Des soignants venus des horizons les
plus divers y participeront. «Ce sera
passionnant d’appliquer à d’autres sec-
teurs le système testé en oncologie», re-
lève Barbara Preusse. Elle attire l’atten-
tion sur le fait que l’Institut des sciences
infirmières de l’Université de Bâle tra-
vaille également sur le thème des soins
centrés sur la famille. Un projet du
Fonds national autour de cette théma-
tique vient d’être approuvé, concernant
le management des symptômes chez les
patients atteints du VIH/sida et de leurs
proches.
La formation de bénévoles et d’ai-
dants naturels constitue une autre voie
de développement. Des discussions sont
en cours sur la possibilité d’intégrer des
cours portant sur les soins centrés sur la
famille au programme des sections de la
CRS, qui sont directement concernées
par cette question.
... nouvelles perspectives
Au cours de cette seconde phase du
projet, il s’agit également de trouver de
meilleurs moyens de collaboration avec
les structures extra-hospitalières et de
faire en sorte que cette collaboration ne
soit pas le fruit du hasard. Des accords
devraient être conclus avec les services
d’aide et de soins à domicile et d’autres
organisations telles que le centre de
soins palliatifs ambulatoires, un servi-
ce d’accompagnement principalement
constitué de bénévoles. Seule l’implica-
tion de ce type d’institutions permettra
de garantir une qualité globale et du-
rable.
Un système d’avenir
Barbara Preusse est convaincue que
l’implication de la famille dans la prise
en charge et le soutien apporté au sys-
tème familial est une stratégie qui per-
mettra de mieux faire face aux change-
ments constants du système de santé.
Les développements démographiques et
du système de santé en Suisse ont des
conséquences sur l’évolution des soins,
tant dans le domaine de la formation
que dans la pratique. L’augmentation
massive du nombre de personnes âgées
et souffrant de maladies chroniques né-
cessitera à long terme un accompagne-
ment dans le sens des soins centrés sur
la famille.
Madame Eckert, lorsqu’on parle de
soins centrés sur la famille, cela signifie-t-il
que le patient qui entre dans le service
d’oncologie vient en quelque sorte avec
sa famille?
Susanne Eckert-Dreyer: Oui, il vient
avec elle. En cas de maladie chronique
surtout, les proches ont également vécu
la maladie et ont fait de nom-
breuses expériences. Ils sont
les experts de leur situation
et nous les prenons au sé-
rieux. Mais nous nous occu-
pons aussi des aspects diffi-
ciles, nous conseillons la fa-
mille et planifions les inter-
ventions avec elle.
Concrètement, que faites-vous autrement
que dans un service habituel?
Barbara Preusse-Bleuler: Nous ne
voulons pas simplement proposer au
patient l’ensemble des prestations mé-
dicales et soignantes. Si nous écoutons
vraiment lors de l’entretien d’anamnèse
et impliquons la famille, nous sommes
conscients de faire des choix qui sont
justes pour cette famille. Les interven-
tions sont plus efficaces.
Les soins centrés sur la personne deman-
dent certainement un investissement
supplémentaire. Peut-on assumer cela
du point de vue coût/efficacité?
Eckert: Comme nous sommes parallè-
lement en situation d’apprentissage et
que nous réfléchissons constamment à
la situation – avec les médecins aussi –
l’investissement est certainement consi-
dérable. Mais je suis persuadée que cet
investissement en temps porte ses fruits
à long terme.
Preusse: Il faudra naturellement en
apporter la preuve scientifique. Mais si
Culture des soins
42 Krankenpflege 4/2004
Soins infirmiers
nous prenons en considération des si-
tuations individuelles, nous constatons
que cet investissement supplémentaire
s’avère très rapidement utile. Nous
avons par exemple beaucoup moins de
patients qui reviennent. Le patient
rentre chez lui lorsque le moment est
approprié et que le soutien des proches
est assuré. La question
concernant le rapport coût/
efficacité est une question po-
litique. Si nous prenons en
considération la facture glo-
bale, les soins centrés sur
la famille sont certainement
rentables. Cela permet à la
famille de garder sa marge
de manœuvre, elle se trouve
renforcée dans sa capacité à se prendre
en charge, et pourra se passer de nos
interventions.
Eckert: L’efficience peut également
être démontrée à l’aide d’exemples
concrets. En organisant avec profession-
nalisme un entretien avec la famille,
on arrive souvent à une décision qui
s’avère judicieuse sur le plan financier.
Cela permet par exemple d’éviter d’in-
terminables thérapies destinées à pro-
longer la vie, que nous autres soignants
ne cautionnons pas et qui n’apportent
rien aux proches non plus.
Les soins centrés sur la famille ont-ils
modifié le rôle des soignants?
Eckert: Oui, par exemple au niveau de
la communication avec la famille, mais
également avec d’autres services. Notre
rôle est plus actif, notamment lorsqu’il
s’agit de trouver une solution dans des
situations complexes.
Preusse: Je suis convaincue que les
soins centrés sur la famille contribuent
à l’empowerment des soignants. Les
Interview avec Barbara Preusse et Susanne Eckert-Dreyer
Les soins centrés sur la famille valorisent le rôle des
soignants et leur permettent d’intervenir de manière plus
ciblée, affirment Barbara Preusse-Bleuler et Susanne
Eckert-Dreyer, qui accompagnent et mettent en pratique
un tel projet à l’Hôpital du Lindenhof à Berne.
«
L’investissement
en temps est im-
portant, mais il
porte ses fruits
à long terme.
»
Susanne Eckert-Dreyer
«Empowerment pour les