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Association Foi et Culture Scientifique Le 12 novembre 2008
Rapport moral pour 2007-2008
Le président, Bernard Saugier, a présenté le rapport suivant qui a été adopté à
l'unanimité des présents.
Le thème général de l'année était la théologie naturelle, le rapport présente les 10 soirées
par ordre chronologique, chacune a rassemblé entre 15 et 20 personnes.
CR 12-09-07 : Présentation de Mireille Leduc: La nature et Dieu au 18ème siècle, à partir du livre de Ian
Barbour « Religion and Science: Historical and Contemporary Issues ». Discussion sur la question du mal :
retour de l'homme à l'animalité ? La violence ordinaire et la violence « maligne » consciente d'elle-même
CR 10-10-07 : Exposé d'Eric Charmetant : « La nature dans le stoïcisme », un thème qui rejoint la
philosophie grecque du temps de St Paul. Contempler le monde, vivre en accord avec lui, garder une distance
par rapport aux passions. La permanence du pneuma concerne l'embrasement de l'univers entier (cf. le point
omega chez Teilhard) et pas la concentration du divin dans une personne comme le Christ. Le thème de vivre
en accord avec la loi naturelle est quelque chose de très fort dans la théologie catholique. L'idéal du sage
stoïcien qui arrive à tout mettre à distance, est très difficile à atteindre. Pour le stoïcisme le logos c'est la
raison commune qui peut donner lieu à une parole humaine. On peut dire aussi que la contemplation du
monde suscite une parole, mais c'est autre chose que la révélation biblique. Comment le stoïcisme voit la
notion de création ? Pour eux cette notion n'existe pas, le dieu est une force immanente au monde, une force
vitale qui se manifeste de l'intérieur.
CR 10-11-07 : AG de l'association FCS avec présentation des rapports moral et financier et de l'état de la
revue "Connaître". Annonce par Philippe Deterre de la venue fin avril d'un groupe du Finistère intéressé
notamment par les rapports entre sciences et religions. Discussion sur l'opportunité de rédiger un livre à
partir du colloque de mars 2007 « création contre évolution ? ».
CR 12-12-07 : Exposé de Bernard Saugier sur le livre de William Paley « Natural theology » paru en 1802,
et qualifié par Ayala de version originale de l'intelligent design. Ce livre a exercé une forte influence sur le
jeune Darwin par la pertinence des arguments développés : Paley connaît bien la biologie de son époque et
s'émerveille de la précision d'agencement des divers composantes d'un être vivant et refuse que cet
agencement puisse résulter du hasard. Par la suite, Darwin a conçu l'idée de variation au hasard chez les
organismes puis de sélection naturelle par analogie avec la sélection pratiquée par les éleveurs d'animaux
domestiques. Philippe Deterre se demande si la théologie naturelle est aujourd'hui utile pour l'intelligence de
la foi chrétienne, alors qu'elle a pu l'être il y a 2000 ans comme base de départ.
CR 9-01-2008 : Exposé de François Euvé sur « la place de l'homme dans la nature ». François oppose la
vision métaphysique d'Aristote de la permanence du monde avec la vision chrétienne bâtie à partir d'une
histoire racontée dans la Bible. St Thomas d'Aquin adopte le modèle d'Aristote ce que conteste St
Bonaventure et plus encore la lignée franciscaine avec Duns Scot (1266-1308) et Occam (1285-1347). Pour
eux seul Dieu est permanent, l'histoire a un sens, le mode est contingent et cette contingence a aussi un sens.
Le monde n'est pas achevé, et l'humanité peut participer au processus créateur. Les réductionnistes comme
Dennett ont une vision mécanique du vivant et sont moins intéressés par la nouveauté apportée par
l'évolution que par le jeu du hasard qui s'y manifeste. On réduit l'humain au vivant puis le vivant à l'inerte,
c'est pour Hans Jonas une métaphysique de la mort. En fin de compte l'homme doit être pensé par référence à
la notion d'un Dieu créateur et non pas d'un Dieu garant d'un ordre initial des choses. Pour Rémi Brague,
l'homme est d'une dignité plus grande que le monde, puisqu'il est la seule créature à l'image de Dieu. La
discussion fait émerger l'idée que la liberté est la capacité créatrice de l'homme : ne pas seulement reproduire
l'ancien, mais faire quelque chose de nouveau.
CR 13-02-08 : Mireille Leduc présente le livre de Jean-Michel Maldamé « Création et Providence ». Ce
livre comprend 3 parties : I - L'œuvre de Dieu - Etude biblique, II – La création comme don de l'être (les
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Pères de l'Église), III – Providence, histoire et destinée (la modernité). La notion de création permet de
répondre à la question de l'ordre et de l'intelligibilité de l'Univers (ce qui est au cœur de la philosophie de la
science). Elle apporte une lumière spécifique respectant à la fois la grandeur de Dieu et l'être humain comme
fondement et raison d'être ultime de la création. La création est toujours confrontée au scandale du mal. On
remarque dans la discussion l'absence de référence à la providence. Au départ, la providence est un concept
stoïcien, c'est l'idée qu'il y a un ordre cosmique global garanti par la déité et permettant à l'homme de vivre.
Y a-t-il une relation entre cette idée et l'idée plus biblique de l'histoire du salut ? La providence chrétienne se
joue d'abord dans la relation de personne à personne, pas de la personne au cosmos. Une autre question porte
sur la toute-puissance. On peut interpréter, dans le récit du chapitre 1 de la Genèse, le septième jour comme
une décision de Dieu de limiter sa puissance sur le monde qu'il vient de créer. On peut dire que la divinité de
Jésus consiste en sa foi parfaite, en sa relation totale avec celui qu'il appelait son Père.
CR 12-03-08 : « Foi et raison » dans leur rapport avec les sciences à partir de l'encyclique « Spe Salvi »
(Introduction par Marcelle L'Huillier). Marcelle rappelle quelques phrases qui l'ont marquée : « Tout agir
sérieux et droit de l'homme est espérance en acte... La science peut contribuer beaucoup à l'humanisation du
monde et de l'humanité, mais on demande trop à la science et l'on s'est trompé en considérant que l'homme
serait racheté par la science. La victoire de la raison sur l'irrationalité est aussi un but de la foi chrétienne »
mais si la raison n'est pas ouverte sur une transcendance, ouverte sur Dieu, elle se fourvoie et finalement
l'homme tombe dans un esclavage au lieu d'être libéré : « l'homme a besoin de Dieu, autrement il reste privé
d'espérance ». Benoît XVI souligne constamment les liens entre raison, liberté et amour. Divers points de
vue critiques ont été émis, dont l'un assez radical : C'est un beau texte intemporel, un beau texte de théologie.
L'Eglise, le christianisme a quelque chose à dire pour les gens de notre époque, pas pour des intellectuels
théologiens ! D'autres étaient plus positifs, donnant comme exemple : Si au progrès technique ne correspond
pas un progrès dans la formation éthique de l'homme, …, alors ce n'est pas un progrès, mais une menace
pour l'homme et pour le monde. La discussion est très animée, et un point important ressort : comment parler
aujourd'hui d'espérance pour l'homme, pour l'humanité, quel rôle peut-on attendre de la science ?
CR 09-04-08 : Exercice pratique sur le thème : « Comment voyons-nous Dieu dans la nature ? Peut-on
parler d'une théologie naturelle ? ». Les participants sont d'accord pour s'émerveiller devant la nature, mais
on peut au mieux en tirer l'idée d'une déité. Comment concilier cela avec l'incarnation du fils de Dieu? « Je
suis impressionnée par la structuration du cosmos, mais aussi par la gratuité, la diversité et la profusion
qu'on y observe à tous les niveaux. Cela exprime et signifie à mes yeux quelque chose de l'œuvre de Dieu ».
« Les sciences, la théologie sont du côté du "récit" et peuvent nous permettre, à nous croyants, avec l'aide de
l'Esprit, de lire l'œuvre et le projet du Créateur. Il y a aussi ce qui est indicible, la part de mystère connue
seulement de nuit. Dieu personne ne l'a jamais vu ! ». La nature est aussi source d'inspiration pour la prière.
Reste le problème du mal...
CR 14-05-08 : Discussion autour de la Préface du livre « Dieu dans la création » de J. Moltmann. On
souligne le rôle important du 7ème jour de la création, le sabbat où Dieu se repose de son œuvre, qui n'est pas
achevée. L'acte de création est expression de puissance, et Dieu maîtrise cette puissance en sachant s'arrêter.
C'est une incitation aux hommes de faire de même, de ne pas faire tout ce qui leur est possible, de gérer la
nature et pas seulement de l'exploiter.
CR 11-06-08 : Suite du tour de table du 9 avril sur la théologie naturelle. Quelques idées se dégagent : 1. La
contemplation de la nature est éveil à la transcendance pour certains, pas pour d'autres. 2. Si on croit en
Jésus-Christ, cette contemplation peut devenir relation à l'Autre et alimenter notre prière. 3. La création ne
concerne pas seulement l'univers matériel, elle est aussi combat contre le mal. 4. La foi en Jésus-Christ
donne aussi une espérance dans l'avenir de l'humanité, espérance particulièrement précieuse dans notre
monde actuel rempli d'incertitudes.
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