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PROTESTANTISME – THEOLOGIE LIBERALE
L’anarchie des esprits
J-P. Trachsel
Informations et réflexions libres
Les énoncés suivants sont tirés de diverses études sur le sujet, dont
les liens Internet seront mis à disposition dans le présent dossier.
01. Définitions
La théologie libérale met en doute la divinité, la pertinence et le caractère
normatif d'une grande partie de l'enseignement biblique. Elle est donc
méthodologiquement incapable d'opérer sous l'autorité de l'Ecriture. Les
postulats du libéralisme relativisent la Bible en élevant au rang d'absolus des idées
qui vont à l'encontre de l'enseignement biblique (par exemple, la bonté
fondamentale de l'homme ou l'unité essentielle de toutes les religions) et en
réorganisant les priorités bibliques en fonction de préoccupations et de préjugés
modernes et séculiers (par exemple, la redéfinition du rôle des missions afin de
donner la priorité aux grandes causes politiques,
sociales et économiques aux dépens de
l'évangélisation et de l'implantation d'Eglises).
La théologie libérale, ou modernisme, prétend que
la Bible est partiellement inspirée, ou même
totalement dénuée d’inspiration. Cette théologie
refuse de croire tout ce que la Bible renferme de
miraculeux.
« Ainsi, voici la liste, non exhaustive des « mythes » que, selon le théologien
libéral allemand Rudolf Bultmann, il convient d’éliminer :
1. La préexistence de Christ.
2. Sa naissance miraculeuse.
3. Sa divinité.
4. Ses miracles
5. Sa mort substitutive à la croix.
6. Sa résurrection et celle des croyants.
7. Son ascension.
8. Son retour en gloire.
9. Le jugement final du monde.
10. L’existence d’esprits bons ou mauvais.
11. La personnalité et la puissance du Saint - Esprit.
12. La doctrine de la trinité.
13. La mort comme conséquence du péché.
14. La doctrine du péché originel.
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La foi (qui est issue de la raison activée) prime sur toute doctrine (mépris évident
de toute recherche applicative de vérités bibliques - jpt). La véritable Eglise est
invisible ( faux, selon l’exemple biblique jpt) car elle comprend tous ceux qui
s’efforcent de mettre en pratique la volonté de Dieu dans l’esprit de Jésus le Christ
(le poids est mis sur l’effort et non sur les principes du salut par grâce - jpt).
Le libéralisme protestant reconnaît Dieu dans le témoignage intérieur de l’Esprit,
c’est-à dire l’action de Dieu en l’homme (totalement subjectif et dépendant des
impulsions charnelles humanistes jpt). Il accueille avec joie tous les signes de la
présence de l’Esprit qui se révèlent, ici ou là, dans
toutes les philosophies et toutes les religions (opposé
à l’énoncé de Jésus qui se définit comme la seule vérité
jpt). Beaucoup de libéraux, pensent que Dieu agit et
se manifeste partout dans le monde, et qu’on trouve
chez les autres d’authentiques valeurs spirituelles. Ils
pensent que si les chrétiens ont des choses à apporter
aux autres, ils en ont aussi à recevoir d’eux. Quand le
Dalaï lama vient en Europe, allons-nous au nom du
Christ et de l’évangile nous détourner de lui, refuser
d’écouter ce qu’il veut nous dire, et voir en lui un infidèle ou un idolâtre? (c’est un
déni total de la déclaration de Jésus dans Jean 14 : 6).
Il rejette toute bibliolâtrie ainsi que la notion d’inspiration littérale de la Bible (au
profit des élucubrations de l’intelligence dépravée d’une génération de jouisseurs –
jpt), prétendant rechercher autant plus l’Esprit qui vivifie en s’attachant moins à
la lettre qui tue (quel esprit donc, quand le cadre des Saintes-Ecritures est rompu
et rejeté ? jpt). Il prétend que la Bible n’est pas la révélation de Dieu, mais le
témoignage rendu par des hommes à cette révélation. Elle se compose d’un
ensemble de livres qui nous disent comment des êtres humains ont reçu et compris
ce que Dieu a fait et a dit.
Il veut éviter de confondre Dieu et la personne de
Jésus. Il faut retrouver Jésus derrière les théories
aventureuses faites à son sujet (allusions certaines aux
absolues de l’Evangile).Toutefois, Jésus ne doit pas être
adoré pour lui-même (christolâtrie) puisqu’il a donné sa
vie pour vieux nous révéler Dieu, seul sujet de
glorification (faux, il a donné sa vie avant tout pour nous
réconcilier avec Dieu jpt). Le message compte plus que
le messager. Le catéchisme socinien de Rakow, en 1605,
insiste principalement sur la fonction prophétique de Jésus
(c’est à dire sur sa fonction de prédicateur et d’enseignant) à qui il accorde plus
d’importance qu’à la mort sur la Croix (alors que la tradition a plus insisté sur la
fonction sacrificielle du Christ, autrement dit sur la crucifixion).
La pensée théologique libérale soutient la radicale unicité de Dieu : Il ne saurait y
avoir une sorte de polythéisme larvé, exprimé, par exemple, par le dogme
trinitaire (Dieu serait trois en un ou un en trois : Père, Fils et Saint-Esprit).
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Le libéralisme protestant rejette l’utilisation
doctrinale du péché originel qui aboutit à ne
rien expliquer, à compromettre toute espérance
et à diluer la responsabilité personnelle. Au
contraire, les hommes sont invités à répondre
courageusement à l’appel de Dieu, en pleine
connaissance de ce qu’ils sont : « Un mélange
de misère et de grandeur - Pascale » (dérive
totale par rapport à la responsabilisation du
péché – jpt).
Selon les définitions généralement acceptées, on peut considérer que
Est
fondamentaliste
celui accepte la Parole de Dieu, la considérant comme
toute entière inspirée (même si certains aspects représentent des énigmes), qui
reconnaît qu’il n’y a pas de salut en dehors de la foi en Jésus-Christ et qui
reconnaît que la Bible doit non seulement donner un sens mais conduire sa vie, en
fonction de ce qu’elle lui révèle.
Est
libéral
celui qui pense que la révélation peut-être différente, que la Parole de
Dieu n’est qu’une sorte de guide supérieur à tout autre, mais parmi d’autres, et
qu’il est nécessaire de se rapprocher des autres expressions spirituelles pour
atteindre une sorte de perfection. Ceci étant sans doute une forme « extrême » du
libéralisme. Une forme plus nuancée
avouera cependant que la Parole doit
être édulcorée, repensée et critiquée. Je
cite encore Eric Denimal :
« C’est le rôle du théologien d’ouvrir
des pistes pour que l’intelligence scrute
l’expérience religieuse et la forge en
convictions, lesquelles deviennent
raisons de vivre et d’agir. »
Voilà clairement expliqué que le théologien libéral est invité à chercher des
arguments
pour étayer ce que « le chrétien » de ce siècle a envie
d’entendre
.
Il serait trop schématique de dire que le protestantisme historique est par
tradition « libéral », et que les évangéliques pendant longtemps ont cultivé une
théologie fondamentaliste. Mais globalement c’est ainsi que nous pouvons
percevoir les choses.
Il est intéressant de noter l’incidence très nette de ces courants sur le terrain de
l’évangélisation. Les libéraux n’ont pas manifesté une très forte motivation pour
évangéliser, puisqu’ils reconnaissent implicitement que d’autres chemins peuvent
être, alors que les fondamentalistes ont souvent souhaité apporter au monde perdu,
et conformément à leurs convictions, la seule solution pour obtenir le salut. Le
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prosélytisme a souvent été reproché aux évangéliques, mais explique aussi la
croissance de ces derniers.
02. Positions
La théologie libérale fait la différence entre le
Jésus de la foi, le Jésus de la Bible et le Jésus
de l’histoire. Pratiquement, ces théologiens, tout
en se proclamant chrétiens, n’hésiteront pas à
remettre en question l’existence historique de
Jésus-Christ au 1er siècle. Ou encore
s’attaqueront à des faits qui semblaient pourtant
largement confirmés : « De nouvelles
découvertes archéologiques remettraient en cause
l’existence d’un royaume unifié aux XIe et Xe
siècles avant J.-C. » Conclusion de l’archéologue
: le grand Israël des rois David et Salomon n’a
jamais existé
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. Il est donc très important que nous
examinions brièvement quelles sont les critiques que les théologiens libéraux
adressent aux « fondamentalistes évangéliques ».
Ils nous reprochent…
1. De croire à l’inerrance et à l’inspiration plénière des saintes Ecritures.
2. De vouloir convaincre les autres par des méthodes d’évangélisation qui visent
la conversion individuelle (accusation de prosélytisme).
3. De mettre l’accent sur le rôle primordial de la conversion, c’est-à-dire sur
l’expérience personnelle de la conversion et d’une vie de piété en harmonie
avec la foi.
4. D’insister sur la réalité du péché (dont les libéraux ont depuis longtemps
relativisé la gravité) ; James Barr, dans son ouvrage sur les fondamentalistes,
écrit que les évangéliques sont obsédés par le péché et par la culpabilité. Le
fondamentalisme existe, dit-il, parce qu’il a
besoin du péché pour exister
4
. Quoi qu’en
pense cet auteur, les conséquences tragiques
d’un christianisme sans contenu (et « sans
péché » !) sont malheureusement
démontrées par les dernières recensions qui
font apparaître un recul constant du
christianisme en Europe. En Suisse par
exemple, les protestants ont diminué de 4 % en 10 ans, et les catholiques de 2
%
5
, et ce malgré l’augmentation de la population. En revanche, le nombre de
musulmans a doublé en dix ans
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. Du côté catholique romain, le cardinal
Schwery écrit : « La société devient de plus en plus païenne »
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.
5. De mettre l’accent sur l’importance de la prière personnelle. Les détracteurs du
fondamentalisme proposent à la place une foi communautaire, d’orientation
essentiellement liturgique. Ils désapprouvent totalement le désir de promouvoir
5
le rétablissement de la prière dans les écoles publiques, selon les propos du
sociologue Ben Barka dans son livre Les nouveaux rédempteurs
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.
6. De voler la liberté de conscience de chaque être humain en matière de religion.
Mais à l’examen, qui sont ceux qui, en Suisse, en France, ou en Allemagne,
sont jaloux de conserver leurs privilèges de « religions d’Etat » ? Sûrement pas
les évangéliques.
7. D’avoir une vision biblique de la société. On déteste nos thèses créationnistes,
même modérées. Un ouvrage comme celui d’Edward J. Young, qui insiste sur
une lecture littérale du récit de la création
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, est jeté aux orties.
8. D’accréditer une christologie basée
exclusivement sur la révélation biblique.
Pour nous, il est clair que si nous mettons
en doute l’historicité du Fils de Dieu, et
l’inspiration plénière de la Bible, nous ne
pouvons plus soutenir la thèse de la divinité
de Christ. Et toute la christologie tombe
d’un coup (comme l’écrit par exemple
Donald MacLeod dans son ouvrage La
personne du Christ
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). Ce ne sont pas
seulement les fondamentalistes qui sont ici
pris à parti par la théologie officielle : c’est
le cœur du christianisme qui est attaqué !
9. De croire en un jugement des incrédules à la fin du monde, et de parler de
peines éternelles.
Le protestantisme libéral rejette la possibilité de se définir par une « confession de
foi » mais néanmoins, dans les faits, il véhicule tout autant des définitions et
valeurs communément acceptées dans ses rangs telles que :
En Grec, « hérésie » désigne un choix, quel qu'il soit. Par conséquent « hérétique »
indique « quiconque choisit ce qu'il veut croire ».
Je ne croirai jamais que Christ est mort pour moi ; je veux croire qu'il est vivant
pour nous tous.
Je ne croirai jamais en un dieu qui serait pour nous juger ; je veux croire en
Dieu qui nous accepte tels que nous sommes.
Je ne croirai jamais que l'enfant qui vient de naître porte le poids d'un péché qui
eut lieu des millénaires avant sa venue au monde. Je veux croire en la positivité de
la vie, au geste inaugural de commencement absolu, présent en toute naissance.
Je ne croirai jamais qu'il nous faudrait souffrir pour mériter demain un paradis
; je veux croire au bonheur de la vie, à la fragilité de l'existence, à la possibilité
toujours donnée d'accéder à la vie éternelle.
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