Le développement actuel est-il durable

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INTRODUCTION
LE DIAGNOSTIC
LE DEVELOPPEMENT
ACTUEL EST-IL
DURABLE ?
Diagnostic économique
• Ces 30 dernières années le PIB mondial à
été multiplié par 6 et le revenu moyen par
tête par 3
• Le système commercial multilatéral
qu’incarne l’OMC a largement contribué à la
croissance économique, au développement
et à l’emploi tout au long des 50 dernières
années (Doha)
• La croissance économique infinie fondée
sur l’utilisation de ressources finies et
épuisables, n’est pas durable
• La croissance démographique et son
accélération récente = un risque accru
de pression sur l’environnement
1/3 de la population mondiale
vit au dessous du seuil de pauvreté
(moins de 2 dollars par jour)…
Diagnostic social
• Consommation:20% de la population mondiale
représente 90% de la consommation totale
• Alimentation:800 millions de personnes souffrent
de la faim
• Eau: 1 milliard de personnes n’ont pas accès à
l’eau potable.3 millions de personnes meurent
chaque année de maladies causées par
l’insalubrité de l’eau
Diagnostic social (suite)
• Air : 1 milliard de personnes respirent un air
malsain. La pollution engendre des
maladies (bronchite, asthme, cancers…)
• Électricité: 2 milliards de personnes sont
privées d’électricité
Diagnostic environnemental
• 70% des ressources en eau et 50% des fleuves
sont gravement pollués
• Rejets d’eaux usées, hydrocarbures, métaux
lourds, polluants organiques persistants, détritus
divers, sont en augmentation dans le milieu marin
• Dans 30 ans plus de 70% des terres émergées
seront affectées par les perturbations de
l’environnement (forêt, océan, fleuves, flore…) en
raison de la construction des routes, lignes
électriques, aéroports, villes, industries
extractives.
Diagnostic environnemental (suite)
• Méthode de destruction d’abattage du bois : 2m3
d’arbres abattus pour produire 1m3 de grumes.
• Concentration du CO2 est de 370ppm soit 30%
de plus qu’en 1750.
• Personnes affectées de risques naturels
(cyclones, inondations, tempêtes, sécheresse)
sont passées de 147 millions par an en 1980 à
211 millions par an en 1990.
PARTIE I –
CONSTAT
I - LE RECHAUFFEMENT
CLIMATIQUE ET SES
CONSEQUENCES
II- LES GAZ A EFFET DE
SERRE
III- L’EPUISEMENT DES
RESSOURCES NATURELLES
I- LE
RECHAUFFEMENT
CLIMATIQUE ET SES
CONSEQUENCES
A - L’EVOLUTION DU
CLIMAT
EVOLUTION DU CLIMAT DEPUIS
L’AN MILLE
Réchauffement prévu de l’ordre de 4°C
Selon les conclusions du dernier rapport des
experts sur les changements climatiques (IPPC)
les résultats des modèles restent dispersés
7
Changement en température °C
6
5
4
A1F1
A1B
A1T
A2
B1
B2
IS92a
3
2
1
0
1800
1900
2000
Intervalles
pour 2100
pour les
différents
2100 modèles
années
Source GIEC 2001
© C. Brodhag, ENSM SE, http://www.brodhag.org
tendances sur les températures extrêmes
Probabilité occurrence
Augmentation moyenne : près de 4°C d’ici la fin du siècle
Plus de
temps chaud
Climat
précédent
Moins de
temps froids
froid
Plus de temps de
chaleur record
Nouveau
climat
moyen
chaud
© C. Brodhag, ENSM SE, http://www.brodhag.org
B - LES REPERCUSSIONS DU
RECHAUFFEMENT
CLIMATIQUE
capacité de production du
café robusta en Ouganda
non adapté
moins adapté
adapté
température actuelle
augmentation de 2°C
de la température
source Otto Simonett http://www.grida.no/db/maps/collection/climatechange/ugandcof.jpg
© C. Brodhag, ENSM SE, http://www.brodhag.org
Changement potentiel de la végétation
pour des scénarios climatiques en 2050
Climat OSU
Climat présent
Climat UKMO
Forêt de conifères
Forêt de feuillus
Savane, bois
Arbustes, bois
Herbages
Terres arides
http://www.epa.gov/globalwarming
© C. Brodhag, ENSM SE, http://www.brodhag.org
Sécurité alimentaire globale : 2050
-40% -30% -20% -10% 0% +10% +20% +30%
Rendements par rapport à 1990
Martin Beniston, Directeur de l'unité de géographie (Université de Fribourg - Suisse)
© C. Brodhag, ENSM SE, http://www.brodhag.org
La diminution de la biodiversité
Indice des espèces
forestières, 1970-2000
Indice des espèces
d’eau douce, 1970-2000
Indice des espèces
marines, 1970-2000
1,4
1,4
1,4
1,2
1,2
1,2
1,0
1,0
1,0
0,8
0,8
0,8
0,6
0,6
0,6
0,4
0,4
0,4
0,2
0,2
0,2
1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000
1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000
1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000
L’indice « Living Planet » du WWF montre que la biodiversité de la
planète diminue à un rythme comparable à celui des grandes extinctions
de masse du passé.
Source WWF : www.panda.org
© C. Brodhag, ENSM SE, http://www.brodhag.org
C- LE RECHAUFFEMENT
AGGRAVE PAR LE
GASPILLAGE DE L’EAU
PAR L’HOMME
La disponibilité en eau
m3/personne/an
2000
4500
2050, sans changement climatique
4000
2050, avec changement climatique
3500
3000
2500
2000
1500
1000
500
0
Japon
France
Espagne
Chine
Inde
Turquie
Kenya
D’après IPCC, 1998 cit. in Martin Beniston, Directeur de l'unité de géographie (Université de Fribourg - Suisse)
© C. Brodhag, ENSM SE, http://www.brodhag.org
Espagne: l’emprise des cultures sous serres
SIERRA NEVADA
PLAINE CÔTIÈRE
8 km
• À trente ans d’intervalle,
transformation de
l’étroite plaine côtière
près d’Alméria.
• . Environ 20 000 ha ont
été convertis en cultures
sous serres.
II- L’EXPLICATION DU
RECHAUFFEMENT :
L’EVOLUTION DE LA
CONCENTRATION DES GAZ
A EFFET DE SERRE
EVOLUTION DEPUIS L’AN MILLE
DE LA CONCENTRATION DES
GAZ
concentrations en CO2
historique et projection future
ppmv
800
720
640
560
480
400
320
240
160
80
0
800
émissions futures
selon le scénario
moyen de l’IPCC
1992
Objectif du protocole de Kyoto 382 ppmv
1000
1200
1400
1600
1800
2000
2100
le Protocole de Kyoto visait à diminuer les émissions de 5% entre 1990 et 2010
© C. Brodhag, ENSM SE, http://www.brodhag.org
émissions de CO2 par tête 1999
5,5
facteur 4 : diminuer à horizon de 20
ans par 4 les ressources nécessaires
pour le même service :
• doubler les services apportés
• diminuer de moitié le poids sur
l’environnement
facteur 10 à horizon de 50 ans
États Unis
Canada
5
tonnes de
Ceq/habitant
4
OCDE
sauf Amérique Nord
ex URSS
2,1
2
3
2
1,4 Moyen Orient
1,6 Europe non-OCDE
moyenne
0,66 Amérique Latine
0,57 Chine
1
0,5 t maxi
par tête
0,34 Asie
0
299
0
778
292
1000
69
161
387
2000
1 239
0,31 Afrique
1 789
3000
4000
710
5000
Population (en millions)
d’après Key World Energy Statistics from the IEA edition 2001
© C. Brodhag, ENSM SE, http://www.brodhag.org
les énergies et leur contribution à
l’effet de serre
géothermie
biomasse replantée
éolien moyenne
solaire thermique
photovoltaïque (moyenne)
nucléaire
hydroélectricité
coke de lignite
charbon (moyenne)
coke de pétrole
fioul lourd
diesel fuel domestique
kérosène
pétrole essence
GPL
gaz naturel
?
?
32
?
316
Charbon :
C + O2 → CO2
Pétrole :
CxH2x + O2 → H2O + CO2
Gaz naturel : CH4 + O2 → 2H2O + CO2
19
13
1233
1123
1096
890
856
845
830
731
651
0
200
400
source PNUE, ADEME, EDF, d’après Jean Marc Jancovici
600
800
1000 1200
1400
kg eq carbone / tep
© C. Brodhag, ENSM SE, http://www.brodhag.org
trajectoires possibles pour stabiliser les
gaz à effet de serre
Emissions [Gt / an]
Concentrations [ppmv]
15,0
800
750
750
700
12,5
650
650
10,0
600
550
550
7,5
500
400
450
1990
1990
5,0
450
350
300
200
1900
350
Pré-industriel
2000
2100
2200
2,5
0
2300
Source Martin Beniston, www.unifr.ch/geosciences/geographie
1900
2000
2100
2200
2300
© C. Brodhag, ENSM SE, http://www.brodhag.org
III- VERS UN EPUISEMENT
DES RESSOURCES
NATURELLES
?
La production d'énergie dans le
monde en 2000
Production primaire totale d'énergie mondiale : 9963 Mtep
combustibles
renouvelables autres
déchets
11,1% 0,1%
hydraulique
1,8%
0,9%
nucléaire
charbon
24,9%
combustibles
renouvelables autres
déchets 11% 0,5%
hydraulique
2,3%
nucléaire
6,8%
charbon
23,5%
16,2%
gaz
gaz
21,1%
pétrole
pétrole
45%
1973 : 6040 Mtep
34,9%
2001 : 9963 Mtep
OCDE : production primaire totale = 5 317 Mtep
(53 % pour 18,6 % de la population !)
© N. Gondran, ENSM SE
évolution des réserves pétrolières
mondiales
Gt
250
220
200
découvertes du Nigéria,
de la Libye et de l'Algérie
150
réserves initiales
140
135
118
réserves restantes
100
85
ratio R/P en années
50
découvertes
du Ghawar
découvertes
du Burgan
45
production cumulée 28
0
1900
1920
d'après Xavier Boy de la Tour, in Le Pétrole, Réalités
Industrielles, Annales des Mines, juillet août 1990, p19
1940
1960
1980 1988
© C. Brodhag, ENSM SE, http://www.brodhag.org
le gaz naturel et le pétrole conventionnel,
le scénario du pic pétrolier
http://www.peakoil.net/
© C. Brodhag, ENSM SE, http://www.brodhag.org
PARTIE II -L’IMPERIEUSE
NECESSITE D’UN
DEVELOPPEMENT
DURABLE
I –DEFINITION DU
DEVELOPPEMENT DURABLE
« un développement qui répond aux besoins du présent sans
compromettre la capacité des générations futures à répondre
aux leurs. Deux concepts sont inhérents à cette notion :
- le concept de "besoin", et plus particulièrement des
besoins essentiels des plus démunis, à qui il convient
d’accorder la plus grande priorité, et
- l’idée des limitations que l’état de nos techniques et de
notre organisation sociale imposent sur la capacité de
l’environnement à répondre aux besoins actuels et à venir. »
Rapport Brundtland : Notre Avenir à Tous, rapport de la Commission Mondiale
sur l'Environnement et le Développement, Les Editions du Fleuve, 1987, p 51
Au moins trois questions majeures
sont posées par cette question
• Les besoins du présent sont les besoins de qui ?
– L’orientation du rapport : vers une meilleure équité
entre les être humains quel que soit leur territoire
d’origine
• Quel est l’horizon de temps correspondant au futur ?
– Pas d’horizon précis
• Et surtout : qui se charge de définir les besoins des
générations futures ?
– Idée que c’est la génération actuelle qui doit faire
ses meilleurs efforts pour y parvenir…
II - HISTORIQUE DE LA
NOTION DE
DEVELOPPEMENT
DURABLE
Historique des chemins du
développement durable
Développement
XIX siècle
Capitalisme naissant ;
modèle familial
1950 – 1970
Trente Glorieuses ;
modèle fordiste
1971 – 2001
Consumérisme ;
modèle éco-développement
XXI siècle
Mondialisation ;
développement durable ?
30/09/2007
Économique
Social
Environnemental
X
-
-
X
x
-
X
x
x
X
X
X
Le Développement Durable est un concept international
né au cours des années 1980 :
il revisite les enjeux de la démographie et de la croissance
1798 Révolution
industrielle…
…puis 30
glorieuses
Malthus
Essai sur
le principe
de la population
Stopper la
croissance
démographique !
1968
1972
1980
1987
1992
2002
Stratégie de
Club de Conf. ONU
Notre futur Sommet Sommet
préservation
sur
l’envt
Rome
commun
de Rio de Jo’burg
mondiale
de
Stockholm
+ rapport
(rapport
Rio+10
(ONU)
(PNUE/
+
création
Meadows
Brundtland
(ONU)
UICN/
PNUE
(1972)
pour l’ONU)
WWF)
Croissance
économique
zéro !
Développement
Durable !
Fortes perturbations sur l’environnement (ressources/pollution)
Forte croissance économique
Forte croissance démographique
Les grandes dates du développement durable
1972 Conférence des Nations
Unies sur l’environnement,
Stockholm
1992 Sommet
de la Terre, Rio
2002, Sommet mondial
du développement
durable, Johannesburg
1987
Commission
Brundtland
Rio +5
1970
1980
halte à la croissance et
protection de l’environnement
évolution
des
concepts
écodéveloppement
1990
2000
CDD6
développement durable
RSE
Responsabilité Sociétale des Entreprises
performance économique,
sociale et environnementale
évolution
des
acteurs
scientifiques et ONG
gouvernements, nations
entreprises
consommateurs
d’après AFNOR
III- Les apports de la notion de
Développement Durable
par rapport au club de Rome
• Ne pas stopper la croissance économique car elle
seule permet l’amélioration des conditions de vie
– Parvenir une croissance économique élevée dans
les pays en développement
– Découpler la croissance économique de
l’utilisation des ressources épuisables dans les
pays développés
– Investir les gains issus de l’activité économique
dans l’innovation
Les approches de
l’environnement évoluent
STOCKHOLM 1972
JOHANNESBURG 2002
pollutions concentrées
pollutions diffuses
sources peu nombreuses
sources multiples
effets localisés
effets longues distances
effets directs
effets cumulatifs
effets immédiats
effets à long terme
approches réglementaires
approches intégrées
administrations spécialisées
pollueurs -payeurs
capacités autoépuratrices
prévention
traitement en aval
technologies propres
30/09/2007
Ce qui est considéré comme vrai aujourd’hui le sera-t-il encore demain ?
Le rapport Brundtland précise les 3 piliers sur
lesquels se fonde le développement durable
Il s’agit d’essayer de trouver des actions
« gagnant/gagnant/gagnant » ! Mission impossible ?
Le développement durable, une coopération
entre environnement & développement
La
contradiction
entre
l'environnement
et
le
développement énoncée par le Club de Rome au début des
années 70 pourrait être résolue par la recherche d’un
nouveau mode de développement pour lequel la croissance
économique serait découplée de la pression sur
l’environnement. La commission Brundtland propose en
1987 : le développement durable.
Développement
durable
Environnement dégradé
Economie développée
Jeu à somme nulle
Environnement préservé
Economie développée
Jeu à somme positive
Environnement dégradé
Economie sousdéveloppée
Jeu à somme négative
Environnement préservé
Economie sousdéveloppée
Jeu à somme nulle
Approches
compétitives
Approche
coopérative
d’après Aurélien Boutaud, ENSM-SE, RAE
IV- UNE MESURE DU
DEVELOPPEMENT
DURABLE :
L’EMPREINTE
ECOLOGIQUE
L’empreinte écologique
QU’EST-CE QUE C’EST ?
Une mesure de la surface nécessaire
pour produire les ressources et absorber
les déchets d ’un groupe humain
Un indicateur de l’impact global de
l’homme sur la planète
Elle s’applique à un individu, une ville,
un pays, ou à la Terre
Le développement durable, une coopération environnement
& développement : proposition de méthode d'évaluation
Indicateur de développement humain –IDH)
Besoins des
générations
actuelles
Niveau de
durabilité
écologique
1
0,9
développement durable
0,8
IDH,
niveau
moyen
0,7
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
0
11
10
9
8
7
6
5
4
3
2
Empreinte écologique (ha/hab)
1
Besoins des
générations
0
futures
Performance des nations en matière de
développement durable : combien de planètes?
générations
actuelles
Indicateur de développement humain –IDH)
Europe
du Sud
+ "NPI"
Europe du
Nord et de
l'Ouest
USA,
Australie,
Besoins des
Canada
1
Pays "émergents"
d'Asie et
d'Amérique du Sud
(+ Turquie)
0,9
Pays "émergents"
d'Afrique du Nord,
Moyen Orient, Asie
0,8
0,7
0,6
0,5
Pays en voie de
développement
d'Asie et d'Afrique
0,4
0,3
Nombre de planètes nécéssaires en fonction
de l’empreinte écologique
0,2
0,1
0
11
10
9
8
7
6
5
4
3
2
Empreinte écologique (ha/hab)
1
Besoins des
générations
0
futures
Du chemin du développement "classique" aux
chemins du développement durable
Indicateur de développement humain –IDH)
Besoins des
générations
actuelles
1
: chemin du développement "classique"
: chemins du développement durable
/5
/3
0,9
développement durable
0,8
0,7
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
0
11
10
9
8
7
6
5
4
3
2
Empreinte écologique (ha/hab)
1
Besoins des
générations
0
futures
EMPREINTE ECOLOGIQUE PAR PAYS
Source :
2 hectares/habitant
En 2050, si nous ne faisons rien, l’empreinte écologique sera
deux fois supérieure à la capacité mondiale.
Source :
• Remarque : exemple de compréhension :
Calculez votre empreinte écologique en
allant sur le site : http://www.wwf.be/ecofootprint/fr/act-now/footprint_calculator.htm
et comparez la à d’autres ( un chinois, un
africain ou un homme d’affaire) sur le site :
http://www.agir21.org/flash/empreinteecowe
b/loadcheckplugin.html
• l'évolution du coût des catastrophes naturelles passées envoie un
message clair : le Programme des Nations unies pour l'environnement
(PNUE) estime que les pertes doublent tous les dix ans et le Worid
Wildlife Fund (WWF) écrivait en septembre 2000 : « Si le PIB mondial
a augmenté en termes réels selon un facteur trois depuis 1960, le
montant total des dommages liés au facteur météorologique a été, lui,
multiplié par huit. »
• Ce sont les compagnies d'assurances qui fournissent les statistiques
les plus exploitables sur cette sinistralité en forte augmentation. La
compagnie suisse de réassurances Swiss Ré a ainsi recensé, en
2002,130 catastrophes naturelles ayant provoqué la mort de 11000
personnes et chiffré à 11,4 milliards de dollars les dégâts assurés. Les
aberrations météorologiques continuent à détenir les records de
victimes et de coûts.
• Source : A.Faugeas , Le coût des catastrophes naturelles doublerait
tous les dix ans , Le Monde , 2 septembre 2003
PARTIE III QUELLES
SOLUTIONS ?
I - LE ROLE
DU PROGRES
TECHNIQUE
•
•
•
•
•
•
•
C'est une erreur de lier croissance en tant que telle et problèmes d'environnement. Si
nous arrêtions de croître immédiatement, nous rencontrerions quand même de graves
difficultés. Ce ne sont pas les automobiles de demain qui polluent l'air de Paris, mais
celles d'aujourd'hui.(...)
Le nombre trop élevé de voitures à Paris est un exemple de régulation inefficace. Si on
veut augmenter la qualité de l'air, il faut inciter consommateurs et industriels à aller
dans ce sens. Dans notre culture, ce seront généralement des incitations financières. Il
faut commencer par étudier plus précisément les relations entre les phénomènes :pour
diminuer de 1 % la pollution de l'air, il faut diminuer de X% les émissions des véhicules.
Les gens pourront alors choisir, par leurs votes ou par leur argent, comment ils veulent
atteindre l'équilibre entre la disponibilité des biens et des services et la qualité de
l'environnement.
La croissance moderne prend généralement la forme d'une production de services plus
importante , comme les loisirs, l'éducation ou la santé . Ce ne sont pas des activités
polluantes. La croissance des revenus peut aider l’environnement si elle s’accompagne
de la croissance de telles activités. Lier croissance et pollution détourne notre attention
des activités qui détruisent l’environnement et qu’on pourrait rendre plus chères ( … )
La population mondiale est bien plus importante aujourd'hui qu'au début du siècle, et
pour beaucoup le niveau de vie a considérablement progressé. La question de savoir si
le niveau de vie et la population continueront de croître à l'avenir intéresse tout le
monde.
Pour de nombreux observateurs, les ressources naturelles constituent une limite à la
croissance des économies. De fait, puisque certaines ressources naturelles sont non
renouvelables, on voit mal comment la population, la production et les niveaux de vie
pourraient croître à l'infini. Certains gisements finiront par s'épuiser, ce qui amènera
probablement un ralentissement de la croissance et peut-être même une réduction des
niveaux de vie...
En fait les économistes sont moins inquiets que cela. En effet, pour eux, le progrès
technologique fournit souvent les moyens de contourner ces limites. L'utilisation des
ressources naturelles s'est nettement améliorée au cours des quarante dernières
années. Les voitures modernes consomment beaucoup moins d'essence. Les maisons
sont mieux isolées...
SOURCE : S.Trouvelot et G.Duval , « Entretien avec Robert Solow » , Alternatives
économiques , n° 155, janvier 1998
Découpler développement et
pressions sur l'environnement
productivité
3% / an
2000
2010
2020
2030
Gain de
productivité à long
terme x5
2040
2050
L'amélioration globale de la productivité reposera sur des innovations ponctuelles qui ont
chacune leur cycle de vie. Il faut mettre les entreprises dans une posture d'innovation et
de capacité au changement : elles doivent maîtriser l'état de l'art et se positionner sur la
prochaine génération d'innovations. Selon le rapport Brundtland les évolutions
nécessaires touchent la technologie et l'organisation sociale
© C. Brodhag, ENSM SE, http://www.agora21.org
•
•
•
•
•
On retrouve dans cette thèse la théorie développée en son temps par Walt W. Rostow
qui résume l'histoire des sociétés humaines à cinq stades de développement. Une fois
le «décollage» effectué, celles-ci connaissent une croissance autoentretenue [selfsustaining growth} qui modifie la structure de l'économie. A mesure que le progrès
technique se diffuse, des industries nouvelles prennent le relais des anciennes et
fournissent aux capitaux de nouveaux débouchés. La démonstration de G. Grossman et
A. Krueger est novatrice dans le fait que, contrairement à W.W. Rostow qui, guerre
froide oblige, doutait de l'avenir des sociétés avancées de son temps, elle leur confère
un destin plus enthousiasmant.Le développement soutenable ne désignerait-il pas, en
paraphrasant W.W. Rostow, la sixième étape de la croissance?C'est bien ce que
semble croire la Banque mondiale et le Programme des Nations unies pour
l'environnement (PNUE) qui ont repris cet argument dans leurs rapports publiés en
1992.
Source : F.D.Vivien , Croissance soutenable ou croissance zéro , Sciences humaines ,
hors-série n°49 , août 2005
Certes, il y a des effets d'échelle : plus l'économie d'un pays croît, plus elle pollue. Mais
cet effet est compensé par deux autres. Un « effet de composition » : les services,
moins polluants que l'industrie, prenant une place croissante avec le développement,
les économies dégradent de moins en moins l'environnement. Et un « effet technique »
: avec l'augmentation du niveau de revenu par habitant, des classes moyennes se
développent et demandent une meilleure qualité de vie, ce qui se traduit par un
renforcement des normes de protection de l'environnement et par l'adoption de
technologies moins polluantes.
Ce raisonnement est baptisé courbe environnementale de Kuznets, car il est calqué sur
celui développé dans les années 50 par l'économiste Simon Kuznets sur les inégalités :
si elles s'accroissent au début du développement, elles finissent par se réduire avec
l'augmentation des richesses. Ce phénomène n'a cependant rien d'automatique : il
résulte d'actions humaines, et notamment de décisions politiques.
Source : C.Chavagneux , Le Sud et le développement durable , Alternatives
économiques , HS n°63 , 2005
II-LE MARCHE
DES DROITS A
POLLUER
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Nos activités entraînent souvent des nuisances pour nos voisins ou pour la collectivité.
Le législateur peut bien sûr intervenir pour limiter ces nuisances, mais (...) les libéraux
disent que ce n'est pas souhaitable et que le marché est un procédé beaucoup plus
commode et efficace.( … )
Les coûts sociaux, estiment les libéraux, résultent d'une absence ou d'une insuffisance
de droit de propriété : l'air est pollué parce qu'il n'appartient à personne. Or je suis bien
obligé de respirer l'air que les autres me lèguent, même s'ils l'ont rendu irrespirable. En
revanche, si l'air m'appartient, les autres ne pourront plus le polluer sauf si je l'accepte,
moyennant une indemnisation.
Une variante de ce principe consiste à définir, au niveau national ou régional, un seuil
maximal acceptable de pollution. La collectivité met alors en vente des "droits à polluer"
dont le total représente le plafond toléré de pollution. Si ces droits à polluer sont en
faible quantité, leur prix va s'élever et cela deviendra trop cher pour certains
producteurs qui cesseront donc leur activité et du même coup leurs nuisances. Quant
aux autres, ils seront incités à investir pour trouver et mettre en place des procédés de
réduction de leur pollution. Là encore, un marché s'instaure : plus les droits à polluer
sont coûteux, plus les acteurs s'efforcent de réduire leurs émissions nocives.
On peut même imaginer que certains producteurs particulièrement performants
n'utilisent pas tous leurs droits à polluer. Ils peuvent alors les revendre, au prix fort, à
des firmes qui sont dans la situation inverse. Dans tous les cas, il s'agit d'internaliser
disent les économistes, c'est-à-dire de rendre le coût de la pollution palpable pour
susciter des recherches et des investissements. Mais c'est l'intérêt qui pousse les
acteurs à agir ainsi, non l'obligation administrative. (...)
Source : SOURCE : D.Clerc , Alternatives Économiques, avril 1992.
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Quand on évoque le marché des droits à polluer aux Etats-Unis, tous les
interlocuteurs sans exception vantent les vertus de « la main invisible » - qui
régule comme par magie offre et demande - capable de réduire, au moindre
coût, le taux de pollution .Avant la loi, régnait le système de la «commande et
du contrôle ». Chaque centrale électrique se voyait imposer des limites
inflexibles d'émissions de SO,. Elle devait installer une technologie bien
précise d'épuration et était sévèrement contrôlée par les agents de
l’Environnement Protection Agency (Agence de protection de
l'environnement). «Les directions des centrales jugeaient cet investissement
trop cher, elles allaient plaider leur cause en justice et tentaient de faire porter
le chapeau à d'autres entreprises », explique Cariton Bartels, responsable de
la société de Bourse Cantor Fitzgerald, très actif sur le marché des émissions.
« Quant aux pouvoirs publics, ils n'avaient ni les moyens ni les informations
nécessaires pour faire appliquer la loi. » Pendant ce temps, la pollution
continuait.
D'où l'idée d'un changement radical. Le gouvernement américain impose en
1990 une réduction drastique : les 263 centrales électriques particulièrement
polluantes doivent alléger l'ensemble de leurs émissions de 10 millions de
tonnes par rapport au niveau de 1980. Et, en l'an 2000, la cible s'élargit aux
autres centrales, plus petites et plus propres. L'astuce c’est de laisser aux
industriels le soin de l'exécution du programme. Le gouvernement s'en lave
les mains. Ses représentants se contentent de distribuer gratuitement aux
acteurs les droits à polluer. Et arbitrent le jeu : s'ils réduisent plus que prescrit
leurs émissions, ils peuvent garder en réserve leurs droits, les transférer sur
une unité plus polluante ou les vendre à un concurrent.
Source : C.Talbot , Aux Etats-Unis , la méthode a fait ses preuves pour le
dioxyde de soufre , 21 mars 2000
III-LES LIMITES DE
CES SOLUTIONS
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A:
Les premiers travaux sur la courbe environnementale de Kuznets indiquaient que le
point de retournement devait se situer autour d'un PIB par habitant de 5 000 dollars. Un
niveau atteint par le Mexique (en parité de pouvoir d'achat) dès le milieu des années 80.
Depuis, constate le chercheur américain Kevin P. Gallagher, l'érosion des sols a
pourtant progressé de 89 % dans ce pays, les déchets municipaux de 108 % , la
pollution de l'eau de 28 % et la pollution de l'air dans les villes de 97% ! Renforçant la
conviction de ceux qui pensent que les pays émergents cherchent à s'abstraire de toute
contrainte réglementaire pour mettre en œuvre des politiques de dumping
environnemental destinées à attirer les multinationales
Source : C.Chavagneux , Le Sud et le développement durable , Alternatives
économiques , HS n°63 , 2005
B:
Le problème, comme en conviennent G. Grossman et A. Krueger, est que cette relation
en U inversé ne peut être généralisée. Elle ne vaut que pour certains polluants qui ont
des impacts locaux à court terme et non, par exemple, pour les rejets de CO2 ou la
production des déchets ménagers qui croissent avec le revenu par tête. De plus, quand
elle est établie, cette relation n'est pas mécanique. C'est parce que des politiques
publiques sont menées que l'on peut enregistrer des résultats encourageants dans la
lutte contre les pollutions. Enfin, il ne faut pas oublier que les réductions d'émissions
observées peuvent être compensées par d'autres augmentations, les industries les plus
polluantes pouvant être transférées sous des latitudes où la réglementation est moins
contraignante.
Source : F.D.Vivien , Croissance soutenable ou croissance zéro , Sciences humaines ,
hors-série n°49 , août 2005
PARTIE IV - UNE REMISE
EN CAUSE DE LA
NOTION DE
DEVELOPPEMENT
DURABLE :
LA DECROISSANCE ?
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Dès lors que l’on identifie les efforts à entreprendre , il est assez tentant d’y opposer l’idée que les progrès de la
technologie permettront de régler le problème « ailleurs » et « plus tard » sans qu’il soit nécessaire de faire ici et
maintenant des efforts coûteux . ( … ) .
•
Economiser l’énergie à service rendu équivalent représente donc une marge de manœuvre significative , une
opportunité réelle pour nos entreprises .Les technologies mises en œuvre pourraient aussi favoriser une évolution
des pays émergents mieux adaptés à la préservation de l’environnement . Mais gagner un facteur 2 est à la fois
considérable et... insuffisant pour stabiliser la perturbation climatique. Croire que l'on peut tout miser sur le progrès
technologique en négligeant ce qui a trait à notre organisation sociale, à notre mode de vie et aux aspirations qu'ils
matérialisent relève de l'utopie. Aller au-delà exige que nous développions une société « sobre » en réduisant notre
consommation matérielle. En outre, les améliorations techniques sont relativement longues à mettre en œuvre . ( … )
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Continuer à jauger la santé d'une nation à la vigueur de la croissance de sa production industrielle ou de la
consommation des ménages en produits manufacturés ; développer les infrastructures routières ou aéroportuaires ,et
plus généralement favoriser l'augmentation de la mobilité; subventionner l'agriculture sur la base des volumes (alors
qu'il faudrait privilégier les consommations locales et la qualité plutôt que la quantité) ; raisonner de manière
sectorielle, c'est-à-dire gérer séparément agriculture, transports, urbanisme ou toute activité économique et sociale.
Enfin, nous pourrions ajouter : ignorer l'ampleur réelle du problème. (… )
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Le PNB, le taux de croissance de l'économie, les chiffres d'affaires et profits des entreprises, etc., sont le résultat de
règles conventionnelles qui varient au cours du temps : les mesures économiques sont une représentation
indispensable, mais partielle et simplifiée, du monde réel, utile au quotidien, mais insuffisante pour arbitrer des enjeux
de très long terme. Dans ce strict cadre, de nombreuses questions n'ont pas de réponse objective : quel prix attribuer
à la vie humaine ? Doit-il être le même en France et au Bangladesh ? Quel prix accorder à la disparition d'une espèce
animale, des glaciers alpins ou de paysages chers ?
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En conclusion, il n'est pas souhaitable de se fonder sur ces seuls critères pour juger de la nécessité d'une rupture
aussi importante que celle qu'impliquerait une forte réduction des émissions. Car, au bout du compte, savoir si nous
entendons privilégier la prudence ou la prise de risques ne relève pas d'un choix économique, mais d'un choix de
société.
SOURCE : H Le Treut et JM Jancovici, l’effet de serre, dominos, Flammarion,2001
On appelle oxymore (ou antinomie) une figure de rhétorique consistant à juxtaposer deux mots contradictoires,
comme «l'obscure clarté». Ce procédé inventé par les poètes pour exprimer l'inexprimable est de plus en plus utilisé
par les technocrates pour faire croire à l'impossible. Ainsi, une guerre propre, une mondialisation à visage humain,
une économie solidaire ou saine, etc. Le développement durable est une telle antinomie.
Il y a donc dès le départ une divergence manifeste sur la signification du soutenable/durable. Pour les uns, le
développement soutenable/durable, c'est un développement respectueux de l'environnement. L'accent est alors mis
sur la préservation des écosystèmes. Le développement signifie, dans ce cas, bien-être et qualité de vie
satisfaisants, et on ne s'interroge pas trop sur la compatibilité des deux objectifs, développement et environnement.
Cette attitude est assez bien représentée chez les militants d'ONG et chez les intellectuels humanistes. La prise en
compte des grands équilibres écologiques, doit aller jusqu'à la remise en cause de certains aspects de notre modèle
économique de croissance, voire même de notre mode de vie. Cela peut entraîner la nécessité d'inventer un autre
paradigme de développement (encore un ! mais lequel ? On n'en sait rien)7. Pour les autres, l'important est que le
développement tel qu'il est puisse durer indéfiniment8. Cette position est celle des industriels, de la plupart des
politiques et de la quasi-totalité des économistes. A Maurice Strong déclarant le 4 avril 1992 : Notre modèle de
développement, qui conduit à la destruction des ressources naturelles,n'est pas viable. Nous devons en changer,
font écho les propos de Georges Bush (senior) : Notre niveau de vie n'est pas négociable9.. Cette ambiguïté est déjà
présente en permanence même dans le rapport Brundtland. On lit, en effet, à la page l0 du rapport : Pour que le
développement durable puisse advenir dans le monde entier, les nantis doivent adopter un mode de vie qui respecte
les limites écologiques de la planète. Toutefois, neuf pages plus loin, il est écrit: Étant donné les taux de croissance
démographique, la production manufacturière devra augmenter de cinq à dix fois uniquement pour que
la consommation é manufacturés dans les pays en développement puisse rattraper celle des pays développés.
Comme le remarque non sans humour Marie-Dominique Perrot : Le Rapport dans son ensemble montre que
l'objectif poursuivi ne vise pas tant à limiter l'opulence économique et le gaspillage des puissants (au Nord comme
au Sud) qu'à proposer une sorte de saut périlleux fantasmatique qui permette de garantir le beurre (la croissance),
l'argent du beurre (l'environnement) ainsi que le surplus du beurre (la satisfaction des besoins fondamentaux) et
même l'argent du surplus (les aspirations de tous aujourd'hui et à l'avenir).On ne peut que reprendre sa conclusion
désabusée : «Qu'est-ce donc que le développement durable, sinon l'éternité assurée à une extension universelle du
développement?
Source S Latouche, l’imposture du développement durable, in monde en développement, vol 31
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Dès les années 1970, les travaux de Nicholas Georgescu-Roegen et de
René Passet, notamment, ont montré que la logique de croissance
infinie propre au capitalisme était physiquement insoutenable. (..]
Nicholas Georgescu-Roegen montre qu'il ne suffit pas de renoncer à la
croissance. En effet, le simple maintien de notre niveau de vie actuel
pérenniserait des prélèvements considérables dans notre patrimoine, au
détriment des perspectives de survie des générations futures : « Chaque
fois que nous produisons une voiture, nous le faisons au prix d'une
baisse du nombre de vies à venir. » Ainsi, la croissance zéro ne ferait
que retarder les catastrophes; seule la «décroissance» permettrait de
retrouver un mode de vie soutenable.
Une autre excellente raison de prôner la décroissance, au moins dans
les pays du Nord, réside dans l'impératif de développement des pays du
Sud. Dans un monde où les 20% d'habitants du Nord consomment 80 %
des ressources mondiales, l'engagement du Sud dans un mouvement
mondial pour le développement durable est politiquement insoutenable
s'il ne consiste pas à redistribuer la consommation des ressources à
son profit. François Schneider propose un calcul grossier, mais très
éclairant sur ce qui est ici en jeu. Si, pour rétablir la justice à l'horizon
2050, nous devions offrir une consommation par habitant partout
équivalente à celle qui prévaut aujourd'hui au Nord, et en supposant que
ce dernier se contente du niveau actuel, il nous faudrait disposer d'un
espace naturel équivalent à douze planètes ! Le seul scénario autorisant
l'égalité mondiale à un niveau soutenable impliquerait un doublement de
la consommation dans les pays du tiers monde et sa décroissance
annuelle de 5 % dans les pays industrialisés pendant quarante-huit ans!
Source :Jacques Généreux, Alternatives économiques n° 206, septembre 2002.
• On peut certes discuter ces estimations, mais cela ne changera rien
au problème. Quand bien même la décroissance nécessaire pour
«libérer» les ressources nécessaires au développement du Sud serait
de cinq à dix fois inférieure à ce qu'indiquent les chiffres de Schneider,
une décroissance serait politiquement impossible et socialement
inacceptable. Quand on considère les problèmes sociaux insolubles
auxquels nous sommes confrontés dès que la croissance est
seulement ralentie, il est évident qu'un recul annuel permanent de la
production de 1 % ou même de 0,5% engendrerait un véritable chaos
social. Seules des dictatures effroyables pourraient l'imposer avant de
s'orienter rapidement vers une autre solution : le génocide des
pauvres. Après tout, s'il nous faut deux ou trois planètes pour rendre
notre mode de vie soutenable, il « suffirait» de diviser la population
mlondiale dans les mêmes proportions ! Si l'on estime que notre
culture relativement démocratique nous interdit d'envisager une telle
perspective, il faut se rendre à l'évidence qu'elle nous interrdit aussi
de promouvoir la décroissance que l'écologie radicale nous présente
comme une nécessité vitale. La seule issue à cette impasse est de
rechercher non pas la décroissance, mais une autre croissance qui
substitue progressivement la consommation de services immatériels
et de manière recyclée aux biens dont la fabrication détruit le
patrimoine naturel. Une voiture fabriquée avec les matériaux d'une
ancienne voiture et consommant de l'électricité solaire ou éolienne
n'est pas produite « au prix d'une baisse du nombre de vie à venir».
• Source :Jacques Généreux, Alternatives économiques n° 206,
septembre 2002.
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