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Place and Memory in Canada: Global Perspectives
Lieu et Mémoire au Canada: Perspectives Globales
ou [...] allégorie réussie »4, tandis que Pierre Hébert conclut ses réflexions
sur l’oeuvre de Barcelo par un oxymore de « sérieux humoristique »5.
Comme le constate Barcelo lui-même dans une interview accordée à Claude
Grégoire, les critiques se concentrent surtout sur la forme génériquement
mixte et sur le côté divertissant de ses ouvrages sans tenir compte de leur
contenu idéologique: « [...] je crois que tous mes romans sont des critiques
sociales [...]. Il me semble facile de reconnaître dans Agénor... une oeuvre
pacifiste. La Tribu est un roman indépendantiste. Ville-Dieu serait plutôt
socialiste » (Barcelo 1990, 64).
Marie Vautier6 voit dans La Tribu un roman historiographique postmoderne
et postcolonial s’inscrivant dans la convention du réalisme magique, une
réécriture de l’histoire nationale et celle de toute l’Amérique du Nord à cette
« ère du soupçon » que sont les dernières décennies du XXe siècle, époque
de la remise en question des métarécits idéologiques dominant jusqu’aux
Lord 1983, 22-23; Lord 1987, 32-33 ou bien Lord 1989, 22-23). Ceci ne saurait
étonner vu que certains éléments des premiers romans de Barcelo n’obéissent pas
à la convention réaliste, comme la présence d’un extra-terrestre dans Agénor,
Agénor, Agénor et Agénor, l’immortalité de Grand-Nez dans La Tribu ou les
consciences migrant d’un corps à l’autre dans Ville-Dieu (Barcelo 1982), ces trois
premiers romans de Barcelo, publiés au début des années 1980, constituant une
sorte de trilogie. Les éléments fantastiques apparaissent aussi dans Aaa, Aâh, Ha
ou les amours malaisés (Barcelo 1986).
4Bélil (1982, 56) cité d’après Vautier 1998, 208.
5Hébert (1987, 194). Pour ce qui est de Jacques Allard, dans l’« Avant-propos » à
son Roman mauve, il classe l’oeuvre de Barcelo dans la catégorie du roman « de
l’humour » (Allard 1997, 18). L’opinion d’Allard qui met l’accent sur l’humour
au détriment du sérieux qui lui est consubstantiel dans les romans de Barcelo vient
probablement du fait que dans l’ouvrage évoqué le critique se concentre sur
Longues histoires courtes (Barcelo 1992a) et sur Pas tout à fait en Californie
(Barcelo 1992b), histoires de voyage où en effet prédomine l’humour. Le troisième
roman de Barcelo cité par Allard dans ce recueil de critiques de presse, La Vie de
Rosa (Barcelo 1996) s’inscrit mal dans cette catégorie ce que le critique remarque
dans le texte qu’il lui consacre sans cependant rectifier la classification de l’ « Avant-
propos ».
6Vautier (1998) consacre à l’analyse de La Tribu les pages suivantes: 202, 208-
231, 238, 258-266, 268-269, 272-277. Comp. aussi Vautier 1994 et Vautier 1991.
Dans: Vautier 1998, 208-209, comp. la revue d’opinions critiques sur l’oeuvre de
Barcelo concernant surtout les années 1980.