Histoire d’un spectacle par Alain Meilland
(metteur en scène)
Lorsque l’Association Double Cœur m’a sollicité pour parler des pionniers de la
décentralisation théâtrale et plus particulièrement de Jean Dasté, j’ai tout de suite eu envie de
rendre un « joyeux hommage » à celui qui fut mon premier professeur d’Art Dramatique à
Saint-Etienne avant de m’engager (j’avais 19 ans) pour deux saisons dans sa compagnie La
Comédie de Saint-Etienne (Centre Dramatique National). Ce qui me permit, dès mes débuts au
théâtre de travailler avec de grands metteurs en scène comme Pierre Vial ou Antoine Vitez.
Au départ j’ai travaillé à partir de textes extraits de : Voyage d’un comédien, Pour que vive le
théâtre, Le théâtre et le risque et « Jean Dasté qui êtes-vous ? » et de la pièce d’Evelyne
Loew « Le public a bien joué ce soir », ainsi que d’autres extraits de la correspondance que lui
et moi avons échangée pendant des années. Bien sur, j’ai également voulu intégrer dans ce
spectacle la partie concernant Bourges puisque Gabriel Monnet avait lui-même travaillé
comme acteur et metteur en scène à St-Etienne, entre 1957 et 1961, avant de créer la Comédie
de Bourges. Et comment ne pas évoquer également la semaine que passa – à mon invitation -
Jean Dasté à Bourges en avril 1974 alors que la Maison de la Culture connaissait la seconde
grande crise de son histoire ?
L’idée de faire intervenir également le cinéma au cours de ce spectacle en intégrant la
projection du court métrage d’Alexandre Donot Il n’y a pas de nom plus beau est un moyen
d’évoquer, à travers des témoignages croisés de Jean Dasté et Jean Saby les relations entre le
monde ouvrier, la formation théâtrale des amateurs et l’arrivée, en 1947, de l’homme qui
créera : Le Centre Dramatique de la Cité des mineurs.
Certes cette soirée correspond au XXème anniversaire de sa disparition (15 octobre 1994) mais
je pense que Jean, éternel bateleur, n’aurait pas aimé qu’on lui rende un hommage solennel,
sérieux, nostalgique, voire ennuyeux ! Lui qui se tournait toujours vers les jeunes comédiens, lui
qui était passionné de la formation théâtrale, m’a, j’en suis sur, soufflé à l’oreille cette idée de
confier l’essentiel de la soirée à neuf jeunes comédiens du Conservatoire de Tours qui, le temps
d’une soirée, avec masques de la commedia dell’arte deviendront les petits enfants de Jacques
Copeaux…. Ceux que l’on appelait LES COPIAUX
Avec des élèves comédiens …………. Par Philippe LEBAS
(Professeur et responsable de la classe d’Art Dramatique du Conservatoire à
rayonnement régional de Tours)
Dès que j'ai rencontré Alain, j'ai eu le désir de lui faire rencontrer mes élèves ! Pourtant je ne
savais que peu de choses de son parcours, c'est au cours des différentes rencontres avec lui que
j'ai pu mesurer le caractère exceptionnel de son parcours dans le monde du spectacle vivant.
Acteur artistique de la culture, acteur associatif de la culture, acteur politique de la culture,
acteur au sens plein. Ce parcours si prolifique est porté par une personnalité joyeuse, accessible
et toujours curieuse et Alain n'a pas hésité un instant à venir à la rencontre des élèves du
conservatoire de Tours. Nous avons évoqué son action, ses rencontres avec Jean Dasté et encore
Léo Ferré, si riches qu'elles portent en elle les germes d'un avenir.
Pour que la culture ne se réduise jamais à la marchandisation de la culture. Ce slogan est un
vœu et un combat. « La jeune lune tient la vieille lune toute une nuit dans ses bras dit Brecht »
Nous faisons tout pour qu'elles se parlent, s'écoutent et s'enchantent.