Les principes structurants des macro-processus ont été décrits « à
large maille » dans le cadre d’ateliers interministériels et ont fait
l’objet d’une validation par les directeurs des Affaires financières
de tous les ministères dès les mois de juin et juillet 2005. Au final,
une grande partie de ces macro-processus a constitué le socle
de départ de la conception de Chorus.
Prenons l’exemple du macro-processus « Exécution des
dépenses ». Le suivi des engagements juridiques et des charges
constatées (service fait) suppose, pour gagner en qualité et en
productivité, la définition de nouveaux rôles :
– le gestionnaire d’engagement juridique est responsable de
l’ensemble des engagements juridiques, du pilotage des AE et
de la mise à jour des échéanciers de CP ;
– le réceptionnaire (enregistrement du service fait) est garant de
la mise en place de la qualité des informations relatives au service
fait (aux plans technique et financier).
La création de services partagés de deux natures est proposée :
expertise (par exemple : service achats) et traitement de masse
(par exemple : traitement industrialisé des factures et rapproche-
ment des trois éléments : engagement juridique, service fait et
facture au sein d’un service facturier).
LE PASSAGE
DE LA CONCEPTION MÉTIER
A LA CONCEPTION TECHNIQUE
La remise à plat des processus étant réalisée, et le progiciel SAP
choisi, les étapes suivantes ont permis de passer progressivement
de la conception métier à la conception technique du système
d’information.
Durant l’année 2006, en parallèle de la préparation du marché
d’intégration, l’AIFE a choisi de mener une phase originale mais
essentielle, nouvelle pour l’Administration, de collaboration
directe avec l’éditeur du PGI, afin de confronter les résultats des
travaux de la réingénierie des processus à la réalité des possibilités
du PGI choisi. Cette phase dite de « préconception » a rassemblé
tous les partenaires du projet (réglementaires, gestionnaires et
informaticiens) autour d’une dizaine de prototypes.
Cette phase a permis de prendre le temps de la réflexion afin de
concevoir une solution moderne qui réponde aux besoins de
l’Administration. Les buts étaient :
– s’approprier la logique et le fonctionnement du PGI SAP ;
– enrichir la réingénierie des processus en tirant parti des bonnes
pratiques du PGI ;
– identifier très en amont les éventuelles évolutions réglemen-
taires à mettre en œuvre pour réduire le volume des développe-
ments spécifiques inévitables ;
– disposer d’un droit à l’erreur : les rectifications nécessaires ont
ainsi pu être apportées au cours de la phase suivante de
conception ;
– ne retenir que les éléments structurants pour l’élaboration du
CCTP fonctionnel de Chorus ;
– proposer les arbitrages sur le périmètre fonctionnel couvert par
Chorus.
Cette phase de préconception a permis de préparer très en
amont les ministères et les maîtrises d’ouvrage métier de la Direc-
tion du Budget, de la Direction générale de la Modernisation de
l’Etat et de la Direction générale des Finances publiques,
ainsi que l’agence pour l’informatique financière de l’Etat
aux travaux de conception de Chorus qui ont débuté au prin-
temps 2006 pour s’achever pour l’essentiel au printemps de
l’année 2007.
Sans surprise aucune, la conception a été beaucoup plus déli-
cate sur les processus qui n’avaient pas fait l’objet d’une réingé-
nierie préalable, et en particulier en matière de gestion des actifs
et de comptabilité. Il a fallu, sur ceux-là bien plus que sur les autres,
« naviguer » dans les délais les plus brefs entre :
– la conformité aux autres processus redéfinis ;
– l’idée que chacun pouvait se faire de l’évolution des métiers
concernés, jusqu’ici moins abordée,
et,
– les écarts entre les outils actuels et les possibilités offertes par le
PGI.
DE LA CONCEPTION AU DÉPLOIEMENT
La mise en œuvre d’un PGI s’accompagne toujours d’une évo-
lution des pratiques de gestion, amplifiée dans le cas de Chorus
par les innovations de la LOLF. Au-delà des pratiques elles-
mêmes, ce sont les organisations qui finissent par être, souvent
très tardivement, remises en question. C’est la raison pour laquelle
il est fréquent d’entendre qu’un projet de PGI est avant tout un
projet d’organisation avant d’être un projet d’informatisation.
Chorus n’échappe pas à cette règle, et cette dimension est prise
en compte depuis le rapport de l’Inspection générale des
Finances sur le retour sur investissement de Chorus qui a montré
que la mise en place d’équipes de gestion plus concentrées et
la généralisation de centres de services partagés comme les ser-
vices facturiers étaient incontournables pour valoriser l’investisse-
ment consenti. Ces travaux, évidemment beaucoup plus sensi-
bles que la simple remise à plat des procédures, ont été conduits
de façon autonome au premier semestre 2007, puis dans le cadre
de la révision générale des politiques publiques depuis son lan-
cement à l’été 2007.
Ainsi, les utilisateurs sur le terrain, qu’ils soient dans les services des
ordonnateurs ou dans ceux des comptables, vont être confrontés
à un triple changement de procédure, d’outil et d’organisation.
Cette « révolution » mérite quelques précautions.
Même si les travaux de conception de Chorus ont été conduits
avec le souci d’associer le plus étroitement possible les futurs uti-
lisateurs, un déploiement progressif est nécessaire pour permettre
un effort d’accompagnement adapté à l’ampleur des change-
ments à réussir, c’est-à-dire quasiment équivalent à l’effort
d’investissement purement informatique. Cet équilibre entre coût
du système d’information et coût de l’accompagnement de son
déploiement, désormais classique dans les entreprises privées
pour des projets de PGI, reste peu pratiqué dans l’Administration.
Il est cependant fondamental pour garantir l’acceptation des
gestionnaires et indispensable à l’obtention des gains escomptés,
qui repose en grande partie sur la qualité de la première descrip-
tion d’un objet (un engagement, une facture...) dans le système
d’information.
Ce déploiement progressif n’a cependant pas que des avan-
tages, notamment pour les comptables dont le plus grand
nombre utilisera, pendant tout le déploiement, deux systèmes en
même temps, à savoir Chorus, et les applications existantes. En
effet, pour des raisons de coûts informatiques, le choix a été fait
de conserver la comptabilité de référence de l’Etat dans les appli-
cations actuelles jusqu’à la fin du déploiement. Durant cette
période, Chorus doit, à la fois alimenter la chaîne d’outils comp-
tables actuelle conformément aux règles du palier LOLF et tenir
les comptes conformément aux nouvelles règles qui n’entreront
opérateurs publics (LOLF)
No3-4 - Mars-Avril 2009 -
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