UNIVERSITE DES ANTILLES ET DE LA GUYANE 2012 FACULTE DE MEDECINE HYACINTHE BASTARAUD N° 2012AGUY0547 Les Agressions sexuelles en Martinique. Etat des lieux au Centre Hospitalier Universitaire de Fort-de-France en 2011. THESE Présentée et soutenue publiquement à la Faculté de Médecine Hyacinthe BASTARAUD des Antilles et de la Guyane Et examinée par les Enseignants de la dite Faculté Le 22 Octobre 2012 Pour obtenir le grade de DOCTEUR EN MEDECINE Par Sandrine DANCRADE Née le …… à …… Directeur de thèse Docteur Bruno SCHAUB Membres du Jury Mr le Professeur Eustase JANKY Président Mr le Professeur Louis JEHEL Juge Mr le Professeur André WARTER Juge Mme le Docteur Anne RANCUREL Juge 1 Aux membres du jury A monsieur le Professeur Eustase JANKY, Je vous remercie de l’honneur que vous me faites de présider le jury de cette thèse. Veuillez trouver dans ce travail, l’expression de ma reconnaissance et de mon profond respect. A monsieur le Professeur Louis JEHEL, Je vous remercie de l’intérêt que vous avez bien voulu porter à ce travail, en acceptant de siéger parmi les juges. Soyez assuré de ma reconnaissance. A monsieur le Professeur André WARTER, Je vous remercie de l’honneur que vous me faites en acceptant de participer au jury de cette thèse. Veuillez trouver ici l’expression de mon respect. A madame le Docteur Anne RANCUREL, Je suis ravie de vous compter parmi les juges de mon jury de thèse. Je vous remercie d’avoir accepté de me faire cet honneur, soyez sûre de ma profonde reconnaissance. A mon directeur de thèse A monsieur le Docteur Bruno SCHAUB, Merci Bruno d’avoir cru en moi en me confiant ce travail, merci pour ta disponibilité, ta patience, tes encouragements. Merci pour ta bonne humeur et ton sourire. Je suis vraiment ravie de pouvoir te compter, aujourd’hui, parmi mes amis. 2 Je remercie également tous ceux qui m’ont aidé dans ce travail : Monsieur le Docteur Yannick BROUSTE Yannick, il y a 2 ans, avant même que je sois interne, tu m’as dit « ne fait pas comme tous ceux qui attendent la dernière minute pour passer leur thèse, et qui ne peuvent pas avoir de poste … ». Tu vois, je m’en rappelle encore, tout du moins de l’essentiel. Ma motivation est née de tes mots. Mme Carole CONSTANCY et Mme Monique TINAUT Je vous remercie pour le temps que vous avez consacré au recueil de données à la consultation médico-judiciaire. Mr le Procureur de la République Claude BELLENGER Et Mme Isabelle TOUSSAY, secrétaire du Procureur, Merci pour le temps que vous m’avez accordé, votre gentillesse et votre dynamisme. Mme Valérie OLIVIER et Mme Nicole DESOUS, Vos connaissances sur les croyances et cultures antillaises, ainsi que sur les auteurs antillais, m’ont été d’une grande aide. A Mme Karen ROME, Merci pour ton aide plus que précieuse, pour l’analyse et le traitement des données. A Mme Rose-Marie NAIGRE et Mme Béatrice DAQUIN, Merci pour votre gentillesse et votre patience. A l’ensemble de l’équipe médicale et paramédicale des services d’urgence ; SAMU, Urgences Adultes et Urgences Pédiatriques, Un grand merci à tous, pour votre soutien. Je suis ravie de travailler à vos côtés. 3 Je dédie cette thèse : A mes parents chéris, Je vous aime. Je sais, je ne le dis pas assez souvent. Je ne vous remercierais jamais assez, pour tout ce que vous avez fait pour moi jusqu’à présent. A Erika, ma sœurette, Malgré les kilomètres qui nous séparent, tu es là, à mes côtés. Merci pour tous tes conseils. A monsieur le Docteur Philippe BAUCHET, Je suis vraiment ravie d’avoir eu l’occasion de travailler à tes côtés. Encore merci pour l’aide précieuse que tu m’as fournie. A mes amis, qui m’ont accompagné pendant ces longues années d’études : Pauline, Sloane, Kayou, et Syndie. Robby, Carine et Laury. Leila, Louis, Karine et Vanessa. Enfin et surtout, au Seigneur Jésus, Je t’aime, Seigneur, ma force. Le Seigneur est mon roc, ma forteresse et mon libérateur. Il est mon Dieu, le rocher où je me réfugie, Mon bouclier, l’arme de ma victoire, ma citadelle. Psaume 18.2-3 4 TABLE DES MATIERES INTRODUCTION ……………………………………………………….. I. GENERALITES ……………………………………………………….. A. Les différents types d’agressions sexuelles ……………………………. 1. Le viol ……………………………………………………………… 2. Les autres agressions sexuelles ……………………………………... B. L’absence de consentement …………………………………………….. C. La majorité ……………………………………………………………… 1. Majorité civile ………………………………………………………. 2. Majorité sexuelle …………………………………………………… 3. Le détournement de mineur ………………………………………… D. Identité de l’agresseur …………………………………………………... 1. L’inceste ……………………………………………………………. 2. Le viol conjugal …………………………………………………… 3. Le tabou …………………………………………………………….. II. PRISE EN CHARGE EN URGENCE DES VICTIMES D’AGRESSION SEXUELLE AU CHU DE FORT-DE-FRANCE…… A. L’accueil ………………………………………………………………... 1. La victime est un enfant …………………………………………… 2. La victime est un adulte …………………………………………… 3. Pour les faits anciens ……………………………………………… 4. La réquisition ……………………………………………………… B. Prise en charge médicale ……………………………………………… 1. Quand déclencher une procédure judiciaire ? ……………………… 2. L’interrogatoire …………………………………………………… 3. L’examen clinique ………………………………………………… 4. Les prélèvements biologiques ……………………………………… 5. Prophylaxie VIH et Contraception d’urgence ……………………… 6. Quand hospitaliser ? ……………………………………………… C. Le signalement ……………………………………………………….. 1. Obligation de signaler et Secret médical …………………………… 2. Comment signaler ? ………………………………………………… 3. A qui signaler ? …………………………………………………….. D. Les structures d’aides aux victimes ……………………………………. 1. Le SAMVAS ……………………………………………………… 2. L’ADAVIM ………………………………………………………… 3. Autres associations …………………………………………………. a) L’Union des Femmes de la Martinique ………………………… b) Enfance et Partage ……………………………………………… p7 p8 p8 p8 p9 p 10 p 10 p 10 p 11 p 12 p 13 p 13 p 16 p 18 p 21 p 21 p 21 p 23 p 24 p 25 p 26 p 26 p 26 p 28 p 35 p 35 p 36 p 37 p 38 p 39 p 40 p 42 p 42 p 43 p 44 p 44 p 44 5 III. PATIENTS ET METHODES ………………………………………... A. Population ……………………………………………………………..... B. Paramètres étudiés ……………………………………………………… 1. Lieu d’accueil ………………………………………………………. 2. Nombre, âge et sexe des victimes ………………………………….. 3. Type d’agression sexuelle …………………………………………. 4. Fait récent ou non ………………………………………………….. 5. Eléments cliniques en faveur ……………………………………… 6. Identité de l’agresseur ………………………………………………. 7. Le suivi ……………………………………………………………... C. Traitement des données ……………………………………………….. IV. RESULTATS ………………………………………………………… A. Population et lieu d’accueil ……………………………………………. 1. Age et sexe ………………………………………………………….. 2. Exclusion …………………………………………………………… B. Type d’agression sexuelle …………………………………………….. C. Fait récent ou ancien …………………………………………………… D. Eléments cliniques en faveur …………………………………………… E. Identité de l’agresseur ………………………………………………….. F. Suivi …………………………………………………………………… V. DISCUSSION ………………………………………………………. A. Paramètres étudiés ……………………………………………………… B. L’accueil : une urgence psychologique ………………………………… C. Le CAUVA ……………………………………………………………. D. Un dossier type …………………………………………………………. CONCLUSION ………………………………………………………….. ANNEXES ……………………………………………………………….. BIBLIOGRAPHIE ……………………………………………………….. p 45 p 45 p 46 p 46 p 46 p 46 p 47 p 47 p 48 p 48 p 48 p 49 p 49 p 53 p 54 p 57 p 58 p 59 p 60 p 62 p 66 p 66 p 68 p 69 p 72 p 74 p 75 p102 SERMENT D’HIPPOCRATE ………………………………………….. p105 LISTE DES ENSEIGNANTS …………………………………………… LISTE DES CHEFS DE CLINIQUE …………………………………… p106 p108 6 INTRODUCTION Sujet au jour d’aujourd’hui encore tabou, malgré le droit français et l’émergence de structures adaptées à la prise en charge des victimes, les agressions sexuelles concerneraient de par le monde 13% des femmes et 3% des hommes [1]. Seuls 10% des victimes portent plainte [2]. En Martinique, fréquemment relatée à travers les gros titres de notre quotidien FranceAntilles, depuis la création de certaines associations, l’agression sexuelle ne se veut plus matière à emmurer la victime dans la honte. Cependant, face au poids bien présent de notre culture et de nos croyances antillaises, certains gardent encore le silence. Le Centre Hospitalier Universitaire de Fort-de-France est le pôle de référence régional d’accueil et de prise en charge des victimes de violences sexuelles. Mais le service d’accueil et de prise en charge qui est proposé à ces victimes, leur est-il adapté ? L’objectif de cette étude est de mettre en exergue la situation actuelle, de souligner des critères de meilleure prise en charge, dans le but d’optimiser notre pratique. 7 I. GENERALITES Constitue une agression sexuelle toute atteinte sexuelle commise avec violence, contrainte, menace ou surprise, quelle que soit la nature des relations existant entre l'agresseur et sa victime, y compris s'ils sont unis par les liens du mariage [3, 4]. La contrainte peut être physique ou morale. La contrainte morale peut résulter de la différence d'âge existant entre une victime mineure et l'auteur des faits et de l'autorité de droit ou de fait que celui-ci exerce sur cette victime. Il y a recours à la menace lorsque l'auteur annonce des représailles en cas de refus de la victime. Il y a recours à la surprise lorsque l'auteur utilise un stratagème pour surprendre sa victime ou encore lorsque la victime était inconsciente ou en état d'alcoolémie. A. Les différents types d’agressions sexuelles 1. Le viol [5] Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu'il soit, commis sur la personne d'autrui par violence, contrainte, menace ou surprise est un viol. Il peut s’agir de pénétration vaginale, anale ou buccale, par le sexe de l’auteur, les doigts, la langue, ou au moyen d’un objet. Le viol est puni de quinze ans de réclusion criminelle. 8 2. Les autres agressions sexuelles Tout acte de nature sexuelle sans pénétration, commis avec violence, contrainte, menace ou surprise est visé [4]. L’implication d’un enfant, d’un mineur de moins de quinze ans ou d’un adulte à des activités sexuelles qu’il n’est pas en mesure de comprendre, qui sont inappropriés à son âge et à son développement psycho-sexuel, qu’il subit sous la contrainte par violence ou séduction ou qui transgressent les tabous sociaux, constitue un abus sexuel [6]. Il peut s’agir d’attouchements, de caresses, d’exhibition ou de harcèlement. L'exhibition sexuelle, c’est imposer à la vue des autres dans un lieu accessible aux regards du public, des actes sexuels sur soi-même ou la personne d'autrui, et susceptibles de porter une atteinte à la pudeur [7]. L'exécution d'actes sexuels comprend : - l'exécution active : masturbation, rapport sexuel - l'exécution passive : exhibition d'une partie du corps à caractère sexuel si elle est volontaire. De plus, l'élément public doit être recherché ; le simple fait de pratiquer un acte sexuel en laissant même entrevoir l'action peut être qualifié d'exhibition sexuelle. L’exhibition sexuelle est passible d’un an d’emprisonnement et de 1500 euros d’amende. Le harcèlement sexuel est le fait pour toute personne de harceler autrui ; tourmenter, inquiéter par de fréquentes attaques, s’acharner, persécuter autrui par des agissements dont le but est d'obtenir des faveurs de nature sexuelle à son profit ou au profit d'un tiers [8]. Le harcèlement sexuel est puni d’un an d’emprisonnement et de 1500 euros d’amende [9]. 9 B. L’absence de consentement [4] Pour caractériser un viol ou une autre agression sexuelle, il faut établir que l'auteur : - a eu également l'intention de commettre cet acte, - et a eu conscience d'imposer ses agissements à la victime sans son consentement. L'absence de consentement de la victime à l'acte peut être prouvée quelles que soient les relations entre l'auteur et la victime. Une agression sexuelle peut donc même être caractérisée entre époux, concubins, partenaires liés par un pacte civil de solidarité (Pacs) ou encore entre personnes appartenant à la même famille. C. La majorité 1. Majorité civile [10] Majorité légale ou encore simplement majorité est l'âge auquel un individu est juridiquement considéré comme civilement capable et responsable, c'est-à-dire essentiellement l'âge auquel il est capable de s'engager dans les liens d'un contrat ou d'un autre acte juridique. Avant cette date, l'individu est dit mineur. Un mineur peut être propriétaire ou être engagé dans les liens d'un contrat, mais il ne peut disposer librement de sa propriété ni en principe s'engager seul. Toutefois, pour adapter le statut à la progression de la maturité de l'individu, un mécanisme est proposé et appliqué dans certains pays, la pré-majorité, ouvrant partiellement les possibilités de s'engager seul. Selon les époques, l'autorité sur le mineur a été exercée par le père de famille ou par les parents conjointement. En l'absence de parent, on lui octroie un tuteur qui a pour rôle de préserver les intérêts de l'enfant. Le mineur est dit « irresponsable » civilement. Ce concept est distinct de l’irresponsabilité pénale. 10 En France, la majorité civile a été abaissé en 1793 de 25 à 21 ans, et depuis le 5 juillet 1974 elle est fixée à 18 ans. 2. Majorité sexuelle [11, 12] C’est l'âge à partir duquel un individu, s'il est mineur civil peut entretenir une relation sexuelle avec un adulte, sans que celui-ci commette une infraction pénalement réprimée. La majorité sexuelle est la plupart du temps plus basse que la majorité civile et que la fin de la scolarité obligatoire. Au-delà de cette limite, le majeur sexuel ne relève donc plus des lois spécifiques de protection de l'enfance et de lutte contre l'abus sexuel sur mineur, mais d'éventuelles lois réglementant les relations sexuelles entre adultes ou la répression du proxénétisme. Internationalement, la notion la plus employée est celle « d'âge de consentement » ou « age of consent ». Montaigne disait « âge de choix et de connaissance ». On définit cet âge de consentement avec discernement comme l'âge minimum que doit avoir une personne pour avoir des relations sexuelles de son plein gré. En France, depuis 1945 pour les relations hétérosexuelles et 1982 pour les relations homosexuelles, la majorité sexuelle est fixée à 15 ans. Elle est fixée à 16 ans en Suisse et en Belgique, et 13 ans en Espagne. La relation sexuelle librement consentie avec un mineur de 15 ans est prévue par le Code pénal sous le nom d'atteinte sexuelle et punie de cinq ans d'emprisonnement maximum (sauf circonstances aggravantes) alors que la relation non consentie entre dans le champ de l'agression sexuelle et est punie de sept ans d'emprisonnement maximum (sauf circonstances aggravantes) pour une victime mineure de 15 ans. 11 Dans la pratique, toutefois, en dessous de 12 ans, le consentement, même lorsqu'il est apparent, n'est pas reconnu par les tribunaux correctionnels français, qui invoquent la notion d'absence de consentement éclairé et utilisent l'argument de la surprise contenu dans le Code pénal afin de pouvoir qualifier l'agression [3]. Une telle disposition permet une certaine souplesse : les magistrats peuvent engager des poursuites pour agression sexuelle par surprise, même si les deux individus ont moins de 18 ans, mais ne pas le faire dans le cas de relations sexuelles entre jeunes adolescents du même âge, tous deux se disant consentants avec discernement. L'âge n'est en revanche pas un critère de libre choix suffisant quand il y a une relation de subordination ; ainsi, en France, un professeur qui aurait des relations sexuelles avec un de ses élèves âgé de plus de 15 ans mais de moins de 18 ans peut être condamné (disposition introduite à l'initiative du sénateur socialiste Edgar Tailhades à la fin des années 1980). 3. Le détournement de mineur Le détournement de mineur est souvent confondu avec les questions de relations sexuelles entre majeurs et mineurs. Le détournement de mineur est le délit constitué par le fait de soustraire un mineur aux adultes ayant autorité sur lui [13]. Il est indépendant de savoir si le ravisseur a eu des relations sexuelles avec le mineur enlevé, et ne peut être constitué uniquement par les relations sexuelles, consenties ou non, s'il n'y a pas enlèvement. Le détournement de mineur se réfère à la majorité civile, non sexuelle. La confusion vient en partie du fait que, si un mineur, quitte le foyer parental contre la volonté de ses parents, pour aller vivre avec la personne avec laquelle il a une liaison, cette personne 12 peut bien être inculpée pour détournement de mineur, et, même, si le mineur a plus de 15 ans en France c'est la seule inculpation possible. C'est donc suivant ce motif que des parents peuvent tenter de faire inculper l'amant(e) de leur enfant si celui-ci avait plus de 15 ans. D. Identité de l’agresseur Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’auteur des faits est le plus souvent une connaissance de la victime, plutôt qu’un inconnu. Tout comme le souligne une étude rétrospective menée à Tours, incluant toutes les victimes d’abus sexuelles examinées entre le 1 Janvier 1996 et le 31 Décembre 2002. 57% des faits rapportés par les mineurs de 15 ans étaient des abus intrafamiliaux. L’auteur des faits était une connaissance de la victime (n’appartenant pas à la famille) dans 37,2% des affaires et un inconnu dans 5,8% des cas. Concernant les victimes de 15 ans et plus, 62,2% étaient une connaissance de la victime. 10% étaient l’ex-mari ou l’ex concubin, et 9,6% étaient le mari ou le concubin. Dans 5% des cas, il s’agissait d’un membre de la famille de la victime. 37,7% des agresseurs étaient des inconnus [14]. 1. L’inceste L'inceste, du latin incestrum signifiant impur, désigne une relation sexuelle entre membres de la même famille et soumise à un interdit. Ce tabou, considéré par l'ethnologue Claude Lévi-Strauss comme un universel, présent dans toute société [15], prend cependant différentes formes selon les formations sociales. Il règlemente non seulement la sexualité mais également les mécanismes de filiation et de mariage. Toute la difficulté réside dans la définition de ce que sont des parents trop proches, c'est-àdire de la parenté, et il y a de grandes variations selon les sociétés et les époques, et selon les 13 circonstances. La Bible, par exemple prohibe l'inceste non pas de manière générale mais en énonçant une suite de relations interdites : « Quand un homme prend pour épouse sa sœur, fille de son père ou fille de sa mère, et qu’il voit sa nudité, et qu’elle voit sa nudité à lui, c’est une turpitude ; ils seront retranchés, sous les yeux des fils de leur peuple ; pour avoir découvert la nudité de sa sœur, il porte le poids de sa faute. » Lv 20 : 17. [16]. Il y a une typologie de l'inceste fondée sur le discours social à propos du degré de proximité et le genre de parenté biologique, imaginaire et symbolique, discours social d'où découle le sentiment incestueux. Il est important de noter à ce propos la distance entre culture et nature puisque des études récentes en Islande [17], ont montré que les mariages entre cousins du troisième et quatrième degré seraient plus féconds que des mariages entre personnes non apparentées. Ainsi, l’avantage de conserver un certain degré de compatibilité génétique l’emporterait sur les inconvénients connus des unions consanguines : fausses couches fréquentes, une mortalité et une morbidité infantiles élevées. De façon générale, l’inceste est souvent considéré comme criminel, tombant sous un interdit social et pénal, puni par la loi, surtout lorsqu'il est commis sur un mineur sexuel. Dans ce dernier cas, l’inceste a souvent de lourdes conséquences pour la victime dans son développement psychologique, psychoaffectif et psycho-sexuel [18]. Par ailleurs, nombre de pays s'abstiennent de criminaliser l'inceste entre personnes majeures et consentantes tout en interdisant le mariage entre proches, par parenté ou filiation. En revanche, l'inceste sur mineur est le plus souvent considéré comme une forme d'agression sexuelle ou, plus spécifiquement, d'abus sexuel sur mineur. 14 L’inceste dans la fratrie, qu’il soit fraternel ou sororal, a maintes fois été identifié comme la forme la plus fréquente des sexualités intrafamiliales (Bank et Khan [19] ; Cohen [20] ; Friedlander [21] ; Laredo [22] ; Meiselman [23] ; Pierce et Pierce [24] ; Thomas et Rogers [25]). L’inceste intra générationnel et l’inceste intergénérationnel sont deux phénomènes très différents. N’étant pas toujours défini comme un acte abusif, l’inceste intra générationnel est moins associé aux notions de traumatisme, de préjudice ou de relation de pouvoir que l’inceste père-fille [26]. - En France Ayant disparu du code pénal après la révolution de 1789, le terme d'inceste n'était explicitement mentionné, dans aucun des deux principaux codes (pénal et civil) du droit français, jusqu'en 2010. Le 26 janvier 2010, l'Assemblée nationale a adopté définitivement une proposition de loi mentionnant spécifiquement l'inceste commis sur les mineurs, qui était jusqu'ici considéré comme une circonstance aggravante des crimes et délits sexuels. Ce texte, présenté par la députée Marie-Louise Fort (UMP), prévoit l'inscription de la notion d'inceste dans le code pénal et dispose que les viols et agressions sont qualifiés d'incestueux lorsqu'ils sont commis « au sein de la famille sur la personne d'un mineur par un ascendant, un frère, une sœur ou par toute autre personne, y compris s'il s'agit d'un concubin d'un membre de la famille, ayant sur la victime une autorité de droit ou de fait ». Par ailleurs, le Code civil interdit, depuis 1804, le mariage entre personnes dont les liens de parenté sont trop proches. 15 Ceci inclut plusieurs cas de figure [27]: - en ligne directe, le mariage est prohibé entre tous les ascendants et descendants, et les alliés de la même ligne. - en ligne collatérale, le mariage est prohibé entre le frère et la sœur, qu’ils aient deux parents communs ou un seul. - le mariage entre l'oncle et la nièce, la tante et le neveu, grand-oncle et petite-nièce, n’est possible qu’avec une dispense du procureur de la République. 2. Le viol conjugal Autrefois réservé au coït vaginal illicite, le terme de viol était essentiellement destiné à sanctionner les agressions sexuelles hors mariage. Depuis la réforme de 1980, seule une relation sexuelle consentie est tolérable, toute forme de sexualité imposée, y compris au sein d’un couple constitué, est désormais considéré comme un viol [28]. Les subtilités du jeu amoureux, la violence potentielle de la sexualité, l’inexpérience des amants, constituent des pièges redoutables qui conduisent en cas de plainte, à des peines extrêmement lourdes, le viol d’une épouse étant depuis la loi du 4 Avril 2006, considéré comme une circonstance aggravante et donc plus sévèrement puni que celui d’une inconnue. Il est alors devenu illégal qu’un mari puisse faire subir à sa femme, par contrainte physique ou morale ; chantage au divorce, chantage affectif, menace « d’aller voir ailleurs » … ; des relations sexuelles dont elle ne veut pas, ou ne veut plus, en se servant de l’alibi du très peu érotique devoir conjugal [29]. Des enquêtes, telle l’enquête nationale sur les violences faites aux femmes, commanditée par le service des Droits des femmes et le secrétariat d’Etat aux Droits des femmes en 2001, révèlent que plus de 47% des viols sont perpétrés par le conjoint ou l’ex-conjoint [30, 31]. 16 Plus encore, selon certaines études, la prévalence et l’incidence du viol conjugal se situe dans une fourchette de 7% à 50% des femmes à travers le monde [32]. La majorité des plaintes pour viol concernent désormais les partenaires ou ex-partenaires, au contraire de la situation antérieure, dans laquelle les seuls viols dévoilés étaient ceux commis par un agresseur inconnu [29]. Certains auteurs américains estiment ainsi que le viol entre époux est non seulement la plus courante, mais encore la plus négligée, voire tolérée, des violences sexuelles [33]. Normal, diront d’autres ; le fait que la loi reconnaisse enfin ce crime permet de briser la loi du silence. Il reste qu’à l’heure de la rupture, le risque de relecture d’une sexualité passée ou d’un rapport extorqué dans un contexte particulier peut pousser, pour de nombreuses raisons, à une judiciarisation dont les motivations, si elles faisaient l’objet d’une réelle introspection, pourraient apparaître complexes. Il n’en demeure pas moins que le problème de la preuve, si difficile à rapporter en matière de viol, est encore plus délicat dans ces situations. Le danger est alors majeur, de laisser à l’expert psychiatre un rôle bien trop lourd pour ses épaules [34]. En définitive, bien trop de gens sont persuadés que tout est permis au sein du couple. Etre marié ne signifie pas pouvoir disposer du corps de l’autre et ne pas tenir compte de son désir ou de son refus. Le « devoir conjugal » est désuet. Le consentement s’impose donc toujours, même au sein du couple constitué. 17 3. Le tabou Dans son acception la plus générale, le tabou désigne un sujet qu'il est préférable de ne pas évoquer si l'on veut respecter les codes de la bienséance d'une société donnée. Ce mot se traduit également par un interdit puissant ; une prohibition à caractère sacré dont la transgression entraîne un châtiment surnaturel [35]. Beaucoup concernent la sexualité, comme le tabou de l’inceste, qui est l’un des plus universels. A ce propos, certaines traditions et croyances antillaises suscitent le questionnement. Le mythe du dorlis ou "l'homme au bâton", est un esprit malin qui abuse des femmes pendant leur sommeil. Il leur fait subir des oppressions physiques, empêche ou perturbe leur mariage, les pousse à la débauche ou à la prostitution. Il peut être comparé aux succubes et incubes européens. C’est un être immatériel et invisible qui se faufile la nuit par un interstice quelconque dans la paroi de la maison ou par le trou de la serrure et fait subir aux jeunes filles et même aux femmes les derniers outrages, sans les déranger dans leur sommeil. Elles se réveillent simplement le lendemain toutes griffées et parfois enceintes de ses œuvres. S’il y a un mari présent, le dorlis le neutralise en lui manipulant le gros orteil. La seule parade est de porter des sous-vêtements noirs ou de laisser dans la chambre une coupe remplie de sel dont le dorlis devra compter tous les grains avant de pouvoir entrer en action, ce qui laissera à l’aurore le temps de faire son apparition et de l’anéantir. Mais il existe de nombreuses prières pour conjurer le dorlis comme celle de Saint Athanase contre les esprits possesseurs, impurs, volants, sans oublier la célèbre prière de Saint Marcoul contre les vieux rêves, cauchemars, réveil la nuit, et dorlis [36]. 18 Dans « Chronique des sept misères » Patrick Chamoiseau, auteur révolutionnaire martiniquais, exprime une volonté de désacraliser le mythe du dorlis, de transcender le tabou pour dévoiler une croyance profondément ancrée dans l’inconscient collectif [37]. Inédite, cette œuvre publiée en 1986, dévoile l’indicible, ce qui a toujours été couvert du voile épais des croyances. C’est l’histoire de Pipi, de son vrai nom Pierre Philomène, né d’une relation sexuelle entre un dorlis et Héloïse. Jusqu’au jour ou Anatole-Anatole, fils du fossoyeur, se présente sur la place du marché en plein jour et avoue publiquement être le père de Pipi, faisant, de ce fait, l’aveu de son statut de dorlis [38]. La diablesse, dans l'imagerie populaire, est une femme très belle qui guette les hommes les nuits afin de les séduire pour leur plus grand malheur. Elle est représentée dans les esprits sur une charrette lancée à toute allure, jouant du tambour [36]. Maryse Condé, auteur guadeloupéen, nous donne une autre vision du dorlis dans l’épilogue de « Moi, tituba sorcière … Noire de Salem ». Il s’agit de l´histoire d’une jeune esclave qui s`appelle Tituba. L`histoire commence au dix-septième siècle, à la Barbade, l'une des petites Antilles anglaises. Tituba est née comme fruit d’un viol de sa mère Abena par un marin anglais à bord d’un bateau négrier. Elle est, dès ses premiers instants, une enfant de la douleur. Après la mort de Tituba à la fin du récit, elle décrit son existence post-mortem. C’est alors qu’elle avoue s’adonner à la pratique du dorlis : « moi, j’ai trop aimé les hommes et continue de le faire. Parfois, il me prend goût de me glisser dans une couche pour satisfaire des restes de désir et mon amant éphémère s’émerveille de son plaisir solitaire. » [39]. 19 Le dorlis est également au centre du livre à succès du poète guadeloupéen Ernest Pépin, « L'homme au bâton » [40]. Sous le soleil de Pointe-à-Pitre vivait une jeune fille nommée Lisa. Pourvue de formes généreuses, elle ne manquait jamais de susciter la convoitise des hommes lorsque, chaque matin, elle se rendait à pied au lycée. Pourtant, Lisa, qui était âgée de seize ans, n'avait jamais connu l'amour : sa mère, soucieuse de préserver la virginité de sa fille jusqu'au mariage, la surveillait farouchement, ne lui laissant guère l'occasion de se distraire. Aussi quelle ne fut pas la stupéfaction de tous lorsqu'un jour, l'impensable se produisit : Lisa était enceinte. La honte s'abattit alors sur la famille. Le père, fou de colère, tortura tant et si bien la jeune fille que celle-ci finit par dénoncer l'auteur du crime : c'était l'Homme au bâton, un homme sans visage, qui un soir d'orage était entré dans sa chambre, et avant même qu'elle pût réagir avait déversé sa semence. Aussitôt, la rumeur se répandit aux quatre coins de l'île, et chacun se mit à vivre dans la crainte du " défoufouneur de femmes ". 20 II. PRISE EN CHARGE EN URGENCE DES VICTIMES D’AGRESSION SEXUELLE AU CHU DE FORT-DE-FRANCE A. L’accueil Il n’y a pas de service spécifique dédié à la prise en charge des victimes d’agression sexuelle. Certaines victimes se présentent ou sont orientées en fonction de leur âge et/ou de leur sexe, vers les différents services d’Urgences ; Pédiatriques, Gynécologiques et Adultes. D’autres sont adressées sur réquisition au service de Consultation Médico-Judiciaire ; le CMJ. 1. La victime est un enfant Le service des Urgences Pédiatriques de la Maison de la Mère, de la Femme et de l’Enfant ; la MFME, fait partie intégrante du CHU de Fort-de-France, depuis son inauguration en Mars 2008. Tenu par la loi, d’accueillir tous les enfants, de sexe féminin ou masculin, âgés de moins de 15 ans et 3 mois, quel que soit le motif de consultation, les Urgences Pédiatriques prennent en charge les victimes d’agression sexuelle jusqu’à l’âge de 18 ans. Sauf urgence vitale, les enfants reçus pour le motif d’agression sexuelle, quel que soit le type d’agression sexuelle, suivent le même circuit que les enfants venus consulter pour des problèmes de santé divers. Après l’inscription administrative, l’enfant, accompagné d’un ou des parents, d’un tuteur, voire des pompiers, est entretenu par l’infirmière d’accueil et une aide puéricultrice, qui elles, sont chargées de recueillir le motif de consultation et les constantes physiologiques. 21 Puis l’enfant est installé dans un box, en vue d’être examiné sur le plan somatique, sauf examen génital, par un médecin, interne ou senior. S’il s’agit d’une fille, l’examen gynécologique est confié au Dr Bruno SHAUB, gynécologue expert près des tribunaux, sinon à l’un de ses confrères. Ainsi après avoir été accueilli et pris en charge initialement aux Urgences Pédiatriques, l’enfant doit se déplacer, ou être déplacé vers le service des Urgences Gynécologiques, qui se trouve à 100 mètres. S’il s’agit d’un garçon, l’examen génito-sphinctérien peut également être réalisé par le Dr SCHAUB s’il est présent, sinon cet examen est confié au Dr André EDOUARD, gastroentérologue, dont les locaux sont situés à plus de 2 kilomètres des Urgences Pédiatriques, via la passerelle qui réunit la MFME au bâtiment principal du CHU. Ces enfants et leurs accompagnants, qui ont déjà fait l’effort de se rendre aux urgences, doivent arpenter les couloirs pour que l’enfant ait un examen génital. Puis traverser à nouveau les couloirs, pour retourner aux urgences Pédiatriques, avant d’être à nouveau déplacés vers un service d’hospitalisation, à moins de pouvoir enfin rentrer chez eux. - Limite d’âge de 15 ans et 3 mois La majorité sexuelle est bien fixée à l’âge de 15 ans [11, 12], et la majorité civile à l’âge 18 ans [10]. A l’âge de 16 ans, le mineur est considéré par la loi comme un adulte, et peut être émancipé. Etant donné que devenir parent d'un enfant est motif à l'obtention de l'émancipation, et que la durée de gestation humaine est de 9 mois, l'âge "théorique" pour le début des rapports sexuels est donc de : 16 ans - 9 mois, soit de15 ans et 3 mois [41]. 22 Au-delà de l’âge de 15 ans et 3 mois, l’adolescent considéré comme un adulte, peut donc être pris en charge dans un Service d’Accueil des Urgences adultes. Au-deçà de cette limite et si son état de santé le permet, il doit être orienté vers un service d’urgence pédiatrique. 2. La victime est un adulte Les femmes sont accueillies aux Urgences Gynécologiques. Il arrive parfois qu’elles se présentent d’elles-mêmes aux Urgences Adultes. Elles sont alors, sauf urgence vitale, réorientées directement vers les Urgences Gynécologiques. Après une inscription administrative à la MFME, elles doivent confier le motif de consultation à la sage-femme d’accueil, qui elle, est chargée d’en informer le médecin sur place. Si le Dr SCHAUB est présent, dans le service des Urgences Gynécologiques, ou s’il se trouve au sein de l’hôpital, dès qu’il est averti, il procède à l’examen somatique complet de la victime. S’il est en dehors du CHU, mais présent sur le département, dans ce cas il se déplace uniquement sur réquisition. Si le Dr SCHAUB n’est pas disponible, l’examen de la victime est confié au senior de garde, et parfois à l’interne. L’examen va être réalisé : - Sur réquisition après qu’elle ait déposé plainte : Il s’agit de faits le plus souvent récents ; délai de moins de 3 jours induisant l’urgence de l’examen médical. Parfois ils sont plus anciens, avec un délai plus ou moins long entre les faits et le dépôt de plainte. 23 - Sans réquisition : Les faits sont récents mais la victime ne veut ou n’ose pas porter plainte. La demande se présente comme médicale. Cependant, il faut réaliser l’examen et les prélèvements comme en cas de réquisition. En effet, le dépôt de plainte va peut-être suivre l’examen médical, la victime ayant été encouragée à le faire par cette prise en charge initiale. Il appartient au médecin d’avoir conservé les preuves, qui sont fugaces. Les hommes quant à eux, sont reçus soit au CMJ, uniquement sur réquisition, soit aux Urgences Adultes. Dans un lieu comme dans l’autre, l’examen proctologique est confié au Dr EDOUARD, qui n’intervient que sur réquisition. 3. Pour les faits anciens Les victimes sont dirigées sur réquisition, soit en Consultation Médico-Judiciaire, soit en consultation gynécologique avec le Dr SCHAUB. Quel que soit l’âge et le sexe de la victime, l’examen génital n’est pas effectué au CMJ, faute de matériel et de formation spécifique. Cet examen est réalisé, qu’il s’agisse d’une petite fille, d’une femme, ou d’un petit garçon, par le Dr SCHAUB, sur réquisition. Et s’il s’agit d’un homme d’âge adulte, l’examen génital sera mené par le Dr EDOUARD sur réquisition. 24 4. La réquisition Il s’agit d’une procédure par laquelle une autorité judiciaire ou administrative demande à un médecin d'effectuer un acte médico-légal. Les circonstances peuvent être diverses et bien qu'elles revêtent un caractère d'urgence, il existe un cadre légal précis. Ainsi, l'article 60 du code de Procédure pénale édicte : "S'il y a lieu de procéder à des consultations ou des examens techniques ou scientifiques qui ne peuvent être différés, l'officier de police judiciaire a recours à une personne qualifiée". La réquisition est impérative et nominative. Le médecin est tenu de déférer à réquisition comme le précise l'article R. 642-1 du Code pénal et l'article L. 4163-7 du Code de la Santé Publique. Un refus est donc considéré comme un délit passible du tribunal correctionnel. Les exceptions envisageables à l'obligation de déférer à réquisition sont : - le cas de force majeure justifié par une maladie ou une inaptitude physique du médecin, - l'incompétence technique avérée dans le domaine concerné par la réquisition, - l'incapacité transitoire du médecin liée à l'obligation qu'il a de donner des soins de manière urgente à un malade. La réquisition est un document écrit comprenant toujours : - l'identité et la fonction du requérant et de la personne requise - l'article du Code de procédure pénale fondant la demande - l'énoncé précis de la mission - la signature et la date. 25 B. Prise en charge médicale Il existe une procédure de prise en charge des victimes d’agression sexuelle au CHU de Fortde-France, mais celle-ci ne figure que dans un seul service ; le service des Urgences Pédiatriques. [Annexe : Prise en charge d’une allégation de viol ou agression sexuelle]. 1. Quand déclencher une procédure judiciaire ? Dans les cas d’agression sexuelle sur mineur (civil), sur personne vulnérable en raison de son âge, de son état physique ou mental, ou de faits avec usage d’une arme, le médecin a obligation d’informer les Forces de l’Ordre , en vue d’effectuer un signalement. Afin que l’examen médical et les différents prélèvements aient une valeur médico-légale, et soient donc recevables devant le juge, il faut obtenir une réquisition judiciaire. Dans la grande majorité des cas, la plainte est recueillie au commissariat ou à la gendarmerie, par le représentant légal et non pas dans le service. 2. L’interrogatoire La procédure élaborée dans le service des Urgences Pédiatriques, mentionne une anamnèse détaillée, dont les modalités ne sont pas explicites. Un protocole d’accueil et de mise en pratique pour les constats de violences sexuelles, a été rédigé au Centre Hospitalier de Saint-Nazaire en 2004 [42]. T. Linet et J. Nizard ont mis en place un document unique, qui fait à lui seul la synthèse des formalités, prélèvements et ordonnance adaptés à la situation. 26 Le dossier se compose des éléments suivants : - L’anamnèse - Un cahier pour l’examen clinique, ses conclusions et le suivi - En annexe, les rappels anatomiques sur l’hymen et les stades de développement pubertaire. Le dossier a volontairement été séparé en pages distinctes pour chaque thème (identification, antécédents, …) de manière à ce que les données puissent être plus facilement retrouvées. Il peut être utilisé indifféremment pour un constat chez l’enfant ou chez l’adulte. [Voir Tableau I]. Tableau I : Modalités de l’anamnèse. Identification Patiente (identification complète) Médecin ou personne requise (Nom, Fonction) Témoin (Nom, Fonction) Uniquement si accord de la victime. Antécédents Médicaux, chirurgicaux notables Gynécologiques Pathologies ou contexte social invalidant pouvant rendre la victime vulnérable. (Fonction locomotrice limitée, traitement psychotrope …) Autres épisodes de violences sexuelles Les faits Dire de la victime rapportés le plus fidèlement possible : utilisation de ses mots si nécessaire, questions les plus ouvertes possibles. Circonstances : date, heure, lieu 27 Les faits Type de pénétration : vaginale, anale, oral, objet Ejaculation : présence ou absence Préservatif : présence ou absence Type du viol : marital, avec passage à l’acte brutal, par personne ayant autorité (fonctions professionnelle, familiale), en réunion (« tournantes »). Modalités de l’examen Etat psychologique, comportement depuis l’agression : permet d’évaluer l’importance du syndrome post-traumatique. 3. L’examen clinique Il doit être complet, systématique, précis et rapide, et pratiqué uniquement avec l’accord de la victime, qu’il ne faut surtout pas réduire à ses organes génitaux. Pour les enfants, la présence d’une tierce personne durant l’examen est requise. Cette personne sera si ce n’est choisie, tout du moins acceptée par l’enfant. C’est souvent plus facile s’il ne s’agit pas de l’un des parents. L’examen doit entièrement être réalisé avec des gants et les habits souillés sont gardés dans un sac en papier, et non en plastique, afin de préserver d’éventuelles preuves ADN. Prendre des photos d’éventuelles lésions, dont la taille sera mise en exergue à l’aide d’une règle étiquetée au nom du patient. L’examen gynécologique est confié au Dr SCHAUB ou au senior de Gynécologie de garde. L’examen proctologique est confié au Dr EDOUARD ou au Dr SCHAUB. 28 - Examen génital et anal Examen sur table gynécologique. Chez l’enfant, classiquement en décubitus dorsal dans la position dite de la grenouille, qui permet l’examen du pubis, de la face interne des cuisses et de la vulve. (Voir photographies. Source Dr SCHAUB). Photographie 1 : Position de la grenouille 29 Il existe une position plus ludique chez la fillette, du fait de sa souplesse, dite position Pieds Mains, qui permet l’examen de l’hymen et de l’anus. Photographie 2 : Position pieds mains L’examen doit être indolore et sans risque chez l’enfant. Il n’y a pas lieu d’avoir recours à une anesthésie générale ou à une narcose. Le fait de rassurer, de réconforter, mettre en confiance dès l’accueil prend alors toute son importance. Chez l’enfant l’inspection seule suffit. Chez l’adolescente vierge on évalue la compliance de l’hymen à l’aide du toucher vaginal ou d’une sonde à ballonnet. Chez l’adulte on utilise si besoin le spéculum. 30 - Appareil génital féminin : Rappels anatomiques Photographie 3 : Fillette vierge 1 2 3 4 5 6 7 8 1. Mont de Vénus (Siège de la pilosité pubienne) 2. Clitoris et son capuchon 3. Méat urinaire 4. Vestibule vulvaire 5. Petite lèvre (gauche) 6. Orifice vaginal 7. Hymen 8. Fourchette postérieure 31 - Exemples de lésions : Photographie 4 : Déchirure récente à 5H, du bord libre de l’hymen jusqu’au sillon nympho hyménéal. Abrasion à 6H. 32 Photographie 5 : Contusion hyménéale 33 Photographie 6 : Fissures anales 34 4. Les prélèvements biologiques Tous les prélèvements seront réalisés en double ; un exemplaire destiné aux laboratoires du CHU, et l’autre à visé judiciaire. - Prélèvements sanguins : Bêta HCG Sérologie VIH Hépatites B et C Syphilis Chlamydiae Toxiques et Alcoolémie - Prélèvements gynécologiques : 2 écouvillons en superficiel 2 écouvillons en intra-vaginal 2 écouvillons en intra anal (si pénétration anale) 2 écouvillons en intra buccal (si fellation). 5. Prophylaxie VIH et Contraception d’urgence Le NORLEVO est donné de façon quasi systématique à la jeune fille en âge de procréer, avec son accord. En cas de suspicion de viol, une prophylaxie antirétrovirale est systématiquement instaurée, jusqu’à 48 heures après les faits. Si la victime est un enfant âgé d’au moins 15 ans, on utilise un kit de prophylaxie VIH adulte (Truvada et Kaletra), après avoir informé l’infectiologue d’astreinte ; médecin avec lequel il aura une consultation au CISIH dès le lendemain (Centre d’Information et de Soins de l’Immunodéficience Humaine, situé au OD). 35 En général, lorsqu’il s’agit de victimes âgées de moins de 15 ans, elles sont hospitalisées et revues le lendemain par l’équipe des pédiatres qui instaurent une chimio-prophylaxie VIH adaptée. 6. Quand hospitaliser ? L’hospitalisation est obligatoire en cas de sévices graves, avérés ou de danger immédiat [43]. L’évaluation du risque encouru par l’enfant n’est pas toujours en rapport avec l’état clinique. Le médecin doit rechercher le danger auquel l’enfant sera exposé, s’il reste hébergé dans le milieu familial, ou d’accueil selon les cas. Il faut tout mettre en œuvre pour convaincre les parents s’ils hésitent à donner leur accord. Si malgré cela les parents refusent, le médecin saisit le Procureur de la République ou son substitut qui délivre une ordonnance de placement provisoire (OPP). L’hospitalisation va permettre de réunir, autour de l’enfant, une équipe pluridisciplinaire ; pédiatres, pédopsychiatre, médecins légistes, médecin de PMI, assistantes sociales, afin d’évaluer le cadre familial et de proposer une prise en charge de soins à long terme. 36 C. Le signalement Le signalement doit être entendu comme « un écrit objectif comprenant une évaluation de la situation d’un mineur présumé en risque de danger ou en danger nécessitant une mesure de protection administrative ou judiciaire » [44]. Le système français de protection des enfants victimes de sévices ou de privations repose sur l’intervention, déclenchée après un signalement, des autorités administratives (Service de Protection Maternelle et Infantile, Aide sociale à l’enfance, Service Social polyvalent de secteur) et judiciaires (Parquet, Juridiction pour enfants). Le signalement doit mentionner des : - Informations sur l’enfant : Identité et âge, adresse, situation familiale, lieu d’accueil ou de scolarité, titulaire de l’autorité parentale. Résumé de l’évaluation pluridisciplinaire, éventuel certificat médical. - Eléments justificatifs : Faits observés ou rapportés, attitude de la famille, actions déjà menées. Tous ces aspects doivent être décrits de façon objective, précise et chronologique. Il faut également préciser si la famille est informée du signalement. 37 1. Obligation de signaler et Secret médical Actuellement, le code pénal et le code de déontologie médicale légifèrent l’ensemble du problème. Au niveau du code pénal [45], trois textes sont à retenir : - L’article 226-13 sur le secret professionnel, celui-ci est général et absolu hormis les cas relevant de l’article 226-14. - L’article 226-14 précise que « l'article 226-13 n'est pas applicable dans les cas où la loi impose ou autorise la révélation du secret » ; « il n'est pas applicable à celui qui informe les autorités judiciaires, médicales ou administratives de privations ou de sévices, y compris lorsqu'il s'agit d'atteintes ou mutilations sexuelles, dont il a eu connaissance et qui ont été infligées à un mineur ou à une personne qui n'est pas en mesure de se protéger en raison de son âge ou de son incapacité physique ou psychique». - Enfin l’article 223-6 sur la non-assistance à personne en danger, prévoit de punir « quiconque », c'est-à-dire sans exception, s’abstenant volontairement de porter assistance. Le code de déontologie médicale comporte deux articles [46] : - l’article 4 concerne le secret médical : « le secret professionnel, institué dans l’intérêt des patients, s’impose à tout médecin dans les conditions établies par la loi. Le secret couvre ce qui est venu à la connaissance du médecin dans l’exercice de sa profession, c'est-à-dire non seulement ce qui lui a été confié, mais aussi ce qu’il a vu, entendu et compris ». - l’article 44 dispose que : « lorsqu’un médecin discerne qu’une personne auprès de laquelle il est appelé est victime de sévices ou de privations, il doit mettre les moyens les plus adéquats pour la protéger en faisant preuve de prudence et de circonspection. S’il s’agit d’un mineur ou 38 d’une personne qui n’est pas en mesure de se protéger en raison de son âge ou de son état physique ou psychique, il doit, sauf circonstances particulières qu’il apprécie en conscience, alerter les autorités judiciaires, médicales ou administratives ». Le partage des informations relatives à une situation individuelle est strictement limité à ce qui est nécessaire à l’accomplissement de la mission de protection de l’enfance. Le père, la mère, toute autre personne exerçant l’autorité parentale, l’enfant en fonction de son âge et de sa maturité sont préalablement informés, selon des modalités adaptées, sauf si cette information est contraire à l’intérêt de l’enfant. L’article 15 de la loi 2007-293 du 5 mars 2007 instaure la notion d’un secret professionnel partagé [47]. Par exception à l’article 226-13 du code pénal, les personnes soumises au secret professionnel qui mettent en œuvre la politique de protection de l’enfance ou qui lui apportent leurs concours, sont autorisées à partager entre elles des informations à caractère secret. Ce partage doit permettre d’évaluer une situation individuelle, de déterminer et de mettre en œuvre des mesures de protection et d’aide dont les mineurs et leur famille peuvent bénéficier. 2. Comment signaler ? Afin d’aider le médecin dans cette démarche, un modèle de signalement a été élaboré en concertation entre le Ministère de la Justice, le Ministère de la santé de la famille et des personnes handicapées, le Ministère délégué à la famille, le Conseil national de l’Ordre des médecins et les associations de protection de l’enfance [48]. Deux feuillets 21 x 29,7 cm, comportant chacun le cachet du médecin. Sur le premier feuillet figure les témoignages, et le deuxième est réservé à l’examen clinique. [Annexe : Signalement]. 39 3. A qui signaler ? Deux systèmes de protection de l’enfance coexistent et travaillent souvent en concertation [44] : D’une part, une protection administrative pilotée par le Président du Conseil Général dont dépendent les services de l’Aide Sociale à l’Enfance, et, d’autre part, une protection judiciaire assurée par le Procureur de la République et le Juge des enfants en matière d’assistance éducative. Selon la loi du 5 mars 2007, les critères d’intervention de la protection administrative et de la protection judiciaire sont identiques, au sens de l’article 375 du code civil : « la santé, la sécurité ou la moralité du mineur devront être en danger, ou les conditions de son éducation ou de son développement physique, affectif, intellectuel et social devront être gravement compromises. » Le signalement à l’autorité administrative doit être effectué dans tous les cas où après une évaluation, une équipe pluridisciplinaire soupçonne un risque de danger pour l’enfant sans forcément que les faits soient avérés. Le Président du Conseil Général a pour mission de procéder à l’organisation de la réponse adéquate, sous forme d’action si celle-ci est nécessaire. 40 Le Procureur de la République est saisi, c'est-à-dire rendu destinataire du signalement, lorsque l’évaluation de la situation de l’enfant amène à considérer que celui-ci est exposé à un danger immédiat ou qu’il est maltraité. Le Procureur de la République décide de la suite à donner à ce signalement. Il apprécie l’opportunité : - d’une enquête confiée à un service de police ou de gendarmerie - de la poursuite du ou des présumés auteurs d’infractions délictuelles ou criminelles commises au préjudice d’un mineur en ouvrant une information judiciaire, acte qui a pour conséquence de saisir un juge d’instruction - de saisir un juge des enfants dans le cadre de l’assistance éducative - de ne pas donner suite au signalement si les éléments ne lui paraissent pas suffisants, il avise dans ce cas le signalant. Le Procureur de la République est au cœur du dispositif de réception des signalements dont il assure le filtre et l’orientation. 41 D. Les structures d’aides aux victimes En Martinique, il existe deux associations d’aides aux victimes d’agression sexuelle : le SAMVAS et l’ADAVIM. 1. Le SAMVAS Né en 2006, de l’Association pour l’Accompagnement, le Développement et la Promotion de l’Action Sociale (AADPAS), le Service d'Accompagnement des Mineurs Victimes d'Agression Sexuelle ; SAMVAS, prend aussi bien en charge l’enfant que les membres de leur famille. En 2008, 55 victimes âgées de 4 ans à 18 ans ont été accompagnées psychologiquement, juridiquement, et sur le plan éducatif [49]. Le suivi psychologique offre avant tout un espace de parole ; prise en charge individuelle, mais l'association organise aussi des groupes d'expression collective pour les victimes, comme pour les parents. Cela leur permet de mettre des mots sur la souffrance, sans aucune censure. Pour les tout-petits qui ne parviennent pas toujours à parler, il existe un atelier d'art-thérapie. Après une agression, la victime présente des troubles du comportement et notamment des relations conflictuelles avec les parents et l'entourage. C'est ici qu'intervient un éducateur spécialisé (entretiens, médiation parents/enfants, visites au domicile familial, sorties éducatives, ateliers) pour renforcer la prise en charge éducative. 42 Enfin, le SAMVAS aide la victime et sa famille à faire valoir ses droits et à préparer le procès à venir. D’ici un mois le SAMVAS devrait devenir SAVAS ; Service d’Accompagnement des Victimes d’Agressions Sexuelles, et ainsi prendre en charge aussi bien les mineurs que les adultes [49]. 2. L’ADAVIM L'Association Départementale d'Aide aux Victimes et de Médiation Pénale de Martinique ; ADAVIM, fait partie du réseau de l'Institut National d'Aide aux Victimes et de Médiation depuis 2005. L’INAVEM est un organisme qui a une mission de service public et est subventionné par le Ministère de la Justice. Non spécifique à la prise en charge des victimes d’agression sexuelle, l’ADAVIM reçoit de nombreux adultes victimes d’agression physique. La présidente de l’ADAVIM, Me Rioual-Rosier insiste sur l'intérêt d'une telle structure : « Nous sommes une association généraliste qui apporte une prise en charge globale. Elle offre un service totalement gratuit, confidentiel et agit uniquement avec l'accord de la victime » [50]. L'ADAVIM offre une information juridique, elle familiarise la victime avec les différentes démarches à effectuer et informe sur les aides dont elle peut bénéficier. 43 L'association propose un soutien psychologique durant la procédure. Si cela s'avère nécessaire, elle peut recommander un professionnel de l'écoute pour un suivi post-procédural. 3. Autres associations a) L’union des Femmes de la Martinique (UFM) Association féministe martiniquaise, créée le 11 juin 1944 pour développer une société sans discriminations, sans violence envers les femmes, propose une structure d’accueil, d’écoute, d’aide et d’accompagnement pour les femmes victimes de violences conjugales (morales, physiques, sexuelles, économiques) et de violences dans le monde du travail (harcèlement sexuel et moral) [51]. b) Enfance et Partage Depuis 35 ans, l’association Enfance et Partage se bat pour protéger, défendre et prévenir les enfants contre toutes formes de maltraitance, que ce soit les violences physiques ou psychologiques, les négligences graves ou les abus sexuels [52]. Présente sur l’ensemble du territoire français, la Martinique est l'un des départements où l'association est le plus nommée [53]. L'association propose un accompagnement juridique et un soutien psychologue à la victime. Enfance et Partage, alerté par des signalements anonymes, transmet au procureur ou au juge d'instruction qui décident ensuite de saisir ou non l’association, lorsque les intérêts sont divergents entre les parents et l'enfant. 44 III. PATIENTS ET METHODES A. Population Nous avons effectués un recueil de données rétrospectif incluant tous les patients qui se sont présentés au CHU de Fort-de-France du 01/01/2011 au 31/12/2011, pour le motif d’agression sexuelle. Le but de cette étude est de mettre en lumière la quantité de patients reçus pour le motif d’agression sexuelle, la prise en charge qui leur est fournie, afin de proposer, non pas une procédure, mais un dossier type. Ont été inclus tous les patients pour qui figurait sur les cahiers d’admission, un des intitulés suivants : suspicion de viol, attouchements, agression sexuelle, ou encore les lettres « CV » signifiant consultation viol. Ont été exclus ceux pour qui le dossier médical était introuvable ou incomplet, et les dites victimes qui ont réfuté les faits. 45 B. Paramètres étudiés Nous avons élaboré une fiche de recueil de données [Annexe : Fiche de recueil de données]. 1. Lieu d’accueil Nous parlerons de lieu d’accueil et non de lieu de prise en charge, car il s’agit d’une prise en charge pluridisciplinaire et comme nous l’avons mentionné précédemment, les patients sont souvent déplacés d’un service à un autre. Les services concernés par l’accueil des victimes d’agression sexuelle au CHU de Fort-deFrance sont : - Les urgences pédiatriques - Les urgences gynécologiques - La consultation d’expertise gynécologique du Dr SCHAUB - Le service de consultation médico-judiciaire (CMJ) - Les urgences adultes. 2. Nombre, âge et sexe des victimes Nous distinguerons les patients adultes des patients mineurs, en soulignant la quantité de mineurs de moins de 15 ans. L’étude porte aussi bien sur les individus de sexe féminin que de sexe masculin. 3. Type d’agression sexuelle Nous mettrons en relief le nombre de victimes de viol ; avec pénétration vaginale et/ou anale, ainsi que de victimes d’attouchements et de fellation. 46 4. Fait récent ou non La notion de fait récent, induit l’urgence à réaliser un examen médical et des prélèvements. Lorsque la victime consulte quelques heures après l’agression ou dans les 3 jours suivant, les faits sont dit récents. Au-delà de 3 jours, les faits sont dit anciens. 5. Éléments cliniques en faveur Nous avons recueilli pour chacun des patients la présence ou non, de lésions génitales et/ou corporelles. Les lésions génitales sont les suivantes : - lésion récente de l’hymen (déchirure, contusion) - lésion traumatique de la vulve et de la fourchette postérieure (fissure, rougeur, érosion) - lésion traumatique de l’anus (fissure) - hymen compliant, avec toucher vaginal à 2 doigts possible - déchirure ancienne de l’hymen Les lésions corporelles résident en la présence de trace cutanée de blessure, de violence physique (hématome, ecchymose, griffure …). 47 6. Identité de l’agresseur L’agresseur est-il connu ? S’agit-il de quelqu’un qui fait partie de la famille de la victime ? Est-ce un inconnu ? 7. Suivi Nous avons recherché dans chacun des dossiers : - L’utilisation d’une contraception d’urgence - La prescription d’une trithérapie antirétrovirale - La présence d’une incapacité totale de travail (ITT) - L’avis du psychologue. Nous nous sommes renseignés sur les suites judiciaires de chacune des affaires, auprès du tribunal de grande instance. C. Traitement des données L’analyse de données, de cette étude descriptive, a été réalisée à l’aide du logiciel EXCEL version 2010. Nous avons mis en relief les effectifs, calculé des fréquences, et illustré les résultats par des graphiques. 48 IV. RESULTATS A. Population et lieu d’accueil L’année 2011 comptabilise 130 patients, venus consulter au CHU de Fort-de-France pour le motif d’agression sexuelle. Tableau II : Nombre de patients reçus au CHU en 2011. Lieu d'accueil Effectif Urgences pédiatriques 8 Urgences gynécologiques 14 Consultation Dr SCHAUB 85 CMJ 21 Urgences adultes 2 Total 130 Dès lors qu’il y a dépôt de plainte pour agression sexuelle, sauf état clinique inquiétant, les forces de l’ordre orientent principalement la victime vers la consultation d’expertise gynécologique du Dr SCHAUB, qui reçoit pour chacune d’elles, une réquisition. En effet la consultation d’expertise gynécologique représente à elle seule 65% des consultations effectuées au CHU, pour le motif d’agression sexuelle. 49 2% 6% 16% 11% Urgences pédiatriques Urgences gynécologiques 65% Consultation Dr SCHAUB CMJ Urgences adultes Figure I : Répartition des victimes selon les différents services d’accueil. En deuxième position, le service de Consultation Médico-Judiciaire, qui reçoit 16% des victimes. Il s’agit de cas ou des violences physiques ont également été mentionnées. Suivi par les services des urgences gynécologiques et des urgences pédiatriques, qui accueillent respectivement 11% et 6% des victimes. Selon l’organisation actuelle, le service des urgences adultes, ne fait pas partie des services d’accueil de victimes d’agression sexuelle au CHU. Néanmoins, 2 victimes y ont été reçues en 2011. 50 Tableau III : Tranche d’âge des patients selon le lieu d’accueil. LIEU D'ACCUEIL AGE 0-15 15-18 18+ N % N % N % Urgences pédiatriques 8 12,5 0 0 0 0 Urgences gynécologiques 8 12,5 4 22,2 2 4,1 Consultation Dr SCHAUB 41 64 11 61,1 33 68,7 CMJ 7 10,9 3 16,6 11 22,9 Urgences adultes 0 0 0 0 2 4,1 64 49,2 18 13,8 48 36,9 TOTAL Parmi les 130 consultations pour agression sexuelle, 49% concernent des mineurs de moins de 15 ans, 14% des adolescents de 15 à 18 ans et 37% des consultations concernent des adultes. 51 Urgences adultes CMJ AGE 18+ Consultation Dr SCHAUB AGE 15-18 AGE 0-15 Urgences gynécologiques Urgences pédiatriques 0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 Figure II : Répartition de la tranche d’âge des patients en fonction du lieu d’accueil. Les urgences pédiatriques n’ont reçus que des mineurs de moins de 15 ans. Les mineurs âgés de 15 à 18 ans, étant répartis entre les urgences gynécologiques, la consultation d’expertise gynécologique et le CMJ. 52 1. Age et sexe Tableau IV : Classe d’âge des victimes en fonction du sexe. AGE TOTAL SEXE 0-15 15-18 18+ N % F 56 18 46 120 92 M 8 0 2 10 8 Les patients sont essentiellement des mineurs de moins de 15 ans, et majoritairement de sexe féminin. Toutes les tranches d’âges sont concernées chez l’individu de sexe féminin. 47% des victimes ont entre 0 et 15 ans, 15% entre 15 et 18 ans et 38% ont plus de 18 ans. Chez l’individu de sexe masculin, 80% des victimes sont des mineurs de moins de 15 ans et les 20% restant sont des adultes. 53 2. Exclusion Tableau 5 : Critères d’exclusion Sexe Age Lieu d'accueil Motif d'exclusion F 4 Urgences Pédiatriques Pas de données M 13 Urgences Pédiatriques Dossier non retrouvé F 7 Urgences Pédiatriques Dossier non retrouvé Notion d’attouchement M 7 Urgences Pédiatriques Pas de données Résultats d’un bilan sérologique et d’une recherche de toxiques sanguins F 11 Urgences Gynécologiques Dossier non retrouvé F 15 Urgences Gynécologiques Dossier non retrouvé F 46 Urgences Gynécologiques Dossier non retrouvé F 16 Urgences Gynécologiques F 15 Consultation d’expertise gynécologique Autre motif de consultation Eléments figurant dans le dossier Accueillie aux urgences pédiatriques, amené aux urgences gynécologiques, mais mineure, envoyé à la CMJ. Notion de retard psychomoteur Annotation « CV » pour consultation viol, inscrite à l’admission, mais il aurait s’agit d’une consultation PMI pour contraception orale. Accompagné par son père. Données insuffisantes Hymen intact, pas de lésion anale. 54 Sexe Age Lieu d'accueil Motif d'exclusion F 12 Consultation d’expertise gynécologique Fait réfuté par l’enfant F 6 Consultation d’expertise gynécologique Données insuffisantes Hymen intact, pas de lésion anale. Données insuffisantes Hymen intact, pas de lésion anale. F F F F F F 7 8 12 Consultation d’expertise gynécologique Consultation d’expertise gynécologique Consultation d’expertise gynécologique Eléments figurant dans le dossier Plainte de la mère, qui mentionne une pénétration vaginale par 2 individus. Hymen intact, pas de lésion anale. Interrogatoire difficile. Données insuffisantes Hymen intact, pas de lésion anale. Fait réfuté par l’enfant Plainte de la mère qui mentionne une pénétration vaginale par 3 garçons du collège. Hymen intact, pas de lésion anale. Autre motif de consultation IVG de façon illégale, hors délai. 16 Consultation d’expertise gynécologique 3 Consultation d’expertise gynécologique Données insuffisantes Hymen intact. 4 Consultation d’expertise gynécologique Données insuffisantes Hymen intact. 55 Sexe F F F F F Age Lieu d'accueil Motif d'exclusion Eléments figurant dans le dossier 13 Consultation d’expertise gynécologique N’aurait pas été touché. Interpellée par un collégien à la sortie des classes. Hymen intact. 12 Consultation d’expertise gynécologique Agresseur : copain de tatie, Données insuffisantes âgé de 16 ans. Hymen intact. 3 Consultation d’expertise gynécologique L’enfant aurait tenue des propos déplacés, suscitant l’inquiétude parentale. 13 Consultation d’expertise gynécologique Pas de données 20 Consultation d’expertise gynécologique Ne s’est pas présentée à l’examen gynécologique. Hymen intact. Anomalie chromosomique, translocation 15/18. « Pas de données » signifie absence d’observation médicale dans le dossier des patients. « Données insuffisantes », du fait de l’absence d’anamnèse. Au total 22 dossiers ont été exclus. 56 B. Type d’agression sexuelle 40 35 30 0-15 25 15-18 20 18+ 15 18+ 10 15-18 5 0-15 0 Attouchement Pénétration vaginale Pénétration anale Fellation Figure III : Distribution du type d’agression sexuelle en fonction de la tranche d’âge. Les dépôts de plainte posés pour les mineurs de moins de 15 ans, concernent principalement des faits d’attouchement sexuel. L’acte de pénétration vaginale est au premier plan pour les femmes d’âges adultes et concerne 27% des victimes de moins de 15 ans. Moins fréquents, les actes de pénétration anale et de fellation (sous menace, ou sous contrainte d’une arme), touchent tout de même 7% des victimes de moins de 15 ans, et respectivement, 9 et 12% des victimes d’âge adulte. 57 C. Fait récent ou ancien Tableau 6 : Répartition des consultations en fonction du caractère récent ou non des faits. Fait Effectif Pourcentage J0 10 9 J1-J3 30 28 Ancien 68 63 Total 108 100 63% des consultations pour agression sexuelle relatent de faits anciens. Faits allant de quelques semaines, à quelques mois, voire à quelques années. Seul 9% des victimes ont consultés le jour même, et 28% dans les 3 jours suivant l’agression 58 D. Eléments cliniques en faveur Figure IV : Répartition des éléments cliniques corporels et gynécologiques. Pour une même personne il peut y avoir plusieurs types de lésions. 59 La présence d’éléments cliniques permettant d’étayer l’allégation d’agression sexuelle est rare. Le plus souvent, il s’agit de femmes sexuellement actives, qui présentent une déchirure ancienne de l’hymen ou de mineurs vierges qui ne présentent aucune lésion. Dans 13% des cas, pour les patients reçus à la CMJ, le compte rendu de l’examen génital n’apparait pas dans le rapport d’expertise. E. Identité de l’agresseur Pour une même personne et un seul fait, il peut y avoir 2 agresseurs. Inconnu 20 Extrafamilial 43 Intrafamilial 47 0 10 20 30 40 50 Figure V : Identité de l’agresseur selon le nombre de patients. En première ligne, pour 43% des cas, l’agresseur est un membre de la famille de la victime. Suivi dans 39% des cas, par l’agresseur connu hors contexte familial. Pour finir, l’inconnu lui, est responsable de 18% des agressions. 60 Tante Père Oncle Grand-père Frère Cousin Conjoint ou Ex-conjoint Beau-frère Beau-père 0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 Figure VI : Répartition de l’identité de l’agresseur intrafamilial en fonction du nombre de consultation. Au premier plan, le conjoint ou ex-conjoint (36%), suivi du père et du beau-père (17 et 11%) puis l’oncle (11%) le cousin (11%) et le frère (6%). Le grand-père et la tante apparaissent chacun dans 1 cas d’attouchement sur mineur de moins de 15 ans. Le beau-frère, mari de la sœur, apparaît dans 2 cas de viol sur femme adulte. Parmi les agresseurs d’origine extrafamiliale, il y a eu 2 dépôts de plainte posé à l’encontre de la nounou, qui est dite responsable de faits d’attouchements sur mineur de moins de 15 ans. 61 F. Suivi • Trithérapie antirétrovirale Tableau 7 : Mesures préventives pour les patients victimes d’un viol récent. Suivi Oui Non Non mentionné Contraception d'urgence 2 (7%) 17 (63%) 8 (30%) Trithérapie antirétrovirale 6 (22%) 6 (22%) 15 (55%) Usage du préservatif 4 (15%) 15 (55%) 8 (30%) Parmi les 40 victimes de fait récent, 27 patients ont subi une pénétration vaginale et/ou anale. Une trithérapie antirétrovirale a été instaurée pour 22% des victimes de viol, ayant consulté quelques heures après l’agression ou dans les 3 jours suivant. • Incapacité totale de travail ou ITT Tableau 8 : Mention d’incapacité totale de travail pour le nombre de victimes d’agressions sexuelles. Non mentionnée Non évaluable Total 37 6 108 ITT La durée de l’ITT, qu’elle soit nulle ou non, apparait dans 60% des dossiers. L’importance du retentissement psychologique a rendu l’ITT non évaluable pour 6% des victimes. Dans 34% des cas, cette donnée médico-judiciaire à forte valeur pénale, n’est pas mentionnée. 62 Avis du psychologue • 81% 90 80 70 60 50 40 30 19% 20 10 0 Mentionné Non mentionné Figure 7 : Répartition des 108 victimes selon la présence dans les dossiers de la notion d’une consultation avec un psychologue. Aucun compte rendu de consultation psychiatrique, ni psychologique n’a été retrouvé dans les dossiers médicaux. Seul apparaissent les mots « avis du psychologue » ou encore « consultation en pédopsychiatrie » dans 19% des dossiers. 63 • Suites judiciaires Tableau IX : Suites judiciaires pour chacune des affaires. Suites judiciaires Effectif (N=108) En attente de traitement 47 Enquête en cours 18 Comparution immédiate 2 Conclu sans suite 20 Renonciation mensongère 2 Réquisitoire introductif 13 Proposition de peine 6 La durée d’une procédure judiciaire et le nombre d’affaires en cours, induisent des délais de traitement d’environ un an après les faits. Le réquisitoire introductif est en droit français, une pièce de la procédure écrite par laquelle le ministère public saisit le juge d’instruction écartant ainsi la citation directe. 64 6% En attente de traitement Enquête en cours 12% 2% 43% Comparution immédiate Conclu sans suite 18% 2% 17% Renonciation mensongère Réquisitoire introductif Proposition de peine Figure VIII : Répartition de l’avancée de la procédure judiciaire pour chaque patient. Ainsi, pour 43% des patients inclus dans l’étude, l’affaire est en attente de traitement et pour 17% d’entre eux l’enquête est en cours. Néanmoins, il y a comparution immédiate dans 2% des cas et proposition de peine pour 6% des victimes. 12% des affaires sont au stade de réquisitoire introductif et 18% des cas ont été conclu sans suite. . 65 V. DISCUSSION A. Paramètres étudiés Sur une période de un an, 64 mineurs de moins de 15 ans, 18 adolescents âgés de 15 à 18 ans, et 48 adultes, ont été admis au CHU de Fort-de-France pour le motif d’agression sexuelle. Ces 130 victimes ont été reçues dans les différents services d’accueil ; les urgences pédiatriques, les urgences gynécologiques, la consultation d’expertise gynécologique et le CMJ. Gynécologues, pédiatres, urgentistes, médecins légistes, qui prennent en charge une même victime, interviennent chacun successivement, dans leur propre service. La victime ne bénéficie pas d’une infrastructure spécifique, qui permettrait à tous les intervenants de se retrouver en un seul et même lieu d’accueil. Parmi les 130 dossiers recueillis, 22 ont été exclus. 6 dossiers se sont révélés ne pas concerner des faits d’agressions sexuelles, 1 jeune femme ne s’est pas présentée à la consultation d’expertise gynécologique, 5 dossiers n’ont pas été retrouvés et dans 10 dossiers l’anamnèse et/ou l’observation médicale faisait défaut. L’analyse a donc été faite à partir des 108 dossiers inclus. L’attouchement sexuel est au premier plan chez le mineur de moins de 15 ans, et la pénétration vaginale prédomine chez la femme d’âge adulte. Seul 9% des victimes consultent dans les heures suivant l’agression, et 28% dans les 3 jours. La majorité d’entre elles entame une procédure judiciaire des années après les faits. 66 L’examen clinique est par conséquent rarement contributif, même dans des cas de faits récents. Mais l’absence de lésion ne signifie pas absence d’agression. Aussi bien qu’un hymen intact mais compliant ; acceptant le toucher vaginal à 2 doigts ne permet pas d’écarter l’existence d’une pénétration vaginale dans le passé n'ayant pas entrainé de déchirure. Nos résultats sont similaires à ceux obtenus dans des études ultérieures [14, 30, 31, 32]. L’agresseur est principalement connu (82% des cas) et issu du milieu familial (43%). Le viol conjugal est en première ligne (36%), suivi par l’inceste intergénérationnel (père 17%, beau-père 11%) et intra générationnel (cousin 11% et frère 6%). 55% des viols répertoriés parmi les faits récents, ont été commis sans l’usage du préservatif. 22% des victimes de viol reçues quelques heures après les faits ou dans les 3 jours consécutifs, ont bénéficiés d’une trithérapie antirétrovirale. L’instauration ou non de la prophylaxie anti-VIH n’est pas mentionnée dans 55% des dossiers. Les mots « psychologues » et « pédopsychiatre » figurent dans 19% des dossiers, mais aucune évaluation d’ordre mental n’a été effectuée lors de l’accueil et de la prise en charge initiale des patients. Aucun compte rendu d’évaluation psychique n’a été joint aux dossiers médicaux. 67 B. L’accueil : une urgence psychologique [54] Les violences sexuelles renvoient toujours le sujet à un court-circuit des processus de mentalisation, à la confrontation à l’expérience du néant et de la mort. Ceci, en dépit de la variabilité des répercussions possibles de ce type d’agression, dont dépend la plus ou moins grande vulnérabilité psychique antérieure à l’effraction traumatique. Vulnérabilité psychique, qui fonde le vécu subjectif de chacun face à l’évènement traumatogène [55]. L’expérience traumatique vécue entraîne un bouleversement profond de l’être dans ses rapports avec le monde et avec lui-même. La victime, traumatisée, est aliénée dans sa personnalité, figée dans sa temporalité ; fixée parfois à l’évènement traumatique, envahie par le sentiment d’avenir bouché, obnubilée par un présent réduit à une image spéculaire du trauma, et dépouillée de son accès au sens [56]. L’une des conséquences majeures du traumatisme que l’on retrouve classiquement dans les situations de violence sexuelle est la destruction partielle ou totale du système défensif de la victime [57]. Elle se voit alors confrontée à un monde de sensations innommables, ininterprétables et au surgissement d’angoisses archaïques menaçantes pour son intégrité psychique. L’accueil d’une victime de violence sexuelle est un moment crucial qui nécessite une grande disponibilité. Il s’agit d’un moment que le ou la patiente redoute et qui, lorsqu’il ne se déroule pas dans des conditions adéquates peut être vécu comme un deuxième viol [58]. Recevoir ces victimes en urgence consiste à renouer le lien de parole et à concourir à les aider à sortir de ce sentiment d’exclusion. 68 C. Le CAUVA Une personne agressée est rarement prise en charge correctement. Trouver les modalités pour accueillir, rassurer et accompagner celles et ceux qui viennent de subir un traumatisme est un souci nouveau. L’exemple du CAUVA, Centre d’Accueil en Urgence des Victimes d’Agression est une brillante illustration de ce qui peut se faire. Créé à Bordeaux, en 1999, à l’initiative du Professeur Sophie GROMB, ce dispositif unique en France permet de faciliter la prise en charge de toutes les victimes d’agressions, adultes et mineurs. L’objectif est d’offrir un accueil et un accompagnement pluridisciplinaire, afin d’orienter les victimes vers les professionnels compétents de la santé, de la justice et de l’action sociale [54]. Le CAUVA est né, comme on dit, de la « synergie » de deux institutions : l’hôpital et le parquet. Le premier a financé sa mise en place, le second a permis son exercice en demandant aux forces de police et de gendarmerie de se déplacer, quand il était nécessaire de prendre une déposition en cas de dépôt de plainte. Mais, ce qui a vraiment été déterminant, c’est autant les choix institutionnels que la dynamique des acteurs qui les ont portés. Chacune des victimes sera accueillie, écoutée, accompagnée par des professionnels, qui traditionnellement se tiennent chacun dans un coin différent de la ville et après qui il faut courir quand on a été victime d’une agression, sexuelle et/ou physique, dans ce qui ressemble plutôt au parcours du combattant. Là, ce sont les intervenants qui ont fait le choix de se regrouper au même endroit pour tenter d’apporter une aide aux victimes et leur offrir un accueil sécurisant, chaleureux et respectueux. 69 Les intervenants sont plus d’une quinzaine : sept médecins légistes (dont six sont libéraux), deux internes, trois psychologues, deux assistantes sociales, un cadre infirmier et une secrétaire formée à l’accueil. L’ouverture de cette structure a tout de suite été bien perçue, car elle répond à un maillon manquant : celui concernant la prise en charge en urgence, dans les heures et les jours qui suivent l’agression. Pour ce qui concerne le long terme, le relais est donné à deux associations d’aide aux victimes : Prado et Vict’aid. L’une et l’autre proposent des juristes et des psychologues pour écouter, rassurer, évaluer la situation, renseigner et orienter toute personne qui leur fait appel. Elles tiennent des permanences dans les locaux mêmes du CAUVA et de façon plus décentralisée dans plusieurs quartiers de la ville. L’accueil du CAUVA est assuré 24 heures sur 24. Cela se passe dès 8 h le matin quand la secrétaire ouvre le service et se termine entre 22 h et 22h 30 quand l’assistante sociale le ferme. Entre 22h et 8 h le lendemain matin, un médecin et une psychologue sont d’astreinte, n’intervenant qu’en cas d’urgence grave (comme par exemple un viol). Le week-end, les assistantes sociales sont présentes à tour de rôle entre 12 h et 20 h. Le service répond à toute demande qui lui est faite. L’écoute proposée n’est pas liée à la gravité objectivable de l’agression subie, mais plutôt au retentissement que celle-ci a chez la victime. Les lésions psychologiques peuvent parfois être tout autant, sinon plus, destructrices que les lésions physiques. 70 Un protocole précis a toutefois été mis en place qui permet de guider les intervenants. Une procédure judiciaire est déclenchée dans quatre cas : agression sexuelle et/ou physique sur mineur, agression sexuelle et/ou physique sur personne vulnérable, agression avec arme et violence intrafamiliale. L’interlocuteur direct est alors le substitut du procureur. Martine Boissieras, psychologue, explique bien, quant à elle, ce qui se joue à l’occasion de circonstances aussi dramatiques : « L’agression subie provoque souvent chez la victime, une sidération. C’est parfois deux ou trois jours après les faits, que cela commence à aller mal. Tout est bousculé dans son esprit. Sans compter les traumatismes antérieurs qui peuvent se trouver réactivés. Notre intervention est proche alors de celle entreprise par la cellule d’urgence médicopsychologique qui agit dans les cas de catastrophe naturelle. Nous employons la même méthode de débriefing. Nous proposons à la personne d’évoquer ce qu’elle vient de subir pour essayer de s’en libérer. Je vois l’usager deux ou trois fois. En général, cela suffit et me permet alors de passer le relais pour une prise en charge sur un plus long terme. Mais, il m’arrive parfois, même si c’est plus exceptionnel, de rester plus longtemps en relation avec une personne qui me dit par exemple ne pas vouloir tout avoir à redire à un autre psychologue. » Les assistantes sociales se situent un peu aux deux bouts de la chaîne : elles assurent le premier accueil, mais aussi le contact avec les services extérieurs. Séverine Goumi explique son rôle d’information et de présentation de l’offre de service que propose le CAUVA : «Nous agissons dans l’urgence et devons faire face à des gens choqués, à leurs pleurs et à leur abattement. Notre approche doit être la plus douce et la plus diligente possible afin de ménager l’usager dans cette épreuve qui le touche. Notre rôle de décodage est essentiel : faire 71 émerger l’éventuelle demande sous-jacente. Ce dont les gens ont besoin n’apparaît pas toujours de prime abord. » À l’heure où colloques, textes officiels, professions de foi regorgent d’appels à la pluridisciplinarité, au partenariat et à la collaboration interprofessionnelle, le CAUVA a réalisé ces objectifs d’une façon tout à fait intéressante. D’ici quelques années, un tel dispositif semblera sans doute incontournable. D. Un dossier type Toute victime d’agression sexuelle requiert une prise en charge médico-psycho-légale. Le rôle du médecin n’est pas de prouver la véracité ou non des faits, ça c’est le travail de la police. Le médecin doit : - Dépister et traiter les traumatismes physiques et psychiques - Prévenir et traiter les maladies sexuellement transmissibles - Prévenir une grossesse - Colliger les données de l’anamnèse et de l’examen clinique au sein d’un dossier et d’un certificat médical initial exhaustif. Il ne s’agit pas pour autant de proposer aux victimes de raconter ce qu’elles ont vécu sous le mode d’un récit, dont le seul effet serait de les replonger immanquablement dans les affres du trauma. Les attitudes inquisitoriales (questionnements intrusifs sur les faits, demande de détails) sont également à proscrire. Il ne faut pas mettre en doute ou corriger la parole de la victime. L’écoute dubitative peut constituer une nouvelle agression morale. 72 L’usage du terme « allégation » est à éviter dans le milieu médical, car bien qu’au sens strict du terme cela signifie « déclaration », ce mot sous-entend subjectivement que les dires de la personne sont sujets aux doutes. L’absence de réquisition ne doit pas être un frein à l’examen médical d’une victime. Les patients renvoyés au commissariat en attente de réquisition, sans avoir pratiqué d’examen, auront tendance à ne consulter que trop tard ou jamais et ne porteront peut-être même pas plainte. Inspiré du protocole de prise en charge rédigé par Linet T. et Nizard J. [42] en 2003, ainsi que de la procédure des urgences pédiatriques, nous avons élaboré un dossier type pour tous les patients dont le motif de consultation est l’agression sexuelle. Ce dossier est composé de 18 pages à compléter. [Annexe : Consultation pour agression sexuelle.] Il se veut complet et regroupe les items suivants : - Identité et situation du patient - Antécédents - Anamnèse - Examen clinique - Prélèvements - Mesures préventives - Examens complémentaires - Evaluation psychique - Modèles de certificat médical initial - Fiche de signalement - Numéros utiles. Ce dossier serait rempli pour chaque consultation, et suivrait le patient depuis son accueil jusqu’à sa sortie de l’hôpital. 73 CONCLUSION Le Centre Hospitalier Universitaire de Fort-de-France ne bénéficie pas d’une structure spécifique à l’accueil en urgence des victimes de violence sexuelle. Les différents intervenants nécessaires à la prise en charge pluridisciplinaire de ces patients, ne peuvent se réunir en un même lieu autour de la victime, qui est donc amenée à se déplacer. Mis en relief par l’analyse des dossiers ; nous réduisons trop souvent cette prise en charge à la dimension médicale seule. L’évaluation psychologique paraît désuète et le suivi semble tout simplement inexistant. Utiliser un dossier type qui serait rempli pour chaque patient, et qui le suivrait jusqu’à sa sortie, permettrait à chacun, médecin senior ou interne confronté à cette prise en charge plus que délicate, de ne méconnaître aucune dimension. Cela inciterait à une prise en charge complète ; médico-psycho-légale, et à instaurer un suivi à l’aide des associations d’aides aux victimes. L’utilisation d’un dossier type permettrait de sensibiliser tous les intervenants médicaux et paramédicaux à l’importance de l’accueil, au calme, rassurant et réconfortant, sans préjuger de la véracité ou non des faits. L’élaboration d’un service de Médecine Légale au CHU de Fort-de-France, est actuellement en cours, à l’initiative du Dr Anne RANCUREL. Créer un CAUVA au sein de ce service est un projet à moyen terme. 74 ANNEXES 75 CHU de Fort-de-France Urgences Pédiatriques MFME PRISE EN CHARGE D’UNE ALLEGATION DE VIOL OU AGRESSION SEXUELLE Rédaction : Dr Isabelle CANIVET Vérification : Dr Anne RANCUREL Dr Stéphane MALBRANQUE Dr William CECILE Version du 25/06/2010 2 pages 1 -PREVENIR LE COMMISSARIAT OU LA GENDARMERIE LA PLUS PROCHE DU DOMICILE DE LA VICTIME ET LE PROCUREUR DE GARDE (06.96.45.55.93) - POINTS A VOIR AVEC LA POLICE OU GENDARMERIE : - RECUEIL DE LA PLAINTE AUX URGENCES PEDIATRIQUES OU ENVOYER LE REPRESENTANT LEGAL DEPOSER PLAINTE AU COMMISSARIAT OU A LA GENDARMERIE - OBTENIR UNE REQUISITION JUDICIAIRE 2 -INTERROGATOIRE DETAILLE (PRESENCE OU NON DE PRESERVATIF, TYPE D’AGRESSION ETC …) 3 -FAIRE L’EXAMEN CLINIQUE (SAUF GYNECO) 4 -PRENDRE DES PHOTOS DES EVENTUELLES LESIONS (avec une règle à côté pour visualiser la taille des lésions, et avec une étiquette pour que les photos soient bien identifiées). 5 -FAIRE PRELEVEMENT SANGUIN EN DOUBLE: -BETA-HCG -SEROLOGIE VIH -HEPATITES B ET C -SYPHILIS (VDRL-TPHA) -CHLAMYDIA -TOXIQUES -ALCOOLEMIE -ECHANTILLON URINAIRE 76 6 -FAIRE PRELEVEMENTS GYNECOLOGIQUES EN DOUBLE : - 2 écouvillons en superficiel - 2 écouvillons en intra-vaginal - 2 écouvillons en intra anal si besoin (selon circonstances, si pénétration anale…) - 2 écouvillons en intra-buccal si besoin (selon circonstances, si fellation…) 7 -ACHEMINEMENT DES TUBES SANGUINS ET ECOUVILLONS : -ETIQUETER SOIGNEUSEMENT CHAQUE TUBE ET ECOUVILLON -ENVOYER UN EXEMPLAIRE DE CHAQUE AUX LABORATOIRES CONCERNES DU CHU -CONSERVER L’AUTRE EXEMPLAIRE AU FRIGO. -DES QUE POSSIBLE, CONTACTER LE MEDECIN LEGISTE POUR ACHEMINER LES TUBES ET PRELEVEMENTS DANS LES FRIGOS SPECIFIQUES (CONSERVATION A -20°, A VISEE JUDICIAIRE) 8 -APPELER DR SCHAUB (OU SENIOR DE GYNECOLOGIE DE GARDE SI BESOIN) POUR EXAMEN GYNECOLOGIQUE 05-96-75-25-58 06-96-45-40-77 06-96-30-88-10 9 -GARDER LES HABITS SOUILLES DANS UN SAC EN PAPIER (A CONSERVER EGALEMENT AU FRIGO, SAC SOIGNEUSEMENT ETIQUETE, ET ACHEMINER AVEC LES PRELEVEMENTS DES QUE POSSIBLE POUR CONSERVATION A VISEE JUDICIAIRE DANS FRIGO A -20 °) 10 -HOSPITALISER L’ENFANT OU AU MINIMUM LE RECONVOQUER LE LENDEMAIN POUR UNE CONSULTATION PROPHYLAXIE VIH AVEC DR HATCHUEL 11 -SI AGE SUPERIEUR OU EGAL A 15 ANS : KIT PROPHYLAXIE VIH ADULTE ET PREVOIR CONSULTATION AU CISIH 12 -DONNER NORLEVO SI JEUNE FILLE EN AGE DE PROCREER 13 -FAXER LE CERTIFICAT INITIAL AU PARQUET (05-96-60-09-94) = SIGNALEMENT 14 – EVENTUELLEMENT PREVENIR EGALEMENT LA CELLULE SIGNALEMENT DE L’AIDE A L’ENFANCE SI ALLEGATION DE VIOL OU D’AGRESSION SEXUELLE EN INSTITUTION : - Mme WHITTINGTON : 05.96.55.43.93 - Mme JULIEN : 05.96.55.37.06 - Mme ZIDEE : 05.96.55.25.73 - FAX : 05.96.55.37.16 77 Cachet du médecin SIGNALEMENT (veuillez écrire en lettres d’imprimerie) Je certifie avoir examiné ce jour (en toutes lettres) : - date (jour de la semaine et chiffre du mois) : - année : - heure : L’enfant : - nom : - prénom : - date de naissance (en toutes lettres) : - sexe : - adresse : - nationalité : Accompagné de (noter s’il s’agit d’une personne majeure ou mineure, indiquer si possible les coordonnées de la personne et les liens de parenté éventuels avec l’enfant): - la personne accompagnatrice nous a dit que : «___________________________________________________________________ ____________________________________________________________________ ____________________________________________________________________ ____________________________________________________________________ ____________________________________________________________________ ___________________________________________ » - l’enfant nous a dit que : «___________________________________________________________________ ____________________________________________________________________ ____________________________________________________________________ ____________________________________________________________________ ___________________________________________________________________» 78 Cachet du médecin Examen clinique fait en présence de la personne accompagnatrice : Oui Non (rayer la mention inutile) - description du comportement de l’enfant pendant la consultation : - description des lésions s‘il y a lieu (noter le siège et les caractéristiques sans en préjuger l’origine) Compte-tenu de ce qui précède et conformément à la loi, je vous adresse ce signalement. Signalement adressé au procureur de la République Fait à _____________, le Signature du médecin ayant examiné l’enfant : 79 Fiche de recueil de données Lieu d’accueil : ……………………………………………………………. La victime : Sexe F M Origine ethnique : _______________________ Age __________________________________ ADULTE Profession ______________________________ Vit avec : Seul(e) Epoux/ Conjoint Autres MINEUR Niveau scolaire ________________________ Vit avec : Père et Mère Mère seule Père seul Grands-parents Tuteur ___________________________________ Mère et Beau-père Père et Belle-mère __________________ Professions : Père _____________________ Mère _____________________ Tuteur _________________ ou Autre _______________________ Fratrie : Nombre de frères ____ et sœurs ______ Autres victimes dans la fratrie : oui non 80 Mesures de protection juridique ou reconnaissance d’un handicap : Sous tutelle Sous curatelle Handicap mental Handicap physique Lieu de l’agression (Ville, Commune) _________________________ Date de début des abus sexuels :______________________________ Fréquence ___________________ Circonstances de découverte : Révélé par la victime Soupçonné par __________________ Situation de séparation de couple Premier intervenant : Gendarmerie ou police Médecin hospitalier Autre : ______________________________________ Agressions sexuelles : * Type de pénétration : -Anal -Vaginal -Fellation *Attouchements Sexe Doigts Langue Objets Sexe Doigts Langue Objets Par la victime Sur la victime 81 Examen clinique : Date des derniers faits : _________________ Médical : Lésions traumatiques vulve et fourchette postérieure Lésions traumatiques de l’hymen : « Déchirure » partielle (incisure, entaille) Déchirure « totale » Contusions (pétéchies, ecchymoses, hématomes) Lésions traumatiques de la paroi vaginale Lésions traumatiques de l’anus Lésions buccales Lésions de défense Plaies Brûlures Hématomes Grossesse en cours Psychologique : Consultation psychologique en aigu Résultats : Réévaluation à distance Résultats : 82 L’agresseur : Age ____________ Sexe : F M Intrafamilial Lien de parenté __________________________ Extrafamilial Connu Epoux/Conjoint Non connu Prise en charge : Médical : Prophylaxie antirétrovirale Antibioprophylaxie Contraception d’urgence Autre traitement instauré Lesquels ? _______________________________________________________________________ Nombres de jours d’ITT : ____________________________ Social : Devenir Suivi : Service de Maladies infectieuses Autres 83 CONSULTATION POUR AGRESSION SEXUELLE Date du jour ……………….. Heure …………………… Contenu du cahier : - Identité et situation du patient Antécédents Anamnèse Examen clinique Prélèvements Mesures préventives Examens complémentaires Evaluation psychique Modèles de certificat médical initial Fiche de signalement Numéros utiles Pages 2 3 4 5 7 8 9 10 11 15 17 84 Coller ici l’étiquette d’identification Identité et situation du patient Nom Prénom Date de naissance Sexe F M Mesures de protection juridique ou reconnaissance d’un handicap : Sous tutelle Sous curatelle Handicap mental Handicap physique ADULTE Profession ______________________________ Statut : MINEUR Célibataire Marié(e) Vit en concubinage Niveau scolaire ________________________ Cadre familial : Vit avec Professions : Père _____________________ Mère ____________________ Tuteur _________________ Fratrie : Nombre de frères ____ et sœurs ______ Autres victimes dans la fratrie : oui non 85 ANTECEDENTS MEDICAUX : GYNECOLOGIQUES : CHIRURGICAUX : TRAITEMENT : MOYEN DE CONTRACEPTION : 86 ANAMNESE -Type d’agression : - Date des faits : Attouchements - Agresseur : Pénétration Connu Vaginal Inconnu Anal - Lieu de l’agression : Avec : Sexe - Faits antérieurs : Doigts Oui Langue Objet Oui Ne sait pas Fellation Par la victime Sur la victime Coups et blessures Usage d’une arme Non Non Non - Usage du préservatif : - Ejaculation : Oui Ne sait pas Dires de la victime, fidèlement rapportés 87 EXAMEN CLINIQUE A REALISER ENTIEREMENT AVEC DES GANTS Signes fonctionnels : Signes physiques : Constantes : TA : FC : FR : SaO2 : EVA : Dextro : Poids : Taille : Neuro : Développement pubertaire : Cardio : Pneumo : Digestif : PRENDRE DES PHOTOS DES EVENTUELLES LESIONS A côté de chacune, poser une règle étiquetée au nom du patient, pour visualiser la taille des lésions. Lésions corporelles : 88 Examen génital : Date des dernières règles : Lésions traumatiques vulve et fourchette postérieure Lésions traumatiques de l’hymen : Déchirure » partielle (incisure, entaille) Déchirure « totale » Contusions (pétéchies, ecchymoses, hématomes) Lésions traumatiques de la paroi vaginale Lésions traumatiques de l’anus Lésions buccales Grossesse en cours Annotation / Schéma 89 PRELEVEMENTS -Prélèvements sanguins, en double -Prélèvements des muqueuses : -SEROLOGIE VIH 2 écouvillons, en fonction -HEPATITES B ET C du type d’agression -SYPHILIS (TPHA-VDRL) -CHLAMYDIA -BETA-HCG -TOXIQUES -ALCOOLEMIE -Vaginal superficiel -Intra-vaginal -Intra anal -Intra-buccal Acheminement des tubes et des écouvillons : Envoyer un exemplaire de chacun aux laboratoires concernés du CHU. Conserver les autres exemplaires au réfrigérateur. Dès que possible, contacter le médecin légiste pour acheminer ces autres exemplaires dans des réfrigérateurs spécifiques, où les prélèvements à visée judiciaire seront conservés à -20°. Conditionnement des habits souillés : Enfermer les dans un sac en papier, à conserver au réfrigérateur. Le sac sera soigneusement étiqueté et acheminé dès que possible avec les tubes et les écouvillons, pour conservation à visée judiciaire. 90 MESURES PREVENTIVES Dates des dernières règles : Contraception d’urgence : Oui Non Date : Trithérapie antirétrovirale : Oui Non Date : Molécules : Autres médicaments prescrits : 91 EXAMENS COMPLEMENTAIRES (Veuillez noter ici la date et la conclusion de tous les examens complémentaires qui ont été réalisés ; échographie, radio, scanner). 92 EVALUATION PSYCHIQUE (Veuillez noter ici la date de l’entretien et l’identité de l’intervenant, et le compte rendu de l’évaluation). 93 MODELE DE CERTIFICAT MEDICAL INITIAL Sur demande spontanée de la victime HAS 2011 Ce certificat doit être remis à la victime uniquement, ou son représentant légal s’il s’agit d’un mineur ou d’un majeur protégé, et si le représentant légal n’est pas impliqué dans la commission des faits. Un double doit être conservé par le médecin signataire. Nom et prénom du médecin : __________________ Adresse : __________________ Numéro d’inscription à l’ordre des médecins : __________________ Je soussigné(e), Docteur __________________ certifie avoir examiné Madame, Mademoiselle, Monsieur ______ (Nom, Prénom, date de naissance) ______, le _______ (date) ____, à _____(heure)____, à _____(lieu : cabinet, service hospitalier, domicile, autre )____, en présence de son représentant légal, Madame, Mademoiselle, Monsieur ______ (Nom, Prénom)______. Cet examen a nécessité la présence d’un interprète (ou d’un assistant de communication), Madame, Mademoiselle, Monsieur ______ (Nom, Prénom)______. Il/Elle déclare « avoir été victime d'une agression ___________, le ____(date)____, à _____(heure)____, à _____(lieu)____ ». Description de l’examen clinique, la gêne fonctionnelle et l’état psychique. Des examens complémentaires (_______________) ont été prescrits et ont révélé _______________. Un avis spécialisé complémentaire (_______________) a été sollicité et a révélé _______________. 94 Après réception des résultats, un certificat médical complémentaire sera établi. Depuis, il/elle dit « se plaindre de ______________ ». La durée d’incapacité totale de travail est de ____ (nombre de jours en toutes lettres) ______ à compter de la date des faits, sous réserve de complications. Certificat établi, le _____ (date)____, à _____(heure)____, à _____(lieu : cabinet, service hospitalier, domicile, autre)____ , à la demande de Madame, Mademoiselle, Monsieur _____(Nom, Prénom)______ et remis en main propre. Signature et cachet d’authentification Joindre autant que possible schémas et photographies contributives, datées et identifiées (avec l’accord de la victime) et en conserver un double. 95 MODELE DE CERTIFICAT MEDICAL INITIAL Sur réquisition judiciaire HAS 2011 Ce certificat doit être remis au seul requérant expressément identifié dans la réquisition écrite. Un double doit être conservé par le médecin signataire. Nom et prénom du médecin : __________________ Adresse : __________________ Numéro d’inscription à l’ordre des médecins : __________________ Prestation de serment d’apporter son concours à la justice en son honneur et en sa conscience, si le médecin requis par les autorités judiciaires ne figure pas sur une des listes prévues à l’article 157 du Code de procédure pénale. Rappel de la mission de la réquisition. Je soussigné(e), Docteur __________________ certifie avoir examiné Madame, Mademoiselle, Monsieur ______ (Nom, Prénom, date de naissance)______, le _______(date)_____, à _____(heure)_____, à _______(lieu : cabinet, service hospitalier, domicile, autre)____, en présence de son représentant légal, Madame, Mademoiselle, Monsieur ______(Nom, Prénom)______. Cet examen a nécessité la présence d’un interprète (ou d’un assistant de communication), Madame, Mademoiselle, Monsieur ______ (Nom, Prénom) ______. Description de l’examen clinique, la gêne fonctionnelle et l’état psychique. Un avis spécialisé complémentaire (ou des examens complémentaires) (_______________) doi(ven)t être sollicité(s). Depuis, il/elle dit « se plaindre de ______________ ». 96 La durée d’incapacité totale de travail est de ____ (nombre de jours en toutes lettres) ______ à compter de la date des faits, sous réserve de complications. Certificat établi, le _____ (date) ____, à _____ (heure)____, à _____(lieu : cabinet, service hospitalier, domicile, autre)____, sur réquisition de Madame, Mademoiselle, Monsieur ______(Nom, Prénom, et fonction du requérant)______. Signature et cachet d’authentification Joindre autant que possible schémas et photographies contributives, datées et identifiées (avec l’accord de la victime) et en conserver un double. 97 MODELE DE FICHE DE SIGNALEMENT HAS 2011 Cachet du médecin SIGNALEMENT (Veuillez écrire en lettres d’imprimerie) Je certifie avoir examiné ce jour (en toutes lettres) : - date (jour de la semaine et chiffre du mois) : - année : - heure : L’enfant : - nom : - prénom : - date de naissance (en toutes lettres) : - sexe : - adresse : - nationalité : Accompagné de (noter s’il s’agit d’une personne majeure ou mineure, indiquer si possible les coordonnées de la personne et les liens de parenté éventuels avec l’enfant) : - la personne accompagnatrice nous a dit que : «____________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________ ______________ » - l’enfant nous a dit que : «__________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________ ______________________________________________________________________ » 98 Cachet du médecin Examen clinique fait en présence de la personne accompagnatrice : Oui Non (rayer la mention inutile) - description du comportement de l’enfant pendant la consultation : - description des lésions s‘il y a lieu (noter le siège et les caractéristiques sans en préjuger l’origine) - Compte-tenu de ce qui précède et conformément à la loi, je vous adresse ce signalement. Signalement adressé au procureur de la République Fait à _____________, le Signature du médecin ayant examiné l’enfant : 99 SUIVI Hospitalisation : Oui Non Service : Association d’aides aux victimes : Oui Non Autres orientations : Si Hospitalisation : Evolution dans le service 100 NUMEROS UTILES Dr SCHAUB, gynécologue : 05.96.75.25.58 06.96.45.40.77 06.96.30.88.10 Dr RANCUREL, médecine légale : 06.96.80.25.03 DECT 2940 Services de Maladies Infectieuses et Tropicales : 05.96.55.23.01 05.96.55.23.08 06.96.25.31.20 PARQUET Fax : 05.96.60.09.94 Cellule de signalement de l’aide à l’enfance, s’il s’agit d’une agression sexuelle dans le cadre d’une institution : - Mme WHITTINGTON - Mme JULIEN - Mme ZIDEE - FAX Association d’aide aux victimes : -SAMVAS -ADAVIM 05.96.55.43.93 05.96.55.37.06 05.96.55.25.73 05.96.55.37.16 05.96.50.72.33 05.96.51.31.28 101 BIBLIOGRAPHIE 1. Spitzberg BH. An analysis of empirical estimates of sexual aggression victimisation and perpetration. Violence Vict, 1999. 14 : p. 241-60. 2. Parsons L, Allen A. Sexual Assault. Obstétrics and Gynecology. Principles for practice, 2002. p. 552-61. 3. Code pénal, articles 222-22 à 222-22-1. 4. Direction de l’information légale et administrative et Ministère en charge de la justice : Agression sexuelle. Mise à jour le 02-02-2012. [Consulté le 08 Juillet 2012]. Disponible sur Internet : http://vosdroits.service-public.fr/particuliers/F1526.xhtml 5. Code pénal, article 222-23. 6. Roussey M. Les enfants victimes d’abus sexuels. Institut Mère-Enfant annexe pédiatrique. Rennes, 2000. 7. Code pénal, article 222-32. 8. Direction de l’information légale et administrative : Harcèlement sexuel au travail. Mise à jour le 28-07-2011. [Consulté le 08 Juillet 2012]. Disponible sur Internet : http://vosdroits.service-public.fr/particuliers/F1043.xhtml 9. Code pénal, article 222-33. 10. Loi n° 74-631 du 5 juillet 1974 fixant à dix-huit ans l'âge de la majorité. 11. Code Pénal, article 227-25 12. Ordonnance n° 45-1456 du 2 juillet 1945. 13. Code Pénal, article 227-8. 14. Saint-Martin P, Bouyssy M, Jacquet A, O’Byrne P. Les victimes d’abus sexuels : éléments médicolégaux et suites judiciaires (analyse de 756 cas). Journal de Gynécologie Obstétrique et Biologie de la Reproduction 2007. 36 : p. 588-594. 15. Lévi-Strauss C. Les structures élémentaires de la parenté. La Haye-Paris, Mouton 1968. 16. La Bible. Lévitique, 20 : 14.17.19-21. 17. Pour La Science, Avril 2008. 366. 18. Bouchard E-M, Tourigny M, Joly J, Hébert M, Cyr M. Psychological and health sequelae of childhood sexual, physical and psychological abuse. Revue d’Epidémiologie et de Santé Publique 2008. 56: p. 333-344. 19. Bank S, Khan MD. The sibling bond. New York: Basic Books; 1982. 20. Cohen H. L’agression sexuelle. Perspectives contemporaines. Montréal : Méridien ; 1991. 21. Friedlander K. La délinquance juvénile ; étude psychanalitique. Paris : PUF ; 1951. 22. Laredo C. Inceste entre frère et sœur. In : Sgroi S, Ed. L’agression sexuelle et l’enfant, approche et thérapies. St-Laurent : Editions du Trécarré, 1986. p. 18-205. 23. Meiselman KC. Resolving the trauma of incest. San Francisco: Jossey-Bass; 1990. 24. Pierce LH, Pierce RL. Adolescent/sibling incest perpetrators. In: Horton AL, Johnson BL, Roundy LM, William D, Eds. The incest perpetrator: a family member no one wants to treat. Newbury Park: Sage; 1990. p. 99-107. 25. Thomas JN, Rogers CM. In: Greer JG, Stuart IR, Eds. The sexual aggressor. New York: Van Nostrand Reinhold Company; 1983. p. 43-127. 26. Van Gijseghem H. Autre regard sur les conséquences de l’inceste père-fille. Revue Canadienne de psychoéducation 1985 ; 2-14 : 45-138. 27. Dispositions particulières relatives au mariage. Code Civil, articles 161 à 164. 28. Code pénal, article 222-24-11. 102 29. Bensussan P. Viol entre époux en droit français : désir, besoin et consentement. Sexologies 2009. Vol 18. p. 218-224. 30. INED, Population et sociétés n°364, janvier 2001. L’enquête nationale sur les violences faites aux femmes (ENVEFF). 31. Sénateur Branger J-G. Rapport d’information n°229 du 9 Mars 2005. 32. Boucher S, Lemelin J, Mc Nicoll L. Viol conjugal et trauma relationnel. Sexologies 2009. Vol 18. N°2. p. 141-146. 33. Russel DEH. Rape in marriage. Bloomington Indiana University Press; 1990. 34. Bensussan P. Expertises en affaires familiales: quand l’expert s’assoit dans le fauteuil du juge. Ann Med Psychol 2007. 165 : p. 56-62. 35. Samson F. Tabous et interdits, gangrènes de notre société. L'Harmattan, Collection Questions contemporaines, 2009. 36. Le dorlis. Culture antillaise orale. 37. Ouédraogo A. Rites et allégories de l'initiation: Visions africaines et caribéennes. L’Harmattan, 2009. 38. Chamoiseau P. Chroniques des sept misères. Gallimard, 1986. 39. Condé M. Moi Tituba sorcière … Noire de Salem. Gallimard, 1988. 40. Pépin E. L’homme au bâton. Gallimard, 1992. 41. Code civil, article 413-2. 42. Linet T, Nizard J. Constats de violences sexuelles : rédaction d’un protocole d’accueil et mise en pratique. La revue Sage-femme, 2004. 4 : p. 174-184. 43. Ludes B. Sévices à enfant. La Revue du Praticien, 2002. 52 : p. 729-733. 44. Direction des Affaires Criminelles et des Grâces. Enfants victimes d’infractions pénales : guide de bonne pratique. Ministère de la Justice, 2003. 45. Code pénal, articles 226-13, 226-14, 223-6. 46. Code de déontologie médicale, articles 4, 44. 47. Ministère de la Santé et des Solidarités. Guide pratique : La Cellule Départementale de Recueil, de Traitement et d’Evaluation, 2008. 48. Conseil National de l’Ordre des Médecins. Le modèle de signalement en cas de maltraitance d’un mineur. Bulletin n°5, 2004. 49. Monsieur Koumba, éducateur spécialisé à l’AADEPAS. Entretien téléphonique le 14 septembre 2012. 50. De La Salle B. L’accueil des victimes en Martinique. France-Antilles Martinique, le 28 janvier 2012. [Consulté le 14 septembre 2012]. Disponible sur Internet : http://www.martinique.franceantilles.fr/actualite/ faitsdivers/l-accueil-des-victimes-en-martinique-28-01-2012-142563.php 51. L’Union des Femmes de la Martinique. [Consulté le 14 septembre 2012]. Site Internet : http://www.unionfemmesmartinique.com 52. Enfance et Partage. Mise à jour août 2012. [Consulté le 14 septembre 2012]. Site Internet : http://www.enfance-et-partage.org/ 53. L.M-M. Une association à l’écoute des mineurs abusés. Interview de Carderot C. avocate à l’association Enfance et Partage. France-Antilles Martinique, le 28 septembre 2009. [Consulté le 14 septembre 2012]. Disponible sur Internet : http://www.martinique.franceantilles.fr/actualite/faitsdivers/une-association-a-l-ecoutedes-mineurs-abuses-28-09-2009-46003.php 54. Galaber P, Benali L, Gromb S. La prise en charge des victimes d’agression sexuelle au CAUVA : une urgence psychologique. La revue de médecine légale, 2010.Vol 1: p.22-26. 55. Millar G, Stermac L, Addison M. Immediate and deloyed treatment seeking among adult sexual assault victims. Women’s Health 2002. 35(1): p. 53-64. 103 56. Crocq L. Dépassement et assomption du trauma. Œuvres de justice et victimes. Paris, L’Harmattan, 2002. Vol 2 : p. 21-49. 57. Dancu CV, Riggs DS, Hearst-Ikeda D. Dissociative experiences and post-traumatic stress disorder among female victims of criminal assault and rape. Journal of traumatic stress, 1996. 58. Campbell R, Raja S. Secondary victimization of rape victims: insights from mental health professionals who treat survivors of violence. Violence Vict, 1999. 14 : p. 75-261. 104 UFR SCIENCES MEDICALES HYACINTHE BASTARAUD SERMENT D’HIPPOCRATE Au moment d’être admis à exercer la médecine, en présence des maîtres de cette école et de mes condisciples, je promets et je jure d’être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité qui la régissent. Mon premier souci sera, de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous les éléments physiques et mentaux, individuels collectifs et sociaux. Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions. J’interviendrai pour les protéger si elles sont affaiblies, vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou dignité. Même sous la contrainte, je ne ferai usage de mes connaissances contre les lois de l’humanité. J’informerai les patients de décisions envisagées, de leurs raisons et de leurs conséquences. Je ne tromperai jamais leur confiance et n’exploiterai pas le pouvoir hérité des circonstances pour forcer leurs consciences. Je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me les demandera. Je ne me laisserai influencer ni par la recherche du gain ni par la recherche de la gloire. Admis dans l’intimité des personnes, je tairai les secrets qui me sont confiés. Reçu à l’intérieur des maisons, je respecterai les secrets des foyers. Et ma conduite ne servira pas à corrompre les mœurs. Je ferai tout pour soulager les souffrances, sans acharnement. Je ne provoquerai jamais la mort délibérément. Je préserverai l’indépendance nécessaire à l’accomplissement de ma mission. Que je sois modéré en tout, mais insatiable de mon amour de la science. Je n’entreprendrai rien qui ne dépasse mes compétences ; je les entretiendrai et les perfectionnerai pour assurer au mieux les services qui me seront demandés. J’apporterai mon aide à mes confrères ainsi qu’à leurs familles dans l’adversité. Que les hommes et mes confrères m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses, Que je sois déshonoré et méprisé si j’y manque. 105 UNIVERSITE DES ANTILLES ET DE LA GUYANE FACULTE DE MEDECINE Hyacinthe BASTARAUD LISTE DES ENSEIGNANTS ANNEE UNIVERSITAIRE 2012/2013 Nom Prénom Grade Spécialité Service d'affectation Centre hospitalier d'affectation Tél/Fax Mail ARFI Serge PUPH Médecine interne Médecine interne CHU de Fort de France 0596 55 22 55 0596 75 84 45 [email protected] [email protected] AZNAR Christine MCUPH Parasitologie Parasitologie CH de Cayenne 0594 39 51 63 [email protected] BAILLET Georges PUPH associé Nucléaire nucléaire CHU de Fort de France BEAUCAIRE Gilles PUPH Maladies infectieuses Maladie infectieuses CHU de Pointe à Pitre BLANCHET Pascal PUPH Urologie Chirurgie Urologique CHU de Pointe à Pitre 0590 89 13 95 0590 89 17 89 [email protected] CARME Bernard PUPH Parasitologie Parasitologie CH de Cayenne 0594 39 50 84 0594 39 50 51 [email protected] CESAIRE Raymond PUPH 0596 55 24 11 0596 75 36 69 [email protected] Pierre PUPH BactériologieVirologieHygiène option virologie Dermatovénérologie CHU de Fort de France COUPPIE BactériologieVirologieHygiène option virologie Dermatovénérologie 0594 39 53 39 [email protected] DABADIE Philippe PUPH Anesthésiologie Anesthésiologie 0590 89 13 44 0590 93 47 63 [email protected] DAVID Thierry PUPH Ophtalmologie Ophtalmologie CHU de Pointe à Pitre 0590 89 14 55 0590 89 14 51 [email protected] Maryvonne PUPH Immunologie Immunologie CHU de Fort de France 0596 55 24 24 [email protected] DUFLO Suzy PUPH ORL ORL CHU de Pointe à Pitre 0590 89 14 60 [email protected] FOUCAN Lydia MCUPH Biostatistique et Informatique médicale Biostatistique et Informatique médicale CHU de Pointe à Pitre 0590 89 15 34 [email protected] GANETROPLENT Franciane MCA Médecine générale Médecine générale GARSAUD Philippe MCUPH Epidémiologie, économie de la santé et prévention Epidémiologie, économie de la santé et prévention CHU de Fort de France 0596 55 23 25 0596 75 84 57 [email protected] HELENEPELAGE Jeannie PU associée Médecine générale Médecine générale CHU de Pointe à Pitre 0590 84 44 40 0590 84 78 90 [email protected] INAMO Jocelyn MCUPH Cardiologie Cardiologie CHU de Fort de France 0596 55 23 72 0596 75 36 69 [email protected] JANKY Eustase PUPH GynécologieObstétrique GynécologieObstétrique CHU de Pointe à Pitre 0590 89 13 89 0590 89 13 88 [email protected] JEANBAPTISTE Georges PUPH Rhumatologie Rhumatologie CHU de Fort de France 0596 55 23 52 0596 75 84 44 [email protected] JEHEL Louis PUPH Psychiatrie adultes Psychiatrie adultes CHU de Fort de France 0596 55 20 44 0596 75 84 49 [email protected] LANNUZEL Annie PUPH Neurologie Neurologie CHU de Pointe-àPitre 0590 89 13 40 0590 89 14 31 [email protected] [email protected] DUEYMESBODENES CH de Cayenne CHU de Pointe-àPitre [email protected] 0590 89 16 15 [email protected] [email protected] 106 Epidémiologie, économie de la santé et prévention Chirurgie thoracique et cardiovasculaire Chirurgie Digestive Epidémiologie, économie de la santé et prévention Chirurgie thoracique et cardiovasculaire Chirurgie Digestive PUPH Chirurgie orthopédique Didier PUPH AndréPierre CHU de Pointe-àPitre 0594 93 50 24 mathieu.nacher@chcayenne,fr CHU de Fort de France 0596 55 22 71 0596 75 84 38 [email protected] CHU de Fort de France 0596 55 21 01 [email protected] Chirurgie orthopédique CHU de Fort de France 0596 55 22 28 [email protected] Neurologie Neurologie CHU de Fort de France 0596 55 22 61 0596 75 84 42 [email protected] MCUPH Chirurgie OrthopédiqueTraumatologie Chirurgie OrthopédiqueTraumatologie CHU de Pointe à Pitre 0590 89 14 66 0590 89 17 44 [email protected] Fritz-Line MCUPH Endocrinologie Endocrinologie 0590 89 13 03 [email protected] André PUPH Anatomie Pathologie Anatomie Pathologique 0596 55 23 50 [email protected] NACHER Mathieu PUPH ROQUES François PUPH ROUDIE Jean PUPH Jean-Louis SMADJA UZEL ROUVILLAIN VELAYOUDOM épse CEPHISE WARTER CHU de Pointe-àPitre CHU de Fort de France 107 UNIVERSITE DES ANTILLES ET DE LA GUYANE FACULTE DE MEDECINE Hyacinthe BASTARAUD LISTE DES CHEFS DE CLINIQUE ANNEE UNIVERSITAIRE 2012/2013 Nom Prénom Grade BASURKO BAZUS Célia Hélène CCA BERAL Epidémiologie DermatologieMaladies Infectieuses Ophtalmologie Laurence CCA BOURGES Caroline CCA CARRERE EVANS Philippe Mary DI RUGGIERO EDOUARD GANE GARNERY JOUX Spécialité Régine Chirurgie Orthopédique et Traumatologique CCA Médecine générale CCA Psychiatrie et psychologie médicale CCA ORL Sophie CCA Cyril DermatologieMaladies Infectieuses CCA Orthopédie Bénédicte CCA Julien CCA RhumatologieMédecine interne Neurologie LEBRETON Guillaume CCA Chirurgie Thoracique LEGROS Xavier CCA NEVOUX Pierre CCA ROBIN Georges CCA VIRON Florent CCA GynécologieObstétrique Urologie AnesthésieRéanimation Biologie Service d'affectation Centre Tél/Fax Mail hospitalier d'affectation Epidémiologie CH de Cayenne 0594 93 50 24 [email protected] DermatologieCHU de Pointe- 0590 32 79 75 [email protected] Maladies Infectieuses à-Pitre 059089 16 15 Ophtalmologie CHU de Pointe- 0590 89 14 55 [email protected] à-Pitre Chirurgie CHU de Pointe- 0590 89 14 66 [email protected] Orthopédique et à-Pitre Traumatologique Médecine générale 0690 99 99 11 [email protected] Psychiatrie et CHU de Fort de France [email protected] psychologie médicale ORL CHU de Pointe- 0590 89 46 16 rdiruggiero@chuà-Pitre guadeloupe.fr DermatologieCHU de Pointe-à-Pitre Cayenne [email protected] Maladies Infectieuses par convention Orthopédie CHU de Fort de 0596 55 22 28 [email protected] France RhumatologieCHU de Fort de France [email protected] Médecine interne Neurologie CHU de Fort de 0596 55 22 61 [email protected] France Chirurgie Thoracique CHU de Fort de 0596 55 22 71 [email protected] France GynécologieCHU de Pointe- 059089 19 89 [email protected] Obstétrique à-Pitre Urologie CHU de Pointe- 0590 89 13 95 [email protected] à-Pitre AnesthésieCHU de Pointe- 0590 89 11 82 [email protected] Réanimation à-Pitre 0590 89 17 90 Biologie CHU de Fort de 0596 55 24 11 [email protected] France 108 DANCRADE Sandrine Les agressions sexuelles en Martinique. Etat des lieux au Centre Hospitalier Universitaire de Fort-de-France en 2011. Thèse Médecine, Antilles-Guyane, 2012, 2012AGUY0547 Résumé Objectif Mettre en exergue la quantité de patients reçus pour le motif d’agression sexuelle, le lieu d’accueil et la prise en charge qui leur est fournie, dans le but d’optimiser notre pratique. Patients et Méthode Cette étude rétrospective a inclus tous les patients, indifféremment de leur âge et de leur sexe, qui se sont présentés au CHU de Fort-de-France du 1 Janvier 2011 au 31 Décembre 2011, pour le motif d’agression sexuelle. Nous avons mis en relief le type d’agression sexuelle, le caractère récent ou non des faits, la présence d’éléments cliniques en faveur, l’identité de l’agresseur et le suivi des patients. Les suites judiciaires de chacune des affaires ont été obtenues au tribunal de grande instance. L’analyse de données a été réalisée à l’aide du logiciel Excel version 2010. Résultats En un an, 130 patients ont été reçus. 49% de mineur de moins de 15 ans, 14% d’adolescents âgés de 15 à 18 ans et 37% d’adultes. Les victimes sont majoritairement de sexe féminin, 120 contre 10. 65% des patients ont été accueillis à la consultation d’expertise gynécologique, 16% à la consultation médico-judiciaire, 11% aux urgences gynécologiques, 6% aux urgences pédiatriques et 2% aux urgences adultes. 22 patients ont été exclus. 6 dossiers se sont révélés ne pas concerner des faits d’agression sexuelle. Une jeune femme ne s’est pas présentée à la consultation d’expertise gynécologique. 5 dossiers n’ont pas été retrouvés. Concernant les 10 derniers, l’anamnèse et/ou l’observation médicale faisait défaut. Aucune évaluation psychique n’a été effectuée lors de l’accueil et de la prise en charge initiale des patients. Conclusion La prise en charge des victimes d’agression sexuelle est pluridisciplinaire. Utiliser un dossier type pour chaque patient permettrait de ne méconnaître aucune dimension de cette prise en charge médico-psycho-légale. Mots clés : Agression sexuelle CHU de Fort-de-France Prise en charge pluridisciplinaire Urgence médico-psycho-légale Dossier type 109