PRÉCAUTIONS STANDARD, PRÉCAUTIONS COMPLÉMENTAIRES, LES NOUVEAUTÉS, SPÉCIFICITÉS EN CANCEROLOGIE ET HEMATOLOGIE (isolement protecteur). Soirée thématique régionale ONCOLIE 25 juin 2015 Véronique DENIZOT Cadre de santé hygiéniste – CHRU BESANCON Gestion du risque infectieux : une multitude de mesures à appliquer Précautions standard : protection du personnel Gestion des déchets Précautions complémentaires: prévention de la transmission croisée : protection du patient Asepsie: protection du patient BP d’hygiène hospitalière et de gestion du risque infectieux Hygiène de l’environnement : protection du patient Antisepsie protection du patient Isolement protecteur protection du patient Désinfection /stérilisation … DES RECOMMANDATIONS RELATIVES À LA GESTION DU RISQUE INFECTIEUX QUI CHANGENT LA BASE : LES PRÉCAUTIONS STANDARD Mesures barrières représentant la base de la protection du personnel et de la prévention de la transmission croisée. Visent à prévenir la transmission : des virus hématogènes (HIV, Hépatites…) des flores des muqueuses, des liquides biologiques, de la peau lésée de la flore transitoire des mains de la flore oropharyngée du tousseur (recommandations 2009) L’ISOLEMENT PROTECTEUR: POUR CERTAINS PATIENTS IMMUNODÉPRIMÉS Sabots spécifiques au secteur protégé Objectifs : Prévention du risque aspergillaire (traitement d’air et mesures architecturales) et prévention de la transmission croisée. Pas de recommandations très précises sinon d’adapter l’isolement en fonction du risque DES PRÉCAUTIONS COMPLÉMENTAIRES EN PLUS DES PRÉCAUTIONS STANDARD POUR CERTAINES MALADIES INFECTIEUSES OU CERTAINS MICRO ORGANISMES L’application stricte des précautions « standard » pour tous les patients prévient la transmission de la plupart des MO responsables d’infections ( VIH, Hépatite B, infections à bactéries non multirésistantes…) PS : 1er niveau de mesures barrières mais…. …certaines maladies infectieuses ou certains MO limitent l’efficacité des précautions standard, à cause: de la nature de l’agent infectieux: mode de transmission, résistance dans l’environnement, profil de résistance particulier De l’infection : localisation , contagiosité D’où élargissement des mesures barrière à l’environnement du patient (la chambre) pour toutes les interventions et pas seulement lors des gestes entraînant un contact avec les liquides biologiques PC : 2ème niveau de mesures barrière UN IMPÉRATIF Etre au courant du statut infectieux particulier du patient surtout en cas de simple colonisation (cas des BMR) PRÉCAUTIONS COMPLÉMENTAIRES POUR QUELS MICRO ORGANISMES? Bactéries multirésistantes (BMR) et hautement résistantes émergentes (BHRe) Micro organismes résistant dans l’environnement avec haut potentiel épidémique Diarrhées à Clostridum difficile toxinogène Maladies transmissibles par contact cutané SARM, EBLSE, Acinetobacter baumannii EPC, ERG Gale Maladies contagieuses par voie respiratoire Grippe, coqueluche, tuberculose LES CHANGEMENTS DANS LES PRÉCAUTIONS COMPLÉMENTAIRES et comment concilier isolement protecteur et précautions complémentaires PRÉCAUTIONS COMPLÉMENTAIRES CONTACT BMR Précautions complémentaires contact quel que soit le site d’infection Si site d’infection pulmonaire : port du masque et des lunettes uniquement si 2 cas de figure : patient symptomatique (PS) Sans isolement protecteur Avec isolement protecteur Mettre un tablier plastique à UU pardessus la surblouse tissu ou remplacer la surblouse en tissu par une surblouse à UU ( pliage des blouses en tissu dans le sas à risque) Mesure principale : tablier à UU pour tous les contacts avec le patient ou son environnement Dans les 2 situations, le port de gants rentre dans le cadre des précautions standard ou des techniques aseptiques CAS PARTICULIER CLOSTRIDIUM DIFFICILE Port d’une surblouse à UU à manches longues + gants dès l’entrée dans la chambre Sans isolement protecteur Avec isolement protecteur Remplacer la surblouse à manches en tissu par une surblouse à UU (pliage des blouses en tissu dans le sas à risque) Gants à UU systématiques dès l’entrée dans la chambre , à changer régulièrement Hygiène des mains : lavage savon doux dans la chambre + friction SHA dans le sas ou le couloir mêmes indications que précautions standard mais avec lavage + SHA à la sortie Visiteur : Pas de mesure spécifique si ne participe pas aux soins et hygiène des mains identiques au soignant HYGIÈNE DE L’ENVIRONNEMENT POUR CLOSTRIDIUM DIFFICILE Entretien quotidien Recommandations nationales : Détersion, rinçage, désinfection Eau de Javel 0,5% Au CHRU adaptation des recommandations car pas de pb épidémique: Nettoyage désinfection biquotidien avec détergent désinfectant habituel (non sporicide) Ou Nettoyage désinfection avec détergent désinfectant sporicide Entretien à la sortie Détersion, rinçage, désinfection Eau de Javel de toutes les surfaces et matériel Ou Nettoyage désinfection avec détergent désinfectant sporicide PRÉCAUTIONS COMPLÉMENTAIRES DE TYPE RESPIRATOIRE Les précautions complémentaires de type respiratoire Gouttelettes ou Air pour les maladies contagieuses par voie respiratoire: 2 modes de transmission fonction de la taille des gouttelettes émises PRÉCAUTIONS GOUTTELETTES Sans isolement protecteur Avec isolement protecteur Le masque sera porté dans les même conditions que l’isolement protecteur avec changement de type de masque pour les manœuvres provoquant la toux Masque chirurgical pour les soins de base Appareil de protection respiratoire (APR)FFP2 (+ lunettes PS) pour toute manœuvre entrainant un risque d’ aérosolisation de secrétions respiratoires: kiné respi, aspiration trachéale, intubation PRÉCAUTIONS AIR Sans isolement protecteur Avec isolement protecteur Le masque FFP2 sera porté dans les même conditions que l’isolement protecteur À mettre avant d’entrer dans la chambre, retrait après la sortie de la chambre porte fermée Port du masque FFP2 même si le patient n’est pas présent dans la pièce EVALUER L’ÉTANCHÉITÉ DE L’APR (FIT CHECK) À CHAQUE UTILISATION • Obturer la surface filtrante avec les 2 mains • Inhaler et retenir sa respiration quelques secondes Si l’étanchéité est bonne, le masque tend à se plaquer légèrement sur le visage. Dans le cas contraire repositionner le masque et refaire un essai ARRÊT DES PRÉCAUTIONS COMPLÉMENTAIRES (PRESCRIPTION MÉDICALE) Pour les BMR, il est recommandé de maintenir les précautions complémentaires tout au long du séjour en MCO. Pour les autres micro organismes, la décision est prise au cas par cas en fonction du temps d’efficacité du traitement ou de la période de contagiosité Pour les BMR: les PC ne sont pas nécessaires lors du retour à domicile sauf si PEC par un professionnel libéral 19 RETOUR D’EXPÉRIENCE : ÉPIDÉMIE À PSEUDOMONAS AERUGINOSA MBL (IMP19 ET IMP29) EN SECTEUR PROTÉGÉ Pseudomonas aeruginosa : bactérie pathogène opportuniste, ubiquitaire des milieux humides. Réservoir à l’Hôpital : patients porteurs ou infectés, siphons, lavabos… Plusieurs cas survenus sur plusieurs années : difficulté à mettre en évidence une épidémie et à identifier la source PRÉLÈVEMENTS D’ENVIRONNEMENT Retrouvé dans siphons, rebord intérieur des WC, cuvette pour la toilette après désinfection Localisation des patients infectés ou colonisés par P. aeruginosa MBL au moment de l’isolement de la souche et siphons positifs Autres prélèvements d’environnement + : - toilettes des chambres (Pa IMP-19) : 2203 , 2207, 2208, 2212 et 2215. - bassine pour la toilette du patient de la chambre 2208 (Pa IMP-19). Prélèvements négatifs : surfaces, matelas… ACTIONS CIBLÉES SUR LES CHAMBRES OBJECTIF :CONTRÔLER LA CONTAMINATION Remise en état des chambres Changement des WC (WC à bord larges sans abattant) Mise en place de siphons à bille sous les lavabos (Javellisation des siphons 2 fois par semaine, changement entre chaque patient, contrôle microbiologique 1 fois /mois puis 1 fois/par trimestre), changement de la robinetterie et mise en place de filtre sur le point d’eau Renouvellement du matériel hôtelier : matelas, cuvettes de toilettes, bassins…. Révision de certaines pratiques Stock de matériel dans les chambres réduit au minimum et nécessaire au patient (ce qui n’est pas utilisé doit être évacué), entretien au départ du patient dans la laverie et non pas dans la chambre Révision des protocoles d’entretien avec les AS et ASH (Mise en place de lavettes d’entretien à UU, matériel d’entretien désinfecté et mutualisé et non individualisé…, Évaluation des pratiques d’entretien des chambres) Révision des procédures de gestion des excrétas (plus d’utilisation des WC du patient pour vider bassins, urinaux, pots à diurèse: utiliser le lave bassins) Autres mesures : limiter le port de gants stériles (SHA), sabots dédiés au service et non plus à la chambre… CONCLUSION Une épidémie difficile à mettre en évidence Pas de recommandations claires et uniformes sur l’isolement protecteur (groupe de travail SF2H en cours) Sous évaluation du risque environnemental et donc de l’importance de la qualité du nettoyage surtout à la sortie du patient Points d’eau dans les chambres à flux : zone de danger Beaucoup de modifications de pratiques pas toujours faciles à assimiler (crainte de faire plus mal) et pour certaines pratiques, surcroit de travail