AMBASSADE DE FRANCE AU MAROC
SERVICE ÉCONOMIQUE RÉGIONAL
MARS 2015
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SITUATION ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE DU MAROC
I. Le Maroc connaît un redressement des équilibres macroéconomiques depuis 2013
Après les déficits budgétaire et extérieurs record de 2012 (respectivement 7,4% et 9,7% du
PIB), l’année 2013 a marqué une rupture. La croissance économique s’est redressée
(+4,4%) et les déficits budgétaire et courant ont commencé à se résorber 5,5% et 7,6% du
PIB).
En 2014, la croissance économique a plafonné à 2,4%, du fait du recul de la valeur ajoutée
agricole après le pic exceptionnel de la récolte céréalière en 2013. Cependant les activités
non-agricoles ont été plus dynamiques (+2,8% après +2,3% en 2013). Le ralentissement de la
croissance n’a en outre pas entamé le mouvement de résorption du déficit budgétaire,
lequel s’est établi à moins de 5% du PIB. Cette évolution est essentiellement due au recul de
39% des charges de compensation et à la baisse des cours du pétrole.
La position extérieure du Maroc s’est également améliorée en 2014 (5,8% du PIB). Outre
la baisse de la facture énergétique, ce résultat reflète le dynamisme des exportations, secteur
automobile en tête (premier poste à l’exportation du Maroc devant les phosphates).
Le niveau soutenu des IDE et la nouvelle sortie internationale du Trésor de 1 Md EUR (en
juin 2014) illustrent la confiance dont jouit le Maroc vis à vis des bailleurs de fonds et des
investisseurs étrangers. La dette extérieure du Trésor, bien qu’en hausse, reste à un niveau
soutenable, à 64% du PIB. Les réserves nettes de change ont ainsi pu être relevées à plus de 5
mois d’importations.
Les perspectives macroéconomiques pour 2015 sont favorables. A la faveur d’une
campagne céréalière record (110 millions de quintaux), la croissance économique atteindrait
5%. La résorption du déficit budgétaire est promise à 4,3% du PIB (le gouvernement vise un
déficit budgétaire de 3% du PIB en 2017) et le déficit courant reculerait à 3,3% du PIB, porté
par le redressement de la balance commerciale. Les résultats du 1er trimestre 2015 confirment
ces prévisions.
II. Indéniable avancée des réformes dans plusieurs domaines prioritaires
Notable réduction des subventions aux produits pétroliers
Des mesures ont été prises depuis 2012, afin de réduire l’impact budgétaire des subventions
aux produits de base, qui ont abouti à la suppression des subventions à l’essence, au gasoil et
au fuel industriel. La subvention du fuel utilisé pour la production d’électricité a été
remplacée par un appui financier forfaitaire de l’Etat. Socialement sensibles, le gaz butane, la
farine et le sucre restent pour le moment subventionnés.
2
Début de fiscalisation des grandes exploitations agricoles et réforme de la TVA
La loi de finances 2014 a introduit une réforme phare, celle de la taxation des grandes
exploitations agricoles. Il s’agit d’imposer à l’IS et à l’IR les exploitations agricoles réalisant
un chiffre d’affaires supérieur ou égal à 5 M MAD (450 000 €). Pour sa part, la réforme
progressive de la TVA vise l’élargissement de l’assiette et la mise en place d’un système à
deux taux.
Plan d’accélération industrielle 2014-2020
Ce programme, très ambitieux, a pour objectifs de réduire le déficit commercial, accroître la
part de l’industrie dans le PIB marocain (de 14% à 23%) et créer 500 000 emplois. L’atteinte
de ces objectifs passe par la création d’« écosystèmes », dont les premiers ont récemment vu
le jour, notamment dans le secteur de l’automobile. Le Maroc ambitionne désormais de se
positionner sur 9 « métiers mondiaux » (automobile, aéronautique, offshoring, électronique,
textile, agroalimentaire, chimie-parachimie, pharmacie et métallurgie-mécanique). Un Fonds
dédié sera doté à terme de 20 Mds MAD (1,8 Md €).
Un climat des affaires encore perfectible
Le classement du Maroc reste médiocre en matière d’environnement des affaires. Sa position
dans le classement Doing Business 2014 (71ème rang, nettement derrière la Tunisie et
l’Egypte) aurait d’ailleurs régressé de 3 rangs (de 87 à 90) si la Banque mondiale n’avait pas
révisé sa méthodologie par rapport à l’année précédente. Les réformes attendues concernent
l’investissement (harmonisation des mesures d’encouragement à l’investissement), le foncier,
les infrastructures, la formation et la fiscalité. Des mesures de simplification de procédures
relatives notamment à la création d’entreprises, au transfert de propriété et au raccordement
au réseau électrique ont d’ores et déjà été prises.
La réforme attendue des régimes de retraites
2015 devrait être l’année des premiers jalons de la réforme des caisses de retraite, au moins au
niveau paramétrique (en attendant une réforme systémique prévue à moyen terme). Déficitaire
depuis 2014, la Caisse de retraite des fonctionnaires est en première ligne.
***
Au total, 2015 devrait être une année de consolidation des acquis de 2013 et 2014, grâce
à une campagne agricole record, la reprise de la demande externe, la faiblesse des cours
du pétrole ainsi que la montée en puissance des résultats des plans sectoriels de
développement industriel. L’enjeu est notamment la décrue du chômage des jeunes et la
poursuite d’une meilleure répartition des richesses.
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