Cancer du coˆlon MSI :
faut-il un traitement
adjuvant ?
Leph
enotype microsatellites ins-
tables (MSI) est trouv
e dans
environ 15 % des cancers colorectaux
(CCR) et correspond
a une voie
de canc
erogen
ese sp
ecifique. Cette
caract
eristique biologique est rare-
ment trouv
ee dans les formes m
eta-
statiques de CCR. Dans cette revue,
nous aborderons, dans un premier
temps, les diff
erents types de tumeurs
HEPATO
y
GASTRO
et Oncologie digestive
Tir
es
a part : J. Taieb
Pour citer cet article : Zaanan A, Dubreuil O, Trouilloud I, Laurent-Puig P, Taieb J. Cancer du
c^
olon MSI : faut-il un traitement adjuvant ? H
epato Gastro 2012 ; 19 : 242-247. doi : 10.1684/
hpg.2012.0714
R
esum
e
Le ph
enotype microsatellites instables (MSI) est trouv
e dans environ 15 % des
cancers colorectaux et peut ^
etre d’origine sporadique ou h
er
editaire. Plusieurs
etudes ont montr
e que l3es patients avec une tumeur MSI avaient un meilleur
pronostic que les patients avec une tumeur
a microsatellites stables. Les donn
ees
cliniques les plus r
ecentes indiquent que les patients avec une tumeur MSI de
forme h
er
editaire trait
es par 5-fluorouracile (5-FU) en situation adjuvante
pourraient avoir un gain de survie, contrairement aux formes sporadiques qui
n’en b
en
eficieraient pas. En revanche, il n’existe que peu de donn
ees concernant
le traitement adjuvant par FOLFOX. Certaines donn
ees pr
eliminaires issues
d’
etudes r
etrospectives sugg
erent que l’adjonction d’oxaliplatine au 5-FU
pourrait apporter un gain de survie pour les patients MSI de stade III. Toutefois,
ces r
esultats devront ^
etre confirm
es par l’analyse en cours des
echantillons
tumoraux provenant des essais randomis
es ant
erieurement publi
es comparant le
5-FU au FOLFOX (
etudes MOSAIC et NSABP-C07).
nMots cl
es : cancer du c^
olon, microsatellites instables (MSI), pronostic, chimioth
erapie
adjuvante
Abstract
Microsatellite instability (MSI) phenotype occurs in approximately 15% of
colorectal cancer (CRC) patients and may be sporadic or hereditary. Several
studies have shown that patients with MSI CRC have a more favourable
prognosis than those who have microsatellite stable CRC. Recent clinical data
indicate that patients with hereditary MSI tumor treated with 5-fluorouracil
(5-FU) as adjuvant chemotherapy may have a survival advantage, in contrast to
sporadic forms that would not benefit. However, the benefit of oxaliplatin-based
adjuvant regimens regarding MSI phenotype remains poorly investigated. Some
preliminary data from retrospective studies suggest that addition of oxaliplatin to
5-FU could provide a survival advantage for patients with stage III MSI tumor.
Nevertheless, these results should be confirmed by ongoing analysis of tumor
samples from previously published randomized trials comparing 5-FU to FOLFOX
(NSABP-C07 and MOSAIC studies).
nKey words: Colon cancer, microsatellite instability, prognosis, adjuvant chemotherapy
MSI colon cancer: is
adjuvant therapy
warranted?
Aziz Zaanan
(1)(2)
, Olivier Dubreuil
(1)
,
Isabelle Trouilloud
(1)
, Pierre
Laurent-Puig
(2)
, Julien Taieb
(1)
1
H^
opital Europ
een Georges Pompidou,
service d’h
epato-gastro-ent
erologie
et oncologie digestive,
20 rue Leblanc,
75015 Paris
2
H^
opital Europ
een Georges Pompidou,
service de g
en
etique,
20 rue Leblanc,
75015 Paris
doi: 10.1684/hpg.2012.0714
242 HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 19 n84, avril 2012
ini-revueM
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MSI ainsi que les moyens de les diagnostiquer, et, dans un
second temps, l’impact pronostique et pr
edictif du statut MSI
sur la survie des patients trait
es pour un CCR op
er
e.
De´finition du type MSI
A chaque division cellulaire, l’ADN polym
erase commet des
erreurs en recopiant l’ADN. Ces erreurs, plus fr
equentes au
niveau de s
equences r
ep
et
ees de quelques nucl
eotides
appel
ees microsatellites, sont normalement r
epar
ees par
un syst
eme de r
eparation de m
esappariements appel
e
MMR (mismatch repair). Les tumeurs d
eficientes dans le
syst
eme MMR accumulent des mutations (d
el
etions ou
insertions de quelques nucl
eotides) au niveau des micro-
satellites, et sont appel
ees MSI. Les microsatellites sont tr
es
nombreux et dispers
es dans des r
egions codantes ou non
codantes du g
enome. L’instabilit
e des microsatellites
provoquant la d
el
etion ou l’insertion dans une s
equence
r
ep
et
ee codante entraı
ˆne un d
ecalage du cadre de lecture
du g
ene qui la contient. La cons
equence en est le plus
souvent une inactivation fonctionnelle du g
ene concern
e,
pouvant intervenir dans la transformation maligne des
cellules colorectales de type MSI [1]. Le ph
enotype MSI
correspond
a environ 15 % des CCR et peut ^
etre d’origine
sporadique ou h
er
editaire (syndrome de Lynch aussi appel
e
HNPCC [Hereditary Non-Polyposis Colorectal Cancer]).
Dans les tumeurs MSI sporadiques, l’alt
eration du syst
eme
MMR est due, dans environ 90 % des cas,
a une
m
ethylation
epig
en
etique du promoteur du g
ene MLH1
avec, pour cons
equence, l’absence d’expression de cette
prot
eine. Dans les formes h
er
editaires, le ph
enotype MSI
est secondaire
a une mutation constitutionnelle d’un g
ene
du syst
eme MMR. Dans la majorit
e des cas, ces mutations
concernent les g
enes MLH1 ou MSH2, et plus rarement les
g
enes MSH6 ou PMS2 [1]. Les tumeurs MSI pr
esentent des
caract
eristiques anatomo-cliniques particuli
eres, avec une
localisation tumorale colique pr
ef
erentiellement
a droite,
un grade souvent peu diff
erenci
e, un type mucineux ou en
bagues
a chaton et de nombreux lymphocytes
intra
epith
eliaux avec un aspect dit Crohn-like.
‘‘ Le phe´notype microsatellites instables
(MSI) correspond a` environ 15 %
des cancers colorectaux et peut ^
etre d’origine
sporadique ou he´re´ditaire’’
De´termination du statut MSI
La caract
erisation du statut MSI repose sur l’analyse
comparative des produits d’amplification par PCR, obtenus
a partir de l’ADN tumoral et de l’ADN normal du patient.
L’
echantillon recommand
e par la r
eunion de consensus
de Bethesda en 1997
etait compos
e de 5 microsatellites :
2 marqueurs mononucl
eotidiques (BAT25 et BAT26) et
3 marqueurs dinucl
eotidiques (D5S346, D2S123 et
D17S250) [2]. Les tumeurs ayant une instabilit
e sur au
moins 2 de ces 5 marqueurs
etaient appel
ees MSI-H (high),
et celles ayant une instabilit
e sur un seul marqueur, MSI-L
(low). Les tumeurs
a microsatellites stables (MSS) sont
celles ne pr
esentant d’instabilit
e sur aucun des 5 micro-
satellites. Comme aucune diff
erence clinique n’a
et
e
montr
ee entre les tumeurs MSI-L et les tumeurs
MSS, nous consid
ererons dans la suite de cet article ces
deux entit
es comme un seul groupe. Les crit
eres pour
reconnaı
ˆtre les tumeurs MSI ont
et
er
evis
es en 2002,
recommandant alors d’utiliser en priorit
e des marqueurs
mononucl
eotidiques (BAT25, BAT26, NR21, NR22 et
NR24), qui, en plus d’^
etre tr
es sensibles et sp
ecifiques,
ont l’avantage d’^
etre quasi monomorphes (c’est-
a-dire
pr
esentant tr
es peu de variants de taille dans la population
g
en
erale), si bien que l’analyse comparative de l’ADN
constitutionnel des patients n’est plus indispensable [3].
Une tumeur est consid
er
ee comme MSI si elle montre une
instabilit
e d’au moins 3 de ces 5 microsatellites mono-
nucl
eotidiques. Une alternative
a l’all
elotypage des micro-
satellites est l’immunohistochimie, qui permet la
d
etermination indirecte du ph
enotype MSI en mettant
en
evidence l’absence d’expression d’une prot
eine issue
d’un des g
enes du syst
eme MMR dans la cellule tumorale
[4]. Pour ^
etre compl
ete, cette analyse n
ecessite l’emploi de
4 anticorps dirig
es contre les prot
eines MLH1, MSH2,
MSH6 et PMS2. Cette d
emarche m
ethodologique est
consid
er
ee comme moins lourde et moins co^
uteuse que
l’all
elotypage des microsatellites et permet de « cibler » le
g
ene MMR en cause et de chercher la mutation consti-
tutionnelle dans les familles pr
edispos
ees au CCR de type
HNPCC. La r
ealisation et l’interpr
etation de ces examens
n
ecessitent une expertise mol
eculaire et histologique des
laboratoires.
‘‘ La de´termination du statut MSI repose
sur l’analyse de l’ADN tumoral par une
technique de biologie mole´ culaire et/ou
d’immunohistochimie’’
Impact du phe´notype MSI sur le
pronostic
De nombreuses
etudes, r
etrospectives pour la plupart,
incluant des patients avec un CCR de stade II ou III, ou
243
HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 19 n84, avril 2012
Chimiothe
´rapie des CCR MSI
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incluant des CCR tous stades confondus, ont rapport
e des
survies prolong
ees en rapport avec le statut MSI des
tumeurs [1]. L’impact pronostique du statut MMR peut ^
etre
evalu
e, soit au sein d’une population de patients trait
es par
chirurgie seule, soit au sein d’un groupe de patients trait
es
par la m^
eme chimioth
erapie adjuvante. Concernant
l’impact pronostique du statut MMR chez les patients
trait
es par chirurgie seule, l’
etude de Ribic et al., r
ealis
ee
a
partir de 5 essais adjuvants, a montr
e que ceux qui avaient
une tumeur MSI avaient une meilleure survie globale (SG)
que ceux qui avaient une tumeur MSS (p = 0,004) [5]. Ces
r
esultats ont
et
e confirm
es r
ecemment par une analyse
pool
ee des donn
ees de Ribic et al. avec celles de Sargent
et al. (voir section Chimioth
erapie adjuvante par 5-FU) [6].
En revanche, la valeur pronostique du ph
enotype MMR
chez les patients recevant une chimioth
erapie adjuvante
par 5-FU reste d
ebattue. Certaines
etudes sugg
erent des
survies prolong
ees chez les patients MSI [7, 8] tandis que
d’autres n’observaient pas de diff
erence de survie entre les
patients MSI et MSS [9, 10]. Plusieurs facteurs peuvent
expliquer ces r
esultats contradictoires. Le caract
ere
r
etrospectif des
etudes ou l’analyse a posteriori du
ph
enotype tumoral limit
e
a un sous-groupe de patients
inclus dans des
etudes prospectives randomis
ees sont, en
eux-m^
emes, des biais potentiels importants. De plus, les
tumeurs MSI
etant moins nombreuses (15 % des patients
environ), leur importance pronostique devient plus difficile
ad
emontrer si les
etudes portent sur de faibles effectifs.
Malgr
e ces limites, la valeur pronostique du statut MSI est
largement confirm
ee par une m
eta-analyse bas
ee sur les
donn
ees regroup
ees de 31
etudes publi
ees (avec un total
de 7 642 patients tous stades confondus, dont 1 277 MSI),
qui a d
emontr
e une r
eduction de 35 % du risque de d
ec
es
chez les patients MSI-H par rapport aux patients MSI-L ou
MSS [11].
A ce jour, le m
ecanisme exact qui sous-tend un
avantage pronostique des CCR MSI reste inconnu.
Cependant, l’importante infiltration lymphocytaire cons-
tat
ee dans ce type de tumeur pourrait traduire une r
eaction
immunitaire anti-tumorale plus efficace et nous donne une
piste int
eressante.
‘‘ Le statut MSI des tumeurs confe`re un
meilleur pronostic au patient’’
Impact du phe´notype MSI sur l’efficacite´
de la chimiothe´rapie adjuvante
Chimiothe´rapie adjuvante par 5-FU
Plusieurs
etudes ont
evalu
e l’influence du statut MMR dans
le traitement adjuvant par 5-FU des patients op
er
es pour
un CCR de stade II ou III. Elles ont abouti
a des r
esultats
contradictoires, certaines rapportant un b
en
efice du 5-FU
pour les tumeurs MSI, tandis que d’autres concluaient
a
l’absence d’efficacit
e [1]. Selon les
etudes, le statut MMR
etait
evalu
e comme facteur pronostique quand l’analyse
portait sur des patients recevant tous le m^
eme traitement
(voir section « Impact pronostique »), ou comme facteur
pr
edictif de survie quand les patients
etaient trait
es par
chirurgie seule ou combin
ee
a une chimioth
erapie
adjuvante par 5-FU.
‘‘ Le phe´notype MSI serait un facteur
de re´sistance au 5-FU’’
Concernant la valeur pr
edictive du statut MMR, la majorit
e
des
etudes adjuvantes sugg
erent que le ph
enotype MSI
serait un facteur de r
esistance au 5-FU [5, 6]. L’
etude de
Ribic et al. publi
ee en 2003 dans le New England Journal of
Medicine est la premi
ere
etude fond
ee sur l’analyse a
post
eriori d’
echantillons tumoraux de patients inclus dans
des
etudes randomis
ees
a mettre en
evidence l’impact
pr
edictif de r
esistance au 5-FU du statut MSI [5]. Par la
suite, Sargent et al. ont rapport
e, dans le Journal of Clinical
Oncology en 2010, une
etude qui avait pour objectif de
valider les donn
ees de Ribic et al. sur une cohorte
ind
ependante de patients et de r
ealiser ensuite une
analyse pool
ee avec les donn
ees de ce dernier afin
d’augmenter la puissance statistique de l’
etude et de
permettre une analyse en fonction des stades II ou III [6]. La
cohorte de validation
etait constitu
ee de 457 patients
(dont 70 MSI) op
er
es d’un CCR de stade II ou III issus de
5
etudes randomis
ees. Les r
esultats obtenus avec la
cohorte de validation
etaient coh
erents avec ceux de
l’
etude ant
erieure de Ribic et al. L’analyse pool
ee des
2
etudes a port
e sur un effectif total de 1 027 patients
atteints d’un CCR de stade II (n = 530) ou III (n = 497), dont
165 (16,1 %)
etaient de ph
enotype MSI [6]. Les r
esultats
obtenus au moyen d’une analyse multivari
ee ont confirm
e
que i) les tumeurs MSI pr
esentaient un pronostic meilleur
que celui des tumeurs MSS chez les patients trait
es par
chirurgie seule (p = 0,009) et non chez les patients trait
es
par 5-FU adjuvant (p = 0,30) ; et que ii) la chimioth
erapie
adjuvante par 5-FU n’
etait sup
erieure
a la chirurgie seule
que chez les patients avec une tumeur MSS. De plus, pour
le sous-groupe de patients op
er
es d’un CCR de stade II, la
chimioth
erapie adjuvante par 5-FU n’a pas apport
ede
b
en
efice aux patients avec une tumeur MSS, et pourrait
m^
eme ^
etre d
el
et
ere pour ceux pr
esentant une tumeur MSI
[6]. Une m
eta-analyse publi
ee r
ecemment vient conforter
ces donn
ees en analysant 7
etudes rassemblant
3 690 patients de stade II (n = 810) et III (n = 2 444), dont
454 avaient une tumeur MSI [12]. Au total, 1 444 patients
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avaient rec¸u une chimioth
erapie adjuvante
a base de 5-FU.
La chimioth
erapie par 5-FU semblait plus efficace chez les
patients avec une tumeur MSS en termes de survie sans
r
ecidive (SSR) (HR d’interaction = 0,77 ; IC95 : 0,67-0,87).
En revanche, dans le groupe des patients MSI, la
chimioth
erapie par 5-FU n’apportait pas de b
en
efice en
termes de SSR (HR = 0,96 ; IC95 : 0,62-1,49), ni de SG
(HR = 0,70 ; IC95 : 0,44-1,09) par rapport
a la chirurgie
seule [12].
De fac¸on int
eressante, l’impact pr
edictif et pronostique du
ph
enotype MSI selon le m
ecanisme
a l’origine de la
d
eficience du syst
eme MMR (hyperm
ethylation du pro-
moteur de MLH1 ou mutation germinale d’un g
ene MMR)
sur la r
eponse
a la chimioth
erapie adjuvante par 5-FU a
r
ecemment
et
e
evalu
e sur une cohorte de 2 141 patients
stades II (778) et III (1 363) issus de 5
etudes randomis
ees
adjuvantes [13]. Parmi les 344 patients MSI (16 %), ceux
qui avaient une extinction de la prot
eine MSH2 ou un
ph
enotype MSI-H et/ou une extinction de MLH1
aun
^
age inf
erieur
a55ans
etaient consid
er
es comme
« HNPCC » (n = 99). Les patients qui avaient un ph
eno-
type MSI-H et/ou une extinction de MLH1
aun^
age
sup
erieur
a55ans
etaient consid
er
es comme « sporadi-
ques » (n = 245). Apr
es ajustement par l’^
age, le pronostic
despatientsMSI
etait similaire, quel que soit le m
ecanisme
a l’origine de la d
eficience du syst
eme MMR. L’analyse
de survie a montr
e que les patients MSI « HNPCC » trait
es
par 5FU avaient un b
en
efice de survie sans maladie
(SSM) par rapport
a ceux non trait
es par 5-FU adjuvant
(p = 0,006). En revanche, les patients MSI « sporadiques »
ne tiraient aucun b
en
efice du 5-FU adjuvant (p = 0,15).
L’analyse restreinte aux stades III montrait les m^
emes
r
esultats (pas d’analyse restreinte aux stades II) [13].
Ces donn
ees sugg
erent pour la premi
ere fois que
le m
ecanisme
a l’origine du ph
enotype MSI pourrait
^
etre impliqu
e dans la sensibilit
eau5-FUensituation
adjuvante.
‘‘ Le me´canisme a` l’origine du phe´ notype MSI
pourrait ^
etre implique´ dans la sensibilite´
au 5-FU en situation adjuvante’’
Chimiothe´rapie adjuvante par 5-FU
+ oxaliplatine
L’
etude MOSAIC a montr
e que l’adjonction d’oxaliplatine
au 5-FU (FOLFOX) permettait une am
elioration de SSM et
SG des patients op
er
es pour un cancer du c^
olon de stade III
[14]. En revanche, il n’y a pas b
en
efice de survie pour les
patients stade II. Dans le sous-groupe des stades II
a haut
risque (T4 ou nombre de ganglions examin
es <12),
le traitement par FOLFOX permet une am
elioration de SSM
et SG mais de fac¸on non significative [15].
A ce jour,
l’impact du statut MSI sur l’efficacit
e de la chimioth
erapie
adjuvante combinant 5-FU + oxaliplatine, qui est donc le
standard th
erapeutique actuel pour les patients op
er
es
d’un CCR de stade III, a
et
e peu
etudi
e. Une
etude
r
etrospective r
ealis
ee sur 135 patients trait
es par l’associa-
tion FOLFOX apr
es r
esection d’un cancer du c^
olon de stade
II (n = 13) ou III (n = 108) ou apr
es r
esection d’un cancer du
c^
olon avec m
etastases h
epatiques exclusives (n = 14) a
montr
e qu’il n’y avait pas de diff
erence significative en
termes de SSR et de SG selon le statut MMR (12 patients
MSI) [16]. En revanche, 2 autres
etudes r
ecentes ont
montr
e que le ph
enotype MMR des tumeurs pouvait avoir
un impact pronostique sur la SSM des patients trait
es en
adjuvant par FOLFOX. Une premi
ere
etude r
etrospective
men
ee sur une cohorte de 105 patients (dont 19 MSI)
trait
es par FOLFOX apr
es r
esection d’un CCR de stade III ou
II
a haut risque, a montr
e un taux de r
ecidive tumorale plus
faible chez les patients MSI versus MSS (10,5 versus
35,0 % ; p = 0,04). En revanche, la SSM des 2 groupes de
patients n’
etait pas significativement diff
erente (p = 0,1)
[17]. Une
etude r
etrospective multicentrique plus r
ecente
et incluant une plus grande s
erie de patients stade III trait
es
par FOLFOX (n = 303) a
evalu
e l’impact pronostique du
statut MMR sur la SSM [18]. Le taux de SSM
a 3 ans pour
les patients MSI (n = 34, 11%)
etait meilleur (90,5 %) que
celui des patients MSS (73,8 %) (p = 0,027). En analyse
multivari
ee, le statut MMR restait le seul facteur pro-
nostique significatif de survie. Le relatif faible nombre de
patients MSI et la faible proportion d’
ev
enements
tumoraux n’a pas permis l’
evaluation pronostique du
ph
enotype MSI en fonction du m
ecanisme
a l’origine de la
d
eficience du syst
eme MMR (hyperm
ethylation du pro-
moteur de MLH1 ou mutation germinale d’un g
ene MMR)
[18].
‘‘ L’impact du statut MSI sur l’efficacite´
de la chimiothe´rapie adjuvante par FOLFOX
ae´te´ peu e´ tudie´’’
Enfin, l’impact pr
edictif a
et
e
evalu
e dans une
etude
r
etrospective qui a inclus cons
ecutivement 233 patients
trait
es par 5-FU seul (n = 124) ou en association avec
l’oxaliplatine (n = 109) apr
es r
esection d’un cancer du
c^
olon de stade III. Dans cette s
erie, parmi les patients qui
pr
esentaient une tumeur MSI, ceux trait
es par FOLFOX
avaient une SSM
a 3 ans significativement plus longue que
ceux trait
es par 5-FU seul (p = 0,01) [19]. Cependant,
en raison de l’absence de r
ecidive dans le groupe de
patients MSI trait
es par FOLFOX, l’analyse multivari
ee, pour
d
eterminer si le statut MMR
etait un facteur pr
edictif
ind
ependant, n’a pas pu ^
etre r
ealis
ee. Dans le sous-groupe
245
HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 19 n84, avril 2012
Chimiothe
´rapie des CCR MSI
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de patients MSS, l’adjonction de l’oxaliplatine au 5-FU
restait b
en
efique, avec une am
elioration de la SSM
a 3 ans,
sans toutefois atteindre le seuil de significativit
e (p = 0,15)
[19]. Ainsi, le ph
enotype MSI semble avoir un impact
favorable sur l’efficacit
e du traitement adjuvant par FOLFOX
chez les patients op
er
es d’un cancer du c^
olon. Toutefois, ces
r
esultats pr
eliminaires devront ^
etre confirm
es par l’analyse
en cours des
echantillons tumoraux provenant des essais
randomis
es publi
es ant
erieurement comparant le 5-FU au
FOLFOX (
etudes MOSAIC et NSABP C07).
‘‘ Le phe´notype MSI semble avoir un impact
favorable sur l’efficacite´ du traitement
adjuvant par FOLFOX’’
Chimiothe´rapie adjuvante par 5-FU
+ irinote´can
Contrairement
a l’oxaliplatine, l’adjonction de l’irinot
ecan
au 5-FU n’am
eliore pas l’efficacit
e du traitement adjuvant.
Deux
etudes, l’une publi
ee et l’autre rapport
ee
a l’ASCO
2009, ont
evalu
e l’impact du statut MMR
a partir des
echantillons tumoraux de patients inclus dans des essais
adjuvants randomis
es qui comparaient l’efficacit
e d’un
traitement par 5-FU seul et en association avec l’irinot
ecan
[20, 21]. Ces 2
etudes montrent que chez des patients
trait
es par l’association du 5-FU + irinot
ecan, il existe une
meilleure survie chez les patients MSI par rapport aux
patients MSS. Ainsi, la valeur pronostique de cette
alt
eration g
en
etique serait conserv
ee dans cette popula-
tion.
Conclusion
Le ph
enotype MSI des tumeurs coliques est un marqueur
mol
eculaire pronostique conf
erant aux patients un avan-
tage de survie par rapport
a ceux pr
esentant un ph
enotype
MSS. Les donn
ees les plus r
ecentes semblent montrer que
le ph
enotype MSI serait un facteur pr
edictif de r
esistance
au 5-FU pour la forme sporadique. En revanche, les
patients MSI « HNPCC » b
en
eficieraient, comme pour les
patients MSS, du 5-FU adjuvant. D’autre part, les donn
ees
pr
eliminaires issues d’
etudes r
etrospectives sugg
erent que
l’adjonction d’oxaliplatine au 5-FU pourrait am
eliorer la
survie des patients MSI de stade III. Ainsi, sur la base de ces
donn
ees, et en attendant leur confirmation par l’analyse
des
echantillons recueillis au cours des
etudes MOSAIC et
NSABP C07, les patients op
er
es pour un cancer du c^
olon de
stade III pourraient recevoir une chimioth
erapie adjuvante
par FOLFOX, et ce quel que soit le ph
enotype MMR de la
tumeur. En cas de contre-indication
a l’oxaliplatine, les
patients MSI ne pourraient avoir un traitement par 5-FU
seul qu’en cas de forme « HNPCC ». Les patients MSI stade
II sans facteurs de haut risque de r
ecidive (T4 ou nombre de
ganglions examin
es <12) ont un pronostic excellent et
l’indication d’une chimioth
erapie adjuvante quelle qu’elle
soit ne semble pas se justifier [22]. En revanche, il n’existe
pas de consensus pour la prise en charge des patients
op
er
es d’une tumeur MSI de stade II avec mauvais
pronostic (T4 ou nombre de ganglions examin
es <12).
Bien que le Th
esaurus National de Canc
erologie ne propose
aucune chimioth
erapie adjuvante dans cette situation
(recommandation de grade B), certains auteurs sugg
erent
l’
etude de l’expression de certains g
enes capables de
pr
edire la r
ecidive tumorale et la r
eponse
a la chi-
mioth
erapie, afin de s
electionner un groupe de patients
susceptibles de b
en
eficier d’un traitement adjuvant,
notamment pour les patients MSI « HNPCC » [23].
Conflits d’int
er^
ets : aucun &
Re´fe´ rences
Les r
ef
erences importantes sont en gras
1. Zaanan A, Meunier K, Sangar F, et al. Microsatellite instability in colorectal
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instability. J Natl Cancer Inst 2004 ; 96 : 261-8.
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validation in colorectal carcinoma and analysis of p53, hMLH1, and hMSH2
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status as a predictor of benefit from fluorouracil-based adjuvant
chemotherapy for colon cancer. N Engl J Med 2003 ; 349 : 247-57.
Take home messages
&Les ph
enotypes microsatellites instables (MSI) sont
trouv
es dans 15 % des cancers colorectaux.
&Le ph
enotype MSI conf
ere un meilleur pronostic aux
patients comparativement au ph
enotype microsatellite
stable (MSS).
&Contrairement aux formes sporadiques, les patients
MSI avec une forme h
er
editaire pourraient avoir la
chimioth
erapie adjuvante par 5-fluorouracile (5-FU).
&Les quelques donn
ees issues d’
etudes r
etrospectives
sugg
erent que l’adjonction d’oxaliplatine au 5-FU
pourrait apporter un gain de survie pour les patients
MSI de stade III.
246 HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 19 n84, avril 2012
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