
Cependant, des tentatives se font jour, en vue de renouer avec une économie concertée, une
économie de programmes, fondée sur le dialogue et la prise en compte des coûts de l’homme.
En témoigne la recherche de nouvelles grilles de lecture, qu’il s’agisse de l’élaboration des
concepts d’une économie politique irriguée par les sciences humaines et sociales [Humbert M.
et Caillé A. (2006)], de la mise en œuvre d’une prévision soucieuse des contraintes du
développement durable [Galbraith J.K. (2008)], ou encore, de la construction d’indicateurs
sociétaux [Gadrey J. et Jany-Catrice F. (2005)], permettant de dépasser le réductionnisme
économique qui est à l’origine notamment de la confusion entre croissance et développement,
dont Perroux avait pris soin à plusieurs reprises de distinguer les termes.
À ce titre, nous souhaiterions montrer, dans cette contribution, de quelle manière les
interprétations liées à la prospective et au plan peuvent être articulées aujourd’hui aux
perspectives méthodologiques que cette économie politique tente d’ouvrir et de mettre en
œuvre. L’introduction aux travaux de Perroux sur le plan permettra, dans une première partie,
de faire émerger les relations fortes entre industrialisation, planification et création collective.
L’objectif demeure bien de reprendre l’interprétation de Perroux sur ce que devrait être la
participation du plan au processus de création collective.
Cette approche contribuera à mieux appréhender, dans une deuxième partie, les implications
d’une grille de lecture qui institue la valeur sociétale de l’activité comme principe
d’évaluation et de délibération, portant aussi bien sur l’investissement et les conditions de
production, l’échange et la répartition, que sur le travail et l’entreprise ; un principe qui
transforme le développement durable en une économie politique de la durée, fondée sur la
solidarité intergénérationnelle ; enfin, un principe qui contribue à redéfinir les méthodes et les
instruments de mesure de la création collective. En jouant le rôle d’une prospective sociétale,
la mise en œuvre de cette démarche délibérative ouvre sur une économie de programmes qui
permet de retrouver le sens des propositions de François Perroux.