PRATIQUES DÉLOYALES
PROVENANT DE LA SUISSE
NOTAMMENT EN MATIÈRE DE
COMMERCIALISATION DE LISTES D’ADRESSES
VENTE PAR CORRESPONDANCE
JEUX-CONCOURS PUBLICITAIRES
EDITION JUIN 2001
DE QUOI SAGIT-IL?
Il n’est pas rare que des offres trom-
peuses soient diffusées dans le
monde depuis la Suisse. Les entre-
prises qui se livrent à de telles prati-
ques ont parfois leur siège en Suis-
se. Plus souvent, elles n’y possè-
dent qu’une case postale ou une
boîte aux lettres. Le siège véritable
de l’entreprise et ceux qui tirent ré-
ellement les ficelles se trouvent à
l’étranger. Grâce à ce subterfuge, il
est possible de cacher aux destina-
taires le véritable lieu de domicile de
l’entreprise et de compliquer sérieu-
sement une poursuite judiciaire. Les
abus les plus fréquents touchent la
commercialisation de registres en
tout genre (entreprises, fax, mar-
ques et brevets), la vente par corres-
pondance de produits ésotériques,
pseudo-thérapeutiques ou de remè-
des miracles, les jeux-concours
publicitaires et leurs promesses de
gains mirobolants, de même que les
offres financières et la propriété en
temps partagé.
SUCCÈS DES AUTORITÉS SUISSES,
MAIS...
Depuis que la loi fédérale contre la
concurrence déloyale a accordé un
droit de plainte à la Confédération
suisse, celle-ci lutte contre les abus
et peut se targuer d’obtenir certains
résultats: dans de nombreux cas,
les tribunaux compétents lui ont
donné raison. Pour autant, il ne fau-
drait pas se faire trop d’illusions: les
abus ne sont pas éradiqués. D’une
part, les entreprises comme les
adresses de cases postales se dé-
placent vite et facilement d’un pays
à un autre. D’autre part, la Confédé-
ration, exception faite du domaine
financier (retrait de licence), n’a pas
les moyens juridiques de «retirer du
marché» une entreprise. Résultat:
une entreprise, même condamnée
par un tribunal à payer une amende,
continuera de sévir dans le même
domaine. Il n’est pas rare en outre
que des affaires de cette sorte
s’étendent sur plusieurs pays, ce qui
ne facilite pas une intervention effi-
ciente.
COMMENT SE PRÉSENTENT
LES ABUS ?
Les abus en matière de commercia-
lisation de listes d’adresses, de
vente par correspondance ou de
promesses de gains sont extrême-
ment variés. De plus, ils impliquent
souvent deux ou plusieurs pays. Il
n’est dès lors pas facile de déter-
miner qui fait quoi et dans quel pays.
Les questions de compétence et de
juridiction sont par là même difficiles
à régler. Voici quelques exemples
fictifs:
Une publicité trompeuse est en-
voyée par poste de la République
tchèque à des entreprises de pays
anglo-saxons. Les commandes ou
les paiements doivent parvenir à
une adresse en Suisse, d’où ils
sont transférés à une case postale
en Espagne. De là, ils sont ache-
minés vers le véritable siège de
l’entreprise: aux Bahamas.
Par l’intermédiaire d’agents locaux
indépendants, une entreprise suis-
se démarche auprès d’entreprises
de différents pays aux fins de les
faire figurer dans un registre d’en-
treprises. Certains des agents re-
courent à des méthodes de vente
abusives: ils font croire à leur in-
terlocuteur qu’ils ne font que véri-
fier les coordonnées de l’entre-
prise alors qu’en réalité, ils leur
font signer un contrat.
Un courrier distribué dans le mon-
de entier promet aux destinataires
un gain d’un montant déterminé. A
titre de participation aux frais, il
faut préalablement effectuer un
versement, en dollars, à un bénéfi-
ciaire avec adresse en Suisse.
Cette adresse est celle d’une en-
treprise spécialisée dans les ser-
vices de courrier, laquelle s’em-
presse de virer les sommes qu’elle
a reçues à une entreprise en Aus-
tralie.
Une voyante, qui porte un nom
à consonance espagnole, offre
ses services à des consomma-
teurs français par le biais d’une
lettre publicitaire qui suggère que
l’achat d’un service sera récom-
pensé par un gain en argent. L’ex-
péditeur et l’adresse pour les
commandes sont une simple case
postale en Suisse.
QUE PEUT-ON FAIRE CONTRE LES
ABUS?
Quiconque se trouve confronté à
des pratiques commerciales dou-
teuses peut se protéger. Il existe
dans son propre pays des voies de
droit et des moyens extra-judi-
ciaires. Il est également possible
d’alerter la représentation suisse à
l’étranger ou directement la Confé-
dération suisse (Secrétariat d’Etat à
l’économie, seco).
MOYENS EXTRAJUDICIAIRES
Dans son propre pays
Le mieux est de rendre publics les
abus en attirant sur eux l’attention
des organisations de consomma-
teurs, des associations économi-
ques, des chambres de commerce
et des médias. Dans de nombreux
pays, les chambres de commerce ou
les associations économiques tien-
nent à jour des listes d’entreprises
aux pratiques douteuses, que leurs
membres et d’autres intéressés
peuvent consulter.
Il existe aussi dans certains pays
des services de médiation (ombuds-
men) ou des services d’autocontrôle
de la publicité, de la protection des
consommateurs ou de certaines
branches, qui ont mis en place des
procédures de règlement des diffé-
rends. Il faut annoncer à ces servi-
ces toute pratique déloyale. Even-
tuellement, on peut aussi déposer
une plainte auprès d’eux.
En Suisse
La loi suisse sur la protection des
données autorise toute personne à
faire supprimer d’une banque de
données des renseignements la
concernant. Quironque a donc la
possibilité d’exiger de l’expéditeur
de textes publicitaires de toute na-
ture qu’il biffe de ses fichiers ses
nom et adresse.
VOIES DE DROIT
Dans son propre pays
En cas de pratiques commerciales
douteuses d’une entreprise étran-
gère, il convient d’informer d’abord
les autorités compétentes du pays
(lieu de domicile de la personne lé-
sée). Ces autorités sont à même de
dire s’il existe des accords bilaté-
raux ou multilatéraux sur l’entraide
judiciaire ou administrative avec le
pays dans lequel l’entreprise auteur
de la publicité douteuse a son siège.
De plus, ces autorités peuvent don-
ner des conseils sur la manière de
procéder. Les méthodes déloyales
de marketing international sont gé-
néralement jugées selon le droit du
pays où elles exercent leurs effets.
Par exemple, c’est le droit anglais
qui s’appliquera à une publicité dé-
loyale faite par une entreprise suisse
sur sol anglais.
En Suisse
Les pratiques commerciales abusi-
ves d’une entreprise ayant son siège
en Suisse peuvent aussi, en règle
générale, être portées devant un tri-
bunal en Suisse. Les voies de droit
contre les méthodes déloyales, voire
trompeuses, peuvent être exercées
tant par les personnes domiciliées
en Suisse que par celles résidant à
l’étranger1. Les abus présumés
d’entreprises ayant leur siège en
Suisse peuvent aussi être dénon-
cés auprès des représentations
suisses à l’étranger ou directement
au seco. Au nom de la Confédéra-
tion, le seco peut agir en justice
contre les responsables d’une entre-
prise établie en Suisse. Pour ce
1) Loi fédérale du 19 décembre 1986 contre la
concurrence déloyale (LCD; RS 241)
faire, il a besoin de tous les moyens
de preuve existants, si possible
dans leur forme originale, ainsi que
des noms et adresses des repré-
sentants de l’entreprise avec les-
quels les personnes concernées ont
été en contact.
OÙ DES PROBLÈMES
D’APPLICATION DU DROIT
PEUVENT-ILS SE POSER ?
Les entreprises ou leurs responsa-
bles ne sont pas toujours établis
eux-mêmes en Suisse. Ils peuvent
se cacher derrière une case postale,
une adresse fictive ou feindre
d’avoir leur siège en Suisse en re-
courant à des hommes de paille. Si,
effectivement, ce siège se trouve
hors de Suisse, les possibilités d’in-
tervention des organes d’exécution
suisses sont très limitées. Il en va de
même si des agents locaux indépen-
dants agissent au nom d’entreprises
suisses.
PUBLICITÉ ABUSIVE RELATIVE
À DES INSCRIPTIONS DANS DES
REGISTRES D’ENTREPRISES
La publicité abusive pour des ins-
criptions dans des registres d’entre-
prises se fait souvent au moyen de
factures «pro forma». Dans le droit
anglo-saxon, il existe des règles dé-
taillées concernant l’usage des fac-
tures «pro forma» pour des mar-
chandises et des services qui n’ont
pas été commandés. Dans le droit
européen continental, par contre, on
ne connaît que des principes géné-
raux sur la publicité mensongère. Ce
sont eux qui s’appliquent au cas
particulier des factures «pro forma».
Leur application par les tribunaux
n’atteint cependant jamais le même
niveau de protection que les lois
spéciales du droit anglo-saxon. Il y
a donc un écart considérable entre
les deux droits et leurs territoires
d’application. Cet écart n’est pas
seulement sensible par rapport au
droit suisse mais aussi par rapport à
bien d’autres régimes juridiques
européens continentaux. La juris-
prudence suisse est encline à ne
pas considérer les factures «pro for-
ma» comme des abus quand le des-
tinataire moyen peut se rendre
compte qu’il a en fait sous les yeux
une offre et non une facture.
RÉFÉRENCE ABUSIVE À LA SUISSE
Il arrive que des entreprises établies
à l’étranger fassent référence à la
Suisse dans leurs formules de com-
mande ou leurs documents de com-
merce alors même qu’elles n’y sont
pas domiciliées (par ex. Swiss Herb
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