Résumé
Les Tribunaux pénaux pour l’ex-Yougoslavie et le Rwanda termineront leurs procès de
première instance à la fin de l’an 2008. Les jugements en appel devront pour leur part être
rendus avant le 31 décembre 2010. Ainsi en a décidé le Conseil de sécurité.
Le cheminement vers la fermeture des Tribunaux pénaux internationaux est une opération
compliquée et semée d’embûches. Il implique une coopération entre différents organes,
Etats et institutions d’abord. Mais il exige surtout une capacité de réforme des TPI eux-
mêmes, dans l’élaboration et l’exécution de ce que l’on appelle leur « stratégie
d’achèvement ». Ces réformes sont essentiellement de deux ordres. Les unes, internes aux
TPI, impliquent en particulier une rationalisation et une accélération des procédures, dans
le respect des droits de la défense, et la concentration des poursuites sur les principaux
responsables des violations du droit international humanitaire. D’autres mesures dépendent
de critères sur lesquels les TPI n’ont pas d’emprise directe : il en va ainsi du délicat
transfert des actes d’accusation vers les juridictions nationales – qui vient tout juste de
débuter devant le TPIY et qui devrait également prochainement occuper le TPIR –, un
processus tout à fait crucial pour le respect des délais impartis.
Après une dizaine d’années d’existence, les TPI entrent désormais dans une phase cruciale
de leur existence, aux enjeux nombreux et mouvants, aux pratiques judiciaires nouvelles et
aux conséquences juridiques encore mal évaluées. Ce sont ces dernières que cette étude se
propose d’examiner. L’imposition de dates butoirs exerce en effet une pression dans
pratiquement tous les domaines d’activités des TPI. Le processus de renvoi de certaines
affaires devant les juridictions nationales, inauguré à la fin 2004 et dont on ignore l’issue
au moment d’écrire ces lignes, en est la parfaite illustration. De sa réussite dépendra la
capacité des TPI de tenir le délai et de remplir leur mission.
Mais la dissolution des Tribunaux entraînera également d’autres conséquences plus
lointaines guère abordées à ce jour, notamment sur la structure à laquelle ces organes
devront faire place après 2010, pour autant que ce délai soit respecté, ce qui au demeurant
semble actuellement douteux. Il nous paraît en effet peu probable que les TPI ferment
purement et simplement leurs portes à cette date. L’exécution des peines, la révision des
jugements, l’accès aux archives ou le suivi des mesures de protection des témoins
impliquent que la communauté internationale réfléchisse à l’inévitable structure judiciaire
qui certainement perdurera une fois les derniers arrêts rendus.