Vous analyserez les conséquences des politiques

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Corrigé de dissertation
Vous analyserez les conséquences des politiques budgétaires menées
depuis 2008 sur les économies des pays développées.
Dans la foulée de la crise financière des « subprimes » (2007), la banque
d'investissement Lehman Brothers fait faillite, le 15 septembre 2008. On attribue à cette
chute, deux grands types de conséquence sur l’économie mondiale. D’une part, la crise
financière se propage aux sphères économiques et sociales par une série d’enchainements
logiques (blocage du marché interbancaire, défaut de liquidité, entreprises et ménages n’ayant
plus accès au crédit pour investir et consommer, chute de la croissance, fermetures
d’entreprises, chômage…). D’autre part, la faillite de Lehman Brothers est l’occasion d’une
prise de conscience : la « main invisible » du marché ne suffira pas à un retour vers les
équilibres économiques. La solution (pour sauver, à court terme, le système bancaire et sortir,
à moyen terme, l’économie de la récession) est donc à rechercher du côté de l’action publique.
La politique budgétaire apparaît alors aux pays développés comme un instrument de
régulation pertinent, en vertu de sa conception keynésienne selon laquelle un déficit
budgétaire (dépenses publiques supérieures aux recettes) peut financer des programmes
d’investissement public, lorsque l’investissement privé est insuffisant. Agissant ici de manière
contracyclique, la politique budgétaire peut donc avoir un réel effet de relance. Il convient
toutefois de nuancer un tel optimisme. Contrairement à l’analyse keynésienne, l’approche
libérale considère davantage les dangers de politiques budgétaires trop expansionnistes
(endettement excessif et effet « Boule de neige ») et remet en cause leurs capacités à relancer
la croissance. Ainsi, face aux niveaux d’endettement très élevés de certains pays (La Grèce
par exemple), les libéraux préconisent des politiques d’austérité budgétaire, afin d’équilibrer
en priorité les finances publiques. Ceci, y compris en période de récession, quitte à accentuer
cette dernière à court terme, par effet procyclique.
Nous étudierons, ici, les politiques budgétaires des pays développés, dans le contexte global
de récession et de tensions sur les finances publiques qui est le leur depuis 2008. Suivant leur
évolution sur les cinq dernières années, nous commencerons par analyser l’effet des politiques
contracycliques (relance) engagées (plus ou moins) en urgence après la faillite de Lehman
Brothers, en 2008. Puis, consécutivement à la « crise de la dette grecque », nous observerons
comment ces mêmes politiques budgétaires ont été réorientées vers des objectifs plus
procycliques (austérité). Et surtout : quels en furent également les effets.
I - LES POLITIQUES BUGETAIRES DE RELANCE (2008-2009) CONTRIBUENT A
LIMITER LA RECESSION
A) Fondements de la relance : mécanismes théoriques et succès empiriques
En 2008, la décision des gouvernements de mettre en place des politiques de relance
s’appuie sur des analyses théoriques favorables à de telles politiques, ainsi que sur des
expériences historiques positives de la relance.
 Le multiplicateur keynésien (principe et mécanismes)
 Aux Etats Unis, le New Deal
 Développement de l’Etat Providence en France, durant les « 30 Glorieuses »
B) Formes et effet de la relance, dans les pays développés, à partir de 2008


Les pays développés engagent des politiques budgétaires de relance, différant entre
elles par leur nature, leur ampleur et leur chronologie. (doc. 1 et 2)
- En Grande Bretagne, l’accent est mis sur les allègements fiscaux en faveur de
la consommation des ménages les plus modestes
- En France, des allègements fiscaux également, mais afin de soutenir
l’investissement des entreprises. Dans le même but (soutien à
l’investissement), 20 milliards d’€ de dépense publique supplémentaire sont
débloqués
- Au niveau de la zone euro, la relance se mesure par le triplement des déficits
publics (de 2007 à 2008) puis à leur triplement encore en 2009 (-6.3 % du
PIB).
- Les Etats Unis, réagissent en des proportions plus profondes encore : dès 2008,
passage de -2.9 à -6.3% de déficit public, puis – 11.3 % en 2009
- Alors que le Japon tarde plus à réagir : maintien du déficit budgétaire en 2008
puis déficit multiplié par 4, seulement en 2009.
Globalement, ces politiques ont permis de limiter les conséquences négatives de la
crise. (doc. 1)
- En 2010, on assiste à une reprise de la croissance (+3% aux Etats Unis, + 4 %
au Japon, + 1.8% dans la zone Euro), après une ou deux années de baisse du
PIB
- Sauf au Japon, les prix continuent à augmenter, cette absence de déflation
signifie que la récession ne sombre pas dans la dépression, ce qui était
l’objectif premier (relativement atteint) de l’intervention budgétaire des Etats
TRANSITION :
-
Depuis 2008 : il est plus vraisemblable de parler de « limitation des dégâts » que de
véritable relance
Plus généralement : critique libérale de l’intervention de l’Etat (critique très générale ;
niveau 1ère ES)
II – A PARTIR DE 2010, LA VOLONTE DE LIMITER LA DERIVE DES FINANCES
PUBLIQUES CONTRAINT LES ETATS A METTRE EN ŒUVRE DES POLITIQUES
D’AUSTERITES QUI PEUVENT ACCENTUER LA RECESSION
A) Les effets pervers des politiques de relance : des déficits publics excessifs et
l’emballement des dettes publiques
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Principe de l’effet « Boule de neige »
Des dettes publiques qui augmentent mécaniquement (doc. 1)
o Etats Unis : de 62.3 % du PIB en 2007 à 94.4 % en 2010. On note toutefois
une baisse de l’endettement de 2009 à 2010 que l’on peut attribuer à la reprise
dynamique de la croissance en 2010
o Au Japon, déjà colossale en 2007 (187.7 % du PIB), la dette publique passe à
220 % du PIB en 2010
o Zone Euro : 66.4 % => 85.8 %
Explosion des taux d’intérêts sur la dette publique grecque, suite à un endettement
non contrôlé et des risques évoqués de non solvabilité de l’Etat (doc. 3)
Dès 2010, les taux d’intérêts pratiqués par les marchés financiers pour prêter à
l’Etat grec dépassent les 10 %
B) Le retour aux politiques d’austérité : des effets nuancés


Baisse des dépenses publiques et recherche de recettes supplémentaires (doc. 2
« les plans d’austérité en 2010 »)
Des effets contrastés :
o Limitation des déficits, sans réel ralentissement de l’endettement des Etats
(doc. 1 : de 2009 à 2011, les trois zones tentent de stabiliser, voire réduire leur
déficits publics, sans que cela n’empêche la dette publique de continuer à
exploser).
o Une austérité aux conséquences dépressives sur l’économie (doc. 1
ralentissement de la croissance en 2011, taux de chômage maintenu à des
niveaux historiquement élevés : 2009-2010-2011). Dans ce cas, on peut
supposer que la faiblesse des revenus et de l’emploi soit la cause principale
d’un endettement toujours fort
o Malgré l’austérité, et au vu des faibles performances de l’économie, les
marchés financiers continuent d’être méfiants comme le montrent les taux
d’intérêts toujours croissants sur la dette grecque (30 % en 2011, malgré les
plans d’austérité)
Cinq ans après la crise économique de 2008, les pays développés, dans leur ensemble,
n’ont pas renoué significativement avec la croissance. Et la sortie de la récession qui a suivi
cette crise apparaît, aujourd’hui encore, comme un horizon incertain, donnant lieu à débats et
conjectures…
Il est possible, toutefois de préciser, dès aujourd’hui, certaines analyses puisque nous
disposons de données concrètes : les politiques budgétaires qui se sont enchaînées depuis
2008 et leurs conséquences. L’évaluation de ces politiques, objet de la présente étude, ne
tranche pas pour autant en faveur des « bonnes » politiques budgétaires, contre les
« mauvaises ». Elle laisse ici aussi toute sa place au débat.
En effet, les partisans des politiques de relance contracyclique ont tendance à considérer,
rétrospectivement, que celles-ci ont bien eu lieu, mais qu’elles ont été trop tardives par
rapport à la soudaineté de la crise, les gouvernements ayant « trop » hésité avant de s’y lancer.
De même, l’effet de relance de l’économie aurait été décevant pour cause d’effort budgétaire
insuffisant lors de ces politiques.
A l’inverse, les partisans de politiques d’austérité, y compris en temps de récession,
(politiques procycliques), attribuent aux divers plans de relance des effets principalement sur
la dette publique et sur l’inflation. Toute politique budgétaire expansive accentuant, d’après
eux, la situation de déséquilibre macroéconomique que connaissent les pays développés
depuis 2008.
C’est contraint par ces deux considérations que tente d’avancer la politique budgétaire du
gouvernement français en place depuis 2012. Conscient de la nécessité d’impulsions en
direction de l’activité économique (l’investissement, le pouvoir d’achat), le gouvernement
s’efforce également d’assainir les finances publiques afin de ne pas perdre la confiance des
marchés financiers et de respecter à nouveau, dans un délai court, les critères dits de
« Maastricht », imposés par le traité du même nom (1992), dans le cadre de la création de
l’Euro. Car au-delà des situations nationales des pays développés, la crise de 2008 et les
différentes politiques budgétaires de 2008 et 2010, représentent un enjeu, renforçant ou
déstabilisant potentiellement la crédibilité de la monnaie européenne aux yeux des marchés
financiers et des partenaires commerciaux de l’Union Européenne.
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