelle, après observation des résultats obtenus précédemment, on a modifié les trois traitements appliqués en phase I. Les traitements appliqués et évalués en phase II sont les suivants: – Traitement chimique (T1). Injection, à l’aide d’une seringue de plastique à aiguille hypodermique, de 5 cc de Vanodine dans quatre emplacements à 1 m du sol du pseudotronc de chaque plante. On a réalisé des tests morphologiques et physico-chimiques pour déterminer l’agent responsable de la pourriture vasculaire. La coloration de Gram, test morphologique, a permis d’observer des bacilles de couleur rosée, caractéristiques des bactéries Gram négatives. On a réalisé aussi une coloration au rouge Congo qui a permis d’observer la forme bacillaire des cellules bactériennes. Pour confirmer la coloration de Gram, on a déposé sur un porte-objets un fragment de culture bactérienne auquel on a ajouté une goutte de KOH à 3%. On a observé la formation d’une suspension visqueuse et mucilagineuse. Cette réaction positive a confirmé que la bactérie est Gram négative. Parmi les tests physico-chimiques pratiqués, la croissance sur le milieu de King-B pour caractériser les bactéries fluorescentes a donné un résultat négatif. Le test de la catalase, consistant à émulsionner une anse de culture bactérienne avec du péroxyde d’hydrogène (H 2 O 2 ) à 10%, a donné un résultat positif. Le test de la liquéfaction de la gélatine a été positif, ce qui indique la présence d’enzymes protéolytiques chez la bactérie. Le test d’oxydation-fermentation (O-F), sur le milieu de Hugh & Leifson, a été positif et a permis de détecter la production d’acides par oxydation en aérobiose. Le test de croissance sur gélose nutritive additionnée de NaCl à 3% et à 4% a été positif: les colonies ont poussé de manière normale. Pour ce qui est de la réaction aux antibiotiques Tétracycline, Streptomycine et Pénicilline, on a utilisé le milieu à antibiogrammes n° 5, de pH 8,0 ± 0,1 (extrait de viande 1,5 g/l, extrait de levure 3,5 g/l, peptone pour viande 6,0 g/l, agar-agar 15,0 g/l). On y a déposé 1 ml de culture bactérienne en solution saline que l’on a étalée au râteau de verre avant de pla19 cer les disques d’antibiotiques. La réaction a été positive pour la Tétracycline et la Streptomycine, négative pour la Pénicilline. Ceci indique que la bactérie a été très sensible aux deux premiers antibiotiques comme l’attestait le halo transparent, sans culture bactérienne, autour des deux disques concernés. L’analyse des résultats des ces tests pratiqués sur les prélèvements bactériens provenant de pseudotroncs de bananiers plantain infectés par la pourriture vasculaire a permis de déterminer que les colonies correspondaient à des bactéries du genre Erwinia sp. (tableau 1). Résultats au champ Il est important de noter qu’il n’y a pas eu de différences significatives entre la moyenne des feuilles saines et celle des feuilles flétries parmi les parcelles principales de la phase I. Cela signifie que les densités de plantation ne sont pas des facteurs de prédisposition au flétrissement ascendant des feuilles (tableau 2). En ce qui concerne la moyenne des feuilles saines, la même tendance a été observée parmi les parcelles principales pendant la phase II. En revanche, il y a eu des différences significatives quant à la moyenne des feuilles flétries, comme on peut le constater sur le tableau 2. Bien que la phase I soit statistiquement semblable à la phase II, il existe cependant un décalage marqué des moyennes des feuilles saines et flétries par plante. Alors que pendant la phase I, la moyenne des feuilles saines est de 2,84 par plante, elle atteint 7,77 en phase II. De même pour les feuilles flétries : 0,76 en phase I et 1,40 en phase II. Cela pourrait s’expliquer par le changement opéré dans la fertilisation : de l’urée + DAP+ «Micronfos», on est passé à uniquement du KCl. A ce sujet, selon Jacob et al. (1961), de tous les nutriments extraits et assimilés par le bananier plantain, le potassium l’est en quantité extrêmement élevée. Le même auteur remarque que, puisqu’il s’agit d’une plante avide de potasse, il faut prendre très au sérieux certaines considérations concernant l’application des autres éléments nutritifs comme le Ca et le Mg : il a été démontré en effet qu’un excès de potassium conduit à la manifestation du trouble physiologique appelé «bleu», ainsi qu’à l’obtention de pulpe jaune, dépréciant la qualité du fruit. Il est important également de noter que, pour la moyenne des feuilles flétries par plante, le chiffre témoin est au-dessous de ceux des autres traitements. Cela pourrait s’expliquer par le fait que les plantes témoins n’avaient pas un nombre normal de feuilles, qu’il y a eu une faible émission foliaire et qu’elles ont pratiquement toutes été infectées (tableau 3). On a observé le même phénomène pour la réponse aux 20 Tableau 2. Comparaison des moyennes de feuilles saines et de feuilles flétries par plante chez le bananier plantain Dominico hartón, selon trois distances de plantation. Icononzo (Tol.). Phase I, 1997-1998; phase II, 1998-1999. Distances de plantation Moyenne de feuilles saines/plante Moyenne de feuilles flétries/plante phase I phase II phase I 5 m x 2,5 m 3,1 A* 8,0 A* 0,77 A* phase II 1,4 AB* 4 m x 2,5 m 2,3 A 7,3 A 0,70 A 1,6 A 3 m x 2,5 m 3,1 A 8,0 A 0,82 A 1,2 AB * Moyennes portant la même lettre dans la même colonne ne diff’rent pas significativement (Pr = 0.05). Tableau 3. Effet de quatre traitements sur les moyennes de feuilles saines et de feuilles flétries par plante chez le bananier plantain Dominico hartón. Icononzo (Tol.). Phase I, 1997-1998; phase II, 1998-1999. Traitements Moyenne de feuilles saines/plante phase I phase II Moyenne de feuilles flétries/plante phase I phase II Chimique 3,0 AB* 7,9 AB* 0,81 A* Cultural 3,8 B 8,6 A 0,79 A 1,70 AB* 1,07 B Biologique 2,6 AB 7,7 B 0,78 A 1,61 A Témoin 2,0 B 6,9 C 0,67 A 1,33 AB * Les valeurs portant les mêmes lettres dans les mêmes colonnes ne diffèrent pas (Pr = 0,05). Tableau 4. Nombre total et poids moyen des régimes de bananiers plantain Dominico hartón récoltés par traitements, pendant la phase I, 1998 et la phase II, 1999. Icononzo (Tol.). Traitements Nombre de régimes récoltés phase I Poids moyen (kg) phase II phase I phase II Cultural 33 30 15,2 15,8 Chimique 19 10 12,8 14,1 Biologique 19 11 11,8 12,6 7 5 10,6 12,1 Témoin traitements de la phase II. Le contrôle cultural reste le meilleur traitement par rapport au chimique, au biologique et au témoin. Mais il faut souligner que la moyenne des feuilles saines présente une différence de 4,92 entre les deux phases, c’est à dire qu’il y a plus de feuilles saines pendant la phase II que pendant la phase I (tableau 3). Pour expliquer ces différents comportements, il existe diverses hypothèses dont la plus acceptable tient compte d’une réaction synergique entre la présence du champignon Trichoderma sp. et la capacité de la plante à absorber les éléments nutritifs du sol. Cela a pu être vérifié par l’observation de la taille et de la couleur des feuilles du clone Dominico hartón qui, pendant la phase II, ont dépassé en taille et en intensité de vert les feuilles produites pendant la phase I. Le champignon Trichoderma sp. influence positivement l’augmentation de poids, la taille et la production de feuilles et de fleurs (Chet 1987). A ce sujet, Kleifel et al., cités par Chet (1987), ont observé sur des plants de melon, de tomate, de concombre, de radis et de haricot une germination avancée et une augmentation de la longueur, de la largeur et du poids sec des feuilles. Quant au nombre et au poids des régimes commerciaux récoltés aussi bien pendant la phase I que pendant la phase II, on constate que c’est le traitement cul- tural qui a obtenu les meilleurs résultats en nombre et en poids moyen (tableau 4). Pour ce qui est du poids total des régimes commerciaux récoltés pendant chacune des phases de l’expérimentation, on remarquera qu’il n’y a pas eu de différences significatives entre les poids obtenus sur les parcelles principales ; en revanche les différences sont très fortement significatives entre ceux obtenus sur les sous-parcelles. Ceci démontre l’efficacité des traitements, en particulier du cultural, qui intervient dans l’apport des éléments nutritifs dans la fertilisation. Il n’y a pas eu non plus de différences significatives pour l’interaction distances de plantation/traitements (PP*SP), comme le montrent les résultats de l’analyse de variance du tableau 5. L’analyse démontre que le traitement cultural présente des différences significatives à 5% par rapport aux traitements chimique, biologique et au témoin pour la variable «poids des régimes récoltés». Ceci confirme ce qui avait été déjà remarqué par Machado, cité par Jacob et al. (1961) quand il affirme que la plus grande partie de l’absorption de potassium (84%) a lieu pendant la période de formation du fruit. Ce même auteur a calculé à environ 3493 kg la quantité totale de potassium qu’une plantation de 1333 pieds par hectare absorbe en 14 mois. Il n’y a pas eu de différences significatives entre les traitements chimique et INFOMUSA — Vol 10, N° 1 Tableau 5. Analyse de variance pour la variable “poids des régimes récoltés” des bananiers plantain Dominico hartón pendant la phase I, 1998 et la phase II, 19981999. Icononzo (Tol.). phase I Source de variation Degrés de liberté phase II Carré des moyennes Pr – F Degrés de liberté Carré des moyennes Pr – F 0,53 ns PP (Distance plantation) 2 53,08 0,8992 ns 2 332,111 SP (Traitements) 3 3183,064 0,0001 ** 3 444,444 0,0001 ** PP x SP 6 134,91 0,687 ns 6 235,37 0,376 ns ** Fortement significatif (Pr = 0,01) ; ns = non significatif. biologique pour cette même variable “poids des régimes récoltés” ; en revanche, il y en a eu par rapport au traitement témoin. Pendant les phases I et II de l’expérimentation, les traitements chimique et biologique ont montré des résultats très semblables entre eux quant au poids des régimes récoltés. Pourtant, il y a quelques écarts qui pourraient être attribués au nombre de feuilles fonctionnelles présentes au moment de l’émission florale, paramètre déterminant pour le poids et la qualité des fruits (Belalcázar et al. 1991). Conclusions L’agent responsable du pourrissement et du flétrissement vasculaire du bananier plantain est la bactérie Erwinia, probablement de l’espèce carotovora. Les densités de plantation n’ont aucune influence quant à la présence ou non de la pourriture vasculaire dans les cultures de bananiers plantain. Une fertilisation riche en potassium et la présence du champignon Trichoderma sp. aident la plante à rester vigoureuse et diminuent sa probabilité d’être attaquée par des microorganismes pathogènes. Les traitements chimiques (emploi de Vanodine) et biologique (application de Kasugamycine à 2%), bien que ne participant pas directement au contrôle de la pourriture vasculaire du bananier plantain, sont des opérations qui contribuent à prévenir la diffusion du problème. L’emploi fréquent de l’hypochlorite de sodium dans sa présentation commerciale (dilution dans l’eau à 50%) est une pratique essentielle pour désinfecter les outils qui doit être fortement encouragée. Remerciements Les auteurs remercient M. Alfonso Guerrero Gacha, propriétaire de l’exploitation San Isidro de la localité Icononzo, pour toutes les facilités qu’il leur a ménagées durant l’expérimentation au champ. Ils remercient également M. Antonio María Caicedo, ingénieur au centre recherches Nataima, CORPOICA, pour sa collaboration dans l’analyse statistique des résultats. ■ Références Belalcázar S., V.M. Merchán & M. Mayorga. 1991. Control de Enfermedades. Pp. 243-297 in El culINFOMUSA — Vol 10, N° 1 tivo del plátano en el trópico. Comité Departamental de cafeteros del Quindío. ICA. CIID. INIBAP. Armenia, Quindío, Colombia. Belalcázar S., C. Salazar, G. Cayón, J.E. Lozada, LE. Castillo & J.A. Valencia. 1991. Manejo de Plantaciones. Pp. 149-239 in El cultivo del plátano en el trópico. Comité Departamental de cafeteros del Quindío. ICA. CIID. INIBAP. Armenia, Quindío, Colombia. Cammue B.P.A., M.F.C. De Bolle, F.R.G. Terras & W.F. Broekaert. 1993. Fungal disease control in Musa: application of new antifungal proteins. Pp. 221-225 in Breeding banana and plantain for resistance to diseases and pests (J. Ganry, ed.). International Symposium on Genetic Improvement of Bananas for Resistance to Diseases and Pests, Montpellier, France, 7-9 Sept. 1992. CIRADFLHOR, Montpellier, France. Cedeño M., L.R; B.M. Nieves M. & E.L. Palacios. 1990. Erwinia carotovora subsp. atroseptica, causante de la pudrición blanda del plátano “Hartón” (Musa AAB) en Venezuela. Fitopatología Venezolana 3(1):6-9. Chet I. 1987. Trichoderma - application, mode of action, and potential as a biocontrol agent of soilborne plant pathogenic fungi. Pp. 137-160 in Innovative Approaches to Plant Diseases Control (I. Chet, ed.). John Wiley & Sons, New York. Guzmán M. & J. Sandoval. 1996. Síntomas de la pudrición suave del pseudotallo en los híbridos FHIA-01 y FHIA-02. CORBANA 2(46):145-150. Jacob A. & H. von Uexküll. 1961. Fertilización. Nutrición y abonado de los cultivos tropicales y subtropicales (L. López Martínez de Alva, trad.). In- Evaluation de matériel génétique ternationale Handelmaatschappij voor Meststoffen N.V., Amsterdam. 626pp. Jiménez G. & N. Cordoves. 1992. Caracterización de bacterias de la rizosfera del plátano antagónicas a Erwinia chrysanthemi Burk. Protección de Plantas (Cuba) 2(2):67-75. Limón M.C., J.A. Pintor-Toro & T. Benitez. 1999. Increased antifungal activity of Trichoderma harzianum transformants that overexpress a 33-kDa chitinase. Phytopathology 89:254-261. Rivera N. & M. Ezavin. 1989. Necrosis del cormo del plátano causada por Erwinia chrysanthemi. Ciencia y Técnica en la Agricultura 12(2):59-70. Sait G. 1999. Trichoderma. A promising bio-fungicide. Nutri-Tech Solutions (NTS), New Zealand. 4pp. Schirmböck M., M. Lorito, M., Y. Wang, C.K. Hayes, I. Arisan-Atac, F. Scala, G. Harman & C. Kubicek. 1994. 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Résistance aux maladies Evaluation d’hybrides de la FHIA comparés à des variétés locales de Musa dans une région de l’est du Pérou indemne de cercosporiose noire U. Krauss, W. Soberanis et J. Jarra e Programme international d’évaluation des Musa (IMTP) a pour but de comparer la performance du matériel génétique amélioré, et en particulier des hybrides de la FHIA, avec celle des variétés de bananiers et bananiers plantain com- L munément cultivées dans plus de 50 pays des différentes régions du monde (Orjeda et al. 1999). Le Pérou ne participe pas à cette entreprise. Krauss et al. (1999), après avoir examiné les informations limitées qui sont disponibles sur la production bananière au Pérou, ont recommandé de faire des essais pour comparer les hybrides de la FHIA avec les variétés locales populaires et/ou à haut rendement. 21 Tableau 1. Hybrides et variétés de Musa évalués dans une région de l’est du Pérou indemne de cercosporiose noire. Les réactions aux maladies sont celles établies par Krauss et al. (1999) au Pérou ou, à défaut, par Jones (2000). Réaction précédemment établie Hybride ou variété Constitution génomique Sous-groupe (dénomination int.) Cercosporiose noire 1 Cercosporiose jaune 1 Cordana FHIA-01 AAAB Hybride Résistant n.c. 2 n.c. FHIA-03 AABB Hybride Résistant n.c. n.c. Inguiri AAB French plantain Sensible Moyennement résistant Sensible Bellaco AAB Plantain corne (Hartón) Sensible Moyennement résistant Sensible ABB ? Pisang Awak ? Moyennement résistant Résistant Sensible Isla del Alto Huallaga 3 1 Krauss et al. (1999) ont évalué la réaction d’une grande diversité de variétés locales aux cercosporioses noire et jaune. Les réactions indiquées ci-dessus correspondent aux conclusions établies dans leur article. 2 n.c. = non connu. 3 D’après Thierry Lescot (communication personnelle, 1999), Isla appartient au groupe Iholena (AAB). Tant que l’affiliation d’Isla à un groupe n’est pas confirmée, nous continuons de la classer comme “ Pisang Awak ? ”, ainsi qu’on le fait généralement au Pérou (Krauss et al. 1999). Les maladies, aggravées par l’absence presque totale de mesures de lutte, sont le principal facteur limitant la production bananière au Pérou. La cercosporiose noire n’est présente que dans une partie des zones de production (Krauss et al. 1999). Ailleurs, la cercosporiose jaune et l’affection foliaire Cordana prédominent. Ni l’une ni l’autre n’ont reçu beaucoup d’attention de la part des sélectionneurs, car la cercosporiose noire revêt davantage d’importance à l’échelle internationale. En fait, peu d’évaluations récentes sont disponibles sur la résistance à la cercosporiose jaune, car celle-ci est remplacée par la cercosporiose noire, sauf à haute altitude, et les données existantes sont extrêmement variables. Il n’existe pas de corrélation entre la résistance à la cercosporiose jaune et à la cercosporiose noire (Jones 2000). Quant à Cordana, nous n’avons trouvé aucune étude comparative à son sujet. La cercosporiose jaune, causée par Mycosphaerella musicola Leach, est présente dans le monde entier. En l’absence de cercosporiose noire, causée par Mycosphaerella fijiensis Morelet, la cercosporiose jaune peut provoquer des pertes importantes, en particulier chez les bananiers AAA. Les bananiers plantain (AAB) résistent à la cercosporiose jaune au niveau de la mer. Mais à plus haute altitude, et surtout s’ils sont cultivés dans des conditions peu favorables, ils sont sensibles à cette maladie. Les variétés ABB, comme Pisang Awak, sont considérées comme résistantes (Jones 2000). Au Pérou, quand les méthodes culturales sont insuffisantes, les groupes AAB et ABB sont tous deux affectés par la cercosporiose jaune (Krauss et al. 1999). L’affection foliaire Cordana est causée par Cordana musae (Zimmermann) Höhnel et se rencontre dans le monde entier. Bien que d’importance mineure à l’échelle internationale, elle peut provoquer une sévère défoliation, en particulier chez les bananiers plantain. Cette maladie est favorisée par un climat humide et par le manque de vigueur des plants, facteurs existant tous deux au Pérou où la pluviométrie atteint 4000 mm dans certaines zones et où les plants sont affaiblis par le manque de 22 drainage, l’absence de contrôle du rejetonnage et les dégâts des ravageurs. C. musae s’attaque à plusieurs espèces de Musa et à Ensete glaucum ; la plupart des sousgroupes de Musa sont considérés comme sensibles à cette maladie (Jones 2000). Cette étude avait pour objectif de comparer les hybrides améliorés FHIA-01 (AAAB) et FHIA-03 (AABB) avec les variétés locales Inguiri (AAB, French plantain), Bellaco (AAB, plantain corne “Harton”) et Isla del Alto Huallaga (ABB, sous-groupe Pisang Awak ?) sur les plans agronomique, pathologique et économique. Matériel et méthodes Le tableau 1 indique les réactions aux maladies précédemment observées chez le matériel testé dans cette étude. Les caractéristiques des sites expérimentaux sont décrites au tableau 2. Les parcelles expérimentales étaient situées dans la “ceinture de la coca” dans la haute vallée de l’Huallaga. Tous les producteurs associés aux essais avaient plusieurs années d’expérience de production bananière dans des champs adjacents et ont manifesté un vif intérêt pour des “cultures alternatives”. Les essais ont été conçus de manière participative : on n’a aucunement essayé d’optimiser ou de standardiser les pratiques agronomiques, celles-ci étant laissées à la discrétion des producteurs (tableau 2). Nous pensons que c’est l’approche la plus valable pour évaluer du matériel génétique dans les conditions locales, car elle permet de prendre en considération les méthodes culturales locales. Cependant, cela a pour effet d’accroître la variabilité des données. On a donc utilisé dix plants par parcelle, au lieu des quatre à six plants normalement recommandés. Par ailleurs, on a suivi les directives de l’INIBAP pour l’évaluation du matériel génétique (Orjeda 1998). La FHIA a fourni gracieusement des vitroplants de ses hybrides. Après acclimatation en serre, les plantules ont été repiquées avec un espacement de 2 m x 3 m, selon la pratique usuelle pour les variétés locales. Les essais ont été implantés dans un dispositif en blocs randomisés, avec un bloc incomplet : la variété Bellaco n’a pas été plantée dans la parcelle de Marona. Peu de temps après son établissement, la parcelle de Cotomonillo a été abandonnée en raison d’activités terroristes, et l’on ne dispose donc d’aucune donnée pour ce site. Dans les autres sites, on a procédé à des évaluations toutes les deux semaines. Pour le premier cycle de culture, on a enregistré les paramètres six mois (182 jours) après la plantation, à la floraison et à la récolte. On a calculé le taux maximum d’émission foliaire à partir de courbes de Gompertz établies à l’aide du modèle de régression logistique sur Genstat 5. Pour le second cycle, on a enregistré les paramètres uniquement à la floraison et à la récolte. On a comparé le second cycle d’Isla avec le premier cycle des autres cultivars, car ils ont coïncidé dans le temps, et donc aussi les fluctuations saisonnières des conditions climatiques, de la pression des maladies et du potentiel commercial, tandis que le premier cycle d’Isla avait déjà été récolté avant qu’aucune autre variété ait fleuri. Résultats Le tableau 3 présente les caractéristiques agronomiques des variétés et hybrides de Musa évalués dans le cadre de cette étude. Le cycle de production le plus court a été enregistré chez Isla, dont le nombre de jours de la plantation jusqu’à la floraison et jusqu’à la récolte était significativement plus faible que celui des autres variétés. Dans le second cycle de culture, ce phénomène était encore plus prononcé. FHIA-01 s’est classé en deuxième position pour le nombre de jours de la récolte du premier cycle à la récolte du second cycle, FHIA-03 et Inguiri étant en position intermédiaire et Bellaco en dernière position. Isla s’est aussi caractérisée par le taux d’émission foliaire le plus élevé dans le premier cycle, sans toutefois que la différence soit statistiquement significative. On n’a donc pas analysé ce paramètre pour le second cycle. Toutes les variétés étaient marginalement plus hautes à la récolte qu’à la floraison ; toutes, excepté FHIA-01 en premier cycle, ont eu aussi une légère augmentation de la circonférence du pseudotronc entre la floraison et la récolte. Bellaco était la variété la plus haute, suivie par InINFOMUSA — Vol 10, N° 1 sorte que les feuilles non fonctionnelles ont été surtout éliminées à proximité de la récolte. L’indicateur le plus réaliste, pour évaluer la progression des maladies, est la diminution à la fois du nombre total de feuilles et du nombre de feuilles fonctionnelles entre la floraison et la récolte. En premier cycle, cette diminution était la plus marquée chez Inguiri qui a perdu 23,6% du total des feuilles et 18,1% des feuilles fonctionnelles entre la floraison et Le nombre de feuilles fonctionnelles était très proche du nombre total de feuilles. En premier cycle, les variétés conservaient entre 93% (Inguiri) et 100% (FHIA-03) de leurs feuilles à la floraison, et toutes en conservaient plus de 98% à la récolte (tableau 3). Cette “augmentation” apparente de la santé des plantes avec le temps est due au fait qu’on n’a procédé à l’effeuillage qu’aux derniers stades du développement des plantes (tableau 2), de guiri. Ces deux variétés avaient aussi les pseudotroncs les plus larges. Les deux hybrides de la FHIA étaient de hauteur similaire à la floraison et à la récolte. Isla s’est caractérisée par la plus faible hauteur de plant et le pseudotronc le plus mince. En ce qui concerne la circonférence du pseudotronc, les variétés se sont classées, par ordre croissant, comme suit : Isla, FHIA-01, FHIA-03, Inguiri, Bellaco. Cette tendance s’est accentuée avec le temps (tableau 3). Tableau 2. Description des parcelles expérimentales gérées par les producteurs. Conditions selon l’appréciation Site Date de plantation des producteurs des chercheurs Pratiques agronomiques (nombre de jours après plantation) Cotomonillo (Aucayacu) 19/03/98 Bon sol pour les bananiers/plantains. Dégâts du vent. Sol alluvial fertile, sujet à l’inondation ; 30 ans de culture de bananiers/plantains sans fertilisation, mais avec paillis. Dégâts de foreurs de tiges ; applications occasionnelles de Furadan. Non déterminées Pendencia (Fondo Bazán) 19/03/98 Bon sol pour les bananiers/plantains. Dégâts du vent. Sol assez fertile, sujet à l’inondation ; 3 ans de culture de bananiers/plantains sans fertilisation ; paillis ; culture de cacao antérieurement. Dégâts de foreurs de tiges ; applications occasionnelles de Furadan. Désherbage et effeuillage (181, 234, 503) Effeuillage (292, 345, 651) Lutte contre les foreurs de tiges (Furadan) (234) Désherbage, effeuillage et lutte contre les foreurs de tiges (471) Marona 23/3/98 Assez bon sol pour les bananiers/plantains. Foreurs de tiges “ Seca seca ” (= fusariose). Sol alluvial fertile ; pas de risque d’inondation. Dégâts de foreurs de tiges ; présence de la fusariose à confirmer dans ce champ. Application de chaux en 1997 et de Furadan en 1998. Première année de culture de bananiers, après des papayers. Désherbage et effeuillage (260, 281, 425) Effeuillage (325, 437, 589) Pendencia (Fondo Magno) 16/4/98 Bon sol pour les . bananiers/plantains. Foreurs de tiges. Sol alluvial fertile, sans drainage naturel, sujet à l’inondation. Dégâts de foreurs de tiges confirmés. Première année de culture de bananiers. Désherbage (22, 83, 338) Effeuillage (464) Désherbage et effeuillage (193, 263, 316, 542, 625) Tableau 3. Caractéristiques agronomiques : comparaison entre les hybrides de la FHIA et les variétés péruviennes. FHIA-01 (hybride AAAB) FHIA-03 (hybride AABB) Inguiri (French plantain) Bellaco (plantain corne) Isla 1 (Pisang Awak ?) Nombre de jours jusqu’à la floraison 268 b 279 b 279 b 284 b 198 a Nombre de jours jusqu’à la récolte 390 b 411 b 403 b 410 b 299 a Hauteur à la floraison (cm) 239 b 233 b 268 c 311 d 201 a b b c d 203 a Premier cycle Hauteur à la récolte (cm) 243 238 287 320 Circonférence du pseudotronc à la floraison (cm) 77,3 b 88,7 b 91,7 b 109,8 c 59,4 a Circonférence du pseudotronc à la récolte (cm) 76,5 b 93,7 c 101,2 c 114,1 d 62,5 a Nombre total de feuilles à la floraison 10,8 b 11,1 b 8,1 a 7,9 a b b Nombre total de feuilles à la récolte 9,9 Perte totale de feuilles de la floraison à la récolte (%) 8,3 Nombre de feuilles fonctionnelles à la floraison 10,3 7,2 8,9 ab 6,8 a 23,6 6,7 a 17,3 10,7 b 11,1 b 8,3 a 8,0 a b b a a Nombre de feuilles fonctionnelles à la récolte 9,9 Perte de feuilles fonctionnelles de la floraison à la récolte (%) 7,5 10,1 9,0 Taux maximum d’émission foliaire (nombre de feuilles par semaine) 0,28 a 0,42 a 6,8 18,1 6,7 16,2 0,41 a 6,7 a 15,2 7,7 a 6,6 a 14,3 0,35 a 0,64 a Second cycle Nombre de jours de la floraison à la floraison 278 b 286 b 283 b 296 b Nombre de jours de la récolte à la floraison 156 b 150 b 154 b 164 b 150 a 49 a Nombre de jours de la récolte à la récolte 265 b 276 bc 276 bc 298 c 149 a Hauteur à la floraison (cm) 245 b 244 b 291 c 328 d 211 a Hauteur à la récolte (cm) 250 b 248 b 296 c 334 d 216 a Circonférence du pseudotronc à la floraison (cm) 72,9 a 86,7 b 98,7 c 115,1 d 62,2 a Circonférence du pseudotronc à la récolte (cm) 77,2 b 89,0 c 102,0 d 115,5 e 65,5 a b b a a 7,9 a Nombre total de feuilles à la floraison 10,2 10,4 7,7 Nombre total de feuilles à la récolte 9,7 b 9,8 b 7,2 a Perte totale de feuilles de la floraison à la récolte (%) 4,9 5,8 6,5 8,5 7,5 a 11,8 7,2 a 8,9 10,0 b 10,3 b 7,7 a 8,5 a 7,7 a Nombre de feuilles fonctionnelles à la récolte 9,5 b 9,7 b 7,2 a 7,4 a 7,0 a Perte de feuilles fonctionnelles de la floraison à la récolte (%) 5,0 5,8 6,5 Nombre de feuilles fonctionnelles à la floraison 1 a, b, c, d 12,9 9,1 On a comparé le second cycle d’Isla avec le premier cycle des autres variétés et des hybrides. Dans une même rangée, les valeurs suivies de la même lettre ne présentent pas de différence significative au seuil P = 0,05 (test de Tukey). INFOMUSA — Vol 10, N° 1 23 Tableau 4. Réaction aux affections foliaires : comparaison entre les hybrides de la FHIA et les variétés péruviennes. FHIA-01 (hybride AAAB) FHIA-03 (hybride AABB) Inguiri (French plantain) Bellaco (plantain corne) Isla 1 (Pisang Awak ?) Premier cycle Cercosporiose jaune Taux moyen de sévérité (%) 2 0,54 a 0,12 a 4,09 c 0,69 ab 2,57 bc Indice d’infection 6 mois après plantation 3 0,53 a 0,00 a 4,37 b 0,58 a 4,36 b Indice d’infection à la floraison 1,09 a 0,56 a 3,55 b 0,82 a 3,73 b ab a 7,45 c 3,11 b 6,73 c Indice d’infection à la récolte 1,67 0,25 Cordana Taux moyen de sévérité (%) 1,21 a 0,95 a 2,00 ab 2,96 b 1,57 ab Indice d’infection 6 mois après plantation 1,73 a 1,26 a 2,37 ab 3,62 b 2,52 ab Indice d’infection à la floraison 1,85 ab 0,92 a 3,01 b 2,67 b 3,00 b Indice d’infection à la récolte 2,28 ab 1,95 a 3,55 b 5,88 c 5,04 bc Second cycle Cercosporiose jaune Taux moyen de sévérité (%) 2,13 a 1,71 a 5,48 b 2,05 a 3,68 ab Indice d’infection à la floraison 1,07 a 0,79 a 3,03 a 2,15 a 3,04 a Indice d’infection à la récolte 1,86 a 1,27 a 2,61 a 1,07 a 3,37 a Taux moyen de sévérité (%) 2,08 a 0,97 a 4,91 a 1,57 a 1,65 a Indice d’infection à la floraison 0,64 a 0,11 a 1,50 a 1,51 a 1,60 a Indice d’infection à la récolte 1,05 a 0,19 a 1,43 a 0,06 a 1,67 a Cordana 1 2 3 a, b, c On a comparé le second cycle d’Isla avec le premier cycle des autres variétés et des hybrides. On a multiplié le taux de sévérité par feuille avec le taux de feuilles infectées, puis on a calculé la moyenne des valeurs dans le temps. Indice d’infection calculé selon la méthode d’Orjeda (1998). Dans une même rangée, les valeurs suivies de la même lettre ne présentent pas de différence significative au seuil P = 0,05 (test de Tukey). la récolte. Bellaco en a perdu respectivement 17,3% et 16,2%, et Isla 15,2% et 14,3%. Les pertes les plus faibles ont été enregistrées chez les hybrides de la FHIA : 8,3% et 7,5% pour FHIA-01, 7,2% et 9,0% pour FHIA-03. En second cycle, les hybrides de la FHIA ont eu de nouveau le moins de pertes de feuilles : 4,9% et 5,0% chez FHIA01, 5,8% et 5,8% chez FHIA-03 tandis que les plus fortes pertes ont été enregistrées chez Bellaco (11,8% et 12,9%), suivie par Isla (8,9% et 9,1%) et Inguiri (6,5% pour les deux valeurs) (tableau 3). Les pertes de feuilles étaient directement en relation avec la sensibilité aux maladies (tableau 4). Les hybrides de la FHIA, en particulier FHIA-03, se sont montrés à tout moment les moins sensibles à la cercosporiose jaune comme à Cordana, que l’on mesure leur incidence par le taux moyen de sévérité ou par l’indice d’infection. En premier cycle, Inguiri et Isla ont été les plus affectées par la cercosporiose jaune. Bellaco a été la plus sensible à Cordana, suivie de près par Inguiri et Isla. En second cycle, toutes les variétés ont été davantage affectées par la cercosporiose jaune que par Cordana, mais les taux de sévérité et les indices étaient plus variables. Inguiri, suivie par Isla, a exhibé la plus forte sévérité de cercosporiose jaune. Les autres paramètres et l’infection par Cordana n’étaient pas statistiquement significatifs (tableau 4). Contrairement au premier cycle où la maladie s’est intensifiée avec le temps, en second cycle, la cercosporiose jaune chez Inguiri et, de ma24 nière encore plus prononcée, les deux maladies chez Bellaco ont semblé régresser entre la floraison et la récolte. Ce phénomène peut être attribué à l’effeuillage effectué juste avant la récolte de ces variétés (tableau 2) et il concorde aussi avec le taux élevé de perte de feuilles chez Bellaco entre la floraison et la récolte (tableau 3). En ce qui concerne la performance économique (tableau 5), il s’est avéré que FHIA-03 était la variété de Musa la plus rentable pendant le premier cycle de culture. Cet hybride a produit le plus grand nombre de doigts par régime et s’est vendu au prix le plus fort, ce dernier étant calculé sur la base de 1000 doigts dans l’est du Pérou. En deuxième position venait Isla, qui s’est caractérisée à la fois par de gros régimes et par un cycle court. Dans le second cycle de culture, Isla a surpassé FHIA-03 grâce à une vitesse de croissance et de floraison remarquable (tableau 3). Cette caractéristique a compensé sa sensibilité à la cercosporiose jaune et son prix de vente légèrement plus bas. FHIA-01 s’est classé en troisième position dans l’un et l’autre cycles grâce à ses gros régimes et à sa résistance aux maladies. Son prix se situait au même niveau que celui d’Isla. Inguiri était moins rentable et Bellaco s’est classée en dernière position. La plus faible rentabilité de ces deux variétés de bananiers plantain s’explique par leurs petits régimes (tableau 5) et leur forte sensibilité aux maladies (tableau 4), que leur prix de vente élevé n’a pas suffi à compenser. Toutes les variétés sont devenues plus ren- tables dans le second cycle de culture, bien que le prix au producteur ait alors diminué, excepté pour Bellaco. Discussion Nous avons délibérément opté pour une méthode d’évaluation participative, car il nous a semblé que c’était le meilleur moyen pour faire des essais représentatifs des conditions culturales locales. Nous avons ainsi pu inclure dans l’évaluation à la fois les pratiques agronomiques (ou leur absence) et les préférences variétales personnelles. Il est à noter que l’un des producteurs a décidé de ne pas planter Bellaco. Il s’est ensuite avéré que cette variété a donné la plus mauvaise performance globale. Néanmoins, les producteurs qui ont participé aux essais avaient l’expérience de la production bananière, s’y intéressaient et étaient les plus consciencieux de la zone. Il ne fait aucun doute que les méthodes culturales appliquées étaient d’un niveau supérieur à la moyenne régionale. Aucun des paysans participants ne considérait les affections fongiques comme un facteur limitant la production. A leurs yeux, il s’agissait d’un phénomène normal. Tous ont eu des problèmes de chute de plantes, qu’ils attribuaient au vent (de force négligeable dans la région) ou aux charançons (omniprésents). Les paysans moyens ne connaissent généralement pas ce ravageur. L’absence totale de drainage dans les champs sujets à l’inondation a aussi contribué à affaiblir les systèmes racinaires. Les nématodes ne posaient pas de INFOMUSA — Vol 10, N° 1 problème majeur car toutes les parcelles, sauf celle qui a dû être abandonnée à Cotomonillo, n’étaient plantées que depuis peu avec des bananiers (tableau 2). L’un des paysans a appliqué un insecticide pendant la durée de l’essai. Tous les producteurs pratiquaient le désherbage et l’effeuillage manuellement. Ils n’ont commencé à éliminer les feuilles non fonctionnelles qu’environ six mois après la plantation, alors qu’Isla avait commencé à fleurir, et ils ont renouvelé l’opération avant la période de pointe de la récolte dans les deux cycles de culture (tableaux 2 et 3). Ils n’ont prêté que peu d’attention aux plants durant les premiers stades de développement, c’est-àdire au moment où les régimes se différenciaient et où se déterminait le nombre de doigts, sur lequel repose le prix de vente. FHIA-01 a été créé pour remplacer des bananiers dessert. C’est le seul hybride capable de résister à la fois à la cercosporiose noire, à la fusariose et à la pourriture de la couronne. En outre, il produit un rendement élevé même dans des conditions défavorables, et notamment en cas de sécheresse (FHIA 2000). Il tend à donner une meilleure performance en conditions subtropicales qu’en conditions tropicales, surtout en ce qui concerne la qualité des fruits (Jones 2000). FHIA-03 a été créé pour remplacer Bluggoe. Il résiste à la cercosporiose noire et à la maladie de Moko. Il s’agit d’un hybride rustique, qui produit bien en conditions défavorables, par exemple sur sols pauvres ou en cas de sécheresse. Son principal défaut est la courte durée de sa vie verte. Il est donc recommandé de le cultiver dans le jardin des habitations et pour la consommation locale (FHIA 2000). Le temps de cuisson (par ébullition) des fruits verts de FHIA-03 n’est que la moitié de celui de Bluggoe (Jones 2000). Dans la zone indemne de cercosporiose noire où cette étude a été effectuée, FHIA03 a donné une performance similaire à celle de la meilleure variété locale (Isla) et FHIA-01 s’est aussi très bien comporté. Dans la vallée de l’Huallaga à environnement tropical marqué, c’est le manque de drainage plutôt que la sécheresse qui pose problème (Krauss et al. 1999). Dans ces conditions, il est satisfaisant de constater que les hybrides de la FHIA ont donné de si bons résultats et ont été acceptés tant sur les marchés locaux que sur ceux de la capitale. Le succès de FHIA-03, en particulier, est surprenant. Alors que Bluggoe n’est pas apprécié au Pérou (Krauss et al. 1999), les producteurs ont considéré qu’ils pouvaient utiliser FHIA-03 pour de multiples usages. Dans cette étude, la variété Isla del Alto Huallaga s’est montrée moyennement sensible à la cercosporiose jaune dans l’est du Pérou. Cette constatation contredit les données du tableau 1, mais pourrait aider à résoudre une question contestée : Isla a été classée par différents auteurs comme sensible à hautement résistante, et Inguiri et Bellaco comme sensibles à résistantes. Krauss et al. (1999) ont établi qu’Isla est résistante et qu’Inguiri et Bellaco sont moyennement résistantes à la cercosporiose jaune, mais que leurs réactions dépendent des conditions culturales. Les trois variétés ont été notées sensibles à Cordana (Krauss et al. 1999). D’après les données enregistrées dans le premier cycle de culture, Isla et Inguiri présentent une sensibilité similaire à la cercosporiose jaune, tandis que Bellaco apparaît moins sensible à cette maladie, mais plus sensible à Cordana. En revanche, dans le second cycle de culture, toutes les variétés ont souffert davantage de la cercosporiose jaune que de Cordana. La forte variabilité de l’incidence de ces maladies dans le second cycle, en particulier à l’approche de la récolte, pourrait s’expliquer par le fait que l’effeuillage phytosanitaire était pratiqué de manière plus intense vers cette période. Isla a été récemment intégrée dans le programme d’amélioration de la FHIA (Phil Rowe, comm. pers., 2000). Il serait intéressant d’étudier si les pathotypes agressifs de M. musicola sont propres à la vallée de l’Huallaga et/ou de confirmer l’affinité des variétés Isla avec Pisang Awak. Il a été suggéré qu’Isla pourrait appartenir au sous-groupe Iholena (AAB) (Thierry Lescot, comm. pers., 1999). En outre, “Isla” est un terme collectif qui recouvre cinq à sept variétés distinctes appartenant à un même groupe (Krauss et al. 1999). Il n’est pas impossible que leur réaction à la maladie soit différente. Ces essais ont montré que les hybrides de la FHIA font preuve de résistance à la cercosporiose jaune et à l’affection foliaire Cordana dans l’environnement et avec les pratiques culturales médiocres de l’est du Pérou. FHIA-03, qui s’est révélé être le moins sensible à ces maladies, a produit les plus gros régimes et s’est vendu au meilleur prix. On peut donc penser qu’il a un excellent potentiel commercial sur les marchés péruviens. La variété Bellaco s’est vendue à peu près au même prix que FHIA-03 (pour 1000 doigts), mais a été la moins rentable du fait de ses petits régimes. FHIA-01, quoique moins populaire, a aussi un bon potentiel. Il s’est vendu au même prix qu’Isla, l’une des variétés les plus prisées au Pérou (Krauss et al. 1999). On n’a inclus dans cette étude que les variétés locales les plus appréciées et il est particulièrement remarquable qu’une nouvelle variété parvienne à leur faire concurrence sur le marché dès la première année de production. Les paysans participants ont également jugé qu’il existait de bonnes possibilités pour commercialiser le matériel végétal des hybrides de la FHIA. Toutefois, aucun d’entre eux n’était prêt à vendre du matériel de FHIA-03, qui produit moins de rejets que FHIA-01. En revanche, ils ont étendu leurs propres superficies cultivées avec FHIA-03. Nous pouvons sans hésitation recommander d’introduire les hybrides de la FHIA à plus grande échelle au Pérou, et cela d’autant plus que la cercosporiose noire ne cesse de s’étendre. Des évaluations sont en cours sur les hybrides de la FHIA dans des zones affectées par la cercosporiose noire (Phil Rowe et Raúl Anguiz, comm. pers., 1999). Remerciements Cet article a été élaboré dans le cadre d’un projet de diversification financé par l’USDA-ARS (United States Department of Agriculture-Agricultural Research Service) et géré par CABI Bioscience. Pendant les trois premiers mois, un financement complémentaire a été reçu de l’Organisation des États américains (Inter-American Drug Abuse Control Commission, IADACC/OAS). Les hybrides de la FHIA ont été fournis gracieusement par Phil Rowe. Les auteurs remercient aussi leurs collègues du CABI (Commonwealth Agricultural Bureau Internatio- Tableau 5. Rentabilité économique : comparaison entre les hybrides de la FHIA et les variétés péruviennes. Nombre moyen de doigts par régime Premier cycle Prix au producteur (US$ pour 1000 doigts) Revenu brut (US$ ha-1 an-1) 2 FHIA-01 (hybride AAAB) 120 FHIA-03 (hybride AABB) 150 30,03 3747 39,04 5778 Inguiri (French plantain) 84 36,04 3047 Bellaco (plantain corne) 33 39,04 1747 Isla 1 (Pisang Awak ?) 110 30,03 4481 Second cycle Prix au producteur (US$ pour 1000 doigts) Revenu brut (US$ ha-1 an-1) 1 1 2 28,90 5307 34,68 7644 28,90 3567 40,46 1817 28,90 8653 On a comparé le second cycle d’Isla avec le premier cycle des autres variétés et des hybrides. Sur la base d’une densité de 1111,11 plants par ha. INFOMUSA — Vol 10, N° 1 25 nal, Royaume-Uni), du Cirad-Flhor (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement - Département des productions fruitières et horticoles, France), de la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), de l’UNAS (Universidad Nacional Agraria de la Selva, Pérou) et de WINROCK pour leurs commentaires et contributions. Nous sommes particulièrement reconnaissants à Phil Rowe qui a revu le manuscrit. C’est avec une grande tristesse que nous avons appris la disparition de Phil Rowe qui restera dans nos mémoires comme la personne magnanime et toujours encourageante que nous avons eu le privilège de connaître. Evaluation de matériel génétique Toute mention de produit commercial dans cet article ne doit pas être considérée comme une recommandation. ■ Références FHIA. 2000. Bananas and Plantains. <http://honduras.com/fhia/banana.htm>. Jones D.R. (ed.). 2000. Diseases of banana, abacá and enset. CABI Publishing, Wallingford, Royaume-Uni. Krauss U., R. Figueroa, A. Johanson, E. Arévalo, R. Anguiz, O. Cabezas & L. García. 1999. Les variétés de Musa au Pérou : classification, utilisations, potentiel et contraintes de production. INFOMUSA 8(2):19-26. Orjeda, G. 1998. Évaluation de la résistance des bananiers aux cercosporioses et à la fu- sariose. Guide technique INIBAP 3. INIBAP, Montpellier, France. Orjeda, G., J.-V. Escalant & N. Moore. 1999. Phase II du Programme international d’évaluation des Musa (IMTP) : synthèse du rapport final et des résultats. INFOMUSA 8 (1):3-10. Ulrike Krauss (adresser toute correspondance à cet auteur) travaille au CABI Bioscience, c/o CATIE, 7170 Turrialba, Costa Rica, Fax : (+506) 556 0606, E-mail [email protected]. Whilly Soberanis travaille au CABI Bioscience, c/o Universidad Nacional Agraria de la Selva (UNAS), Apdo 156, Tingo María, Pérou. José Jarra travaille à l’IAHRC (Inter-American Human Rights Court of the Organization of American States, OAS) à Tingo María, Pérou. Résistance aux charançons Evaluation de matériel génétique de Musa pour la résistance aux charançons B. Padmanaban, P. Sundararaju, K.C. Velayudhan et S. Sathiamoorthy armi les principales cultures des pays en développement, les bananiers et les plantains se classent en quatrième position et l’Inde en est le premier producteur. Sur 40 millions de tonnes de fruits produites dans ce pays, la banane occupe la première place avec un volume annuel de 13,5 millions de tonnes pour une superficie de 400 000 ha. Les principaux insectes s’attaquant à cette culture sont le charançon du rhizome, Cosmopolites sordidus (Germ.), et le charançon du pseudotronc, Odoiporus longicollis (Oliv.), qui limitent à la fois la production et la productivité des bananiers et des bananiers plantain (figure 1) (Ostmark 1974). Tous deux sont une menace pour les cultures de jardins et on a signalé aussi leur présence dans des zones de culture non traditionnelles du Tamil Nadu (Padmanaban et Sundararaju 1999). Des études ont été consacrées à la bionomie de ces ravageurs et aux méthodes de lutte chimique (Dutt et Maiti 1972, Reghunath et al. 1992, Mathew et al. 1997). Anitha et al. (1996) ont étudié la réaction de variétés de bananiers aux principaux stress biotiques. Toutefois, cette étude n’incluait pas le charançon du pseudotronc, O. longicollis. Peu de cultivars ont été évalués pour leur résistance au charançon du pseudotronc (Charles et al. 1996). Nous décrirons ici les résultats d’un criblage en champ de diverses variétés de P 26 1 2 3 Figure 1. Infestation par le charançon du pseudotronc du bananier. (1) Pied infesté présentant un pourrissement et un dessèchement des gaines. (2) Pied infesté dont on a enlevé la gaine extérieure pour observer les dégâts. (3) Charançon adulte et larves creusant des tunnels dans la gaine. bananiers et de plantains sous infestation naturelle de charançons du pseudotronc (CP, Odoiporus longicollis) et de charançons du rhizome (CR, Cosmopolites sordidus). Une corrélation négative entre la dureté de la souche et le taux d’infestation a amené à formuler l’hypothèse d’une résistance mécanique à la ponte ou au développement larvaire du charançon du rhizome (Pavis et Minost 1993). Ortiz et al. (1995) ont noté que, dans l’étude des mécanismes de résistance au niveau de la souche, il fallait envisager la présence de substances antiappétantes ou l’absence d’éléments nutritifs essentiels. L’attractivité du pseudotronc pour les adultes n’a pas été retenue comme critère de résistance aux charançons, car aucune corrélation n’a été établie entre ce paramètre et les taux d’infestation (Pavis et Minost 1993). INFOMUSA — Vol 10, N° 1 Matériel et méthodes Dans un essai en champ en 1999-2000, on a évalué le matériel génétique de bananier disponible à la station régionale de Vellanikkara (Kerala) du National Bureau of Plant Genetic Resources (NBPGR) afin de déterminer sa résistance aux charançons. La parcelle avait été établie en 1995 avec un espacement de 2,8 x 2,8 m entre les rangées et entre les plantes. On a appliqué les pratiques culturales usuelles dans un système de culture pluviale. On a enregistré la circonférence au sommet et à la base du pseudotronc, ainsi que le taux d’infestation. On a ouvert les pieds fortement infestés afin de déterminer le nombre de charançons adultes et de larves présents à l’intérieur. Après la récolte, les rhizomes ont été déracinés et les dégâts évalués. Tableau 1. Accessions indemnes d’infestation par le charançon du pseudotronc (CP, O. longicollis). IC N° TCR 7 Nom local Sannachenkadali Génome AA 84809 Karumpoovan AAB TCR 22 Nattuvazhai ABB TCR 29 Sivakositu ABB 84833 Sakkai (Chakkiya) ABB 84863 Poozhachendu AAB 84889 Senkadali AAA TCR 78 Koombillakai AAB TCR 133 Morris AAA 127933 Kadali AA 127936 Tongat AA 127938 Namrai AAB 127940 Sannachenkadali AA 127941 Karivazha AAA 127943 Bodles Alta Fort AAAA 127944 Hybrid sawai ABBB Résultats et discussion 127946 Elavazhai BB Dans l’évaluation en champ pour la résistance au charançon du pseudotronc, il s’est avéré que sur 229 accessions, 62 appartenant aux groupes génomiques AAB, ABB, AB, AAA, BB et ABBB étaient infestées par les CP. Le taux d’infestation maximum a été enregistré chez le génome AAB, tandis que 37 accessions appartenant aux génomes ABB, AAB, AA, BB, AB, AAA, ABBB et AAAA étaient indemnes d’infestation par les CP (tableau 1). L’incidence des CP a été constatée chez 5,5 % des accessions en 1999, et ce taux a quadruplé (21,36 %) en 2000. Du fait de l’infestation par les CP, il y a eu une réduction de 50-86 % de la circonférence au sommet du pseudotronc. Chez les plantes infestées, on a trouvé 2-15 charançons adultes, 10-15 larves et 5-8 coques de nymphose. Dutt et Maiti (1972) ont signalé que les sites de ponte préférés sont les parties du pseudotronc ayant une circonférence de 25 à 50 cm et une hauteur allant jusqu’à 125 cm chez les variétés de haute taille comme Martaman (AAB), Champa (AAB) et Kanchekela (ABB), et une hauteur allant jusqu’à 100 cm chez les variétés naines comme Kabuli (AAA). Nos études n’ont mis en évidence aucune relation entre le taux d’infestation, la circonférence du pseudotronc et la hauteur de la plante ; en effet, même les plantes de plus petite taille étaient infestées. On a évalué au champ la résistance au charançon du rhizome, C. sordidus, sur 143 accessions. Parmi celles-ci, 134 appartenaient aux groupes génomiques suivants : ABB, AAB, AAA, AA, BB, AB et ABBB et étaient infestées par le CR, tandis que neuf accessions appartenant aux groupes génomiques ABB, AAB, AAA, AA, BB et AB étaient indemnes (tableau 2). Anitha et al. (1996) ont criblé 87 variétés de différents groupes génomiques (AA, AB, AAA, AAB et ABB) pour déterminer leur résistance au CR en conditions naturelles. Parmi les variétés AA, Sannachen- 127947 Kunnan AB 127952 Padalimoongil AB 127958 Radjasree AAB INFOMUSA — Vol 10, N° 1 127963 Vannan AAB 127974 Karibale AAB 127978 Velipadathi AAB 127980 Peyan ABB 127981 Ashy Bathesa ABB 127984 Octoman ABB 127986 Kalibow AAB 127987 Boodithabontha bath ABB TCR 195 Padathi AAB 127994 Ennabenian ABB 127996 Cheenabale AAB TCR 216 Boothibale ABB TCR 221 Morris AAA TCR 241 Padalimoongil AB Njalipoovan AB Madavazha ABB M. balbisiana BB 84776 84760 TCR 300 Tableau 2. Accessions indemnes d’infestation par le charançon du rhizome (CR, C. sordidus). IC N° Nom local TCR 7 Sannachenkadali Génome AA 84809 Karumpoovan AAB 84863 Poozhachendu AAB 84866 Sakkai ABB 84889 Senkadali AAA 127946 Elavazha BB 127949 Njalipoovan AB TCR 216 Borthibale ABB TCR 261 Njalipoovan AB kadali était tolérante ; dans le groupe AB, Njalipoovan, Kunnan et Poomkalli étaient résistantes ; dans le groupe AAB, Mysore Poovan s’est montrée hautement tolérante ; et dans le groupe ABB, Jamani était tolérante, tandis que Malaimonthan et Peykunnan ont fait preuve d’un degré moyen de résistance au ravageur. La résistance de la plante hôte obtenue par amélioration génétique offre une stra- tégie sûre pour lutter à long terme contre les charançons du bananier (Seshu Reddy et Lubega 1998). D’après les observations faites dans ces évaluations, les charançons semblent avoir une préférence pour les groupes génomiques AAB et ABB. Des études effectuées par d’autres chercheurs dans d’autres sites ont mis en évidence une tendance similaire (Haddad et al. 1979, Mesquita et al. 1984, CRBP 1992, Simmonds 1966). Les CP manifestent un degré élevé de préférence pour certaines plantes hôtes. Quand des cultivars commerciaux comme Nendran, Robusta, Rasthali, Red Banana et Pisang awak sont tous présents dans un même site, les charançons du pseudotronc reconnaissent les cultivars de plantains et s’attaquent uniquement à eux. La capacité des charançons à distinguer une plante hôte acceptable s’explique peut-être par la présence d’une série de chimiorécepteurs sensoriels sur les antennes et les organes buccaux (Nahif et al. 1994, Nahif et al. 2000). Il faudrait faire des études en laboratoire sur les accessions identifiées comme résistantes afin de sélectionner les plus prometteuses. Remerciements Les auteurs remercient Z. Abraham, chercheur au NBPGR à Thrissur, qui a mis à leur disposition les équipements nécessaires, et Mlle C. Rajalakshmy, technicienne, pour son assistance. ■ Références Anitha N., L. Rajamony & T.C. Radhakrishnan. 1996. Reaction of banana clones against the major biotic stresses. The Planter 72: 315-321. Charles J.S.K., M.J. Thomas, R. Menon, T. Premalatha & S.J. Pillai. 1996. Field susceptibility of banana to pseudostem borer, Odoiporus longicollis (Oliv.). P. 32 in Symposium on Technological advancement in banana/plantain production and processing - India - International, 20-24 Aug. 1996. Abstracts of papers. (N.K. Nayar & T.E. George, eds.). Kerala Agricultural University, Mannuthy, Inde. CRBP. 1992. Rapport de synthèse. Recherches 1991. Centre Régional Bananiers et Plantains (CRBP), Douala, Cameroun. Dutt N. & B.B. Maiti. 1972. Occurrence of non-sex limited variations in conspecific sympatric phena of Odoiporus longicollis (Oliv.). Sci. & Cult. 37: 572-574. Haddad O., J.R. 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La fusariose au Kenya La fusariose du bananier au Kenya : distribution et impact sur les petits producteurs J.N. Kung’u, M.A. Rutherford et P. Jeffries a banane (Musa spp.) occupe une place de plus en plus importante dans l’économie kenyane, qui repose de manière prépondérante sur l’agriculture. Depuis une vingtaine d’années, les superficies consacrées à sa production ont fortement progressé, ce qui s’explique en partie par la baisse des revenus tirés du café, qui a amené les agriculteurs à se reconvertir à la culture des bananes pour les vendre sur les marchés locaux. Cette culture est pratiquée principalement par les petits producteurs et s’intègre bien avec les autres activités agricoles. Par exemple, une fois que les régimes ont été récoltés, les pseudotroncs servent à nourrir les animaux laitiers, en particulier pendant les périodes de sécheresse, ce qui contribue à développer la production de lait (autre source de revenus importante pour les petits producteurs), et ils fournissent également un engrais vert qui est recyclé dans les champs. Cette culture offre un bon potentiel d’exportation, mais celui-ci est actuellement limité par les maladies et les ravageurs (Kung’u 1995). Parmi les maladies, la fusariose est celle qui cause le plus de dégâts dans ce pays (Kung’u 1995, 1998). Les effets du climat et de la pluviométrie sur la distribution, l’incidence et la sévérité de la fusariose du bananier sont complexes (Wardlaw 1972). Etudiant les effets du climat, Wardlaw (1972) a noté qu’il fallait aussi prendre en considération les ef- L 28 fets du type de sol. En Amérique centrale, on avait déjà observé que la fusariose se diffusait plus rapidement dans certaines régions que dans d’autres (Stotzky et Martin 1963), ce qui avait amené à classer les sols des zones de production bananière sur la base de la “durée de vie productive du bananier” (courte, moyenne ou longue). On s’est alors efforcé d’établir des corrélations entre cette durée de vie productive et les caractéristiques des sols : texture, pH, capacité d’échange cationique, sels solubles totaux, éléments nutritifs assimilables, matière organique et drainage (Stotzky et Martin 1963). Parmi ces caractéristiques, on a constaté que la minéralogie de l’argile était en corrélation fortement positive avec la durée de vie productive du bananier. Le Kenya est divisé en plusieurs zones agroécologiques (ZAE) (Jaetzold et Schmidts 1982 a, b, c) et agroclimatiques (ZAC) (Sombroek et al. 1982) dans lesquelles on trouve divers types de sols. Il importe de prendre ces zones en considération quand on étudie les épiphyties. Les ZAE ont été définies par la FAO (1978) sur la base du potentiel de rendement climatique des principales cultures au sein d’une région. Quant aux ZAC, elles reposent sur la disponibilité d’humidité et la température annuelle moyenne d’une région (Sombroek et al. 1982). La zone de disponibilité d’humidité d’une ZAC est déterminée par le ratio entre la pluviométrie annuelle mesurée (r) et l’évapotranspiration annuelle moyenne calculée (Eo). Les objectifs de cette étude consistaient à déterminer la distribution de la fusariose au Kenya, identifier les cultivars affectés par cette maladie et évaluer s’il existe des corrélations entre la distribution de la maladie et les ZAE, les ZAC ou certains facteurs du sol. Ce sont là des informations importantes pour la gestion de la maladie, car elles faciliteront la mise en place de stratégies d’utilisation de cultivars tolérants/résistants dans les “zones d’épidémie”, de façon à ne cultiver les cultivars sensibles (et ne pouvant être actuellement remplacés par d’autres types de bananiers) que dans les zones indemnes de maladie. Matériel et méthodes Zones de collecte des échantillons On a prospecté tous les districts du Kenya dans lesquels la production bananière est importante, à l’exception du district de Lamu. L’aire prospectée a été divisée en trois grandes zones (figure 1) : zone littorale (districts de Kilifi, Kwale et Taita-Taveta), zone centre-est (districts de Murang’a, Kirinyaga, Nyeri, Embu et Meru) et zone ouest (districts de Kisii, Homa Bay, Migori, Kisumu, Siaya, Kakamega et Busia). Les exploitations et les plants échantillonnés ont été sélectionnés de manière aléatoire (Kung’u 1998). Isolement et identification des souches de F. oxysporum f.sp. cubense (Foc) De retour au laboratoire, on a pelé les gaines des morceaux de pseudotronc prélevés dans les champs, avant d’essuyer leur face externe avec de l’alcool à 70 % (v/v) et de les passer rapidement à la flamme. À l’aide d’un scalpel stérilisé, on a excisé de INFOMUSA — Vol 10, N° 1 38°E 34°E S O U D A 42°E N E THIOP IE 4°N S O MA L I E O UG ANDA a an rk Lac Tu Lac Victoria 1 3 2 12 Kisumu 4 5 9 7 0° 13 10 11 8 6 Nairobi NZ AN 17 IE Lamu 200 16 Taveta Km Malindi 14 15 EAN 100 Mombasa 4°S OC 0 IND IEN TA Figure 1. Carte du Kenya montrant les principaux districts prospectés : 1. Busia, 2. Siaya, 3. Kakamega, 4. Kisumu, 5. Homa Bay, 6. Migori, 7. Kisii, 8. Murang’a, 9. Nyeri, 10. Kirinyaga, 11. Embu, 12. Meru, 13. Nithi, 14. Taita-Taveta, 15. Kwale, 16. Kilifi. Le district 17 (Lamu) n’a pas été prospecté. petits morceaux de faisceaux vasculaires décolorés qui ont été placés sur de la gélose à l’eau du robinet à 2 % (p/v). Les colonies fongiques émergentes ont été repiquées sur de la gélose saccharosée à la pomme de terre et sur de la gélose nutritive synthétique (Nirenberg 1976). On a identifié les isolats au niveau des espèces à l’aide des clés morphologiques décrites par Booth (1971) et Nelson et al. (1983). A partir des cultures sur gélose nutritive synthétique, on a fait des cultures monoconidiennes afin de poursuivre la caractérisation, en les préservant dans du sol stérile (Smith et Onions 1983) pendant toute la durée de l’étude. Des tests de pathogénicité (Kung’u 1998) ont permis de confirmer la présence de Foc. Traitement des données et cartographie A partir d’une carte du Kenya (échelle 1/1000 000e), on a établi des cartes des zones prospectées à l’aide du logiciel MapInfo for Professionals (version 4.1). De même, on a établi des cartes pour les INFOMUSA — Vol 10, N° 1 ZAE, les ZAC, les types de sols et l’altitude. En procédant à un géocodage, c’est-à-dire en introduisant les coordonnées correspondant à l’origine géographique des isolats et des cultivars hôtes, on a pu cartographier avec précision la distribution de la fusariose dans les zones étudiées. On a ensuite superposé toutes ces cartes, ce qui a permis d’obtenir des cartes thématiques indiquant la distribution de la fusariose en fonction du cultivar, de la ZAE, de la ZAC, du type de sol (propriétés physicochimiques) et de l’altitude. Résultats et discussion Distribution de la fusariose et cultivars affectés La fusariose du bananier était présente dans tous les districts prospectés, à l’exception du district de Nyeri (figure 1). Zone littorale Dans les districts de Kwale et Kilifi, la culture bananière est pratiquée le long du lit- toral. Entre Vanga au sud et Malindi au nord, on a constaté que le principal cultivar, Bluggoe (ABB), était affecté par la fusariose. Les types normal et nain de Bluggoe étaient cultivés, le premier étant le plus courant et tous deux présentant des symptômes. On soupçonne que ce cultivar a été progressivement décimé par plusieurs facteurs, dont la fusariose, qui n’a pas été identifiée par les producteurs. Les cultivars Wang’ae (= Ney Poovan, AB), Mshale (AA) et Mbuu (probablement Silk, AAB), cultivés par un petit nombre de producteurs de cette zone, étaient aussi affectés. Dwarf Cavendish (AAA), également courant, n’était pas atteint par la maladie, même dans les exploitations où il était cultivé en association avec des plants de Bluggoe sévèrement infectés. Gros Michel (AAA) n’a pas été rencontré dans cette zone. Zone centre-est Dans la zone centre-est, on a observé que Gros Michel (AAA), Wang’ae (AB), Muraru (AA ?), Mbuu (AAB) et Mugithi (degré de ploïdie inconnu) étaient affectés par la fusariose. Muraru, probablement un bananier d’altitude d’Afrique de l’Est (EA-AAA), semblait tolérer la maladie par laquelle il n’était affecté que dans quelques exploitations du district de Murang’a. Gros Michel, cultivé principalement dans le district de Murang’a, mais aussi présent dans les districts d’Embu, Kirinyaga et Meru, était également affecté. Il n’était pas communément cultivé dans le district de Nyeri où, en dépit de prospections intensives, on n’a pas détecté la fusariose (y compris chez le cultivar Wang’ae). Dans les districts de Murang’a et d’Embu, la sévérité de la fusariose a forcé certains producteurs à remplacer totalement Gros Michel par Lacatan (AAA). La fusariose n’a été rencontrée sur aucun des deux types de bananiers Cavendish (Lacatan et Valery) cultivés dans la zone centre-est, ni sur des bananiers d’altitude d’Afrique de l’Est (EA-AAA) comme Kiganda, Mutika et Mutore, ou encore Mutahato (probablement aussi AAA). Zone ouest La fusariose était présente dans tous les districts prospectés dans la zone ouest. Dans le district de Kisii, elle se limitait au cultivar Wang’ae (appelé localement Egesukari). Les autres cultivars, principalement des bananiers d’altitude d’Afrique de l’Est, ne présentaient aucun symptôme. Les producteurs interrogés dans ce district ont déclaré qu’ils avaient constaté de manière générale une forte chute du rendement de Wang’ae sous l’effet d’une maladie qu’ils ne connaissaient pas mais qui, d’après leur description, semble être la fusariose. L’incidence de cette maladie était 29 Tableau 1. Nombre d’échantillons de plants collectés au Kenya chez les différents cultivars sensibles à la fusariose (ces chiffres ne comprennent que les échantillons dans lesquels on a isolé un agent identifié comme étant probablement F. oxysporum). Cultivar et nombre d’échantillons collectés District Bluggoe Kwale Gros Michel Muraru Wang’ae Mbuu 10 0 1 2 0 13 9 0 0 2 1 12 Kilifi T/Taveta Total 10 7 0 6 1 24 Murang’a 0 6 5 9 0 20 Kirinyaga 0 3 0 6 0 9 Meru 0 8 0 7 4 19 Embu 0 13 1 7 0 21 Kisii 0 0 0 10 0 10 Migori 0 1 0 4 1 6 Homa Bay 0 0 0 11 0 11 Kisumu 2 0 0 11 2 15 Siaya 2 0 0 1 4 7 Busia 6 0 0 3 4 13 0 0 0 14 0 14 39 38 7 93 17 194 Kakamega Total Wang’ae. Bluggoe, dont on n’a observé que quelques plants dans ce dernier district, était indemne de maladie. proche de 100 % dans certaines exploitations plantées exclusivement avec Wang’ae. Dans les districts de Homa Bay et Migori, on a constaté la présence de la fusariose chez Wang’ae et Mbuu (Odhigo), principaux cultivars dans cette zone. On l’a observée sur Bluggoe, Wang’ae et Mbuu (Odhigo) dans les districts de Kisumu, Siaya et Busia. Dans le district de Kakamega, elle affectait principalement Isolement et identification des souches de F. oxysporum chez les plants présentant des symptômes Sur 204 échantillons collectés dans les trois zones, on a isolé un agent identifié comme étant Fusarium oxysporum dans 194 échantillons (tableau 1). 38°E ME R U IV6 III6 IV5 III5 I6 I6 II6 IV4 II4 I6 N Y R I I4 III4 I4 KIR INY III6 ANG III4 0 15 30 A III3 IV3 I5 I6 I5 I I4 II2 TH Mt Kenya AG A III6 I6 III2 0°N IV5 MUR III4 II3 II3 III2 NI Equateur IV2 III3 I5 E II3 IV1 Limites de district E MB U IV2 IV3 Zones affectées par la fusariose Zone de température 3 Zone de température 2 Km Figure 2. Corrélation entre la distribution de la fusariose et les zones agroclimatiques dans la région centre-est du Kenya (les chiffres romains représentent les zones humides et les chiffres arabes les zones de température). La maladie est apparue comme plus sévère dans la zone de température 3 mais a été trouvée occasionnellement en zone de température 2. 30 Corrélations entre la distribution de la fusariose et les facteurs écologiques D’après les observations faites dans le cadre de cette étude, il apparaît que la fusariose est en corrélation avec la ZAC, et en particulier avec la zone de température (figures 2 et 3), mais pas avec la ZAE ou le type de sol. De manière générale, la maladie n’était présente que dans les zones de température 1, 2 et 3 (0-1 500 m d’altitude), son incidence étant la plus forte dans la zone de température 3 (20-22 °C, 1 200 à 1 500 m d’altitude). La zone de température 1 (24-30 °C) prévaut dans la bande littorale, à l’exception des collines de Taita (zone de température 2). Au Kenya, la région littorale a dans l’ensemble un climat chaud et humide, ce qui semble favoriser le développement de la maladie. Dans les provinces du Centre et de l’Est, on a également constaté la présence de la maladie dans la zone de température 2 (22-24 °C, 900-1 200 m d’altitude). Les zones de température 1, 2 et 3 se caractérisent aussi de manière au moins occasionnelle, sinon fréquente, par des stress hydriques, en particulier aux mois de juillet, août et septembre. C’est pendant cette période que les bananiers semblent le plus affectés par la fusariose, soit parce que l’infection est plus probable et plus rapide, soit simplement parce que les symptômes sont plus prononcés. On n’a pas rencontré la fusariose dans les zones de température 4 (18–20 °C), 5 (16-18 °C) et 6 (14-16 °C) où les bananiers poussent dans d’assez bonnes conditions. L’effet de la température sur le développement de la fusariose s’explique par plusieurs causes, directes et indirectes. L’une de ces causes concerne la capacité de la plante hôte à produire des gels et thylles qui, en obstruant les faisceaux vasculaires, limitent l’invasion par l’agent pathogène. Aux températures les plus favorables à la maladie (27-28 °C), la structure des gels est beaucoup plus faible chez les hôtes INFOMUSA — Vol 10, N° 1 Impact de la maladie sur les petits producteurs La fusariose exerce un impact considérable au Kenya. Actuellement, si l’on considère les zones couvertes par cette étude, elle affecte directement la subsistance de populations estimées à plus d’un million de personnes dans la zone littorale, plus de trois millions dans la zone centre-est et plus de cinq millions et demi dans la zone ouest (ces chiffres sont basés sur le recensement national de 1989 et n’incluent pas les consommateurs des centres urbains et des autres régions). Après la première identification de cette maladie en 1952, on ne sait guère quelle a été son incidence au Kenya pendant les quelque 40 années suivantes. Les effets socioéconomiques désastreux qui ont résulté des épidémies des années 80, en particulier dans les provinces du Centre et de l’Est, doivent être mis en relation avec le déclin de la production caféière, principale source de revenus pour les petits producteurs. Du début des années 60 jusqu’au milieu des années 70, ceux-ci en ont tiré des revenus substantiels (Turner et al. 1997). Ils ont étendu les superficies caféières aux dépens des autres cultures, car le café leur procurait des revenus suffisants pour répondre à leurs besoins fondamentaux, et notamment pour acheter de la nourriture. Le café était alors la principale source de devises du Kenya, au point qu’on l’appelait l’“or noir”. Mais en 1978-1979, lors de la crise pétrolière mondiale, les coûts de la production caféière ont augmenté du fait de la hausse du prix des intrants à base de produits pétroliers. Entre 1980 et 1990, les cours internationaux du café exporté par l’Afrique ont chuté, en termes réels, de 70 % (Turner INFOMUSA — Vol 10, N° 1 34°E I4 II4 II5 I3 I3 I3 0 III3 Lac V i c t o r i a sensibles que chez les hôtes résistants, ce qui permet la colonisation systémique des premiers (Beckman 1990). Si la température annuelle moyenne, dans la zone 3 par exemple, est de 22-24 °C, la température maximale y atteint entre 26,4 et 30,4 °C de décembre jusqu’à mars, ce qui favorise le développement de la maladie chez les hôtes sensibles. La maladie, absente chez les bananiers d’altitude d’Afrique de l’Est, n’a pas été rencontrée non plus dans le groupe Cavendish. Les Cavendish constituent manifestement une bonne solution pour remplacer les bananiers dessert sensibles. Bien qu’on ne connaisse pas les dates précises, on sait que Bluggoe et Wang’ae ont été introduits au Kenya antérieurement à Gros Michel. Etant donné que la fusariose a été signalée pour la première fois au Kenya en 1952 dans la province du littoral (peut-être chez Bluggoe) et, dans la même année, dans la province centrale (peut-être chez Wang’ae), on peut supposer que la fusariose du bananier est arrivée au Kenya avec ces cultivars. I3 II3 III3 I4 I5 I3 II3 I4 I4 0°N II3 II4 III3 II5 III4 Limites de district II4 II4 III3 II4 II3 I3 Zones affectées par la fusariose I5 III3 I3 I3 I3 I4 III3 II3 I4 I4 0 Zone de température 3 20 40 Km II4 II5 Figure 3. Corrélation entre la distribution de la fusariose et les zones agroclimatiques dans la région centre-est du Kenya (les chiffres romains représentent les zones humides et les chiffres arabes les zones de température). La maladie n’a été rencontrée que dans la zone de température 3. et al. 1997). Les revenus que les producteurs tiraient du café sont tombés à un niveau nettement inférieur à ceux de cultures vivrières comme la banane, le maïs et les haricots, de sorte qu’en 1986, la plupart des producteurs avaient abandonné la culture du café pour celle de la banane. Des cultivars de bananiers dessert sensibles à la fusariose comme Gros Michel, Wang’ae et Muraru, les plus prisés sur les marchés urbains, ont été plantés de manière massive. En l’absence de pépinières pour leur fournir des rejets, les producteurs ont multiplié eux-mêmes le matériel existant, ce qui a certainement exacerbé la maladie. Gros Michel, dénommé “Kampala” dans certaines zones, a été initialement introduit par quelques producteurs qui se sont procuré un petit nombre de rejets dans un pays voisin vers la fin des années 60. A partir de ces quelques plants, le cultivar, dont la base génétique est très étroite, s’est progressivement répandu dans les principales zones de production bananière, et en particulier dans le centre et l’est du Kenya. Si le matériel importé était peut-être indemne de maladie, ce mode de diffusion pourrait fort bien expliquer la propagation rapide, généralisée et dévastatrice de la fusariose chez ce cultivar extrêmement sensible. Remerciements Les auteurs remercient le Department for International Development (DfID, Royaume-Uni) qui a financé cette étude dans le cadre du projet de protection des végétaux du Kenya Agricultural Research Institute (KARI)/DfID. ■ Références Beckman C.H. 1990. Host responses to the pathogen. Pp. 93-105 in Fusarium wilt of banana (R.C. Ploetz, ed.). American Phytopathological Society, St Paul, Minnesota. Booth C. 1971. The Genus Fusarium. Commonwealth Mycological Institute, Kew, Surrey, Royaume-Uni. FAO. 1978. Report on the agroecological zones project. 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La diversité de Fusarium au Vietnam Groupes de compatibilité végétative des populations de Fusarium oxysporum f.sp. cubense au Viêt-nam Do Nang Vinh, Nguyen Van Khiem, Chu Ba Phuc et Le Huy Ham a fusariose (ou maladie de Panama), causée par Fusarium oxysporum Schlecht. f.sp. cubense (E.F. Smith) W.C. Snyd. & H.N. Hans (Snyder et al. 1940), est considérée comme l’une des principales menaces pour la production de bananes (Musa spp.) dans toutes les régions du monde (Persley et al. 1987), y compris le Viêt-nam (Vakili 1968). Fusarium oxysporum f.sp. cubense (Foc) affecte les différentes espèces de Musa et Heliconia, et ses souches ont été classées en quatre races physiologiques d’après leur pathogénicité vis-à-vis des cultivars hôtes : race 1 – Gros Michel (AAA), Lady Finger (AAB) ; race 2 – Bluggoe et clones étroitement apparentés (ABB) ; race 3 – Heliconia sp. ; et race 4 – cultivars Cavendish et tous les cultivars sensibles aux races 1 et 2 (Persley et al. 1987). Les groupes de compatibilité végétative (GCV) sont un mode naturel de subdivision des populations fongiques. Les échanges d’informations génétiques au sein d’une population asexuée se limitent aux individus pouvant former un hétérocaryon viable. Les locus régissant l’incompatibilité au sein d’un hétérocaryon sont les locus het, tal, vc et vic (Leslie 1990). Les locus het se comportent comme s’ils faisaient L 32 partie d’un système de reconnaissance qui permet aux individus de s’identifier les uns les autres et de se différencier les uns des autres. Ils peuvent délimiter les pathotypes de champignons phytopathogènes asexués comme ceux du genre Fusarium (Correll et al. 1987, Ploetz 1990). L’objectif de cette étude était de caractériser les isolats présents dans différentes provinces du Nord Viêt-nam sur la base de leur compatibilité végétative. Matériel et méthodes Afin de déterminer les GCV auxquels appartiennent les populations viêt-namiennes de Foc, on a prélevé dans différentes provinces du Nord Viêt-nam des échantillons de plants de bananiers manifestant des symptômes de fusariose. Après dissection de ces plants, des spores isolées des faisceaux vasculaires décolorés ont été maintenues sur du papier filtre stérile selon la méthode décrite par Correll et al. (1986). On a obtenu des mutants non utilisateurs de nitrate (nit) en transférant des morceaux de papier filtre colonisé sur de la gélose dextrosée à la pomme de terre amendée avec 1,5 % de KClO3 et en les laissant incuber pendant 7-14 jours à 25 °C. Les mutants résistants au chlorate ont été transférés sur un milieu minimum (Puhalla 1995) et classés dans les groupes phénotypiques décrits par Correll et al. (1987). Tous les mutants nit 1 ou nit 3 ont été appariés avec des mutants témoins nit M des quatre GCV connus (GCV 0123, 0124, 0124/5 et 0125) sur un milieu minimum avec du nitrate comme seule source d’azote. Le développement d’un mycélium aérien dense au point de contact entre les deux mutants nit indiquait qu’il y avait complémentation. Résultats et discussion On a testé 42 isolats de Foc collectés dans 11 districts de 7 provinces du Nord Viêt-Nam (Hanoi, Hatay, Hungyen, Vinhphuc, Phutho, Bacninh et Thuathienhue). Parmi ces isolats, 21 isolats présents dans l’ensemble des sept provinces appartenaient au GCV 0124 ; 4 isolats des provinces de Hanoi et Hungyen appartenaient au GCV 0124/5 ; 2 isolats des provinces de Hanoi et Hungyen appartenaient au GCV 0125 ; 2 isolats de la province de Hungyen étaient végétativement compatibles avec les GCV 0124/5 et 0125 ; 13 isolats des provinces de Hanoi, Hungyen et Bacninh étaient végétativement compatibles avec les GCV 0124, 0124/5 et 0125. Tous ces isolats de Foc sont de race 1. Les isolats compatibles entre eux identifiés dans cette étude forment un pont entre les GCV 0124, 0124/5 et 0125. Il se peut qu’ils représentent un stade de divergence allant vers la formation d’un “nouveau GCV”. Des résultats similaires INFOMUSA — Vol 10, N° 1 ont été obtenus avec des isolats étudiés en Australie par Brake et al. (1990). Les résultats de l’analyse ont montré que le GCV 0124 et le “GCV 0124-0124/5-0125” sont largement répandus au Nord Viêt-nam. On n’a trouvé aucun isolat appartenant au GCV 0123 dans la partie nord du pays, alors que Mai Van Tri (1997), qui a collecté et analysé 8 isolats dans 6 districts de 4 provinces du Sud Viêt-nam, a démontré que 5 de ces isolats appartenaient au GCV 0123 et les 3 autres au GCV 0124/5. Cela pourrait signifier que les GCV 0123 et 0124/5 sont répandus dans la partie sud du pays. En 1998, Bentley et al. ont analysé 21 isolats de 7 provinces du Nord, du Centre et du Sud Viêtnam. Ils ont constaté que 5 de ces isolats appartenaient au GCV 0124/5, 11 au GCV 0123 et 5 au GCV 0124-0125. Il s’est avéré que les cultivars Chuoi Tay (Pisang Awak ABB), Chuoi Ngop (Bluggoe ABB) et Chuoi Com La (Silk AAB) étaient attaqués par la race 1 de Foc (GCV 0124, 0124/5 et 0125, GCV 0124/5-0125, GCV 0124-0124/5-0125). On n’a encore jamais détecté d’infection de la race 4 chez les cultivars du groupe Cavendish (AAA) au Viêt-nam. Cette étude démontre la valeur de l’analyse de la compatibilité végétative pour évaluer la variabilité des populations de Foc. Elle donne aussi une indication du potentiel de diffusion des souches de cet agent pathogène, ce qui permettra d’appliquer des stratégies plus efficaces pour utiliser des cultivars résistants. Il est nécessaire de sélectionner et de créer de nouveaux cultivars dotés de résistance à Foc pour remplacer les cultivars Chuoi Tay et Com La infectés. Il apparaît possible d’utiliser des cultivars Cavendish pour replanter les zones où la fusariose est présente. Les résultats de notre étude montrent aussi qu’il est indispensable d’appliquer des mesures de quarantaine pour empêcher l’introduction de la race 4 au Viêt-nam. Remerciements Cette étude a bénéficié d’un financement de la Banque mondiale. Les auteurs remercient également Natalie Moore, Ken Pegg et Bob Davis du QDPI (Department of Primary Industries, Queensland, Australie), qui ont supervisé les tests sur les GCV et fourni les témoins. ■ Références Bentley S., K.G. Pegg, N.Y. Moore, R.D. Davis & I.W. Buddenhagen. 1998. Genetic variation among vegetative compatibility groups of Fusarium oxysporum f.sp. cubense by DNA fingerprinting. Ecology and Population Biology 88(12): 12831293. Brake V.M., K.G. Pegg, J.A.G. Irwin & P.W. Langgdon. 1990. 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Guzmán-González a cercosporiose noire, causée par le champignon ascomycète Mycosphaerella fijiensis Morelet (téléomorphe) ou Paracercospora fijiensis (Morelet) Deighton (anamorphe), est la plus importante des pathologies affectant la production commerciale de bananes et de bananes plantain (Musa spp.) de la plupart des régions productrices du monde (Fullerton 1994, Fullerton et Stover 1990, Mourichon et Fullerton 1990). Sur le continent américain, la cercosporiose noire a été identifiée pour la première fois en 1972 (Stover et Dickson 1976) au Honduras, d’où elle a essaimé en direction de tous les pays d’Amérique centrale, du Mexique et d’une partie de l’Amé- L INFOMUSA — Vol 10, N° 1 rique du sud (Fullerton et Stover 1990, Stover 1980). Au Mexique, on l’a identifiée pour la première fois dans le sud-est du pays, dans les états du Chiapas et du Tabasco (Contreras 1983) et on la trouve actuellement dans toutes les régions productrices de bananes ou de bananes plantain du Mexique (Orozco-Santos 1998). La présence de cette maladie au Mexique a entraîné de graves pertes dans toutes les régions de production bananière en perturbant la conduite des exploitations, en particulier au niveau des programmes d’aspersion des fongicides. Ceci a eu pour conséquence l’augmentation des coûts de production. Actuellement, la lutte contre la maladie dans les plantations du pays dépend principalement de produits chimiques dont l’action est complétée par certaines pratiques culturales. L’objectif du travail présenté ici est de fournir des informations sur la situation actuelle de la maladie dans les régions productrices de bananes et de bananes plantain du Mexique ainsi que de faire le point sur quelques uns des aspects de l’épidémiologie, des traitements et de la recherche. Importance des bananiers au Mexique Les cultures de bananiers et de bananiers plantain occupent au Mexique une superficie de 72 700 ha qui produisent 2,2 millions de tonnes de fruit, dont 95 % sont destinés au marché national (Orozco-Romero et al. 1998). Les zones productrices sont situées dans les régions tropicales des côtes du Golfe du Mexique et de l’océan Pacifique. Les principaux états producteurs sont ceux du Chiapas, de Veracruz, du Tabasco, de Nayarit, de Colima, de Michoacan, d’Oaxaca, de Jalisco et de Guerrero regroupés en trois grandes régions productrices : celle du Golfe du Mexique avec 4,6 % des 33 ETATS-UNIS D'AMERIQUE Veracruz Oaxaca Tabasco GOLFE DU MEXIQUE Nayarit o isc Jal Chiapas Colima Michoacán PACIFIQUE CENTRE PACIFIQUE SUD Figure 1. Localisation des régions de production bananière au Mexique. surfaces cultivées, du Pacifique Central avec 24,4 % et du Pacifique Sud avec 30,1% (Figure 1). Les groupes taxonomiques les plus importants parmi ceux cultivés au Mexique sont les suivants : AAA (« Grande Naine » et « Valery », sous-groupe Cavendish), AAB (« Macho » ou « Faux Corne » et « Dominico », sous-groupe Plantain), AAB (« Manzano » ou « Silk »), ABB (« Pera » ou « Cuadrado ») et AA (« Dátil »). Sur le tableau 1 sont regroupées les informations concernant les régions productrices, les groupes taxonomiques et les surfaces cultivées au Mexique. Les principales caractéristiques de climat et d’altitude des régions productrices du Mexique sont présentées dans le tableau 2. Distribution de la cercosporiose noire en Amérique Durant de nombreuses années, la maladie appelée “chamusco” ou cercospriose jaune, due au champignon Mycosphaerella musicola Leach, a été la plus importante des pathologies du feuillage des bananiers et des bananiers plantain du Mexique. Son introduction s’est faite en 1936 dans les états du sud-est (Chiapas et Tabasco), d’où elle a essaimé en direction de toutes les autres régions productrices du pays (Stover 1962). Elle est refoulée actuellement par la cercosporiose noire. Cela serait dû à une plus grande agressivité et à une meilleure adaptabilité de M. fijiensis dans les régions tropicales dont l’altitude n’excède pas 500 m, conformément à ce que rapportent Mouliom-Pefoura et Mourichon (1990) et Mouliom-Pefoura et al. (1996). Les premières notifications officielles d’attaques de M. fijiensis ont été faites dans les états du Chiapas et du Tabasco en 1981. Cependant, la maladie avait été observée pour la 34 première fois dans la zone de Tapachula (Chiapas) fin 1980 (Contreras 1983). Depuis cette époque, la cercosporiose noire n’a cessé de s’étendre rapidement vers les états de Veracruz et d’Oaxaca, atteints en 1985 (Robles et al. 1988). Dans la région du Pacifique Centre, la maladie a été détectée pour la première fois dans l’état de Colima en 1989 et, un an après, elle était passée dans les états voisins de Michoacan, de Jalisco et de Guerrero. En novembre 1994, on la trouvait dans l’état de Nayarit (Orozco-Santos et al. 1996). Avec ce dernier enregistrement, on peut dire que la cercosporiose noire est aujourd’hui présente dans pratiquement toutes les zones productrices de Musacées du Mexique (Orozco-Santos 1998). Impacts de la maladie et de la lutte chimique La cercosporiose noire a eu un effet dévastateur sur les zones bananières du pays. La première épidémie a entraîné des pertes de 50 à 100 % de la production fruitière ainsi qu’une diminution importante des surfaces cultivées. Au début des années 80, la maladie a provoqué la disparition d’environ 2 000 ha de bananiers dans l’état de Tabasco. Dans celui de Colima où elle avait été détectée en septembre 1989, huit mois plus tard, plus de 3 000 ha avaient été arrachés pour cause de non productivité, avec des pertes estimées à 50 000 tonnes de fruits. En mars 1991, les surfaces abandonnées se montaient à 5 000 ha soit une réduction de 50% des surfaces cultivées (Orozco-Santos et al. 1996). Aujourd’hui, on ne cultive plus que 4 700 ha dans l’état de Colima (Orozco-Romero et al. 1998). L’apparition de la cercosporiose noire au Mexique a été à l’origine de changements dans la gestion des plantations, en particulier dans les programmes d’aspersion des fongicides. Avant les années 80, la cercosporiose jaune était le plus important des problèmes phytosanitaires du feuillage des espèces cultivées, mais elle n’imposait pas pour autant de programmes stricts d’aspersion de fongicides. L’introduction de la cercosporiose noire a considérablement modifié ces programmes de contrôle en imposant l’emploi de fongicides plus puissants et en réduisant les intervalles d’application. On estime que les moyens de lutte contre la cercosporiose noire représente 35 à 45 % des coûts totaux de production. Parallèlement, les changements ont porté sur une plus grande technicité de la culture (nutrition minérale, densité de population, élimination des feuilles, élimination des rejets, contrôle des ravageurs, des maladies et des mauvaises herbes), ce qui a amélioré la qualité des fruits et les rendements par unité de surface (OrozcoSantos 1998). A l’heure actuelle, le contrôle chimique est l’alternative la plus fiable pour maîtriser la maladie. Mais cela a donné lieu, en plus de l’augmentation des coûts de production, à des problèmes de pollution de l’environnement, de santé publique et de résistance aux fongicides, dus aux résidus des produits chimiques et des substances protectrices (citroline). Chaque année, il se dépense au Mexique près de 370 millions de pesos (43 millions de dollars US) pour la lutte contre la cercosporiose noire. Jusqu’en 95, on répandait annuellement environ 430 000 kg de principes actifs, en majorité des fongicides systémiques et quasiment 13 millions de litres de Citroline, soit en moyenne 184 l/ha/an. De nos jours, les programmes de contrôle à base de fongicides protecteurs ont pu réduire de façon significative l’usage de la citroline ou de l’huile agricole. Cependant la quantité de principes actifs de fongicides appliqués par unité de surface a augmenté et atteint les 7 millions de kg annuels à l’échelle nationale (Orozco-Santos 1998). Jusqu’à présent, peu de recherches ont été faites sur l’impact environnemental et les problèmes de santé résultants de l’application en continu de fongicides et de citroline dans les bananeraies. Pourtant, on sait que certains fongicides ou bactéricides sont hautement toxiques et agissent comme inducteurs moléculaires de l’activité cellulaire responsable des fonctions endocrines régulatrices du contrôle hormonal de la reproduction, de la différenciation des sexes et de la prolifération des cellules immuno-compétentes (Chambers et Yarbrough 1982). Les hommes comme la faune sont exposés aux fongicides ou aux bactéricides par la faute des épandages aériens, des produits alimentaires contaminés et de l’eau potable polluée. L’aspersion par voie aérienne est certes une technique rapide d’application des produits sur des zones très étendues. Mais le lessivage des INFOMUSA — Vol 10, N° 1 sites de stockage et des pistes d’aterrissage comme celui des sites traités peut polluer les systèmes aquatiques et terrestres avoisinants (Henriques et al. 1997). Le fongicide Propiconazole, qui a été utilisé pendant près de 20 ans au Mexique pour lutter contre la cercosporiose noire, se retrouve à des concentrations élevées dans les eaux de drainages adjacentes aux bananeraies comme cela a été démontré au Costa Rica, où on a détecté des concentrations de 24,2 µg par litre d’eau (Mortensen et al. 1998). A partir de 1995, le Mancozèbe est devenu un fongicide clé des programmes de lutte. Au Costa Rica, après une application, on a enregistré dans les canaux des résidus de Mancozèbe de 0,77 à 2,38 µg/cm2 (Mortensen et al. 1998). Le Chlorothalonil est reconnu être toxique pour les invertébrés aquatiques et les poissons, tandis que le Mancozèbe possède des propriétés cancérigènes et que le Benomyl est tératogénique (Lacher et al. 1997). D’autre part, l’utilisation intensive de quelques fongicides systémiques a provoqué l’apparition de résistances chez le champignon M. fijiensis (Castro et al. 1995, Romero et Sutton 1997, 1998). Cela est dû au fait que certains types de fongicides systémiques (benzimidazoles et triazoles) possèdent une forte activité à des doses faibles et agissent sur un seul site chez le pathogène (Russell 1995). Les problèmes de résistance font que la lutte contre la cercosporiose noire est devenue plus complexe et plus coûteuse car la perte de sensibilité aux fongicides impose un plus grand nombre d’applications. Actions entreprises contre la diffusion de la maladie La présence de la cercosporiose noire dans les régions productrices de bananes du sud-est du Mexique a conduit la Direction générale phytosanitaire à décréter la quarantaine intérieure permanente No. 18. L’objectif principal de cette mesure visait à éviter ou à retarder l’introduction de la maladie dans des zones ou des régions bananières encore indemnes. La campagne recommandait de respecter entre autres les points suivants : 1. Restriction des mouvements de matériel végétal provenant de zones infectées. 2. Mise en place de postes de quarantaine. 3. Interdiction d’utiliser les feuilles pour protéger les fruits dans les véhicules de transport. 4. Désinfection des véhicules. 5. Inspection des bananeraies. 6. Application de produits fongicides. 7. Arrachage des plantations les plus sévèrement touchées. Cette quarantaine n’a pas eu les effets escomptés et la maladie s’est étendue à tout le Mexique malgré les grandes distances (plus de 1 000 km) et les barrières INFOMUSA — Vol 10, N° 1 Tableau 1. Régions productrices de bananes et de bananes plantain du Golfe du Mexique. Région (états) Groupes taxonomiques Surfaces cultivées (ha) Golfe du Mexique Tabasco AAA, AABp*, AA 12 900 Veracruz AAA, AABp 14 200 AAA, AABp, AAB 3 900 Colima AAA 4 700 Michoacán AAA 4 700 Jalisco AAA 1 800 Nayarit AAA, AAB, AABp, ABB 6 600 Chiapas AAA, AABp 21 900 Autres AAA, AAB, AABp, ABB Oaxaca Pacífique Centre Pacífique Sud 2 500 NATIONAL 72 900 * AABp = Sous-groupe plantain. Source: Orozco-Romero et al. (1998). Tableau 2. Caractéristiques de climat et d’altitude des régions productrices du Mexique. Région Température Précipitations (mm) Golfe du Mexique chaud et humide 24-27 °C 1 700 à 3 900 0à2 10 à 80 Pacifique Centre chaud et sec 26-28 °C 700 à 1 100 7à8 10 à 500 chaud et subhumide 26-27 °C 1 500 à 2 500 4à5 20 à 80 Pacifique Sud Climat naturelles (chaînes montagneuses) séparant les zones ou les régions bananières. En l’espace de quatorze ans seulement, la maladie s’est diffusée dans tous les états producteurs de bananes et de bananes plantain. La dissémination de l’agent pathogène peut être imputée aux mouvements de matériel végétatif infecté (feuillage séché) pendant le transport des fruits (Orozco-Santos et al. 1996), des plantes ou des rhizomes infectés ainsi qu’à l’action du vent. Les ascospores de M. fijiensis restent la principale source d’inoculation et de dispersion à grande distance sur une zone déterminée (Burt et al. 1997, Stover 1980). Comportement de la cercosporiose noire Golfe du Mexique. Quelques études épidémiologiques ont été réalisées dans la région du Tabasco (Avila et al. 1994). Dans d’autres zones productrices du Golfe du Mexique (San Rafael, Veracruz et Tuxtepec, Oaxaca), les recherches sur la maladie sont plutôt rares. Dans des bananeraies sans contrôle chimique, les symptômes précoces (degrés 1 et 2 de l’échelle de Fouré) apparaissent 18 à 32 jours après la contamination, et les taches entre 34 et 73 jours après. Le développement complet des symptômes peut prendre de 50 à 115 jours. La durée d’incubation la plus longue est enregistrée pendant la période la plus sèche de l’année. La maladie se manifeste de façon endémique et sa sévérité varie en fonction des conditions climatiques. La plus forte sévérité correspond à la période des plus fortes précipitations ; elle atteint 15 à 25 % de juillet à décembre. De janvier à mars, la maladie est moins agressive ; la Nombre de mois secs Altitude (m) sévérité moyenne est de 5 à 10 % (Ramírez et Rodríguez 1996). Pacifique Centre. De juin à novembre, dans des bananeraies sans contrôle chimique, la période d’incubation allant de l’infection au stade précoce (degré 2 de l’échelle de Fouré) dure de 24 à 39 jours et, au stade des taches (degré 4 de l’échelle de Fouré), de 33 à 58 jours. Pendant la saison sèche (décembre à mai), le temps d’incubation jusqu’au stade précoce est de 48 à 87 jours et jusqu’à celui des taches, de 84 à 141 jours. Les dégâts les plus graves concernent les feuilles les plus récentes. Les feuilles émises de juin à octobre sont totalement détruites en un laps de temps de 82 à 120 jours alors que celles émises de novembre à mai résistent de 135 à 200 jours. La plus forte sévérité est étroitement liée à la saison des pluies (juin à octobre) et à celle de formation de rosée sur les feuilles (novembre à janvier). Ces résultats montrent que, dans des conditions de climat tropical sec, la cercosporiose noire présente une phase épidémique induite par les pluies et une de faible sévérité due à la saison sèche (Orozco-Santos 1998). Pacifique Sud. L’information recueillie dans une bananeraie au contrôle chimique déficient a montré que les dégâts les plus graves (12 à 25 % de sévérité) interviennent de juin à décembre, saison des plus fortes pluies. Pendant cette période, les symptômes du stade des taches sur les feuilles infectées n° 4 à 6 concernent 25 à 58 % d’entre elles. La plus faible sévérité (janvier à mai) coïncide avec la saison des plus faibles précipitations, pendant laquelle les taches apparaissent sur les feuilles infectées n° 7 à 9 sur 7 à 35 25 % d’entre elles(Escudero, données non publiées). Tableau 3. Axes de recherche sur la cercosporiose noire au Mexique. Régions productrices Axes de recherche Traitement de la cercosporiose noire Le traitement de la maladie dans les exploitations bananières est très fortement dépendant des fongicides. Leur action est complétée par quelques pratiques culturales (élimination des feuilles, élimination des rejets, drainage, contrôle des mauvaises herbes et nutrition minérale) visant à réduire les sources d’inoculation et à éviter la réunion de conditions favorables au développement de l’agent pathogène (Marín et Romero 1992). Jusqu’en 1995, la lutte chimique était menée grâce à des fongicides d’action systémique appartenant au groupe des triazoles (Tebuconazole, Propiconazole, Bitertanole et Hexaconazole), des pyrimidines (Fenarimole), des benzimidazoles (Benomyl, Carbendazime et Méthyltiophanate) et des morpholines (Tridemorphe). Plus récemment, on y a adjoint le groupe chimique des strobilurines (Azoxistrobine) et autres triazoles (Fenbuconazole) (Orozco-Santos 1998). Parallèlement, les fongicides de contact (Chlorothalonil et Mancozèbe) étaient également inclus dans les programmes d’aspersion. A l’heure actuelle, l’usage des fongicides protecteurs s’est intensifié dans toutes les zones productrices (Escudero et Rendón 1996), sous forme d’applications périodiques tous les 7 à 12 jours. Dans la région du Golfe du Mexique, il fallait, dans le cadre du programme traditionnel fongicides systémiques/substances protectrices, de 20 à 25 applications dans la zone de San Rafael, Veracruz et de 30 à 35 dans celle du Tabasco. A la saison des pluies, on utilisait des fongicides systémiques seuls ou en mélange tous les 10 à 12 jours et, pendant la saison sèche, des fongicides de contact, tous les 14 jours (Ramírez et Rodríguez 1996). Récemment, on a introduit des programmes d’aspersion comprenant exclusivement des fongicides protecteurs (principalement du Mancozèbe) pour éviter d’employer la citroline. Les intervalles d’application varient entre 7 et 12 jours selon l’époque de l’année. Avec les progammes de substances protectrices, on pratique de 40 à 52 applications annuelles. Dans la région du Pacifique Centre, le nombre d’applications de fongicides systémiques et de substances protectrices fluctue entre 15 et 20. Pendant la saison des pluies (juin à octobre) et celle de formation de rosée (novembre à janvier), la maladie est contrôlée grâce aux aspersions de fongicides à action systémique tous les 14 à 21 jours alors que pendant la saison sèche (janvier à mai), on emploie des fongicides protecteurs ou systémiques tous les 25 à 40 jours (Orozco-Santos 1998, Orozco-Santos et al. 1996). Des études récentes ont démontré qu’avec l’appui de la technique de l’avertis36 Golfe du Mexique (Tabasco) Pacifique Centre (Colima) Pacifique Sud (Chiapas) Biologie du champignon X X Epidémiologie X X X Pratiques culturales X X X Contrôle chimique X X X Avertissement biologique X Contrôle biologique X Evaluation de matériel génétique X X Sensibilité aux fongicides X X Diversité génétique1 X X X Etudes réalisées par le Centre de Recherches Scientifiques du Yucatan (A. James, communication personnelle), l’Université de Colima et l’Institut National de Recherches Forestières, Agricoles et de Pêche. Note : Les études sur la transformation génétique sont réalisées par le Centre de recherches avancées (CINVESTAV) de l’Institut polytechnique national (Gómez-Lim 1998). 1 sement biologique proposé par Marín et Romero (1992), on n’a eu besoin que de 10 à 12 passages pendant la saison des pluies et celle de la rosée alors que pendant la saison sèche, aucune application n’a été nécessaire (Orozco-Santos 1995). Sur des plantations associées au cocotier, le contrôle de la maladie s’est révélé insuffisant. En effet, les arbres obligent les avions à voler à 35 ou 40 m d’altitude ce qui provoque la perte d’une partie de l’émulsion qui est déposée sur les palmes (Orozco-Santos et al. 1996). Dans le cadre des programmes de fongicides protecteurs comme le Mancozèbe, il faut des applications hebdomadaires pendant la saison des pluies et tous les 10 ou 14 jours en saison sèche, ce qui porte le nombre de traitements annuels à 30 ou 35. Dans la région du Pacifique Sud, il fallait jusqu’à 35 traitements annuels avec le programme traditionnel de fongicides systémiques/substances protectrices, en appliquant les systémiques tous les 10 à 14 jours en saison des pluies et en alternant systémiques et substances protectrices en saison sèche. Dans cette région, de même que dans le Golfe du Mexique, on utilise exclusivement les fongicides protecteurs (principalement du Chlorothalonil) (Escudero et Rendón 1996). On réalise des applications hebdomadaires pendant la saison des pluies et tous les 10 à 14 jours pendant la saison sèche. A l’échelon mondial, le contrôle chimique de la cercosporiose noire est considéré à haut risque à cause des problèmes de résistance développée par le champignon vis-àvis de quelques groupes de fongicides. Il y a de nombreuses publications sur la perte de sensibilité de M. fijiensis aux benzimidazoles (Romero et Sutton 1998, Stover 1979) et plus récemment aux triazoles (Castro et al. 1995, Romero et Marín 1990, Romero et Sutton 1997). L’évaluation de nouvelles molécules de fongicides n’ayant pas ou peu d’effets nocifs sur l’environnement et la santé devient prioritaire dans la recherche de nouveaux moyens de traiter la maladie. Dans ce groupe, on trouve l’Azoxistrobine qui est sûre du point de vue environnement. D’autre part, on a mis sur le marché une nouvelle molécule appelée Acibenzolar-S- Methyl (Madrigal et al. 1998), qui activerait les défenses naturelles de la plante, phénomène connu sous le nom de résistance systémique acquise (Sticher et al. 1997). A l’heure actuelle, le nombre de fongicides systémiques utilisés dans la lutte contre la cercosporiose noire est réduit, aussi est-il urgent de les employer à bon escient afin de leur garantir une plus longue vie utile tout en maintenant leur efficacité face au champignon (Marín et Romero 1992, Stover 1990, Wielemaker 1990). Recherches sur la cercosporiose noire au Mexique La recherche sur la maladie a été orientée vers la biologie du pathogène, l’épidémiologie, l’évaluation de matériel végétal, le contrôle chimique, l’avertissement biologique et plus récemment, vers la résistance aux fongicides, la diversité génétique du pathogène et la transformation génétique, les recherches sur ce dernier point se déroulant en dehors des zones de production (tableau 3). Conclusions et perspectives Depuis son apparition au Mexique en 1980, la cercosporiose noire est devenue le principal problème phytosanitaire de toutes les zones productrices de bananiers et de bananiers plantain. La maladie s’est adaptée à diverses conditions d’environnement et le pathogène est devenu plus agressif, ce qui rend l’exploitation plus difficile et augmente les coûts de production. Dans la région tropicale sèche (Pacifique Centre), son incidence et sa sévérité sont moindres que dans les régions tropicales humides (Golfe du Mexique et Pacifique Sud) en raison des différences de quantité et de répartition des précipitations. En vingt ans, la maladie s’est répandue dans toutes les zones bananières, où la lutte chimique reste le moyen le plus utilisé pour la combattre. Cependant, avec le temps, il apparaît que l’application de fongicides n’a pas été une solution adéquate du fait de la nature complexe de l’agent pathogène (type de reproduction, pathogénicité, dissémination, entre autres) et des caractéristiques de l’hôte (uniformité génétique, plantation extensive, etc.), qui ont faINFOMUSA — Vol 10, N° 1 cilité une relation hôte-parasite très étroite. La recherche devrait se concentrer sur une gestion durable de la maladie ayant pour but de réduire les risques de pollution de l’environnement, les dangers pour la santé et permettre la conservation des ressources naturelles. L’évaluation de matériel génétique présentant une résistance à la maladie (Orozco-Romero et al. 1998) et la transformation génétique (Goméz-Lim 1998) sont les défis prioritaires à relever à moyen et long termes dans le programme de recherches sur les Musacées au Mexique. A court terme, il est important de poursuivre les recherches sur les bananiers commerciaux du sous-groupe Cavendish (« Grande Naine » et « Valery ») et sur les cultivars de bananiers plantain afin d’améliorer la gestion de la maladie. Les études sur le contrôle cultural, l’avertissement biologique et l’évaluation de programmes d’application de fongicides en fonction de leur impact sur l’environnement permettront de réduire le nombre de cycles d’aspersion. Parallèlement, il est très important de mener des recherches spécifiques sur le pathogène (diversité génétique et variabilité pathogénique, épidémiologie et sensibilité aux fongicides) afin d’élaborer des stratégies de lutte contre la maladie. ■ Références Avila A.C., M. de E.M. Contreras & O.D. Teliz. 1994. Epidemiología de la Sigatoka negra en plantaciones comerciales de banano (Musa AAA, subgrupo Cavendish) en Tabasco, México. Pp. 257-263 in Memorias de la X Reunión ACORBAT (Contreras M.A., Guzmán J.A. et Carrasco L.R., eds.). CORBANA, San José, Costa Rica. Burt P.J.A., J. Rutter & H. Gonzalez. 1997. Short distance windborne dispersal of the fungal pathogens causing Sigatoka diseases in banana and plantain. Plant Pathology 46: 451-458. Castro O., A. Wang & L.F. Campos. 1995. Análisis in vitro de la sensibilidad de Mycosphaerella fijiensis a los fungicidas fenarimol, tridemorph y propiconazole. Phytopathology 85: 382. Chambers J.E. & J.D. Yarbrough. 1982. 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E-mail: [email protected] , Javier Farías-Larios, Gilberto Manzo-Sánchez et Salvador GuzmánGonzález à la Facultad de Ciencias Biológicas y Agropecuarias, Universidad de Colima, Apartado postal 36, Tecomán, Colima, Mexique. 37 Brève communication Effet du nombre de repiquages sur la multiplication in vitro de quatre variétés de bananiers nombre de repiquages sur la multiplication des bananiers. N.D. Jambhale, S.C. Patil, A.S. Jadhav, S.V. Pawar et B.D. Waghmode nés sur milieu MS + 3 mg/l d’acide naphtylacétique (NAA) solidifié avec de l’agar (8 g/l). Cinq massifs méristématiques, comportant chacun trois pousses, ont été transférés sur milieu frais dans des pots à confiture toutes les trois semaines. On a procédé à des observations après le 8e, le 10 e , le 12 e et le 14 e repiquage. Après chaque repiquage, on a observé la croissance des plantules acclimatées en serre. Matériel et méthodes a culture des vitroplants s’est largement répandue en Inde au cours de ces dernières années, car elle a pour avantages de donner des plants sains, précoces et à maturation synchrone. Cependant, on observe parfois des plants anormaux, à morphologie différente et vigueur réduite. Cela pourrait être dû aux repiquages répétés des cultures in vitro. Les dangers potentiels de la culture de tissus ont été déjà soulignés (Daniells 1997). Une étude a donc été entreprise afin de déterminer les effets du L Des méristèmes apicaux des quatre variétés Basrai (AAA), Nendran (AAB), Lal Kela (AAA) et Safed Velchi (AB) ont été établis in vitro, multipliés sur milieu MS + 6 mg/l de benzylaminopurine (BAP) + 1 mg/l d’acide indole-3-butyrique (IBA) et enraci- Tableau 1. Taux de formation de pousses multiples chez différentes variétés en fonction du nombre de repiquages. Variété Nombre moyen de pousses multiples par pot après le 8e repiquage 10e repiquage 12,33 10,91 7,62 7,10 Nendran (AAB) 8,63 6,22 5,47 5,92 Lal Kela (AAA) 10,72 7,91 6,62 7,12 8,63 8,09 7,24 6,33 Basrai (AAA) Safed Velchi (AB) 12e repiquage 14e repiquage Tableau 2. Croissance des plantules de différentes variétés après différents nombres de repiquages. Variété Caractères Croissance après quatre mois d’acclimatation de plantules issues du 8e repiquage 10e repiquage 12e repiquage 14e repiquage 49,09 6,50 45,00 6,00 31,60 4,10 19,70 3,50 Nombre de feuilles 12,00 12,00 9,00 7,00 Largeur du limbe (cm) 10,50 9,80 6,20 4,90 Longueur du limbe (cm) 20,50 18,90 15,70 11,60 Vert foncé Vert clair, légèrement parcheminées Vert pâle, cireuses, parcheminées Jaunâtres, cireuses, parcheminées Normale Légèrement rabougri Moyennement rabougri Fortement rabougri 27,2 Basrai (AAA) Hauteur de plant (cm) Circonférence du pseudotronc (cm) Couleur des feuilles Vigueur Nendran (AAB) Hauteur de plant (cm) 55,0 50,3 36,7 Circonférence du pseudotronc (cm) 7,0 6,2 5,1 Nombre de feuilles 8,0 7,0 6,0 Largeur du limbe (cm) Longueur du limbe (cm) Couleur des feuilles Vigueur 10,0 4,23 4,4 7,5 8,2 27,0 23,4 17,4 3,3 Vert foncé Vert clair Vert pâle, parcheminées Très parcheminées Normale Légèrement rabougri Moyennement rabougri Fortement rabougri 12,33 Lal Kela (AAA) Hauteur de plant (cm) 59,0 53,0 39,2 29,3 Circonférence ) du pseudotronc (cm 5,1 4,3 3,8 2,7 Nombre de feuilles 8,0 6,0 6,0 5,0 Largeur du limbe (cm) 7,8 6,3 5,1 4,7 18,2 15,2 13,3 11,7 Vert foncé Vert pâle Vert pâle, parcheminées Jaunâtres, cireuses, parcheminées Normale Légèrement rabougri Moyennement rabougri Fortement rabougri Longueur du limbe (cm) Couleur des feuilles Vigueur Safed Velchi (AB) Hauteur de plant (cm) 52,7 52,2 40,3 35,1 Circonférence du pseudotronc (cm) 6,2 6,0 5,0 4,6 Nombre de feuilles 9,0 8,0 8,0 6,0 Largeur du limbe (cm) 6,6 6,5 5,8 5,2 20,4 18,2 18,2 16,0 Vert foncé Vert pâle Vert pâle, parcheminées Vert pâle, parcheminées Normale Légèrement rabougri Légèrement rabougri Moyennement rabougri Longueur du limbe (cm) Couleur des feuilles Vigueur 38 INFOMUSA — Vol 10, N° 1 Tableau 3. Spectre de variants observés chez les vitroplants de différentes variétés. Variété Variant Description Basrai Variant 1 Plant de haute taille et vigoureux, pseudotronc vert pâle, feuilles longues et larges, légèrement maculées, avec marge rouge jusqu’au pétiole vert pâle. Variant 2 Plant de haute taille et mince avec longue hampe vert pâle, pseudotronc vert pâle, feuilles longues et étroites sans macules. Variant 1 Plant nain, pseudotronc et hampe rouge clair, feuilles courtes et larges, à marge rouge et légèrement maculées. Variant 2 Plant nain, pseudotronc et hampe rouge clair, feuilles longues et étroites à pétiole court, marge verte. Nendran Variant 3 Plant nain, pseudotronc et hampe rouge clair, feuilles longues et étroites à pétiole court, marge rouge. Variant 4 Grand pseudotronc et longue hampe vert violacé, feuilles longues et larges à marge rouge. Lal Kela Variant 1 Plant nain, pseudotronc et hampe rouge clair, feuilles longues et larges à marge rouge clair. Safed Velchi - Néant- Tableau 4. Fréquence des variants selon le nombre de repiquages. Nombre et fréquence des variants après le Variété 8e repiquage 10e repiquage Basrai —- Variant 1 : 3 (1,0 %) Variant 1 : 11 (1,89 %) Variant 1 : 31 (3,44 %) —- —- Variant 2 : 9 (1,54 %) Variant 2 : 19 (2,11 %) —- Variant 1 : 18 (7,14 %) Variant 1 : 35 (11,20 %) Variant 1 : 46 (15,43 %) —- Variant 2 : 22 (8,73 %) Variant 3 : 48 (15,38 %) Variant 2 : 30 (10,06 %) —- —- —- Variant 3 : 30 (10,06 %) —- Variant 1 : 7 (3,00 %) Nendran Lal Kela Safed Velchi Résultats et discussion Le taux de formation de pousses multiples a varié selon la variété. Après le 8e repiquage, le nombre moyen de pousses multiples par pot était le plus élevé chez Basrai (12,33), suivie par Lal Kela (10,72), et le plus faible chez Nendran et Safed Velchi (8,63). Chez les quatre variétés, ce taux a ensuite diminué à chaque nouveau repiquage. Après le 14e repiquage, il n’était plus que de 7,10 chez Basrai, 7,12 chez Lal Kela, 6,33 chez Safed Velchi et 5,92 chez Nendran (tableau 1). La croissance des variétés, mesurée par la hauteur de plant, la circonférence du pseudotronc, le nombre de feuilles et la dimension des feuilles, a diminué après le 8 e repiquage, certains plants étant très rabougris après le 14 e repiquage (tableau 2). Safed Velchi a été la moins affectée. Parmi les populations de plants acclimatés après le 8e repiquage, on a observé des 12e repiquage Variant 1 : 12 (4,8 %) 0,00 plantules qui étaient nettement distinctes des clones parentaux (tableau 3). Le pourcentage de variants variait chez les différents génotypes étudiés. Gomez et Garcia (1997) ont fait état précédemment de résultats similaires. Chez toutes les variétés excepté Safed Velchi, on a constaté des variations dans la stature, la pigmentation, la croissance, la dimension des feuilles et des pétioles, etc. après les 10e, 12e et 14e repiquages. Nendran s’est caractérisée par le plus grand nombre de variants après le 10e repiquage (15,87 %), le 12e (26,58 %) et le 14e (36,49 %). Basrai a eu une fréquence de variants de 1 à 5,55 %, tandis que le pourcentage de variation était de 15,87 à 36,49 % chez Nendran et de 3 à 7,20 % chez Lal Kela (tableau 4). Daniells et Smith (1993) avaient déjà signalé un pourcentage de variants atteignant 91 % chez des vitroplants. Etant donné la réduction du taux de multiplication, de la croissance et de la vigueur ob- Errata dans INFOMUSA 9(2) – Décembre 2000 Distribution de la maladie du sang 0,00 14e repiquage Variant 1 : 28 (7,20 %) 0,00 servée chez les plants acclimatés et l’augmentation du nombre de variations somaclonales après le 8e repiquage, il semble préférable, pour certaines variétés, de ne pas faire plus de huit repiquages. ■ Références Daniells J. 1997. Les dangers potentiels de la culture de tissus. INFOMUSA 6(2): 17-18. Daniells J.W. & M.K. Smith. 1993. 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La maladie du sang n’a encore jamais été signalée dans ce dernier pays. Criblage d’hybride de bananiers résistants à Radopholus similis Considérations méthodologiques pour l’évaluation de l’élimination sélective de mains de bananes (Musa AAA, cv. ‘Valery’) L’acceptabilité des bananes exotiques par le consommateur ougandais Une erreur s’est glissée dans l’article de A. Vargas et F. Blanco (p.19). Dans la partie ‘Matériel et méthodes’, 3ème paragraphe, il faut lire: “Les traitements réalisés sur les régimes INFOMUSA — Vol 10, N° 1 Dans l’article de Dochez et al. (p. 3-4), les véritables appellations des hybrides désignés dans le texte sous les noms TMP2x47 et TMP2x-50 sont respectivement TMP2x2521S-47 et TMP2x2521S-50. Dans l’article de Nowakunda et al. (p. 22-25), il faut lire TMPx5511-2 et non TMPx5511/2 (tableau 1). Par ailleurs, le génome de ce même hybride TMPx5511-2 est AAAB et non AABB comme indiqué sur les tableaux 1, 2, 3 et 5. 39 Nouvelles des Musa Épidémie de cercosporiose noire en Australie Une épidémie de cercosporiose noire a été récemment signalée au Queensland, en Australie. La zone concernée se situe à proximité de Tully, dans la partie septentrionale du Queensland, à environ 140 km au Sud de Cairns. Le Nord du Queensland étant la principale région bananière de l’Australie, cette maladie apparaît comme une véritable menace pour une production d’une valeur annuelle de 200 millions de dollars. On craint qu’elle ne fasse monter en flèche les coûts de production locaux. Si huit épidémies de cercosporiose noire ont touché les bananiers sauvages dans la partie septentrionale du Queensland au cours des dix dernières années, c’est la première fois que la maladie est détectée dans une zone de production commerciale. Jusqu’à présent, les services de quarantaine ont argué de la présence de la cercosporiose noire dans beaucoup de pays d’Amérique centrale pour rejeter les demandes d’importation. Si cette épidémie n’est pas jugulée, on peut s’attendre à de nouvelles pressions en faveur de l’autorisation des importations de bananes en Australie. L’amélioration des bananiers en Inde Dès 1949, un programme d’amélioration des bananiers a été lancé par la station centrale de recherche bananière d’Aduthurai, dans le Tamil Nadu. C’était l’un des premiers efforts systématiques entrepris dans ce domaine en Inde. En 1971, la Tamil Nadu Agricultural University a pris la relève à Coimbatore. L’université maintient une collection de 127 accessions et travaille à l’hybridation et à la sélection des descendances présentant une résistance aux nématodes, aux affections foliaires et à la fusariose. Le criblage de la collection de matériel génétique a révélé la résistance d’un certain nombre de variétés 40 diploïdes qui sont utilisées dans le programme d’hybridation. L’université a créé plusieurs diploïdes synthétiques prometteurs qui servent à faire de nouveaux croisements avec des diploïdes et triploïdes cultivés. Certains des hybrides synthétiques nouvellement obtenus semblent présenter un bon niveau de résistance aux nématodes et aux affections foliaires, ainsi que des caractères agronomiques acceptables. Le programme d’amélioration conventionnelle est complété par des stra- tégies d’amélioration in vitro, incluant la création d’une variabilité par mutagenèse et l’utilisation d’agents antimitotiques pour accroître le degré de ploïdie. Pour toute information sur le programme d’amélioration des bananiers de la Tamil Nadu Agricultural University, contacter : K. Soorianathasundaram et N. Kumar, Dept. of Pomology, Horticultural College and Research Institute, Tamil Nadu Agricultural University, Coimbatore, Inde 561003. Courrier électronique : [email protected] La communauté bananière perd deux amis et collègues Ren Gonsalves L’INIBAP a le regret d’annoncer le décès de Reynold Gonsalves le 15 février 2001 à la suite d’un cancer. Ren était âgé de 72 ans. Né à Cuba in 1928, Reynold Gonsalves, de nationalité jamaïcaine, obtint son BSc. à l’université d’Howard, Washington où il excellait en biologie. En 1952, il devint responsable principal de la station d’amélioration des bananiers de Jamaïque puis en 1969 améliorateur en chef. Ren était reconnu au sein de la communauté bananière du fait de ses recherche sur l’amélioration des bananiers en vue de leur résistance à la fusariose et aux cercosporioses jaune et noire. Il a d’ailleurs reçu l’ordre de distinction de commandeur pour sa contribution à l’agriculture. De par son travail, Ren a apporté beaucoup à l’amélioration des Musa au niveau international et il a participé à ce titre à de nombreuses conférences et réunions internationales. Ren était un personnage important pour le Réseau régional de l’INIBAP pour l’Amérique latine et les Caraïbes au sein duquel sa participation et ses interventions étaient des plus appréciées. Reynold Gonsalves était Directeur du Jamaican Banana Board depuis 1996. Il était marié et avait quatre fils et une fille. Son autre centre d’intérêt était les courses de chevaux et il était Président de la Jamaica Racing Commission. Phil Rowe Le dimanche 25 mars 2001, Phillip R. Rowe est décédé à l’âge de 62 ans à La Lima (Honduras). Pendant plus de 30 ans, il avait consacré sa carrière à l’amélioration des bananiers et des bananiers plantain. Il a créé plusieurs variétés exceptionnelles qui sont aujourd’hui distribuées dans le monde entier, depuis la Floride jusqu’en Ouganda, où elles atténuent considérablement les effets des ravageurs et des maladies des bananiers, notamment la cercosporiose noire et la fusariose. Phil est né dans l’Arkansas, où il a fait ses études primaires et secondaires. Après avoir obtenu un PhD. à l’université de l’État du Michigan, il est parti avec son épouse, Jeannette, au Honduras pour travailler à la United Fruit Company. Il est devenu rapidement chef du programme d’amélioration des bananiers, dont il a conservé la responsabilité lorsque cette entreprise privée a été transformée en un institut de recherche public, la Fundación Hondureña de Investigación Agrícola (FHIA). Les remarquables hybrides de la FHIA, créés par Phil, figurent parmi les variétés de bananiers les plus performantes du monde. Huit de ces hybrides ont été intégrés dans les essais du Programme international d’évaluation des Musa. Ils se sont révélés résistants aux multiples ravageurs et maladies, hautement productifs et capables de fournir une performance stable dans des conditions environnementales très diverses. Sur la base de ces résultats, ces hybrides ont été sélectionnés et sont progressivement diffusés dans les zones de production bananière. Ils offrent un intérêt particulier pour les petits exploitants qui cultivent des sols marginaux sans pesticides ni engrais. Là où ils ont été introduits, ces hybrides sont rapidement adoptés. Des projets sont en cours pour les distribuer aux petits producteurs du Nicaragua et de Tanzanie, où ils ont déjà augmenté les rendements dans une proportion d’un tiers. Mais c’est Cuba, où les hybrides de la FHIA ont été adoptés à grande échelle, qui fournit la démonstration la plus impressionnante. L’augmentation des rendements enregistrée dans ce pays, en l’absence de toute application de pesticides, a exercé un impact considérable et immédiat sur les revenus des producteurs. Le dévouement à la tâche de Phil continuera de rendre service à des millions de personnes dans le monde entier. Sa générosité, son humour et sa compassion demeureront assurément dans la mémoire du cercle plus restreint des amis, collègues et connaissances qui ont bénéficié de son altruisme. Il laisse derrière lui son épouse, deux fils et un petit-fils. Dans le témoignage qui suit, son collègue et ami de longue date, Franklin Rosales, coordinaINFOMUSA — Vol 10, N° 1 teur régional de l’INIBAP pour l’Amérique latine et les Caraïbes, rend hommage à Phil en brossant un tableau de sa vie. In memoriam Il est difficile de parler d’un ami qui vient de nous quitter. On voudrait résumer en quelques lignes toutes les bonnes choses qu’il a accomplies, mais bien vite, on se rend compte que ce n’est pas si facile. Faut-il, en Phil Rowe, évoquer l’ami, le chercheur, le père, le frère, l’époux, le conseiller, le confident ? On hésite à privilégier l’un ou l’autre aspect, car il excellait dans chacun d’entre eux. Quoi qu’on dise, en définitive, ce sera toujours trop peu pour donner une idée réelle de l’influence qu’il a exercée en ce monde. C’était un “bon Samaritain”, et davantage encore que celui de la Bible, car il a aimé et secouru les gens non pas une fois, mais chaque jour de sa vie. Chaque jour, à la grille d’entrée de la station de sélection de Guarumas, à la Lima, ou sur le chemin menant à la station, il y avait une file de gens qui l’attendaient pour lui demander de l’aide. Une aide que Phil leur donnait toujours sans hésitation. Bien des garçons et des filles ont reçu de lui une “bourse” pour aller à l’école primaire ou secondaire. Combien ? Seuls Phil et le Bon Dieu le sauront jamais, car il a toujours fait en sorte que personne ne “découvre” l’ampleur de ses œuvres de bienfaisance. Parmi les gens qu’il protégeait au quotidien figuraient des paraplégiques, des veuves, des personnes âgées, des malades. Comme l’a dit son fils aîné, Mark : “La sollicitude de mon père vis-à-vis des pauvres restera dans toutes les mémoires. Quand quelqu’un frappait à notre porte, il ne repartait jamais sans un peu d’argent, un bon conseil ou quelque chose à manger. Ayant grandi dans une famille très modeste, il a toujours eu à cœur d’aider les plus démunis.” Ayant travaillé avec Phil pendant plus de 10 ans, je peux dire que les mots sont indigents pour rendre compte du témoignage qu’il a porté en tant que chrétien, au vrai sens du terme. Je reverrai toujours le sourire serein qui éclairait son visage, quel que soit le problème auquel nous pouvions nous trouver confrontés, et sa main toujours ouverte pour donner de l’aide à tous ceux qui en avaient besoin. Il était modeste, et cela même quand nous devions présenter un rapport aux donateurs. Il disait toujours : “J’aime voir les yeux des donateurs quand ils viennent me demander ce que nous avons fait de l’argent ou ce qu’il nous a permis d’obtenir.” Quand on lui demandait ce qu’il voulait pour le programme d’amélioration, il répondait sans hésitation toujours la même chose : “De nouveaux pollinisateurs.” Jamais il n’a rien demandé pour lui-même ; et jamais il n’a promis davantage que ce qu’il était possible d’attendre du travail INFOMUSA — Vol 10, N° 1 qu’il faisait. Il n’a même jamais demandé de nouveau véhicule, alors que nous ne disposions que d’une vieille guimbarde pour nous déplacer. Pour vous donner une idée de ses désirs matériels, je peux vous dire qu’il n’a jamais possédé que deux voitures pendant toute sa vie professionnelle au Honduras (plus de 30 ans !) : une vieille Chevrolet et une Toyota rouge dont Jeanette, son épouse, se servait pour aller faire les courses à San Pedro Sula. La première, il l’a vendue à un missionnaire pour une bouchée de pain et il riait chaque fois qu’il racontait l’histoire : “Jamais je n’ai vu de visage plus heureux que celui de ce missionnaire quand je lui ai dit qu’il pouvait avoir la vieille Chevy pour 300 dollars.” Il ne s’inquiétait pas de l’argent ni de choses matérielles – non parce qu’il était riche, mais parce qu’il aimait vivre simplement. Il disait toujours : “Quand on aime les choses simples, on vit plus facilement et plus heureux que n’importe qui.” Il était parfaitement heureux à dormir sous la tente, avec rien d’autre à manger que des haricots rouges et des tortillas. Parfois, il me parlait en riant du jour où il avait essayé de jouer en bourse : “Franklin”, me disait-il, “tu ne peux pas savoir à quel point je suis content de ne pas avoir gagné de l’argent, car pour te dire la vérité, je ne sais pas ce que j’en aurais fait.” Phil avait un caractère positif et enthousiaste, non seulement dans son travail d’hybridation qui était sa “passion”, mais aussi dans toutes ses autres activités. Il ne connaissant pas l’adversité ; il gardait toujours espoir, même quand la situation semblait désespérante à d’autres. Doté d’un merveilleux sens de l’humour, il était toujours prêt à plaisanter. Quand il faisait un exposé sur l’amélioration variétale, il commençait invariablement par une blague, dont il était le premier à rire. Il était de nature très calme. Quand on lui cherchait querelle, il ne ripostait pas, même si on lui disait des paroles désobligeantes. À la manière d’un Gandhi, il avait une “patience de moine” et s’efforçait de résoudre tous les problèmes de manière pacifique. En revanche, il se “battait” pour les membres de son équipe, afin de leur obtenir de meilleures conditions de travail, et l’on en voyait les résultats chaque année quand l’administration lui demandait de les évaluer. De tout le personnel de la FHIA, c’étaient toujours ses techniciens qui recevaient les meilleures notes. Il était fier d’eux et s’efforçait de les aider à progresser, même si cela pouvait se traduire occasionnellement par une réprimande. Et en tous lieux, il s’est toujours efforcé de convaincre les gens que l’“amélioration traditionnelle” était la meilleure solution pour les bananes et les bananiers plantain. Malheureusement, il y a eu très peu de gens qui ont compris le message de Phil ou qui étaient prêts à exprimer des vues al41 Phil Rowe (au centre) avec deux paysans cubains qui ont obtenu le record mondial de poids pour un régime de FHIA-03 : 84.5 kg! lant dans le sens de sa vision. A mon avis, très peu de gens se rendent compte actuellement de la portée de son travail et de la signification qu’il aura pour l’humanité dans les années à venir. Parmi les rares interlocuteurs qui comprenaient et appréciaient le travail de Phil figurent les Cubains. Nous sommes allés ensemble à Cuba et, de la Havane jusqu’à Guantanamo à l’autre bout de l’île, nous avons visité toutes les plantations contenant des hybrides de la FHIA. La gratitude que les Cubains lui ont exprimée, à tous les niveaux de la hiérarchie, était phénoménale et je ne doute pas qu’il l’a appréciée au plus profond de son coeur. Comme l’a dit José Manuel Alvarez dans son message de condoléances : “À Cuba, nous nous souviendrons toujours de lui avec admiration, amour et respect ; et ces sentiments se matérialiseront dans toutes les plantations de notre île où les fruits de son travail sont aujourd’hui en train de fleurir.” Lorsque nous sommes rentrés au Honduras, il a arboré pendant plusieurs jours un si large sourire que Jeanette lui a dit. “Phil, je ne sais pas ce que tu as fait à Cuba, mais chaque fois que je voudrai voir un sourire heureux sur ton visage, je n’aurai qu’à t’envoyer de nouveau là-bas.” Comme je l’ai déjà dit, il est difficile de parler de Phil, car tout ce qu’on peut dire ne suffira jamais. Je garderai le souvenir d’un ami très cher, d’un patron qui était un sélectionneur remarquable, mais avant tout d’une personne faisant preuve d’une grande sensibilité pour les aspects sociaux et humains de l’existence. Il était humble comme le sont tous les grands chercheurs, il était modeste, simple, noble, effacé et toujours bon. Il a servi les pauvres de ma42 nière silencieuse mais abondante. Son ambition était de créer un meilleur type de banane ou de banane plantain, qui permettrait, dans le monde entier, de nourrir les gens qui dépendent presque exclusivement de cette culture pour leur subsistance. Je suis certain que le rêve de Phil de voir ses bananiers hybrides cultivés dans tous les coins de la planète ne tardera pas à se matérialiser. Et j’espère qu’un jour, je pourrai le rejoindre au ciel où il se trouve maintenant. Franklin E. Rosales Nouvelles de l’INIBAP Nouveaux recrutements Kim Jacobsen rejoint l’INIBAP comme chercheur associé au sein du bureau d’Afrique de l’Ouest et centrale. Son poste, financé par la Vlaamse Vereniging voor Ontwikkelingsamenwerking en Technische Bijstand (VVOB), est axé sur le développement et le transfert de technologie et sur la nématologie. Après avoir étudié la zoologie et l’embryologie des nématodes pendant sept ans (avec des interruptions) à l’université de Gand en Belgique, elle a obtenu un Masters et s’achemine vers un PhD. Entrant en fonction à l’INIBAP le 1er mai, elle passera ses trois premiers mois en Ouganda, où elle secondera Guy Blomme et se familiarisera avec le projet de gestion intégrée des ravageurs mis en œuvre en Afrique de l’Est et australe. Elle sera ensuite détachée tout d’abord à l’IITA, puis au Centre africain de recherche régionale sur bananiers et plantains (CARBAP, anciennement CRBP) au Cameroun, et consacrera une grande partie de son temps à des recherches en milieu paysan et en laboratoire sur les méthodes de lutte intégrée permettant de limiter les dégâts des nématodes sur les bananiers. Elle s’intéressera aussi au transfert de technologie et contribuera aux activités du bureau d’Afrique de l’Ouest et centrale. Mr Kamulindwa a rejoint l’IPGRIINIBAP le 3 mai 2001 en tant qu’administrateur du projet ‘Nouvelles approches de l’amélioration de la production bananière en Afrique de l’Est – les applications des biotechnologies’, financé par le Gouvernement ougandais. Avant de rejoindre l’INIBAP, Mr Kamulindwa a travaillé dans différentes instances telles que le ministère des Finances d’Ouganda, CRRE International, le CIAT-Afrique et Heifer Project International. Il arrive donc à l’INIBAP avec une riche expérience dans la gestion de projets. Il partagera son temps entre le NARO-KARI à Kawanda (75%) et le bureau régional de l’INIBAP à Kampala (25%). Colloque sur l’agriculture en Asie Un colloque scientifique organisé conjointement par l’Asian Crop Science Association (ACSA), la Society for the Advancement of Breeding Research in Asia and Oceania (SABRAO) et la Federation of Crop Science Societies of the Philippines (FCSSP) a eu lieu du 24 au 27 avril à Manille (Philippines) sur le thème “sécurité alimentaire et protection de l’environnement au nouveau millénaire”. L’INIBAP et l’IPGRI avaient un stand commun présentant des informations sur la distribution des différents types de bananiers dans le monde, ainsi que des panneaux et posters sur les activités de leurs réseaux et sur l’importance des bananes et autres ressources phytogénétiques pour la sécurité alimentaire. À cette occasion, une démonstration pratique a été faite sur l’utilisation de MUSADOC 2000 et du prototype du CD-ROM multimédia sur la banane. Environ 500 chercheurs en sciences agricoles et décideurs de la région et d’ailleurs étaient présents à cet événement. Parmi les autres centres internationaux proposant un stand figuraient l’Institut international de recherches sur le riz (IRRI), l’Institut international de recherche sur l’élevage (ILRI) et l’International Service for the Acquisition of Agri-biotech Applications (ISAAA). Quatrième réunion du Comité de pilotage de MUSACO La quatrième réunion du Comité de pilotage du Réseau Musa pour l’Afrique de l’Ouest et centrale, MUSACO, a eu lieu du INFOMUSA — Vol 10, N° 1 2 au 4 avril 2001 à Accra (Ghana). Le ministre ghanéen de l’Environnement, des Sciences et de la Technologie a prononcé le discours d’ouverture. Tout en encourageant les chercheurs à continuer à mettre au point des technologies pour développer la production des bananes et bananes plantain, il a regretté l’absence des producteurs à cette réunion. Après le discours de bienvenue de Walter Alhassan, directeur général du Council for Scientific and Industrial Research, Marcel Nwalozie a annoncé que le Conseil ouest et centre africain pour la recherche et le développement agricoles (CORAF) allait fournir des fonds à MUSACO pour lui permettre d’achever la collecte d’informations de base sur la production bananière en Afrique de l’Ouest et centrale. À la différence des réunions précédentes, dans lesquelles les rapports nationaux servaient de base aux discussions, la réunion de cette année a été structurée autour des projets en cours (culture périurbaine de la banane, évaluation de matériel génétique et collecte d’informations de base sur la production bananière) et des présentations de l’équipe ghanéenne de recherche sur les plantains. Les représentants de l’IITA, de l’INIBAP et du CORAF ont également fait le point sur les activités de ces institutions. Des chercheurs de l’université du Ghana, du Crops Research Institute, de la Kwame Nkrumah University of Science and Technology et du ministère de l’Alimentation et de l’Agriculture ont présenté des rapports succincts sur les activités de recherche-développement bananière menées au Ghana dans divers domaines comme la nématologie, la virologie et la multiplication des rejets. Par exemple, les “champs-écoles” organisés par le projet national de lutte intégrée contre les ravageurs permettent de former les paysans ghanéens aux méthodes d’assainissement Vues du stand INIBAP au Colloque sur l’agriculture en Asie. Participants de la quatrième réunion du Comité de pilotage de MUSACO. INFOMUSA — Vol 10, N° 1 43 des rejets de plantains pour l’établissement de nouvelles parcelles. On a sélectionné les producteurs qui participeront au projet de culture périurbaine au Ghana et au Bénin, et des pépinières et serres d’acclimatation ont été construites dans l’un et l’autre pays. Au Ghana, le projet est mis en œuvre par le Crops Research Institute, le ministère de l’Alimentation et l’Agriculture et World Vision International aux abords de Kumasi et de Sekondi-Takoradi, respectivement deuxième et troisième villes du pays. Le projet du Bénin est implanté à la périphérie de Cotonou et d’Abomey Calavi sous la direction de l’Institut national de recherche agricole du Bénin (INRAB) et du CARDER-Atlantique. Dans les deux pays, le personnel du projet a été formé aux méthodes de sevrage et d’acclimatation des vitroplants. Les essais d’évaluation de matériel génétique seront entièrement mis en place à la fin de cette année. Le sevrage et l’acclimatation des vitroplants ont entraîné quelque retard dans certains des neuf pays impliqués. Les participants ont recommandé d’organiser un cours pour familiariser les chercheurs et techniciens avec ces opérations. L’Institut international d’agriculture tropicale (IITA), l’INIBAP et le réseau rechercheront conjointement des fonds à cet effet. La collecte de données de base sur la production bananière a lieu dans neuf des 12 pays membres du réseau, mais pour l’instant, seuls quatre d’entre eux ont mené cette tâche à bien. Un jeune chercheur détaché auprès du secrétariat de MUSACO par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) doit aider à accomplir ce travail, et des fonds seront mis à disposition pour les enquêtes. Le coordinateur du Programme international d’évaluation des Musa (IMTP) de l’INIBAP, Jean-Vincent Escalant, a invité les pays membres à participer soit aux essais d’évaluation approfondie, soit aux essais d’évaluation de la performance. Il a été demandé aux pays qui veulent s’engager dans des essais IMTP de nommer des candidats pour le cours sur les affections foliaires et la collecte des données prévu en juin 2001 en Asie. Adiko Amoncho, représentant l’Afrique de l’Ouest et centrale au sein du Comité de pilotage de PROMUSA, a présenté un bref rapport sur la réunion de PROMUSA tenue en Thaïlande. Soulignant le faible degré de représentation des chercheurs de la région au sein des groupes de travail, il a invité les représentants des pays membres à nommer des chercheurs pour l’un des cinq groupes. Une délégation spéciale du ministère camerounais de la Recherche scientifique et technique a annoncé la création du Centre africain de recherche régionale sur les ba44 naniers et plantains (CARBAP). La création de CARBAP démontre la volonté du Gouvernement camerounais de donner une véritable dimension régionale à ce centre qui prend la relève du CRBP. Dans le cadre du programme Musa commun pour l’Afrique subsaharienne, qui établit des liens entre les activités de l’IITA et de l’INIBAP, la revue MusAfrica est désormais coéditée par les deux institutions. Les membres ont été invités à en informer leurs collègues et à leur demander d’envoyer des contributions à l’IITA ou à l’INIBAP. Des informations sur les activités du réseau MUSACO sont placées sur les sites Web de l’INIBAP et du CORAF. Le CORAF a offert d’accueillir des discussions électroniques sur son serveur. La présidente de MUSACO, Mme Adèle Sambo du Gabon, a été réélue à son poste et il a été décidé que la cinquième réunion du Comité de pilotage du réseau aura lieu à Cotonou (Bénin). Visite de chercheurs ouest-africains en République dominicaine et au Costa Rica Dans les zones de bas-fonds humides de l’Afrique de l’Ouest et centrale, la banane plantain occupe une place de premier plan parmi les cultures vivrières et commerciales. Le CORAF, organisme coordonnant la recherche et le développement agricoles dans cette sous-région, en a reconnu l’importance en faisant de la banane plantain l’un de ses axes prioritaires. Les rendements moyens de la sous-région, se situant à moins de 10 t/ha, arrivent loin derrière ceux de l’Amérique latine et des Caraïbes, où des techniques améliorées sont appliquées. En avril 2001, deux producteurs, quatre chercheurs et deux vulgarisateurs du Bénin, du Cameroun, du Ghana, de Côte d’Ivoire et de Guinée (Conakry), accompagnés par le coordinateur régional de l’INIBAP pour l’Afrique de l’Ouest et centrale et par le chef du Département séminaires et études du Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA), ont participé à un cours d’une durée de 10 jours sur les techniques de production des bananes plantain qui a eu lieu tout d’abord en République dominicaine, puis au Costa Rica. Le CTA et l’INIBAP ont financé cette visite d’étude, à laquelle le Centro para el Desarrollo Agropecuario y Forestal (CEDAF) et le bureau régional de l’INIBAP pour l’Amérique latine et les Caraïbes ont apporté un appui logistique. Les objectifs de cette visite consistaient à : • étudier les différents systèmes de production de bananes plantain de la République dominicaine et du Costa Rica, et les comparer avec ceux de l’Afrique de l’Ouest et centrale afin d’identifier les similitudes et les différences ; • échanger des informations sur les techniques de production avec des chercheurs, vulgarisateurs et producteurs dominicains et costa-riciens ; • établir des liens avec des chercheurs d’Amérique latine et des Caraïbes dans le cadre du réseau MUSALAC coordonné par l’INIBAP. Des chercheurs et vulgarisateurs de République dominicaine se sont joints au groupe pendant deux journées d’exposés et de discussions dirigées par Sylvio Belalcázar, chercheur colombien initiateur des techniques mises en œuvre. Le groupe a rendu visite à un producteur installé à Moca dans la province d’Espallat en République dominicaine, qui, avec une forte densité de plantation, récolte 110 000 doigts de plantains par hectare et par an au lieu des 27 200 doigts obtenus en moyenne avec les méthodes traditionnelles. Le groupe, incluant les chercheurs de République dominicaine, s’est ensuite rendu au Costa Rica où il a été rejoint par le responsable d’une coopérative de commercialisation de bananes plantain, un vulgarisateur et un chercheur de la Corporación Bananera Nacional (CORBANA). Des discussions animées ont eu lieu avec plusieurs producteurs de la région de Talamanca. Sur leurs exploitations, le poids des régimes est passé de 9-12 kg à 15-20 kg depuis l’adoption d’une densité de plantation plus serrée, et les revenus ont donc fortement augmenté. Les nouvelles techniques consistent essentiellement à : • planter des plantains faux corne avec une forte densité (2500 à 5000 plants par ha) ; • utiliser du matériel végétal uniforme ; • appliquer des engrais, fongicides et pesticides aux stades critiques du développement. Afin de maximiser les rendements, on replante les parcelles après chaque récolte. Si l’on veut que cette technologie puisse porter ses fruits en Afrique de l’Ouest et centrale, il faudrait que les producteurs aient accès au crédit nécessaire pour acheter les intrants, qui doivent aussi être disponibles à des prix abordables. Là où la pluviométrie est insuffisante, il faudrait pratiquer l’irrigation pour répondre aux besoins en eau qu’implique la forte évapotranspiration liée à une densité de plantation élevée. En outre, la commercialisation joue un rôle extrêmement important. Les participants ont jugé unanimement qu’il serait souhaitable de diffuser cette technologie dans la sous-région. Ils ont décidé d’élaborer une requête de financement pour des essais participatifs en milieu paysan destinés à rendre cette technologie applicable dans les conditions biophysiques et socioéconomiques de l’Afrique de INFOMUSA — Vol 10, N° 1 l’Ouest et centrale. Ils ont également convenu que chacun d’entre eux établira une parcelle de démonstration de la culture de bananes plantain avec une forte densité de plantation. Sixième réunion du Comité de pilotage du réseau BARNESA La sixième réunion du Comité de pilotage du Réseau de recherche bananière pour l’Afrique de l’Est et australe a eu lieu les 22 et 23 février 2001 à Zanzibar (Tanzanie). Après l’ouverture de la réunion par le ministre adjoint à l’Agriculture, le ministre de la Santé a prononcé un discours de bienvenue. Les participants ont salué la présence de nouveaux membres du Soudan et d’Érythrée. Plan stratégique du réseau BARNESA Le coordinateur du réseau BARNESA a indiqué que les consultants engagés par l’Union européenne ont achevé l’évaluation des réseaux de l’ASARECA. En conséquence, BARNESA a été classé comme un réseau en émergence et recevra un financement limité de l’UE à partir de juillet 2001. Cependant, la continuité de ce financement sera conditionnée par le réalignement de la stratégie du réseau sur l’approche “orientée vers le marché“ de l’ASARECA. Afin de répondre à cette exigence, les participants ont décidé de créer un Comité spécial pour travailler à la finalisation du plan stratégique du réseau BARNESA. Ils ont établi des termes de référence et un calendrier de travail pour ce Comité. Les membres du Comité de pilotage ont aussi observé que les priorités du réseau BARNESA, telles qu’elles avaient été définies dans le plan stratégique initial, demeurent valables, mais qu’il faudra les situer dans le contexte d’une recherche orientée vers le marché. À cet égard, ils ont noté que le Comité de pilotage, composé exclusivement de chercheurs en sciences biologiques, manque actuellement d’expertise dans le domaine de la commercialisation. Ils ont reconnu qu’il s’agit là d’une lacune pour une recherche orientée vers le marché. Ils ont donc décidé de demander au Comité spécial de formuler des recommandations en vue de l’admission de nouveaux membres qui pourront combler les lacunes constatées au sein du Comité. Activités en cours Guy Blomme, coordinateur adjoint pour l’Afrique de l’Est et australe, a fait le point sur le projet de lutte intégrée contre les ravageurs et les maladies des bananiers, financé par le DFID (Royaume-Uni), qui est mis en œuvre au Kenya, en Tanzanie et en Ouganda. Plusieurs réunions ont été organisées aux niveaux régional et local pour présenter le projet et ses objectifs aux parINFOMUSA — Vol 10, N° 1 ties prenantes. Dans chaque pays, on a sélectionné un site pour le projet et commencé à collecter des données de base. Les options qui doivent être testées sont déterminées en collaboration avec les producteurs participant au projet et tous les essais seront effectués en milieu paysan. Plusieurs techniques intéressantes sont envisagées, notamment l’utilisation de plantes, de cendres et d’urine de bovins comme pesticides naturels. Charles Eledu, chercheur chargé du projet de collecte d’informations de base sur la recherche et la production bananières, financé par la fondation Rockefeller, a présenté une description de ce projet. Celui-ci, auquel participent six pays, est mis en œuvre en collaboration avec l’IITA et la NARO de l’Ouganda. Il est prévu qu’il sera étroitement lié avec le programme de recherche sur les sols de la NARO, également financé par la fondation Rockefeller. Les équipements nécessaires, et en particulier le matériel et le logiciel SIG, sont maintenant en place et il est espéré que des progrès rapides seront faits dans la collecte et l’analyse des données disponibles sur la recherche et la production bananières. Le chercheur de l’INIBAP responsable de la conservation du matériel génétique a fait une présentation sur le Programme international d’évaluation des Musa (IMTP). Il a été demandé aux membres du réseau BARNESA d’envisager de participer à ce programme en accueillant soit des “essais d’évaluation de la performance“, soit des “essais d’évaluation approfondie“. Plusieurs pays ont exprimé leur intérêt pour ces essais. La présidente de BARNESA a présenté un rapport sur la réunion de PROMUSA tenue en novembre 2000 en Thaïlande, à laquelle elle participait en tant que représentante des SNRA d’Afrique de l’Est et australe. Elle a noté que, PROMUSA étant axé principalement sur l’amélioration génétique, les charançons n’étaient pas inclus jusqu’à présent dans le champ de ses activités. Cependant, au cours de cette réunion, il a été recommandé de prendre des mesures pour aller vers la constitution d’un groupe de travail sur les charançons. C’est là une excellente nouvelle pour la région du réseau BARNESA, où les charançons sont l’une des principales contraintes pour la production. Programme conjoint INIBAP/IITA pour l’Afrique Afin de renforcer leur collaboration, l’INIBAP et l’IITA ont décidé d’opérer une fusion de leurs programmes de recherche bananière en Afrique. Cela signifie que les deux institutions planifieront et exécuteront conjointement leurs activités en Afrique de l’Ouest et en Afrique de l’Est. Il est espéré que cela améliorera la diffusion des résultats et facilitera la collaboration avec les SNRA. La revue MusAfrica est désormais coéditée par les deux institutions. Les membres du Comité ont été priés d’en informer leurs collègues et de leur demander d’envoyer des contributions à l’IITA ou à l’INIBAP. Le mandat du (ou de la) présidente de BARNESA étant renouvelable une fois, Mary Wabule du KARI (Kenya) continuera d’exercer cette fonction en 2001-2002. Il a été convenu que la prochaine réunion aura lieu en Éthiopie. Le coordinateur a proposé que cette réunion soit organisée parallèlement à une réunion nationale des parties prenantes, afin de permettre aux membres du Comité d’avoir des interactions avec les acteurs locaux de la recherche et de la production bananières, et cette proposition a été retenue. Projet de biotechnologies Le projet intitulé “Nouvelles approches de l’amélioration de la production bananière en Afrique de l’Est – les applications des biotechnologies”, financé par le Gouvernement ougandais, va de l’avant. Conjuguant les expertises de l’Institut international d’agriculture tropicale (IITA), de la National Agricultural Research Organization (NARO), de l’université de Makerere, du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), de la Katholieke Universiteit Leuven (KUL) et de l’INIBAP, ce projet vise à accroître la production des variétés de bananiers d’altitude d’Afrique de l’Est en améliorant leur résistance à la cercosporiose noire, aux nématodes et aux charançons. À ce projet travaillent le chef du laboratoire de culture de tissus de la NARO, l’administrateur et quatre techniciens. On est en train d’équiper le laboratoire et des mesures sont prises pour assurer que tout le matériel électrique fonctionne sans àcoups. Il est aussi prévu de réaménager le “Coffee Building” de la station de recherche de la NARO pour accueillir un laboratoire de biologie moléculaire qui contribuera aux études en cours et permettra de développer les capacités dans ce domaine. On est en train de mettre en place un approvisionnement régulier en bourgeons mâles pour fournir le matériel de départ servant à l’établissement de suspensions cellulaires embryogènes. Pour l’instant, ce sont des producteurs qui fournissent ce matériel, mais les plants cultivés à la station de recherche de la NARO à Kawanda assureront bientôt un approvisionnement suffisant. Actuellement, 450 plants appartenant à quatre cultivars différents ont été établis. Leur culture sera gérée avec le plus grand soin afin d’éviter les attaques de cercosporiose noire, nématodes, charançons et virus. 45 Un cours sur la culture de tissus a eu lieu du 19 au 25 avril 2001 à la NARO. Animé par trois chercheurs de la KUL et du Département des productions fruitières et horticoles (Cirad-Flhor), il a permis de familiariser le personnel du projet avec les méthodes appliquées pour inoculer les différents types de matériel de départ, obtenir des cultures embryogènes et établir des suspensions cellulaires embryogènes. Plus de 200 bourgeons mâles de quatre variétés différentes, rejets de six cultivars et cultures méristématiques de six autres variétés de bananiers en provenance de la collection de matériel génétique de l’INIBAP ont été inoculés. Le chef du laboratoire de culture de tissus, Mlle Priver Namanya, recevra une formation complémentaire aux méthodes d’établissement de suspensions cellulaires à la KUL et au CIRAD. Enfin, des contacts ont été établis avec des partenaires potentiels au Royaume-Uni : John Innes Centre, université de Leeds et DFID. Le John Innes Centre a élaboré et soumis au DFID une requête pour un projet complémentaire de transformation génétique des bananiers d’altitude d’Afrique de l’Est. Le service de coopération au développement de l’ambassade de France à Kampala a aussi réservé un accueil favorable à ce projet. grammes de l’INIBAP et de l’IITA en Ouganda. Les connaissances acquises faciliteront l’exécution du projet et la diffusion des techniques de lutte intégrée dans les trois pays concernés et ailleurs. Cours de formation sur le MGIS et atelier sur les Noms et synonymes en Inde Un cours national de formation sur le système d’information sur le matériel génétique bananier (MGIS) s’est tenu à Tiruchirapally, Tamil Nadu, en Inde du 21 au 24 Mai. Le cours était co-organisé avec le National Research Centre on Banana (NRCB) sous la supervision de S. Sathiamoorthy et S. Uma. Douze responsables de collection, venus des régions de production Participants du cours de formation MGIS. Cours sur la lutte intégrée contre les ravageurs et les maladies Un projet de lutte intégrée contre les ravageurs et les maladies des bananiers, financé par le DFID et facilité par l’INIBAP, est actuellement mis en œuvre par les SNRA d’Ouganda, de Tanzanie et du Kenya. Dans ce cadre, un cours a été organisé du 3 au 10 mai 2001 à l’intention des techniciens de terrain et des chercheurs. Ce cours, qui a eu lieu au Kawanda Agricultural Research Institute (KARI-NARO) en Ouganda, portait sur les éléments suivants : ravageurs et maladies des Musa, techniques de lutte intégrée, diversité des cultivars, méthodes de recherche participative en milieu paysan, aspects socioéconomiques et systèmes de production. Cette formation combinait des exposés et des sessions pratiques sur l’application des protocoles d’évaluation des ravageurs et des maladies. Une visite sur des exploitations a permis d’examiner de plus près les aspects socioéconomiques de la recherche participative et l’évaluation de la distribution et de l’incidence des ravageurs et des maladies. Ce cours regroupait 15 participants : vulgarisateurs, techniciens des SNRA, chercheurs, représentants d’ONG, représentants de projets de “champs-écoles” de la FAO, responsables de collections de bananiers, un membre du projet KCDP de Kagera en Tanzanie, et Kim Jacobsen, experte associée de la VVOB en visite d’orientation de trois mois auprès des pro46 Applications pratiques du cours MGIS dans une bananeraie. Participants de l’atelier sur les Noms et synonymes. INFOMUSA — Vol 10, N° 1 bananière les plus importantes d’Inde (Andrah Pradesh, Karnataka, Kerala, Tamil Nadu, West Bengal, Andaman et îles Nicobar) ont participé à ce cours. Les participants se sont montrés très enthousiastes à propos du MGIS et quant à son utilité comme outil de gestion des banques de gènes. Le MGIS a également été perçu comme un support très utile à l’échange d’information sur les ressources génétiques non seulement avec des responsables de collection d’Inde mais aussi de l’ensemble de la région asiatique et audelà. En incluant les participants formés durant ce cours, le nombre total de responsables de collection formés au MGIS est maintenant de 40. Le MGIS contient aujourd’hui 4122 références et l’INIBAP travaille actuellement à sa mise en ligne pour consultation gratuite sur Internet. Le cours de formation sur le MGIS a été suivi par un atelier sur les Noms et synonymes des variétés de bananier en Inde. Cet atelier s’est avéré un excellent complément au cours, apportant une occasion, pour les responsables de collection, de discuter des questions relatives à la biodiversité des bananiers en Inde. Un grand nombre de synonymes est en effet déjà reconnu pour les bananiers dans ce pays mais un certain nombre d’accessions n’existant que dans certaines régions ont été identifiées lors de l’atelier. Le rôle important que peut jouer le MGIS dans la clarification des noms et des synonymes est devenu évident au cours de ces deux ateliers. Livres etc. Strategies for utilization of genetic variation in plantain improvement (Stratégies pour l’utilisation de la variation génétique dans l’amélioration des bananiers plantain) Dirk R. Vuylsteke Thèse soumise pour l’attribution posthume d’un Ph.D. en sciences agricoles et biologiques appliquées, Katholieke Universiteit Leuven (K.U.Leuven), Belgique Le 30 janvier 2000, Dirk R. Vuylsteke, éminent chercheur bananier empreint d’humanitarisme, disparaissait dans un tragique accident d’avion. Les membres de sa famille, en particulier son épouse Kathelyne et leurs enfants Sarah et Yannick, ont décidé, avec l’aide de leurs amis, de mettre à la disposition de la communauté des chercheurs bananiers les éléments les plus significatifs de ses vingt années de reINFOMUSA — Vol 10, N° 1 Thèse Caractérisation de la résistance partielle des bananiers à la maladie des raies noires et évaluation de la variabilité de l’agressivité de l’agent causal, Mycosphaerella fijiensis Thèse de Doctorat présentée à la Faculté Universitaire des Sciences Agronomiques, Gembloux, Belgique, 2000. Les programmes d’amélioration génétique chez le bananier visent la création de nouvelles variétés partiellement résistantes à la maladie des raies noires. L’objectif principal de cette étude était de caractériser les composantes de cette résistance à l’aide de paramètres du cycle infectieux, de juger de leur poids épidémiologique et d’évaluer la variabilité de l’agressivité de l’agent pathogène. Des différences significatives ont été mises en évidence entre cultivars partiellement résistants pour certaines séquences du cycle infectieux tant en conditions natu- relles que contrôlées. Ainsi, certaines composantes de résistance ont été suggérées. Le dispositif expérimental utilisé au champ n’a toutefois pas permis de juger du poids épidémiologique de certaines d’entre elles. Par ailleurs, une faible variabilité de l’agressivité chez M. fijiensis a été détectée et aucune interaction spécifique n’a été mise en évidence. Ces résultats ont une implication pour la sélection de résistances partielles efficaces et durables. Titre original : Partial resistance assessment of bananas against the black leaf streak disease and evaluation of the aggressiveness variability of the causal agent, Mycosphaerella fijiensis. cherche à l’IITA en publiant sa thèse de doctorat. Dirk en a rédigé l’introduction générale et la synthèse en août 1997 à Copenhague, et il a lui-même sélectionné neuf de ses articles (publiés dans des revues spécialisées internationales ou dans des livres collectifs) qui forment les chapitres de cette thèse. Tous les matériaux inclus dans celle-ci ont été récupérés sur son ordinateur personnel dans son bureau à Namulonge (nom de fichier : Magnum Opus) et compilés chez lui à Kampala en avril 2000. Cette thèse, dont le promoteur à la K.U.Leuven était le Prof. ém. Edmond De Langhe, se compose de quatre parties : I. Introduction générale ; II. La variation somaclonale chez les bananiers plantain (regroupant trois articles de revues scientifiques et un chapitre de livre) ; III. L’hybridation des bananiers plantain (regroupant un article de revue scientifique, trois homologations de matériel génétique et un chapitre de livre) ; et IV. Stratégies pour l’amélioration des bananiers plantain. Le Prof. Rony L. Swennen en a fait la présentation oralement lors de la soutenance qui a eu lieu le 29 mars 2001 à la K.U.Leuven. La thèse de doctorat de Dirk témoigne de ses idées novatrices et de son dévoue- ment à la cause de l’amélioration des Musa, dont il souhaitait voir bénéficier en particulier les petits producteurs africains. Comme le souligne son directeur de thèse, le Prof. De Langhe, dans l’hommage qu’il lui rend en préambule, “Particulièrement frappant est le tout dernier paragraphe de sa thèse qui, de manière prophétique, formule son credo en quelques phrases, un credo dont on peut constater actuellement qu’il repose sur une vision juste et scientifiquement mature.” Selon les propres termes de Dirk : “La condition indispensable, pour viabiliser la culture de cette plante pérenne à reproduction végétative, est de disposer d’un matériel génétique de Musa amélioré, à base large et capable de résister aux ravageurs et aux maladies. On pourra obtenir ce matériel en combinant les méthodes d’amélioration conventionnelles avec des techniques innovantes, destinées à introduire une variation génétique additionnelle. En outre, le recours aux marqueurs moléculaires permettra d’accélérer le processus de sélection récurrente du matériel amélioré, de façon à faciliter la création de nouveaux hybrides. L’amélioration des bananiers et des bananiers plantain offre des perspectives illi- Abdelbasset El Hadrami 47 mitées et l’intensification des efforts dans ce domaine ne manquera pas d’ouvrir une nouvelle phase de l’évolution des Musa.” Cette thèse de doctorat, ainsi que les nombreux autres articles de revues et chapitres de livres que Dirk a publiés, demeureront à jamais une source d’inspiration pour ses collègues et pour la nouvelle génération de scientifiques œuvrant à l’amélioration de cultures tropicales négligées par la recherche. Résumé On a longtemps considéré que le bananier plantain ne se prêtait pas à l’amélioration génétique, seules des variétés indigènes étant cultivées en dépit de nombreuses années d’efforts d’hybridation. Cependant, les avancées récentes de plusieurs programmes d’amélioration des Musa démontrent que la production de matériel génétique amélioré de bananier plantain et de bananier à l’aide des méthodes d’hybridation conventionnelles pourrait déboucher sur l’obtention de nouveaux cultivars pour la consommation locale et la production commerciale. L’intérêt récent pour l’amélioration des Musa est né principalement de l’épidémie de cercosporiose noire, maladie pour laquelle on dispose désormais de cultivars résistants. L’attention des améliorateurs se tourne à présent vers les autres contraintes qui limitent la production, notamment les nématodes, la fusariose et les affections virales. Les nouveaux progrès de l’amélioration devraient permettre d’ériger les Musa au rang de culture moderne. Il s’avère que beaucoup de sous-groupes de Musa ont des taux de production de graines qui peuvent être exploités. On connaît de mieux en mieux les aptitudes à la combinaison, les groupes hétérotiques et la génétique des caractères qualitatifs et quantitatifs, ce qui confère davantage d’efficacité aux efforts d’amélioration. Des études sont en cours sur une diversité de systèmes d’amélioration combinant les méthodes conventionnelles et des approches innovantes pour produire des cultivars potentiels à partir de tétraploïdes primaires, de triploïdes secondaires et d’autres populations. Plusieurs génotypes améliorés font actuellement l’objet d’évaluations multilocales qui mettent en lumière les interactions génotype x environnement et la stabilité des caractères essentiels. Pour certains sousgroupes importants de Musa (Cavendish, plantain faux corne) qui demeurent récalcitrants aux méthodes d’amélioration conventionnelles, les biotechnologies offrent des perspectives prometteuses. Cependant, la variation somaclonale obtenue par culture de tissus est d’un intérêt limité pour l’amélioration des plantains, car elle ne fait essentiellement qu’imiter la variation qui se produit à l’état naturel 48 et l’on constate que les variants somaclonaux ne donnent qu’une médiocre performance horticole. Le but des recherches décrites dans cette thèse était de promouvoir une approche non plus empirique, mais scientifique, de l’amélioration des bananiers plantain (et des bananiers). Son auteur espérait aussi qu’elle contribuerait, ne serait-ce qu’indirectement, à la transformation si nécessaire de l’agriculture africaine traditionnelle en un système moderne reposant sur les acquis de la science et de la technologie, et privilégiant la durabilité. Disponibilité Pour obtenir un exemplaire de cettethèse de doctorat, contacter : Prof. R.L. Swennen, K.U.Leuven, Laboratory of Tropical Crop Improvement Kasteelpark Arenberg 13 B-3001 Leuven, Belgique Tél : (32-16) 32 14 20 Fax : (32-16) 32 19 93 ou Siège de l’INIBAP Parc Scientifique Agropolis 2 34397 Montpellier Cedex 5, France Tél : (33) 4 67 61 13 02 Fax : (33) 4 67 61 03 34 du catalogue est accompagnée d’une photo et d’une description morphotaxonomique de la plante telle qu’elle peut être observée sur le terrain. Cette publication repose sur les informations que les responsables des collections de matériel génétique de Guadeloupe, du Cameroun, d’Australie et d’Ouganda ont fournies à l’INIBAP au travers du Système d’information sur les ressources génétiques des Musacées (MGIS). Des exemplaires de Musalogue II sont disponibles au siège de l’INIBAP. Cryoconservation de matériel génétique de bananier Bart Panis et Nguyen Tien Thinh Guides techniques INIBAP 5 Edité par J.V. Escalant et S. Sharrock ISBN : 2-910810-44-5 Cette publication décrit les méthodes de cryoconservation mises au point pour les tissus de bananier à la KUL (Katholieke Universiteit Leuven, Belgique) et au Musalogue II – Diversity in the genus Musa J. Daniells, C. Jenny, D. Karamura et K. Tomekpe Compilé par E. Arnaud et S. Sharrock ISBN : 2-910810-42-9 L’INIBAP vient de publier la deuxième édition de Musalogue – un catalogue sur la diversité des Musacées. Cette publication contient des descriptions et des photos des différentes espèces et variétés, couvrant l’essentiel de la diversité présente au sein de ce genre. Le catalogue est divisé en deux parties. La première concerne les espèces sauvages : sections Australimusa, Callimusa, Eumusa et Rhodochlamys tandis que la seconde donne des informations sur les variétés cultivées. Chaque entrée JIRCAS (Japanese International Research Centre for Agricultural Sciences). Elle fournit les protocoles détaillés des opérations à effectuer à chaque étape, de la préparation du matériel végétal à la reprise et à la régénération de plantes entières. Les techniques employées sont spécifiques au type de tissu destiné à être maintenu en cryoconservation: méristèmes individuels, massifs de méristèmes (structures en choufleur), suspensions cellulaires embryogènes et embryons zygotiques. Chaque méthode est illustrée par des figures et des photographies couleur. Les avantages et les limites de chaque méthode sont indiqués et les possibilités d’optimisation sont discutées. Ce guide technique devrait faciliter l’adoption et l’utilisation des méthodes décrites. Il comprend également une liste de références bibliographiques et des informations pratiques: composition des milieux de culture et des solutions, et liste de l’équipement de base nécessaire. Ce guide est aussi publié en anglais et en espagnol. Cette publication est disponible au siège de l’INIBAP à Montpellier. INFOMUSA — Vol 10, N° 1 A tentative key for identification and classification of Indian bananas Asie. Une première conférence internationale sur la fusariose, organisée en 1989 à Miami, avait donné lieu à la publication d’un H.P. Singh, S. Uma et S. Sathiamoorthy Il existe en Inde une riche diversité de bananiers, plus de 90 variétés distinctes ayant été identifiées dans les différentes banques de matériel génétique du souscontinent. Cependant, la multitude des synonymes (généralement en langues vernaculaires) fait qu’il est difficile de déterminer systématiquement les identités entre cultivars d’un site à un autre. Par exemple, pour le cultivar bien connu “Poovan”, on a recensé pas moins de 27 syno- nymes dans le pays. Cette publication fournit une clé pour classer les cultivars de bananiers indiens sur la base du système de classification génomique de Simmonds et Shepherd. Elle décrit de manière détaillée plusieurs espèces sauvages de Musa et les principaux sous-groupes de bananiers cultivés. Outre la clé de classification, on y trouve une liste des synonymes de chaque cultivar. Un grand nombre de planches en couleur illustrent la diversité des bananiers en Inde et montrent clairement les caractères taxonomiques utilisés dans la clé. A lire absolument par tous ceux qui s’intéressent à la diversité des Musacées en Inde. Pour obtenir un exemplaire de cette publication, contacter : The Director, National Research centre for Banana (ICAR) #17 Ramalinganagar South extension, Vayalur Road, Tiruchirapalli, 620 017, Tamil Nadu, Inde. Courrier électronique : [email protected] ; [email protected] bientalmente amigable” qui s’est tenu au Costa Rica en juillet 1998 est maintenant publiée. Des copies sont disponible auprès du bureau régional de l’INIBAP au Costa Rica. Biologie et biotechnologies cellulaires, incluant les techniques de mutation en vue de la création de nouveaux génotypes de bananiers L’IAEA a reproduit dans un document de travail à distribution limitée (réf : IAEA312.D2.RC.579.3) la version intégrale des contributions présentées au cours de la 3ème réunion IAEA/FAO de coordination de la recherche sur “biologie et biotechnologies cellulaires…”. Les résumés de ces contributions avaient été publiés dans la section PROMUSA (4 pp. VI-XVI) d’INFOMUSA vol. 8, n° 2. ouvrage intitulé “Fusarium wilt of banana”. Depuis lors, la situation a beaucoup évolué. La recherche a été de l’avant, permettant notamment le développement et la diffusion de variétés résistantes, ainsi que la caractérisation biochimique et moléculaire des souches de l’agent pathogène. Un deuxième atelier international a donc été organisé en 1999 afin de faire le point sur la situation actuelle de la maladie et d’identifier les priorités futures de la recherche. Les actes de cet atelier rassemblent les communications scientifiques présentées par des experts internationaux sur les thèmes suivants : diversité de l’agent pathogène ; méthodologie de suivi et de criblage ; amélioration variétale ; et gestion de la maladie. La publication contient aussi des rapports sur les recherches menées dans différents pays d’Asie, du Pacifique, d’Afrique et d’Amérique latine. Cette publication est disponible auprès du bureau régional de l’INIBAP aux Philippines. Organic/environmentally friendly banana production Edité par F.E. Rosales, S.C. Tripon et J. Cerna ISBN : 2-910810-99-2 La version anglaise des actes de l’atelier “Producción de banano orgánico y, o, am- Bientôt disponibles Deux nouvelles fiches techniques sur les maladies des Musa sont actuellement sous presse. La fiche technique N° 9 sur “la Fausse maladie de Panama sur le bananier“ a été préparée par Zaag de Beer, Julio M. Hernández et Sonia Sabadel. La fiche tech- nique N° 10, dont les auteurs sont Africano Kangire et Mike Rutherford, traite d’un “désordre similaire a la fusariose du bananier en Ouganda“. Ces fiches seront disponibles dès juillet en français, anglais et espagnol. Banana Fusarium wilt management : towards sustainable cultivation Edité par A.B. Molina, N.H. Nik Masdek et K.W. Liew ISBN : 971-91751-14-1 La fusariose, qui est l’une des maladies des bananiers les plus dévastatrices à l’échelle mondiale, représente la principale contrainte pour la production bananière en INFOMUSA — Vol 10, N° 1 49 Annonces La FHIA recrute un sélectionneur The Honduran Foundation for Agricultural Research (Fundación Hondureña de Investigación Agrícola – FHIA) is seeking an experienced plant breeder to direct and play an active breeding role in its internationally recognized banana and plantain breeding programme located in La Lima, Honduras, Central America. The successful candidate will have an advanced degree in plant breeding, experience in Musa breeding, experience in research administration, and knowledge and experience in modern techniques used in plant breeding. Fluency in English and Spanish languages is desired. A competitive salary, based on qualifications and experience, plus benefits is offered. Interested parties please contact Dr Dale T. Krigsvold, Director of Research at [email protected]; Telephone: (504) 6682809; Fax (504) 668-2313 or send applications with résumés to Recursos Humanos, FHIA, Apartado Postal 2067, San Pedro Sula, Cortés, Honduras 21105 or by E-mail at [email protected]. Applications will be received until a suitable candidate is found. Bourses de recherche Vavilov-Frankel 2002 L’IPGRI a créé le Fonds des bourses de recherche VavilovFrankel pour commémorer les éminentes contributions à l’étude des végétaux apportées par l’Académicien Nikolai Ivanovich Vavilov et par Sir Otto Frankel. Ce Fonds a pour objet d’encourager la conservation et l’utilisation des ressources phytogénétiques dans les pays en développement grâce à l’octroi de bourses de recherche à de jeunes chercheurs de haut niveau. Ces bourses de recherche permettront aux candidats sélectionnés de mener des recherches pertinentes et novatrices en dehors de leur pays d’origine pendant une période allant de trois mois à un an. Les recherches devront avoir une utilité évidente pour le pays d’origine du boursier. Les bourses sont cumulables avec d’autres sources de soutien. En l’an 2002, 50 000 dollars US au total seront disponibles pour ces bourses, dont le montant individuel ne pourra dépasser 25 000 dollars US. Les bourses sont destinées à couvrir les frais de voyage, de subsistance, de laboratoire et de matériel, ainsi que la participation à des conférences et toute autre dépense appropriée. Les recherches doivent concerner des sujets innovants liés à la conservation et à l’utilisation des ressources phytogénétiques, tels que les nouvelles technologies et stratégies de conservation, les aspects socio-économiques et humains de leur conservation et de leur utilisation, la gestion du matériel génétique, les ressources génétiques forestières, le développement de politiques, l’évaluation et l’atténuation de l’érosion génétique, ainsi que la conservation et l’utilisation de plantes cultivées particulières. Il est peu probable que des projets ciblés uniquement sur l’amélioration des plantes ou la caractérisation moléculaire soient sélectionnés. Les boursiers sont encouragés à présenter leurs travaux à une conférence internationale. Celle-ci pourra avoir lieu dans l’année suivant l’expiration de la bourse. Les bourses de l’an 2002 s’adressent à des ressortissants des pays en développement âgés de 35 ans au plus et titulaires d’un diplôme de maîtrise (ou l’équivalent) et/ou d’un doctorat dans une discipline pertinente. Des formulaires de candidature en anglais, en espagnol ou en français peuvent être obtenus auprès de : VavilovFrankel Fellowships, IPGRI, Via dei Tre Denari 472/a, 00057 Maccarese (Fiumicino), Rome, Italy; Fax: (39)0661979661 ou par courrier électronique: [email protected] ou URL http://www.ipgri.cgiar.org/training/vavilov.htm et devront être renvoyés à la même adresse. Les candidatures peuvent être envoyées par courrier, fax ou courrier électronique. Les candidatures doivent être reçues à l’IPGRI le 16 novembre 2001 au plus tard. Les dossiers de candidature devront être obligatoirement rédigés en anglais, en espagnol ou en français et devront comprendre une lettre d’introduction, le formulaire de présentation de candidature dûment rempli, un curriculum vitae complet, une proposition de recherche (maximum 1000 mots indiquant clairement les objectifs, la faisabilité, la méthodologie et le matériel utilisés, une justification des liens avec les ressources phytogénétiques, ainsi que les résultats et impacts envisageables), une lettre d’acceptation de l’institut d’accueil envisagé et une lettre de soutien de l’institut d’origine. Les candidats seront informés de l’issue donnée à leur candidature le 31 mars 2002 et devront démarrer leur programme de recherche avant le 31 décembre 2002. VIe Symposium international sur les biotechnologies des plantes (1ère annonce) IPB, Cuba, 17-21 Juin 2002 Ce symposium est organisé par l‘Instituto de Biotecnología de Las Plantas (IBP) et l’Université centrale “Marta Abreu” de Las Villas, Villa Clara, Cuba. Les principaux thèmes abordés seront les suivants :Transformation génétique et biologie moléculaire ; Culture de tissus ; Embryogenèse somatique et semences artificielles ; Propagation en masse ; Amélioration des plantes par mutagenèse ; Variation somaclonale et sélection in vitro ; Assainissement et diagnostic des microorganismes pathogènes ; Contamination microbienne dans 50 les cultures de tissu in vitro ; Obtention de métabolites secondaires ; Information, commerce et propriété intellectuelle dans le cadre des biotechnologies des plantes. Pour de plus amples informations, contacter : Lic. Orlando Gregorio Chaviano, Instituto de Biotecnología de Las Plantas, Carretera a Camajuaní km. 5.5, Santa Clara, Villa Clara, Cuba. Courrier électronique : [email protected] Des informations plus détaillées et un formulaire d’inscription (anglais et espagnol) sont également disponibles à l’adresse suivante : http://www.inibap.org/actualites/villaclara/indexevenin.htm INFOMUSA — Vol 10, N° 1 Les adresses de l’INIBAP Siège Parc Scientifique Agropolis II 34397 Montpellier Cedex 5 - FRANCE E-mail : [email protected] http://www.inibap.org Directeur : Dr Émile FRISON E-mail : [email protected] Responsable de l’amélioration génétique : Dr Jean-Vincent ESCALANT E-mail : [email protected] Responsable des ressources génétiques : Melle Suzanne SHARROCK E-mail : [email protected] Responsable de l’Information et de la Communication : Melle Claudine PICQ E-mail : [email protected] Responsable du MGIS : Melle Élizabeth ARNAUD E-mail : [email protected] Responsable Financier : Mr Thomas THORNTON E-mail : [email protected] Bureau Régional pour l’Amérique latine et les Caraïbes Coordinateur Régional : Dr Franklin E. ROSALES Expert associé, transfert de technologies : Luis POCASANGRE C/o CATIE Apdo 60-7170 Turrialba, COSTA RICA Tel/Fax : (506) 556 2431 E-mail : [email protected] Bureau Régional pour l’Asie et le Pacifique Coordinateur Régional : Dr Agustín MOLINA C/o IRRI Collaborators Center 3rd Floor Los Baños, Laguna 4031 PHILIPPINES Fax : (63 2) 891 12 92 E-mail : [email protected] Bureau Régional pour l’Afrique occidentale et centrale Coordinateur Régional : Dr Ekow AKYEAMPONG BP 12438 Douala, CAMEROUN Tel/Fax : (237) 42 91 56 E-mail : [email protected] Bureau Régional pour l’Afrique orientale et australe Coordinateur Régional : Dr Eldad KARAMURA Expert associé, transfert de technologies : Guy BLOMME PO Box 24384 Plot 106, Katalima Road Naguru Kampala, OUGANDA Fax : (256 41) 28 69 49 E-mail : [email protected] Centre de Transit INIBAP (ITC) Responsable : Melle Ines VAN DEN HOUWE Katholieke Universiteit Leuven Laboratory of Tropical Crop Improvement Kasteelpark Arenberg 13, B-3001 Leuven, BELGIQUE Fax : (32 16) 32 19 93 E-mail : ines.vandenhouwe @agr.kuleuven.ac.be Experts associés, Nématologie Inge VAN DEN BERGH C/o VASI Van Diem, Than Tri Hanoi, VIET-NAM Fax : (84 4) 86 13 937 E-mail : [email protected] Thomas MOENS C/o CORBANA Station de recherche La Rita Apdo 390-7210 Guápiles, COSTA RICA Fax : (506) 763 30 55 E-mail : [email protected] Conseils aux auteurs Les textes dactylographiés seront préparés en français, anglais ou espagnol et envoyés au rédacteur en chef de la revue. Ils seront présentés en double interligne. Toutes les pages seront numérotées (y compris les tableaux, figures, légendes et références) à partir de la page de titre. Le titre sera le plus court possible. Mentionnez le nom complet de tous les auteurs ainsi que leur adresse au moment de l’étude. Indiquez également l’auteur auquel doivent être adressées les correspondances. Si le texte a été saisi sur un système informatisé, merci d’envoyer avec votre version imprimée une copie sur disquette ou par courrier électronique en indiquant les références du logiciel de traitement de texte utilisé. Résumés Un résumé dans la langue du texte et éventuellement dans les deux autres langues de la revue devra accompagner la contribution. Il ne devra pas excéder 200 à 250 mots. Sigles Ils seront développés lors de leur première apparition dans le texte et suivis du sigle entre parenthèses. INFOMUSA — Vol 10, N° 1 Bibliographie Les références bibliographiques seront présentées par ordre alphabétique d’auteurs. L’appel à référence dans le texte indiquera le nom de l’auteur et l’année de publication (ex : Sarah et al. 1992). Vous trouverez ci-dessous trois exemples de références parmi les plus courantes : Articles de périodiques : Sarah J.L., C. Blavignac & M. Boisseau. 1992. Une méthode de laboratoire pour le criblage variétal des bananiers vis-à-vis de la résistance aux nématodes. Fruits 47(5): 559-564. Livres : Stover R.H. & N.W. Simmonds. 1987. Bananas (3 rd edition). Longman, Londres, Royaume Uni. Articles (ou chapitres) de publications non-périodiques : Bakry F. & J.P. Horry. 1994. Musa breeding at CIRAD-FLHOR. Pp. 169-175 in The Improvement and Testing of Musa: a Global Partnership (D.R. Jones, ed.). INIBAP, Montpellier, France. Tableaux Numérotez-les et faites référence à ces numéros dans le texte. Chaque tableau sera accompagné d’un titre. Illustrations Numérotez-les et faites référence à ces numéros dans le texte. N’oubliez pas d’indiquer les légendes. Graphiques : Merci de fournir avec le graphique les données brutes correspondantes. Dessins : dans la mesure du possible, fournir des originaux. Photographies noir et blanc : elles doivent être tirées sur papier brillant et très contrastées. Photographies en couleur : fournir un très bon tirage papier ou des diapositives de bonne qualité. Note : Les auteurs citant dans leur article du matériel végétal originaire du Centre de transit de l’INIBAP (ITC) à Leuven ou indexé dans ce centre indiqueront les numéros de code ITC des accessions citées. Merci de suivre ces conseils. Cela facilitera et accélérera le travail d’édition. 51 w w w .in ib ap .o rg Les publications de l’INIBAP Disponibles au Siège central à Montpellier : INIBAP/CTA/CIRAD 2001. J. Daniells, C. Jenny, D. Karamura & K. Tomekpe. Musalogue II – Diversity in the genus Musa (E. Arnaud & S. Sharrock, compil.). INIBAP/CTA/2001. B. Panis & N.T. Thinh. Cryoconservation de matériel génétique de bananier (J.V. Escalant et S. Sharrock, eds). Guides techniques INIBAP 5 INIBAP 2001. Annual Report 2000. INIBAP 2000. M. Holderness, S. Sharrock, E. Frison & M. Kairo (eds). Organic banana 2000: Towards an organic banana initiative in the Caribbean. Report of the international workshop on the production and marketing of organic bananas by smallholder farmers. 31 October-4 November 1999, Santo Domingo, Dominican Republic. INIBAP 2000. G. Orjeda (compil.). Evaluating bananas: a global partnership. Results of IMTP Phase II. INIBAP/EARTH/IDRC 1999. F.E. Rosales, S.C. Tripon & J. Cerna (eds).Organic/ environmentally friendly banana production. Proceedings of a workshop held at EARTH, Guácimo, Costa Rica, 27-29 July 1998 . INIBAP/CRBP/CTA/CF 1999. C. Picq, E. Fouré & E.A. Frison (eds). Bananas and Food Security/Les productions bananières : un enjeu économique majeur pour la sécurité alimentaire. Proceedings of an International Symposium held in Douala, Cameroon, 1014 November 1998. INIBAP/FHIA 1999. F.E. Rosales, E. Arnaud & J. Coto (eds). A tribute to the work of Paul Allen : a catalogue of wild and cultivated bananas. INIBAP/RF/SDC 1999. E.A. Frison, C.S. Gold, E.B. Karamura & R.A. Sikora (eds). Mobilizing IPM for sustainable banana production in Africa. Proceedings of a workshop on banana IPM held in Nelspruit, South Africa, 23-28 November 1998. INIBAP 1999. E. Akyeampong (ed.). Musa Network for West and Central Africa. Report of the second Steering Committee meeting held at Douala, Cameroon, 15-16 November 1998. INIBAP 1999. K. Shepherd. Cytogenetics of the genus Musa. INIBAP 1998. E. Akyeampong (ed.) Musa Network for West and Central Africa. Report of the first Steering Committee meeting held at Douala, Cameroun, 8-10 Decembre 1998. INIBAP 1998. E.A. Frison & S.L. Sharrock (eds). Banana streak virus: a unique virus-Musa interaction? Proceedings of a workshop of the PROMUSA virology working group held in Montpellier, France, 19-21 January 1998. INIBAP 1998. C. Picq (ed.). Segundo seminario/taller de la Red regional de información sobre banano y plátano de America Latina y el Caribe. San José, Costa Rica, 10-11 de Julio 1997. INIBAP 1998. B.K. Dadzie. Post-harvest characteristics of black Sigatoka resistant banana, cooking banana and plants hybrids. INIBAP Technical Guidelines 4. INIBAP 1998. G. Orjeda, en collaboration avec les groupes de travail de PROMUSA sur la fusariose et les cercosporioses. Évaluation de la résistance des bananiers aux cercosporioses et à la fusariose. Guides techniques INIBAP 3. CIRAD/INIBAP 1998. Les bananes. INIBAP/ACIAR 1997. E. Arnaud & J.P. Horry (eds). Musalogue, a catalogue of Musa germplasm: Papua New Guinea collecting missions 1988-1989. INIBAP/CTA/FHIA/NRI/ODA 1997. B.K. Dadzie & J.E. Orchard. Evaluation post-récolte des hybrides de bananiers et bananiers plantain : critères et méthodes. Guides techniques INIBAP 2. INIBAP/CTA 1997. P.R. Speijer & D. De Waele. Evaluation du matériel génétique de Musa pour la résistance aux nématodes. Guides techniques INIBAP 1. INIBAP/The World Bank 1997. E.A. Frison, G. Orjeda & S. Sharrock (eds). PROMUSA: A Global Programme for Musa Improvement. Proceedings of a meeting held in Gosier, Guadeloupe, March 5 and 9, 1997. INIBAP-IPGRI/CIRAD 1996. Descripteurs pour le bananier (Musa spp.). Disponibles directement auprès du bureau régional d’Asie/Pacifique INIBAP-ASPNET/MARDI 2001. A.B. Molina, N.H. Nik Masdek & K.W. Liew (eds). Banana Fusarium wilt management: towards sustainable cultivation. Proceedings of the international workshop on the management of Fusarium wilt disease held in Genting, Malaysia, 18-20 October 1999. INIBAP-ASPNET 2000. R.V. Valmayor, S.H. Jamaluddin, B. Silayoi, S. Kusumo, L.D. Danh, O.C. Pascua & R.R.C. Espino. Banana cultivar names and synonyms in Southeast Asia. INIBAP-ASPNET 2000. A.B. Molina & V.N. Roa (eds). Advancing banana and plantain R & D in Asia and the Pacific. Proceedings of the 9th INIBAP-ASPNET Regional Advisory Committee meeting held at South China Agricultural University, Guangzhou, China, 2-5 November 1999. INIBAP-ASPNET/FFTC 2000. A.B. Molina, V.N. Roa, J. Bay-Petersen, A.T. Carpio & J.E.A. Joven(eds). Managing banana and citrus diseases. Proceedings of a regional workshop on disease management of banana and citrus through the use of disease-free planting materials held in Davao City, Philippines, 14-16 October 1998. INIBAP-ASPNET 1999. V.N. Roa & A.B. Molina (eds). Minutes: Eighth meeting of INIBAPASPNET Regional Advisory Committee (RAC) hosted by the Queensland Horticulture Institute (DPI) in Brisbane, Australia, 21-23 October 1998. INIBAP-ASPNET 1998. Minutes: Seventh meeting of INIBAP-ASPNET Regional Advisory Committee (RAC) hosted by the Vietnam Agricultural Science Institute (VASI) in Hanoi, Vietnam, 21-23 October 1997. INIBAP-ASPNET 1997. V.N. Roa & R.V. Valmayor (eds). Minutes: Sixth meeting of INIBAPASPNET Regional Advisory Committee (RAC) hosted by National Research Center on Banana (ICAR) in Tiruchirapalli, India, 26-28 September 1996. INIBAP-ASPNET 1996. R.V. Valmayor, V.N. Roa & V.F. Cabangbang (eds). Regional Information System for Banana and Plantain – Asia and the Pacific (RISBAP): Proceedings of a consultation/workshop held at Los Baños, Philippines, 1-3 April 1996. (ASPNET Book Series No. 6). PROMUSA N° 7 Sommaire Réunion des facilitateurs des groupes de travail de PROMUSA . . . . . . . . . . . . . .p. I 2ème Symposium international sur la biologie moléculaire et cellulaire du bananier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. II Résumés des communications présentées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. II PROMUSA Un programme mondial pour l’amélioration des Musa • Génomique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. II • L’expression des gènes chez les plantes transgéniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. V • Propriété intellectuelle et organismes génétiquement modifiés . . . . . . . . . .p. VII Réunion des facilitateurs des groupes de travail de PROMUSA • Phytopathologie et résistance aux maladies . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. VII • Biodiversité et évolution . . . . . . . . . .p. XIII • Biochimie et maturation des fruits . .p. XVI Qu’est-ce que PROMUSA ? Le programme mondial pour l’amélioration des bananiers (PROMUSA) est un programme qui cherche à impliquer les principaux acteurs de l’amélioration des bananiers. Il est un moyen de relier le travail mené sur les problèmes des producteurs travaillant pour l’exportation et les initiatives dans le domaine de l’amélioration de la production d’autosubsistance et à petite échelle pour les marchés locaux. Le programme mondial est basé sur les acquis de la recherche et se construit sur les recherche en cours. PROMUSA est donc un mécanisme qui permet de maximiser les résultats et d’accélérer l’impact de l’effort mondial en matière d’amélioration des bananiers. Ce mécanisme novateur, qui permet de catalyser les recherches menées tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du GCRAI, favorise la création de nouveaux partenariats entre les Systèmes nationaux de recherche agricole (SNRA) et les instituts de recherche dans les pays développés et dans les pays en voie de développement. La création de tels partenariats contribue aussi à renforcer la capacité des SNRA à conduire des recherches sur les bananiers. L’une des initiatives majeures de PROMUSA est le développement d’un large éventail de nouveaux hybrides de bananier correspondant aux différentes attentes des petits producteurs du monde entier. Le programme rassemble à la fois les acteurs de l’amélioration conventionnelle, basée sur les techniques d’hybridation et ceux travaillant sur des approches liées au génie génétique et aux biotechnologies. Cet effort en matière d’amélioration génétique s’appuie sur les recherches menées sur des ravageurs et des maladies spécifiques dans le cadre des différents groupes de travail de PROMUSA. Le mécanisme efficace mis en place pour évaluer les nouvelles variétés produites dans le cadre de PROMUSA est une autre composante essentielle du programme. INFOMUSA — Vol 10, N° 1 La première réunion des facilitateurs des groupes de travail de PROMUSA a eu lieu du 18 au 20 avril à Montpellier. Le point a été fait sur les activités des cinq groupes de travail et il a été convenu que le groupe sur l’amélioration génétique continuerait d’opérer sous la forme de deux sous-groupes, plutôt que de se scinder en deux groupes distincts comme cela avait été proposé. Deux niveaux de participation aux groupes de travail ont été identifiés : • ceux qui souhaitent recevoir des informations pour contribuer au développement de la recherche en général ; • ceux qui interviennent plus activement, en participant au développement de la recherche dans les domaines prioritaires définis par le groupe. Les facilitateurs devront se familiariser avec le travail des participants, identifier ceux d’entre eux qui sont le plus actifs, et stimuler les échanges d’informations et l’utilisation de la liste de messagerie électronique. Ils encourageront les membres des groupes de travail à envoyer régulièrement des informations sur les publications, réunions et formations, et à collaborer à la rédaction des projets. Le secrétariat de PROMUSA contribuera à préparer les projets en fournissant des lignes directrices pour leur rédaction, des informations sur les donateurs, des données de référence sur la production des bananes et plantains, et en apportant au besoin une aide pour la mise en forme rédactionnelle. Il a été souligné que les coordinateurs régionaux de l’INIBAP ont pour responsabilité de susciter des participations de toutes les zones productrices de bananes et que le secrétariat doit appuyer le travail des facilitateurs. Il a été décidé de créer une base de données sur les membres de PROMUSA, avec des liens vers les bases de données BRIS et MUSALIT de l’INIBAP. Le contenu de cette base de données sera relativement large et il sera demandé aux membres de fournir des informations sur : • les matériels, outils et méthodes disponibles ; • les matériels biologiques disponibles et les conditions pour les obtenir ; • des informations sur les activités de recherche conjointes en cours et sur les nouveaux domaines de collaboration ; • des informations sur les activités de formation en cours, les domaines de compétence et les infrastructures de formation. Il a été proposé de remanier le site Web de PROMUSA. Chaque groupe de travail aura sa propre page, donnant des informations sur : • les membres (avec un lien vers la nouvelle base de données susmentionnée) ; • les priorités de recherche ; • toutes les bases de données pertinentes sur les divers aspects de la recherche (par exemple, base de données sur Foc) ; • les protocoles et méthodologies disponibles (avec les coordonnées des chercheurs ou institutions à contacter) ; • les publications utiles : fiches techniques, guides techniques, documents de travail (version Word ou PDF) ; • des liens vers d’autres pages Web en rapport avec le domaine. Il a également été proposé de préparer des posters pour les réunions scientifiques, au sujet de PROMUSA en général et des activités des différents groupes de travail. Les participants ont discuté des avantages respectifs des réunions mondiales de PROMUSA et des réunions des groupes de travail. A l’avenir, les réunions mondiales devront toujours être programmées immédiatement après une autre réunion scientifique importante. Le calendrier provisoire suivant a été établi : • groupe de travail sur la nématologie (24-25 mai 2001) après le Symposium international sur la nématologie en Afrique du Sud (21-23 mai 2001); • groupe de travail sur les cercosporioses (mars 2002) en Amérique latine, à la suite du Symposium international sur les affections foliaires des bananiers ; PROMUSA I • groupe de travail sur l’amélioration génétique + réunion sur les stratégies d’amélioration du bananier, à la suite du Troisième symposium international sur la biologie moléculaire et cellulaire du bananier à Louvain, Belgique (septembre/octobre 2002) ; • groupe de travail sur la fusariose – à décider, les suggestions sont bienvenues ; • groupe de travail sur la virologie – à décider, les suggestions sont bienvenues. Il a également été proposé d’organiser les réunions mondiales tous les trois ans, ce qui lais- serait plus de temps aux groupes de travail pour tenir leurs propres réunions spécifiques et progresser dans leurs activités. La prochaine réunion de PROMUSA pourrait donc avoir lieu en 2003, éventuellement à la suite d’un Colloque international sur les bananiers. 2ème Symposium international sur la biologie moléculaire et cellulaire du bananier Le Symposium inaugural sur la biologie moléculaire et cellulaire du bananier avait été organisé par le Boyce Thompson Institute for Plant Research en mars 1999 à Ithaca (New York, EtatsUnis). L’idée était de créer un forum où tous les acteurs de cette discipline pourraient se rencontrer et échanger des informations sur leurs activités de recherche. Au vu de l’énorme succès de cette réunion, il a été décidé de la rééditer sous l’égide de PROMUSA. C’est ainsi que le 2ème symposium international sur la biologie moléculaire et cellulaire du bananier a eu lieu à Byron Bay (Australie) du 29 octobre au 3 novembre 2000. Il était organisé par la Queensland University of Technology (QUT) avec la collaboration locale du CRCTPP (Cooperative Research Center for Tropical Plant Pathology) et du QDPI (Queensland Department of Primary In- Résumés des communications présentées Génomique Induction, détection et utilisation des aneuploïdes pour les études génétiques sur Musa spp. N.S. Roux1, A. Toloza1, J. Dolezel2 et F.J. Zapata-Arias1 1 Plant Breeding Unit, FAO/IAEA Agriculture and Biotechnology Laboratory, Seibersdorf, Autriche; 2Laboratory of Molecular Cytogenetics and Cytometry, Institute of Experimental Botany, Olomouc, République tchèque. Des plants de bananiers polyploïdes et aneuploïdes ont été obtenus par traitement aux rayons gamma et à la colchicine. Une variation du nombre de chromosomes a aussi été observée chez des plantes régénérées par organogenèse ou embryogenèse somatique à partir de cultures de tissus, qui n’avaient été exposées à aucun traitement mutagène. On a analysé les plants hors-type régénérés à l’aide de la cytométrie en flux, selon la méthode décrite par Dolezel et al. (1997), afin d’estimer leur degré de ploïdie et de déterminer la sensibilité de cette méthode II PROMUSA dustries). Le comité d’organisation local a aussi reçu une importante assistance sur le plan international de l’INIBAP, de Zeneca et de la DNAP (DNA Plant Technology Corporation, Etats-Unis). Les participants, venus de pays en développement et de pays développés, ont présenté leurs activités de recherche sur une diversité de sujets. Le symposium était structuré en sessions portant sur les thèmes suivants : génomique ; expression des gènes introduits dans les plantes transgéniques ; phytopathologie et résistance aux maladies ; propriété intellectuelle et organismes génétiquement modifiés ; biodiversité et évolution ; biochimie et maturation des fruits. Des chercheurs internationaux, invités grâce à l’appui reçu des institutions participantes, ont présenté des exposés sur les thèmes “génomique et bananier” (Colin Bird, Zeneca) et “pro- priété intellectuelle et OGM” (Dianne Nicoll, Université de Tasmanie). Les délégués du CSIRO (Commonwealth Scientific and Industrial Research Organization) Plant Industry ont également fait des présentations en introduction aux sessions sur l’expression des gènes chez les plantes transgéniques (Peter Waterhouse), la phytopathologie et la résistance aux maladies (Jeff Ellis) et la biochimie et la maturation des fruits (Simon Robinson). Avec 60 délégués venus de 17 pays et un total de 50 communications, ce symposium est à considérer comme l’un des principaux forums scientifiques sur les bananiers. A titre de contribution additionnelle, l’INIBAP publie ci-après un supplément spécial à PROMUSA regroupant les résumés des présentations faites à cette réunion. pour détecter l’aneuploïdie chez Musa. Avec des noyaux de globules rouges de poulet (GRP) comme témoin, on a calculé l’indice d’ADN en comparant la position du pic des noyaux de GRP et des noyaux de l’échantillon. Au niveau triploïde, la différence minimale entre un plant euploïde (3x) et un plant aneuploïde (3x ± 1) doit être approximativement de 3 %. Par conséquent, tous les plants présentant un indice d’ADN différant de plus de 1,5 % de l’indice établi pour les plants témoins (3x) ont été considérés comme aneuploïdes. On a vérifié les résultats de l’analyse par cytométrie en flux en comptant les chromosomes dans des cellules de méristèmes apicaux des racines (Dolezel et al. 1998). Les résultats obtenus ont montré que la cytométrie en flux était suffisamment sensible pour détecter l’aneuploïdie chez Musa. Cependant, pour détecter l’aneuploïdie avec une précision de ± 1 chromosome, il a fallu des analyses à haute résolution avec un coefficient de variation des pics d’ADN inférieur à 2 %. L’avantage de l’analyse par cytométrie en flux est qu’elle permet de détecter les anomalies de teneur en ADN à un stade précoce de la croissance des plants, et aussi pendant la culture in vitro. En outre, cette méthode permet de détecter la mixoploïdie. Ainsi, on a, dans plusieurs cas, détecté des différences de degré de ploïdie entre les tissus foliaires et les tissus racinaires chez un même plant. Les aneuploïdes sont extrêmement utiles pour les études génétiques de nombreuses espèces végétales comme le maïs, la tomate, le tabac et le blé (Khush 1973). A la suite des travaux de Sears, on a pu constituer une collection de lignées aneuploïdes pour définir les relations entre les chromosomes de blé hexaploïde du point de vue de leur origine et de leur fonction (Law et al. 1987). Chez Musa spp., on rencontre relativement fréquemment des aneuploïdes viables parmi les clones triploïdes. Etant stériles, ils n’offrent qu’un intérêt limité pour les analyses génétiques. Néanmoins, ils peuvent être très utiles pour la cartographie physique et pour établir des relations entre les cartes génétiques et physiques, à l’aide des marqueurs moléculaires déjà disponibles. Références Dolezel J., M. Lysak, I. Van den Houwe, M. Dolezelova & N. Roux. 1997. Utilisation de la cytométrie en flux pour la détermination rapide du degré de ploïdie des espèces de Musa. InfoMusa 6(1):6-9. Dolezel J., M. Dolezelova, N. Roux & I. Van den Houwe. 1998. Une nouvelle méthode de préparation de lames pour l’étude à haute résolution des chromosomes chez Musa. InfoMusa 7(1):3-4. Khush G.S. 1973. Cytogenetics of aneuploids. Academic Press, New York, USA. INFOMUSA — Vol 10, N° 1 Law C.N., J.W. Snape & A.J. Worland. 1987. Aneuploidy in wheat and its uses in genetic analysis. Pp. 71-108 in Wheat breeding : its scientific basis (F.G.H. Lupton, ed.). Chapman & Hall, Londres. Remerciements Nous remercions Ines Van den Houwe (INIBAP) pour les clones végétatifs de Musa et Rony Swennen (K.U. Leuven) pour les suspensions cellulaires embryogènes de Musa. Cette étude a été financée par un projet de recherche conjoint FAO/AIEA/DGCI (Direction générale de la coopération internationale belge). Elle a été réalisée dans le cadre du Programme mondial pour l’amélioration des Musa (PROMUSA). Cytogénétique moléculaire et analyse cytométrique des génomes de Musa J. Dolezel, M. Valárik, J. Vrána, M. Dolezelová, J. Safár, M. Lysák et H. Simková Laboratory of Molecular Cytogenetics and Cytometry, Institute of Experimental Botany, Olomouc, République tchèque. La cytométrie en flux et la cytogénétique moléculaire ont fait progresser la connaissance du génome de Musa aux niveaux nucléaire et chromosomique. L’analyse par cytométrie en flux, méthode pratique et efficace pour estimer la teneur en ADN nucléaire du bananier (Dolezel et al. 1994), est utilisée pour vérifier le degré de ploïdie du matériel des collections existantes, caractériser le matériel nouvellement collecté et évaluer la stabilité caryologique in vitro. Grâce à son débit élevé, cette méthode peut être facilement intégrée dans les programmes d’amélioration génétique existants. On peut envoyer des échantillons aux laboratoires équipés d’un cytomètre en flux, car il ne faut qu’une petite quantité de tissus végétaux. Cette méthode permet aussi de déterminer la dimension du génome nucléaire. On a constaté que les génomes de Musa sont petits, et que le génome B est plus petit que le génome A (Lysák et al. 1999). Il reste à mettre au point des protocoles fiables et rapides pour détecter l’aneuploïdie et pour trier les flux de chromosomes. Etant donné la petite taille et la faible différenciation morphologique des chromosomes de Musa (Dolezel et al. 1998), la cytogénétique moléculaire offre des perspectives très prometteuses pour analyser le caryotype et étudier l’organisation chromosomique. Tandis que l’hybridation in situ d’ADN génomique sert à déterminer la constitution génomique des hybrides (D’Hont et al. 2000), l’hybridation in situ en fluorescence (FISH) permet la cartographie physique des séquences d’ADN des chromosomes. On a déjà localisé dans les chromosomes de Musa plusieurs catégories de séquences répétitives d’ADN, parmi lesquelles des gènes d’ARN ribosomal, un rétrotransposon et des séquences INFOMUSA — Vol 10, N° 1 du BSV (Balint-Kurti et al. 2000 , Dolezelová et al. 1998 , Harper et al. 1999). Il reste à isoler davantage de séquences d’ADN et à les cartographier pour élucider la structure moléculaire des chromosomes et établir les mécanismes de différenciation des génomes de Musa. L’identification de chaque chromosome à l’aide des séquences d’ADN cartographiées physiquement permettra d’analyser leur comportement et leur ségrégation pendant leur évolution et dans le cadre des programmes d’amélioration génétique. Les séquences d’ADN à copie unique et à faible nombre de copies cartographiées physiquement fourniront les sites d’ancrage nécessaires pour intégrer les cartes physiques et génétiques. Références Balint-Kurti P.J., S.K. Clendennen, M. Dolezelová, M. Valárik, J. Dolezel, P.R. Beetham & G.D. May. 2000. Identification and chromosomal localization of the monkey retrotransposon in Musa sp. Mol. Gen. Genet. 263:908-915. D’Hont A., A. Paget-Goy, J. Escoute & F. Carreel. 2000. The interspecific genome structure of cultivated banana, Musa spp. revealed by genomic DNA in situ hybridization. Theor. Appl. Genet. 100:177-183. Dolezel J., M. Dolezelová & F.J. Novák. 1994. Flow cytometric estimation of nuclear DNA amount in diploid bananas (Musa acuminata and M. balbisiana). Biol. Plant. 36:351-357. Dolezel J., M. Dolezelová, N. Roux & I. Van den Houwe. 1998. Une nouvelle méthode de préparation de lames pour l’étude à haute résolution des chromosomes chez Musa. InfoMusa 7(1):3-4. Dolezelová M., M. Valárik, R. Swennen, J.P. Horry & J. Dolezel. 1998. Physical mapping of the 18S25S and 5S ribosomal RNA genes in diploid bananas. Biol. Plant. 41:497-505. Harper G., J. Osuji, J.S.P. Heslop-Harrison & R. Hull. 1999. Integration of banana streak badnavirus into the Musa genome: Molecular and cytogenetic evidence. Virology 255:207-213. Lysák M.A., M. Dolezelová, J.P. Horry, R. Swennen & J. Dolezel. 1999. Flow cytometric analysis of nuclear DNA content in Musa. Theor. Appl. Genet. 98:1344-1350. Remerciements Cette étude, effectuée dans le cadre du Programme mondial pour l’amélioration des Musa (PROMUSA), a été financée par le contrat de recherche n° 8145/RB de l’Agence internationale de l’énergie atomique. Marqueurs pour déterminer l’intégrité génomique : des variants somaclonaux de bananiers utilisés comme système modèle C.A. Cullis1, K. Kunert2 et B. Okole3 de cellules végétales subissant un ou plusieurs cycles de croissance cellulaire désordonnée. La plupart des processus de transformation utilisés pour produire des plantes transgéniques comprennent au moins une étape dans laquelle on cultive des cellules pour régénérer ensuite des plantes. Par conséquent, tous les individus transgéniques obtenus par cette méthode peuvent contenir une variation, même en l’absence de toute mutation visible. A l’aide des techniques RAPD et AFLP, on a déjà mis en évidence beaucoup d’altérations génomiques chez des plantes transgéniques. Bien qu’on ait constaté que des polymorphismes similaires se produisent de manière répétée, aucun des variants ne s’est révélé utile pour prédire le niveau de variation génomique qui a eu lieu. Dans cette étude, des hors-types bien connus issus de la culture de tissus de bananiers ont servi de système modèle pour identifier les régions du génome qui sont particulièrement susceptibles de changer et pour développer des marqueurs permettant de déterminer l’ampleur du changement. On a procédé à l’analyse des différences représentatives pour isoler les différences génomiques entre deux paires de cultivars de bananiers normaux et variants – entre Williams et un hors-type masada/chlorotique et entre un individu Curare Enano normal et un hors-type nain (cette dernière paire ayant été fournie par R. Swennen). Dans l’un et l’autre cas, on a identifié des différences entre les clones. Beaucoup de séquences étaient communes aux deux groupes de produits de l’analyse différentielle, en dépit du fait qu’ils correspondaient à des phénotypes aberrants différents. L’un des produits identifiés était une séquence minisatellite qui s’est aussi révélée labile chez le palmier dattier. Ces résultats apportent de nouveaux éléments pour démontrer la présence d’un segment labile du génome qui est modifié de manière préférentielle lors de la production de variants somaclonaux. On est en train de poursuivre la caractérisation des produits de l’analyse différentielle afin de développer une série de marqueurs qui pourront servir à identifier les changements génomiques précoces, et aussi à diagnostiquer les phénotypes spécifiques résultant du processus de culture de tissus. Identification de marqueurs AFLP et ISSR associés aux variants somaclonaux nains chez les bananiers Cavendish T.R. Benatti1, S.A.C.D. Souza1, J.A. Scarpare2 Filho, P.C. Santos3, A. Tulmann Neto1, E.A. Kido1 et A. Figueira1 1 Case Western Reserve University and NovoMark Technologies LLC, Cleveland, Ohio 44106, Etats-Unis; 2Botany Department, Forestry and Agricultural Biotechnology Institute, University of Pretoria, Pretoria 0002, Afrique du Sud; 3African Biotechnologies (PTY) LTD, Tzaneen 0850, Afrique du Sud. 1 Centro de Energia Nuclear na Agricultura, Universidade de São Paulo, CP 96, Piracicaba, SP, 13400-970, Brésil; 2 ESALQ-USP (Escola Superior de Agricultura « Luiz de Queiroz », Universidad de São Paulo), Brésil; 3UNESP (Universidade Nacional do Estado de São Paulo), Ilha Solteira, Brésil. E-mail : [email protected] Il est depuis longtemps établi que la variation somaclonale est un sous-produit de la multiplication Lors de la production de vitroplants, une variation somaclonale se produit communément chez cer- PROMUSA III Centro de Investigación Científica de Yucátan, Calle 43 #130, Colonia Churburna de Hidalgo, CP 97200, Mérida, Yucatan, Mexique. l’ADN dans les feuilles de vitroplants de bananiers “Grande Naine” (Musa AAA). Les explants utilisés étaient issus de jeunes apex floraux mâles ou de rejets, et les cultures induites à partir de ces explants ont été repiquées cinq fois. Des tissus foliaires équivalents ont été prélevés sur dix plants multipliés de manière conventionnelle pour servir de témoins pour l’analyse MSAP (Xiong et al. 1999). On a utilisé dix combinaisons d’amorces pour l’analyse AFLP et huit amorces pour l’analyse MSAP. On n’a constaté aucune différence significative entre les deux types d’explants avec l’AFLP ou le MSAP dans les tissus foliaires des plants obtenus par multiplication conventionnelle. Cependant, le nombre de polymorphismes de l’ADN était significativement plus élevé chez les vitroplants que chez les explants dont ils étaient dérivés. En outre, il s’est avéré que l’origine de l’explant exerçait une influence significative sur le taux de polymorphismes mis en évidence par l’AFLP, les régénérants dérivés de l’inflorescence présentant une plus forte variation (6,36 %) que ceux dérivés de rejets (3,96 %). On a constaté la méthylation des cytosines dans un total de 107 bandes sur 465 (23 %) chez les vitroplants, tandis que cette proportion était de 18 % chez les plants multipliés de manière conventionnelle. Il n’y avait aucune différence significative dans le taux de polymorphismes de méthylation de l’ADN entre les vitroplants dérivés de l’inflorescence (3 %) et ceux dérivés de rejets (1,7 %). La plupart des bandes polymorphes étaient hyperméthylées et avaient un poids moléculaire élevé (supérieur à 700 pb). C’était aussi le cas de la plupart des bandes hyperméthylées communes à tous les vitroplants, mais qui n’étaient pas méthylées chez les plants multipliés de manière conventionnelle. On a établi une corrélation entre certains plants présentant des polymorphismes AFLP et des plants présentant des polymorphismes de méthylation. La micropropagation engendre donc des changements génétiques (et peut-être aussi épigénétiques) importants chez les plants de bananier “Grande Naine” obtenus par cette voie. Il reste à déterminer si l’hyperméthylation observée chez tous les régénérants est liée à leur développement ou si elle est provoquée par les conditions mêmes de la culture de tissus. Les corrélations constatées entre les polymorphismes AFLP et MSAP démontrent indirectement que l’hyperméthylation peut induire des changements dans les bases, peut-être par déamination (Kaeppler et al. 2000). Nous cultivons actuellement tous les régénérants jusqu’à la maturité dans notre station expérimentale du Yucatan afin de pouvoir procéder à leur caractérisation phénotypique. On a étudié les effets de l’origine de l’explant sur les polymorphismes de l’ADN et sur les changements intervenant dans la méthylation de Références Kaeppler S., H.F. Kaeppler & Y. Rhee. 2000. Epigenetic aspects of somaclonal variation in plants. Plant Mol. Biol. 43:179-188. tains cultivars de bananiers, pour des raisons indéterminées. Il est souhaitable de pouvoir détecter rapidement ces variants lorsqu’on produit des vitroplants à des fins commerciales ou si l’on veut mettre au point des méthodes pour accroître la variabilité à des fins d’amélioration. Les marqueurs moléculaires offrent un grand potentiel pour détecter la variation somaclonale et en identifier les causes. L’objectif de cette étude était de tester l’analyse AFLP (polymorphisme de longueur des fragments d’amplification) et l’analyse ISSR (amplification intermicrosatellite), avec électrophorèse sur gels de polyacrylamide colorés au nitrate d’argent, pour comparer un cultivar Cavendish “Nanicão Jangada” avec son variant somaclonal nain. Sur 12 amorces ISSR testées, deux (16,6 %) présentaient trois fragments polymorphes qui n’étaient présents que chez le variant nain. On a testé toutes les combinaisons d’amorces AFLP du kit AFLP System I (Life Technologies, Rockville, MD, Etats-Unis) en amplifiant un total de 1665 bandes. Chaque combinaison d’amorces a amplifié en moyenne 26,4 fragments allant de 7 à 44 bandes. On a identifié 43 fragments polymorphes (2,6 %), dont 19 (1,1 %) n’étaient présents que chez le variant nain. Les fragments polymorphes étaient stables d’un essai à un autre. On a également fait un essai AFLP de sensibilité à la méthylation, sur la base de la capacité différentielle d’une paire d’isoschizomères à restreindre la cytosine méthylée. On a utilisé une combinaison de 24 amorces pour amplifier l’ADN des deux génotypes. En moyenne, 24,8 fragments ont été amplifiés à partir des ADN traités avec HpaII et 22,1 à partir des ADN traités avec MspI, ce qui est comparable aux résultats obtenus avec l’AFLP normale. Douze bandes polymorphes (2,1 %) étaient présentes uniquement chez “Nanicão Jangada” dans les produits de la digestion avec HpaII, tandis que huit fragments (1,6 %) étaient polymorphes dans les produits de la digestion avec MspI. Seulement trois polymorphismes (0,5 %) pouvaient provenir de différences de méthylation. D’autres variants nains sont actuellement testés avec les mêmes combinaisons d’amorces, et les fragments polymorphes seront clonés et séquencés. Application des techniques AFLP (polymorphisme de longueur des fragments d’amplification) et MSAP (polymorphisme de sensibilité à la méthylation) à la détection des polymorphismes de l’ADN et des changements dans la méthylation de l’ADN chez des vitroplants de bananiers A. James, V. Herrera, L. Peraza et S. Peraza IV PROMUSA Xiong L.Z., C.G. Xu, S. Maroof & Q. Zhang. 1999. Patterns of cytosine methylation in an elite rice hybrid and its parental lines, detected by a methylation-sensitive amplification polymorphism technique. Mol. Gen. Genet. 261:439-466. Les séquences du badnavirus de la mosaïque en tirets chez Musa G. Harper1, T. Schwarzacher2, C. Hansen2, P. Heslop-Harrison2 et R. Hull1 1 John Innes Centre, Colney Lane, Norwich NR4 7UH, Royaume-Uni; 2Department of Biology, University of Leicester, Leicester LE1 7RH, Royaume-Uni. Les données moléculaires et cytogénétiques démontrent de manière incontestable que des séquences du badnavirus de la mosaïque en tirets du bananier (BSV) sont intégrées dans le génome du bananier plantain Obino l’Ewai (AAB) et que ces séquences sont pour l’essentiel identiques à celles d’un virus épisomal qui provoque une infection chez Musa (Harper et al. 1999 , Ndowora et al. 1999). Il existe chez Obino l’Ewai deux locus différant par le nombre de copies des séquences du BSV, et dans au moins l’un d’entre eux, la structure des séquences virales intégrées est réarrangée. Des infections importantes du BSV sont détectées durant la méiose ou la culture de tissus chez certaines variétés contenant le génome B, et les observations tendent à démontrer que l’infection du BSV épisomal est produite par l’activation ou la mobilisation de séquences intégrées du BSV. On a proposé un modèle faisant intervenir une recombinaison, qui établit un lien entre les séquences intégrées et la production de formes réplicatives du virus (Ndowora et al. 1999). Ce phénomène a des implications majeures pour la pathologie, l’amélioration, les mouvements de matériel génétique et la quarantaine. Le phénomène de l’intégration du BSV peut être mis en parallèle avec deux autre cas impliquant des pararétrovirus : le virus de la décoloration des nervures de Petunia (Petunia vein-clearing virus, PVCV) (Richert-Pöggeler and Shepherd 1997) et le virus de la décoloration des nervures du tabac (Tobacco vein-clearing virus, TVCV) (Lockhart et al. 2000). Il existe chez Petunia hybrida un PVCV épisomal qui apparaît à la suite d’un stress environnemental (par exemple, une carence en éléments nutritifs) et chez l’hybride Nicotiana edwardsonii un TVCV épisomal qui apparaît après un changement de durée de la photopériode. Chez ces deux espèces hybrides, on trouve des séquences virales intégrées, pratiquement identiques aux séquences du virus épisomal, avec un grand nombre de copies. De même que pour le BSV du bananier, les séquences virales ne sont intégrées que dans l’un des génomes parentaux de l’hybride, bien que le virus épisomal ne soit pas détectable chez le parent en question. Cela semble indiquer que l’autre génome parental joue un rôle dans l’“activation” des séquences virales chez l’hybride. INFOMUSA — Vol 10, N° 1 Des fragments d’une séquence similaire au pararétrovirus du tabac (TPVL) ont été trouvés dans l’ADN génomique de Nicotiana sp. (Jakowitsch et al. 1999). Nous avons montré que les séquences de pararétrovirus constituent probablement une composante importante et fréquente des génomes des plantes, chez les gymnospermes comme chez les angiospermes. Leur présence a peut-être des effets sur l’inhibition de l’expression de certains gènes et sur l’évolution du génome. Il n’existe encore aucune preuve que ces séquences donnent lieu à de nouveaux symptômes viraux, comme cela semble être le cas pour les séquences pararétrovirales intégrées qui leur sont apparentées. La nature et le contexte génomique des séquences intégrées du BSV sont en cours d’étude chez Obino l’Ewai et chez d’autres variétés. Une séquence modérément répétée, qui flanque la séquence intégrée du BSV chez Obino l’Ewai (MusaOL), est concentrée avec un nombre variable de copies près des centromères de la plupart des chromosomes dans le génome A comme dans le génome B. Le faible nombre d’intégrants apparentés au BSV par génome indique que l’intégration du BSV a eu lieu après l’amplification et la distribution des séquences MusaOL, et qu’il s’agit donc très probablement d’un événement récent. Références Harper G., J.O. Osuji, J.-S. Heslop-Harrison & R. Hull. 1999. Integration of banana streak badnavirus into the Musa genome: molecular and cytogenetic evidence. Virology 255:207-213. Ndowora T., G. Dahal, D. LaFleur, G. Harper, R. Hull, N. Olszewski & B. Lockhart 1999 Evidence that badnavirus infection in Musa can originate from integrated pararetroviral sequences. Virology 255:214-220. Richert-Pöggeler K.R. & R.J. Shepherd. 1997. Petunia vein clearing virus: a plant pararetrovirus with the core sequences for an integrase function. Virology 236:137-146. Lockhart B.E., J. Menke, G. Dahal & N. E. Olszewski. 2000. Characterization and genomic analysis of tobacco vein-clearing virus, a plant pararetrovirus that is transmitted vertically and related to sequences integrated in the host genome. J. Gen. Virol. 81:1579-1585. Jakowitsch J., M.F. Mette, J. van der Winden, M.A. Matzke & A.J.M. Matzke. 1999. Integrated pararetroviral sequences define a unique class of dispersed repetitive DNA in plants. Proceedings of the National Academy of Sciences USA 96(23):13241-13246. La souche OL du virus de la mosaïque en tirets du bananier est-elle le seul intégrant activable du virus dans le génome de Musa ? A.D.W. Geering1, J.N. Parry1, L. Zhang2, N.E. Olszewski3, B.E.L. Lockhart2 et J.E. Thomas1 1 Queensland Horticulture Institute, Department of Primary Industries, 80 Meiers Road, Indooroopilly, QLD 4068, Australie; 2,3Departments of Plant Pathology and Plant Biology INFOMUSA — Vol 10, N° 1 (respectivement), University of Minnesota, St. Paul, Minnesota 55108, Etats-Unis. En 1999, plusieurs infections sévères du virus de la mosaïque en tirets du bananier (BSV) se sont produites dans des plantations d’hybrides IRFA 909, 910 et 914 localisées dans des sites distincts en Nouvelle-Galles du Sud et au Queensland. Ces nouveaux hybrides, provenant du programme d’amélioration des bananiers du CIRAD, faisaient l’objet d’une évaluation pour la résistance à Fusarium oxysporum f.sp. cubense depuis 12 à 18 mois au moment où les symptômes du BSV se sont exprimés. Ils avaient été soumis à des tests par PCR avec immunocapture (IC-PCR) qui avaient donné des résultats négatifs pour le BSVOnne. Toutefois, les tests avaient donné des résultats positifs pour le BSV-Goldfinger chez IRFA 909 et 910. Le badnavirus isolé chez IRFA 914 ne ressemblait à aucun de ceux qui ont été examinés jusqu’à présent. Nous avons appelé cet isolat BSV-IM. Nous avons amplifié l’ADN du BSV-IM avec des amorces PCR dégénérées et, à partir de la séquence du fragment d’ADN, nous avons créé des amorces spécifiques de ce virus. Nous avons ainsi procédé à une nouvelle analyse par PCR qui a montré qu’IRFA 909 et 910 étaient infectés à la fois par le BSV-Goldfinger et par le BSV-IM. Dans une série d’essais échelonnés dans le temps, IRFA 914 n’a donné de réaction positive que pour le BSV-IM, et jamais pour le BSV-GF. Nous avons aussi constaté l’infection d’un plant d’IRFA 914 par le BSV-IM en Nouvelle-Calédonie. En purifiant ce virus chez IRFA 910, nous avons obtenu des clones d’ADN représentant la totalité du génome du BSV-IM. Nous avons entièrement séquencé ce virus et les premières analyses des séquences semblent indiquer qu’il s’agit d’une espèce virale distincte. Lors de la comparaison des protéines codées par les ORF I, II et III du BSV-OL (accession AJ002234 de la banque génétique) et du BSV-IM, les identités de séquences étaient respectivement de 60,5 %, 42,3 % et 64,3 %. Nous avons envisagé la possibilité que le BSV-IM soit issu de séquences virales intégrées. Nos clones viraux se sont hybridés avec l’ADN digéré par EcoRI et HindIII de deux parents diploïdes B des lignées hybrides IRFA, mais ne se sont pas hybridés avec l’ADN digéré de manière similaire d’Obino l’Ewai, de Calcutta 4 et de plusieurs autres cultivars AAA. Les clones viraux se sont aussi hybridés avec l’ADN génomique non coupé des deux parents diploïdes B. Ces derniers n’ont jamais présenté de symptômes du BSV et, dans des essais par immunoélectroscopie sur extraits concentrés de feuilles, ont donné des réactions négatives pour le BSV. Les schémas d’hybridation observés ne correspondent pas à ceux attendus pour un ADN viral épisomal. Ces résultats semblent indiquer que l’infection par le BSVIM résulte de l’activation de séquences intégrées. Nous avons aussi examiné la possibilité que d’autres souches du BSV soient également inté- grées dans le génome de Musa. A l’aide de sondes pour la totalité du génome du BSV-Mys (Geering et al. 2000), nous avons observé des schémas d’hybridation complexes avec l’ADN digéré par EcoRI et HindIII de trois bananiers diploïdes B, ainsi que des cultivars Obino l’Ewai (groupe AAB), Goldfinger (groupe AAAB) et Pisang Ceylan (groupe AAB), ce qui semble indiquer que la séquence du BSV-Mys est intégrée. De manière similaire, en utilisant une sonde de 1,3 kb du BSV-GF (Geering et al. 2000), nous avons détecté un fragment de HindIII d’environ 20 kb dans l’ADN de deux bananiers diploïdes B, ainsi que dans celui des cultivars Obino l’Ewai, Goldfinger et Pisang Ceylan, ce qui laisse à penser que la séquence du BSV-GF y est également intégrée. Nous n’avons observé aucune hybridation entre les sondes BSV-Mys ou BSV-GF et l’ADN d’une série de cultivars AA et AAA, ce qui semble indiquer que l’ADN intégré est lié au génome B des bananiers cultivés. Référence Geering A.D.W., L.A. McMichael, R.G. Dietzgen & J.E. Thomas. 2000. Genetic diversity among Banana streak virus isolates from Australia. Phytopathology 90:921-927. L’expression des gènes chez les plantes transgéniques Obtention de bananiers (Musa spp.) transgéniques par transformation à l’aide d’Agrobacterium J.-B. Pérez Hernández1*, R. Swennen1, V. Galán Saúco2 et L. Sági1 1 Laboratory of Tropical Crop Improvement, Katholieke Universiteit Leuven, Belgique; 2Department of Tropical Fruits, Instituto Canario de Investigaciones Agrarias, La Laguna, Espagne (*Adresse actuelle : Department of Tropical Fruits, Instituto Canario de Investigaciones Agrarias, La Laguna, Espagne). L’évaluation systématique des étapes successives des interactions naturelles entre Agrobacterium et les plantes a permis d’élaborer un protocole de transformation efficace pour le bananier. On a observé chez différentes cellules et différents tissus de plusieurs cultivars de bananiers un phénomène de chimiotactisme et de fixation physique de cellules bactériennes (Pérez Hernández et al. 1999). L’expression transitoire d’un gène reporter a été mise en évidence dans plusieurs tissus cultivés en association avec Agrobacterium induit par vir, les fréquences les plus élevées étant enregistrées dans les cultures de suspensions cellulaires embryogènes. Une transformation stable a été obtenue après sélection sur un milieu contenant de la généticine ou du Basta. Au total, on a régénéré plus de 600 plantes transgéniques au cours de cinq expérimentations distinctes ; plus PROMUSA V de 90 % de ces plantes exprimaient le gène introduit (gfp ou gusA). La caractérisation moléculaire a révélé un schéma d’intégration simple chez la plupart de ces plantes transgéniques. On a criblé des plantes transgéniques contenant le gène codant pour le peptide antimicrobien Ace-AMPI (Cammue et al.) dans un essai sur des morceaux de feuilles et l’on a identifié des plantes susceptibles de présenter une tolérance supérieure aux champignons (Pérez Hernández 2000). Références Pérez Hernández J. B., S. Remy, V. Galán Saúco, R. Swennen & L. Sági. 1999. Chemotactic movement and attachment of Agrobacterium tumefaciens to single cells and tissues of banana. Journal of Plant Physiology 155:245-250. Cammue B.P.A., K. Thevissen, M. Hendricks, K. Eggermont, I.J. Goderis, P. Proost, J. Van Damme, R.W. Osborn, F. Guerbette, J.-C. Kader & W.F. Broekaert. 1995. A potent antimicrobial protein from onion (Allium cepa L.) seeds showing sequence homology to plant lipid transfer proteins. Plant Physiology 109:445-455. Pérez Hernández J.-B. 2000. Development and application of Agrobacterium-mediated genetic transformation to increase fungus-resistance in banana (Musa spp.). Thèse de PhD, Katholieke Universiteit Leuven, Belgique. Une nouvelle méthode de PCR pour caractériser l’insertion des transgènes dans les plantes transgéniques J.-B. Pérez Hernández*, R. Swennen et L. Sági Laboratory of Tropical Crop Improvement, Katholieke Universiteit Leuven, Belgique (*Adresse actuelle : Department of Tropical Fruits, Instituto Canario de Investigaciones Agrarias, La Laguna, Espagne). On a mis au point une méthode de PCR avec ancrage (APCR) pour procéder rapidement à la caractérisation moléculaire de plantes transgéniques obtenues par transformation à l’aide d’Agrobacterium. Des fragments d’ADN génomique, obtenus par digestion par des enzymes de restriction, sont amplifiés spécifiquement avec une amorce spécifique de l’ADN-T combinée à une amorce spécifique de l’adaptateur. La PCR se faisant en conditions suppressives (Siebert et al. 1995), la méthode est considérablement améliorée et permet d’amplifier les fragments APCR spécifiques en une seule étape. L’hybridation Southern de sondes spécifiques des bordures de l’ADN-T avec les fragments APCR a révélé que ceux-ci étaient correctement amplifiés. L’analyse par APCR d’un groupe de 20 bananiers transgéniques a démontré qu’environ 70 % contenaient des insertions d’un ou deux transgènes, ce qui constitue un meilleur résultat que le schéma d’insertion de transgènes chez les plantes obtenues par bombardement de microparticules (Becker et al. 2000). Cette technique a aussi permis de mettre en évidence la structure fine du (ou des) trans- VI PROMUSA gène(s) intégré(s) : on a observé des insertions correctes ainsi que des insertions tronquées, et l’on a pu identifier les plantes contenant les séquences de l’ossature du vecteur. En outre, on a pu facilement reconnaître les plantes transgéniques correspondant à des événements de transformation identiques. Enfin, l’analyse des séquences nucléotidiques de fragments APCR clonés a entièrement confirmé les résultats cidessus (Pérez Hernández 2000). Références Siebert P.D., A. Chenchik, D.E. Kellogg, K.A. Lukyanov & S.A. Lukyanov. 1995. An improved PCR method for walking in uncloned genomic DNA. Nucleic Acids Research 23:1087-1088. Becker D.K., B. Dugdale., M.K. Smith, R.M. Harding & J.-L. Dale. 2000. Genetic transformation of Cavendish banana (Musa spp. AAA group) cv “Grand Nain” via microprojectile bombardment. Plant Cell Reports 19:229-234. Pérez Hernández J.-B. 2000. Development and application of Agrobacterium-mediated genetic transformation to increase fungus-resistance in banana (Musa spp.). Thèse de PhD, Katholieke Universiteit Leuven, Belgique. Promoteurs dérivés de virus et de plantes pour l’expression de transgènes chez le bananier S.R. Hermann, B. Dugdale, O.K. Becker, R.M. Harding et J.-L. Dale Centre for Molecular Biotechnology, Queensland University of Technology, GPO Box 2434, Brisbane QLD 4001, Australie. Des promoteurs dérivés de composants satellites (S1 et S2) du virus du bunchy top du bananier (BBTV) et des gènes de l’actine du bananier ont été isolés et caractérisés chez des bananiers transgéniques. Les promoteurs S1 et S2 du BBTV régulaient l’expression de gènes reporters associés au système vasculaire chez les dicotylédones et les monocotylédones. Chez le bananier, l’activité de ces promoteurs a été intensifiée de manière significative par l’inclusion d’introns dérivés de monocotylédones. Des gènes candidats de l’actine et les séquences associées en 5’ en amont ont été isolés chez diverses plantes sources, dont le bananier, à l’aide d’une nouvelle méthode de PCR avec ligation pour amplifier les séquences flanquantes. On a ensuite caractérisé les niveaux d’expression et la spécificité de tissus d’un gène particulier de l’actine du bananier (ACT1). D’après les résultats de l’analyse Northern, le promoteur ACT1 du bananier est exprimé à la fois dans les tissus reproducteurs et les tissus végétatifs. Chez les bananiers transgéniques, le promoteur ACT1 régulait une forte expression de gènes reporters dans les feuilles et dans les racines. Des troncations du promoteur ACT1 ont montré que tous les éléments régulateurs nécessaires à un niveau d’expression élevé (deux fois supérieur à celui du promoteur CaMV 35S), quasi constitutive, sont situés dans 1,2 kb d’ATG de l’ACT1. Des bananes de meilleure qualité grâce aux biotechnologies P. Balint-Kurti, E. Firoozabady, Y. Moy, J. Mercier, R. Fong, L. Wong et N. Gutterson DNAP (DNA Plant Technology Corporation), 6701 San Pablo Avenue, Oakland, Ca. 94608-1239, Etats-Unis. E-mail : [email protected] Les activités de la DNAP dans le domaine de l’amélioration des bananiers sont axées sur la résistance à la cercosporiose noire. Il s’agit en particulier de comprendre, aux premiers stades du développement des variétés, les caractéristiques des signaux d’expression des gènes candidats. En utilisant les constructions génétiques chimériques uidA pour évaluer la fonction des promoteurs, nous avons réussi à identifier plusieurs promoteurs ayant une activité relativement importante dans les tissus des feuilles, des fruits et des racines. En champ, ces activités semblent se maintenir sur plusieurs générations végétatives. Deux de ces promoteurs ont aussi été utilisés dans des expérimentations visant à retarder la maturation des fruits en inhibant la synthèse de l’éthylène spécifique des fruits par suppression de sens. Dans des essais en champ sur des plantes transgéniques au Costa Rica et dans le sud du Mexique, un certain nombre de lignées ont manifesté un retard significatif de la maturation des fruits sur plusieurs générations. Un fragment d’ARN de ~23 bases permettant de diagnostiquer le phénomène d’inhibition de l’expression du gène a été identifié chez ces lignées. Des lignées transgéniques exprimant cinq gènes putatifs de résistance aux maladies sont actuellement évaluées dans des essais en champ au Costa Rica. Des transformants exprimant 11 autres gènes putatifs de résistance aux maladies ou des combinaisons de ces gènes en sont à des stades divers de développement. Nous appliquons aussi un test sur des morceaux de feuille pour évaluer certaines de nos lignées transgéniques dans notre laboratoire. Les symptômes produits par ce test sont similaires à ceux observés en champ, tant en ce qui concerne leur aspect que leur moment d’apparition et leur spécificité par rapport aux cultivars. Approches biotechnologiques pour l’amélioration des bananiers T.R. Ganapathi, P. Suprasanna, L. Srinivas et V.A. Bapat Plant Cell Culture Technology Section, Nuclear Agriculture and Biotechnology Division, Bhabha Atomic Research Centre, Trombay, Mumbai 400 085, lnde. Les bananes et les bananes plantain, aliments de base de millions de personnes dans les pays en développement, se classent au quatrième rang des cultures vivrières à l’échelle mondiale. L’Inde est le premier pays producteur de bananes. Dans ce pays, la banane occupe la seconde place parmi les cultures fruitières avec INFOMUSA — Vol 10, N° 1 0,4 million d’hectares fournissant une production de 10 millions de tonnes. Cependant, l’application des méthodes d’amélioration conventionnelles est rendue difficile par la nature triploïde de cette plante, seules quelques variétés diploïdes produisant un pollen viable. Pour créer des variétés productives et capables de résister aux maladies, il faut donc faire appel aux biotechnologies. Les activités de notre équipe couvrent les domaines suivants : culture de tissus, embryogenèse somatique, semences synthétiques, mutagenèse in vitro et sélection, empreintes génétiques et transfert de gènes à l’aide d’Agrobacterium. Trente cultivars ou espèces sauvages ont été conservés et multipliés in vitro. Dans des essais multilocaux, les plants issus de culture in vitro se sont caractérisés par un rendement accru, une maturation précoce et un cycle de production plus uniforme. Après traitement de cultures in vitro avec des rayons gamma, l’évaluation en champ de la population irradiée a permis d’identifier un certain nombre de variants prometteurs. Les variants isolés et leurs parents ont fait l’objet d’évaluations en champ et d’études moléculaires à l’aide de RAPD. Nous avons élaboré des protocoles d’embryogenèse somatique à partir de méristèmes apicaux du cv. Rasthali (AAB) et de bourgeons mâles du cv. Shrimanti (AAA). Les cultures cellulaires embryogènes ont été établies avec succès et sont maintenues depuis deux ans par des repiquages réguliers (pour Rasthali). On a obtenu un taux élevé de conversion des embryons somatiques en plants et ceux-ci sont à présent évalués dans des essais en champ. Nous avons standardisé la méthode de transformation de cultures cellulaires embryogènes du cv. Rasthali avec Agrobacterium et nous l’appliquons maintenant couramment pour transférer des gènes. Nous travaillons actuellement avec un peptide antimicrobien, msi99 (homologue synthétique de Magainin). Des études ont montré que ce peptide est efficace pour inhiber la croissance de Fusarium oxysporum, agent causal de la fusariose. Nous l’avons utilisé pour transformer Rasthali, cultivar extrêmement sensible à cette maladie, et des plantes transgéniques ont été régénérées. Propriété intellectuelle et organismes génétiquement modifiés Introduction du thème D. Nicoll Centre for Law and Genetics, Law School, University of Tasmania, GPO Box 252-89, Hobart, Tas 7001, Australie. Il faut désormais s’attendre à ce que la prise de brevet entre de plus en plus dans les préoccupations des chercheurs généticiens. Plusieurs éléments vont dans ce sens : INFOMUSA — Vol 10, N° 1 1. évolution de la recherche scientifique et nécessité de rendre compte de ses résultats en termes économiques ; 2. nature de la recherche dans le domaine des biotechnologies : elle coûte cher, exige beaucoup de temps et ses produits peuvent être facilement copiés ; 3. intervention croissante du secteur privé dans la recherche. Le principal traité international régissant les droits de propriété intellectuelle (DPI) est l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle liés au commerce (ADPIC) qui figure en annexe à l’accord de l’OMC. Si un pays veut faire du commerce, il doit avoir une législation compatible avec l’accord sur les ADPIC. Dans l’article 27 de cet accord, l’objet brevetable est défini comme suit : • 27.1. Les brevets sont obligatoires pour toutes les inventions dans tous les domaines de la technologie. L’invention doit être nouvelle, impliquer une activité inventive (non-évidence) et être susceptible d’application industrielle (utile). • 27.2. Il sera possible d’exclure les inventions dont il est nécessaire d’empêcher l’exploitation commerciale pour protéger l’ordre public ou la moralité, y compris pour protéger la santé et la vie des personnes et des animaux ou préserver les végétaux, ou pour éviter de graves atteintes à l’environnement. • 27.3. Les inventions suivantes pourront aussi être exclues de la brevetabilité : a) les méthodes diagnostiques, thérapeutiques et chirurgicales pour le traitement des personnes ou des animaux ; b) les végétaux et les animaux autres que les micro-organismes ; c) les procédés biologiques d’obtention de végétaux ou d’animaux, mais non les procédés techniques. (Texte intégral de l’Accord disponible sur le site Web de l’OMC : http://www.wto.org/french/tratop_f/ trips_f/t_agm3c_f.htm) La possibilité de breveter le vivant est demeurée incertaine jusqu’à ce que la Cour suprême des Etats-Unis rende l’arrêt Diamond v Chakrabarty 447 US 303 (1980). Par une courte majorité (5 contre 4), elle a décidé que les organismes vivants pouvaient être brevetés. La décision contraire aurait peut-être entraîné une diminution des investissements dans le secteur des biotechnologies. D’après la jurisprudence aux Etats-Unis et en Europe, on peut voir que les limites de la brevetabilité des inventions biotechnologiques ne sont pas encore entièrement définies. 1. Dans leur interprétation du droit des brevets, les tribunaux admettent le principe de la brevetabilité des organismes vivants. 2. L’argument de l’ordre public ou de la moralité n’a de chances de prévaloir que dans les cas les plus extrêmes. 3. Les tribunaux américains s’efforcent de répondre à certains des problèmes liés aux demandes de brevets à couverture très large. L’article 27 de l’accord sur les ADPIC laisse aux pays membres une certaine flexibilité pour décider des types d’inventions biotechnologiques qui sont brevetables. En outre, les tribunaux nationaux ont la possibilité d’interpréter diversement la législation nationale en matière de DPI. Ainsi, chaque pays conserve une certaine liberté pour assurer le niveau de protection des DPI qu’il juge acceptable selon ses propres normes culturelles, morales et légales (en dehors de toutes barrières commerciales). Des institutions et programmes internationaux comme l’INIBAP et PROMUSA ont un rôle important à jouer dans la gestion des DPI. Ils peuvent en particulier influer sur les décisions concernant l’acquisition de matériel génétique pouvant servir à mettre au point des inventions brevetables, ainsi que le transfert des technologies nécessaires pour exploiter ce matériel génétique. Phytopathologie et résistance aux maladies La biologie moléculaire du virus du bunchy top du bananier R.M. Harding, B. Dugdale, G.J. Hafner, C.L. Horser*, R. Wanitchakorn et J.-L. Dale Centre for Molecular Biotechnology, Queensland University of Technology, GPO Box 2434, Brisbane QLD 4001, Australie. (*Adresse actuelle : CSIRO Plant Industry, Canberra, ACT, 2601, Australie). Le bunchy top, causé par un nanovirus (banana bunchy top virus, BBTV), est considéré comme la principale affection virale des bananiers. On rencontre cette maladie dans presque toutes les régions productrices de bananes du monde, à l’exception des Caraïbes et des Amériques. Dans les années 20, le bunchy top était le principal facteur limitant la production bananière en Australie. L’application de mesures phytosanitaires rigoureuses, appuyées par une stricte législation, a permis de contrôler la maladie dans ce pays. Notre groupe travaille depuis une dizaine d’années à la caractérisation de ce virus afin de développer une résistance transgénique et de pouvoir exploiter le virus. En se basant sur les symptômes de la maladie, sa transmission persistante par un puceron et les profils de l’ARN double brin, on a cru tout d’abord que le BBTV était causé par un lutéovirus. Cependant, on sait aujourd’hui qu’il s’agit d’un virus isométrique dont le génome comprend au moins six composantes d’ADN simple brin circulaire (ADN-1 à -6) d’une dimension de 1018 à 1111 nucléotides. Ces différentes composantes de l’ADN ont une organisation génomique commune comprenant : i) un gène majeur dans le sens virion (sauf l’ADN-1 qui contient deux gènes) associé à un signal de polyadénylation ; ii) une région commune majeure conservée (CR-M) et une région en épingle à cheveu PROMUSA VII (CR-SL) ; et iii) une séquence TATA potentielle située en 3’ de l’épingle à cheveu. La région CRM se trouve en 5’ de la région CR-SL et comprend approximativement 92 nt avec au moins 72 % d’homologie entre les composantes de l’ADN (sauf l’ADN-1 qui a une délétion de 26 nt). On pense que la CR-M intervient dans la réplication, en faisant fonction de site de liaison pour une amorce d’ADN endogène de ~80 nt. La CRSL comprend 69 nt avec au moins 62 % d’homologie entre les composantes. Elle comporte une structure en épingle à cheveu qui contient une tige de 10 bp (14 nt conservés) et une boucle de 11 nt (9 nt conservés). D’après l’analyse de la séquence des ADN-1, -3 et -5, il existe deux groupes distincts d’isolats du BBTV : le groupe du Pacifique Sud (Australie, Burundi, Egypte, Fidji, Inde, Tonga et Samoa) et le groupe asiatique (Philippines, Taiwan et Viêt-Nam). Ces deux groupes diffèrent d’environ 10 % sur l’ensemble de la séquence nucléotidique et d’environ 30 % au sein de la CR-M. Le gène majeur de l’ADN-1 contient des motifs associés à une réplication en cercle roulant et à une liaison de dNTP, et code pour une protéine d’initiation de la réplication (Rep). On a établi que cette protéine Rep possède une activité d’entaille et de ligation spécifique d’un site (opérant un clivage entre les nt 7 et 8 de l’épingle à cheveu). La fonction du gène interne de l’ADN-1 n’est pas encore connue. L’ADN-3 code pour la protéine capsidique, tandis que le produit génique de l’ADN-5 possède une activité de liaison du rétinoblastome et semble être une protéine du cycle cellulaire faisant passer les cellules infectées en phase S pour faciliter la réplication du virus. L’ADN-4 et l’ADN-6 semblent coder pour des protéines associées respectivement au mouvement de cellule en cellule et au transport nucléaire. La fonction de d’ADN2 reste à élucider. On a récemment classé le BBTV dans le genre Nanovirus – virus à virions isométriques dont l’activité se limite au phloème et qui possèdent un génome à ADN simple brin, circulaire et à composantes multiples. Dans ce genre figurent également le virus du rabougrissement du trèfle souterrain (subterranean clover stunt virus, SCSV), le virus du jaunissement nécrotique de la féverole (faba bean necrotic yellows virus, FBNYV), le virus nain de l’astragale (milk vetch dwarf virus, MDV) et peut-être aussi le virus de la pourriture foliaire du cocotier (coconut foliar decay virus, CFDV). On considère que les ADN-1 à 6 font partie intégrante du génome du BBTV, car ces composantes sont systématiquement associées à toutes les infections du BBTV dans le monde entier. On a isolé plusieurs autres composantes de l’ADN associées au BBTV dans divers cas d’infection par ce virus. De même que l’ADN-1 du BBTV, ces autres composantes semblent coder VIII PROMUSA pour des protéines Rep. Cependant elles diffèrent de l’ADN-1 par plusieurs aspects : • organisation génomique – en général, les régions CR-M et CR-SL sont absentes, et la séquence TATA se trouve en 5’ de l’épingle à cheveu ; • distribution géographique limitée – on les trouve presque exclusivement dans le groupe asiatique du BBTV. Nous avons étudié la réplication du BBTV afin de déterminer : 1) les composantes faisant partie intégrante du génome du BBTV ; 2) la composante codant pour la Rep “maîtresse” ; et 3) le rôle du gène interne de l’ADN-1. Pour ce faire, nous avons bombardé des suspensions cellulaires embryogènes de Bluggoe avec des « 1.1mers » clonés des différentes composantes de l’ADN du BBTV, séparément ou en combinaison. Nous avons extrait l’ADN des cellules 0, 4 et 8 jours après le bombardement et l’avons analysé à l’aide de sondes spécifiques de chaque composante pour déterminer les intermédiaires de la réplication. Cette étude a montré que l’ADN-1 code pour la protéine virale Rep “maîtresse” et qu’elle constitue l’unité réplicative minimale du BBTV, car, contrairement aux autres composantes codant pour des Rep, elle est capable de s’autorépliquer et de réguler la réplication des autres composantes génomiques faisant partie intégrante du BBTV. Nous avons aussi pu établir que le gène interne de l’ADN-1 n’est pas indispensable à la réplication, mais qu’il renforce celle-ci en cis (peut-être de manière analogue à la protéine REn des bégomovirus). Enfin, nous avons identifié des sites potentiels de liaison des Rep (itérons) au génome du BBTV qui semblent similaires à ceux des bégomovirus. D’après les résultats de cette étude, on peut penser qu’il existe deux groupes de nanovirus : 1) le BBTV, qui infecte les monocotylédones et dont la Rep “maîtresse” contient un gène interne ; et 2) le FBNYV, le MDV et le SCSV, qui infectent les dicotylédones et dont la Rep “maîtresse” ne contient pas de gène interne. L’épidémiologie du virus du bunchy top du bananier au Viêt-Nam K. Bell1, P.A. Revill2, H.V. Cuong3, V.T. Man3 et J-L. Dale2 1 Seowon Building, 4th Floor, 57 Garak-Dong, Songpa-Gu, Séoul, Corée du Sud 138-160; 2Centre for Molecular Biotechnology, Queensland University of Technology, GPO Box 2434, Brisbane QLD 4001, Australie; Department of plant Pathology, Hanoi Agricultural University, Gia Lam, Hanoi, Viêt-Nam Le virus du bunchy top du bananier (banana bunchy top virus, BBTV) est à l’origine de l’affection virale la plus dévastatrice pour cette culture. Il a presque entièrement détruit les plantations de bananiers en Australie au début des années 20 et des épidémies similaires se sont produites dans toutes les régions du monde. Au Viêt-Nam où il a été identifié pour la première fois en 1968, le BBTV est endémique dans l’ensemble du pays. Cependant, il apparaît que son épidémiologie est très différente de ce qui est observé dans d’autres pays, car ici, il ne crée pas de véritable épidémie et semble se diffuser plus lentement dans les plantations. Le BBTV, dont la transmission se fait par l’intermédiaire du puceron Pentalonia nigronervosa ou par des rejets et souches infectés, se diffuse normalement avec rapidité au sein des plantations. Mais au Viêt-Nam, il n’est pas inhabituel de trouver des plantes plus âgées infectées par le BBTV à proximité de plantes saines, alors même que les pucerons se nourrissent sur toutes les plantes. En outre, nous n’avons pas observé de symptômes typiques du BBTV chez le cultivar local Chuoi tay. On ne sait si Chuoi tay est un hôte du BBTV, ou s’il est résistant à l’infection par le BBTV. Afin de mieux comprendre l’épidémiologie du BBTV au Viêt-Nam, nous nous sommes penchés sur un certain nombre de facteurs. Premièrement, en étudiant la variabilité des séquences de l’ADN-1, codant pour la Rep “maîtresse”, nous avons trouvé un niveau de variabilité plus élevé au Viêt-Nam que ceux enregistrés jusqu’à présent en Asie. Nous avons aussi constaté une différenciation entre les séquences des isolats originaires du Nord Viêt-Nam et du Sud Viêt-Nam. Deuxièmement, nous avons identifié une nouvelle composante putative d’ADN satellite, endémique au ViêtNam. Enfin, nous avons criblé des plants de Chuoi tay provenant de toutes les régions du pays, mais nous n’avons pu détecter le virus dans aucun, que ce soit avec la PCR et/ou avec l’hybridation Southern. Cela semble indiquer que Chuoi tay fait preuve de résistance au BBTV au Viêt-Nam, ce qui pourrait être l’un des facteurs influant sur l’épidémiologie de la maladie du bunchy top dans ce pays. Les virus infectant le matériel génétique de Musa J.E. Thomas, C.F. Gambley, A.D.W. Geering, L.A. McMichael, J.N. Parry et M. Sharman Queensland Horticulture Institute, Department of Primary Industries, 80 Meiers Road, Indooroopilly, QLD 4068, Australie. Les espèces de Musa offrant un intérêt commercial sont les bananiers comestibles et les bananiers plantain (pour la plupart des hybrides de M. acuminata et/ou de M. balbisiana) et l’espèce à fibres Musa textilis. A ce jour, on a caractérisé six virus infectant ces espèces (Jones 2000), mais il en existe d’autres qui n’ont pas encore été caractérisés. Le virus du bunchy top du bananier (banana bunchy top virus, BBTV) a des virions isométriques de 18-20 nm et son génome comprend plusieurs composantes d’ADN simple brin. Il est transmis de manière persistante par le puceron Pentalonia nigronervosa et a une distribution dispersée en Afrique et dans la région AsiePacifique. Le virus de la mosaïque du concombre (cucumber mosaic virus, CMV) a des virions isométriques de 29 nm et son gé- INFOMUSA — Vol 10, N° 1 nome se compose d’ARN simple brin tripartite. Transmis de manière non persistante par plusieurs espèces de pucerons, il est largement répandu dans le monde entier. Le virus de la mosaïque des bractées du bananier (banana bract mosaic virus, BBrMV) et le virus de la mosaïque de l’abaca (abaca mosaic virus, AbaMV) ont tous deux des virions filamenteux, un génome composé d’ARN simple brin, et sont transmis de manière non persistante par diverses espèces de pucerons. L’AbaMV n’a été rencontré jusqu’à présent qu’aux Philippines, tandis que le BBrMV a une distribution dispersée dans la région AsiePacifique. Le virus de la mosaïque en tirets du bananier (banana streak virus, BSV) a des virions bacilliformes (30 x 130 nm) dont le génome est constitué d’ADN double brin, et il est présent dans le monde entier. Les virions filamenteux du virus de la mosaïque légère du bananier (banana mild mosaic virus, BanMMV) ont un génome constitué d’ARN simple brin d’une dimension de 7353 nt, codant pour cinq cadres de lecture ouverts (ORF). Bien qu’apparenté aux carlavirus, fovéavirus et potex virus, le BanMMV a une organisation génomique et des relations phylogénétiques qui le classent à part de tous les taxons viraux décrits jusqu’à présent (Gambley et Thomas, sous presse). Ce virus se rencontre chez une grande diversité de génotypes de Musa et a une distribution mondiale. On le trouve souvent sous forme d’infection asymptomatique ou d’infection en mélange avec d’autres virus, mais son mode de transmission n’est pas connu. On ignore également son impact économique. Des tests sérologiques et des tests basés sur la PCR sont disponibles pour tous les virus de Musa caractérisés, mais le BSV demeure problématique. Avec le BSV, les symptômes peuvent être importants, mais ils se manifestent de manière sporadique. On a trouvé chez le BSV une diversité considérable de séquences, et cinq de ces isolats (BSV-OL, BSV-Mys, BSVGF, BSV-IM et BSV-Lac) sont probablement suffisamment différents pour être considérés comme des virus distincts (Geering et al. 2000 , A.D.W. Geering, N.E. Olszewski, B.E.L. Lockhart et J.E. Thomas, non publié). Il faut des tests par immunocapture (IC) pour différencier les séquences épisomales et les séquences intégrées du BSV. On a mis au point la technique de l’ICPCR avec microplaque, permettant de détecter tous les virus du bananier qui ont été caractérisés. Un test multiplex a été publié pour le BBrMV, le BBTV et le CMV (Sharman et al. 2000). Des tests ont été aussi mis au point pour le BanMMV et toutes les souches connues du BSV (multiplex) (M. Sharman, A.D.W. Geering, J.N. Parry et J.E. Thomas, non publié). Ces tests sont utilisés en combinaison avec le test ELISA et l’immunoélectroscopie (ISEM) pour l’indexation ordinaire des virus. INFOMUSA — Vol 10, N° 1 Tous les virus de Musa se transmettent par le biais des propagules végétatives, y compris les vitroplants, ce qui a des implications pour l’état sanitaire du matériel végétal, la conduite des programmes d’amélioration et de transformation, et les transferts de matériel génétique. L’utilisation de matériel végétal indemne de virus est un facteur fondamental pour lutter contre ces agents pathogènes dans les champs. En outre, plusieurs de ces virus ont une distribution limitée. Peu d’études ont été effectuées sur la transmission des virus du bananier par la culture de tissus. Plusieurs études ont montré qu’avec les repiquages successifs qui sont normalement opérés, on obtient un certain nombre de méristèmes indemnes de virus à partir de clones initialement infectés par le BBTV. Ce processus semble être légèrement accéléré à haute température et les plants issus de ces méristèmes demeurent indemnes de virus (Thomas et al. 1995 et références citées par ces auteurs). Récemment, on a observé la situation inverse avec le BSV. Des infections virales ont été détectées chez la descendance d’hybrides de programmes d’amélioration, alors qu’il n’y avait aucun signe d’infection virale chez les lignées parentales. On a établi que ce phénomène était dû à l’“activation” ou à la “libération” de séquences du BSV qui sont intégrées dans le génome de Musa (Hull et al. 2000). Des travaux récents semblent indiquer que plusieurs autres souches du BSV sont intégrées dans différentes composantes du génome chez les hybrides de Musa (A.D.W. Geering, N.E. Olszewski, B.E.L. Lockhart et J.E. Thomas, non publié). Le Centre de transit de l’INIBAP, basé à la Katholieke Universiteit Leuven, détient la plus importante collection in vitro de matériel génétique de Musa du monde. Cette collection comprend plus de 1100 accessions. Celles-ci sont actuellement soumises à des tests dans les trois centres internationaux d’indexation pour les virus (CIRAD à Montpellier, PPRI à Pretoria et QDPI à Brisbane), et l’on ne distribue que les accessions dont les résultats sont négatifs pour les virus connus. Les virus les plus souvent détectés sont le BanMMV et le BSV, probablement en raison de la fréquence des infections latentes, plus le facteur de l’intégration pour le BSV. On n’a détecté ni le BBTV ni le BBrMV au sein de cette collection. Références Gambley C.F. & J.E. Thomas. 2001. Molecular characterisation of Banana mild mosaic virus, a new filamentous virus in Musa spp. Archives of Virology (sous presse). Geering A.D.W., L.A. McMichael, R.G. Dietzgen & J.E. Thomas. 2000. Genetic diversity among Banana streak virus isolates from Australia. Phytopathology 90:921-927. Hull R., G. Harper & B. Lockhart. 2000. Viral sequences integrated into plant genomes. Trends in Plant Science 5(9):362-365. Jones D.R. (ed.) 2000. Diseases caused by viruses. Pp. 241-293 in Diseases of banana, abacá and enset. CABI Publishing, Wallingford, RoyaumeUni/New York, USA. Sharman M., J.E. Thomas & R.G. Dietzgen. 2000. Development of a multiplex immunocapture PCR with colourimetric detection for viruses of banana. Journal of Virological Methods 89:75-88. Thomas J.E., M.K. Smith, Kessling, A.F. & S.D. Hamill. 1995. Inconsistent transmission of banana bunchy top virus in micropropagated bananas and its implication for germplasm screening. Australian Journal of Agricultural Research 46:663-671. Application de la cryoconservation pour éliminer les affections virales des bananiers et bananiers plantain (Musa spp.) B. Helliot1, B. Panis2, A. Locicero1, K. Reyniers2, R. Swennen2 et P. Lepoivre1 1 Unité de phytopathologie, Faculté des sciences agronomiques de Gembloux, 5030 Gembloux, Belgique. E-mail : [email protected]; 2Laboratory of Tropical Crop Improvement, K.U. Leuven, 3001 Leuven, Belgique. On a de plus en plus recours à la technique de la cryoconservation in vitro pour surmonter les problèmes posés par les techniques traditionnelles de conservation du matériel génétique dans des collections au champ, collections de semences et collections de cultures in vitro. La conservation à ultra-basse température (généralement –196°C, température de l’azote liquide) permet de stocker les ressources phytogénétiques pendant une période prolongée et à l’abri de toute contamination. Récemment, Brison et ses collaborateurs (1997) ont démontré qu’on pouvait aussi se servir de cette technique pour éliminer le virus de la sharka (plum pox virus) chez des vitroplants de pruniers infectés, le taux d’éradication atteignant jusqu’à 50 %. La possibilité d’appliquer un traitement de cryoconservation de courte durée (quelques heures) au lieu d’un traitement à la chaleur de longue durée (plusieurs semaines) apparaît extrêmement prometteuse. Nous avons précédemment publié les résultats d’essais fructueux de cryoconservation de méristèmes en prolifération de différentes accessions de bananiers, l’une des cultures vivrières les plus importantes à l’échelle mondiale (Panis et al. 2000). Les bananiers appartiennent au genre Musa; ils sont cultivés sur cinq continents dans environ 120 pays, principalement tropicaux et subtropicaux, et assurent la subsistance de millions de personnes. Cependant, ils sont menacés par différents agents biotiques : bactéries, champignons et virus tels que le virus de la mosaïque du concombre (CMV), le virus du bunchy top du bananier (BBTV), le virus de la mosaïque en tirets du bananier (BSV), le virus de la mosaïque des bractées du bananier (BBrMV) et le virus de la mosaïque légère du bananier (BaMMV). Dans le cadre d’un projet de l’INIBAP intitulé “Mise au point de techniques de culture in vitro pour éliminer les affections virales des bana- PROMUSA IX niers et bananiers plantain (Musa spp.)”, nous travaillons à évaluer les effets de la cryothérapie sur l’état sanitaire du matériel végétal par rapport à des méthodes traditionnelles comme la culture de méristèmes. A cette fin, nous avons appliqué la cryoconservation à des amas méristématiques excisés sur des cultures de méristèmes hautement proliférantes en utilisant la technique de la vitrification avec la solution PVS-2 (Sakaï et al. 1990). Nos résultats montrent que, pour le CMV et le BSV, les taux d’éradication après cryoconservation de méristèmes hautement proliférants atteignent respectivement 39 % (32 plants sur 83 plants testés) et 94 % (31 plants sur 33 plants testés). En comparaison, les taux d’éradication obtenus par culture de méristèmes excisés sur des méristèmes hautement proliférants se chiffraient respectivement à 11 % et 63 %. L’étude de l’ultrastructure des méristèmes hautement proliférants, effectuée au bout d’une semaine de culture in vitro après cryoconservation, a montré que la cryothérapie agit comme un micro-scalpel. De petites zones de cellules vivantes localisées dans le dôme méristématique et à la base des primordiums survivent au processus de cryoconservation, tandis que les cellules plus différenciées, distantes du dôme apical, sont tuées. Ce phénomène, associé à une répartition inégale des particules virales dans le méristème, pourrait expliquer l’efficacité de la cryoconservation. Les études en cours portent sur la localisation spécifique des particules virales au sein du méristème. Nous espérons ainsi parvenir à mieux comprendre les variations qui sont enregistrées dans les taux d’éradication en fonction du virus et en fonction de la thérapie. Références Brison M., M.T. de Boucaud, A. Pierronnet & F. Dosba. 1997. Effect of cryopreservation on the sanitary state of a cv Prunus rootstock experimentally contaminated with Plum Pox Potyvirus. Plant Science 123(1-2):189-196. Panis B., H. Schoofs, N.T. Thinh & R. Swennen. 2000. Cryopreservation of proliferating meristem cultures of banana. Pp. 238-243 in Cryopreservation of tropical plant germplasm. Current research progress and applications (F. Engelmann & H. Takagi, eds.). Japanese International Research Center for Agricultural Sciences, Tsukuba, Japon / International Plant Genetic Resources Institute, Rome, Italie. Sakai A., S. Kobayashi & I. Oiyama. 1990. Cryopreservation of nucellar cells of navel orange (Citrus sinensis Osb. var. brasiliensis Tanaka) by vitrification. Plant Cell Rep. 9:30-33. Un test basé sur l’ADN pour diagnostiquer la race 4 “tropicale” de la fusariose du bananier S. Bentley, N. Moore, J. Pattemore, J. Anderson et K. Pegg X PROMUSA CRCTPP (Cooperative Research Center for Tropical Plant Pathology), University of Queensland, Level 5, John Hines Bldg St Lucia, Brisbane QLD 4072, Australie. La fusariose est un sérieux problème pour la production bananière en Australie. Le champignon à l’origine de cette maladie, F. oxysporum f.sp. cubense (Foc), est un agent pathogène extrêmement divers. Actuellement, on ne trouve en Australie qu’une fraction de la diversité mondiale de Foc. Sur 33 groupes de compatibilité végétative (GCV) et génotypes de Foc identifiés dans le monde, neuf se rencontrent en Australie. La quasi-totalité de la diversité de Foc ayant été identifiée en Asie, notre proximité de l’Asie du Sud-Est signifie que nous risquons fortement l’introduction d’autres souches de Foc, et en particulier de nouvelles introductions de la race 4 “tropicale” qui s’attaque aux Cavendish. Cette race est répandue en Indonésie et en Malaisie, et elle a été récemment détectée à Irian Jaya. Plusieurs infections de la race 4 “tropicale” se sont déjà produites dans le Territoire Nord, mais ont pu être contenues par des mesures de quarantaine. Cette souche de la fusariose fait peser une menace sur les importantes zones de production de bananes Cavendish du nord du Queensland, jusqu’à présent indemnes de toute souche s’attaquant aux Cavendish. Nous sommes en train de mettre au point un test basé sur l’ADN pour diagnostiquer spécifiquement la race 4 “tropicale” de Foc. A l’aide de méthodes d’analyse de l’ADN génomique total comme les empreintes génétiques de produits d’amplification de l’ADN (DAF) et d’autres méthodes basées sur la PCR telles que le polymorphisme de longueur des fragments de restriction (RFLP) et l’analyse des séquences de l’ADN ribosomique (ADNr), nous avons étudié de manière approfondie la diversité génétique de Foc à tous les niveaux taxonomiques, du genre au niveau spécifique à la souche. Nous avons ainsi obtenu des informations sur les séquences d’ADN propres à la race 4 “tropicale” de Foc et avons créé des amorces PCR qui amplifient exclusivement l’ADN de cette souche. Des recherches dans les bases de données sur les séquences d’ADN publiées dans Genbank ont montré que ces amorces n’ont de correspondance avec aucun autre organisme, mais nous sommes néanmoins en train d’achever les criblages en laboratoire pour établir la spécificité de ces amorces. Nous adapterons ensuite les conditions de la PCR en laboratoire pour pouvoir amplifier l’ADN de Foc directement à partir de plantes et de sols infectés. Il faudra ensuite valider le test de diagnostic et l’essayer sur le terrain avant de le diffuser aux producteurs et/ou aux laboratoires commerciaux. Nous avons aussi entrepris de mettre au point un système d’identification basé sur l’ADN qui permettra de caractériser de manière précise toutes les souches de Foc présentes en Austra- lie. Grâce à ce système, il sera possible de détecter et d’identifier Foc directement à partir du matériel végétal et du sol. On pourra s’en servir pour détecter la présence de races de Foc dans les champs avant toute plantation, pour cribler les rhizomes ou rejets utilisés comme matériel végétal et pour identifier les isolats de Foc dans les tissus de plants ou les sols infectés. Ce système sera également utile aux chercheurs pour étudier la biologie et l’écologie de Foc. Isolement de gènes potentiels de résistance aux maladies K.M. Taylor, J.A. McMahon, R.M. Harding et J-L. Dale Centre for Molecular Biotechnology, Queensland University of Technology, GPO Box 2434, Brisbane QLD 4001, Australie. E-mail : K0.taylor@ gut.edu.au De toutes les maladies s’attaquant aux bananiers, la fusariose et les cercosporioses noire et jaune sont les plus dévastatrices. Si la plupart des bananiers dessert cultivés commercialement sont sensibles à ces champignons pathogènes, il existe des sources de résistance chez des bananiers sauvages. Afin d’identifier les gènes R qui confèrent cette résistance, on a mis au point une nouvelle approche consistant à amplifier l’ADN génomique à l’aide d’amorces dégénérées conçues pour les gènes R de classe 3. Cette méthode a été appliquée avec succès à la laitue, au soja, au riz et au maïs, mais à ce jour, aucun résultat n’a encore été publié pour les gènes R candidats (GRC) du bananier. Nous avons utilisé des amorces dégénérées pour amplifier cinq séquences GRC indépendantes du bananier, montrant toutes une homologie avec des gènes R déjà caractérisés. Il s’agissait de séquences isolées chez des cultivars résistants et des cultivars sensibles où elles étaient présentes en un faible nombre de copies. En outre, les cinq séquences ont toutes été amplifiées à partir de l’ARN, ce qui indique qu’elles étaient transcrites. En comparant les séquences d’ADN et d’ARN des cultivars résistants et des cultivars sensibles, on a constaté une variabilité entre les cinq séquences GRC (< 53 % d’homologie) et au sein de chaque séquence GRC (97100 % d’homologie). L’amplification des séquences flanquant les GRC a révélé un domaine leucine zipper (LZ) en 5’ et un domaine de répétitions riches en leucine (LRR) en 3’, ce qui est conforme aux gènes R de classe 3. Les promoteurs du virus de la mosaïque en tirets du bananier sont extrêmement actifs chez les bananiers transgéniques et chez d’autres plantes monocotylédones et dicotylédones T. Remans1, L. Sági4, A.R. Elliott5, R.G. Dietzgen3, R. Swennen4, P. Ebert1, INFOMUSA — Vol 10, N° 1 C.P.L. Grof5, J.-M. Manners2,5 et P.M. Schenk2,3 1 Department of Biochemistry, The University of Queensland, Brisbane QLD 4072 Australie; 2CRCTPP (Cooperative Research Center for Tropical Plant Pathology), University of Queensland, Level 5, John Hines Bldg St Lucia, Brisbane QLD 4072, Australie; 3QDPI, Queensland Agricultural Biotechnology Centre, The University of Queensland, St. Lucia, QLD 4072, Australie; 4Laboratory of Tropical Crop Improvement, Katholieke Universiteit Leuven, Belgique; 5CSIRO Plant Industries, Long Pocket Laboratories, 120 Meiers Road, Indooroopilly, QLD 4068, Australie. E-mail pour la correspondance: [email protected] Le génie génétique permet d’introduire dans les plantes des caractères désirables (comme la résistance aux maladies) qui s’expriment dans les phénotypes modifiés. Des séquences régulatrices, ou promoteurs, sont nécessaires pour induire l’expression effective du gène introduit dans les plantes transgéniques. On se sert fréquemment de promoteurs viraux, comme le 35S du virus de la mosaïque du chou-fleur (CaMV) (Kay et al. 1987), pour obtenir l’expression constitutive des transgènes chez diverses espèces végétales. Afin d’identifier des promoteurs efficaces, qui induisent un niveau élevé d’expression des gènes chez les bananiers transgéniques, nous avons analysé trois nouvelles séquences de promoteurs d’isolats australiens du badnavirus de la mosaïque en tirets du bananier (BSV). Pour ce faire, nous avons procédé à différents essais de transformation transitoire et de transformation stable à l’aide de gènes reporters codant pour la protéine à fluorescence verte (GFP) et de l’enzyme reporter de la ß-glucuronidase (GUS) (Schenk et al. 2001). Dans ces essais, nous avons analysé l’activité de promotion de la transcription dans des fragments d’ADN de 1322 bp (Cv), 2105 bp (My) et 1297 bp (Go) entourant le site d’initiation de la transcription chez les isolats Cavendish, Mysore et Goldfinger du BSV (Geering et al. 2000). Dans les essais d’expression transitoire, les fragments Cv, My et Go ont tous manifesté une activité de promoteur chez une grande diversité d’espèces végétales : monocotylédones (bananier, maïs, orge, mil, sorgho), dicotylédones (tabac, colza, tournesol, Nicotiana benthamiana, jacaranda jaune Tipuana tipu), gymnosperme (Pinus radiata) et fougère (Nephrolepis cordifolia) (tableau 1). Nous avons analysé l’activité de l’enzyme reporter GUS chez des vitroplants de bananiers transgéniques (cultivar Three Hand Planty) transformés avec les constructions des promoteurs Cv ou My. Des sections longitudinales et transversales des racines, de la souche, du pseudotronc et des feuilles ont révélé une coloration bleue dans tous les types de cellules étudiés (des photos en couleur se trouvent sur le site http://www.uq.edu.au/~uqtreman). La plus forte expression a été enregistrée dans la souche et les tissus vasculaires. Dans les racines, une forte intensité de coloration a été ob- INFOMUSA — Vol 10, N° 1 servée dans les tissus vasculaires et les racines latérales émergentes. Chez les plants contenant les constructions du promoteur My, le niveau quantitatif d’activité de GUS dans les tissus des feuilles, des racines et de la souche était plus élevé que chez les plants ayant reçu des constructions du promoteur de l’ubiquitine du maïs (tableau 1). Chez des plants de bananiers cultivés en serre, le promoteur My a fait preuve d’une activité plus importante que le promoteur de l’ubiquitine du maïs et le promoteur 35S du virus de la mosaïque du chou-fleur (tableau 1). Le promoteur Cv a manifesté une activité similaire (racines et souche) ou supérieure (feuilles) à celle du promoteur de l’ubiquitine du maïs chez les plants de bananiers cultivés in vitro, mais cette activité s’est trouvée fortement réduite chez des plants de plus grande taille cultivés en serre (tableau 1). Cela pourrait s’expliquer par le phénomène d’inhibition de l’expression des gènes associé à la séquence intégrée du BSV (Ndowora et al. 1999 , Harper et al. 1999) chez les plants de Three Hand Planty (génome AAB). Cette séquence intégrée du BSV étant apparemment liée au génome B, il serait intéressant de voir si le promoteur Cv est plus actif chez des bananiers de type AAA. Les niveaux de GFP dans les feuilles et les tiges de plants transgéniques de canne à sucre contenant une fusion du promoteur Cv et du gène GFP mesurés par fluorométrie (Remans et al. 1999) se sont révélés comparables aux niveaux de GFP enregistrés chez des plants contenant une construction du promoteur de l’ubiqui- tine du maïs (tableau 1). L’expression du promoteur Cv et du promoteur de l’ubiquitine du maïs est demeurée élevée dans le second cycle de culture des plants de canne à sucre. Le promoteur My s’est montré actif chez les jeunes plants, mais on n’a pas observé d’expression de GFP chez les plants adultes. On a enregistré une forte activité du promoteur Go dans des cals de canne à sucre transgéniques, mais pas d’expression de GFP dans les plants régénérés. Les promoteurs Cv et My se sont aussi montrés actifs dans des plants de tabac cultivés in vitro, mais cette activité a disparu lorsque les mêmes plants cultivés en serre ont atteint l’âge adulte (tableau 1). Les promoteurs du virus de la mosaïque en tirets du bananier constituent donc des outils efficaces pour obtenir un niveau élevé d’expression de gènes étrangers chez des monocotylédones et dicotylédones transgéniques. On peut les utiliser de manière interchangeable avec le promoteur CaMV 35S ou celui de l’ubiquitine du maïs. Références Geering A.D.W., L.A. McMichael, R.G. Dietzgen & J.E. Thomas. 2000. Genetic diversity among Banana streak virus isolates from Australia. Phytopathology 90:921-927. Harper G., J.O. Osuji, J.-S. Heslop-Harrison & R. Hull. 1999. Integration of banana streak badnavirus into the Musa genome: molecular and cytogenetic evidence. Virology 255:207-213. Kay R., A. Chan, M. Daly & J. McPherson. 1987. Duplication of CaMV 35S promoter sequences creates a strong enhancer for plant genes. Science 236:1299-1302. Tableau 1. Comparaison entre l’activité des promoteurs Cv, My et Go du BSV et celle du promoteur CaMV 35S et du promoteur de l’ubiquitine du maïs chez différentes espèces végétales. Les valeurs correspondent au plant à plus forte expression : activité enzymatique de GUS (MU) en nmol MU/h/mg de protéine et accumulation de GFP en mg GFP/mg de protéine. Cv My Go CaMV 35S Plants transgéniques Bananier (feuilles in vitro) 1076 MU 6299 MU nt nt Bananier (racines+souche in vitro) 2502 MU 10650 MU nt nt Bananier (feuilles en serre) 0 MU 1658 MU nt 430 MU Canne à sucre (feuilles en serre) 13,1 GFP < 0,05 GFP nt nt canne à sucre (tige en serre) 5,57 GFP nt nt nt Tabac (feuilles in vitro) 0,68 GFP 1,35 GFP nt 1,68 GFP Tabac (feuilles en serre) < 0,06 GFP < 0,06 GFP nt 0,29 GFP Essais d’expression transitoire Maïs +++ +++ +++ + Orge +++ +++ nt + Bananier +++ +++ nt nt Mil +++ +++ nt nt Sorgho +++ +++ nt + Colza ++ ++ ++ +++ Tabac ++ ++ nt +++ Tournesol ++ ++ nt +++ N. benthamiana ++ ++ nt +++ T. tipu +++ +++ nt +++ Pin ++ ++ nt ++ N. cordifolia ++ ++ nt ++ nt = non testé, +++ = forte expression, ++ = expression moyenne à forte, + = expression moyenne à faible. Ubiquitine du maïs 214 MU 2571 MU 418 MU 11,6 GFP 0,80 GFP nt nt +++ nt nt +++ +++ nt nt nt nt nt nt nt PROMUSA XI 250 5 200 4 150 3 100 2 50 1 0 Degré d'infection Précipitations (mm) CIEN BTA-03 0 A Juil S O N D Jan F M A Mai J Juil Mois Precipitations (mm) PISANG MAS GRAN NAIN Degre d'infection (Cercosporiose jaune): 0 Non visible 1 Tres faible Yangambi Km 5 2 Faible "Saba" 3 Intermediaire 4 Eleve 5 Tres eleve 53 081 5 064 5 119 5 126 6 815 5 056 400 Quantité > Prata Ana > Gros Michel > Pisang FHIA-02 FHIA-03 Cavendish Mas 250 5 200 4 150 3 100 2 50 1 Degré d'infection 60 608 41 738 27 632 Riz Titiaro Brasilero Tetraploid CIEN BTA-03 500 YANGAMBI KM5 Cell./ml Quant. totale Précipitations (mm) Plante (pousse) 100 > CIEN BTA-03 > CIEN-BTA-03 Figure 3. Evaluation de l’incidence de la cercosporiose jaune chez cinq clones de bananiers cultivés en zone forestière sèche à une altitude de 450 m. Station expérimentale de Samán Mocho, Carabobo, Venezuela (1999-2000). Figure 1. Le variant somaclonal CIEN BTA-03. 600 WILLIAMS 300 0 0 Juil A S O N D 200 F M A Mai J Juil Mois Precipitations (mm) PISANG MAS GRAN NAIN WILLIAMS CIEN-BTA-03 YANGAMBI KM5 100 0 0 50 100 150 200 250 300 Partec 350 400 450 FL1 Speed 0.50µl/s Lamp (h) 113 Par Gain FL1 400 Figure 2. Analyse de quatre clones de bananiers par cytométrie en flux. Ndowora T., G. Dahal, D. LaFleur, G. Harper, R. Hull, N.E. Olszewski & B. Lockhart. 1999. Evidence that badnavirus infection in Musa can originate from integrated pararetroviral sequences. Virology 255:214-220. Remans T., P.M. Schenk, J.-M. Manners, C.P.L. Grof & A.R. Elliott. 1999. A protocol for the fluorometric quantification of mGFP5-ER and sGFP(S65T) in transgenic plants. Plant Molecular Biology Reporter 17(4):385-395. Schenk P.M., T. Remans, L. Sági, A.R. Elliott, R.G. Dietzgen, R. Swennen, P. Ebert, C.P.L. Grof & J.M. Manners. 2001. Promoters for pregenomic RNA of banana streak badnavirus are active for transgene expression in monocot and dicot plants. Plant Molecular Biology (soumis pour publication). “CIEN BTA-03”, un nouveau variant somaclonal résistant à la cercosporiose jaune : caractérisation biochimique, génétique et moléculaire et évaluation agronomique E. de García1, C. Giménez1, M. del Carmen Vidal1, G. Palacios1 et O. Haddad2 1 Laboratorio de Biotecnología Vegetal, Universidad Central de Venezuela, Apartado 80970, Caracas 1080, Venezuela (E-mail : [email protected]); 2Instituto de Agronomía, XII Jan PROMUSA 500 Degre d'infection (cercosporiose noire) 0 Non visible 1 Tres faible 2 Faible Yangambi Km 5 3 Intermediaire CIEN BTA - 03 4 Eleve 5 tres eleve > Gran Nain > Pisang Mas > Williams Figure 4. Evaluation de l’incidence de la cercosporiose noire chez cinq clones de bananiers cultivés en zone forestière sèche à une altitude de 450 m. Station expérimentale de Samán Mocho, Carabobo, Venezuela (1999-2000). Facultad de Agronomía, Universidad Central de Venezuela, Maracay, Venezuela. En 1996, Trujillo et de García ont obtenu un variant somaclonal résistant à la cercosporiose jaune par induction de pousses adventives à partir du clone triploïde Williams, du sousgroupe Cavendish, dénommé localement “Brasilero” et sensible à cette maladie (Trujillo et de García 1996, Trujillo et al. 1999). Ce variant somaclonal non seulement résiste à la maladie, mais présente une série de caractères morphologiques et anatomiques qui le distinguent des clones triploïdes : a) limbe 1,4 fois plus épais que celui du clone Williams (Hermoso et al. 1997 , Trujillo et al. 1997) ; b) plus faible nombre de stomates par mm2 dans les couches superficielles et internes de l’épiderme (Hermoso et al. 1997, Trujillo et al. 1997) ; et c) teneur supérieure en phénol. Ce clone a été appelé CIEN BTA-03 (figure 1). Les résultats de la caractérisation biochimique, génétique et moléculaire du variant CIEN BTA-03, et de l’évaluation de sa résistance au champ sont présentés ci-dessous. Les études biochimiques, reposant sur l’analyse des protéines par électrophorèse sur gel d’acrylamide à gradient de dénaturation SDSPAGE, avec coloration au bleu de Coomassie et lecture par densitomètre imageur modèle GS690 (Bio-Rad), ont mis en évidence chez le clone Williams la présence de deux polypeptides (14 et 17 kDa) qui ne sont observés ni chez CIEN BTA-03 ni chez Fragro 7 (AAAA), tous deux résistants à la cercosporiose jaune (Giménez 1998). L’analyse cytogénétique a montré que les deux clones présentent des tissus en mosaïque, mais avec une distribution différente du nombre de chromosomes : 22 % des cellules de Williams ont plus de 33 chromosomes et 78 % en ont moins de 33. Au contraire, 65 % des cellules du variant somaclonal résistant CIEN BTA03 ont plus de 33 chromosomes et 35 % en ont moins de 33 (Giménez 1998, Giménez et al. 2000). L’analyse par cytométrie en flux a démontré que CIEN BTA-03 présente une teneur en ADN similaire ou supérieure à celle de Fragro 7 INFOMUSA — Vol 10, N° 1 (figure 2). Les valeurs obtenues pour le rapport moyen bananier/riz (indice B/R) se situent entre 2,92 et 2,99, ce qui est similaire aux valeurs obtenues pour le clone tétraploïde. On a procédé à l’analyse en grappes des données obtenues par amplification aléatoire de séquences polymorphes d’ADN (RAPD) pour CIEN BTA-03 et 16 génotypes différents de Musa spp. (Giménez 1998, Giménez et al. 2000, Vidal et de García 2000). On a utilisé 56 bandes polymorphes pour cette analyse, en appliquant les méthodes de la moyenne non pondérée des groupes appariés et de la moyenne pondérée des groupes appariés de Ward pour calculer les distances City-Block (Manhattan). Les dendrogrammes produits par ces méthodes différentes étaient identiques et montraient que CIEN BTA-03 se classe dans le même groupe que FHIA-02 (AAAB) et n’est pas étroitement apparenté au sous-groupe Cavendish, auquel appartient son parent Williams (AAA) (Giménez 1998, Giménez et al. 2000). Dans l’évaluation au champ de la résistance de CIEN BTA-03 (García et al. 2000), ce somaclone a fait preuve d’une résistance à la cercosporiose jaune comparable à celle du cultivar Yangambi km5 (figure 3). Il s’est également montré résistant à la cercosporiose noire (figure 4). On a comparé les indices de performance et de productivité de CIEN BTA-03 avec ceux de FHIA-01, FHIA-02 et FHIA-03 (García et al. 2000). Les résultats de CIEN BTA-03 étaient très voisins de ceux de FHIA-02 et FHIA-03 (tableau 1). Nous pouvons en conclure que nous avons là un nouveau clone résistant à la cercosporiose jaune, et très probablement aussi à la cercosporiose noire, et présentant de bonnes caractéristiques agronomiques. Il produit un régime de 34,53 kg et a un indice de productivité de 0,28 kg par jour. Remerciements Cette recherche a bénéficié d’une subvention du Consejo Nacional de Investigaciones Científicas y Tecnológicas du Venezuela (CONICIT), accordée à Eva de García dans le cadre du contrat n° G-97000700. Les auteurs remercient Nicolas Roux (Plant Breeding Unit, FAO/AIEA, Seibersdorf, Autriche) pour l’analyse par cytométrie en flux. Références de García E., O. Haddad, M. Dagert et R. Campagnone. 2000. Segundo informe de avance. Proyecto CONICIT G-97000700. 269pp. Giménez C. 1998. Características genéticas y moleculares del variante somaclonal de banano (CIEN BTA-03) asociadas al mecanismos de resistencia a la Sigatoka amarilla y su estabilidad genética. Tesis Doctoral. Facultad de Ciencias, Universidad Central de Venezuela, Caracas, Venezuela. 114pp. Giménez C., E. de García, N. Xena de Enrench et I. Blanca. 2001. Somaclonal variation in banana: cytogenetic and molecular characterization of the somaclonal variant CIEN-BTA-03. In Vitro Plant 37(2). Hermoso L., H. Lindorf & E. de García. 1997. Anatomía foliar del variante somaclonal CIEN BTA03 (Musa spp.), resistente a la Sigatoka Amarilla. Anales de Botánica Agrícola. 4:63-66. Trujillo I. & E. de García. 1996. Stratégies pour l’obtention de variants somaclonaux résistants à la cercosporiose jaune (Mycosphaerella musicola). InfoMusa 5(2):12-13. Trujillo I., L. Hermoso & E. de García. 1997. Caracterización estructural de clones de banano: resistentes y no resistentes a la Sigatoka Amarilla. Anales de Botánica Agrícola. 4:59-62. Trujillo I., E. de García & J.-L. Berroterán. 1999. Evaluación de banano obtenidas “in vitro”. Anales de Botánica Agrícola. 6:29-35. Vidal M.C. & E. de García. 2000. Analysis of a Musa spp. somaclonal variant resistant to yellow Sigatoka. Plant Molecular Biology Reports. 18:23-31. Biodiversité et évolution Caractérisation des accessions de la banque de matériel génétique de Musa de l’INIBAP à l’aide de marqueurs STMS-PCR F. Carreel1, A. Duarte Vilarinhos2, I. Van den Houwe3 et S. Sharrock4 1 CIRAD-FLHOR Neufchâteau, Sainte Marie, 97130 Capesterre Belle Eau, Guadeloupe (E-mail : [email protected]); 2 CNPMF/EMBRAPA, Cx Postal 007, CEP44380000 Cruz Das Almas, Brésil; 3Katholieke Universiteit Leuven, ITC, Kasteelpark Arenberg 13, 3001 Leuven, Belgique; 4INIBAP, Parc scientifique Agropolis II, 34397 Montpellier cedex 5, France. La collection internationale de matériel génétique de Musa que l’INIBAP maintient à la Katholieke Universiteit Leuven (KUL) contient actuellement plus de 1100 accessions. Cette banque permet de conserver la diversité des bananiers pour le compte de la communauté in- Tableau 1. Comparaison des indices de performance et de rendement de quatre clones de bananiers pendant le second cycle de culture. Station expérimentale de Samán Mocho, Carabobo, Venezuela. Clone/ cultivar FHIA-01 FHIA-02 FHIA-03 CIEN BTA-03 Génome Cycle floraisonrécolte (jours) Poids du régime (kg) AAAB AAAB AABB AAAA 121,67 124,77 126,90 121,07 26,67 31,27 36,85 34,53 INFOMUSA — Vol 10, N° 1 Indice de Indice performance de productivité (jours/kg) (kg/jour) 4,61 3,99 3,47 3,52 0,22 0,25 0,29 0,28 ternationale et de mettre des espèces et cultivars de Musa à la disposition des programmes de recherche-développement. L’objectif du projet est de procéder à la caractérisation moléculaire de ce matériel génétique afin de faciliter la classification et la gestion de la banque de gènes. Chaque année depuis 1998, on a caractérisé quelque 200 individus au CIRAD-FLHOR en Guadeloupe à l’aide de marqueurs moléculaires. Parmi les différentes méthodes disponibles, le choix des sites microsatellites à séquences répertoriées (STMS) comme marqueurs se justifie par de nombreux avantages : ces marqueurs PCR codominants hautement polymorphes, utilisables sur vitroplants, sont disponibles et les schémas obtenus peuvent être interprétés en termes de génotypes, ce qui permet de détecter des allèles spécifiques d’une espèce ou d’identifier les similarités. On a évalué le polymorphisme STMS par électrophorèse sur gel d’urée-polyacrylamide non radioactif, méthode simple et transférable, qui coûte moins cher que la plupart des autres techniques moléculaires (Lagoda et al. 1998a). On a mis au point des schémas et des protocoles de migration sur petits et grands gels, que l’on a appliqués selon la différenciation requise entre les clones. Les 10 marqueurs STMS utilisés ont un grand pouvoir de discrimination et sont localisés indépendamment sur les différents groupes de liaison (Lagoda et al. 1998b). On a ainsi identifié au moins 18 allèles pour chaque STMS. On a pu détecter des allèles spécifiques des génomes de schizocarpa, balbisiana et Australimusa, qui permettent d’identifier les clones interspécifiques. La plupart des clones ont révélé des schémas différents, excepté les clones appartenant à des sousgroupes tels que Cavendish. La classification des clones a été vérifiée. On a étudié plus de 464 clones, décelé 34 erreurs de classification, complété la classification de 23 clones et classé 31 clones (jusqu’alors non classés) dans un groupe, et pour certains aussi dans un sous-groupe. Ces données aideront à compléter la base de données morphologiques de l’INIBAP (MGIS), ainsi que les données de l’analyse des degrés de ploïdie par cytométrie en flux (voir plus haut, Dolezel et al.), et ultérieurement aussi les données de la caractérisation génomique des chromosomes par hybridation in situ d’ADN génomique (GISH) (D’Hont et al. 2000). Références D’Hont A., A. Paget-Goy, J. Escoute & F. Carreel. 2000. The interspecific genome structure of cultivated banana, Musa spp. revealed by genomic DNA in situ hybridization. Theor. Appl. Genet. 100:177-183. Lagoda P.J.L., D. Dambier, A. Grapin, F.-C. Baurens, C. Lanaud & J.-L. Noyer. 1998a. Nonradioactive sequence-tagged microsatellite site analyses: a method transferable to the tropics. Electrophoresis 19:152-157. PROMUSA XIII Lagoda P.J.L., J-L. Noyer, D. Dambier, F-C. Baurens, A. Grapin & C. Lanaud. 1998b. Sequence tagged microsatellite site (STMS) markers in the Musaceae. Molecular Ecology 7:657-666. Etudes moléculaires sur Musa acuminata ssp. malaccensis et sur des espèces malaisiennes locales Yasmin Othman1, Norzulaani Khalid1, Asif Javed1, Mak Chai1 et Tan Siang Hee2 1 Institute of Biological Sciences, University of Malaya, 50603 Kuala Lumpur, Malaisie; 2Genome Centre, Institute Bioscience, Universiti Putra Malaisie, Serdang, Selangor, Malaisie. E-mail pour la correspondance: [email protected] La banane, deuxième culture fruitière dans la péninsule de Malaisie, contribue pour plus de 20 millions de ringgits aux recettes d’exportation de ce pays (Jamaluddin 1998). Cependant, les problèmes de maladies demeurent une contrainte majeure pour la production bananière, d’où la nécessité d’intensifier les efforts pour introduire de nouveaux cultivars résistants. Le programme de recherche sur les bananiers de l’université de Malaisie et de l’Universiti Putra Malaysia a récemment créé un groupe de génétique moléculaire dont le travail est axé sur les espèces indigènes locales, et en particulier sur le bananier sauvage Musa acuminata ssp. malaccensis. Les projets en cours sont les suivants : analyse des étiquettes de séquences exprimées (EST), des STMS, des rétrotransposons, de gènes potentiels de résistance aux maladies, et études taxinomiques à l’aide de la cytométrie en flux et de la cytologie. On a établi une bibliothèque d’ADNc, constituée avec un vecteur phagique ltrip1ex2, pour analyser les EST des gènes de Musa acuminata ssp. malaccensis. Dans le cadre d’un projet à long terme de génomique du bananier, les clones de cette bibliothèque sont séquencés de manière aléatoire et analysés. Les recherches de similarités par rapport aux séquences connues déposées dans les bases de données ont déjà révélé des identités avec des gènes de fonction connue et avec d’autres clones d’EST. Toutes les séquences obtenues permettront d’établir une base de données sur les EST de Musa dont on se servira pour approfondir la connaissance des gènes des bananiers et leur éventuelle exploitation. L’analyse des rétrotransposons a permis d’identifier des éléments de type Ty 1-copia chez 10 variétés de bananiers. Une recherche dans la base de données, pour établir une comparaison avec les gènes RT connus de rétrotransposons de type Ty 1-copia, a mis en évidence des identités de 85 à 97 % dans les nucléotides et prédit des identités de 57 à 82 % dans les acides aminés. Les séquences ont été subdivisées en huit groupes distincts similaires aux rétrotransposons XIV PROMUSA Ty 1-copia trouvés chez d’autres espèces végétales, comme le Tto1 de Nicotiana tabacum (Hirochika et Hirochika 1993). On a aussi isolé des rétrotransposons de type Ty 3-gypsy présentant des identités de 55 à 80 % par rapport aux éléments similaires de la base de données. Du fait de leur ubiquité et de leur hétérogénéité, les rétrotransposons de type Ty 1-copia et Ty 3-gypsy sont des marqueurs appropriés pour déterminer la biodiversité des espèces de bananiers de la Malaisie. Dans le cadre d’un autre projet, on a utilisé la cytométrie en flux (Dolezel et al. 1991) pour étudier la variation du degré de ploïdie et de la dimension du génome nucléaire chez des espèces de Musa indigènes de Malaisie, à savoir Musa acuminata ssp., Musa balbisiana, Musa violascens et Musa textilis. Aucune variation n’a été constatée dans le degré de ploïdie. En revanche, on a observé une importante variation de la dimension du génome entre les différentes espèces analysées. La variation était plus réduite au niveau intraspécifique au sein de l’espèce Musa acuminata. L’analyse statistique et en grappes des données sur la dimension du génome pour les différents groupes correspondait bien à la classification taxinomique de Musa généralement acceptée. Les études sur la résistance aux maladies des bananiers sauvages locaux sont axées sur Fusarium oxysporum, principal agent pathogène en Malaisie. L’objectif final consistera à introgresser les gènes de résistance des espèces sauvages dans des variétés cultivées en utilisant des méthodes combinant la génomique et la sélection à l’aide de marqueurs. L’approche intégrée de ce programme, mis en œuvre en étroite relation avec les équipes travaillant sur la génétique et la transformation en Malaisie, devrait apporter une contribution aux programmes d’amélioration des bananiers localement et à l’échelle mondiale. Références Dolezel J. 1991. Flowcytometric analysis of nuclear DNA contents in higher plants. Phytochem. Analysis 2:143-154. Hirochika H. & R. Hirochika. 1993. Ty 1-copia group retrotransposons as ubiquitous components of plant genomes. Jpn. J. Genet. 68:35-46. Jamaluddin S.H. 1999. Commercial exploitation of banana diversity in Malaysia. Pp. 45-51 in Proceedings of the First National Banana Seminar, 23-25 Nov. 1998, Genting (Z. Wahab et al., eds.). Caractérisation génétique de cultivars commerciaux triploïdes et tétraploïdes et de génotypes diploïdes sauvages du Brésil à l’aide de microsatellites S.A.C.D. Souza2, A. Figueira1, A. Tulmann Neto1 et S.O. Silva3 1 Centro de Energia Nuclear na Agricultura, Universidade de São Paulo, CP. 96 Piracicaba, SP, 13400-970, Brésil; 2 ESALQ-USP (Escola Superior de Agricultura « Luiz de Queiroz », Universidad de São Paulo), Brésil;3EMBRAPA (Empresa Brasiliera de Pesquisa Agropecuaria) Mandioca Fruticultura, Cruz das Almas, BA, Brésil. E-mail: [email protected] Au Brésil, des bananiers des sous-groupes “Pome” et “Silk” (AAB) sont couramment cultivés, principalement par de petits producteurs. Le programme d’amélioration de l’EMBRAPA Mandioca Fruticultura (basé à Cruz das Almas, dans l’Etat de Bahia) a créé des hybrides tétraploïdes à partir d’un nombre limité de sélections commerciales triploïdes et de diploïdes sauvages. On peut penser qu’il existe un bon nombre de cultivars identiques portant des noms distincts (synonymes) et de génotypes distincts portant des noms similaires (homonymes), et les mutations somatiques tendent à s’accumuler chez les bananiers. Cette étude avait pour objectif de caractériser 33 cultivars commerciaux triploïdes et hybrides tétraploïdes, plus 49 génotypes diploïdes sauvages du programme d’amélioration de l’EMBRAPA à l’aide de marqueurs microsatellites. On a acheté des amorces à la société Research Genetics Inc. (Huntsville, AL, Etats-Unis) et l’on a analysé les fragments amplifiés sur des gels de polyacrylamide séquençant en conditions dénaturantes et colorés au nitrate d’argent. Sur la base d’une analyse en grappes, on a groupé les cultivars triploïdes et tétraploïdes selon leur constitution génomique (présence du génome B) et leur sous-groupe. Aucune différence n’a été détectée entre les cultivars des sous-groupes “Cavendish” et “Pome”. On a identifié des cultivars qui n’étaient pas classés dans le bon sousgroupe. Les sélections tétraploïdes issues du même croisement n’étaient pas identiques et présentaient une similarité attendue avec les triploïdes maternels. Les diploïdes étaient extrêmement divers, les principales lignées diploïdes parentales employées pour créer les hybrides tétraploïdes étant très distinctes. Certaines amorces ont amplifié plus d’un locus, ce qui laisse à penser que la duplication des locus pourrait être un phénomène commun chez le bananier, comme on l’a déjà mentionné dans des articles publiés précédemment. On pourrait se servir des distances génétiques pour sélectionner les produits des futurs croisements. Etudes sur la structure des populations de Mycosphaerella fijiensis et sur la résistance partielle des bananiers C. Abadie1, G.-G. Rivas2, A. El Hadrami3, M.-F. Zapater3 et J. Carlier3 1 CRBP (Centre régional de recherches sur bananiers et plantains), BP 832, Douala, Cameroun ; 2CATIE (Centro Agronómico Tropical de Investigacíon y Enseñanza), 7170, Turrialba, Costa Rica ; 3CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le INFOMUSA — Vol 10, N° 1 développement), TA 40/02, avenue d’Agropolis, 34398 Montpellier, France. E-mail : [email protected] Le champignon ascomycète Mycosphaerella fijiensis (anamorphe Paracercospora fijiensis) est à l’origine de la maladie des raies noires ou cercosporiose noire, la plus destructrice des affections foliaires des bananiers (Jones 2000). Il importe de connaître l’ampleur et la distribution de la variabilité de M. fijiensis pour pouvoir créer des variétés résistantes et appliquer des stratégies de gestion de la résistance à cette maladie. Une étude de la structure génétique des populations de M. fijiensis à l’échelle mondiale a montré que les différentes populations peuvent maintenir un degré élevé de diversité génétique et que la recombinaison joue un rôle important chez cet agent pathogène (Carlier et al. 1996). Les programmes d’amélioration doivent donc faire appel de préférence à une résistance partielle, mais supposée durable. La présente étude avait pour objectifs de décrire la structure génétique des populations de M. fijiensis à l’échelle continentale et à l’échelle locale, et d’évaluer l’efficacité et la durabilité de la résistance partielle. Pour étudier la structure des populations d’une espèce pathogène donnée, il faut tout d’abord la distinguer des espèces étroitement apparentées et déterminer sa distribution. Des recherches en ce sens en Asie du Sud et du Sud-Est ont amené à découvrir un champignon encore jamais décrit jusqu’alors, Mycosphaerella eumusae (anamorphe Septoria eumusae, Carlier et al. 2000). Dans le cadre d’une étude taxonomique et phylogénétique de l’ADN ribosomique, nous avons établi qu’on peut isoler à partir des feuilles de bananiers au moins neuf espèces appartenant à Mycosphaerella ou aux genres anamorphes apparentés (Carlier et al. non publié). Compte tenu de la présence de toutes ces espèces, les amorces définies dans la région ITS (Johanson et Jegger 1993) ne sont strictement spécifiques ni de M. fijiensis ni de M. musicola. Ces résultats montrent qu’il faut avoir une bonne connaissance du complexe d’espèces fongiques pour élaborer des outils de diagnostic. A partir de l’étude phylogénétique, nous avons mis au point un autre outil reposant sur une analyse de restriction de la région ITS et nous avons commencé à rechercher de nouvelles amorces spécifiques. Ces outils devraient aider à déterminer la distribution et l’importance des différentes espèces. Nous avons analysé la structure des populations de M. fijiensis à l’échelle continentale et à l’échelle locale à partir d’échantillons collectés dans des pays d’Amérique latine, des Caraïbes et d’Afrique, en utilisant huit séquences polymorphes amplifiées et digérées par des enzymes de restriction (CAPS) comme marqueurs moléculaires (Zapater et al. non publié). INFOMUSA — Vol 10, N° 1 Nous avons constaté qu’au sein des populations locales, la majeure partie de la variabilité génétique est distribuée à une petite échelle correspondant à l’échelle de la plante. Dans la région Amérique latine et Caraïbes (ALC), la diversité génétique de M. fijiensis est relativement plus élevée au Honduras et au Costa Rica qu’ailleurs, ce qui permet de penser que c’est par là que l’agent pathogène a pénétré dans cette zone. Au sein de la zone ALC tout comme en Afrique, on a détecté un niveau élevé de différenciation génétique entre la plupart des populations analysées, ce qui indique que le flux de gènes est limité (Rivas et al. et Carlier et al. non publié). Il est donc probable que la maladie s’est diffusée dans ces régions par l’intermédiaire de plantes infectées et/ou par une dispersion restreinte d’ascospores. La poursuite des recherches au niveau des pays nous permettra de préciser l’importance relative de ces deux moyens de transmission. On a évalué la variabilité de l’agressivité de l’agent pathogène sur deux échantillons collectés au Cameroun et aux Philippines, en inoculant cinq cultivars partiellement résistants dans un essai sur des morceaux de feuilles (El Hadrami et al. 1998). Il s’est avéré que la variabilité était faible et d’un niveau similaire dans les deux pays, bien que la diversité génétique observée aux Philippines soit nettement plus importante (Carlier et al. 1996). On n’a détecté aucune interaction spécifique isolat x cultivar. Etant donné qu’on ne cultive que des hôtes sensibles dans ces pays, ces résultats pourraient s’expliquer par l’absence de sélection par l’hôte. Il faudrait analyser le potentiel d’adaptation des populations pathogènes à la résistance partielle en suivant leur évolution dans le temps dans des parcelles de génotypes de bananiers résistants. Pour évaluer l’efficacité et la durabilité de la résistance partielle, trois approches complémentaires ont été adoptées : caractérisation des composantes de la résistance partielle en conditions contrôlées, évaluation de l’efficacité de ces composantes dans des essais en plein champ et analyse de la structure des populations de l’agent pathogène. Dans un essai sur des morceaux de feuilles, on a constaté des différences significatives entre 10 génotypes de bananiers à tous les stades du cycle infectieux (El Hadrami 2000). On peut donc en conclure que différentes composantes de la résistance partielle interviennent à ces différents stades. Nous avons entrepris d’étudier les rôles épidémiologiques de certaines composantes de la résistance dans des essais en plein champ sur différentes parcelles contenant chacune un seul génotype de bananier. La structure des populations pathogènes et leur variation dans l’espace et dans le temps selon les parcelles sont également en cours d’étude. Références Carlier J., M.H. Lebrun, M.F. Zapater, C. Dubois & X. Mourichon. 1996. Genetic structure of the global population of Banana black leaf streak fungus Mycosphaerella fijiensis. Molecular Ecology 5:499-510. Carlier J., M.F. Zapater, F. Lapeyre, D.R. Jones & X. Mourichon. 2000. Septoria leaf spot of banana: a newly discovered disease caused by Mycosphaerella eumusae (anamorph Septoria eumusae). Phytopathology 90: 884-890. El Hadrami A., M.F. Zapater, F. Lapeyre, C. Abadie & J. Carlier. 1998. A leaf disk assay to assess partial resistance of banana germplasm and aggressiveness of Mycophaerella fijiensis, the causal agent of black leaf streak disease. 7th International Congress of Plant Pathology, Edinburgh, Scotland. BSPP Vol. 2, p. 1.1.24. El Hadrami A. 2000. Caractérisation de la résistance partielle des bananiers à la maladie des raies noires et évaluation de la variabilité de l’agressivité de l’agent causal, Mycosphaerella fijiensis. Thèse d’université. Faculté Universitaire des Sciences Agronomiques de Gembloux, Belgique. 153pp. Johanson A. & M.J. Jegger. 1993. Use of PCR for detection of Mycosphaerella fijiensis and M. musicola, the causal agents of Sigatoka leaf spots in banana and plantain. Mycological Research 97:670-674. Jones D.R. 2000. Diseases of banana, Abaca and Enset. CABI Publishing, CAB International, Royaume-Uni. 544pp. Nouvelles méthodes cytologiques pour l’étude du bananier M. Pillay, M.T.V. Adeleke et A. Tenkouano Crop Improvement Division, Plantain and Banana Improvement Project, International Institute of Tropical Agriculture, PMB 008 Nchia-Eleme, Port-Harcourt, Nigeria. L’amélioration génétique des bananiers est rendue difficile par un certain nombre de contraintes, qui tiennent notamment au manque de connaissance de la structure des chromosomes, des degrés de ploïdie et des causes de stérilité. On n’a pas encore pu établir de caryotypes de Musa, car ses chromosomes sont petits, uniformes et se colorent mal, de sorte qu’il est difficile d’obtenir de bons étalements. Il est également indispensable d’identifier correctement les degrés de ploïdie et de mettre au point des techniques pour déterminer les causes de stérilité si l’on veut faire progresser l’amélioration. Cette étude décrit : i) l’utilisation du nitrate d’argent pour colorer les chromosomes ; ii) un nouveau protocole pour examiner les chromosomes pendant la méiose ; iii) l’analyse de la variation du degré de ploïdie au sein du matériel génétique ; et iv) l’observation de la croissance des tubes polliniques chez Musa. La coloration à l’acétocarmine, la plus fréquemment utilisée dans les études cytologiques sur les bananiers, est efficace quand les chromosomes sont condensés, comme c’est le cas pendant la métaphase, mais elle n’est pas efficace pendant la prophase. La coloration au nitrate d’argent offre une bonne solution de remplacement. L’étude présente une méthode améliorée pour examiner les chromosomes de Musa pendant la méiose. Les différentes étapes sont les suivantes : dis- PROMUSA XV section de microsporocytes des anthères, centrifugation pour obtenir un grand nombre de microsporocytes, digestion à l’aide d’enzymes et traitement des cellules à l’acide acétique et à l’éthanol. Bien que les colorations de Giemsa et de Leishman soient efficaces pour les chromosomes de Musa, la coloration au nitrate d’argent s’est révélée la plus efficace pendant la prophase où ils sont moins condensés. Cette technique pourra servir à établir les caryotypes pendant le pachytène, caractériser les nouveaux hybrides et identifier les mécanismes de restitution nucléaire (FDR ou SDR). L’analyse du degré de ploïdie et de la composition du génome de certaines de nos accessions a mis en évidence des différences par rapport aux données existantes, ce qui montre la nécessité de mieux caractériser le matériel génétique existant. Enfin, l’étude décrit une méthode permettant d’observer la croissance des tubes polliniques dans les styles des hybrides de Musa. Biochimie et maturation des fruits Les semences synthétiques : un nouveau mode de multiplication et de distribution du matériel génétique de bananier T.R. Ganapathi, P. Suprasanna, L. Srinivas et V.A. Bapat Plant Cell Culture Technology Section, Nuclear Agriculture and Biotechnology Division, Bhabha Atomic Research Centre, Trombay, Mumbai 400 085, lnde. Les bananiers comestibles ne produisant généralement pas de semences viables, leur multiplication se fait de manière végétative, sous forme de rejets. Il serait avantageux de mettre au point de nouveaux modes de multiplication plus efficaces pour assurer la maintenance, les échanges et aussi le transport du matériel génétique. La culture in vitro de méristèmes végétatifs ou d’apex floraux apparaît comme la méthode la plus prometteuse pour multiplier du matériel en grande quantité. On applique de plus en plus la technique des semences synthétiques, consistant à encapsuler des embryons somatiques et des propagules végétatives, qui offre un excellent rendement pour multiplier le matériel d’élite. Cette technique exercera un impact significatif tant sur la production des plantes à multiplication végétative que sur celle des plantes se reproduisant par semences. En ce qui concerne les plantes à multiplication vé- XVI PROMUSA gétative, les semences synthétiques permettront de planter directement les variétés clonales et elles pourraient aussi servir à maintenir le matériel d’élite. Après avoir produit des semences synthétiques en encapsulant des méristèmes apicaux et des embryons somatiques, on a étudié leur conversion en plantules. Des méristèmes apicaux du cv. Basrai, encapsulés dans de l’alginate de sodium contenant différentes matrices de gel, ont été régénérés in vitro sur divers substrats. Avec le milieu de Whites, on a obtenu un taux élevé de conversion en plantules. On a aussi produit des semences synthétiques avec des embryons somatiques dérivés de cultures cellulaires embryogènes du cv. Rasthali. Les taux de conversion sur différentes matrices de gel et différents substrats ont été variables. Les plantules obtenues à partir de semences synthétiques se sont établies avec succès dans le sol. Les semences synthétiques constituent donc un instrument utile, car on peut s’en servir comme de semences ordinaires pour stocker, transporter et distribuer le matériel génétique de bananier. Evaluation de systèmes de transformation et de régénération chez Musa acuminata var. Pisang Mas (AA) et Pisang Berangan (AAA) Norzulaani Khalid, Yasmin Othman, Wirakarnain Sani, Mahanom Jalil et Noraziah Juli Institute of Biological Sciences, Faculty of Science, University Malaya, 50603 Kuala Lumpur, Malaisie. La fusariose du bananier (ou maladie de Panama), originaire de la péninsule de Malaisie, est considérée comme une sérieuse menace pour la production locale (Thompson et Johnston 1953). Cependant, les méthodes conventionnelles d’amélioration se heurtent à la stérilité des bananiers cultivés. C’est pourquoi notre laboratoire travaille à mettre au point des protocoles de culture de tissus et de transformation pour les variétés locales de Musa acuminata Pisang Mas (AA) et Pisang Berangan (AAA). Nous avons testé des méthodes de régénération à partir de méristèmes individuels et nus (scalps), de globules méristématiques et de cals embryogènes. Ces derniers étaient dérivés de méristèmes (Novak et al. 1989) et d’inflorescences mâles (Escalant et al.). Les scalps ont donné le plus grand nombre de plants régénérés. Nous sommes en train de transférer les plants régénérés en champ afin d’étudier la variation soma- clonale. Nous avons observé une fréquence de régénération plus élevée chez Pisang Berangan (AAA) que chez Pisang Mas (AA). Nous sommes aussi en train d’établir des suspensions cellulaires des deux variétés. Les suspensions cellulaires dérivées d’inflorescences mâles se développent à un rythme plus rapide que celles dérivées de méristèmes apicaux. Nous avons fait des essais de transformation à l’aide de la biolistique et d’Agrobacterium. Les scalps et les cals embryogènes ont donné les meilleures réponses. Des analyses histochimiques nous ont permis d’optimiser les paramètres de transformation et d’identifier des explants appropriés. De nouveaux essais de transformation doivent être faits sur des suspensions cellulaires des deux variétés. Nous nous efforçons aussi d’isoler le gène antifongique du bananier sauvage Musa acuminata ssp. malaccensis. D’après les données publiées, cette espèce est résistante aux races 1 et 4 de la fusariose (Vakili 1965). D’autre part, nous réalisons des innovations pour la production commerciale de vitroplants. Nous avons créé ce que nous appelons une “chambre stériponique”, qui combine les principes de la culture de tissus et de l’aéroponique. Elle offre plusieurs avantages : production accélérée des plants, minimisation des risques de contamination et besoins réduits en maind’oeuvre. Cette chambre pourrait aussi servir à des essais physiologiques et à l’évaluation d’agents pathogènes. Enfin, nous avons mis au point un système de suivi des données pour contrôler la production des plantes à l’aide de codes barres. Ce système permettra le suivi des plantes indexées pour les virus et le contrôle de qualité, et fournira les données de production requises. Références Escalant J.V., C. Teisson, A. Grapin & F. Côte. 1994. Embryogenèse somatique de différents cultivars de bananiers à partir de jeunes fleurs. InfoMusa 3(2):4-6. Novak F.J., R. Afza, M. Van Duren, M. PereaDallos, B.V. Conger & Tang Xiolang. 1989. Somatic embryogenesis and plant regeneration in suspension cultures of dessert (AA and AAA) and cooking (ABB) banana (Musa spp.). Biotech. 7:154-159. Thompson A. & A. Johnston 1953. A host list of plant diseases in Malaya. Mycological papers n° 52. CMI, Kew, Surrey, Royaume-Uni. Vakili N.G. 1965. Fusarium wilt resistance in seedlings and mature plants of Musa species. Phytopathology 55:135-140. INFOMUSA — Vol 10, N° 1