afrique - LesEco.ma

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LES ÉCO AFRIQUE - MARDI 7 OCTOBRE 2014
19
AFRIQUE
ZOOM
Échanges Maroc-Afrique
Peut mieux faire !
Africa SME champion forum, les PME africaines
à la recherche de financement
P. 21
INTERVIEW
Charles Brewer, diirecteur général de DHL
Express Afrique subsaharienne
P. 24
OPÉRATEUR DE LA SEMAINE
Fabrilec, une enseigne qui compte
en Afrique
P. 25
LE MARCHÉ DE LA SEMAINE
L’A frique du Sud face à une croissance
baissière
P. 26
P. 22-23
LES ÉCO AFRIQUE - MARDI 7 OCTOBRE 2014
20
NEWS
BILLET
Oumar Baldé
[email protected]
PIB trompeur
L
es économies africaines sont plus performantes et beaucoup plus riches qu’on
ne le croit. Et oui ! Après le Nigéria il y a quelques mois,
c’est au tour du Kenya de revoir le système de calcul de
son PIB. Contrairement au
géant nigérian, le Kenya n’a
pas pu décrocher la place de
première puissance économique africaine, mais réussi
tout de même à se hisser
dans le top 10 des économies
du continent. Nairobi passe
ainsi du 12e au 9e rang, devançant des pays aussi dynamiques que le Ghana ou encore la très éprouvée Tunisie.
En même temps, son PIB
passe de 42,6 milliards de dollars à plus de 53 milliards, soit
un bond de 25%. Cette performance s’explique par le
passage de 2001, à 2009
comme année de calcul du
produit intérieur brut. Cette
«avancée sur le papier» a au
moins le mérite de rendre encore plus attractif ce pays anglophone de l’Afrique de l’Est.
«Avancée sur le papier»,
avons-nous dit, car la croissance du PIB est bien loin d’illustrer les réalités vécues par
une bonne partie de la population. Cela nous renvoie à la
rhétorique de l’Afrique qui
réalise un fort taux de croissance, alors que dans nombre de pays, la paupérisation
continue son petit bonhomme de chemin. Dans un
continent où l’économie formelle n’est tirée que par une
poignée d’acteurs face à une
grande majorité qui essaie de
survivre, parlons d’abord de
«développement humain»,
●
ensuite de «PIB»!
Nedbank s’offre 20%
d’Ecobank
Nedbank Group Limited acquiert 20%
d’Ecobank. L’annonce a été faite en fin
de semaine par les deux établissements. «Cette prise de participation représente une étape importante dans le
processus de consolidation et d’approfondissement du partenariat stratégique
et technique que nous avons avec Ecobank», indique Nedbank. Les deux
groupes comptent offrir une expertise
de «banque unique» à leurs clients à travers le plus grand réseau bancaire en
Afrique, comprenant plus de 2.000
agences et bureaux dans 39 pays.
La BAD active
sa «riposte»
contre Ébola
Alors que l’épidémie d’Ébola a fait plus
de 3.000 morts et que le virus s'est propagé hors d’Afrique, la BAD décide d’accorder un prêt et un don d'un montant
de 152 millions de dollars à quatre pays
ouest-africains. Il s’agit du Liberia, de la
Sierra Leone, de la Guinée et de la Côte
d'Ivoire. L’objectif est d’aider ces États à
faire face à cette maladie qui impacte
négativement sur leurs économies.
La Côte d’Ivoire veut
valoriser son cacao
Le Conseil ivoirien du café-cacao a organisé les 2 et 3 octobre les journées
nationales du cacao et du chocolat.
Objectif, mobiliser la nation ivoirienne
autour du cacao, mais surtout conforter la place de la Côte d'Ivoire en tant
que producteur mondial du cacao.
Du côté d’Abidjan, on vise également
à valoriser la production locale, dont
les parts de marché au niveau mondial sont estimées à 40%. La transformation sur place afin de lui donner
plus de valeur ajoutée semble être
une des pistes à privilégier pour
Kenya. 10.000 km de routes à construire en 3 ans
Le gouvernement kenyan a élaboré un ambitieux programme de construction de 10.000 km de routes à l'échelle du pays au cours des trois prochaines années. Le programme, dont l'investissement global est estimé à
260 milliards de shillings (environ 2,9 milliards de dollars), s'étale sur trois
phases. La première qui sera lancée prochainement, porte sur la réalisation
de 2.000 kilomètres pour un coût de 40 milliards de shillings. La deuxième
phase (2015-2016) concerne la construction de 3.000 km pour une enveloppe budgétaire de 60 milliards de shillings alors que la troisième prévoit
la construction de 5.000 kilomètres (2016-2017) pour un investissement
de 160 milliards de shillings
mieux faire profiter les populations de
cette richesse naturelle.
des banques dans le financement
des projets énergétiques, pétroliers et
gaziers.
Nigéria. Plus
de 2 MUSD mobilisés
par les banques
Sénégal. Moins de 4%
de croissance en 2014 ?
Selon un rapport de FBN Capital Ltd,
la filiale investissement du groupe
First Bank of Nigeria Holdings, le volume global des fonds mobilisés par
les banques au Nigéria a atteint 340
milliards de nairas (2,1 milliards de
dollars) depuis le début de 2014. Il
est à préciser que ces fonds ont été
affectés pour les besoins de conformité avec les exigences du régulateur du secteur en matière de ratio
prudentiel. Les besoins de financement des banques nigérianes en
dollars, destinés au soutien des investissements se sont accrus dans
un contexte marqué par l'implication
La croissance économique du Sénégal pourrait se situer en deçà de 4% en
2014. Telles sont les mises en garde du
Centre d'études pour le financement
du développement local (CEFDL)
basé à Dakar. Les autorités peuvent atteindre ce seuil si elles réussissent à atteindre leurs objectifs de réduction du
déficit budgétaire. On estime en effet
que les performances de l'économie
sénégalaise continuent d'être faibles
par rapport aux ambitions affichées
par le pays. Il est à rappeler qu’un programme de développement dénommé Plan Sénégal émergent (PSE)
est en cours d’exécution.
AGENDA
SIM 2014
(4-6 novembre, Dakar)
Fonds Afrique verte
(27-30 octobre, Kinshasa)
La 3e édition du Salon international des mines du Sénégal, SIM
2014, aura lieu à l’Hôtel King Fahd Palace (ex Méridien Président) de Dakar, au Sénégal les 4, 5 et 6 Novembre 2014. Cet important évènement économique biannuel, est organisé par le
ministère de l’Industrie et des mines du Sénégal en partenariat
avec AME Trade Ltd. Il s’agit d’une conférence et d’une exposition de trois jours et des
visites guidées sur des sites-clés de l’industrie minière du Sénégal.
La République Démocratique du Congo accueille, du 27 au 30 octobre, la Conférence des ministres sur le Fonds fiduciaire pour l’économie verte en Afrique centrale. Le thème retenu est «Diplomatie, intégration, gouvernance et nouvelle économie du bois». Cette conférence s’inscrit aussi bien dans le cadre des activités du
programme Ecosystèmes fragilisés d’Afrique centrale (ECOFAC) que dans celui de
la Cellule FLEGT régionale ou du Système de l’économie verte en Afrique centrale,
initié depuis 2010 par le Secrétariat général de la CEEAC.
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ZOOM
Africa SME champion forum
Les PME africaines à la recherche
de financement
● Face à la difficulté des petites et moyennes entreprises (PME) africaines
d’accéder au financement, un important forum est prévu en novembre
à Dakar. Son objectif est de servir de première plateforme d'accès direct
aux financements pour les PME du continent.
C’
est un événement
considéré comme
une «première» en
Afrique
subsaharienne : un forum exclusivement
réservé aux PME du continent. Tel
est le rendez-vous que la capitale
sénégalaise prévoit d’accueillir les
11 et 12 novembre prochains.
Quelques 300 dirigeants de PME
africaines à forte croissance y sont
attendus, mais aussi 100 banquiers, dont le président de la
BAD, Donald Kaberuka, ainsi que
50 experts en développement
des PME. En tout, environ 600
participants devraient prendre
part à cette grand-messe des dirigeants des PME africaines où tout
le monde n’est toutefois pas
admis. Des «critères rigoureux»
ont été établis pour la sélection
des PME devant participer au
forum. «Les entreprises invitées
doivent être officiellement enregistrées en Afrique, avoir été
créées légalement depuis au minimum trois ans, réaliser un chiffre
d'affaires d'au moins 1,5 million de
dollars et compter un effectif minimum de 10 employés», rapportet-on du côté des organisateurs,
acteurs, sans parler de l’accès au
financement. En effet, la problématique du financement constitue un handicap structurel pour
les PME africaines. Ce besoin en
ressources financières s’illustre
d’ailleurs par l’épuisement rapide
d’un premier fonds africain de garantie de 450 millions de dollars
80% de l’activité
économique
dans les pays africain
sont portés par
les PME.
dont le cabinet AfricSearch. Pour
son président, Didier Acouetey,
«ce forum sera la première plateforme d'accès direct aux financements pour les PME». Il sera ainsi
question, entre autres thèmes,
d’évaluer le bilan et de proposer
des pistes de réformes nécessaires aux politiques de création
d’environnements propices à la
croissance des PME en Afrique.
L’accès au financement sera bien
évidemment au cœur des débats.
450 millions de la BAD
Faut-il le préciser que l’importance
de cette rencontre est que les dirigeants des PME auront directement en face d’eux des interlocuteurs du monde de la finance. Ce
qui est de nature à faciliter la compréhension entre ces différents
mis en place par la BAD depuis
plus d’un an. À l’instar du Maroc
où le tissu industriel est constitué
de plus de 80% de PME, l’économie de la plupart des pays africains est aussi portée par l’activité
de ces petites structures. Selon
les organisateurs du forum de
Dakar, les PME représentent 90%
des sociétés privées africaines,
33% du PIB du continent et sont à
l'origine de 45% des créations
d'emplois. Ce rôle de premier plan
justifie à lui seul l’urgence de favoriser un bon environnement des
affaires pour ces PME, à commencer par l’accès au financement. ●
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CAHIERS DE L’INTÉGRATION
Échanges Maroc-Afrique
PEUT MIEUX FAIRE !
● C’est un véritable tableau de bord des relations commerciales
entre le Maroc et l’Afrique, notamment les pays subsahariens, que la
Direction des études et des prévisions financières (DEPF) vient de
dresser. Le rapport intitulé «Relations Maroc-Afrique : l’ambition d’une
nouvelle frontière», fait un point actualisé des échanges commerciaux, évoque les obstacles à leur expansion mais aussi les moyens
de les relancer. Synthèse.
11,7
milliards
de dirhams
36 MMDH : Valeur des échanges Maroc-Afrique en 2013
Les échanges commerciaux entre le royaume et l’ensemble des pays du continent se
sont établis à 36 MMDH, selon les calculs de la Direction des études et des prévisions
financières ministère de l’Économie et des finances. Ce montant confirme la tendance
haussière enregistrée ces dix dernières années avec une hausse de 13% en moyenne annuelle sur la période 2003-2013. En dépit de cette nette progression, ces échanges «reproduisent les mêmes faiblesses qui caractérisent les relations commerciales entre les pays du
Sud», indique la DEPF. D’ailleurs, ils ne représentent qu’environ 6,4% de la valeur totale des
échanges extérieurs du Maroc même s’ils l’étaient à hauteur de 4,6% en 2003. Autre élément important, la plus grande partie des échanges commerciaux du Maroc avec le continent s’effectue avec les
pays de l’Afrique du Nord (60 % en 2013), notamment l’Algérie (35%), alors que les échanges avec l’Afrique
subsaharienne n’ont représenté que 40% en 2013. Ainsi, le commerce avec l’Afrique subsaharienne s’est limité à 14,4 MMDH en 2013, contre 4,7 MMDH, soit une croissance annuelle moyenne de 12%.
Le Maroc couvre 4 fois ses importations
Les statistiques de la DEPF précisent que les exportations marocaines vers les pays de l’Afrique subsaharienne ont atteint 11,7
MMDH en 2013. Leur part dans les exportations totales du Maroc
est ainsi passée à 6,3% l’année dernière. En revanche, les importations en provenance de l’Afrique subsaharienne restent limitées. Elles n’ont pas pu dépasser la barre des 2,8 MMDH contre
un pic de 4,5 MMDH en 2010 et une moyenne de 3,6 MMDH sur
la dernière décennie. Globalement, les exportations africaines
ne représentent que 0,7% des importations totales du Maroc en
2013 contre 1,8% en 2003. Logiquement, le solde commercial
est largement excédentaire en faveur du Maroc. C’était déjà le
cas depuis plusieurs années, mais l’écart ne cesse de se creuser.
Il atteint ainsi 8,9 MMDH au terme de l’année écoulée. «Les exportations marocaines couvrent quatre fois les importations»,
selon les calculs de la DEPF. L’alimentation, les boissons et tabacs (33%), ainsi que les demi-produits (22%), l’énergie et les lubrifiants (16%), mais aussi les produits finis d’équipement industriel (14%) représentent l’essentiel des exportations marocaines.
En retour, le Maroc importe aussi des produits alimentaires, de
boissons et de tabacs (35%), d’énergie et lubrifiants (31%), de
demi-produits (13%) et de produits bruts d'origines animale et
végétale (12%).
Sénégal 1e client, Afrique du Sud 1e fournisseur
En Afrique subsaharienne, les exportations marocaines sont d’abord dirigées vers
le Sénégal (17%), la Mauritanie (10%), la Côte d’Ivoire (8,1%), ainsi que la Guinée
(8%), le Nigeria (7,7%), ou encore le Ghana (7,3%), l’Angola (4,8%) et la Guinée équatoriale (3,9%). La part cumulée de ces huit premiers clients subsahariens du Maroc a
atteint 67% en 2013, en hausse de 13 points par rapport à 2003. Les plus fortes hausses
concernent les parts du Sénégal (+6,4 points), de la Guinée (+4,7) et du Ghana (+3,4).
Concernant les importations marocaines, les principaux fournisseurs du Maroc sont
l’Afrique du Sud (avec une part de 23,2%), le Nigeria (22,6%), le Ghana (7%), le Gabon
(6,6%), la Côte d’Ivoire (6,2%) et la Guinée (4,3%). La part cumulée de ces principaux
fournisseurs subsahariens du Maroc s’est établie à 70% au terme de l’année écoulée,
en baisse de 6 points par rapport à 2003. En effet, la chute de la part de l’Afrique du
Sud (-31 %) n’a été que partiellement compensée par la hausse de celle du Nigeria (+21
%) et du Ghana (+6,5 %).
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CAHIERS DE L’INTÉGRATION
De nombreux freins à l’expansion du commerce
L’intensification du commerce avec les pays subsahariens est plombée par plusieurs facteurs que la DEPF ne manque pas d’évoquer. Parmi les plus pesants, on cite notamment
la nature des ces «économies protectionnistes» dans lesquelles l’emprise de l’État est
«forte». Les droits de douanes «variables»et élevés (20% en moyenne) en Afrique figurent
également parmi les freins à la fluidité des échanges commerciaux. À cela, il faut aussi
ajouter, selon la note de la DEPF, des «mesures non-tarifaires, comme les certificats d’importation, les contrôles qualité imposés parfois aux importations de manière discriminatoire et la multiplicité des régimes fiscaux entre les pays». L’ensemble de ces éléments
«sont de nature à augmenter les coûts de transaction afférents aux échanges extérieurs,
avec un effet négatif sur la compétitivité des industries nationales et sur le volume des
échanges». Et ce n’est pas tout : «des problèmes structurels liés notamment à l’infrastructure des transports limitent l’expansion des relations commerciales entre le Maroc et ses
partenaires africains», lit-on sur le document. En effet, la DEPF mentionne à son tour que
«l’absence quasi totale de lignes directes de transport terrestre ou maritime, génère des
surcoûts et limite incontestablement la compétitivité-prix des produits échangés».
Miser sur les services et le régime préférentiel
L’étude de la DEPF, qui constate la faiblesse actuelle des échanges, propose
des pistes de relance. Il s’agit notamment pour les exportateurs marocains
d’utiliser plus souvent le régime de commerce préférentiel établi avec les pays
du continent. Autre proposition, adapter l’offre nationale aux spécificités du
marché africain. En plus, il est question de miser sur les services, afin de renforcer considérablement la valeur des échanges. «Les exportations des deux
partenaires demeurent polarisées sur les produits les moins dynamiques de la
demande mondiale (…). En effet, les services représentent l’activité du commerce mondial qui a connu l’expansion la plus rapide depuis vingt ans, et ils représentent un produit intermédiaire essentiel dans la production». Toutefois,
ce secteur ne peut être exploité qu’à «la faveur de la libéralisation par les pays
africains du secteur des services». Par ailleurs, les produits agricoles, du textile,
et chimiques disposent également des marges de développement considérables… à condition que les coûts soient compétitifs.
2,8
1,6 MMDH d’IDE en 2013
milliards
de dirhams
Enfin, la note de la DEPF revient sur la répartition sectorielle des investissements directs marocains en Afrique. On constate ainsi que la moitié des flux
sortants des IDE marocains entre 2007 et 2012 concerne le secteur des
banques (52%), suivi des télécommunications (32%), des holdings (7%) et de
l’industrie (3%). L’Afrique subsaharienne s’est accaparé 85% du total des flux
des IDE sortants vers le continent et 51% du total des IDE marocains à l’étranger
entre 2003 et 2013. Cependant, à l’instar des IDE à destination du Maroc, les
investissements marocains dans la région «fluctuent d’une année à l’autre»,
même si «leur part reste toujours élevée dans le total, représentant jusqu’à 88%
des flux d’IDE sortants en 2010». On retiendra qu’en 2013, 1,6 MMDH d’IDE marocains a été injecté en Afrique subsaharienne, soit 54,3% des 3 MMDH investis
par le Maroc dans le monde. Au moins 14 pays bénéficient de ces investissements, et ce, depuis plusieurs années. Il s’agit, entre autres, du Soudan, de l’Île
Maurice, de la Mauritanie, et de onze pays de l’Afrique de l’Ouest et Centrale.
SOURCE : DEPF
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INTERVIEW
CHARLES
BREWER
Directeur général de DHL Express Afrique
subsaharienne
«Les coûts logistiques sont neuf
fois plus élevés en Afrique»
● En dehors des exportateurs, les professionnels de la messagerie continuent également d’appeler à un développement rapide des infrastructures. Ils y voient un
moyen d’accélérer les échanges, et par ricochet leurs activités. C’est le cas de DHL
Express, dont le directeur général en Afrique subsaharienne, Charles Brewer, pointe
du doigt le coût élevé de la logistique, ainsi que des lenteurs administratives.
Les ÉCO : Comment évoluent
vos activités en Afrique ?
Charles Brewer : L'Indice de
connectivité mondiale
(ICM) de DHL a mis en
évidence que l'Afrique
est le continent le
moins connecté en
termes de facilité de
déplacement des personnes, de commerce,
d'information et de finance. Tous les pays
africains devraient donc consacrer une partie de leurs efforts au
développement de la connecti-
vité sur le continent et à la mise
en place de relations commerciales. En ce qui concerne DHL,
L’Angola est le seul
pays à disposer
de seuils minimaux
déclarés.
nous nous efforçons de rendre la
logistique plus accessible, ce qui
a conduit à une véritable expan-
sion de nos activités de détail
portant, en moins de trois ans, à
plus de 3.300 le nombre de nos
points de vente.
Le faible développement des
infrastructures impacte-t-il
réellement sur vos activités ?
Le fait que les infrastructures
soient insuffisamment développées influe directement sur la vitesse à laquelle les biens circulent en dehors de la région ou à
l'intérieur de celle-ci. Cela a également pour effet d'accroître les
coûts logistiques, à tel point que
les coûts de la chaîne logistique
sont estimés être jusqu'à neuf
fois plus élevés en Afrique que
dans d'autres régions du monde.
Au final, le gonflement de ces
coûts constitue également une
entrave à la croissance économique dans la région. Mais cette
situation diffère en fonction des
pays, ainsi que les accords qui régissent le commerce entre
Etats… L'Angola est le seul pays
d'Afrique à disposer de seuils minimaux formels et déclarés. En
outre, tandis que tous les autres
pays de l'Afrique subsaharienne
fonctionnent sur la base d'accords informels, les niveaux d'autorisation fiscale varient considérablement. À titre d'exemple, en
Tanzanie, tout produit d'une valeur supérieure à 5 dollars US nécessite une autorisation fiscale
qui a pour effet de créer une
charge administrative supplémentaire et d'induire des retards
potentiels d'autorisation, tout en
ne présentant que des rendements minimes pour le gouvernement en termes de recettes
fiscales.
Le poids bureaucratique
constitue un autre fardeau ?
La situation s'améliore, et un
nombre croissant de pays reconnaissent qu'il leur faut trouver des
moyens de rendre leurs marchés
accessibles et plus ouverts à la
réalisation d'affaires commerciales. Le Rwanda constitue, à cet
égard, un bon exemple pour la
région, car il cherche à réduire le
poids de la bureaucratie, à supprimer les lourdeurs administratives et à faire du pays une destination attrayante pour le
commerce et l'investissement. Il
faudrait qu'un plus grand nombre de pays africains suive cet
exemple pour que la région en
récolte pleinement les fruits. ●
55 milliards d’euros de chiffres d’affaires
DHL est une filiale du groupe Deutsche Post DHL. En 2013, ce groupe a réalisé un chiffre d’affaires de plus de 55 milliards d’euros. Leader mondial des
secteurs de la logistique, de la messagerie et des livraisons expresses, DHL met au service de ses clients ses compétences dans le domaine du courrier
international, de la livraison de paquets nationaux et internationaux, du fret aérien et maritime ainsi que du transport routier et ferroviaire. Il leur propose également des solutions contractuelles et de commerce électronique d’un bout à l’autre de la chaîne d'approvisionnement. DHL compte un réseau mondial couvrant plus de 220 pays et territoires, dont le Maroc. Le groupe emploie près de 315.000 personnes à travers le monde, «ce qui lui
permet de proposer à ses clients une qualité de service supérieure et une connaissance du marché local», se félicite le groupe. DHL se targue également
d'accepter sa responsabilité sociale en soutenant la protection de l’environnement, la gestion des catastrophes et l’éducation.
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VUE DU CAMEROUN
BILLET
Thierry Ekouti,
Dir. pub - Le Quotidien de
l’Économie (Cameroun)
L’avenir à
reculons
L
e maire de la commune de Douala 1er a
récemment institué
une journée de propreté dans sa circonscription
en demandant que toutes les
entreprises soient fermées
chaque mercredi entre
05h00 et 09h00, le temps
de procéder au nettoyage
des places publiques de
cette circonscription qui
abrite le siège d’un grand
nombre d’entreprises camerounaises. Cette mesure largement contestée par les
chefs d’entreprises, donne
l’occasion de rappeler que
comme la sécurité des biens
et des personnes incombe à
l’État, la salubrité publique relève de la compétence des
collectivités territoriales décentralisées. Dès lors, les entreprises qui payent déjà des
taxes et impôts divers (y
compris pour l’hygiène et la
salubrité) ne sauraient raisonnablement recevoir l’injonction de fermer leurs portes
pour faire «le ménage». Alors
même que la municipalité est
censée disposer de services
compétents et de moyens
conséquents pour cette
tâche. Un passé malheureusement lointain nous rappelle
d’ailleurs que ces services allaient jusque dans les domiciles privés pour s’enquérir de
l’état de salubrité, avec parfois des pénalités pour les
ménages mal tenus. Nos
mairies feraient mieux de
réactiver ces mécanismes,
plutôt que de toujours rechercher ces solutions de facilité qui nous font entrer
dans l’avenir à reculons. ●
Halte à l’importation
du ciment
● L’interdiction prononcée par le gouvernement depuis le mois d’août et rendue publique
la semaine dernière vise à permettre aux usines locales, parmi lesquelles Cimaf Cameroun,
de s’imposer sur le marché.
L
e gouvernement camerounais
a récemment décidé de suspendre les importations de ciment. Cette mesure, prise le 21
août, a fait l’objet d’une rencontre, le
1er octobre dernier, entre le ministre
du Commerce et les autres acteurs
de cette filière ; à savoir les producteurs, les importateurs et, bien sûr, les
consommateurs. À cette occasion,
Luc Magloire Mbarga Atangana, a expliqué que cette mesure d’interdiction se justifie par le souci de protéger
l’industrie locale et les emplois qu’elles
offrent, tout en rassurant les investisseurs étrangers dont les usines entrent progressivement en service
dans ce secteur d’activité.
Relais local
C’est le cas de l’usine de Cimaf (Ciments d’Afrique) la filiale du groupe
du patron marocain d’Addoha. Son
unité, située dans la zone industrielle
de Bonabéri à Douala, est entrée en
phase de production depuis le mois
de février 2014. Pour une capacité annuelle de 500.000 tonnes. Présent à
cette rencontre, Patrick David, le directeur général de Cimaf Cameroun,
a confié à la presse locale que «les importations ont été nécessaires à un
moment donné, mais avec l’effort qui
a été fait pour développer l’industrie
locale, elles doivent laisser place à une
production nationale qui va permettre
au pays de continuer à se développer». À le croire, Cimaf Cameroun est
d’ailleurs prêt à relever ce défi : «Nous
avons commencé avec une production de 500.000 tonnes par an ; mais
nous comptons doubler cette capacité de production dans les prochains
mois». C’est aussi le cas du français
Lafarge à travers sa filiale Cimencam
(Cimenteries du Cameroun) qui a
gardé longtemps le monopole de la
production locale avant l’entrée en
service de Cimaf Cameroun. Cimencam exploite actuellement deux
usines situées respectivement à
Douala et Figuil dans le nord du pays,
pour une production de l’ordre de 1,6
million de tonnes par an. «Les capacités de production, avec le démarrage
des usines concurrentes, vont être en
mesure de dépasser les besoins du
marché ; c’est important pour les besoins de l’économie nationale que le
ciment soit produit au Cameroun»,
analyse pour sa part Pierre Damnon,
le directeur général de Cimencam.
Outre Cimaf, l’autre concurrent auquel il fait allusion est la filiale camerounaise du nigérian Dangote Cement dont l’usine, située elle aussi à
Douala, est censée entrer dans sa
phase de production au courant de
ce mois d’octobre 2014, avec un million de tonnes par an. Ainsi, la production totale de ciment au Cameroun
devrait sous peu se situer autour de
3,1 millions de tonnes. De quoi satisfaire la demande que le gouvernement situe actuellement à environ
trois millions de tonnes.
8 millions de tonnes
Du côté des importateurs, la mesure
ne pose pas de problème spécial.
«Maintenant, il y a des industries locales ; nous allons voir si elles ont la
possibilité de satisfaire le marché»,
commente un haut cadre de Sorepco,
un des principaux importateurs de la
place. «Nous allons les encourager. La
suspension des importations ne nous
fait pas de mal. Mais, nous souhaitons
que le gouvernement tiennent
compte des encours qui sont de
55.000 tonnes chez nous», poursuit-il.
Selon les statistiques officielles, le Cameroun a importé 1,7 million de tonnes
de ciment en 2013, pour un montant
de l’ordre de 88,5 milliards de FCFA
(177 millions de dollars). À moins que
les autres cimenteries qui sont en projet ne finissent par voir le jour, l’interdiction de l’importation du ciment
pourrait ne pas durer longtemps. Non
seulement parce que la demande de
ciment sur le marché connaît une
croissance rapide ces dernières années ; mais aussi parce que de nombreux grands travaux engagés depuis
quelques temps aussi bien dans le
secteur des logements sociaux, des
travaux publics que dans celui de
l’énergie hydroélectrique sont considérés comme étant très gourmands
en ciment. D’ailleurs, le ministère de
l’Industrie estime qu’au plus fort de
ces chantiers dits structurants, la demande en ciment devrait atteindre 8
●
millions de tonnes par an.
PAR JULIEN CHONGWANG
Le Quotidien de l’Économie –
Douala – Cameroun
LES ÉCO AFRIQUE - MARDI 7 OCTOBRE 2014
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LE MARCHÉ DE LA SEMAINE
EN PARTENARIAT AVEC
L’Afrique du Sud face à
une croissance baissière
● L’ex-première puissance économique africaine a du mal à relancer sa croissance
qui reste sur une tendance baissière depuis plusieurs années.
L
e géant sud africain parviendra-t-il à redresser la
courbe de sa croissance
au-delà de 2014? C’est la
question qui se pose au vu de
l’évolution du PIB de la désormais ex-première économie
africaine. Ces dernières années,
la croissance sud-africaine n’a
cessé de chuter, passant de
3,5% en 2011, à 1,9% en 2013,
après avoir un 2,6% en 2013.
Pour l’année en cours, les prévisions de Coface sont encore
moins optimistes avec une légère chute à 1,8%. Ce nouveau
recul paraît inévitable bien que
l’activité économique devrait reprendre durant le second semestre en cours dans le secteur
minier. Il faut noter que ce secteur sud-africain, précisément a
été fortement ébranlé par une
grève de plusieurs mois en
début d’année. Quant aux activités de la construction et celles
agricoles, elles devraient rester
en bonne forme. En revanche, la
production manufacturière restera peu soutenue (l’indice PMI
a atteint en mai 2014 son niveau
le plus bas depuis près de cinq
ans).
Investissement publics
Selon Coface, «la modération
salariale et l’endettement des
ménages continueront à affecter la demande privée qui
constitue pourtant le principal
PRINCIPAUX INDICATEURS ÉCONOMIQUES
Croissance PIB (%)
2011
2012
2013
2014
3,5
2,6
1,9
1,8
Inflation (moyenne annuelle)
5,0
5,7
5,8
6,3
Solde budgétaire / PIB (%)
-4,6
-4,3
-4,3
-4,4
Solde courant / PIB (%)
-3,3
-5,8
-5,8
-5,7
Dette publique / PIB (%)
36,0
42,7
42,7
45,8
SOURCE : COFACE
moteur de la croissance sudafricaine (66% du PIB)». D’autre
part, les investissements privés
risquent d’être à nouveau reportés, mais les investissements
publics, notamment dans les
secteurs de l’électricité et des
transports, devraient contribuer
biens alimentaires et des produits administrés compte tenu
de la hausse des prix de l’énergie et de la dépréciation du
rand, en constitue le principal
facteur. Pour ce qui est de la
hausse des prix, elle devrait se
poursuivre au second semestre
et le plafond de la
banque centrale (6%)
pourrait être dépassé
en
2014.
Côté
échanges, les exportations sud-africaines
souffrent de l’effet
conjugué d’une baisse
des prix et des volumes des produits miniers exportés, et d’une faible compétitivité du secteur manufacturier,
malgré la baisse du cours du
rand. En outre, les coûts de
l’énergie importée resteront élevés. La modération de la demande intérieure et une légère
amélioration de la demande extérieure pourraient toutefois éviter une nouvelle dégradation du
solde.
Les coûts de
l’énergie importée
resteront élevés.
à éviter un recul trop marqué de
la demande intérieure. L’amélioration, même modeste, de la demande extérieure pourrait à son
tour permettre de limiter le ralentissement de la croissance
en 2014. Cela dit, les tensions inflationnistes se sont renforcées
en début d’année (elles ont atteint en mai leur niveau le plus
élevé depuis juillet 2009, avec
6,6%). Le renchérissement des
FICHE PAYS
AFRIQUE DU SUD
Taille
51,8 millions de consommateurs
Monnaie
Rand
PIB
353,9 milliards de dollars
Croissance PIB
1,8%
Région économique :
Afrique australe
Doing Business 2014 :
41e /189
Forces et faiblesses
Malgré ces indicateurs macroéconomiques pas très flatteurs,
l’Afrique du Sud reste l’un des
pays les plus attractifs sur le
continent. Parmi les points forts
de cet État, on rappellera qu’il
constitue une puissance économique et politique qui le rend incontournable sur la scène continentale. Le pays dispose
également de richesses en ressources naturelles (or, platine,
charbon, chrome…), ainsi qu’un
secteur des services (financiers,
notamment) développé, sans
parler d’un environnement législatif protecteur pour les investisseurs. Le gouvernement doit cependant concentrer ses efforts
sur la lutte contre la pauvreté et
les inégalités, sources de risque
social, notamment de criminalité et les fréquentes manifestations. Le chômage élevé et la
pénurie de main d’œuvre qualifiée, conjugués à certaines carences en infrastructures (transport, énergie...) ternissent
également l’image de ce géant
économique africain qui dépend en partie des flux volatils
●
de capitaux étrangers.
Risque pays
POSSIBILITÉ DE TENSIONS SOCIALES ET POLITIQUES
Malgré une victoire confortable aux élections de mai 2014, des incertitudes continuent à peser sur l’évolution politique et sociale du pays. Le président
Jacob Zuma devra, pour son nouveau mandat, composer avec les autres membres de l’alliance au pouvoir (notamment les syndicats), les partis d’opposition dont le poids a progressé lors du scrutin législatif de mai 2014, mais aussi avec les courants divergents au sein même de l’ANC. L’absence
persistante de réponse aux attentes de la population en matière de lutte contre le chômage, la pauvreté et la corruption pourrait être source d’instabilité sociale. L’Afrique du sud dispose d’un système juridique moderne, mais l’inefficacité de l’administration, le manque de qualification de la main
d’œuvre, la criminalité et la corruption handicapent l’environnement des affaires.
LES ÉCO AFRIQUE - MARDI 7 OCTOBRE 2014
25
OPÉRATEUR DE LA SEMAINE
EN PARTENARIAT AVEC
Fabrilec, une enseigne
qui compte en Afrique
BIO
EXPRESS
● Après la Guinée Équatoriale et le Burkina Faso, où elle jouit d’une bonne image,
la société Fabrilec, spécialiste dans les réseaux de transport, de transformation
et de distribution électrique, ambitionne de poursuivre son aventure africaine.
Mustapha MOUCHREK
General Manager Fabrilec
à l’ouverture sur l’Afrique, mais pour
Mustapha Mouchrek, il était également question de concrétiser les
appels à un partenariat Sud-Sud.
Avant le Burkina Faso, Fabrilec avait
déjà réussi à décrocher un marché
en Guinée Équatoriale. «Cela fait
trois ans que nous sommes engagés dans ce pays. C’était également notre première expérience
africaine», se rappelle Mouchrek.
«L
e projet mené par la société marocaine Fabrilec est le plus avancé
parmi les trois projets
développés par des entreprises
étrangères dans le cadre de l’électrification au Burkina. Nous
sommes satisfaits du travail de Fabrilec». C’est en substance les
compliments adressés par les autorités burkinabées au ministre délégué au Commerce extérieur, Mohamed Abbou, lors d’une
audience tenue en marge de la
dernière mission d’affaires «Action
lumière» à Ouagadougou. Ce satisfecit adressé au responsable
gouvernemental marocain illustre
en effet la bonne réputation de Fabrilec dans ce pays, depuis que
cette société spécialisée dans les
réseaux de transport d’énergie y a
gagné un marché en 2012. Il y a environ deux ans, l’entreprise dirigée
par Mustapha Mouchrek avait décroché un marché d’électrification
de 87 localités avec la construction
de 800 km de lignes de moyenne
tension sur 23 mois pour un montant d’environ 200 MDH. Aujourd’hui, ce projet financé par la
BAD est très avancé, voire en
phase finale. «Je peux vous assurer
que les travaux seront achevés
dans les délais», se réjouit le General Manager de Fabrilec. Cette société fondée en 1977 s’est tournée
dernièrement sur l’Afrique après
avoir acquis une expérience solide
dans le cadre du programme
d’électrification rural global (PERG).
La nécessité de trouver de nouvelles opportunités après la maturité du marché marocain a conduit
Espoir
Pour le top management de Fabrilec, la présence dans les pays subsahariens se concrétise avec des
partenaires locaux. «Nous recherchons dans la mesure du possible
à garantir notre action en collaborant avec des partenaires locaux
qui puissent nous aider à être plus
efficaces sur le terrain», théorise le
General Manager de Fabrilec. Malgré son «âge», Mustapha Mouchrek continue de prendre part aux
campagnes de prospection en
Afrique. C’est ainsi qu’il a participé
fin septembre à «Action lumière»
dans trois pays, à savoir le Burkina
Faso, le Gabon et la République
du Congo. Cette présence est
motivée par la conviction que les
pays d’Afrique, dont certains peinent encore à dépasser un taux
d’électrification de 20%, constituent une terre d’espoir et d’opportunités pour les entreprises
marocaines opérant dans le sec●
teur de l’énergie.
«N
●●●
L’entreprise
marocaine
a décroché
un marché
d’électrification
de 87 localités
au Burkina
Faso, pour
un montant
de 200 MDH.
Le plus de Maroc Export
L’Afrique présente un large éventail d’opportunités pour le secteur de l’énergie, des installations électriques et de l’électrification rurale. Les entreprises marocaines, eu égard à leurs expertises et expériences dans ce domaine, ont beaucoup
de débouchés à exploiter pour favoriser le développement du secteur de l’énergie en Afrique. De plus, Maroc Export
accompagne les entreprises à développer de l'assistance technique afin d'augmenter leurs chances pour mieux répondre aux appels d'offres. De même, les forums d'échanges d'expertises, à l'instar du Forum du Bénin, l'internationalisation
du Salon de l'eau et l'internationalisation d'Elec Expo, en collaboration avec l'Amepa, la Fenelec et l'Ofec sont autant
d'actions à intensifier pour augmenter les chances des entreprises nationales de nouer des liens pour pouvoir se voir
confier des projets d'envergure d'électrification de villes et de construction de barrages.
ormalement, je devrais être à la retraite, mais je continue parce que j’ai un capital à
transmettre». Pour Mustapha
Mouchrek, c’est ce devoir de
partage d’expérience qui le fait
courir encore, malgré ses cheveux blancs. Celui qui dirige Fabrilec, société qu’il a fondée en
1977, est un ancien fonctionnaire de l’Office national de
l’électricité (ONE à l’époque). À
l’office, Mouchrek a acquis une
solide expérience «dans tous
les domaines du secteur énergétique», puisqu’il a exercé
dans «les services en charge du
contrôle électrique à l’échelle
nationale». Malgré ce privilège,
la tentation de l’aventure était irrésistible. «Je voulais me réaliser
car comme le dit l’adage : dans
l’administration on est à l’abri de
la pauvreté, mais aussi de la richesse», se rappelle le futur
chef d’entreprise. Cette aventure commence alors dans le
privé et s’y poursuit pendant un
bout de temps, avant de se prolonger par la fondation de Fabrilec avec «un ami». «On est parti
de peu de choses, de très peu
choses», reconnaît-t-il. Cependant, la réussite n’allait pas tarder à se pointer. Aujourd’hui,
l’expérimenté Mouchrek avoue
avoir réalisé «des choses honorables». Après avoir accompagné avec succès le programme
d’électrification au Maroc, il se
tourne à présent vers le continent où il est convaincu qu’il y a
beaucoup à faire. À défaut de
pouvoir continuer son aventure
africaine jusqu’au bout, Mustapha Mouchrek aura au moins
laissé un bel actif à ses successeurs : la bonne réputation de
●
Fabrilec en Afrique.
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