IGE Chapitre 2

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INTRODUCTION GENERALE A L’ECONOMIE
Angela Greulich
Chapitre 2
Introduction à la macroéconomie
(ppt de Nicolas Canry)
2. La macroéconomie keynésienne
Keynes
• John Maynard Keynes (1883-1946), économiste anglais.
• Ouvrage le plus célèbre : Théorie Générale de l’emploi, de l’intérêt et
de la monnaie (1936).
• Tentative de proposer un cadre d’analyse macroéconomique
permettant d’inclure l’existence de chômage involontaire en l’absence
de toute rigidité du salaire réel.
• Contexte historique : les Etats-Unis et l’Europe subissent durant toutes
les années 1930 les conséquences du krach financier de 1929 : recul
très spectaculaire du PIB et chômage de masse.
• Cas américain : L’indice du PIB base 100 en 1929 vaut 73,5 en 1993 (26,5 % ; Le taux de croissance annuel moyen du PIB américain entre
1929 et 1932 est de -10 %). En 1938, cet indice de PIB dépasse à
peine 100…
L’indice de prix du PIB base 100 en 1929 vaut 74,1 en 1933 (-26 %) et
vaut « seulement » 81 en 1939.
2.1. Présentation générale
• Première « interprétation » :
La théorie keynésienne est une théorie du court terme, décrivant une
économie caractérisée par des rigidités des prix.
→ L’ajustement se fait alors par les quantités.
Dichotomie court terme (prix rigides) / long terme (prix flexibles)
• Seconde interprétation :
Le sous-emploi des facteurs de production découle de difficultés de
coordination des agents dans un univers décentralisé.
Le comportement des chaque individu est guidé par celui des autres
agents (risque de logiques circulaires).
Théorie néoclassique vs théorie keynésienne
• Théorie walrasienne : individus « atomisés », qui maximisent leur intérêt,
sans jamais regarder ni tenir compte du comportement des autres
individus.
• Théorie keynésienne : « la maximisation de mon intérêt dépend
directement du comportement des autres agents ».
Pour adopter le comportement qui maximise son utilité, chaque agent
doit savoir –essayer de savoir – ce que vont ou comptent faire les autres
agents.
→ Toute la difficulté est justement d’évaluer ou de prévoir, dans un
cadre décentralisé, ce que vont faire les autres agents.
Cette difficulté débouche sur des échecs de coordination qui peuvent
conduire à la sous-utilisation des facteurs, notamment du facteur travail
(avec apparition de chômage involontaire).
Les échecs des coordination
• Un exemple : Un entrepreneur i souhaite investir.
La rentabilité de son investissement dépend du niveau d’activité dans
le reste de l’économie :
- si la conjoncture est défavorable, il aura des difficultés à
écouler sa production et son investissement sera peu rentable
(machine sous-utilisée).
- si la conjoncture est favorable, l’investissement sera rentable.
Or la conjoncture est favorable si beaucoup d’entrepreneurs dans
l’économie investissent (car dans cas, il y aura un effet positif sur
l’emploi, les revenus et finalement la consommation).
Donc l’entrepreneur i a intérêt à investir uniquement si les autres
entrepreneurs investissent.
Comment savoir si les autres vont investir ou pas ? Et que faire si on
ne sait pas ce que les autres entrepreneurs vont faire ?
Les échecs des coordination (2)
 Le plus prudent (et aussi le plus rationnel) est d’adopter une posture
attentiste : attendre de voir ce que font les autres (en espérant qu’ils vont
investir) avant de se décider à investir soi-même.
Comme tous les entrepreneurs sont dans la même situation que
l’entrepreneur i (qui est représentatif du comportement des autres
entrepreneurs), tous adoptent une posture attentiste et personne n’investit.
Par conséquent, la conjoncture est mauvaise, ce qui dissuade tout le
monde d’investir ex post (processus auto-renforçant, auto-réalisateur et
donc potentiellement stable) !
Dès lors, la nation n’utilise plus toute la main d’œuvre disponible, quand
bien même les prix sont flexibles.
 Ceci peut justifier l’intervention de l’État, afin de permettre aux agents de
se coordonner sur un équilibre plus optimiste : l’État peut notamment
« investir » (sous forme de dépenses publiques) pour relancer l’économie
et envoyer un signal positif aux agents privés.
2.2. Présentation formalisée
• Dans un premier temps, on étudie une économie fermée et sans Etat.
L’équilibre sur le marché des biens (la théorie keynésienne n’est pas
une théorie du déséquilibre) s’écrit alors :
Y=C+I
• Il s’agit de la même équation que dans la théorie néoclassique, mais
on va voir qu’elle se « lit » (elle s’interprète ») différemment.
• Keynes en effet va supposer que la loi de Say n’est pas vérifiée (au
niveau macroéconomique, toute offre ne crée pas sa propre
demande) : dans ces conditions, le volume d’offre est déterminé, au
niveau macroéconomique, par celui de la demande globale.
• Le sens de causalité de l’équation est donc inversé :
– Pour les néoclassiques, le côté gauche (offre de biens) détermine le côté
droit (demande de biens) car il ne peut exister de contrainte globale de
débouchés pour l’offre.
– Pour les keynésiens, le côté droit (demande de biens) détermine le côté
gauche (offre de biens et donc aussi, in fine, la demande de travail).
• Par ailleurs, l’offre Y donne lieu au versement de revenus
(intégralement reversés aux ménages, soit sous forme de salaires,
soit sous forme de revenus du capital, intérêt ou dividendes), qui
peuvent être soit consommés, soit épargnés :
Y=C+S
• On a donc finalement : Y = C + I = C + S →
I=S
• On retrouve l’égalité du marché des fonds prêtables (c’est équation
parfois qualifiée de « keynésienne », est tout aussi valable dans les
théories classiques ou néoclassiques !). Mais, ici encore, c’est
l’interprétation, ou le sens de causalité de cette équation, qui va
différencier théories classiques et keynésienne.
Un sens de la causalité inversé
• L’égalité I = S est une égalité (en économie fermée) valable
selon toutes les théories étudiées dans ce cours.
• Elle se lit :
– Auteurs Classiques (Marx, Ricardo) :
S
– Théorie néoclassique :
I(r*)
– Théorie keynésienne :
I
I
S(r*)
S
Les déterminants des différents postes de
demande
• La demande de consommation.
On va supposer que la demande de consommation dépend (de façon
linéaire) du revenu Y (des ménages) :
C  cY  C
–
C est appelée consommation autonome ou incompressible.
– La consommation moyenne des ménages, aussi appelée
propension moyenne à consommer vaut :
C
C
c
Y
Y
C’est une fonction décroissante du revenu (plus les individus
consomment, plus la part de leur revenu qu’ils consomment est
faible).
– Le coefficient c est la propension marginale à consommer le revenu
(c’est une constante et 0 < c < 1) :
dC
dY
c
L’épargne
• L’épargne se déduit du comportement de la consommation : c’est a
partie du revenu non consommée (c’est donc un résidu selon Keynes) :
S  Y  C  Y  cY  C   (1  c)Y  C
S  sY  C
avec s  (1  c)
• s est la propension marginale (constante, 0 < s < 1) à épargner le
revenu.
• On voit ainsi que les comportements de consommation et d’épargne ne
dépendent pas (ou très peu) du taux d’intérêt, comme c’était le cas
dans la théorie néoclassique.
• Pour la théorie keynésienne, le taux d’intérêt a une autre « fonction »
que de répartir le revenu des ménages entre consommation et épargne
(voir plus loin).
Le diagramme à 45°
• On va représenter l’offre et les différents postes de demande en
fonction de la production (ou du revenu) Y.
Comme l’offre est (par définition) confondue avec la production (ou
le revenu), Y figure à la fois en abscisse et en ordonnée dans ce
diagramme (d’où la représentation de la droite à 45°) :
Y
Y (droite de
pente unitaire)
Y0
45°
Y0
Revenu Y
Représentation graphique de la
consommation
Y, C
Y
S0
C
c
C
C0
45°
Y0
Revenu Y
• L’investissement :
Selon Keynes, l’investissement dépend de plusieurs facteurs, notamment :
– Le taux d’intérêt
– La représentation que se font les entrepreneurs de la situation ou
conjoncture économique (voir la partie introductive) : toutes choses égales
par ailleurs, l’investissement sera plus importante si les entrepreneurs sont
« optimistes », moins importantes s’ils sont pessimistes.
Dans le cadre keynésien simplifié que nous présentons dans un premier
temps, on va supposer que l’investissement des entreprises est exogène,
ce qu’on écrit généralement :
I I
L’équilibre macroéconomique
•
On substitue les équations de comportement de C et I dans l’équation
d’équilibre du marché des biens :
Y CI
 Y  cY  C   I
 Y (1  c)  C  I

1
C  I 
Y 
(1  c)
*
• La production d’équilibre Y* dépend de deux « éléments » :
– Les demandes dites « autonomes », C mais surtout I , qui
représente le comportement des entreprises.
– Le coefficient 1 1  c  que l’on nomme le multiplicateur de
dépense (ce terme est supérieur à 1).
• Du fait de l’effet multiplicateur, toute hausse « exogène » de la
consommation autonome ou surtout de l’investissement (toutes
choses égales par ailleurs, les entrepreneurs sont soudainement
plus optimistes) va entraîner une hausse plus que proportionnelle de
la production d’équilibre Y*. On montre en effet que :
*
1

Y
1
*
Y 
I 

1
1 c
I 1  c
2.3. L’effet multiplicateur
• On peut expliquer cet évolution plus que proportionnelle par le
mécanisme suivant :
Y=C+I
• Dans une première étape, la hausse de l’investissement (poste de
demande) augmente la production Y dans les mêmes proportions.
• Dans un second temps, la hausse de la production Y et donc du
revenu des ménages va accroître la consommation de ces ménages
(puisque leur consommation dépend du leur revenu) et donc de
nouveau la production Y.
• De la même manière, dans une troisième étape, cette nouvelle
hausse de la production et du revenu va de nouveau augmenter la
consommation des ménages, et donc Y, etc.
Le multiplicateur : démonstration
Etape
I
C
Y
1
ΔI
-
ΔY1 = ΔI
2
-
ΔC2 = c.ΔY1
ΔY2 = ΔC2 = c.ΔY1 = c ΔI
-
ΔC3 = c.ΔY2
= c.(c.ΔY1) = c2.ΔY1
ΔY3 = ΔC 3 = c2.ΔY1 = c2. ΔI
4
-
ΔC4 = c.ΔY3
= c.(c2.ΔY1) = c3.ΔY1
ΔY4 = ΔC 4 = c3.ΔY1 = c3. ΔI
Etc.
-
…
…
3

Y   Yi  I  cI  c 2 I
Total
i 1

 I  c j 
j 0
1
I
1 c
2.4. Les mécanismes conduisant à
l’équilibre
•
•
La production d’équilibre Y* dépend positivement du volume d’investissement
que les entreprises mettent en œuvre : l’investissement est en fait le moteur
principal de l’activité économique et de la production Y.
On a vu qu’à l’équilibre on a toujours I = S. Si I est exogène et vaut I0, on a
donc à l’équilibre :
S  I  I0
•
Que se passe-t-il si l’investissement augmente et passe de I0 à I1 ? On a alors :
S0  I 0  I1
•
La hausse de l’investissement augmente la production et le revenu Y. Cette
hausse de Y augmente, on l’a vu, la consommation, mais elle augmente aussi
l’épargne (puisque tout supplément de revenu est en partie consommé et en
partie épargnée).
→ Y va augmenter jusqu’à ce que le supplément d’épargne (ΔS) généré par la
hausse de Y soit exactement égal au supplément d’investissement ΔI = (I1 - I0).
• Dit autrement :
Y va augmenter jusqu’à ce que le volume d’épargne (qui croît avec Y)
ait « rattrapé » le nouveau volume d’investissement I1 des entreprises.
C’est bien finalement l’épargne qui s’adapte au nouveau volume
d’investissement (et à ses variations).
• Y arrête d’augmenter exactement au point où l’égalité épargneinvestissement est restauré : S1 = I1.
• Ainsi l’égalité épargne-investissement est assurée :
– Par les variations du taux d’intérêt r selon la théorie néoclassique.
– Par les variation du niveau de production (revenu) Y selon la
théorie keynésienne.
2.5. Synthèse
• La dynamique classique :
Marché du travail → Emploi → Production (Offre) → Demande
• La dynamique keynésienne :
Demande de biens (notamment I) → Production (Offre) → Emploi
• Dans la théorie keynésienne, la production d’équilibre Y* est déterminée
par la demande qui dépend de 3 facteurs :
– L’investissement.
– La consommation autonome C.
– La propension des ménages à épargner leur revenu c.
• Une fois ces trois variables connues, on connait la demande et donc le
volume de production Y*. On connaît alors la demande de travail des
entreprises à partir de leur fonction de production inversée :
L*  F 1 Y * 
Chômage involontaire
• Rien ne prouve que la demande (par exemple
l’investissement) soit suffisante pour que la demande de
travail des entreprises assure la plein-emploi du facteur
travail.
• Supposons que l’offre de travail des ménages
(inélastique au salaire réel) est égale à la population
active, supposée exogène N.
• Si la demande est faible, l’offre de biens sera également
faible et la demande de travail des entreprises sera
inférieure à l’offre des salariés et il y aura apparition de
chômage involontaire U :
U  N  L*  N  F 1 Y * 
Equilibre : représentation graphique
Y, C, I
Y = OG (Offre Globale)
C  I  DG (Demande Globale)
C
C
I
45°
Y* YPE
Revenu Y
YPE est le niveau de production assurant le plein-emploi (« PE »)
du facteur travail.
Exemple :
Supposons que la population active N = 500.
La fonction de consommation vaut : C = 0,8Y + 100 et l’investissement I = 80.
Enfin, la technique de production des entreprises est donnée par Y = F(L) = 2L.
La production d’équilibre vaut : Y 
*
C  I 100  80

 900
1 c
1  0,8
Le niveau de production permettant d’employer toute la population active
vaut : YPE = 2N = 1000.
Le volume d’emploi correspondant à la production d’équilibre vaut :
Y*
L  F Y  
 450
2
*
1
*
Le nombre de chômeurs est ainsi de U = N – L* = 500 – 450 = 50 chômeurs et
le taux de chômage u vaut finalement :
u
U
50

 10%
N 500
2.6. Le rôle néfaste de l’épargne
•
Selon la théorie classique, l’épargne est le moteur de l’accumulation et de la
croissance : un niveau élevé d’épargne permet d’accroître le stock de capital
de l’économie.
•
Selon Keynes au contraire, l’épargne joue un rôle néfaste sur l’activité
puisqu’elle réduit la consommation (poste de demande) sans augmenter
l’investissement. C’est le « paradoxe de l’épargne ».
•
Partons d’une situation d’équilibre S  I . Si le taux d’épargne s des ménages
baisse, le volume d’épargne baisse et devient inférieur au niveau
d’investissement. Mais cette baisse du taux d’épargne n’affecte pas le volume
d’investissement que souhaitent réaliser les entreprises : la production Y va
donc augmenter pour que le volume d’épargne augmente et redevienne égale
au niveau (inchangé) d’investissement.
Effet d’une hausse de la propension
marginale à consommer (baisse de la
propension marginale à épargner)
Y, C
Y
C2
C1
C
45°
Y1
Y2
Revenu Y
Epargne et multiplicateur
• L’effet néfaste de l’épargne se retrouve dans le multiplicateur de
dépenses. En effet, le multiplicateur est une fonction décroissante du
taux d’épargne s :
Y *
1
1


I 1  c s
• Toutes choses égales par ailleurs, une baisse du taux d’épargne (de
la propension marginale à épargner des ménages) accroît l’effet
multiplicateur : plus s est faible et plus les variations de
l’investissement requièrent des variations importantes du revenu Y
pour que l’épargne s’ajuste à l’investissement.
2.7. Introduction de l’Etat
•
On introduit l’Etat qui prélève des impôts (T) qui réduisent le revenu
disponible YD que les ménages vont pouvoir consommer (ou épargner).
•
Par ailleurs, l’Etat va pouvoir stimuler la demande en effectuant des
dépenses publiques (de consommation ou d’investissement).
•
Le revenu des ménages Y se répartit désormais entre impôts, consommation
et épargne : Y  C  S  T et le revenu disponible des manages YD = Y – T
(= C + S).
•
On suppose que l’impôt est forfaitaire et exogène : T  T
•
La fonction de consommation devient donc : C  cY  C  c Y  T  C
D
•
L’équilibre sur le marché des biens s’écrit :

Y  C  I G

•

L’égalité I = S s’écrit désormais : S  I  G  T

où G  T est le déficit public de l’Etat. Dans la suite, on suppose que le
déficit public est intégralement financé par emprunt (émission de titres).
Toute augmentation des dépenses publiques peut donc est financée soit par
augmentation de la fiscalité, soit par émission de nouveaux titres.
•
La production d’équilibre vaut :
C  I  G  cT
Y 
1 c
*
•
On peut alors calculer les variations de Y consécutives aux modifications de
politique budgétaire (et fiscale) de l’Etat :
1
c
Y 
G 
T
1 c
1 c
*
•
Augmentation des dépenses publiques financées par emprunt (creusement
du déficit budgétaire) :
G  0
et
T  0
1
Y 
G  0
1 c
*
•
Augmentation des dépenses publiques financées par une hausse des
impôts (déficit budgétaire inchangé) :
G  T  0
1
c
*
Y 
G 
G
1 c
1 c
 Y *  G  0
•
Réduction des impôts (dépenses publiques inchangées et hausse du déficit
budgétaire) :
G  0
Y *  
et
T  0
c
T  0
1 c
• Le multiplicateur de dépenses publiques est optimal lorsque cellesci sont intégralement financées par emprunt. Dans ce cas en effet,
le multiplicateur de dépenses publiques est égal au multiplicateur de
dépenses d’investissement.
• En cas de conjoncture défavorable (du fait d’une insuffisance
d’investissement privé notamment), l’Etat eut soutenir l’activité (et la
demande) en augmentant ses dépenses publiques et en acceptant
de creuser son déficit. Une fois la conjoncture restaurée (la reprise
stimulant l’investissement privé), l’Etat pourra rembourser ses
emprunts en accroissant la fiscalité.
• Si la hausse des dépenses publiques est financée par une
augmentation de même montant des impôts, la production
augmente mais dans les mêmes proportions que les dépenses
publiques : l’effet multiplicateur disparaît (multiplicateur unitaire).
C’est le théorème d’Haavelmo.
Démonstration : on suppose que ΔG = ΔT
Première étape :
ΔY = ΔG
Seconde étape :
ΔYD = ΔG – ΔT = 0 par définition
 ΔC = 0 : la hausse de G augmente Y mais pas C.
2.8. Introduction d’un impôt sur le revenu
(proportionnel)
• On suppose désormais que l’impôt est fixé de façon proportionnelle
au revenu :
T  tY
où t est le taux d’imposition.
• Dans ces conditions, on a : C  cYD  C  cY  T   C  c(1  t )Y  C
• Finalement le multiplicateur de dépenses publiques vaut dans ce cas :
1
1
Y 
G 
G
1  c(1  t )
1 c
*
• Le multiplicateur est plus faible car la hausse de Y accroît les impôts
prélevés, ce qui réduit d’autant le déficit budgétaire.
• Rôle de stabilisateur automatique de l’impôt sur le revenu.
2.9. Le modèle keynésien en économie
ouverte
•
L’équilibre sur le marché des biens et services s’écrit désormais :
Y + IM = C + I + G + EX
•
On suppose par ailleurs que les importations sont une fonction croissante
de la production :
IM = mY
où m est appelée la propension à importer de l’économie.
Une telle hypothèse repose sur le fait que, en économie ouverte, une
augmentation de la demande va accroître la production nationale, mais
aussi les produits importés (que ces produits soient des biens de
consommation et/ou des bien d’équipement).
•
De façon symétrique (mais sans effet dans le modèle keynésien simplifié),
on pourrait supposer que les exportations française sont une fonction
croissante de la production mondiale (EX = aYmondial).
•
L’égalité I = S s’écrit désormais :

S  I  G  T   EX  IM 

où G  T est le déficit public de l’Etat et (EX – IM) la balance commerciale de
l’économie concernée (voir le chapitre 1 pour une analyse détaillée).
La production d’équilibre vaut finalement :
1
C  I  G  cT  EX 
Y 
1 c  m
*
•
Finalement, on voit que le multiplicateur de dépenses publiques est réduit en
économie ouverte (on parle de contrainte extérieure) par la propension à
importer :
1
1

1 c  m 1 c
•
La hausse des dépenses publiques augmente la production, le revenu et donc
en retour la consommation. Toutefois, la hausse de la consommation soutient
certes la production nationale mais elle accroît aussi les biens importés (par
exemple, on évoque souvent la relance e 1981, où le soutien de la
consommation a augmenté l’achat de… magnétoscopes japonais).
2.10. A quoi sert alors le taux d’intérêt ?
• Selon Keynes, le taux d’intérêt n’assure pas l’égalité entre épargne et
investissement.
• Selon Keynes, le taux d’intérêt d’équilibre résulte de l’arbitrage effectué
par les ménages entre différentes formes d’épargne.
• Les ménages peuvent ainsi décider de placer leur épargne :
– Soit sous forme de titres : l’épargne est alors rémunérée mais elle
est aussi détenue sous forme d’un actif plus risqué (dont la valeur
peut avoir baissé le jour où on a besoin de le revendre contre
monnaie sur le marché secondaire).
– Soit sous forme de monnaie : l’épargne est alors non rémunérée
(détenue sur un compte bancaire) mais elle est plus sûre car
totalement liquide (aucun risque de perte).
• Le taux d’intérêt est la variable qui va déterminer cet arbitrage : il
mesure en effet le coût d’opportunité de la liquidité (c’est-à-dire le
manque à gagner lié à la décision de détenir son épargne sous forme
d’un actif liquide, donc très sûr, à savoir la monnaie).
Le lien entre cours du titre et taux d’intérêt (1)
• Supposons qu’une obligation d’une valeur de 100 (sa valeur
« faciale ») a été émise en le 31/12/2007 avec une promesse de
remboursement et versement d’intérêt de 10 % au 31/12/2008,
c’est-à-dire la promesse de l’émetteur de verser 110 d’intérêts à son
détenteur (le créancier) un an plus tard.
• Un individu A (un ménage) a acheté ce titre 100 le jour de son
émission (le 31/12/2007) sur le marché financier (primaire).
• Malheureusement, un souci financier et un urgent besoin de liquidité
(monnaie) le pousse à revendre ce titre sur le marché secondaire le
10/06/2008. Le cours du titre sur le marché est alors de 94 : le
marché secondaire rend un service de liquidité à A (qui peut
récupérer 94) mais ce service de liquidité n’est pas parfait : en ce
sens, le fait de détenir un titre est « risqué » car le montant que l’o
peut récupérer avec son titre ne dépend pas de sa valeur faciale
mais de son cours sur le marché le jour de sa « revente ».
Le lien entre cours du titre et taux d’intérêt (2)
• Supposons que le titre soit racheté à A (le 10/06/2008) par l’agent B,
un autre ménage. Celui-ci le conserve jusqu’au 31/12/2008. A ce
jour (si tout se passe bien), il sera le créancier de l’entreprise
émettrice qui lui remettra donc 110, comme spécifié sur le titre. Pour
cet agent B, la rentabilité du titre est ainsi de (110 – 94) / 94 = 17 %.
• Ainsi, le taux d’intérêt rémunérant le titre augmente quand la valeur
marchande du titre (son cours) baisse et augmente quand son cours
sur le marché augmente.
• La valeur du taux d’intérêt est bien sûr une référence essentielle
pour tout émetteur de titre sur le marché primaire (pour rester
attractive, l’intérêt proposé par les émetteurs sur le marché primaire
doit être au moins égal au taux proposé sur le marché secondaire).
• Plus le taux d’intérêt (rémunérant le titres) est faible plus le manque à
gagner lié à la détention de liquidité est lui-même faible : les agents
sont peu incités à « courir » le risque de détenir des titre car ce risque
est mal rémunéré.
• Inversement, plus le taux d’intérêt est élevé, plus le manque à gagner
lié à la détention de monnaie est important : le risque lié à la détention
de titre étant bien rémunéré, la détention de titre est plus attractive.
• Ainsi, la demande de monnaie, ou plus exactement la part de l’épargne
que les agents souhaitent détenir sous forme de monnaie, est une
fonction décroissante du taux d’intérêt.
• De son côté, l’offre de monnaie injectée par l’Etat dans l’économie est
exogène (comme dans la théorie néoclassique).
• Ainsi, le taux d’intérêt est la variable qui va permettre d’ajuster offre et
demande sur le marché de la monnaie : le taux d’intérêt va se fixer de
telle sorte que la demande de monnaie des agents soit exactement
égale à l’offre exogène fournie par l’Etat.
Ms (offre de
monnaie)
Taux
d’intérêt
Epargne
des agents
r*
Md (Demande de monnaie)
Monnaie
Titres
Monnaie
Epargne des agents
Le taux d’intérêt permet aux agents de déterminer la composition de
leur épargne entre titres et monnaie.
Vague de pessimisme des agents et crainte de l’avenir : la préférence
pour la liquidité s’accroît → Pour détenir le même montant de titres,
les agents exigent un taux d’intérêt plus important. Dit autrement, pour
un taux d’intérêt donné, la demande de monnaie augmente, celle de
titres diminue.
Finalement, le taux d’intérêt d’équilibre augmente (car l’offre de
monnaie reste inchangée).
Taux
d’intérêt
Ms (offre de
monnaie)
Epargne
des agents
(r*)2
(r*)1
(Md)2 = vague de pessimisme
(Md)1
Monnaie
• Selon Keynes, le taux d’intérêt est la variable au travers de laquelle
se reflète la représentation que se font les agents de l’avenir :
– Plus cette représentation est optimiste, plus le taux d’intérêt est
bas (la préférence pour la liquidité est faible, la demande de titre
plus importante, ce qui réduit les taux d’intérêt).
– Inversement, plus cette représentation est pessimiste, plus le
taux d’intérêt va être élevé.
→ L’incidence macroéconomique passe par le comportement
d’investissement des entreprises, qui va baisse quand le taux
d’intérêt s’élève (le financement des dépenses d’investissement
s’élève et certains projets deviennent non rentables) :
r* ↑  I ↓  Demande Globale ↓  Y* ↓  Chômage ↑
L’effet de la politique monétaire de l’Etat
Dans le cadre de la théorie keynésienne, la politique monétaire de l’Etat a un
effet sur le niveau d’activité économique et pas (uniquement) sur le niveau des
prix (théorie néoclassique) : une hausse de l’offre de monnaie réduit en effet le
taux d’intérêt d’équilibre, stimule l’investissent et finalement la production.
Taux
d’intérêt
(Ms)1 (Ms)2
Epargne
des agents
(r*)1
(r*)2
Md
Monnaie
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