2. De Cognitione Dei Redemptoris in Christo, quae Patribus sub

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2. De Cognitione Dei Redemptoris in Christo, quae
Patribus sub Lege primum, deinde et nobis in
2. DE L'INSTITUTION CHRESTIENNE QUI EST DE
LA
Evangelio patefacta est.
COGNOISSANCE
S'EST
MONSTRÉ
CHRIST:
DE
DIEU,
ENTANT
REDEMPTEUR
LAQUELLE
A
EN
ESTE
QU'IL
IESUS
COGNUE
PREMIEREMENT DES PERES SOUS LA LOY, ET
DEPUIS
NOUS
A
ESTE
MANIFESTEE
EN
L'EVANGILE.
2.1. Adae lapsu et defectione totum humanum genus
2.1. Comment, par la cheute et revolte d'Adam, tout
maledictioni fuisse addictum, et a prima origine
le genre humain a esté asservy à malediction, et est
degenerasse; ubi de peccato originali.
decheu de son origine, où il est aussi parlé du peché
originel.
2.1.1.
2.1.1.
Non sine causa, proverbio veteri tantopere homini
Ce n'est pas sans cause que par le proverbe
commendata semper fuit cognitio suiipsius. Nam si
ancien a tousiours esté tant recommandée à l'homme
turpe ignorare ducitur quaecunque ad humanae vitae
la cognoissance de soy mesme. Car si nous estimons
rationem pertinent: multo vero foedior ignorantia
que
nostri est, qua fit ut in capiendo de re qualibet
appartiennent à la vie humaine, la mescognoissance
necessaria consilio misere hallucinemur, atque adeo
de
caecutiamus. Verum quo utilior est praeceptio, eo
deshonneste, par laquelle il advient qu'en prenant
diligentius videndum est nobis ne ipsa praepostere
conseil de toutes choses necessaires, nous nous
utamur:
abusons povrement, et mesmes sommes du tout
accidisse.
quod
enim
est
encores
les
choses
beaucoup
qui
plus
plus utile, d'autant nous faut il plus diligemment
dignitatem excellentiamque suam nesciat; neque aliud
garder de ne l'entendre mal: ce que nous voyons
ipsum in se contemplari volunt, quam unde inani
estre advenu à d'aucuns Philosophes. Car quand ils
fiducia intumescat et superbia infletur . Nostri autem
admonnestent
cognitio primum in eo sita est, ut reputantes quid
l'amenent quant et quant à ce but, de considerer sa
nobis in creatione datum sit, et quam benigne suam
dignité et excellence: et ne luy font rien contempler
erga nos gratiam continuet Deus, sciamus quanta sit
sinon dont il se puisse eslever en vaine confiance,
naturae
integra
et s'enfler en orgueil. Or la cognoissance de nous
maneret: simul tamen cogitemus, nihil nobis inesse
mesmes gist premierement et est située à reputer
proprium, sed precario nos tenere quicquid in nos
ce qui nous avoit esté donné en la creation, et
Deus contulit, ut semper ab ipso pendeamus. Deinde
combien Dieu se monstre liberal à continuer sa
ut nobis occurrat misera post Adae lapsum nostra
bonne volonté envers nous, à fin de savoir par cela
conditio,
et
quelle seroit l'excellence de nostre nature, si elle
fiducia, nos pudore obrutos vere humiliet. Nam sicuti
fust demouree en son entier: et aussi de bien penser
Deus ad imaginem suam initio nos finxit, ut mentes
que nous n'avons rien de propre, mais que tout ce
nostras tum ad virtutis studium, tum ad aeternae
que Dieu nous a eslargi, nous le tenons de gratuité,
vitae meditationem erigeret: ita, ne socordia nostra
à, fin de dependre tousiours de luy. Le second est,
nostrae
cuius
simul
excellentia,
sensus,
hortantur
mesmes
d'ignorer
ne
finem
hominem
videmus
honte
aveuglez. Mais d'autant que ce commandement est
noverit,
dum
quibusdam
nous
soit
ut
seipsum
Illi
philosophis
ce
proponunt,
siquidem
prostrata
omni
gloria
l'homme
de
se
cognoistre,
ils
obruatur tanta generis nostri nobilitas quae nos a
que nostre miserable condition qui est survenue par
brutis animalibus discernit, cognoscere operaepretium
la cheute d'Adam, nous vienne devant les yeux, et
est, ideo nos ratione et intelligentia praeditos esse,
que le sentiment d'icelle abbate en nous toute gloire
ut sanctam et honestam vitam colendo ad propositum
et presomption, et en nous accablant de honte, nous
beatae immortalitatis scopum tendamus. Caeterum in
humilié.
mentem venire nequit prima illa dignitas, quin mox
commencement formez à son image (Gen. 1, 27),
ex
et
pour dresser noz esprits à vertu et tout bien,
ignominiae nostrae spectaculum, ex quo in primi
mesmes à la meditation de la vie celeste, il nous
hominis persona ab origine nostra excidimus. Unde
est expedient de cognoistre que nous sommes douez
et nostri odium ac displicentia veraque humilitas
de raison et intelligence, à fin de tendre au but qui
oritur, et novum accenditur quaerendi Dei studium, in
nous est proposé de l'immortalité bienheureuse, qui
quo
nous est apprestee au ciel, à, fin que la noblesse en
altera
parte
quisque
ea
se
bona
offerat
triste
recuperet
foeditatis
quorum
prorsus
inanes et vacui deprehendimur.
Car
selon
que
Dieu
nous
a
du
laquelle Dieu nous a eslevez, ne soit aneantie par
nostre nonchalance et brutalité. Au reste, ceste
premiere dignité ne nous peut venir au devant, qu'à
l'opposite nous ne soyons contreins de voir un triste
spectacle de nostre deformité et ignominie, d'autant
que nous sommes decheuz de nostre origine en la
personne
d'Adam:
dont
procede
la
haine
et
desplaisance de nous mesmies avec vraye humilité,
et aussi une affection nouvelle de chercher Dieu est
enflambée, pour recouvrer en luy tous les biens
desquels
nous
sommes
trouvez
vuides
et
despourveuz.
2.1.2.
2.1.2.
Hoc sane quaerendum in excutiendis nobis esse
C'est ce que la verité de Dieu nous ordonne de
praescribit Dei veritas; nempe talem exigit notitiam,
chercher
quae nos et ab omni propriae facultatis confidentia
cognoissance
laquelle
procul avocet, et omni gloriandi materia destitutos,
presomption
de
ad
tenere
despouille de toute matiere de gloire, pour nous
convenit si ad rectam et sapiendi et agendi metam
amener à humilité. Laquelle reigle il nous convient
pertingere libet. Neque me latet quanto plausibilior
suyvre si nous voulons parvenir au but de bien
sit illa sententia quae ad reputanda nostra bona
sentir et bien faire. Ie say combien il est plus
potius nos invitat, quam ad inspiciendam, quae nos
agreable
pudore obruere debet, miseram nostram inopiam una
recognoistre ses graces et louanges, qu'à entendre
cum
magis
sa misere et povreté avec son opprobre dont il doit
appetat humanum ingenium quam blanditiis demulceri;
estre abysme en honte. Car il n'y a rien que l'esprit
atque ideo, ubi dotes suas magni fieri audit, in hanc
humain appete plus, que d'estre amielló de douces
partem
minus
parolles et flatteries. Pourtant, quand il entend qu'on
mirum est, hic adeo perniciose fuisse a maxima
prise ses biens, il n'est que trop enclin à croire tout
submissionem
ignominia.
nimia
adducat.
Siquidem
credulitate
Quam
nihil
regulam
est
propendet.
quod
Quo
en
à
nous
considerant,
nous
nostre
l'homme,
de
à
retire
propre
voir
savoir
une
loin
de
toute
vertu,
et
nous
qu'on
l'induise
à
hominum parte aberratum. Nam quum sit ingenitus
ce qui se dit à son advantage. Ainsi ce n'est pas de
universis
amor,
merveilles que la pluspart du monde a ainsi erré en
libentissime sibi persuadent nihil inesse sibi quod
cest endroit. Car comme ainsi soit que les hommes
merito
ayent
mortalibus
debeat
patrocinio
plusquam
esse
odiosum.
alieno
amour
d'eux
mesmes
desordonné
et
rien en eux digne d'estre desprisé. Ainsi sans avoir
beateque vivendum. Quod siqui modestius sentire
autre advocat, tous reçoivent ceste vaine opinion,
volunt,
sibi
que l'homme est suffisant de soy mesme à bien et
arrogare omnia videantur: sic tamen partiuntur ut
heureusement vivre. S'il y en a quelques uns qui
potissima et gloriae et fiduciae materia semper apud
vueillent plus modestement sentir, combien qu'ils
se resideat. Iam si accedit oratio, quae sponte
concedent quelque chose à Dieu, afin qu'il ne semble
prurientem
suis
qu'ils s'attribuent le tout, neantmoins ils partissent
arrideat.
tellement entre Dieu et eux, que la principale partie
naturae
de gloire et presomption leur demeure. Puis qu'ainsi
praestantiam benignissime suo praeconio extulit, ita
est que l'homme est tant enclin de soy-mesme à se
magno
fuit
flatter, il n'y a rien qui luy puisse estre plus
exceptus. Sed enim quaecunque talis est humanae
plaisant que quand on chatouille l'orgueil qui est en
excellentiae
se
luy par vains allechemens. Parquoy celuy qui a le
acquiescere doceat, nihil aliud quam suavitate illa
plus exalté l'excellence de la nature humaine, a
sua delicias facit: et sic quidem illudit, ut qui
tousiours
assentiuntur, eos pessimo exitio perdat. Quorsum
doctrine, laquelle enseigne l'homme d'acquiescer en
enim pertinet, vana omni fiducia fretos deliberare,
soy
instituere,
rem
abuser, que quiconque y adiouste foy, en est ruyné.
pertinere: et defici quidem ac destitui tum sana
Car quel profit avons-nous de concevoir une vaine
intelligentia, tum vera virtute inter primos conatus:
fiance,
pergere tamen secure, donec in exitium corruamus?
entreprendre ce que nous pensons estre bon, et
Atqui non aliter succedere iis potest qui se aliquid
cependant defaillir, tant en saine intelligence, qu'en
posse
vertu
utcunque
illecebris
in
aliquid
Deo
hominis
titillet,
Proinde
abunde
ut
nihil
prope
commendatio,
tentare,
propria
moliri
virtute
ne
superbiam
magis
humanae
omnium
quae
quae
ad
concedant,
quod
unusquisque
seculorum
sufficere
medullis
est
fidem
un
bene
sibi
opinio
sine
aveuglé, ils se feront volontiers accroire qu'il n'y a
hominem
haec
Ita
sui
passim
obtinet,
vanissima
caecus
applausu
hominem
putamus
confidunt.
in
ad
Talibus
ergo
esté
mesme,
le
ne
pour
mieux
le
fait
deliberer,
d'accomplir?
venu.
Neantmoins
qu'abuser:
et
ordonner,
Defaillir,
telle
tellement
tenter
dy-ie,
dés
et
le
magistris, qui reputandis tantum bonis nostris nos
commencement, et neantmoins poursuyvre d'un coeur
detinent, siquis auscultet, non in sui cognitionem
obstiné, iusques à ce que soyons du tout confonduz?
proficiet, sed in pessimam ignorationem abripietur.
Or il n'en peut autrement advenir à ceux qui se
conflent de pouvoir quelque chose par leur propre
vertu. Si quelcun donc escoute telle maniere de
docteurs, qui nous amusent à considerer nostre
iustice
et
vertu,
il
ne
profìtera
point
en
la
cognoissance de soy mesme, mais sera ravy en
ignorance trespernicieuse.
2.1.3.
2.1.3.
Ergo quum in hoc consentiat Dei veritas cum
publico
omnium
mortalium
sensu,
secundam
Pourtant, combien que la verité de Dieu convient
en cela avec le iugement commun de tous les
sapientiae
partem
in
nostri
repositam
hommes, que la seconde partie de nostre sagesse
esse: in ipsa tamen cognoscendi ratione magnum est
gist en la cognoissance de nous-mesmes: toutesfois
dissidium. Tunc enim homo, iudicio carnis, probe sibi
en la maniere de nous cognoistre il y a grande
exploratus
et
contrarieté. Car selon l'opinion de la chair il semble
integritate sua confisus, audaciam sumit, ac sese
bien advis que l'homme se cognoisse lors tresbien,
incitat ad virtutis officia: et indicto vitiis bello, ad id
quand en se confiant en son entendement et en sa
quod
vertu, il prend courage pour s'appliquer à faire son
videtur,
pulchrum
quum
et
cognitione
et
honestum
intelligentia
est
toto
studio
incumbere conatur. Qui autem se ad amussim divini
devoir: et renonçant à tous vices,
iudicii inspicit et examinat, nihil reperit quod animum
ce qui est bon et honneste. Mais celuy qui se
ad
se
considere bien selon la reigle du iugement de Dieu,
excussit, eo magis deiicitur: donec omni fiducia
ne trouve rien qui puisse eslever son coeur en
prorsus
bonne
bonam
fiduciam
abdicatus,
instituendam
erigat:
nihil
relinquit.
ac
quo
sibi
ad
Neque
penitius
vitam
tamen
recte
vult
nos
fiance:
et
profondement,
d'autant
d'autant
s'efforce de faire
qu'il
est-il
s'examine
plus
plus
abbatu:
tant
oblivisci Deus primae nobilitatis, quam Adae patri
qu'entierement deietté de toute esperance, il ne se
nostro
iustitiae
laisse rien parquoy il puisse droitement ordonner sa
bonitatisque studium merito expergefacere debeat.
vie. Toutesfois Dieu ne veut pas que nous oublions
Non enim possumus aut primam nostram originem,
nostre premiere dignité, laquelle il avoit mise en
aut
nostre pere Adam: voire entant qu'elle nous doit
contulerat,
quorsum
meditandam
nempe
conditi
quae
sumus
immortalitatem,
nos
ad
cogitare,
quin
expetendumque
ad
Dei
esveiller
et
pousser
à
suyvre
honnesteté
et
regnum pungamur. Sed tantum abest ut animos nobis
droicture. Car nous ne pouvons penser ny à nostre
faciat ista recognitio, ut potius submissis illis, ad
premiere origine, ny à la fin à laquelle nous sommes
humilitatem prosternat. Quae enim illa est origo?
creez, que ceste cogitation ne nous soit comme un
Nempe a qua excidimus. Quis ille creationis nostrae
aiguillon, pour nous stimuler et poindre à mediter et
finis?
miserae
desirer l'immortalité du royaume de Dieu. Mais tant
nostrae sortis pertaesi ingemiscamus: ingemiscendo,
s'en faut que ceste recognoissance nous doive enfler
ad perditam illam dignitatem suspiremus. Nos autem,
le coeur, que plustost elle nous doit amener à
quum dicimus nihil in se oportere hominem intueri
humilité et modestie. Car quelle est ceste origine?
quod ipsum animosum reddat, intelligimus nihil esse
assavoir de laquelie nous sommes decheuz. Quelle
penes ipsum cuius fiducia debeat superbire. Quare si
est la fin de nostre creation? celle de laquelle nous
libet, quam homo sui notitiam habere debet, ita
sommes du tout destournez: tellement qu'il ne nous
partiamur, ut primo loco, quem in finem creatus sit,
reste
et donis non contemnendis praeditus, reputet: qua
miserable
cogitatione
gemissant, souspirions apres nostre dignité perdue.
A
quo
ad
penitus
divini
aversi
sumus,
cultus
ut
vitaeque
futurae
rien,
sinon
qu'apres
condition,
avoir
nous
reputé
gemissions:
nostre
et
en
meditationem excitetur: deinde suas facultates, vel
Or
certe facultatum inopiam expendat: qua perspecta,
l'homme regarde rien en soy qui luy esleve le coeur,
non secus atque in nihilum redactus, in extrema
nous entendons qu'il n'y a rien en luy pourquoy il se
confusione iaceat. Huc tendit prior consideratio, ut
doive enorgueillir. Pourtant s'il semble bon à chacun,
quale sit officium suum agnoscat: altera, quid ad
divisons ainsi la cognoissance que l'homme doit avoir
ipsum praestandum valeat. De utraque, prout series
de soy mesme: c'est qu'en premier lieu il considere
docendi poscet, a nobis disseretur.
à, quelle fin il a esté creé et doué des graces
quand
singulieres
nous
que
disons
Dieu
qu'il
luy
a
ne
faut
faites:
point
par
que
laquelle
cogitation il soit incité à mediter la vie future, et
desirer de servir à Dieu. En apres, qu'il estime ses
richesses, ou plustost son indigence: laquelle cognue
il soit abbatu en extreme confusion, comme s'il
estoit redigé à neant. La premiere consideration tend
à cela, qu'il cognoisse quel est son devoir et office:
la seconde, qu'il cognoisse combien il est capable de
faire ce qu'il doit. Nous dirons de l'un et de l'autre
çà et là, comme le portera l'ordre de la dispute.
2.1.4.
2.1.4.
Quia vero non leve delictum, sed detestabile
Or pource que ce n'a point esté un delict leger,
fuisse scelus oportet, quod tam severe ultus est
mais
Deus,
Adae
rigoureusement puni, nous avons icy à considerer
Dei
quelle a esté ceste espece de peché en la cheute
vindictam accendit in totum humanum genus. Puerile
d'Adam, laquelle a provoque et enflambé sur tout le
est quod de gulae intemperie vulgo receptum fuit.
genre humain une vengeance si horrible. Ce qui a
Quasi vero summa et caput virtutum omnium in
esté
abstinentia unius tantum fructus fuerit, quum undique
puerile, que Dieu l'a ainsi puni à cause de sa
affluerent
deliciae,
friandise. Comme si le chef et le principal de toutes
atque in beata illa terrae foecunditate non tantum
vertus eust esté, s'abstenir de manger d'une espece
copia ad lautitias suppeteret, sed etiam varietas.
de fruit, veu que de tous costez les delices qu'il
Altius igitur spectandum, quia prohibitio ab arbore
pouvoit souhaiter luy estoyent ofiertes: et en la
scientiae boni et mali, obedientiae examen fuit, ut
fecondité qui estoit pour lors non seulement il avoit
parendo
subesse
de quoy se souler à son plaisir, mais varieté pour
probaret. Nomen vero ipsum ostendit praecepti non
satisfaire à tous ses appetis. Il nous faut donques
alium fuisse finem, quam ut sua sorte contentus, se
regarder plus haut: c'est que la defense de toucher à
improba
l'arbre de science de bien et de mal luy estoit
species
consideranda
autem,
ipsa
nobis
peccati
est,
quaecunque
Adam
se
cupiditate
qua
vitam
in
quae
expetibiles
Dei
imperio
altius
non
aeternam
lapsu
horribilem
erant
libenter
efferret.
sperare
Promissio
iussus
est
un
crime
receu
par
et
mortis
commandement
simulac
gustaret
de
arbore
une
opinion
lequel
Dieu
commune
a
est
si
trop
comme un examen d'obeissance, à fin qu'il monstrast
quandiu ederet de arbore vitae: rursum horrenda
denuntiatio,
detestable,
approuvast
qu'il
se
de
Dieu.
submettoit
Or
le
volontiers
nom
de
au
l'arbre
scientiae boni et mali, ad fidem eius probandam et
monstre qu'il n'y a eu autre fin au precepte, sinon
exercendam spectabat. Hinc elicere non difficile est
qu'Adam
quibus modis in se provocaverit Adam iram Dei. Non
s'eslevast point plus haut par quelque folle cupidité
male
dicit
et excessive. Davantage la promesse qui luy estoit
malorum omnium fuisse initium: quia nisi hominem
donnée de vivre à iamais pendant qu'il mangeroit de
altius quam licebat et quam fas erat extulisset
l'arbre de vie: et à l'opposite l'horrible menace, que
ambitio, manere poterat in suo gradu: plenior tamen
si tost qu'il auroit gousté du fruict de science de
definitio ex tentationis specie, quam describit Moses,
bien et de mal, il mourroit, luy devoit servir à
sumenda est. Nam dum serpentis captione abducitur
esprouver et exercer sa foy. Dont il est facile à
per infidelitatem mulier a verbo Dei, iam initium
recueillir en quelle façon il a provoque l'ire de Dieu
quidem
Augustinus,
dum
superbiam
en
se
contentant
de
sa
condition
ne
ruinae
etiam
contre soy. Sainct Augustin ne dit pas mal, que
confirmat firmat Paulus, unius hominis inobedientia
l'orgueil a esté commencement de tous maux, pource
omnes
tamen
que si l'ambition n'eust transporté l'homme plus haut
notandum, descivisse primum hominem ab imperio
qu'il ne luy estoit licite, il pouvoit demourer en son
Dei,
degré. Toutesfois il nous faut prendre une definition
fuerit,
apparet
fuisse
fuisse
quod
sed
inobedientiam.
perditos
non
tantum
docens
.
Satanae
Simul
illecebris
plus pleine, de l'espece de tentation telle que Moyse
mendacium. Et certe contempto Dei verbo, excutitur
la descrit. Car quand la femme par l'astuce du
omnis eius reverentia: quia nec aliter consistit eius
serpent est destournee de la parolle de Dieu à
maiestas inter nos, nec integer manet eius cultus,
infidelité, desia il appert que le commencement de
nisi dum ab eius pendemus ore. Proinde infidelitas
ruine a esté desobeissance: ce que sainct Paul
radix defectionis fuit. Hinc autem emersit ambitio, et
conferme, en disant que par la desobeissance d'un
superbia, quibus annexa fuit ingratitudo, quod Adam
homme nous sommes tous perdus (Rom. 5, 19).
plus appetendo quam concessum erat, tantam Dei
Cependant il faut aussi noter, que l'homme s'est
liberalitatem qua ditatus erat, indigne sprevit. Haec
aussi soustraict et revolté de la suiection de Dieu,
vero prodigiosa fuit impietas, terrae filio parum
d'autant que non seulement il a esté trompé par les
videri quod ad similitudinem Dei factus esset, nisi
allechemens de Satan, mais aussi qu'en mesprisant la
accedat aequalitas. Si foedum et exsecrabile scelus
verité, il s'est forvoyé en mensonge. Et de fait en
est apostasia, qua se homo conditoris sui imperio
ne tenant conte de la parolle de Dieu, on abbat
subducit, imo petulanter excutit eius iugum, frustra
toute
extenuatur peccatum Adae. Quanquam non simplex
maiesté ne peut autrement consister entre nous, et
apostasia fuit, sed cum foedis in Deum probris
qu'aussi on ne le peut deuement servir, sinon en se
coniuncta, dum Satanae calumniis subscribunt quibus
rengeant à sa'parolle. Parquoy l'infidelité a esté la
Deum
racine de la revolte. De là est procedée l'ambition et
insimulat.
mendacii
Denique
veritate,
captus
ad
et
contempta
Quod
et
invidiae
infidelitas
deflexerit
et
malignitatis
qu'on
luy
doit,
pource
que
sa
ianuam
orgueil: ausquels deux vices l'ingratitude a esté
aperuit: ambitio vero contumaciae fuit mater, ut
coniointe, en ce qu'Adam appetant plus qu'il ne luy
homines, abiecto Dei metu, sese proiicerent quo
estoit ottroyé, a vilainement desdaigné la liberalité
ferebat libido. Itaque recte Bernardus ianuam salutis
de Dieu, dont il estoit tant et plus enrichi. Ç'a esté
aperiri nobis docet, quum hodie Evangelium auribus
certes une impieté monstrueuse, que celuy qui ne
recipimus:
sicuti
faisoit que sortir de terre, ne se soit contenté de
patuerunt,
mors
illis
ambitioni
reverence
fenestris,
admissa
fuit.
dum
Satanae
Nunquam
enim
ressembler à Dieu, sinon qu'il luy fust egal. Si
repugnare Dei imperio ausus fuisset Adam nisi eius
l'apostasie
verbo incredulus. Optimum scilicet hoc erat fraenum
soustrait de la superiorité de son createur, est un
ad omnes affectus rite temperandos, nihil melius
crime vilain et execrable, mesme quand il reiette
esse quam Dei mandatis parendo, colere iustitiam:
son ioug avec une audace effrontée, c'est en vain
deinde ultimam foelicis vitae metam esse ab ipso
qu'on veut amoindrir le peché d'Adam: combien que
diligi. Diaboli ergo blasphemiis abreptus, quantum in
l'homme et la femme n'ont pas esté simplement
se erat exinanivit totam Dei gloriam.
apostats, mais ont outrageusement deshonoré Dieu,
ou
revolte,
par
laquelle
l'homme
se
en s'accordant à la calomnie de Satan: par laquelle il
accusoit Dieu de mensonge, malice et chicheté. Bref,
Pinfidelité a ouvert la porte à ambition, et l'ambition
a esté mere d'arrogance et fierté, à ce qu'Adam et
Evë se iettassent hors des gons, là où leur cupidité
les tiroit. Parquoy sainct Bernard dit tresbien, que la
porte de salut est en noz oreilles quand nous
recevons l'Evangile, comme ç'ont esté les fenestres
pour recevoir la mort. Car iamais Adam n'eust osé
resister à l'empire souverain de Dieu, s'il n'eust esté
incredule à sa parolle: car c'estoit une assez bonne
bride pour moderer et restreindre tous mau-vais
appetis de savoir qu'il n'y avoit rien meilleur, qu'en
obtemperant aux commandemens de Dieu, s'adonner
à
bien
faire.
Estant
donc
transporté
par
les
blasphemes du diable, entant qu'en luy estoit, il a
aneanti toute la gloire de Dieu.
2.1.5.
2.1.5.
Sicut spiritualis Adae vita erat, manere opifici
Or comme la vie spirituelle d'Adam estoit d'estre
suo coniunctum et devinctum: ita alienatio ab eo fuit
et demeurer conioinct avec son createur: aussi la
animae
suum
mort de son ame a esté d'en estre separé. Et ne se
naturae
faut esbahir s'il a ruiné tout son lignage par sa
ordinem pervertit in caelo et in terra. Ingemiscunt
revolte, ayant perverty tout ordre de nature au ciel
omnes creaturae, inquit Paulus, corruptioni obnoxiae,
et en la terre. Toutes creatures gemissent, dit
non volentes . Si causa quaeritur, non dubium est
sainct Paul, estans suiettes à corruption, et non pas
quin partem sustineant eius poenae quam promeritus
de leur vouloir (Rom. 8, 22). Si on cherche la
est homo, in cuius usum conditae fuerant. Quum
cause, il n'y a doute que c'est d'autant qu'elles
ergo sursum et deorsum ex eius culpa fluxerit
souffrent une partie de la peine que l'homme a
maledictio, quae grassatur per omnes mundi plagas,
merité, pour l'usage et service duquel elles ont esté
nihil a ratione alienum si propagata fuerit ad totam
faites. Puis donques que la malediction de Dieu s'est
eius sobolem. Postquam ergo in eo obliterata fuit
espandue haut et bas, et a la vogue par toutes les
caelestis imago, non solus sustinuit hanc poenam, ut
regions du monde à cause de la coulpe d'Adam, ce
in locum sapientiae, virtutis, sanctitatis, veritatis,
n'est point merveilles si elle est descoulée sur toute
iustitiae
fuerat)
sa posterité. Parquoy d'autant qu'en luy l'image
impotentia,
celeste a esté effacée, il n'a pas enduré luy seul
interitus.
pessundedit
sua
Nec
mirum
defectione
(quibus
teterrimae
cederent
impuritas,
vanitas,
qui
ornamentis
pestes,
iniustitia:
si
genus
totum
vestitus
caecitas,
quoque
ceste punition, qu'au lieu qu'il avoit esté doué et
miseriis implicuit suam progeniem, ac immersit. Haec
revestu de sagesse, vertu, verité, saincteté et iustice
est haereditaria corruptio, quam peccatum originale
ces
veteres
intelligentes
aveuglement, defaillance à tout bien, immondicité,
naturae antea bonae puraeque depravationem. Qua de
vanité et iniustice: mais aussi a envelopé, voire
re multa fuit illis concertatio, quum a communi
plongé en pareilles miseres toute sa lignée. C'est la
sensu nihil magis sit remotum quam ob unius culpam
corruption hereditaire que les anciens ont nommé
fieri omnes reos, et ita peccatum fieri commune.
Peché originel, entendans par ce mot de Peché, une
Quae videtur fuisse ratio vetustissimis Ecclesiae
depravation de natures, laquelle estoit bonne et pure
nuncuparunt,
Peccati
sed
iisdem
voce
pestes
detestables
ayent
dominé
en
luy,
doctoribus cur obscure tantum perstringerent hoc
auparavant. Or ils ont soustenu grans combats sur
caput:
ceste matiere, pource qu'il n'y a rien plus contraire
saltem
minus
dilucide
explicarent. Neque tamen haec
potuit
quin
surgeret
par
timiditas
efficere
au
sens
commun,
que
de
faire
tout
le
monde
coulpable pour la faute d'un seul homme, et ainsi
commentum fuit, Adam suo tantum damno peccasse,
faire le peché commun. Et semble bien que les plus
nihil nocuisse posteris; hac scilicet astutia Satan
anciens
morbum
tentavit.
obscurement, ou qu'ils l'ayent moins declairé qu'il
Scripturae
n'estoit requis, de peur d'estre assaillis par telles
testimonio, peccatum a primo homine transiisse in
disputes. Toutesfois une telle crainte n'a peu faire
totam
per
qu'un heretique nommé Pelage ne se soit eslevé
imitationem, non propaginem. Ergo boni viri in hoc
avec ceste opinion profane, qu'Adam n'avoit fait mal
elaborarunt
ut
qu'à soy en pechant, et n'avoit point nuy à ses
ostenderent nos non ascita nequitia corrumpi, sed
successeurs. Or Satan par ceste astuce s'est efforcé,
ingenitam vitiositatem ab utero matris afferre. Quod
en couvrant la maladie, de la rendre incurable. Or
inficiari summae impudentiae fuit. Sed Pelagianorum
estant conveincu par manifestes tesmoignages de
et Caelestianorum temeritatem non mirabitur qui ex
l'Escriture, que le peché estoit descendu du premier
illius sancti viri monumentis perspexerit quam fuerint
homme en toute sa posterité, il cavilloit qu'il y
in aliis omnibus perditae frontis bestiae. Certe non
estoit descendu par imitation, et non point par
ambiguum
in
generation. Pourtant ces saincts personnages se sont
iniquitatibus genitum, et in peccato conceptum a
efforcez de monstrer, et sainct Augustin par dessus
matre . Non arguit illic patris aut matris delicta:
tous
sed, quo Dei erga se bonitatem melius commendet,
corrompus de malice que nous attirions d'ailleurs par
propriae perversitatis confessionem ab ipsa genitura
exemple, mais que nous apportons nostre perversité
repetit. Quum id Davidi peculiare non fuisse constet,
du ventre de la mere. Laquelle chose ne se peut
sequitur communem humani generis sortem sub eius
nier
exemplo notari. Omnes ergo qui ab impuro semine
s'esmerveillera
descendimus,
infecti:
Celestins en cest endroit, qui aura veu par les
imo, antequam lucem hanc vitae aspicimus, sumus in
escrits de sainct Augustin quelles bestes ils ont
Dei conspectu foedati et inquinati. Quis enim daret
esté, et combien il y avoit peu de vergogne en eux.
mundum de immundo? Ne unus quidem, ut est in
Certes ce que confesse David est indubitable: c'est
libro Iob.
qu'il a esté engendré en iniquité, et que sa mere l'a
Caeterum
quum
incurabilem
evinceretur
posteritatem:
(ac
est
quod
peccati
reddere
manifesto
cavillabatur
prae
cuius
erat
profanum
tegendo,
Pelagius,
quam
aliis
confitetur
contagione
transiisse
Augustinus),
David,
nascimur
se
docteurs
les
autres,
sans
grande
de
ayent
que
touché
nous
impudence.
la
cest
ne
article
sommes
Toutesfois
temerité
des
plus
point
nul
ne
Pelagiens
et
conceu en peché (Ps. 51, 7). Il n'accuse point là les
fautes de ses parens, mais pour mieux glorifier la
bonté de Dieu envers soy, il' reduit en memoire sa
perversité dés sa premiere naissance. Or cela n'a
pas esté particulier à David: il s'ensuit donc que la
condition universelle de tous hommes est demonstree
par
son
produits
exemple.
de
Nous
semence
tous
immonde,
donc
qui
sommes
naissons
souillez
d'infection de peché: et mesmes devant que sortir
en lumiere, nous sommes contaminez devant la face
de Dieu. Car qui estce qui pourra faire une chose
pure, qui est introduite d'immondicité? comme il est
dit au livre de Iob (Iob 14, 4).
2.1.6.
2.1.6.
Audimus
ita
parentum
Nous oyons que la souillure des peres parvient
immunditiem, ut omnes citra ullam exceptionem, sua
tellement aux enfans de lignée en lignée, que tous
origine sint inquinati. Huius autem pollutionis non
sans exception en sont entachez dés leur origine. Or
reperietur
omnium
on ne trouvera nul commencement de ceste pollution,
parentem, tanquam ad fontem, ascendimus. Ita certe
sinon qu'on monte iusques au premier pere de tous,
habendum est, fuisse Adamum humanae naturae non
comme à la fontaine. Certainement il nous faut avoir
progenitorem modo, sed quasi radicem, atque ideo in
cela pour resolu, qu'Adam n'a pas seulement esté
illius corruptione merito vitiatum fuisse hominum
pere de l'humaine nature, mais comme souche ou
genus. Quod ex illius et Christi comparatione planum
racine: et pourtant qu'en la corruption d'iceluy, le
facit Apostolus. Quemadmodum (inquit) per unum
genre humain par raison a esté corrompu. Ce que
hominem peccatum intravit in universum mundum, et
l'Apostre
per
filios
homines
l'accomparageant avec Christ: Tout ainsi, dit-il, que
ita
le
exordium,
peccatum
pervagata,
in
mors
quando
transmitti
nisi
:
ad
quae
omnes
primum
in
omnes
peccaverunt:
per
plus
peché
est
clairement
entré
par
un
demonstre,
homme
au
en
monde
gratiam Christi iustitia et vita nobis restituta est.
universel, et par le peché, la mort, laquelle a esté
Quid
Adae
espandue sur tous hommes, entant que tous ont
imitatione propagatum? Ergone ex Christi iustitia
peché: semblablement par la grace de Christ iustice
nihil aliud proficimus, nisi quod exemplum nobis est
et
ad imitationem propositum? Quis tantum sacrilegium
babilleront icy les Pelagiens, que le peché a esté
ferat?
Christi
espars au monde par l'imitation d'Adam? N'avons-
iustitiam communicatione nostram esse, et ex ea
nous donc autre profit de la grace de Christ, sinon
vitam: simul conficitur, utranque ita in Adam fuisse
qu'elle
perditam, ut in Christo recuperetur: peccatum vero
ensuyvre? Et qui pourroit endurer tel blaspheme? Or
et mortem ita per Adam obrepsisse, ut per Christum
il n'y a nulle doute que la grace de Christ ne soit
aboleantur. Non sunt obscura verba, iustificari multos
nostre par communication, et que par icelle nous
per Christi obedientiam, quemadmodum per Adae
n'ayons vie: il s'ensuit pareillement que l'une et
inobedientiam peccatores fuerant constituti. Ideoque
l'autre a esté perdue en Adam, comme nous les
inter eos duos hanc esse relationem, quod hic nos
recouvrons en Christ: et que le peché et la mort ont
suo exitio involutos secum perdidit: ille nos sua
esté engendrez en nous par Adam, comme ils sont
gratia in salutem restituit. In tam perspicua luce
abolis
veritatis nihil longiori vel magis laboriosa probatione
obscures, que plusieurs sont iustifìez par l'obeissance
opus esse arbitror. Sic et in priore ad Corinthios,
de Christ, comme ils ont esté constituez pecheurs
quum in resurrectionis fiducia vult pios confirmare,
par la desobeissance d'Adam: et pourtant, que tout
ostendit recuperari in Christo vitam, quae in Adam
ainsi qu'Adam nous enveloppant en sa ruine a esté
perdita fuerat . Qui nos omnes in Adam mortuos
cause de nostre perdition, pareillement Christ nous
esse pronuntiat, iam simul aperte quoque testatur,
rameine à salut par sa grace. Ie ne pense point qu'il
peccati labe esse implicitos. Neque enim ad eos
soit mestier de plus longue probation en une si
hic
Quod
garrient
si
extra
Pelagiani?
peccatum
controversiam
est,
vie
nous
nous
par
est
est
Christ.
restituée
proposée
Ces
(Rom.
en
parolles
5,
12).
exemple
ne
sont
Que
pour
point
perveniret
damnatio
qui
nulla
iniquitatis
culpa
claire
lumiere
de
verité.
Semblablement
en
la
attingerentur. Sed clarius intelligi quid velit, quam ex
premiere
alterius membri relatione, non potest, ubi spem vitae
fideles en l'esperance de la resurrection, dit que
restitutam in Christo docet. Satis autem scitur, illud
nous recouvrons en Christ la vie laquelle nous
non aliter fieri quam ubi mirifica illa communicatione
avions perdue en Adam (1 Cor. 15, 22). Quand il
iustitiae
transfundit;
prononce que nous sommes morts en Adam, il
quemadmodum alibi scribitur, Spiritum nobis vitam
demonstre bien que nous sommes entachez de la
esse propter iustitiam . Ergo neque aliter interpretari
contagion
licet quod dicitur, nos in Adam mortuos esse, quam
parviendroit point à nous, sinon que la coulpe nous
quod ipse peccando, non sibi tantum cladem ac
attouchast. Mais son intention se peut encore mieux
ruinam ascivit, sed naturam quoque nostram in simile
comprendre par le second membre, où il dit que
praecipitavit exitium. Neque id suo unius vitio, quod
l'esperance de vie est restituée par Christ. Or il est
nihil ad nos pertineat: sed quoniam universum suum
assez notoire que cela ne se fait point par autre
semen ea in quam lapsus erat vitiositate infecit. Nec
façon, que quand Iesus Christ se communique à nous
vero aliter staret illud Pauli, natura omnes esse irae
pour mettre en nous la vertu de sa iustice: selon
filios, nisi iam in ipso utero maledicti essent .
qu'il est dit en un autre passage, que son Esprit
Naturam vero illic notari, non qualis a Deo condita
nous est vie, à cause de la iustice (Rom. 8, 10).
est, sed ut in Adam vitiata fuit, facile colligitur: quia
Pourtant on ne peut autrement exposer ce mot, que
minime
mortis
nous sommes morts en Adam, sinon en disant que
authorem. Sic ergo se corrupit Adam, ut ab eo
luy ne s'est pas seulement ruiné et destruit en
transierit in totam sobolem contagio. Satis etiam
pechant, mais qu'il a aussi tiré avec soy nostre
clare pronuntiat caelestis ipse iudex Christus omnes
nature en semblable perdition. Non point que la
pravos et vitiosos nasci, ubi docet, quicquid genitum
coulpe soit à luy seul, sans nous attoucher, d'autant
est
qu'il a infecté toute sa semence de la perversité en
ex
suae
vim
in
consentaneum
carne,
carnem
nos
esset,
esse
Christus
Deum
,
fieri
ideoque
omnibus
clausam esse vitae ianuam, donec regeniti fuerint.
aux
de
Corinthiens,
son
peché:
voulant
car
la
confermer
damnation
les
ne
laquelle il a trebusché. Et de fait le dire de sainct
Paul, à savoir que tous de nature sont enfans d'ire
(Ephes. 2, 3), ne seroit pas autrement veritable,
sinon que desia ils fussent maudits au ventre de la
mere. Or on peut facilement recueillir, qu'en parlant
de nature, on ne la nomme pas telle qu'elle a esté
creée de Dieu, mais selon qu'elle a esté pervertie en
Adam: car il ne seroit point convenable que Dieu
fust fait autheur de la mort. Adam donc s'est
tellement corrompu et infecté, que la contagion est
descendue de luy sur tout son lignage. Mesmes
Iesus Christ, qui est le iuge devant lequel nous
aurons à rendre conte, prononce assez clairement
que nous naissons tous malins et vitieux, en disant
que tout ce qui est né de chair est chair (Iean 3,
6): et par ainsi que la porte de vie est close à tous,
iusques à ce qu'ils soyent regenerez.
2.1.7.
2.1.7.
Neque ad eius rei intelligentiam necessaria est
Et n'est ia mestier pour entendre cela, de nous
anxia disputatio, quae veteres non parum torsit: an
envelopper en ceste fascheuse dispute, laquelle a
filii anima ex traduce paternae animae oriatur, quod
grandement tormenté les anciens Docteurs: assavoir
in
esse
si l'ame du fils procede de la substance de l'ame
contentos oportet, Dominum, quas voluit humanae
paternelle, veu que c'est en l'ame que reside le
naturae collatas dotes, apud Adamum deposuisse.
peché originel. Il nous faut estre contens de savoir
Ideo illum, quum acceptas perdidit, non tantum sibi
que le Seigneur avoit mis en Adam les graces et
perdidisse,
animae
dons qu'il vouloit conferer à la nature humaine:
traduce sit sollicitus, ubi audiat Adamum nobis non
pourtant qu'iceluy, quand il les a perdus, ne les a
minus
perdidit,
point perdus seulement pour soy, mais pour nous
accepisse? non uni homini data illa fuisse, sed
tous. Qui est-ce qui se souciera de l'origine de
universae
ergo
l'ame, apres avoir entendu qu'Adam avoit receu les
inopsque
ornemens qu'il a perdus, non pas moins pour nous
destituitur: si illo per peccatum inquinato, in naturam
que pour soy, entant que Dieu ne les lùy avoit point
contagio serpit. Proinde a radice putrefacta rami
baillez comme à un seul homme en particulier, mais
putridi
afin
ea
absurdi,
potissimum
sed
quam
lues
nobis
sibi
omnibus.
ornamenta
hominis
si
resideat.
naturae
spoliato
prodierunt,
eo,
Quis
illa
nos
de
quae
attributa?
natura
qui
Eo
Nihil
nuda
suam
putredinem
que
toute
sa
lignée
en
iouist
avec
luy
transmiserunt ad alios ex se nascentes surculos. Sic
communement? Il n'y a point donc d'absurdité, si luy
enim vitiati sunt filii in parente, ut nepotibus essent
ayant esté despouillé, la nature humaine en a esté
tabifici: hoc est, ita corruptionis exordium in Adam
denuée:
fuit, ut perpetuo defluxu, a prioribus in posteros
rinfection en a esté espandue sur nous tous. Parquoy
transfundatur. Neque enim in substantia carnis aut
comme d'une racine pourrie ne procede que rameaux
animae causam habet contagio: sed quia a Deo ita
pourris,
fuit ordinatum, ut quae primo homini dona contulerat,
toutes les branches et feuilles qu'ils produisent: ainsi
ille tam sibi quam suis haberet simul ac perderet.
les enfans d'Adam ont esté contaminez en leur pere,
Quod autem cavillantur Pelagiani, verisimile non esse
et sont cause de pollution à leurs successeurs. C'est
a parentibus piis corruptionem ducere liberos, quum
à dire, le commencement de corruption a tellement
magis
facile
esté en Adam, qu'elle est espandue comme par un
refutatur. Non enim ex eorum regeneratione spirituali
perpetuel decours des peres aux enfans. Car la
descendunt, sed generatione carnali. Proinde, ut ait
souillure n'a point sa cause et fondement en la
Augustinus, sive reus infidelis, sive absolutus fidelis,
substance de la chair ou de l'ame, mais en ce que
non absolutos uterque generat, sed reos: quia ex
Dieu avoit ordonné que les dons qu'il avoit commis
vitiosa natura generat . Porro quod eorum sanctitati
en depost au premier homme, fussent communs et à
quodammodo communicant, specialis est populi Dei
luy et aux siens pour les garder ou pour les perdre.
benedictio, quae non facit quominus prima illa et
Et
universalis gentis humanae maledictio praecedat. Ex
Pelagiens. Ils disent qu'il n'est pas vray-semblable
natura
que les enfans qui naissent de parens fideles en
eorum
enim,
puritate
reatus:
supernaturali gratia.
sanctificari
debeant,
sanctificatio
autem
ex
est
si
luy
estant
lesquels
facile
de
souillé
transportent
refuter
ce
par
leur
que
le
pe-ché,
pourriture
cavillent
en
les
attirent corruption, veu qu'ils doyvent plustost estre
purifiez par leur pureté. A cela nous respondons, que
les enfans ne descendent point de la generation
spirituelle que les serviteurs de Dieu ont du sainct
Esprit, mais de la generation charnelle qu'ils ont
d'Adam. Pourtant comme dit sainct Augustin, Soit un
fidele qui sera encore coulpable, soit un fidele qui
soit absoux, l'un et l'autre engendreront des enfans
coulpables, pource qu'ils les engendrent de leur
nature vicieuse. Il est bien vray que Dieu sanctifie
les enfans des fideles à cause de leurs parens, mais
cela n'est point par vertu de leur nature, mais de sa
grace. C'est donc une benediction spirituelle, laquelle
n'empesche point que ceste premiere malediction ne
soit universellement en la nature humaine, car la
condamnation est dénaturé: mais ce que les enfans
sont sanctifiez, est de grace supernaturelle.
2.1.8.
2.1.8.
Atque ne haec de re incerta et incognita dicta
Or afin que cecy ne soit dit à la voilee, il nous
fuerint, peccatum originale definiamus. Neque vero
faut
singulas,
sunt,
intention n'est point d'examiner toutes les definitions
definitiones excutere mihi propositum est: sed unam
de ceux qui en ont escrit: mais seulement i'en
proferam duntaxat, quae veritati mihi videtur optime
donneray une, laquelle me semble estre conforme à
consentanea.
originale
la verité. Nous dirons donc que le peché originel est
haereditaria naturae nostrae pravitas et corruptio, in
une corruption et perversité hereditaire de nostre
omnes animae partes diffusa: quae primum facit reos
nature,
irae Dei, tum etiam opera in nobis profert quae
parties de l'ame, nous fait coulpables premierement
Scriptura vocat opera carnis . Atque id est proprie
de l'ire de Dieu, puis apres produit en nous les
quod a Paulo saepius peccatum nominatur. Quae vero
oeuvres que l'Escriture appelle OEuvres de la chair.
inde
adulteria,
Et est proprement cela que sainct Paul appelle
comessationes,
souventesfois Peché, sans adiouster Originel. Les
quae
fructus
scriptoribus
Videtur
emergunt
scortationes,
a
opera,
furta,
peccati
ergo
odia,
secundum
positae
peccatum
qualia
sunt
caedes,
hanc
rationem
vocat:
definir
le
laquelle
oeuvres
qui
en
peché
estant
originel.
Toutesfois
espandue
sortent,
comme
sur
sont
toutes
mon
les
adulteres,
quanquam et peccata, cum in Scripturis passim, tum
paillardises,
etiam ab ipso nuncupantur. Haec itaque duo distincte
gourmandises (Gal. 5, 19), il les appelle, selon ceste
observanda:
naturae
raison, Fruicts de peché: combien que toutes telles
nostrae partibus vitiati perversique, iam ob talem
oeuvres sont communement denommées Peché, tant
duntaxat corruptionem damnati merito convictique
par toute l'Escriture qu'en sainct Paul mesme. Il
coram Deo tenemur, cui nihil est acceptum nisi
nous
iustitia, innocentia, puritas. Neque ista est alieni
choses: c'est assavoir que nous sommes tellement
delicti obligatio; quod enim dicitur, nos per Adae
corrompus en toutes les parties de nostre nature,
peccatum obnoxios esse factos Dei iudicio: non ita
que pour ceste corruption nous sommes à bonne
est accipiendum, acsi insontes ipsi et immerentes
cause
culpam delicti eius sustineremus: sed quia per eius
agreable sinon iustice, innocence et pureté. Et ne
nempe,
quod
sic
omnibus
faudra
larrecins,
haines,
distinctement
damnables
devant
meurtres
considerer
Dieu,
auquel
ces
rien
et
deux
n'est
transgressionem maledictione induti sumus omnes,
faut dire que ceste obligation soit causée de la faute
dicitur ille nos obstrinxisse. Ab illo tamen non sola
d'autruy seulement, comme si nous respondions pour
in nos poena grassata est, sed instillata ab ipso lues
le peché de nostre premier pere sans avoir rien
in nobis residet, cui iure poena debetur. Quare
merité. Car en ce qui est dit, que par Adam nous
Augustinus, utcunque alienum peccatum saepe vocet
sommes faits redevables au iugement de Dieu, ce
(quo clarius ostendat propagine in nos derivari)
n'est pas à dire que nous sommes innocens, et que
simul tamen et proprium unicuique asserit . Et
sans avoir merité aucune peine nous portions la
Apostolus ipse disertissime testatur, ideo mortem in
folle-enchere de son peché: mais pource que par sa
omnes pervagatam, quod omnes peccarint , id est,
transgression
nous
involuti
confusion,
est
sint
originali
peccato,
et
eius
maculis
il
sommes
dit
nous
tous
enveloppez
avoir
tous
de
obligez.
inquinati. Atque ideo infantes quoque ipsi, dum suam
Toutesfois nous ne devons entendre qu'il nous ait
secum damnationem a matris utero afferunt, non
constituez seulement redevables de la peine, sans
alieno, sed suo ipsorum vitio sunt obstricti. Nam
nous avoir communiqué son peché. Car à la verité le
tametsi suae iniquitatis fructus nondum protulerint,
peché
habent tamen in se inclusum semen: imo tota eorum
iustement
natura, quoddam est peccati semen: ideo non odiosa
Augustin, combien qu'il l'appelle aucunes fois Le
et abominabilis Deo esse non potest. Unde sequitur,
peché d'autruy, pour monstrer plus clairement que
proprie coram Deo censeri peccatum: quia non esset
nous l'avons de race, toutesfois il asseure qu'il est
reatus absque culpa. Alterum deinde accedit, quod
propre à un chacun de nous. Et mesme l'Apostre
haec perversitas nunquam in nobis cessat, sed novos
tesmoigne que la mort est venue sur tous hommes,
assidue
ante
pource que tous ont peché (Rom. 5, 12): c'est à
descripsimus, opera carnis: non secus atque incensa
dire, que tous sont enveloppez du peché originel, et
fornax flammam et scintillas efflat, aut scaturigo
souillez des macules d'iceluy. Pour ceste cause les
aquam sine fine egerit. Quare qui peccatum originale
enfans mesmes sont enclos en ceste condamnation:
definierunt carentiam iustitiae originalis, quam inesse
non pas simplement pour le peché d'autruy, mais
nobis oportebat, quanquam id totum complectuntur
pour le leur propre. Car combien qu'ils n'ayent
quod in re est, non tamen satis significanter vim
encore produit fruicts de leur iniquité, toutesfois ils
atque energiam ipsius expresserunt. Non enim natura
en ont la semence cachée en eux. Et qui plus est,
nostra boni tantum inops et vacua est: sed malorum
leur nature est une semence de peché: pourtant elle
omnium adeo fertilis et ferax ut otiosa esse non
ne peut estre que desplaisante et abominable à Dieu.
possit. Qui dixerunt esse concupiscentiam, non nimis
Dont il s'ensuit qu'à bon droit et proprement tel mal
alieno verbo usi sunt, si modo adderetur (quod
est reputé peché devant Dieu. Car sans coulpe nous
minime conceditur a plaerisque) quicquid in homine
ne serions point attirez en condemnation. L'autre
est, ab intellectu ad voluntatem, ab anima ad carnem
poinct que nous avons à considerer, c'est que ceste
usque, hac concupiscentia inquinatum refertumque
perversité
esse; aut, ut brevius absolvatur, totum hominem non
engendre continuellement nouveaux fruicts, assavoir
aliud ex seipso esse quam concupiscentiam.
icelles oeuvres de la chair que nous avons n'agueres
fructus
parit:
ea
scilicet,
quae
descendu
la
de
peine
n'est
luy
est
iamais
reside
deue.
oisive
en
nous,
auquel
Pourtant
sainct
en
nous,
mais
descrites: tout ainsi qu'une fornaise ardente sans
cesse iette flambe et estincelles, et une source iette
son eau. Parquoy ceux qui ont defìny le peché
originel estre un defaut de iustice originelle laquelle
devoit estre en l'homme: combien qu'en ces parolles
ils ayent comprins toute la substance, toutesfois ils
n'ont suffisamment exprimé la force d'iceluy. Car
nostre nature n'est pas seulement vuide et destituée
de tous biens, mais elle est tellement fertile en
toute espece de mal, qu'elle ne peut estre oisive.
Ceux qui l'ont appellée Concupiscence, n'ont point
usé d'un mot trop impertinent, moyennant qu'on
adioustast ce qui n'est concedé de plusieurs, c'est
que
toutes
les
parties
de
l'homme,
depuis
l'entendement iusques à la volonté, depuis l'ame
iusques à la chair, sont souillees et du tout remplies
de ceste concupiscence: ou bien, pour le faire plus
court, que l'homme n'est autre chose de soy-mesme
que concupiscence.
2.1.9.
2.1.9.
Quamobrem dixi cunctas animae partes a peccato
Parquoy
i'ay
dit
que
depuis
qu'Adam
s'est
fuisse possessas, ex quo a fonte iustitiae descivit
destourné
Adam. Neque enim appetitus tantum inferior eum
parties de l'ame ont esté possedées par le peché.
illexit, sed arcem ipsam mentis occupavit nefanda
Car ce n'a pas esté son appetit inferieur seulement,
impietas, et ad cor intimum penetravit superbia: ut
ou sensualité, qui l'a alleché à mal, mais ceste
frigidum
inde
maudite impieté, dont nous avons fait mention, a
manavit, ad sensuales tantum, ut vocant, motus
occupé le plus haut et le plus excellent de son
restringere: aut fomitem vocare qui solam partem
esprit, et l'orgueil est entré iusques au profond du
quae illis sensualitas est ad peccatum alliciat, excitet
coeur. Ainsi c'est une fantasie froide et sotte, de
ac trahat. In quo crassam inscitiam detexit Petrus
vouloir restreindre la corruption venue de là, aux
Lombardus, qui sedem quaerens et vestigans dicit in
mouvemens ou appetits qu'on appelle Sensuels, ou
carne esse, teste Paulo, non quidem proprie, sed
l'appeller Un nourrissement de feu, lequel alleché,
quia in carne magis apparet. Quasi vero tantum
esmeuve et tire la sensualité à peché. En quoy le
partem
animae
designet
maistre
naturam
quae
supernaturali
sit
ac
stultum,
corruptelam,
Paulus,
ac
non
totam
fontaine
Sen-tences
de
a
iustice,
monstré
toutes
une
les
grosse
ignorance et lourde. Car en cherchant le siege de ce
corruptionem
vice, il dit qu'il est en la chair, selon sainct Paul:
docens non in una tantum parte subsidere, sed nihil
adioustant sa glose, que ce n'est pas proprement,
a mortifera eius tabe purum esse, aut syncerum.
mais pource qu'il y apparoist plus. Or il est si sot
Nam
tantum
de prendre ce mot de Chair pour le corps: comme si
inordinatos, qui apparent, appetituum motus damnat,
sainct Paul en l'opposant à la grace du sainct Esprit,
sed praecipue contendit mentem caecitati, et cor
par
pravitati
ad
seulement une partie de l'ame, et ne comprenoit pas
Romanos caput nihil aliud est quam originalis peccati
toute nostre nature. Et luy-mesme en oste toute
descriptio. Id ex renovatione clarius patet. Nam
difficulté,
omnem
de
dubitationem
vitiosa
addictum
natura
esse;
tollit,
disputans,
atque
opponitur.
des
la
Et
Paulus
gratiae
quae
de
non
tertium
illud
laquelle
nous
disant
sommes
que
le
regenerez,
peché
ne
marquoit
reside
pas
spiritus, qui veteri homini et carni opponitur, non
seulement en une partie, mais qu'il n'y a rien de pur
modo
pars
et net de sa pourriture mortelle. Car en disputant de
animae vel sensualis, sed plenam omnium partium
la nature vicieuse, il ne condamne pas seulement les
reformationem complectitur. Atque ideo Paulus non
appetits apparens, mais insiste sur tout en ce poinct,
tantum crassos appetitus in nihilum redigi, sed nos
que l'entendement est du tout asservy à bestise et
spiritu mentis renovari iubet ; sicut etiam alibi
aveuglement, et le coeur addonné à perversité. Et
transformari nos iubet in novitate mentis ; unde
tout le troisieme chapitre des Romains n'est autre
sequitur,
refulget
chose qu'une description du peché originel. Cecy
animae praestantia et nobilitas, non modo vulneratam
mesmes appert encore mieux par le renouvellement.
esse, sed ita corruptam, ut non modo sanari, sed
Car l'esprit, qui est opposé au vieil homme et à la
novam prope naturam induere opus habeat. Quatenus
chair, ne signifie pas seulement la grace par laquelle
et mentem et cor occupet peccatum, mox videbimus.
la
Hic tantum breviter attingere volui, totum hominem
corrigée, mais comprend une pleine reformation de
quasi diluvio a capite ad pedes sic fuisse obrutum,
toutes les parties. Parquoy sainct Paul ailleurs ne
ut nulla pars a peccato sit immunis: ac proinde
demande pas seulement de mettre bas et aneantir
quicquid ab eo procedit in peccatum imputari; sicut
les appetits enormes, mais veut que nous soyons
dicit Paulus omnes affectus carnis, vel cogitationes,
renouvellez de l'esprit de nostre entendement: et en
esse inimicitias adversus Deum, et ideo mortem.
l'autre passage, que nous soyons transformez en
gratiam
notat
partem
qua
illam,
corrigitur
in
qua
inferior
maxime
partie
inferieure
de
l'ame
ou
sensuelle
est
nouveauté d'esprit (Ephes. 4, 23; Rom. 12, 2). Dont
il s'ensuit que ce qui est le plus noble et le plus à
priser en nos ames, non seulement est navre et
blessé, mais du tout corrompu, quelque dignité qui y
reluise: en sorte qu'il n'a pas seulement mestier de
gairison, mais faut qu'il veste une nature nouvelle.
Nous verrons tantost comment le peché occupe
l'esprit et le coeur. I'ay icy voulu seulement toucher
en bref, que tout l'homme est accablé comme d'un
deluge depuis la teste iusques aux pieds, en sorte
qu'il n'y a nulle partie de luy exempte de peché: et
par ainsi que tout ce qui en procede est à bon
droict condam né et imputé à peché: comme sainct
Paul dit, que toutes affections de la chair sont
ennemies à Dieu: et par consequent, mort (Rom. 8,
7).
2.1.10.
2.1.10.
Eant nunc qui Deum suis vitiis inscribere audent,
Voyent maintenant ceux qui osent attribuer la
quia dicimus naturaliter vitiosos esse homines. Opus
cause de leur peché à Dieu, quand nous disons que
Dei perperam in sua pollutione scrutantur, quod in
les hommes sont naturellement vicieux, s'ils font
illa integra adhuc et incorrupta Adae natura requirere
perversement de contempler l'ouvrage de Dieu en
debuerant. A carnis ergo nostrae culpa, non a Deo
leur pollution, lequel ils devoyent plustost chercher
nostra perditio est; quando non alia ratione periimus,
et sonder en la nature qu'avoit receue Adam devant
nisi quia degeneravimus a prima nostra conditione.
qu'estre corrompu. Nostre perdition donc procede de
Neque hic obstrepat quispiam, potuisse Deum nostrae
la coulpe de nostre chair, et non pas de Dieu:
saluti melius prospicere si Adae lapsui occurrisset.
attendu que nous ne sommes peris pour autre cause
Nam
audacem
que pour estre declinez de nostre premiere creation.
curiositatem piis mentibus abominanda est tum ad
Et ne faut icy repliquer, que Dieu eust bien peu
praedestinationis
loco
mieux pourvoir à nostre salut, s'il fust venu au
postea tractabitur. Quare ruinam nostram naturae
devant de la cheute d'Adam: car ceste obiection est
depravationi imputandam meminerimus, ne in Deum
si audacieuse et temeraire, qu'elle ne doit nullement
ipsum naturae authorem stringamus accusationem.
entrer
Haerere quidem exitiale illud vulnus in natura verum
Davantage elle appartient à la predestination de
est; sed multum refert accesseritne aliunde, an ab
Dieu, laquelle sera cy apres traitée en son lieu.
origine
peccatum
Pourtant qu'il nous souvienne d'imputer tousiours
inflictum fuisse. Non est igitur cur conqueramur nisi
nostre ruine à la corruption de nostre nature, et j
de nobis ipsis, quod diligenter annotavit scriptura.
non point à icelle nature qui avoit esté donnée
Dicit enim Ecclesiastes, Hoc scio, quod fecerit Deus
premierement à l'homme, afin de n'accuser Dieu,
hominem
sibi
comme si nostre mal venoit de luy. Il est bien vray
adinventiones multas . Homini tantum suum exitium
que ceste mortelle playe de peché est fichee en
adscribendum
benignitate
nostre nature: mais ce sont choses bien diverses,
rectitudinem adeptus, sua ipse dementia in vanitatem
qu'elle ait esté navrée dés son origine, ou qu'elle
delapsus sit.
l'ait esté depuis et d'ailleurs. Or est-il certain
obiectio
ista
cum
arcanum
insederit.
rectum:
ob
attinet,
Constat
ipsi
quod
autem
autem
apparet,
nimis
quum
per
suo
quaesierunt
Dei
en
l'entendement
de
l'homme
fidele.
qu'elle a esté navrée par le peché qui est survenu.
Nous n'avons donc cause de nous plaindre que de
nous-mesmes.
Ce
que
l'Escriture
denote
diligemment: car l'Ecclesiaste dit, Ie say que Dieu
avoit creé l'homme bon: mais il s'est forgé plusieurs
inventions mauvaises (Eccles. 7, 29). Par cela il
apparoit qu'il faut imputer à l'homme seulement sa
ruine, veu qu'il avoit eu de la grace de Dieu une
droiture
naturelle,
et
que
par
sa
folie
il
est
trebusché en vanité.
2.1.11.
2.1.11.
Dicimus
ergo
naturali
hominem
vitiositate
Nous
disons
donques
que
l'homme
est
corruptum, sed quae a natura non fluxerit. A natura
naturellement
fluxisse negamus, ut significemus adventitiam magis
ceste perversité n'est point en luy de nature. Nous
esse
qualitatem
substantialem
fuerit.
quae
homini
proprietatem
Vocamus
en
perversité:
mais
que
acciderit,
quam
nions qu'elle soit de nature, afin de monstrer que
ab
indita
c'est plustost une qualité survenue à l'homme, qu'une
proprieté de sa substance, laquelle ait esté dés le
unoquoque prava consuetudine comparari putet, quum
commencement enracinée en luy: toutesfois nous
haereditario
l'appellons naturelle, afin qu'aucun ne pense qu'elle
universos
naturalem,
initio
ab
iure
tamen
quae
corrompu
nequis
comprehensos
teneat.
Neque id sine authore facimus. Eadem enim causa
s'acquiert d'un chacun par mauvaise coustume et
nos omnes esse natura filios irae docet Apostolus .
exemple, comme ainsi soit qu'elle nous enveloppe
Quomodo
tous dés nostre premiere naissance. Et ne parlons
creaturae
omnium
nobilissimae
infensus
esset Deus, cui placent infima quaeque opera sua?
pas
Sed operis sui corruptioni magis infensus est quam
l'Apostre nous appelle tous Heritiers de l'ire de Dieu
operi suo. Ergo si ob vitiatam humanam naturam non
par nature (Ephes. 2, 3). Comment Dieu seroit-il
inscite
Deo
courroucé à la plus noble de ses creatures, veu que
abominabilis, non etiam inepte dicetur naturaliter
les moindres oeuvres qu'il a faites luy plaisent? mais
pravus
veretur
c'est que plustost il est courroucé à l'encontre de la
naturalia
corruption de son oeuvre, que contre son oeuvre. Si
necessario
donc l'homme non sans cause est dit naturellement
regnant, ubi abest Dei gratia. Ita evanescit stultum
estre abominable à Dieu, à bon droit nous pourrons
Manichaeorum nugamentum, qui quum substantialem
dire que naturellement il est vitieux et mauvais.
in
illi
Comme sainct Augustin ne fait point de difficulté, à
Deo
cause de nostre nature corrompue, d'appeller Pechez
dicitur
et
Augustinus,
dicere
homo
vitiosus:
ratione
peccata
quae
homine
malitiam
conditorem
affingere
naturaliter
quemadmodum
corruptae
in
non
naturae,
carne
nostra
imaginarentur,
ausi
esse
sunt,
ne
alterum
iusto
viderentur mali causam et principium assignare.
ainsi
sans
autheur:
car
par
mesme
raison
naturels, lesquels regnent necessairement en nostre
chair quand la grace de Dieu nous defaut. Par ceste
distinction
est
Manichéens,
refutée
lesquels
la
folle
imaginans
resverie
une
des
perversité
essentielle en l'homme, le disoyent estre creé d'un
autre que de Dieu, afin de n'attribuer à Dieu aucune
origine de mal.
2.2. Hominem arbitrii libertate nunc esse spoliatum
2.2.
et miserae servituti addictum.
Franc-arbitre, et miserablement assuietty à tout
Que
l'homme
est
maintenant
despouillé
de
mal.
2.2.1.
2.2.1.
Postquam visum est peccati dominatum, ex quo
Puis que nous avons veu que la tyrannie de
primum hominem sibi obligatum tenuit, non solum in
peché, depuis qu'elle a asservy le premier homme,
toto genere grassari, sed in solidum etiam occupare
non seulement a eu son cours sur tout le genre
singulas animas, nunc propius excutiendum restat, ex
humain, mais aussi possede entierement leurs ames:
quo in hanc servitutem redacti sumus, an omni
nous avons à ceste heure à regarder assavoir si
spoliati simus libertate: et siqua particula adhuc
depuis que nous sommes venus en telle captivité,
viget, quousque vis eius procedat. Sed quo facilius
nous sommes destituez de toute liberté et franchise:
nobis
scopum
ou bien si nous en avons quelque portion de reste,
obiter praefigam, quo tota summa destinanda sit.
iusques où elle s'estend. Mais afin que la verité de
Haec autem optima cavendi erroris erit ratio, si
ceste question nous soit plus facilement esclaircie, il
pericula considerentur quae utrinque imminent. Nam
nous faut premierement mettre un but, auquel nous
huius
quaestionis
veritas
eluceat,
ubi omni rectitudine abdicatur homo, statim ex eo
adressions toute nostre dispute. Or voicy le moyen
desidiae occasionem arripit: et quia nihil ad iustitiae
qui nous gardera d'errer, c'est de considerer les
studium valere per se dicitur illud totum, quasi iam
dangers qui sont d'une part et d'autre. Oar quand
nihil ad se pertineat, susque deque habet. Rursum
l'homme est dénué de tout bien, de cela il prend
vel minutulum illi quippiam arrogari non potest quin
soudaine occasion de nonchallance. Et pource qu'on
et Deo praeripiatur suus honor, et ipse temeraria
luy dit que de soy-mesme il n'a nulle vertu à bien
confidentia labefactetur . Ad hos ergo scopulos ne
faire, il ne se soucie de s'y appliquer, comme si
impingamus, tenendus hic cursus erit, ut homo nihil
cela ne luy appartenoit de rien.
boni
et
luy peut donner le moins du monde, qu'il ne s'esleve
miserrima undique necessitate circunseptus, doceatur
en vaine confiance et temerité, et aussi qu'on ne
tamen ad bonum quo vacuus est, ad libertatem, qua
desrobe autant à Dieu de son honneur. Pour ne
privatus est, aspirare: et acrius ab ignavia excitetur
tomber donc en ces inconveniens, nous aurons à
quam si summa virtute fingeretur instructus. Hoc
tenir ceste moderation: c'est que l'homme estant
secundum quam necessarium sit, nemo non videt. De
enseigné qu'il n'y a nul bien en luy, et qu'il est
priore video a pluribus dubitari quam conveniebat.
environné de misere et necessité, entende toutesfois
Nam hoc extra controversiam posito, nihil homini de
comment il doit aspirer au bien duquel il est vuide
suo adimendum esse, quantopere intersit ipsum falsa
et à la liberté dont il est privé: et soit mesmes plus
gloriatione deiici, palam constare debet. Nam si ne
vivement piqué et incité à cela faire, que si on luy
tum quidem hoc homini concessum fuit ut in se
faisoit accroire qu'il eust la plus grande vertu du
gloriaretur,
summis
monde. Il n'y a celuy qui ne voye combien est
ornamentis esset insignitus, quantum nunc humiliari
necessaire ce second poinct: assavoir de resveiller
convenit, ubi ob suam ingratitudinem ab eximia gloria
l'homme de sa negligence et paresse. Quant au
in extremam ignominiam deturbatus est? Pro eo,
premier, de luy monstrer sa povreté, plusieurs en
inquam, tempore quo in summum honoris fastigium
font plus grand'doute qu'ils ne devroyent. Il n'y a
evectus erat, Scriptura nihil aliud ei tribuit quam
nulle doute qu'il ne faut rien oster à l'homme du
quod creatus esset ad imaginem Dei: quo scilicet
sien, c'est à dire, qu'il ne luy faut moins attribuer
insinuat, non propriis bonis sed Dei participatione
que ce qu'il a: mais c'est aussi une chose evidente,
fuisse beatum. Quid ergo nunc superest nisi ut
combien il est expedient de le despouiller de fausse
Deum, (cuius beneficentiae gratus esse non potuit,
et vaine gloire. Oar si ainsi est qu'il ne luy ait point
quum divitiis gratiae eius afflueret) omni gloria
esté licite de se glorifier en soy-mesme, lors que
nudus ac destitutus agnoscat? et quem honorum
par la beneficence de Dieu il estoit vestu et orné de
suorum recognitione non glorificavit, nunc saltem
graces souveraines, combien maintenant convient-il
propriae
Nihilo
plus qu'il s'humilie, puis que pour son ingratitude il
etiam minus e re nostra est, omnem sapientiae
a esté abbaissé en extreme ignominie, ayant perdu
virtutisque
Dei
l'excellence qu'il avoit pour lors? Pour entendre cela
gloriam attinet: ut cum sacrilegio ruinam nostram
plus aisément, ie dy que l'Escriture, pour le temps
coniungant qui aliquid ultra verum nobis largiuntur.
que l'homme estoit -exalté au plus haut degré
Quid enim aliud fit, quum Marte nostro docemur
d'honneur
contendere, nisi quod baculo arundineo in sublime
davantage que de dire qu'il estoit creé à l'image de
evehimur, quo mox confracto decidamus? Quanquam
Dieu (Gen. 1, 27) en quoy elle signifie qu'il n'a
nimis etiamnum commendantur vires nostrae, dum
point esté riche de ses propres biens, mais que sa
penes
se
reliquum
quum
paupertatis
laudem
Dei
sibi
edoctus,
beneficentia
confessione
nobis
esse
glorificet?
derogari,
quam
ad
qui
pouvoit
estre,
D'autre part on ne
ne
luy
attribue
baculo
arundineo
comparantur.
Fumus
enim
est
beatitude estoit de participer
de Dieu. Que luy
quicquid de illis vani homines commenti sunt et
reste-il donc maintenant, sinon qu'il recognoisse son
garriunt. Quare non abs re toties ab Augustino
Dieu, en estant dénué et despourveu de toute gloire?
praeclara ista sententia repetitur, praecipitari magis a
duquel
suis defensoribus liberum arbitrium, quam stabiliri.
largesse ce pendant qu'il abondoit dès richesses de
Haec praefari necesse fuit propter nonnullos, qui,
sa grace. Et puis qu'il ne l'a point glorifié par
dum audiunt humanam virtutem funditus everti, ut
recognoissance des biens qu'il en avoit receu, que
Dei
pour
virtus
in
homine
aedificetur,
totam
hanc
il
le
n'a
peu
moins
il
recognoistre
le
glorifie
la
benignité
maintenant
en
et
la
disputationem pessime oderunt quasi periculosam,
confession de sa povreté. Davantage il n'est pas
nedum supervacuam: quam tamen et in religione
moins utile pour nous de nous demettre de toute
necessariam, et nobis utilissimam esse apparet.
louange de sagesse et vertu, qu'il est requis pour
maintenir la gloire de Dieu: tellement que ceux qui
nous attribuent quelque chose outre me- sure, en
blasphemant Dieu nous ruinent aussi. Car qu'cst-ce
autre chose quand on nous enseigne de cheminer en
nostre force et vertu, que de nous eslever au bout
d'un roseau, lequel ne nous peut soustenir qu'il ne
ronipe incontinent, et que nous ne trebuschions?
Combien encores qu'on fait trop d'honneur à noz
forces, les accomparageant à un roseau. Car ce n'est
que fumée tout ce que les hommes en ont imaginé
et en babillent. Pourtant ce n'est pas sans cause que
ceste belle sentence est si souvent repetée en
sainct
Augustin,
Que
ceux
qui
maintiennent
le
liberal-arbitre, le iettent bas en ruine, plustost qu'ils
ne restablissent. Il m'a fallu faire ce proëme, à
cause d'aucuns qui ne peuvent porter que la vertu de
l'homme soit destruite et annichilée, pour edifier en
luy celle de Dieu: d'autant qu'ils iugent toute ceste
dispute
estre
dangereuse:
non
laquelle
seulement
inutile,
toutesfois
nous
mais
fort
cognoistrons
estre tres-utile, et qui plus est, estre un des
fondemens de la religion.
2.2.2.
2.2.2.
Nunc consideremus, quum Paulo ante dixerimus in
Puis
que
nous
avons
n'agueres
dit,
que
les
mente et corde sitas esse animae facultates, quid
facultez de l'ame sont situées en l'entendement et
pars utraque polleat. Philosophi sane magno consensu
au coeur, maintenant considerons ce qu'il y a eu une
rationem in mente considere fingunt, quae instar
partie et en l'autre. Les Philosophes d'un commun
lampadis
consentement
consiliis
omnibus
praeluceat,
et
instar
reginae voluntatem moderetur. Ita enim luce divina
estiment
que
la
raison
gist
en
l'entendement, laquelle est comme une lampe pour
perfusam
esse,
ut
vigore
conduire toutes deliberations et comme une Royne
praestare, ut optime imperare queat. Sensum contra
pour moderer la volonté. Car ils imaginent qu'elle
torpere et lippitudine teneri, ut semper humi serpat,
est tellement remplie de lumiere divine, quelle peut
et in crassioribus obiectis volutetur, nec unquam se
bien discerner entre le bien et le mal: et qu'elle a
attollat ad veram perspicaciam. Appetitum, si rationi
telle
parere
se
contraire, que le sens est plein d'ignorance et de
permittat, ad studium virtutum ferri, rectam viam
rudesse, ne se pouvant eslever à considerer les
tenere,
choses
sustineat,
et
in
optime
nec
consulere:
sensui
voluntatem
eo
subigendum
formari:
quod
si
in
vertu
quelle
hautes
et
peut
bien
commander.
excellentes,
mais
Au
s'arrestant
servitutem sensus se addicat, ab eo corrumpi et
tousiours
depravari, ut in libidinem degeneret. Atque omnino
obtemperer à raison, et ne se laisse point subiuguer
quum ex eorum opinione illae quas supra dixi animae
par le sens, a un mouvement naturel à cercher ce
facultates insideant, intellectus, sensus, et appetitus,
qui est bon et honneste: et ainsi peut tenir la droite
seu voluntas: (quae appellatio iam vulgatiore usu
voye. Au contraire, s'il s'addonne en servitude au
recepta est) intellectum ratione praeditum asserunt
sens, il est par iceluy corrompu et depravé pour se
optima ad bene beateque vivendum moderatrice, ipse
desborder en intemperance. Comme ainsi soit que
modo se in sua praestantia sustineat, ac vim sibi
selon leur opi-nion il y ait entre les facultez de
naturaliter inditam exerat. Inferiorem autem eius
l'ame
motionem, quae sensus dicitur, qua ad errorem et
l'entendement humain a en soy raison pour conduire
hallucinationem abstrahitur, talem esse ut rationis
l'homme à bien et heureusement vivre, moyennant
ferula
qu'il se maintienne en sa noblesse, et donne lieu à
domari
et
paulatim
profligari
queat.
à
la
terre.
intelligence
Que
et
l'appetit,
volonté,
ils
s'il
disent
veut
que
Voluntatem porro inter rationem et sensum mediam
la
locant, sui scilicet iuris et libertatis compotem, sive
Cependant ils disent bien qu'il y a un mouvement
rationi
inferieur lequel est appellé Sens, par lequel il est
obtemperare,
sive
sensui
rapiendam
se
prostituere libeat.
vertu
qui
luy
est
naturellement
enracinée.
diverty et distrait en erreur et tromperie lequel
neantmoins peut estre domté par raison, et petit à
petit
aneanty.
Ils
constituent
la
volonté
comme
moyenne entre la raison et le sens, c'est assavoir
ayant
liberté
d'obtemperer
à
raison
si
bon
luy
semble, ou de s'adonner au sens.
2.2.3.
2.2.3.
Non inficiantur quidem interdum, ipsa nimirum
Bien est vray que l'experience les a contreint de
experientia convicti, quanta cum difficultate rationi
confesser
apud se regnum homo stabiliat: dum nunc titillatur
l'homme d'establir en soy-mesme le regne à la
voluptatum illecebris, nunc falsa bonorum imagine
raison, d'autant que maintenant il est chatouillé dès
deluditur,
allechemens de volupté, maintenant abusé par vaine
nunc
impotenter
percutitur
immoderatis
aucunesfois
combien
il
est
difficile
à
affectibus, et tanquam funibus, vel nervis (ut ait
espece
Plato) in diversum abripitur . Qua etiam ratione
intemperées, lesquelles sont comme cordes (ainsi
Cicero dicit illos a natura datos igniculos, pravis
que dit Platon) pour le tirer et esbranler çà et là.
opinionibus malisque moribus mox extingui . Ubi
Pour laquelle raison Ciceron dit que nous avons
vero semel occuparunt in animis hominum eiusmodi
seulement des petites estincelles de bien, allumées
de
bien,
maintenant
agité
d'affections
morbi, impotentius grassari fatentur quam ut facile
de nature en nostre esprit, lesquelles sont esteintes
coercere eos liceat: nec dubitant ferocibus equis
aisément par fausses opinions et mauvaises moeurs.
comparare, qui exturbata ratione, ceu auriga excusso,
Davantage ils confessent que quand telles maladies
intemperanter ac sine modo lasciviant. Hoc tamen
ont une fois occupé nostre esprit, elles y regnent si
extra
in
fort qu'il n'est pas facile de les restreindre : et ne
nostra esse potestate; nam si nostrae (inquiunt)
doutent point de les accomparer à des chevaux
electionis est hoc aut illud agere: ergo et non agere.
rebelles. Car comme un cheval rebelle, disent-ils,
Rursum si non agere: ergo et agere. Libera autem
ayant ietté bas son conducteur regimbe sans mesure:
electione agere videmur quae agimus, et ab iis
ainsi
abstinere,
adonnee
controversiam
quibus
ponunt,
virtutes
abstinemus:
ergo
et
vitia
siquid
boni
l'ame
ayant
à
ses
reietté
la
raison,
concupiscences,
et
est
s'estant
du
tout
agimus ubi libeat, possumus illud omittere: siquid
desbordée. Au reste, ils ontl cela pour resolu, que
mali
tant
perpetramus,
possumus
id
quoque fugere
.
les
vertus
que
les
vices
sont
en
nostre
Quinetiam eo licentiae quidam eorum proruperunt, ut
puissance. Car s'il n'estoit, disent-ils, en nostre
iactarint deorum quidem esse munus, quod vivimus:
election de faire le bien ou le mal, il ne seroit point
nostrum vero, quod bene sancteque vivimus ; unde
aussi de nous en abstenir. Au contraire, s'il nous est
et
sibi
libre de nous en abstenir, aussi est-il de le faire.
quisque virtutem acquirit, neminem ex sapientibus
Or est-il ainsi que nous faisons de libre election
unquam de ea gratias Deo egisse. Propter virtutem
tout
enim laudamur, inquit, et in virtute gloriamur; quod
librement de ce dont nous nous abstenons: il s'ensuit
non fieret si donum esset Dei, non a nobis. Ac
donc qu'il est en nostre puissance de laisser le bien
Paulo post, Iudicium hoc omnium mortalium est,
que nous faisons, et aussi le mal: et pareillement de
fortunam a Deo petendam, a seipso sumendam esse
faire ce que nous laissons. Et de fait aucuns d'eux
sapientiam
omnium
sont venus iusques à ceste folie, de se vanter
sententiae summa est, humani intellectus rationem
d'avoir bien la vie par le benefice de Dieu, mais
rectae
d'avoir
illud
Ciceronis
.
in
Haec
persona
ergo
gubernationi
Cottae,
quia
philosophorum
sufficere:
voluntatem
illi
ce
que
nous
faisons,
d'eux-mesmes
de
et
bien
nous
vivre.
abstenons
Et
voila
subiacentem, a sensu quidem ad mala sollicitari: sed,
comment Ciceron a osé dire en la personne de
ut liberam electionem habet, impediri nequaquam
Cotta, d'autant que cbacun s'acquiert sa vertu, que
posse quin rationem ducem per omnia sequatur.
nul sage et bien advisé n'en a iamais rendu graces à
Dieu. Car, dit-il, nous sommes louez pour la vertu,
et nous glorifions en icelle. Ce qui ne se feroit point
si elle estoit don de Dieu, et ne venoit de nous.
Item un petit apres, L'opinion, dit-il, de tout le
monde est qu'on doit demander à Dieu les biens
temporels, mais que chacun doit chercher la sagesse
en soy. Voila donc en somme la sentence des
2.2.4.
Inter
Philosophes,
scriptores
la
raison
qui
est
en
l'entendement humain suffit à nous bien conduire et
extitit qui non agnosceret et sanitatem rationis in
monstrer ce qui çst bon de faire: que la volonté
homine
estant sous icelle est tentée et solicitée par le sens
ex
peccato
tametsi
que
nemo
graviter
Ecclesiasticos
c'est
vulneratam,
et
voluntatem pravis cupiditatibus valde implicitam esse:
à
multi tamen eorum longe plus aequo philosophis
election, qu'elle ne peut estre empeschée de suivre
mal
faire,
neantmoins
entant
qu'elle
a
libre
accesserunt. Ex quibus veteres mihi videntur hoc
consilio
vires
impotentiam
humanas
diserte
sic
essent
extulisse,
ne
confessi,
primum
la raison entierement.
si
2.2.4.
philosophorum ipsorum cachinnos, quibuscum tunc
Quant est des docteurs de l'Eglise Chrestienne
certamen habebant, excuterent: deinde carni suapte
combien qu'il n'y en ait eu nul d'entre eux qui n'ait
sponte nimis ad bonum torpenti novam desidiae
recognu la raison estre fort abbatue en l'homme par
occasionem
communi
le peché, et la volonté estre suiette à beaucoup de
Scripturae
concupiscences, neantmoins la pluspart a plus suyvi
doctrinam cum philosophiae dogmatibus dimidia ex
les Philosophes qu'il n'estoit mestier. Il me semble
parte conciliare studium illis fuit: praecipue tamen
qu'il y a eu deux raisons qui ont meu les anciens
secundum
illud
facerent,
ex
hominum
praeberent.
iudicio
absurdum
eorum
alicubi,
nostra
potestate
donavit
arbitrium:
nequid
traderent,
spectasse,
Chrysostomus
Deus
Ergo
ne
verbis
Quoniam
locum
Peres à ce faire. Premierement ils craignoyent s'ils
apparet.
Habet
ostoyent à l'homme toute liberté de bien faire, que
bona
et
mala
posuit,
electionis
invitos
non
in
liberum
Secondement,
que
la
chair,
laquelle
est
assez
prompte à nonchalance, ne print occasion de paresse,
volentes amplectitur . Item, Saepe qui malus est, si
pour n'appliquer son estude à bien. Parquoy afin de
voluerit,
ne rien enseigner qui fust contrevenant à l'opinion
bonum
mutatur:
et
retinet,
les Philosophes ne se moquassent de leur doctrine.
sed
in
et
desidiae
qui
bonus,
per
ignaviam excidit, et fit malus; quia liberi arbitrii
commune
esse nostram naturam fecit Dominus: nec imponit
accorder la doctrine de l'Escriture avec celle des
necessitatem, sed congruis remediis appositis totum
Philosophes. Toutesfois il appert de leurs parolles
iacere in aegrotantis sententia sinit . Item, Sicut nisi
qu'ils ont principalement regardé le second poinct,
gratia Dei adiuti, nihil unquam possumus recte agere:
c'est de n,e point refroidir les hommes en bonnes
ita nisi quod nostrum est attulerimus, non poterimus
oeuvres. Chrysostome dit en quelque passage, Dieu a
supernum acquirere favorem. Dixerat autem prius, Ut
mis le bien et le mal en nostre faculté, nons
non totum divini sit auxilii, simul nos aliquid afferre
donnant liberal arbitre de choisir l'un ou l'autre: et
oportet . Adeoque verbum hoc illi passim familiare
ne nous tire point par contrainte, mais nous reçoit si
est,
nous allons volontairement à luy.
Afferamus
quod
est
nostrum,
reliqua
Deus
des
hommes,
ils
ont
voulu
à
demy
Item, Celuy qui
supplebit. Cui consentaneum quod ait Hieronymus,
est mauvais peut devenir bon, s'il veut; et celuy qui
Nostrum esse incipere, Dei autem perficere: nostrum
est bon se change et devient, mauvais. Car Dieu
offerre
non
nous a donné franc - arbitre en nostre nature, et ne
possumus . Vides certe iis sententiis homini plus
nous impose point necessité, mais il nous ordonne
quam par erat ad virtutis studium illos esse largitos:
les remedes dont nous usions si bon nous semble.
quia putabant se non aliter torporem nobis ingenitum
Item, Comme nous ne pouvons rien bien faire sans
posse expergefacere, quam si solo ipso nos peccare
estre aidez de la grace de Dieu, aussi si nous
arguerent; id autem quanta dexteritate ab illis factum
Rapportons ce qui est de nous, sa grace ne nous
sit,
retulimus
subviendra point. Or il avoit dit au paravant que tout
sententias, esse falsissimas, paulo post constabit.
ne gist point en l'aide de Dieu, mais que nous
Porro tametsi Graeci prae aliis, atque inter eos
apportons de nostre part. Et de fait ceste sentence
singulariter
quod
postea
voluntatis
possumus,
videbimus.
illius
Certe,
Chrysostomus,
facultate
implere
modum
in
quod
quas
extollenda
humanae
luy est familiere, Apportons ce qui est de nous, et
excesserunt,
veteres
Dieu suppléra le reste. A quoy convient ce que dit
tamen omnes, excepto Augustino, sic in hac re aut
sainct
Hierome,
que
c'est
à
nous
à
faire
de
variant, aut vacillant, aut perplexe loquuntur, ut certi
commencer, et à Dieu de parfaire: que c'est nostre
fere nihil ex eorum scriptis referre liceat. Itaque
office
enumerandis
non
d'accomplir ce que ne pouvons. Nous voyons certes
unoquoque
tantum
qu'en ces sentences ils ont attribué plus de vertu à
explicatio
exigere
l'homme
singulorum
insistemus:
sed
delibabimus
quantum
sententiis
carptim
ex
argumenti
exactius
d'offrir
ce
qu'ils
que
ne
nous
devoyent,
pouvons,
pource
le
sien
qu'ils
ne
visa fuerit. Qui postea sequuti sunt (dum pro se
pensoyent point autrement resveiller nostre paresse,
quisque
laudem
qu'en remonstrant qu'il ne tient qu'à nous que nous
captat) sensim alii post alios in deterius continuo
ne vivions bien. Nous verrons cy apres s'ils ont eu
delapsi sunt: donec eo ventum est ut vulgo putaretur
bonne raison de ce faire. Certes il apparoistra que
homo,
habere
leurs parolles que nous avons recitées sont fausses,
prorsus incolumem rationem, voluntatem etiam maiori
pour en dire franchement ce qui en est. Combien
ex parte. Interea volitavit illud in ore omnium,
que les docteurs Grecs par dessus les autres, et
naturalia
esse,
entre eux singulierement sainct Chrysostome, ayent
supernaturalia vero ablata. Sed quorsum tenderet vix
passé mesure en magnifìant les forces humaines:
centesimus quisque leviter gustavit. Ego certe si
toutesfois quasi tous les anciens Peres (excepté
dilucide tradere velim qualis sit naturae corruptela,
sainct
his
magnopere
matiere, ou parlent si douteusement ou obscurement,
interest attente expendi quid homo et in cunctis
qu'on ne peut quasi prendre de leurs escrits aucune
naturae
certaine
in
humanae
sensuali
tantum
dona
verbis
defensione
parte
in
facile
suae
sim
corruptus,
homine
corrupta
contentus.
partibus
supernaturalibus
argutiae
vitiatus,
donis
Pourtant
variables
nous
en
ceste
ne
nous
philosophice hac de re loquuti sunt qui se Christi
chacun, mais seulement en passant nous toucherons
iactabant esse discipulos. Nam quasi adhuc integer
ce qué les uns et les autres en ont dit, selon que
staret homo, semper apud Latinos liberi arbitrii
l'ordre le requerra. Les autres escrivains qui sont
nomen
multo
venus apres, affectans chacun pour soy de monstrer
arrogantius usurpare vocabulum; siquidem auvtexou,sion
quelque subtilité en defendant les vertus humaines,
dixerunt,
hominem
successivement sont tombez de mal en pis, iusques
fuisset. Quoniam ergo ad vulgus etiam ipsum omnes
à ce qu'ils ont amené le monde en ceste opinion, de
hoc principio imbuti sunt, praeditum esse libero
penser que l'homme ne fust corrompu sinon en la
arbitrio hominem, nonnulli autem eorum qui eximii
partie sensuelle, et que cependant il eust la raison
volunt videri, quousque id extendatur nesciunt: nos
entiere, et pour la plus grand'part liberté en son
vim
Scripturae
vouloir. Pourtant ceste sentence de sainct Augustin
simplicitate exequamur quid suapte natura homo ad
n'a pas laissé de voler en la bouche d'un chacun,
bonum aut malum polleat. Liberum arbitrium quid
que
esset, quum in omnium scriptis identidem occurrat,
l'homme, et les supernaturels assavoir ceux qui
pauci definierunt. Videtur tamen Origines id de quo
concernoyent la vie celeste) luy ont esté du tout
passim inter eos conveniebat, quum dixit, Facultatem
ostez. Mais à grand'peine la centieme partie a elle
esse
discernendum:
gousté où cela tendoit. Quant à moy, si ie vouloye
voluntatis ad utrumvis eligendum . Nec ab eo variat
clairement enseigner quelle est la corruption de
Augustinus, quum docet facultatem esse rationis et
nostre nature, ie me contenteroye de ces mots. Mais
voluntatis,
assistente:
il est bien requis de poiser attentivement quelle
malum, ea desistente. Obscurius Bernardus, dum vult
faculté Thomme a de reste, et ce qu'il vaut et peut
vocis
Graecos
potestas
prius
rationis
qua
vero
ad
bonum
bonum
non
suiipsius
excutiamus,
Nimis
resolution.
tant
arresterons à referer particulierement l'opinion d'un
acsi
valeat.
et
sont
ergo
extitit.
exutus
Sed
Augustin)
penes
tum
malumve
eligitur
puduit
ex
gratia
les
dons
naturels
ont
esté
corrompus
en
argute
loqui,
voluntatis
estant souillé en toutes ses parties, et puis estant
indeclinabile
desnué pleinement de tous dons supernaturels. Ceux
iudicium. Nec satis popularis Anselmi definitio, qui
donques qui se vantoyent estre disciples de Iesus
tradit esse potestatem servandi rectitudinem propter
Christ, ont par trop approché des Philosophes en
seipsam. Itaque Petrus
cest
inamissibilem
ait
esse
consensum,
libertatem,
et
ob
rationis
Lombardus
et Scholastici
article.
Car
nom
le
de
Franc-arbitre
est
Augustini definitionem magis amplexi sunt, quia et
tousiours
apertior erat, et gratiam Dei non excludebat: sine
l'homme demeuroit encores en son entier. Les Grecs
qua voluntatem sibi per se non sufficere videbant.
n'ont point eu honte d'usurper un mot plus arrogant,
Sua tamen et ipsi afferunt, sive quae meliora esse,
par lequel ils signifient que l'homme a puissance de
sive quae facere putabant ad maiorem explicationem.
soy-mesme. Puis donc qu'ainsi est, que iusques au
Principio
simple populaire tous sont abreuvez de ceste opinion
consentiunt,
nomen
arbitrii
magis
ad
demeuré
entre
les
Latins,
comme
si
rationem referendum, cuius est discernere inter bona
que
et mala: epithetum liberi, ad voluntatem proprie
pluspart de ceux qui veulent estre veus bien savans
pertinere, quae ad utrunque flecti possit . Quare
n'entendent point iusques où ceste liberté s'estend,
quum libertas proprie voluntati conveniat, Thomas
considerons en premier lieu ce que ce mot veut dire,
optime quadrare dicit si liberum arbitrium dicitur vis
puis nous despescherons par la pure doctrine de
electiva,
l'Escriture quelle faculté a l'homme à bien ou mal
quae
mixta
quidem
ex
intelligentia
et
nous
avons
tous
franc-arbitre,
et
que
la
appetitu, magis tamen ad appetitum inclinet . Iam
faire.
habemus in quibus sitam esse doceant vim liberi
usurpé de tout le monde, neantmoins il y en a bien
arbitrii, in ratione scilicet et voluntate: nunc quantum
peu
utrique parti tribuant, breviter videndum superest.
qu'Origene a mis une definition qui estoit receue de
Or
qui
combien
le
que
ce
defìnissent.
vocable
soit
Toutesfois
il
souvent
semble
tout le monde pour son temps, quand il a dit que
c'est une faculté de raison à discerner le bien et le
mal: et de volonté à élire l'un ou l'autre. De quoy
sainct Augustin ne s'esloigne pas trop, disant que
c'est une faculté de raison et volonté, par laquelle
on élit le bien, quand la grace de Dieu assiste : et
le mal, quand icelle desisté. Sainct Bernard voulant
parler subtilement, a esté plus obscur, disant que
c'est un consentement pour la liberté du vouloir, qui
ne se peut perdre, et un iugement indeclinable de
raison. La definition d'Anselme n'est gueres plus
claire, qui dit que e'est une puissance de garder
droiture à cause d'elle-mesme. Pourtant le maistre
des
Sentences
plustost
receu
et
les
celle
docteurs
de
sainct
Scolastiques
Augustin,
ont
pource
quelle estoit plus facile, et n'excluoit point la grace
2.2.5.
Communiter solent res medias, quae scilicet nihil
de Dieu, sans laquelle ils cognoissoyent bien que la
volonté
humaine
n'a
nul
pouvoir.
Toutesfois
ils
ad regnum Dei pertinent, sub libero hominis consilio
ameinent quelque chose du leur, pensans mieux dire,
ponere: veram autem iustitiam ad specialem Dei
ou pour le moins mieux expliquer le dire des autres.
gratiam et spiritualem regenerationem referre. Quod
Premierement ils accordent que 1e nom d'Arbitre, se
dum
vocatione
doit rapporter à la raison, de laquelle l'office est de
primam
discerner entre le bien et le mal: que le tiltre de
sensitivam, alteram animalem, tertiam spiritualem:
Libre ou Franc, lequel on adiouste avec, appartient
quarum
tradit,
proprement à. la volonté, laquelle peut estre fleschie
ultimam opus esse Spiritus sancti in homine . Quod
à une partie ou à l'autre. Comme donc ainsi soit que
an
la
vult
ostendere
Gentium,
triplicem
priores
verum
author
voluntatem
duas
sit,
operis
suo
homini
loco
De
numerat:
liberas
esse
tractabitur;
nunc
enim
liberté
convienne
proprement
à,
la
volonté,
recensere breviter aliorum sententias, non refellere
Thomas d'Aquin pense que ceste definition seroit
propositum est. Hinc fit ut quum de libero arbitrio
bonne, de dire que le Franc-arbitre est une vertu
agunt scriptores, non quid ad civiles seu externas
elective, laquelle estant moyenne entre intelligence
actiones, sed quid ad divinae Legis obedientiam
et volonté, encline toutesfois plus à volonté. Nous
valeat,
posteriorem
avons en quoy gist la force du Liberal-arbitre, à
quaestionem sic praecipuam esse fateor, ut illam
savoir en la raison et volonté. Maintenant il reste de
arbitrer non prorsus negligendam. Cuius sententiae
savoir combien les uns et les autres luy attribuent.
in
primis
requirant.
Quam
spero me optimam rationem redditurum. Obtinuit
autem in scholis distinctio, quae triplicem libertatem
numerat: a necessitate primam, secundam a peccato,
tertiam
a
miseria;
quarum
prima
sic
homini
2.2.5.
naturaliter inhaereat ut nequeat ullo modo eripi, duae
alterae
per
peccatum
sint
amissae.
Communement on assuiettit les choses externes
Hanc
qui n'appartiennent de rien au royaume de Dieu, au
distinctionem ego libenter recipio, nisi quod illic
conseil et election des hommes: lavraye iustice, on
necessitas cum coactione perperam confunditur: inter
la
quas quantum sit discriminis, et quam necessario
regeneration de son Esprit. Ce que voulant signifier
considerandum, alibi apparebit.
celuy qui a escrit le livre De la vocation des Gentils
reserve
à
la
grace
spirituelle
de
Dieu
et
(qu'on attribue à sainct Ambroise) dit qu'il y a trois
especes
de
Sensitive:
vouloir:
la
la
seconde,
premiere
il
Animale:
la
la
nomme
troisieme,
Spirituelle. Quant aux deux premieres, il les fait
libres à l'homme: la troisieme, il dit que c'est
2.2.6.
operation du sainct Esprit. Nous disputerons cy
Hoc si recipitur, extra controversiam erit, non
apres si ceste sentence est vraye. Ce que nous
suppetere ad bona opera liberum arbitrium homini,
avons maintenant à. faire, est de brevement reciter
nisi gratia adiuvetur, et gratia quidem speciali, qua
les sentences des autres. De là vient que les
electi
escrivains, en traitant du Liberal-arbitre, n'ont point
soli
per
phreneticos
nihil
promiscue
regenerationem
moror,
expositam
gratiam
pariter
Sed
et
grand
esgard
à
toutes
oeuvres
externes
appartenantes à la vie corporelle, mais regardent
istud liquet sitne in totum privatus bene agendi
principalement à l'obeissance de la volonté de Dieu.
facultate, an habeat adhuc nonnullam, sed pusillam et
Or ie confesse bien que ceste seconde question est
infirmam: quae per se quidem nihil possit, opitulante
la principale: mais quant et quant ie dy que l'autre
vero gratia, suas ipsa quoque partes agat. Id dum
n'est point à negliger, et espere bien de prouver
vult
mon opinion quand nous viendrons là. Outreplus il y
Magister
garriunt.
Nam
nondum
expedire
esse
qui
donantur.
sententiarum,
duplicem
gratiam necessariam esse nobis docet, quo reddamur
a
ad bonum opus idonei. Alteram vocat Operantem, qua
Theologie, en laquelle sont nombrées trois especes
fit
Cooperantem
de liberté. La premiere est, delivrance de necessité:
alteram, quae bonam voluntatem sequitur adiuvando .
l'autre, de peché : la troisieme, de misere. De la
In qua partitione hoc mihi displicet, quod dum gratae
premiere, ils disent qu'elle est tellement enracinée
Dei tribuit efficacem boni appetitum, innuit hominem
en l'homme de nature, qu'elle ne luy peut estre
iam
licet
ostée: ils confessent que les deux autres sont
inefficaciter, appetere; sicut Bernardus bonam quidem
perdues par le peché. Ie reçoy volontiers ceste
voluntatem opus Dei esse asserens, homini tamen
distinction, sinon qu'en icelle la necessité est mal
hoc
confonduë
avec
contrainte.
voluntatem appetat. Sed istud ab Augustini mente
temps
lieu
que
procul abest, a quo tamen sumpsisse partitionem
diverses.
ut
videri
efficaciter
suapte
natura,
concedit,
vult
ambiguitas
velimus
ut
bonum
motu
quodammodo,
proprio
Lombardus
me
bonum:
.
offendit,
In
quae
bonam
eiusmodi
secundo
une
autre
et
distinction
ce
receue
Or
sont
des
il
escoles
apparoistra
de
en
deux
choses
bien
chose
resolue
que
membro
perversam
genuit
interpretationem. Ideo enim putarunt nos secundae
Dei gratiae cooperari, quod nostri iuris sit primam
2.2.6.
gratiam vel respuendo irritam facere, vel obedienter
sequendo
qu'il soit aidé de la grace de Dieu, et de grace
rationis iudicio utuntur, a gratia discedere: ut non
speciale qui est donnée aux eleus tant seulement,
discessisse sit praemium, et ut quod non potest nisi
par regeneration: car ie laisse là. ces frenetiques,
Spiritu cooperante fieri, eorum meritis deputetur
qui babillent qu'elle est indifferemment exposée à,
quorum id potuit voluntate non fieri . Haec duo
tous. Toutesfois il n'appert point encore si l'homme
notare obiter libuit, ut videas iam lector quantum a
est privé du tout de faculté de bien faire, ou bien
sanioribus
enim
s'il a encore quelque portion de residu, mais petite
intervallo a recentioribus Sophistis differo, quanto
et infirme, laquelle ne puisse rien sans la grace de
scilicet a vetustate longius abscesserunt. Utcunque,
Dieu: toutesfois estant aidé d'icelle, besongne de son
ex hac tamen partitione intelligimus qua ratione
costé. Le maistre des Sentences, voulant decider ce
liberum dederint arbitrium homini. Pronuntiat enim
poinct, dit qu'il y a double grace necessaire à
tandem Lombardus, non liberi arbitrii ideo nos esse
l'homme pour le rendre idoine à bien faire. Il appelle
quod
vel
l'une Besoignante, laquelle fait que nous vueilîions le
cogitandum peraeque polleamus: sed duntaxat quod
bien avec efficace: l'autre Cooperante, laquelle suit
coactione soluti sumus. Quae libertas non impeditur,
la bonne volonté pour luy aider. En laquelle division
etiamsi pravi simus, et servi peccati, et nihil quam
cela me desplaist, que quand il attribue à la grace
peccare possimus.
de Dieu de nous faire desirer le bien avec efficace,
et
dissentiam.
malum
vel
operis
une
vocatione Gentium sic exprimit, Liberum esse iis qui
bonum
author
c'est
l'homme n'a point liberal-arbitre à bien faire, sinon
Scholasticis
Quod
accordé,
De
ad
confirmare.
Cecy
Longiore
agendum
il
signifie
que
de
nostre
nature
nous
appetons
aucunement le bien, ia soit que nostre desir n'ait
point
d'effect.
Sainct
Bernard
parle
quasi
ainsi,
disant que toute bonne volonté est oeuvre de Dieu,
neantmoins que l'homme de son propre mouvement
peut appeter bonne volonté. Mais le maistre des
Sentences a mal en- tendu sainct Augustin, lequel il
a pensé ensuyvre en mettant ceste distinction. Il y a
2.2.7.
davantage
au
m'offense,
veu
second
qu'elle
membre
a
une
engendré
doute
une
qui
opinion
perverse. Car les Scolastiques ont pensé, d'autant
Liberi ergo arbitrii hoc modo dicetur homo, non
qu'il dit que nous cooperons à la seconde grace de
quia liberam habeat boni aeque ac mali electionem:
Dieu,
sed quia male voluntate agit, non coactione. Optime
premiere grace, laquelle nous est offerte, en la
id quidem: sed quorsum attinebat rem tantulam adeo
reiettant; ou la confermer en y obeissant. Ce que
superbo titulo insignire? Egregia vero libertas, si
tient mesme celuy qui a escrit le livre De la
homo quidem non cogitur ad servendum peccato: sic
vocation des Gentils: car il dit qu'il est libre à ceux
tamen est evqelo,douloj, ut vincta teneatur peccati
qui ont iugement de raison, de s'esloigner de la
compedibus
grace: tellement que cela leur est imputé à vertu, de
abominor,
eius
voluntas.
quibus
nostre
pouvoir
d'aneantir
la
religiose censeo cavendas eas voces quae absurdum
merite d'avoir fait ce qui pouvoit n'estre point fait,
aliquid sonant: praesertim ubi perniciose erratur.
s'ils eussent voulu: combien qu'il ne se peut faire
Quotus
dum
sans la grace de Dieu cooperante. I'ay bien voulu
assignari homini liberum arbitrium audit, non statim
noter en passant ces poincts, à fin que le lecteur
concipit illum esse et mentis suae et voluntatis
entende en quoy ie discorde d'avec les docteurs
dominum, qui flectere se in utramvis partem a
Scolastiques, qui ont tenu une doctrine plus entiere
seipso possit? Atqui (dicet quispiam) sublatum erit
que n'ont fait les Sophistes qui sont venus apres,
huiusmodi periculum. si de significatione diligenter
avec lesquels nous avons plus de different: à savoir
plebs admoneatur. Imo vero quum in falsitatem ultro
entant qu'ils ont beaucoup decliné de la pureté de
humanum ingenium propendeat, citius errorem ex
leurs predecesseurs. Quoy qu'il en soit, par ceste
verbulo
prolixa
division nous pourrons entendre qui les a meu de
oratione. Cuius rei certius habemus in hoc ipso
conceder à l'homme le liberal-arbitre. Car finalement
vocabulo, quam optandum sit, experimentum. Illa
le maistre des Sentences prononce, que l'homme
enim veterum interpretatione praetermissa, tota fere
n'est point dit avoir le liberal-arbitre, pource qu'il
posteritas in verbi etymo dum haeret, in exitialem
soit suffisant à penser ou faire le bien autant
confidentiam evecta est.
comme le mal, mais seulement pource qu'il n'est
uno
hauriet
quisque
quam
fatigatur:
en
ne s'en point departir, à fin qu'il ayent quelque
quaeso,
Ecclesia
logomaci,aj
§st
sed
autem,
frustra
Equidem
qu'il
est,
veritatem
qui
ex
point suiet à contrainte, laquelle liberté n'est point
empeschée, combien que nous soyons mauvais et
serfs de peché, et que nous ne puissions autre
chose que mal faire.
2.2.8.
Quod si nos Patrum authoritas movet: illi quidem
assidue in ore habent vocabulum, sed simul declarant
quanti faciant illius usum. In primis Augustinus, qui
non dubitat servum appellare . Alicubi succenset
adversus
eos
qui
liberum
negant
arbitrium:
sed
2.2.7.
Nous
voyons
donc
qu'ils
confessent
l'homme
praecipuam rationem declarat, quum ait, Tantum ne
n'estre point dit avoir liberal-arbitre, pource qu'il ait
audeat quisquam sic negare voluntatis arbitrium, ut
libre election tant de bien comme de mal; mais
velit excusare peccatum . At certe alibi fatetur sine
pource qu'il fait ce qu'il fait de volonté, et non par
Spiritu non esse liberam hominis voluntatem, quum
contrainte : laquelle sentence est bien vraye. Mais
cupiditatibus vincientibus ac vincentibus subdita sit .
quelle moquerie est-ce d'orner une chose si petite
Item, victa vitio in quod cecidit voluntate, coepisse
d'un tiltre tant superbe? Voila une belle liberté, de
carere libertate naturam . Item, hominem libero
dire que l'homme ne soit point contraint de servir à
arbitrio
peché;
male
perdidisse
.
usum,
Item,
et
se
liberum
et
arbitrium
arbitrium
suum
captivatum,
mais
que
tellement
il
soit
en
servitude
volontaire, que sa volonté soit tenue captive des
nequid possit ad iustitiam . Item, liberum non fore,
liens
quod non Dei gratia liberaverit . Item, iustitiam Dei
contentions
non impleri, quum Lex iubet, sed quum Spiritus
troublée
adiuvat: et hominis non libera, sed a Deo liberata
evitast
voluntas obsequitur . Atque horum omnium rationem
absurdité, et principalement là où il y a danger
breviter reddit, quum alibi scribit, hominem magnas
d'errer.
liberi arbitrii vires, quum conderetur, accepisse: sed
l'homme, combien y en a-il qui ne conçoivent
peccando amisisse . Itaque alibi, postquam ostendit
incontinent 'qu'il est maistre et de son iugement et
liberum arbitrium constitui per gratiam, acriter in
de sa volonté, pour se pouvoir tourner de sa propre
eos invehitur, qui sibi illud arrogant sine gratia. Ut
vertu et d'une part et d'autre? Mais on pourra dire
quid ergo, inquit, miseri homines aut de libero
que ce danger sera osté, moyennant qu'on advertisse
arbitrio audent superbire, antequam liberentur: aut de
bien le peuple que signifie le mot de Franc-arbitre.
suis viribus, si iam liberati sunt? Nec attendunt in
Ie dy au contraire que veu l'inclination naturelle qui
ipso nomine liberi arbitrii utique libertatem sonare.
est en nous à suivre fausseté et mensonge, nous
Ubi autem Spiritus Domini, ibi libertas . Si ergo
prendrons plustost occasion de faillir en un seul mot,
servi sunt peccati, quid se iactant de libero arbitrio?
que nous ne serons instruits à la verité par une
A quo enim quis devictus est, huic et servus
longue glose qui y sera adioustee. De laquelle chose
addictus est. Si autem liberati sunt, quid se iactant
nous avons plus certaine experience en ce vocable
velut de opere proprio? An ita liberi sunt, ut nec
qu'il ne seroit de besoin. Car apres qu'il a esté une
servi eius esse velint qui dicit , Sine me nihil
fois inventé, on l'a tellement receu, qu'on n'a tenu
potestis facere ? Quid, quod alio etiam loco videtur
conte de l'exposition qui en a esté faite par les
iocose eludere usum eius vocis, quum dicit, liberum
Anciens: et en a-on prins cause de s'élever en fol
quidem esse arbitrium, sed non liberatum: liberum
orgueil pour se ruiner.
de
peché.
Certes
de
parolles,
en
tous
Or
vain:
mais
vocables
quand
on
i'ay
en
horreur
desquelles
ie
seroye
esquels
assigne
il
toutes
l'Eglise
d'advis
y
a
est
qu'on
quelque
liberal-arbitre
à
iustitiae, servum peccati . Quam sententiam alibi
quoque repetit et explicat, ubi liberum a iustitia non
2.2.8.
esse hominem, nisi arbitrio voluntatis: a peccato
Davantage si l'authorité des Peres nous meut,
autem non fieri liberum nisi gratia Salvatoris. Qui
combien qu'ils ayent tousiours ce mot en la bouche,
libertatem hominis nihil aliud esse sibi testatur quam
cependant neantmoins ils monstrent en quelle estime
emancipationem, vel manumissionem a iustitia, illius
ils en ont l'usage: principalement sainct Augustin,
inane nomen videtur belle irridere. Itaque siquis
lequel ne doute point de l'appeller Serf. Il est bien
vocis
sibi
vray qu'il contredit en quelque lieu à, ceux qui nient
permittat, per me quidem non vexabitur ob eam rem:
qu'il y ait liberal-arbitre: mais il demonstre quant et
huius
usum
non
prava
intelligentia
sed quia sine ingenti periculo non posse retineri
quant
censeo, magno contra Ecclesiae bono futurum si
Seulement que nul n'entreprenne de nier tellement le
aboleatur: neque ipse usurpare velim, et alios, si me
franc-arbitre, qu'il vueille excuser le peché. Mais
consulant, abstinere optarim.
d'autre part il confesse que la volonté de l'homme
à
quoy
il
pretend,
quand
il
dit
ainsi:
n'est pas libre sans l'Esprit de Dieu, veu qu'elle est
subiette à ses concupiscences, lesquelles la tiennent
veincue et liée. Item, qu'apres que la volonté a esté
veincue par le vice auquel elle est tombée, nostre
nature a perdu sa liberté. Item, que l'homme en
usant mal du franc-arbitre, l'a perdu et s'est perdu
soy-mesme.
Item,
que
le
franc-arbitre
est
en
captivité, et qu'il ne peut rien à bien faire. Item,
qu'il ne sera point franc iusques à ce que la grace
de Dieu l'ait afìranchy. Item, que la iustice de Dieu
ne s'ac-complit pas quand 1a Loy commande et que
l'homme besoigne comme de sa force: mais quand
2.2.9.
l'Esprit aide, et que 1a volonté de l'homme, non pas
Magnum mihi praeiudicium attulisse forsan videar,
qui
scriptores
excepto
un autre passage il rend la raison de tout cela,
Augustino, ita ambigue aut varie in hac re loquutos
disant que l'homme avoit bien receu en sa creation
esse confessus sum, ut certum quippiam ex eorum
grande vertu du franc-arbitre, mais qu'il l'a perdu
scriptis haberi nequeat. Hoc enim perinde nonnulli
par le peché. Parquoy en un autre lieu derechef,
interpretabuntur quasi a suffragii iure depellere ideo
apres avoir monstré que le franc-arbitre est estably
ipsos voluerim quia mihi sint omnes adversarii. Ego
en la grace de Dieu, il reprend asprement ceux qui
vero nihil aliud spectavi quam quod volui simpliciter
se l'attribuent sans la grace. Comment, dit-il, ces
ac bona fide consultum piis ingeniis: quae si eorum
malheureux se sont-ils enorgueillis du franc-arbitre,
sententiam hac in parte expectent, semper incerta
devant qu'estre affranchis: ou de leur force, s'ils
fluctuabunt: adeo nunc hominem liberi arbitrii viribus
sont desia affranchis? Ils ne considerent point qu'en
spoliatum, ad solam gratiam confugere docent: nunc
ce mot de Franc-arbitre est signifiée une liberté. Or
propriis ipsum armis aut instruunt, aut videntur
où est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté (2 Cor.
instruere. Difficile tamen factu non est, ut appareat
3, 17). Si donc ils sont serfs de peché, comment se
eos
humana
vantent-ils d'avoir Franc-arbitre? Car celuy qui est
totam
veincu, est subiet à celuy qui l'a veincu. S'ils sont
Spiritui sancto bonorum omnium laudem detulisse: si
desia delivrez, pourquoy se vantent-ils comme de
quasdam eorum sententias huc inseram quibus id
leur oeuvre propre? Sontils tellement libres, qu'ils ne
clare docetur. Quid enim sibi vult illud Cypriana,
vueillent point estre serviteurs de celuy qui dit,
toties ab Augustino celebratum, De nullo gloriandum:
Sans moy vous ne pouvez rien (Iean 15, 5). Que
quia nihil nostrum est , nisi ut homo prorsus apud
dirons-nous mesmes qu'en un autre lieu il semble
se exinanitus, a Deo totus pendere discat. Quid illud
qu'il se vueille moquer de ce mot, en disant, qu'il y
Augustini et Eucherii, dum lignum vitae Christum
a bien liberalarbitre en l'homme, mais non pas à
esse exponunt, ad quem qui manum porrexerit, vivet:
delivre, et qu'il est libre de iustice et serf de peché.
in
virtute
omnes
huiusmodi
nihil
aut
Ecclesiasticos,
libre de soy, mais estant delivrée de Dieu, obéit. En
loquendi
quam
ambiguitate,
minimo
aestimata,
lignum scientiae boni et mali, voluntatis arbitrium, de
Laquelle sentence il repete et expose au premier
quo, qui relicta gratia Dei gustaverit, morietur ?
livre a Boniface chap. 2, quand il dit que l'homme
Quid illud Chrysostomi, Quod omnis homo non modo
n'est point à delivre de iustice sinon par sa volonté
naturaliter peccator, sed totus peccatum est ? Si
propre: mais qu'il n'est pas à delivre de peché sinon
nihil boni nostrum est, si homo a vertice ad calcem
par la grace du Sauveur. Celuy qui tesmoigne n'avoir
totus est peccatum, si ne tentare quidem licet
autre opinion de la liberté de l'homme, sinon qu'il
quantum valeat arbitrii facultas: qui iam inter Deum
est esgaré de iustice, ayant reietté le ioug d'icelle
et
liceat?
pour servir à peché, ne se moque-il pas purement
Possem eiusmodi formae permulta ex aliis referre:
du tiltre qu'on luy baille, le nomirant Francarbitre?
sed nequis cavilletur, me seligere sola ea quae
Pourtant si quelcun se permet user de ce mot en
causae
adversantur,
saine intelligence, ie ne luy en feray pas grande
callide praeterire, ab hac recitatione abstineo. Audeo
controversie, mais pource que ie voy qu'on n'en peut
tamen hoc affirmare, utcunque nimii interdum sint in
user sans grand danger, au contraire que ce seroit
libero arbitrio extollendo, hunc tamen illis propositum
grand profit à l'Eglise qu'il fust aboly, ie ne le
fuisse scopum, ut hominem a virtutis suae fiducia
voudroye
penitus
demandoit conseil, ie luy diroye qu'il s'en abstinst.
hominem
meae
laudem
boni
serviunt,
quae
aversum, in Deo
repositam
veritatis
habere
operis
autem
uno fortitudinem suam
doceant.
explicationem
partiri
in
Nunc
ad
point
usurper,
et
si
quelcun
m'en
simplicem
consideranda
hominis
natura venio.
2.2.9.
Il semblera advis à d'aucuns que ie me suis fait
un
grand
preiudice
en
confessant
que
tous
les
docteurs Ecclesiastiques, excepté sainct Augustin,
ont parlé si douteusement ou inconstamment de
ceste matiere, qu'on ne peut rien avoir de certain de
leur doctrine. Oar ils prendront cela comme si ie les
2.2.10.
vouloye debouter, d'autant qu'ils me sont contraires:
Quod tamen initio huius capitis praefatus sum,
mais ie n'ay autre chose regardé, sinon d'advertir
cogor rursum hic repetere, Ut quisque maxime suae
simplement et en bonne foy les lecteurs pour leur
calamitatis, inopiae, nuditatis, ignominiae conscientia
profit, de ce qui en est, afin qu'ils n'attendent
deiectus est et consternatus, ita optime in sui
davantage
cognitione profecisse. Non enim periculum est ne
demoureront
sibi nimium adimat homo, dummodo recuperandum in
maintenant ayans despouillé l'homme de toute vertu,
Deo discat quod sibi deest. At sibi ne tantillum
ils enseignent d'avoir son refuge à la seule grace de
quidem sumere ultra ius suum potest, quin et inani
Dieu: l'autre fois ils luy attribuent quelque faculté,
confidentia se perdat, et divinum honorem ad se
ou pour le moins semblent advis luy attribuer.
traducens,
Toutesfois
quoties
immanis
haec
libido
sacrilegii
mentem
reus
fiat.
nostram
Et
sane
incessit
d'eux qu'ils
tousiours
il
ne
y trouveront: c'est qu'ils
en
m'est
incertitude,
pas
difficile
veu
de
que
faire
ut
apparoistre par aucunes de leurs sentences, que
aliquid nostrum habere expetamus, quod in nobis
quelque ambiguité qu'il y ait en leurs parolles, ils
scilicet potius quam in Deo resideat, cogitationem
n'ont du tout rien estimé des forces humaines, ou
hanc non ab alio consiliario sciamus nobis suggeri
pour le moins qu'ils en ont bien peu estimé, en
quam
esse
donnant toute la louange des bonnes oeuvres au
similes vellent, scientes bonum et malum. Si verbum
sainct. Esprit. Car que veut autre chose dire ceste
diabolicum est, quod hominem in seipso erigit, illi ne
sentence de sainct Cyprien, tant souvent alleguée de
locum demus: nisi ab hoste consilium capere libet.
sainct Augustin, Il ne nous faut en rien glorifier, car
Dulce quidem est, tantum habere propriae virtutis ut
il n'y a nul bien qui soit nostre? Certes elle aneantit
in
qui
teipso
primos
parentes
du tout l'homme, afin de luy apprendre de cercher
tot
graves
tout en Dieu. Autant y en a-il en ce qu'Euchere,
sententiae, quibus severe prosternimur: quales sunt,
ancien Evesque de Lion, dit avec sainct Augustin,
Maledictum esse qui confidit in homine, et ponit
c'est que Christ est l'arbre de vie, auquel quiconque
carnem brachium suum . Item, Non delectari Deum
tenera la main, il vivra: Que l'arbre de cognoissance
robore equi: tibias viri illi non placere: sed affici
de bien et de mal, est le franc-arbitre, de laquelle
erga timentes se, suspicientes bonitatem suam .
quiconque voudra gouster, mourra. Item, ce que dit
Item, Ipsum esse qui dat lasso vires, et virtute
sainct Chrysostome, que l'homme non seulement de
defecto
nature
robur
ne
deterreant
auget:
qui
facit
ad
diis
istam
illectemur,
sed,
ut
inanem
fiduciam
acquiescas:
induxit
nos
ut
fatigentur
et
est
pecheur,
mais
entierement
n'est
que
laborent adolescentes, iuvenes impingant: qui autem
peché. S'il n'y a rien de bien en nous, si l'homme
in ipso uno sperant, roborentur . Quae omnes eo
depuis la teste iusques aux pieds n'est que peché,
spectant, ut ne quantulacunque fortitudinis nostrae
s'il n'est pas mesme licite de tenter que vaut le
opinione nitamur, si Deum volumus habere propitium,
franc-arbitre,
qui superbis resistit, humilibus autem dat gratiam .
entre
Tum
oeuvres?
in
memoriam
rursum
veniant
istae
Dieu
Ie
comment
et
sera-il
rhomrno
pourroye
la
licite
louange
amener
des
de
diviser
des
bonnes
autres
Peres
promissiones, Effundam aquam super sitientem, et
beaucoup de tesmoi-gnages semblables: mais afin
flumina super aridam . Item, Omnes sitientes venite
que
ad aquas . Quae testantur, ad percipiendas Dei
seulement ce qui servoit à mon propos, et laissé
benedictiones nullos admitti nisi suae paupertatis
derriere ce qui me pouvoit nuire, ie m'abstien d'en
sensu
eiusmodi,
faire plus long recit. Neantmoins i'ose affermer cela
qualis ista est Iesaiae, Non erit amplius tibi sol ad
: combien qu'ils passent aucunesfois mesure, en
lucendum per diem, neque luna ad lucendum per
exaltant le francarbitre, qu'ils tendent tousiours à ce
noctem: sed erit tibi Dominus in lucem sempiternam.
but, de destourner l'homme de la fiance de sa
Solis certe aut lunae splendorem non aufert Dominus
propre vertu, afin de l'enseigner que toute sa force
servis suis: sed quia vult in ipsis solus gloriosus
gist en Dieu seul. Maintenant venons à considerer
apparere: ab iis etiam quae habentur eorum opinione
simplement et à la verité quelle est la nature de
excellentissima, fiduciam eorum procul avocat.
l'homme.
tabescentes.
Nec
praetereundae
nul
2.2.10.
ne
puisse
caviller
que
i'aye
choisy
Ie suis contraint de repeter eucore icy derechef
ce que i'ay touché au commencement de ce traité,
assavoir
2.2.11.
celuy
a
tresbien
profité
en
la
cognoissance de soy-mesme, lequel par l'intelligence
Semper sane mihi vehementer illud Chrysostomi
placuit,
que
Fundamentum
humilitatem
;
nostrae
magis
Quemadmodum,
philosophiae
etiamnum
inquit,
abbatu, et estonné. Car il n'y a nul danger que
Augustini,
l'homme s'abaisse trop fort, moyennant qu'il entende
qu'il luy faut recouvrer en Dieu ce qui luy defaut en
primum esset in eloquentiae praeceptis: respondit
soy mesme. Au contraire, il ne se peut attribuer un
pronuntiationem:
pronuntiationem:
seul grain de bien outre mesure, qu'il ne se ruine de
quid tertium, pronuntiationem; ita si me interroges
vaine confiance, qu'il ne soit coulpable de sacrilege
de religionis Christianae praeceptis, primo, secundo,
en ce qu'il usurpe la gloire de Dieu. Et de vray
et tertio et semper respondere liberet humilitatem .
toutes fois et quantes que ceste cupidité nous vient
Porro humilitatem non intelligit, ubi homo aliquantae
en l'entendement, d'appeter d'avoir quelque chose
virtutis sibi conscius a superbia fastuque abstinet:
propre à nous, assavoir, qui reside en nous plus
sed ubi talem se vere sentit qui nullum habeat nisi
qu'en Dieu, il nous faut entendre que ceste pensée
in humilitate refugium, quemadmodum alibi declarat.
ne nous est presentée d'autre conseillier que de
Nemo, inquit, se palpet: de suo Satanas est: id unde
celuy qui a induit noz premiers Peres à vouloir estre
beatus est, a Deo tantum habet. Quid enim de tuo
semblables à Dieu, sachans le bien et le mal (Gen.
habes nisi peccatum? Tolle tibi peccatum, quod tuum
3, 5). Si c'est parolle diabolique celle qui exalte
est: nam iustitia Dei est . Item, Quid tantum de
l'homme en soy-mesme, il ne nous luy faut donner
naturae possibilitate praesumitur? vulnerata, sauciata,
lieu sinon que nous vueillions prendre conseil de
vexata, perdita est. Vera confessione, non falsa
nostre ennemy. C'est bien une chose plaisante de
defensione
quisque
penser avoir tant de vertu en nous, que nous soyons
cognoscit quod in seipso nihil est, et adiutorium de
contens de noz personnes: mais il y a trop de
se nullum habet: arma in ipso confracta sunt, bella
sentences en l'Escriture, pour nous destourner de
sedata sunt. Necesse autem est ut conterantur omnia
ceste
impietatis
comburantur:
s'ensuyvent, Maudit est celuy qui se confie en
remaneas inermis, nullum habeas in te adiutorium.
l'homme, et met sa vertu en la chair (Ier. 17, 5).
Quanto magis in te infirmus es, tanto magis te
Item, Dieu ne prend point de plaisir en la force du
suscipit Dominus . Sic in Psalmum septuagesimum,
cheval, ny aux iambes de l'homme robuste, mais a
iustitiae
son
opus
secundum,
habet
arma,
nostrae
ille
esse
quid
quid
rhetor
illud
de sa calamité, povreté, nudité et ignominie est
.
Item,
rogatus
Quando
confringantur,
reminisci
nos
vetat,
quo
Dei
vaine
affection
confiance:
à
ceux
comme
qui
sont
le
celles
craignent
qui
et
iustitiam agnoscamus: ac Deum ostendit sic nobis
recognoissent sa bonté (Ps. 147, 10). Item, C'est
gratiam
esse
luy qui donne force au las, et restauré celuy auquel
sciamus. Stare tantum Dei misericordia, quum a
le courage defaut. Item, il lasse, et abbat ceux qui
nobisipsis nonnisi mali simus. Ne hic ergo de iure
sont en fleur d'aage, il meine en decadence les
nostro cum Deo contendamus, acsi saluti nostrae
forts, et fortifie ceux qui esperent en luy (Is. 40,
decederet quod illi tribuitur. Siquidem ut nostra
29). Lesquelles tendent toutes à ce but, que nul ne
humilitas, eius est altitudo: ita confessio nostrae
se repose en la moindre opinion du monde de sa
humilitatis, miserationem eius in remedium paratam
propre vertu, s'il veut avoir Dieu à son aide, lequel
habet. Neque vero exigo ut homo non convictus,
resiste aux orgueilleux, et donne grace aux humbles
suam
commendare,
ut
nos
nihil
ultro cedat: et siquas facultates habet, ab iis animum
(Iacq. 4, 6). Apres, que nous reduisions en memoire
avertat, quo in veram humilitatem subigatur: sed ut
toutes ces promesses, respandray des eaux sur la
seposito
(quo
terre qui aura soif, et arrouseray de fleuves la terre
excaecatus, aequo altius de se sentit) in veraci
seiche (Is. 44, 3). Item, Tous ceux qui avez soif,
Scripturae speculo seipsum probe recognoscat.
venez puiser de l'eau (Is. 55, 1) et s) les autres
filauti,aj
kai.
morbo
filoneiki,aj
semblables. Lesquelles tesmoignent, que nul n'est
admis à recevoir les benedictions de Dieu, sinon
celuy qui dechet et default par le sentiment de sa
provreté. Et ne faut aussi oublier les autres: comme
est celle qui s'ensuit d'Isaie: Tu n'auras plus le
2.2.12.
soleil pour te luire de iour, ne la lune pour luire de
Ac
illa
quidem
quam
nuit: mais ton Dieu te sera en lumiere perpetuelle
sumpserunt ex Augustino, mihi placet, naturalia dona
(Is. 60, 19). Certes le Seigneur n'oste point à ses
fuisse
peccatum,
serviteurs la clarté du soleil ou de la lune: mais
supernaturalibus autem exinanitum fuisse. Nam hoc
d'autant qu'il veut apparoistre luy seul glorieux en
posteriore membro intelligunt tam fidei lucem quam
eux, il destourne loin leur fiance des choses qui
iustitiam,
sont les plus excellentes à- nostre opinion.
corrupta
quae
foelicitatem
vulgaris
in
ad
sententia
homine
caelestem
adipiscendam
per
vitam
aeternamque
sufficerent.
Ergo
se
abdicans a regno Dei, simul privatus est spiritualibus
donis, quibus in spem salutis aeternae instructus
fuerat; unde sequitur, ita exulare a regno Dei, ut
quaecunque ad beatam animae vitam spectant, in eo
extincta sint, donec per regenerationis gratiam ipsa
2.2.11.
Pourtant
ceste
sentence
de
Chrysostome
m'a
recuperet. In his sunt, fides, amor Dei, charitas erga
tousiours fort pleu, où il dit que le fondement de
proximos,
Haec
nostre philosophie est humilité. Et encore plus celle
adventitia
de sainct Augustin, quand il dit: Comme Demosthene
censentur, et praeter naturam: ideoque fuisse abolita
orateur Grec estant interrogué quel estoit le premier
colligimus. Rursum sanitas mentis et cordis rectitudo
precepte d'eloquence, respondit que c'estoit bien
simul
naturalium
prononcer: estant interrogué du 'second, respondit
donorum corruptio. Nam etsi aliquid intelligentiae et
autant, et autant du troisieme: ainsi, dit-il, si tu
iudicii residuum manet una cum voluntate, neque
m'interrogues
tamen mentem integram et sanam dicemus, quae et
Chrestienne, ie te respondray que le premier, le
debilis est, et multis tenebris immersa; et pravitas
second et le troisieme est humilité. Or il n'entend
voluntatis plus satis nota est. Quum ergo ratio qua
pas humilité, quand l'homme pensant avoir quelque
discernit homo inter bonum et malum, qua intelligit
vertu ne s'enorgueillit point pourtant: mais quand il
et iudicat, naturale donum sit, non potuit in totum
se cognoit tel à la verité, qu'il n'a nul refuge sinon
deleri: sed partim debilitata, partim vitiata fuit, ut
en s'humiliant devant Dieu: comme il le declaire en
deformes ruinae appareant. Hoc sensu dicit Iohannes
un autre lieu, Que nul, dit-il, ne se flatte, chacun
lucem adhuc in tenebris lucere, sed a tenebris non
de soy-mesme est diable: tout le bien qu'il a, il l'a
comprehendi
clare
de Dieu. Car qu'est-ce que tu as de toy-mesme,
exprimitur, in perversa et degenere hominis natura
sinon peché? Si tu veux prendre ce qui est tien,
omnia
sanctitatis
quum
nobis
fuerunt
ablata;
:
et
iustitiae
restituat
atque
quibus
studium.
Christus,
haec
verbis
est
utrunque
des
preceptes
de
la
religion
micare adhuc scintillas, quae ostendant rationale esse
pren le peché: car la iustice est de Dieu. Item,
animal,
intelligentia
Qu'est-ce que nous presumons tant de puissance de
praeditum sit: et tamen hanc lucem multa ignorantiae
nostre nature? elle est navrée, elle est abbatue, elle
densitate suffocari, ut efficaciter emergere nequeat.
est dissipée, elle est destruite, elle a mestier de
Sic
vraye confession, et non point de fausse defense.
et
a
voluntas,
brutis
quia
differre,
quia
inseparabilis
est
ab
hominis
natura, non periit: sed pravis cupiditatibus devincta
Item,
fuit, ut nihil rectum appetere queat. Haec quidem
soy-mesme, et qu'il n'a nulle aide de soy, les
plena est definitio, sed quae pluribus explicanda est.
armes sont rompues en luy. Or il est necessaire que
Ergo, ut secundum primam illam distinctionem, qua
toutes les armes d'impieté soyent brisees, rompues
hominis animam in intellectum et voluntatem partiti
et bruslées, que tu demeures desarmé, n'ayant en
sumus, orationis ordo procedat: vim intellectus priore
toy nulle aide. D'autant que tu es plus debile en toy,
loco
eum
Dieu te reçoit tant mieux. Pourtant en un autre lieu,
damnare, ut nihil intelligentiae ullo in genere rerum
assavoir sur le Pseaume septantieme, (Serm. 1,4) il
reliquum facias, non modo verbo Dei, sed sensus
nous defend de nous souvenir de nostre iustice, afin
etiam
Videmus
que nous cognoissions celle de Dieu, disant, que la
enim insitum esse humano ingenio desiderium nescio
grace de Dieu n'est pas autrement en son entier,
quod indagandae veritatis, ad quam minime aspiraret
sinon que nous tenions tout d'icelle, entant que nous
nisi aliquo eius odore ante percepto. Est ergo iam
sommes de nous-mesmes mauvais. Ne debatons
haec nonnulla humani intellectus perspicientia, quod
donc point contre Dieu de nostre droit, comme si
veritatis amore naturaliter rapitur: cuius neglectus in
nous
brutis animantibus arguit crassum absque ratione
attribuons.
sensum.
hautesse, aussi la confession de nostre humilité a
excutiamus.
communis
Perpetuae
caecitatis
experimento
Quanquam
haec
ita
repugnat.
qualiscunque
appetentia,
Quand
chacun
estions
Car
cognoit
apovris
qu'il
d'autant
comme
nostre
n'est
que
rien
nous
humilité
est
en
luy
sa
antequam cursus sui stadium ingrediatur, deficit: quia
tousiours
mox concidit in vanitatem. Siquidem mens hominis,
Combien que ie ne preten point que l'homme quitte
prae
viam
de son droit à, Dieu, sans estre convaincu, et qu'il
tenere nequit: sed per varios errores vagatur, et
destourne sa pensée, pour ne recognoistre sa vertu,
tanquam in tenebris palpando subinde impingit, donec
si aucune il en avoit, asia de se reduire à humilité:
tandem palata evanescat; ita veritatem quaerendo,
mais ie requier seulement que se demettant de toute
quam sit ad ipsam quaerendam et inveniendam inepta
folle amour de soy-mesme, et de hautesse et
prodit. Altera deinde vanitate graviter laborat: quod
ambition,
in quarum rerum veram notitiam incumbere expediat,
aveuglé, il se contemple au miroir de l'Escriture.
hebetudine,
saepius
non
rectam
discernit.
veri
Itaque
investigandi
in
sa
misericorde
desquelles
preste
affections
il
pour
est
remede.
par
trop
disquirendis
supervacuis ac nihili rebus ridicula curiositate se
torquet: ad res maxime cognitu necessarias aut non
advertit, aut contemptim et raro deflectit: studium
certe
suum
pravitate
vix
unquam
qua
2.2.12.
implicuisse
qu'on a tirée de sainct Augustin, me plaist bien:
comperiuntur. Quare Solomo, in toto suo Ecclesiaste,
c'est que les dons naturels ont esté corrompus en
ubi ea studia est persequutus in quibus sibi videntur
l'homme par le peché, et que les supernaturels ont
homines valde sapere, inania tamen esse et frivola
esté du tout abolys. Car par le second membre il
fere
conquerantur
De
Comme i'ay desia dit, ceste sentence commune
omnes
passim
applicat.
profani
scriptores,
quum
serio
se
ea
pronuntiat.
faut entendre taut la clarté de foy, que l'integrité et
droiture appartenante à la vie celeste et à la felicité
eternelle. Parquoy l'homme quittant le royaume de
Dieu, a esté privé des dons spirituels dont il estoit
garny et remparé pour son salut. De là il s'ensuit
qu'il est tellement banni du royaume de Dieu, que
toutes choses concernantes la vie bienheureuse de
l'ame sont aussi esteintes en luy, iusques à ce
qu'estant regeneré par la grace du sainct Esprit, il
les recouvre, assavoir la foy, l'amour de Dieu,
charité
envers
le
prochain,
affection
de
vivre
sainctement et iustement. Or d'autant que toutes ces
choses nous sont rendues par Iesus Christ, elles ne
peuvent estre reputées de nostre nature: car elles
procedent d'ailleurs. Pourtant nous concluons qu'elles
2.2.13.
ont
Neque tamen ita conatus eius semper in irritum
cedunt,
quin
aliquid
en
nous.
Pareillement
aussi
l'integrité de l'entendement, et ia droiture du coeur
nous ont esté ostées. Voila quelle est la corruption
seipsam ad inferiora ista intendit. Quinetiam non ita
des dons naturels. Car combien qu'il nous reste
stupida est quin exiguum quiddam et de superioribus
quelque portion d'intelligence et de iugement avec la
delibet,
volonté,
negligentius
praesertim
abolies
ubi
utcunque
assequatur,
esté
illis
percontandis
toutesfois
nous
ne
dirons
pas
que
vacet: non id quidem aequa facultate. Nam quum
l'entendement soit sain et entier, estant si debile et
supra
tum
envelopé en beaucoup de tenebres. Quant au vouloir,
imbecillitatis.
la malice et rebellion en est assez cogneue. Puis
Quare, ut melius perspiciamus quousque pro gradibus
donc que la raison par laquelle l'homme discerne
suae
procedat,
d'entre le bien et le mal, par laquelle il entend et
distinctionem nobis proponere operaepretium es. Sit
iuge, est un don naturel, elle n'a peu estre du tout
ergo
rerum
esteinte, mais a esté en partie debilitée et en partie
terrenarum intelligentiam, aliam vero caelestium. Res
corrompue: tellement qu'il n'y apparoist que ruine
terrenas voco, quae ad Deum regnumque eius, ad
deffìgurée. Et c'est en ce sens que sainct Iean dit,
veram iustitiam, ad futurae vitae beatitudinem non
que la clarté luit en tenebres, mais qu'elle n'est
pertingunt:
point comprinse des tenebres (Iean 1, 5). Et par
vitae
praecipue
praesentis
demum
facultatis
haec
convincitur
in
distinctio,
relationemque
sed
spatium
unaquaque
esse
cum
habent,
suae
vita
et
aliam
evehitur,
re
quidem
praesenti
quodammodo
rationem
intra
eius
ces mots tous les deux sont clairement exprimez:
fines continentur. Res caelestes, puram Dei notitiam,
c'est qu'en la nature de l'homme, quelque perverse
verae iustitiae rationem, ac regni caelestis mysteria.
et abastardie qu'elle soit, il y estincelle encores
In priore genere sunt politia, oeconomia, artes omnes
quelques flammettes, pour demonstrer qu'il est un
mechanicae, disciplinaeque liberales. In secundo, Dei
animal raisonnable, et qu'il differe d'avec les bestes
ac divinae voluntatis cognitio, et vitae secundum eam
brutes,
formandae regula. De priori autem sic fatendum,
toutesfois que ceste clarté est estouffée par telle et
Quoniam homo animal est natura sociale, naturali
si espesse obscureté d'ignorance, qu'elle ne peut
quoque instinctu, ad fovendam conservandamque eam
sortir en effect. Semblablement la volonté, pource
entant
qu'il
est
doué
d'intelligence:
et
societatem propendet: ideoque civilis cuiusdam et
qu'elle est inseparable de de la nature de l'homme,
honestatis et ordinis universales impressiones inesse
n'est point du tout perie: mais elle est tellement
omnium hominum animis conspicimus. Hinc fit ut
captive
nemo reperiatur qui non intelligat, oportere quosvis
convoitises, qu'elle ne peut rien appeter de bon.
hominum coetus legibus contineri, quique non earum
Ceste
legum
ille
encores a-elle mestier d'estre expliquée plus au
perpetuus tam Gentium omnium, quam singulorum
long. Parquoy afin que Tordre de nostre dispute
mortalium
procede selon la distinction que nous avons mise, en
principia
in
mente
leges
complectatur.
consensus,
quia
Hinc
insita
sunt
et
comme
definition
garrotée
est
pleine
sous
et
meschantes
suffisante,
mais
universis, absque magistro aut legislatore, ipsarum
laquelle
semina. Neque moror dissensiones et pugnas, quae
intelligence et volonté, il nous faut premierement
mox emergunt, dum alii cupiunt ius et fas omne
examiner quelle force il y a en l'intelligence. De dire
inversum, soluta legum repagula, libidinem solam pro
quelle soit tellement aveuglee qu'il ne luy reste
iure grassari, ut fures et latrones: alii (quod vitium
aucune cognoissance en chose du monde, cela seroit
plusquam vulgare est) iniquum esse putant quod pro
repugnant non seulement à la Parolle de Dieu, mais
aequo ab aliis sancitur: contra, laudabile contendunt
aussi à l'experience commune. Car nous voyons
quod ab aliis vetatur. Siquidem illi non ideo leges
qu'en
oderunt quod ignorent bonas et sanctas
s'enquerir de la verité, à laquelle il ne seroit point
esse: sed
nous
avons
l'esprit
humain
divisé
il
y
l'ame
a
humaine
quelque
desir
en
de
praecipiti cupiditate furentes, cum manifesta ratione
tant
pugnant: et, quod mentis intelligentia probant, pro
premierement. C'est donc desia quelque estincelle de
sua libidine abominantur. Posterius certamen tale est
clairté en l'esprit humain, qu'il a une amour naturelle
ut primam illam conceptionem aequitatis non dirimat;
à la verité, le contentement de laquelle és bestes
siquidem de legum capitibus dum inter se disceptat
brutes monstre qu'elles sont pleines de stupidité, et
homines, in quandam aequitatis summam consentiunt.
sans aucun sentiment de raison: combien que ce
In quo debilitas certe humanae mentis arguitur, quae,
desir tel quel, devant que se mettre en train defaut,
etiam dum viam sequi videtur, claudicat et vacillat.
pource qu'il dechoit en vanité. Car l'entendement
Manet tamen illud, inspersum esse universis semen
humain, à cause de sa rudesse, ne peut tenir
aliquod
certaine
ordinis
politici.
Atque
hoc
amplum
enclin,
sinon
voye
qu'il
pour
en
eust
chercher
la
quelque
verité,
goust
mais
argumentum est, in huius vitae constitutione, nullum
extravague en divers erreurs: et comme un aveugle
destitui luce rationis hominem. Sequuntur artes tum
qui tastonne en tenebres, se heurte çà et là, iusques
liberales, tum manuariae, quibus discendis, quia inest
à s'esgarer.du tout. Ainsi en cherchant la verité, il
omnibus
monstre combien il est mal propre et idoine à la
nobis
quaedam
aptitudo,
in
eis
etiam
apparet vis humani acuminis.
chercher et trouver. Il y a une autre faute bien
grosse, c'est qu'il ne discerne point le plus souvent
à quoy il se doit appliquer. Ainsi il se tormenté
d'une folle curiosité, à chercher choses superflues et
de nulle valeur. Quant est des choses necessaires,
ou il les mesprise du tout, ou au lieu de les
regarder, il les guigne comme en passant. Certes il
n'advient quasi iamais qu'il y applique son estude à
2.2.14.
Quanquam
bon escient. De laquelle perversité, combien que
autem
non
sunt
omnes
omnibus
tous
les
escrivains
Payens
se
complaignent,
discendis
idonei,
energiae
neantmoins on voit qu'ils s'y sont tous enveloppez.
certum specimen est, quod nemo prope reperitur
Pourtant Salomon en son Ecclesiaste, apres avoir
cuius in arte aliqua perspicientia non se exerat.
raconte toutes les choses esquelles les hommes se
Neque
plaisent et pensent estre bien sages, en la fin il les
sola
satis
tamen
suppetit
ad
communis
discendum
energia
et
facilitas, sed ad excogitandum dum in unaquaque arte
prononce estre vaines et frivoles.
novum aliquid, vel amplificandum et expoliendum
quod alio praeeunte didiceris. Quod ut Platonem
perperam
impulit
ut
traderet
comprehensionem
eiusmodi nihil esse quam recordationem: ita nos
optima ratione cogit fateri, esse ingenitum humano
ingenio eius principium. Haec ergo documenta aperte
testantur
universalem
rationis
et
intelligentiae
2.2.13.
comprehensionem esse hominibus naturaliter inditam.
Toutesfois quand l'entendement humain s'efforce
Sic tamen universale est bonum, ut in eo pro se
à quelque estude, il ne labeure pas tellement en
quisque peculiarem Dei gratiam agnoscere debeat. Ad
vain, qu'il ne profite aucunement: principalement,
quam
ipse
quand il s'adresse à ces choses inferieures. Et
naturae conditor, dum moriones creat, in quibus
mesme n'est pas tellement stupide, qu'il ne gouste
repraesentat quibus excellat dotibus hominis anima,
quelque petit des choses superieures, combien qu'il
nisi eius lumine perfusa: quod sic naturale inest
vaque negligemment à les chercher : mais il n'a
omnibus,
singulos
point pareille faculté aux unes et aux autres. Car
artium
quand il se veut eslever par dessus la vie presente,
gratitudinem
ut
nos
expergefacit
prorsus gratuitum sit erga
beneficentiae
eius
inventio
methodica
aut
abunde
munus.
Ipsarum
traditio,
porro
aut
interior
et
il
est
lors
principalement
conveincu
de
son
praestantior cognitio (quae propria est paucorum)
imbecillité. Pourtant afin de mieux entendre iusques
non
communis
à quel degré il peut monter en chacune chose, il
perspicaciae: quia tamen promiscue contingit piis et
nous faut user d'une distinction qui sera telle:
impiis, iure inter naturales dotes numeratur.
assavoir que l'intelligence des choses terriennes est
est
quidem
solidum
argumentum
autre que
des choses
celestes. I'appelle
choses
terriennes, lesquelles ne touchent point iusques à
Dieu
et
son
royaume,
n'a
la
vraye
iustice
et
immortalité de la vie future: mais sont coniointes
avec la vie presente, et quasi encloses sous les
2.2.15.
limites d'icelle. Les choses celestes, ie les appelle la
Quoties ergo in profanos scriptores incidimus illa,
quae
admirabilis
admoneamur,
integritate
tamen
in
mentem
sua
etiamnum
iis
hominis,
collapsam
Dei
affulget
et
donis
veritatis
luce
vraye iustice, et les mysteres du royaume celeste.
ab
Sous la premiere espece sont contenues la doctrine
eximiis
politique, la maniere de bien gouverner sa maison,
quantumlibet
perversam,
vestitam
pure cognoissance de Dieu, la reigle et raison de
esse
et
les arts mecaniques
la Philosophie et toutes les
exornatam. Si unicum veritatis fontem, Dei Spiritum
disciplines qu'on appelle liberales. A la seconde se
esse reputamus, veritatem ipsam neque respuemus,
doit referer la cognoissance de Dieu et de sa
neque
volonté, et la reigle de conformer nostre vie à
contemnemus,
ubicunque
apparebit:
nisi
velimus in Spiritum Dei contumeliosi esse; non enim
icelle.
Quant
au
premier
genre,
il
nous
faut
dona Spiritus, sine ipsius contemptu et opprobrio,
confesser
vilipenduntur.
l'homme est de nature compagnable, il est aussi
Quid
autem?
Veritatem
affulsisse
ce
qui
s'ensuit:
c'est
qu'entant
que
antiquis iureconsultis negabimus, qui tanta aequitate
enclin
civilem
prodiderunt?
conserver societé. Pourtant nous voyons qu'il y a
Philosophos caecutisse dicemus cum in exquisita ista
quelques cogitations generales d'une honnesteté et
naturae contemplatione, tum artificiosa descriptione?
ordre civil, imprimées en l'entendement de tous
Dicemus mentem illis defuisse, qui arte disserendi
hommes. De là vient qu'il ne s'en trouve nul qui ne
constituta, nos cum ratione loqui docuerunt? Dicemus
recognoisse que toutes assemblées d'hommes se
eos
suam
doivent reigler par quelques loix, et qui n'ait quelque
mathemata
principe d'icelles loix en son entendement. De là
omnia? putabimusne amentium deliria? Imo ne sine
vient le consentement qu'ont eu tousiours tant les
ingenti quidem admiratione, veterum scripta legere
peuples que les hommes particuliers, à accepter loix,
de his rebus poterimus: admirabimur autem, quia
pource qu'il y en a quelque semence en tous qui
praeclara,
Porro
procede de nature, sans maistre ou legislateur. A
laudabilene aliquid aut praeclarum censebimus, quod
cela ne repugnent point les dissentions et combats
non recognoscamus a Deo provenire? Pudeat nos
qui
tantae ingratitudinis, in quam non inciderunt Ethnici
voudroyent
poetae, qui et philosophiam, et leges, et bonas
honnesteté renversée, toute iustice abolie, pour se
omnes artes, deorum inventa esse confessi sunt.
gouverner selon leur cupidité: comme pour exemple,
Ergo quum homines istos, quos Scriptura yucikou.j
les larrons et brigans. Les autres (ce qui advient
vocat, usque eo fuisse pateat in rerum inferiorum
communement)
investigatione acutos et perspicaces, talibus exemplis
legislateur ordonne pour bon et iuste, et iugent estre
discamus
bon
ordinem
insanisse,
industriam
et
qui
nobis
ut
quot
disciplinam
medicinam
excudendo,
impenderunt?
sunt,
Quid
cogemur
naturae
agnoscere.
humanae
bona
Dominus
reliquerit, postquam vero bono spoliata est.
d'une
affection
surviennent
ce
incontinent:
toutes
qu'il
naturelle
loix
pensent
defend
à
entretenir
c'est
estre
estre
que
cassées,
inique
comme
les
ce
mauvais.
et
uns
toute
qu'un
Car
les
premiers ne hayssent point les loix, pource qu'ils
ignorent qu'elles soyent bonnes et sainctes: mais
estans ravis et transportez de leur cupidité, comme
d'une rage, combatent contre la raison: et ce qu'ils
approuvent en leur entendement, ils le haissent en
leur coeur, auquel regne la mauvaistié. Les seconds,
au different qu'ils ont ne repugnent pas tellement
2.2.16.
Neque
ensemble,
tamen
interim
obliviscamur
haec
qu'ils
n'ayent
tous
ceste
premiere
apprehension d'equité que nous avons dit. Car puis
praestantissima divini Spiritus esse bona, quae in
que
publicum
seroyent les meilleures, c'est signe qu'ils consentent
generis
humani
bonum,
quibus
vult
leur
contrarieté
gist
en
cela,
quelles
loix
dispensat. Si enim Beseleel et Oliab intelligentiam et
en
scientiam quae ad fabricam tabernaculi requirebatur,
monstre la debilité de l'entendement humain, lequel
oportuit a Spiritu Dei instillari : non mirum est, si
pensant suyvre la droite voye, cloche et chancelle.
earum
Neantmoins cela demeure tousiours ferme, qu'il y a
rerum
praestantissimae,
quae
sunt
cognitio
in
per
vita
humana
Spiritum
quelque
somme
d'equité.
En
quoy
aussi
se
Dei
en tous hommes quelque semence d'ordre politique:
communicari nobis dicatur. Neque est cur roget
ce qui est un grand argument que nul n'est destitué
quispiam, Quidnam cum Spiritu commercii impiis, qui
de la lumiere de raison quant au gouvernement de la
sunt a Deo prorsus alieni? Nam quod dicitur Spiritus
vie presente.
Dei in solis fidelibus habitare, id intelligendum de
Spiritu sanctificationis, per quem Deo ipsi in templa
consecramur. Neque tamen ideo minus replet, movet,
vegetat
omnia
eiusdem
Spiritus
virtute,
idque
secundum uniuscuiusque generis proprietatem, quam
2.2.14.
ei creationis lege attribuit. Quod si nos Dominus
Quant est des arts tant mecaniques que liberaux,
impiorum opera et ministerio, in physicis dialecticis,
entant que nous avons quelque dexterité à les
mathematicis et reliquis id genus voluit adiutos, ea
apprendre, en cela ii apparoit qu'il y a quelque vertu
utamur:
en
ne
si
Dei
dona
ultro
in
ipsis
oblata
cest
endroit
en
l'entendement
humain.
Oar
negligamus, demus iustas ignaviae nostrae poenas.
combien qu'un chacun ne soit pas propre et idoine à
At vero, nequis hominem valde beatum putet quum
les
sub
suffisant que l'entendement humain n'est pas destitué
elementis
huius
comprehendendae
energia
mundi
tanta
veritatis
illi
conceditur:
apprendre
tous,
toutesfois
c'est
un
signe
simul
de vertu en cest endroit, veu qu'il ne s'en trouve
addendum est, totam istam et intelligendi vim, et
quasi pas un lequel n'ait quelque promptitude à y
intelligentiam
esse
profiter. Davantage, il n'y a pas seulement la vertu
fluxam et evanidam coram Deo, ubi non subest
et facilité à, les apprendre: mais nous voyons que
solidum
enim
chacun en son art le plus souvent inventé quelque
Augustinus (cui subscribere, ut diximus, coacti sunt
chose de nouveau, ou bien augmente et polit ce qu'il
Magister sententiarum
et scholastici) ut gratuita
a apprins des autres. En quoy, combien que Platon
homini dona post lapsum detracta esse, ita naturalia
se soit abusé, pensant que telle apprehension ne fust
haec quae restabant, corrupta fuisse docet; non quod
qu'une souvenance de ce que l'ame savoit devant
per
qu'estre mise dedans le corps, toutesfois la raison
quae
veritatis
se
inde
consequitur,
fundamentum.
inquinari
possint,
rem
Verissime
quatenus
a
Deo
proficiscuntur: sed quia polluto homini pura esse
nous
desierunt, nequam inde laudem consequatur.
principe de ces choses imprimé en l'entendement de
contraint
de
confesser
qu'il
y
a
quelque
l'homme. Ces exemples donc nous monstrent qu'il y
a
quelque
imprimée
apprehension
naturellement
universelle
en
tous
de
raison,
hommes,
et
toutesfois cela est tellement universel, qu'un chacun
pour soy en son intelligence doit recognoistre une
grace speciale de Dieu: à, laquelle recognoissance
luy nous esveille suffisamment, en creant des fols et
povres simples, esquels il represente comme en un
2.2.17.
miroir quelle excellence auroit l'ame de l'homme si
Haec summa sit, in universo genere humano
elle n'estoit esclarcie de sa lumiere, laquelle est
perspici naturae nostrae propriam esse rationem,
tellement naturelle à tous, que c'est un benefice
quae nos a brutis animalibus discernat, sicut ipsa
gratuit de sa largesse envers un chacun. L'invention
sensu
quod
des arts, la maniere de les enseigner, l'ordre de
nascuntur moriones quidam, vel stupidi, defectus ille
doctrine, la cognoissance singuliere et excellente
generalem Dei gratiam non obscurat: quin potius tali
d'icelles, pource que ce sont choses qui adviennent à
spectaculo monemur, quod nobis relictum est, Dei
peu de gens, ne nous sont point pour argumens
differunt
a
rebus
inanimatis.
Nam
indulgentiae merito debere ascribi: quia nisi nobis
certains
pepercisset, totius naturae interitum secum traxisset
nature: toutesfois puis qu'elles sont communes aux
defectio. Quod autem alii praestant acumine, alii
bons et aux mauvais, nóus les pouvons reputer entre
iudicio superant, aliis mens agilior est ad hanc vel
les graces naturelles.
quelle
ingeniosité
ont
les
hommes
de
illam artem discendam, in hac varietate gratiam suam
nobis
commendat
Deus,
ne
sibi
quisquam
velut
2.2.15.
proprium arroget quod ex mera illius liberalitate
Pourtant,
quand
nous
voyons
aux
escrivains
fluit. Unde enim alius alio praestantior, nisi ut in
Payens ceste admirable lumiere de verité, laquelle
natura communi emineat specialis Dei gratia, quae
apparoit en leurs livres, cela nous doit admonnester
multos
esse
que la nature de l'homme, combien qu'elle soit
clamat? Adde quod singulares motus pro cuiusque
descheute de son integrité, et fort corrompue, ne
vocatione Deus instillat; cuius rei multa occurrunt
laisse point toutesfois d'estre ornée de beaucoup de
exempla in libro Iudicum, ubi dicitur Spiritus Domini
dons de Dieu. Si nous recognoissons l'esprit de Dieu
induisse
comme une fontaine unique de verité, nous ne
praeteriens,
quos
ad
nemini
regendum
se
obstrictam
populum
vocabat
.
Denique in eximiis quibusque factis specialis est
contemnerons
instinctus. Qua ratione Saulem sequuti sunt fortes,
apparoistra, sinon que nous vueilîions faire iniure à
quorum tetigerat Deus corda. Et quum praedicitur
l'Esprit de Dieu: car les dons de l'Esprit ne se
inauguratio in regnum, ita loquitur Samuel, Transibit
peuvent vilipender sans le contemnement et opprobre
super te Spiritus Domini, et eris vir alius . Atque
d'iceluy. Or maintenant pourrons-nous nier que les
hoc ad totum gubernationis cursum extenditur: sicuti
anciens Iurisconsultes n'ayent eu grande clairté de
postea narratur de Davide, quod transierit super eum
prudence, en constituant un si bon ordre, et une
Spiritus Domini a die illa in posterum . Sed idem
police si equitable? Dirons-nous que les Philosophes
alibi traditur quoad particulares motus. Imo apud
ayent esté aveugles, tant en considerant les secrets
Homerum ingenio pollere dicuntur homines non modo
de nature si diligemment, qu'en les escrivant avec
prout cuique distribuit Iupiter, sed oi-on evp h=mar a;gh|si.
tel artifice? Dirons-nous que ceux qui nous ont
Et certe experientia ostendit, dum attoniti saepe
enseigné l'art de disputer, qui est la maniere de
haerent qui maxime ingeniosi erant ac solertes, in
parler avec raison, n'ayent eu nul entendement?
manu et arbitrio Dei esse mentes hominum, ut eas
Dirons-nous que ceux qui ont inventé la medecine
singulis momentis regat: qua ratione dicitur auferre
ont
sensum prudentibus, ut errent per invia . Caeterum
penserons-nous
in hac diversitate conspicimus tamen aliquas imaginis
contraire, nous ne pourrons lire les livres qui ont
Dei superstites notas, quae totum humanum genus ab
esté
escrits
de
toutes
ces
aliis creaturis distinguant.
esmerveiller.
Or
nous
nous
esté
point
la
insensez?
que
verité
Des
ce
par
tout
autres
soyent
folies?
matieres
en
où
elle
disciplines,
Mais
sans
au
nous
esmerveillerons,
pource que nous serons contreints d'y recognoistre
la prudence qui y est. Et estimerons-nous rien
excellent ne louable, que nous ne recognoissions
venir de Dieu? Car autrement ce seroit une trop
grande ingratitude en nous, laquelle n'a point esté
aux Poetes payens, qui ont confessé la Philosophie,
les loix, la medecine et autres doctrines estre dons
de
Dieu.
Puis
donc
qu'ainsi
est,
que
ces
personnages, qui n'avoyent autre aide que de nature,
ont esté si ingenieux en l'intelligence des choses
mondaines et inferieures, tels exemples nous doivent
instruire combien nostre Seigneur a laissé de graces
à la nature humaine, apres qu'elle a esté despouillee
2.2.18.
du souverain bien.
Nunc exponendum est quid cernat humana ratio,
ubi ad regnum Dei venitur et spiritualem illam
perspicientiam: quae tribus potissimum rebus constat,
2.2.16.
Deum nosse, paternum ergo nos eius favorem, in quo
Si est-ce toutesfois qu'il ne faut point oublier
salus nostra consistit: et formandae secundum legis
que toutes telles graces sont dons de l'Esprit de
regulam vitae rationem. Cum in primis duobus, tum
Dieu, lesquels il distribue à qui bon luy semble, pour
vero
le bien commun du genre humain. Oar s'il a fallu
in
secundo
proprie,
qui
sunt
hominum
ingeniosissimi, talpis sunt caeciores. Equidem non
que
inficior, sparsim quaedam apud philosophos de Deo
specialement
legi scite et apposite dicta: sed quae vertiginosam
construisoyent le Tabernacle au desert (Ex. 31, 2;
quandam imaginationem semper resipiant. Praebuit
35, 30), ce n'est point de merveille si nous disons
quidem illis Dominus, ut supra dictum est, exiguum
que la cognoissance des choses principales de la vie
divinitatis
impietati
humaine, nous est communiquée par l'Esprit de Dieu.
pietati obtenderent: et eos interdum ad dicenda
Si quelcun obiecte, Qu'est-ce qu'a à faire l'Eprit de
nonnulla
Dieu avec les iniques, qui sont du tout estranges de
suae
gustum,
impulit,
ne
quarum
ignorantiam
confessione
ipsi
science
et
par
artifice
l'Esprit
ayent
de
Dieu
esté
à
donnez
ceux
qui
convincerentur: sed ita viderunt quae videbant, ut
Dieu?
tali intuitu minime ad veritatem dirigerentur, nedum
suffisant. Car ce qui est dit, que l'Esprit habite
pertingerent, qualiter nocturni fulgetri coruscationem,
seulement aux hommes fideles: cela s'entend de
qui in medio agro est viator, longe lateque ad
l'Esprit de sanctification, par lequel nous sommes
momentum videt: sed adeo evanido aspectu, ut ante
consacrez à Dieu pour estre ses temples. Cependant
noctis
caligine
resorbeatur,
queat:
tantum
abest
respon
que
cest
argument
n'est
pas
pedem
movere
toutesfois Dieu ne laisse point de remplir, mouvoir,
tali
subsidio
vivifier par la vertu de ce mesme Esprit toutes
deducatur. Praeterea illae veritatis guttulae, quibus
creatures: et cela fait-il selon la proprieté d'une
libros tanquam fortuito aspergunt, quot et quam
chacune, telle qu'il luy a donnée en la creation. Or
portentosis mendaciis sunt inquinatae? Denique illam
si le Seigneur a voulu que les iniques et infideles
divinae erga nos benevolentiae certitudinem (sine
nous servent à entendre la Physique, Dialectique et
qua hominis ingenium immensa confusione repleri
autres disciplines, il nous faut user d'eux en cela, de
necesse est) ne olfecerunt quidem unquam. Ad hanc
peur que nostre negligence ne soit punie, si nous
ergo veritatem nec appropinquat, nec contendit, nec
mesprisons les dons de Dieu là où ils nous sont
collimat humana ratio, ut intelligat quis sit verus
offerts. Toutesfois, afin que nul ne pense l'homme
Deus, qualisve erga nos esse velit.
estre fort heureux en ce que nous luy concedons
ut
quam
Ie
in
viam
une si grande vertu, de comprendre les choses
inferieures et contenues en ce monde corruptible, il
nous faut semblablement noter toute ceste faculté
qu'il a d'entendre, et l'intelligence qui s'ensuit, estre
chose frivole et de nulle importance devant Dieu,
quand il n'y a point ferme fondement de verité. Car
ceste sentence que nous avons alleguée de sainct
2.2.19.
Augustin
est
tresvraye,
laquelle
le
maistre
des
Sed quia falsa perspicaciae nostrae opinione ebrii,
Sentences et les Scolastiques ont esté contreints
aegerrime nobis persuaderi sinimus, illam in rebus
d'approuver: c'est que comme les graces données à
divinis caecam prorsus esse et stupidam: satius,
l'homme dés le commencement outre sa nature, luy
opinor, fuerit Scripturae testimoniis, quam rationibus
ont esté ostées apres qu'il est trebusché en peché:
id comprobare. Hoc pulcherrime docet Iohannes, eo
aussi
quem nuper citavi loco, quum scribit in Deo ab initio
demourees, ont esté corrompues: non pas qu'elles se
fuisse vitam, et eam vitam quae esset lux hominum:
puissent
lucem hanc in tenebris lucere, et a tenebris non
Dieu, mais elles ont laissé d'estre pures à l'homme,
comprehendi
apres qu'il a esté pollu, tellement qu'on ne luy en
.
Indicat
quidem
hominis
animam
fulgore divinae lucis irradiari, ut nunquam plane vel
exigua
saltem
eius
flamma,
vel
saltem
que
les
graces
naturelles
qui
luy
sont
contaminer entant qu'elles procedent de
doit attribuer aucune louange.
scintilla
destituatur: sed ea tamen illuminatione Deum non
comprehendere. Cur id? quia eius acumen, quantum
2.2.17.
ad Dei notitiam, mera est caligo. Quum enim Spiritus
Le tout revient là, qu'on apperçoit en tout le
homines appellat tenebras, eos semel spoliat omni
genre humain, que la raison est propre à nostre
spiritualis intelligentiae facultate. Quare fideles, qui
nature, pour nous discerner d'avec les bestes brutes:
Christum amplectuntur, non ex sanguinibus, neque ex
comme icelles different en leur degré des choses
voluntate carnis aut viri, sed ex Deo natos asserit .
insensibles. Car quant à ce qu'aucuns naissent fols,
Quasi diceret, non esse tam sublimis sapientiae
et les autres stupides, tel defaut ne doit obscurcir la
capacem
grace
carnem,
ut
Deum,
et
quod
Dei
est,
generale
de
Dieu:
plustost
nous
sommes
suscipiat, nisi Dei Spiritu illuminetur. Quemadmodum
advertis par tels spectacles qu'il nous faut attribuer
testatus est Christus, hanc specialem esse Patris
ce que nous avons de residu à une grande liberalité
revelationem, quod a Petro agnosceretur.
de Dieu: pource que s'il ne nous eust espargnez, la
revolte d'Adam eust aboly tout ce qui nous estoit
donné. Quant à ce quo les uns sont plus subtils que
les autres, ou bien qu'ils ont iugement singulier, et
qu'aucuns
ont
l'esprit
plus
agile
à
inventer
ou
apprendre quelque art, en telle varieté Dieu nous
donne lustre à sa grace, afin que nul n'attire à soy
2.2.20.
Si
comme propre, ce qui est de la pure liberalité de
persuasum
extra
celuy dont tçut bien procede. Car dont vient cela
controversiam esse debet) naturae nostrae deesse
que l'un est plus excellent que l'autre, sinon afin
quicquid caelestis Pater electis suis per Spiritum
que la grace speciale de Dieu ait sa preeminence en
regenerationis
confert,
la nature commune, quand il appert qu'en laissant
materia.
enim
Sic
nobis
hic
nulla
(quod
esset
une partie derriere, elle n'est obligée à aucun? Qui
Prophetam, Quoniam apud te est fons vitae, et in
plus est, Dieu inspire des mouvemens singuliers à
lumine
chacun selon sa vocation, de laquelle chose nous
videbimus
populus
haesitandi
apud
tuo
loquitur
foret
lumen
.
fidelis
Idem
testatur
Apostolus, quum ait neminem posse dicere Dominum
avons plusieurs exemples au livre des Iuges: où il
Iesum, nisi in Spiritu sancto . Et Iohannes Baptista,
est dit que l'Esprit de Dieu a revestu c'eux qu'il
stuporem discipulorum videns, exclamat, neminem
ordonnoit pour gouverneurs du peuple (Iuges 6, 34).
posse
fuerit
Bref en tous actes d'importance il y a quelque
desuper . Donum autem ab eo intelligi de speciali
mouvement particulier pour laquelle raison il est dit,
illuminatione,
inde
que les hommes vaillans desquels Dieu avoit touché
Christum
le coeur, ont suyvy Saul. Et quand le message luy
commendaverat discipulis suis, nihil se profecisse
est apporté que Dieu le veut faire regner, Samuel
conqueritur. Video, inquit, verba nihil esse ad mentes
luy prononce, L'Esprit de Dieu passera sur toy, et tu
hominum de rebus divinis imbuendas, nisi Dominus
deviendras autre homme (1
per Spiritum suum intelligentiam dederit. Quinimo
s'estend à tout le cours de son gouvernement:
Moses, dum populo exprobrat suam oblivionem, simul
comme il est puis apres recité de David, que l'Esprit
tamen notat, non aliter ipsum posse in mysteriis Dei
de Dieu est passé sur luy dés le iour de son
sapere, nisi ipsius beneficio. Viderunt, inquit, oculi
oncjfcion,
tui signa illa portentaque ingentia: et non dedit tibi
Le semblable est encore exprimé puis apres des
Dominus
incitations
accipere
constat,
quicquam,
non
communi
quod
cor
nisi
tot
ad
datum
naturae
verbis,
illi
dote,
quibus
intelligendum,
nec
aures
ad
Sam. 10, 6). Cela
pour continuer en apres (1 Sam. 16, 13).
ou
conduites
speciales:
mesmes
en
audiendum, nec oculos ad videndum . Quid plus
Homere il est dit que les hommes ont raison et
exprimeret, si nos vocaret stipites in operibus Dei
prudence, non seulement selon que Iupiter en a
considerandis?
distribué à un chacun, mais selon qu'il le conduit de
singularis
Unde
gratiae
Dominus
Prophetam,
daturum
iour à iour. Et de fait, l'experience monstre, quand
Israelitis cor, ut ab illis cognoscatur : nimirum
ceux qui sont les plus habiles et rusez se trouvent
innuens, tantum hominis mentem spiritualiter sapere,
tous
quantum abs se illustrata fuerit. Hoc quoque sua
humains sont en la main de Dieu, pour les adresser
voce
diceret
à chacune minute. A quoy respond ce que nous
neminem venire ad se posse, nisi cui datum Patre
avons desia allegué, qu'il oste le sens aux prudens,
suo foret . Quid? annon ipse est viva Patris imago,
pour les faire errer à l'esgarée (Ps. 107, 40). Au
in qua totus gloriae eius splendor nobis exprimitur?
reste, si ne laissons-nous pas de voir en ceste
Ergo non potuit melius ostendere qualis sit nostra ad
diversité quelques marques de residu de l'image de
cognoscendum Deum facultas, dum ad cernendam
Dieu, pour distinguer en general le genre humain
eius imaginem, ubi ita palam exhibetur, oculos nobis
d'avec toutes autres creatures.
dilucide
loco,
per
pollicetur
confirmavit
Christus,
se
quum
les
coups
esbahis,
que
les
entendemens
esse negat. Quid? annon ideo in terras descendit ut
Patris voluntatem hominibus patefaceret? Annon sua
quoque legatione fideliter defunctus est? Ita est
sane;
sed
nihil
efficitur
eius
praedicatione,
nisi
interior magister Spiritus viam ad animos patefaciat.
Ergo non veniunt ad eum, nisi qui a Patre audierunt
et edocti sunt. Quae ista discendi et audiendi ratio?
Nempe
ubi
ad
Maintenant il reste d'exposer que c'est que peut
virtute
voir la raison humaine, en cherchant le royaume de
Iesaiae
Dieu, et quelle capacité elle a de comprendre la
vaticinium citat, ubi dum Ecclesiae instaurationem
sagesse spirituelle, laquelle gist en trois choses:
intelligendum,
format.
Ac
aures
ad
Spiritus
ne
illud
audiendum,
mira
et
novum
et
mentes
2.2.18.
singulari
videatur,
promittit,
eos
Dei
in
assavoir, de cognoistre Dieu, sa volonté paternelle
salutem colligentur . Si aliquid peculiare de electis
envers nous, et sa faveur, en laquelle gist nostre
suis illic praedicit Deus, constat non de eo doctrinae
salut, et comment il nous faut reigler nostre vie
genere ipsum loqui quod impiis etiam et profanis
selon la reigle de la Loy. Quant aux deux premieres,
commune est. Restat igitur ut intelligamus, nemini
et principalement à la seconde, ceux qui ont le plus
patere in regnum Dei ingressum nisi cui novam
subtil entendement entre les hommes y sont plus
mentem Spiritus sanctus sua illuminatione fecerit.
aveuglez que les aveugles mesmes. Ie ne
Omnium vero clarissime Paulus, qui disputationem
que par cy par là on ne voye aux livres des
hanc ex professo ingressus, postquam stultitiae ac
Philosophes,
vanitatis damnavit universam hominum sapientiam.
couchées: mais en icelles il y apparoist tousiours
adeoque prorsus exinanivit, ita concludit demum,
telle inconstance, qu'on voit bien qu'ils en ont eu
animalem hominem non posse percipere quae sunt
seulement des imaginations confuses. Il est bien
Spiritus
posse
vray que Dieu leur a donné quelque petite saveur de
Quem
sa divinité, à ce qu'ils ne pretendissent ignorance
Dei:
intelligere,
discipulos
stultitiam
quia
fore
esse
spiritualiter
illi,
docet
qui
nec
diiudicantur
.
des
sentences
dites
de
nie pas
Dieu,
bien
vocat animalem? nempe qui naturae lumine nititur.
pour
Ille,
Dei
aucunement à, dire des sentences, par lesquelles ils
ignaviam
puissent estre convaincus. Mais ils ont tellement veu
negligit? Imo, etiamsi enitatur, nihil potest: quia
ce qu'ils en voyoyent, que cela ne les a peu
scilicet
adresser à la verité: tant s'en faut qu'ils y soyent
inquam,
nihil
comprehendit.
in
Quid
ita?
spiritualiter
significat?
quia
spiritualibus
an
quia
diiudicantur.
humanae
mysteriis
per
Quid
perspicaciae
istud
penitus
excuser
parvenus.
leur
Nous
impieté:
pourrons
et
les
expliquer
a
poussez
cela
par
abscondita, per solam Spiritus revelationem patefiunt:
similitudes. En temps de tonnerre, si un homme est
adeo ut pro stultitia ducantur, ubi Spiritus Dei non
au milieu d'un champ en la nuict, par le moyen de
illucet. Ante autem supra oculorum, aurium, mentium
Pesclair il verra bien loin à l'entour de soy, mais ce
capacitatem
Deus
sera pour une minute de temps: ainsi cela ne luy
quasi
servira de rien pour le conduire au droit chemin: car
diligentibus
extulerat
se,
quin
quae
sapientiam
praeparavit
humanam,
velum quoddam esse testatus fuerat, quo mens a
ceste
cernendo Deo impeditur. Quid volumus? pronuntiat
qu'avoir peu ietter l'oeil sur la voye, il est derechef
Apostolus, infatuatam a Deo sapientiam huius mundi:
opprimé de tenebres, tant s'en faut qu'il soit conduit.
et nos scilicet acumen illi tribuemus, quo ad Deum
Davantage, ces petites gouttes de verité que nous
et caelestis regni adyta penetrare possit? Facessat a
voyons esparses aux livres des Philosophes, par
nobis tanta vecordia.
combien d'horribles mensonges sont elles obscurcies?
Mais,
clairté
comme
est
i'ay
si
tost
dit
au
evanouye,
second
que
devant
article,
leur
ignorance est qu'ils n'ont iamais le moins du monde
gousté aucune certitude de la bonne volonté de Dieu,
sans laquelle l'entendement humain est remply de
merveilleuse confusion. Parquoy la raison humaine ne
peut iamais n'approcher, ne tendre, ne dresser son
but à ceste verité, d'entendre qui est le vray Dieu,
et quel il veut estre envers nous.
2.2.19.
Mais
pource
qu'estans
enyvrez
de
fausse
presomption, nous ne pouvons croire sinon avec
grande difficulté, que nostre raison soit tant aveugle
et stupide à entendre les choses de Dieu, il sera
meilleur, comme il me semble, de le prouver tant
par tesmoignage de l'Escriture, que par argumens.
Ce que i'ay dit nous est bien monstré de
sainct
Iean, quand il dit que dés le commencernent la vie a
esté en Dieu, et qu'icelle vie estoit la lumiere des
hommes: que ceste lumiere luit en tenebres, et n'est
point receue des tenebres (Iean 1, 4). Car par ces
2.2.21.
mots il enseigne bien que l'ame de l'homme est
Itaque quod hic detrahit hominibus, alibi soli Deo
aucunement
esclaircie
de
la
lumiere
de
Dieu,
tribuit in precatione. Deus, inquit, et Pater gloriae
tellement qu'elle n'est iamais destituée de quelque
det vobis Spiritum sapientiae et revelationis . Iam
flambe, ou pour le moins de quelque estincelle: mais
audis, omnem sapientiam et revelationem esse Dei
semblablement il noté que par ceste illumination elle
donum.
oculos
ne peut comprendre Dieu. Pourquoy cela? pource que
mentis vestrae. Certe si nova revelatione indigent, a
tout son engin, quant à la cognoissance de Dieu, est
seipsis caecutiunt; sequitur deinde, Ut sciatis quae
pure obscurité. Car quand le sainct Esprit appelle les
sit
tantae
hommes Tenebres, il les despouille de toute faculté
intelligentiae non esse capaces hominum mentes ut
d'intelligence spirituelle. Pourtant il aíferme que les
vocationem suam noverint, fatetur. Neque hic garriat
fideles qui reçoyvent Christ ne sont point naiz de
Pelagianus quispiam, huic vel stupiditati, vel ruditati
sang,
Deum succurrere, dum verbi sui doctrina eo dirigit
d'homme, mais de Dieu seulement (Iean 1, J 3).
hominis intellectum, quo, sine duce, pervenire non
Comme s'il disoit, que la chair n'est point capable
poterat. Habebat enim David Legem, in qua quicquid
d'une si haute sagesse, que de comprendre Dieu et
sapientiae
erat:
ce qui est de Dieu, sinon qu'elle soit illuminée par
retegi
le sainct Esprit. Comme Iesus Christ testifioit à
postulat, ut Legis ipsius mysteria consideret . Qua
sainct Pierre, que c'estoit une revelation speciale de
certe
ubi
Dieu son Pere, qu'il l'avoit peu cognoistre (Matth.
non
16, 17).
Quid
spes
neque
tum
praeterea?
vocationis
desiderari
tamen
locutione
hominibus,
Dei
eo
Illuminatos
vestrae,
potest,
contentus,
innuit,
verbum
etc.
Ergo
comprehensum
oculos
solem
sibi
exoriri
elucet:
verum
terris,
eos
ne
de
volonté
de
chair,
ne
de
volonté
multum inde consequi, donec oculos vel dederit vel
aperuerit ille ipse qui ideo pater luminum vocatur ,
quia ubicunque Spiritu suo non resplendet, omnia
tenebris
occupantur.
Sic
et
Apostoli
ab
2.2.20.
Si nous avions pour resolu ce qui nous doit estre
optimo
sans doute, c'est que tout ce que nostre Seigneur
quidem magistro rite et abunde edocti fuerant: nisi
confere à ses eleus par l'Esprit de regeneration,
tamen indigerent Spiritu veritatis qui eorum mentes
defaut à nostre nature, nous n'aurions nulle matiere
hac ipsa doctrina, quam ante audierant, erudiret ,
d'hesiter et douter en cest endroit. Car le peuple
non illum expectare iuberentur. Si quod petimus a
fidele parle en ceste maniere par la bouche du
Deo, deesse nobis confitemur, et ipse in eo quod
Prophete, Devers toy, Seigneur, est la fontaine de
promittit, nostram arguit inopiam: nemo iam fateri
vie: et en ta lumiere nous verrons clair (Ps. 36,
dubitet,
se
tantum
ad
intelligenda
Dei
mysteria
10). Et sainct Paul tesmoigne que nul ne peut bien
valere, quantum eius gratia fuerit illuminatus. Qui
parler de Christ, sinon par le sainct Esprit (1 Cor.
sibi plus intelligentiae tribuit, eo caecior est, quod
12, 3). Item, Iean Baptiste voyant la rudesse de ses
caecitatem suam non agnoscit.
disciples, s'escrie que nul ne peut rien comprendre,
sinon qu'il luy soit donné du ciel (Iean 3, 27). Or
par ce mot de Don, qu'il entende une revelation
speciale, et non point une intelligence commune de
nature, il appert bien en ce qu'il se compleind qu'il
n'a rien profité entre ses disciples par tant de
predications qu'il leur avoit fait de Christ: Ie voy
bien, dit-il, que mes parolles n'ont nulle vertu à
2.2.22.
instruire les hommes des choses divines, sinon que
Restat tertium illud membrum, de cognoscenda
Dieu
les
instruise
par
son
Esprit.
Pareillement
vitae probe instituendae regula, quam vere operum
Moyse reprochant au peuple son oubliance, noté
iustitiae notitiam nuncupamus: quam vere operum
quant et quant qu'il ne peut rien
iustitiae
mens
mystere de Dieu, sinon que la grace luy soit donnée.
humana esse aliquanto quam in superioribus acutior.
Tes yeux, dit-il, ont veu des signes et miracles
Siquidem testatur Apostolus, Gentes quae Legem non
tresgrans,
habent, dum Legis opera faciunt, sibi pro Lege esse,
entendement pour comprendre, n'oreilles pour ouyr,
ac ostendere opus Legis scriptum in cordibus suis,
n'yeux pour voir (Deut. 29, 2). Qu'est-ce qu'il
testimonium
et
exprimeroit davantage, s'il les appelloit Busches à
cogitationibus inter se accusantibus, aut excusantibus
considerer les oeuvres de Dieu? Pour ceste raison le
coram iudicio Dei . Si Gentes naturaliter Legis
Seigneur par son Prophete promet aux Israelites
iustitiam habent mentibus suis insculptam, certe non
pour
dicemus eas in vitae ratione prorsus caecutire. Et
entendement par lequel ils le cognoistront (Ier. 24,
nihil est vulgatius, quam lege naturali (de qua istic
7): signifiant que l'entendement de l'homme ne peut
Apostolus loquitur) hominem sufficienter ad rectam
avoir davantage de prudence spirituelle, sinon entant
vitae
expendamus,
qu'il est illuminé de luy. Cela mesme nous est
quorsum indita hominibus haec Legis notitia fuerit:
clairement; confermé par la bouche de Iesus Christ,
tum protinus apparebit quousque illos ad rationis
quand il dit que nul ne peut venir à luy, sinon qu'il
veritatisque scopum deducat. Id quoque ex Pauli
luy soit donné du Pere (Iean 6, 44). N'est-il pas
verbis liquet, siquis dispositionem observet. Dixerat
Tim
paulo ante, eos qui in Lege peccaverunt, per Legem
representée la clairté de la gloire d'iceluy (Hebr.
iudicari: qui sine Lege peccaverunt, sine Lege perire.
1,3)? Il ne pouvoit donc mieux demonstrer quelle
Hoc quia poterat absurdum videri, ut sine ullo iudicio
est nostre capacité à cognoistre Dieu, qu'en disant
praecedente Gentes pereant, continuo subiicit, suam
que nous n'avons point d'yeux à contempler son
illis conscientiam esse vice Legis: ideoque ad iustam
image, quand elle nous est monstrée si evidemment.
earum
legis
N'est-il pas aussi luy mesme descendu en terre
naturalis est, ut reddatur homo inexcusabilis. Nec
pour manifester aux hommes la volonté de son Pere
male hoc modo definietur, Quod sit conscientiae
(Iean
agnitio,
charge? Nous ne pouvons pas dire du contraire. Mais
notitiam
normam
nuncupamus:
illis
institui.
damnationem
inter
reddent
Nos
et
videtur
conscientia,
vero
sufficere.
iustum
ubi
Finis
iniustum
ergo
sufficienter
et
une
age
1,
le
grace
vive
18)?
Seigneur
ne
singuliere,
du
N'ail
Pere,
pas
en
t'a
qu'il
entendre au
point
leur
laquelle
fidelement
donné
donnera
nous
executé
est
sa
discernentis:
ad
tollendum
praetextum,
dum
redarguuntur.
Ea
hominibus
ignorantiae
sa predication ne pouvoit de rien profiter, sinon
ipsorum
testimonio
entant
suo
Esprit
luy
donnoit
indulgentia, ut in malis perpetrandis libenter mentem
donc ne vient à luy, qu'il n'ait esté enseigné du
a peccati sensu, quoad licet, semper avertat. Qua
Pere. Or le moyen de ceste instruction est, quand le
ratione videtur impulsus fuisse Plato, ut existimaret
sainct
non
eo
merveilleuse, donne oreilles pour ouyr et esprit pour
hypocrisis
entendre. Pour confermer cela, nostre Seigneur Iesus
tantum in tegendis vitiis proficeret, ut mens non sibi
allegue une sentence d'Isaie, là où Dieu apres avoir
male
quum
promis de restaurer son Eglise, dit que les fideles
subterfugiens peccator impressum sibi boni et mali
qu'il assemblera en icelle seront disciples de Dieu
iudicium, illuc identidem retrahatur, nec connivere ita
(Is. 54, 13)? S'il est là parlé d'une grace speciale
permittatur quin cogatur, velit nolit, aliquando aperire
que Dieu feit à ses eleus, il est à conclurre que
oculos: falso dicitur, ipsum ignorantia sola peccare.
ceste instruction qu'il promet donner, est autre que
convenienter
ignorantis
dictum
conscia
esset
foret,
.
si
coram
Id
erga
sainct
interieurement ouverture au coeur des hommes. Nul
nisi
hominis
le
seipsum
peccari
est
que
quidem
humana
Deo.
Sed
ab
Esprit
par
une
vertu
singuliere
et
celle qu'il donne indifferemment aux bons et aux
mauvais. Il faut donc entendre que nul n'a entrée au
royaume de Dieu, sinon que son entendement soit
renouvellé par l'illumination du sainct Esprit. Mais
sainct Paul parle encore plus clairement que tous les
autres: lequel deduisant ceste matiere, apres avoir
prononcé que la sagesse de l'homme est pleine de
folie et vanité, fait une telle conclusion, que l'homme
sensuel ne peut comprendre les choses qui sont de
l'Esprit: que ce luy est folie, et qu'il n'y peut rien
mordrel) (1 Cor. 2, 14). Qui est-ce qu'il appelle
2.2.23.
Homme sensuel? assavoir celuy qui se fonde sur la
Verius Themistius, qui intellectum in definitione
lumiere de nature. Voila donc comment l'homme
universali, seu rei essentia, rarissime falli docet:
naturellement ne peut rien cognoistre des choses
hallucinationem esse, quum ultra progreditur: nempe
spirituelles. Si on demande la raison, ce n'est pas
quum ad hypothesin descendit . Homicidium esse
seulement pource qu'il n'en tient conte, mais que
malum, si in genere quaeratur, nemo erit qui non
quand il s'efforcera le plus fort du monde, encore
affirmet: qui autem conspirat in mortem inimici,
n'y peut-il nullement atteindre: pource qu'il les faut
tanquam de re bona deliberat. Adulterium in genere
discerner spirituellement, dit sainct Paul. En quoy il
damnabit adulter: in suo privatim sibi blandietur.
signifie qu'estans cachées à l'intelligence humaine,
Haec est ignorantia, dum homo, ubi ad hypothesin
elles sont esclaircies par la revelation de l'Esprit:
ventum est, eius regulae obliviscitur quam in thesi
tellement que toute la sagesse de Dieu n'est que
nuper constituerat. De qua re elegantissime disserit
folie à l'homme, iusques à ce qu'il soit illuminé par
Augustinus in expositione primi versus Psalmi 57.
grace. Or sainct Paul au paravant avoit eslevé par
Quanquam ne istud quidem est perpetuum; sic enim
dessus la veue, l'ouye et la capacité de nostre
interdum flagitii turpitudo conscientiam urget, ut non
entendement, la cognoissance des choses que Dieu a
sibi imponens sub falsa boni imagine, sed sciens et
preparées à ses serviteurs: et mesme avoit testifie
volens in malum ruat. Ex quo affectu prodeunt istae
que la sapience humaine est comme un voile qui
voces, video meliora, proboque: Deteriora sequor .
nous
Quare mihi scitissime Aristoteles inter incontinentiam
voulons-nous
et
Ubi
sagesse de ce monde doit estre faite folie (1 Cor.
incontinentia regnat, dicit per affectum perturbatum
1, 20): comme à la verité Dieu l'a voulu faire: et
seu
nous
intemperantiam
pa,qoj
videtur
particularem
distinxisse.
notitiam
menti
eripi,
ne
empesche
luy
de
plus?
bien
contempler
L'Apostre
attribuerons
une
Dieu.
prononce
grande
que
subtilité,
Que
la
par
malum observet in suo facinore, quod generaliter in
laquelle elle puisse penetrer à Dieu et à tous les
similibus
secrets de son royaume! Que ceste rage soit loin de
cernit:
poenitentiam
ubi
extemplo
deferbuit
succedere.
perturbatio,
Intemperantiam
nous.
autem non extingui aut frangi peccati sensu, sed
contra
obstinate
in
suscepta
mali
electione
persistere.
2.2.24.
2.2.21.
Porro quum iudicium universale audis in boni et
Pourtant ce qu'il denie icy à l'homme, il l'attribue
mali discrimine, ne sanum ubique et integrum esse
à Dieu en un autre passage, priant à Dieu qu'il
putes. Nam si in hunc tantum finem, iusti et iniusti
donne
delectu imbuta sunt corda hominum ne ignorantiae
revelation (Ephes. 1, 17). Desia par ces mots il
excusationem praetexant, minime necessarium est
signifie que toute sagesse et revelation est don de
veritatem in singulis cernere: sed satis superque est,
Dieu. Que s'ensuit-il puis apres? Qu'il donne des
eatenus intelligere, ne tergiversari queant quin teste
yeux illuminez à leurs entendemens. Certes s'ils ont
conscientia convicti iam nunc ad Dei tribunal horrere
mestier de nouvelle illumination, ils sont aveugles
incipiant. Et si rationem nostram volumus ad Dei
d'eux-mesmes. Il adiouste consequemment, qu'il prie
Legem
exigere,
exemplar,
quae
comperiemus
perfectae
quam
aux
Ephesiens
esprit
de
sagesse
et
de
est
iustitiae
cela, afin qu'ils sachent quelle est l'esperance de
multis
partibus
leur
vocation.
Par
cela
il
demonstre
que
caecutiat. Certe quae in prima tabula praecipua sunt,
l'entendement humain n'est point capable d'une telle
minime assequitur: qualia sunt, de fiducia in Deum,
intelligence. Et ne faut point qu'un Pelagien babille
de
de
icy, en disant que Dieu subvient à une telle stupidité
nominis eius invocatione, de vero sabbathismo. Quae
ou rudesse, quand il guide l'entendement de l'homme
unquam anima, naturali sensu freta, subodorata est in
par sa parolle, là où il ne pouvoit parvenir sans
his et similibus positum esse legitimum Dei cultum?
adresse. Oar David avoit la Loy, en laquelle estoit
Nam quum volunt profani homines Deum colere,
comprins tout ee qu'on peut desirer de sagesse:
virtutis
et
iustitiae
laude
illi
tribuenda,
etiam si centies revocentur ab inanibus suis nugis,
toutesfois n'estant point content de cela, il prioit
semper
tamen
placere
Deo
illuc
Negant
quidem
Dieu qu'il luy ouvrist les yeux, afin qu'il considerast
accedat
mentis
les secrets de sa Loy (Ps. 119, 18). En quoy il
synceritas; quo testantur aliquid se concipere de
signifie, que quand la parolle de Dieu luit sur les
spirituali Dei cultu, quem tamen falsis commentis
hommes, elle est comme le soleil esclairant la terre:
statim
Lex
mais que tout cela ne nous profite de gueres,
persuaderi
iusques à ce que Dieu nous ait donné, ou bien
poterit. Dicamne praestare ulla perspicacia mentem,
ouvert les yeux pour voir. Et pour ceste cause il est
quae nec per se sapere, nec monitionibus auscultare
appellé Pere des lumieres (Iacq. 1, 17): d'autant que
valet? In secundae tabulae praeceptis aliquanto plus
par tout où il ne reluit point par son Esprit, il n'y a
habet
inter
que tenebres. Qu'ainsi soit, voila les Apostres qui
homines societatis conservationem propius accedunt.
avoyent esté deuement et suffisamment instruits du
Quanquam
pati
meilleur Maistre qui soit, toutesfois il leur promet
deprehenditur; excellentissimo enim cuique ingenio
de leur envoyer l'Esprit de verité, pour les instruire
absurdissimum est, iniquam ac nimis imperiosam
en la doctrine qu'ils avoyent au paravant ouye (Iean
dominationem ferre, siqua modo ratione depellere
14, 26). Si en demandant quelque chose à Dieu,
queat. Nec aliud est iudicium humanae rationis, quam
nous confessons qu'elle nous defaut, et si luy, en
servilis esse abiectique animi patienter eam ferre:
nous promettant quelque bien, denote que nous en
rursum honesti ingenuique pectoris, excutere. Nec
sommes vuides et desnuez, il nous faut confesser
vero
apud
sans difficulté que nous avons autant de faculté à
Philosophos. Atqui Dominus nimia ista ingenuitate
entendre les mysteres de Dieu, qu'il nous en donne
damnata, illam apud homines infamem patientiam suis
en nous illuminant par sa grace. Celuy qui presume
praescribit.
d'avoir plus d'intelligence, est d'autant plus aveugle,
sacrificia,
pervertunt.
praescribit,
Nam
verum
esse
intelligentiae:
et
quo
hic
iniuriarum
observatione
relabuntur.
quicquid
nunquam
scilicet
pro
autem
perspicientiam
de
illis
ad
deliquium
ultio
Omnino
nisi
civilis
interdum
vitio
in
eo
ducitur
universa
nostram
Legis
fugit
qu'il ne recognoit pas son aveuglement.
concupiscentiae animadversio. Non enim adduci se
sustinet
animalis
homo
ut
cupiditatum
suarum
morbos recognoscat. Ante suffocatur naturae lumen
quam ad primum huius abyssi ingressum accedat.
Nam dum philosophi pro vitiis notant immoderatos
2.2.22.
Or
il
reste
à
parler
du
troisieme
membre,
animi motus, illos extantes et se crassioribus signis
assavoir de cognoistre la reigle de bien ordonner
exerentes intelligunt: quae autem placide titillant
nostre vie: c'est à dire, de cognoistre la vraye
animum prava desideria, nihili reputant.
iustice des oeuvres. En quoy il semble advis que
l'entendement humain ait quelque subtilité davantage,
qu'és
choses
dessus
recitées.
Car
l'Apostre
tesmoigne, que les gens lesquels n'ont point de loy,
sont loy à eux mesmes, et monstrent les oeuvres de
la Loy estre escrites en leur coeur, en ce que leur
conscience
leur
rend
tesmoignage,
et
que
leurs
cogitations les accusent ou defendent devant le
iugement de Dieu en ce qu'ils font (Rom. 2, 14). Or
si les Gentils naturellement ont la iustice de Dieu
imprimée en leur esprit, nous ne les dirons pas du
tout aveuglez, quant est de savoir comment il faut
2.2.25.
vivre. Et de fait c'est une chose vulgaire, que
Quare, ut supra merito reprehensus est Plato
l'homme est suffisamment instruit à la droite reigle
quod omnia peccata ignorantiae imputarit, ita et
de bien vivre par ceste loy naturelle don't parle
eorum est repudianda opinio qui consultam malitiam
l'Apostre. Toutesfois il nous faut considerer à quelle
et
intercedere
fin ceste cognoissance de loy a esté donnée aux
tradunt. Nimium enim experimur quoties labamur
hommes: et lors il apparoistra iusques où elle nous
cum
obruitur
peut conduire pour tendre au but de raison et verité.
hallucinationum formis nostra ratio, tot erroribus est
Cela nous peut estre notoire des parolles de sainct
obnoxia, in tot impedimenta impingit, tot angustiis
Paul, si nous considerons la procedure du passage. Il
irretitur, ut plurimum a certa directione absit. Quam
avoit dit un peu devant, que ceux qui ont peché
vero
vitae
sous la Loy, seront iugez par la Loy: et que ceux
partibus, Paulus ostendit, dum negat nos idoneos qui
qui ont peché sans la Loy, periront sans la Loy.
cogitemus ex nobis quippiam, tanquam ex nobis .
Pource
Non de voluntate loquitur aut affectu: sed hoc
desraisonnable,
assavoir
quoque adimit nobis, ne putemus in mentem venire
ignorans,
avoir
nobis posse quomodo rite quippiam agendum sit.
perissent: incontinent il adiouste que leur conscience
Itane depravata est omnis industria, perspicientia,
leur peut servir de loy, pourtant qu'elle suffit pour
intelligentia, cura, ut rectum nihil coram Domino
les iustement condamner. La fin donc de la loy
excogitare aut meditari queat? Nobis nimirum qui
naturelle
rationis
dotem
pourtant nous la pourrons ainsi definir proprement,
reputamus) aegre patimur spoliari, durum id nimis
Que c'est un sentiment de la conscience, par lequel
videtur: Spiritui autem sancto aequissimum, qui novit
elle discerne entre le bien et le mal suffisamment,
omnes cogitationes sapientum vanas esse, et qui
pour oster à, l'homme couverture d'ignorance, entant
clare
cordis
qu'il est redargué par son tesmoignage mesme. Il y
tantummodo malum . Si quicquid ingenium nostrum
a une telle inclination en l'homme de se flatter, qu'il
concipit, agitat, instituit, molitur, semper malum est,
appete
qui in mentem nobis veniat instituere quod Deo
possible,
placeat, cui sola sanctitas et iustitia accepta est? Ita
cognoissance de son peché. Ce qui a meu Platon
videre
se
(comme il semble) à, dire que nous ne pechons
Huius
sinon par ignorance. Cela eust esté bien dit à, luy,
imbecillitatis sibi conscius erat David, quum petebat
si l'hypocrisie de l'homme pouvoit faire en couvrant
sibi
recte
ses vices, que la conscience cependant ne fust point
discenda . Innuit enim, suum ingenium nequaquam
poursuyvie du iugement de Dieu: mais puis qu'ainsi
sufficere, qui novum obtingere sibi cupit. Neque id
est que le pecheur declinant de la discretion du bien
semel facit: sed in uno Psalmo decies fere repetit
et du mal qu'il a en son coeur, y est à chacune fois
eandem
subindicat
retiré par force, et ne peut tellement fermer les
quanta ad petendum necessitate urgeatur. Et quod
yeux, qu'il ne soit contraint, vueille-il ou non, de
ille
les ouvrir aucunesfois, c'est une chose fausse de
pravitatem
bona
nihili
in
omnibus
nostra
sit
pronuntiat,
est,
vertat,
dari
sibi
omne
vanitati
precationem.
petit,
Tot
in
figmentum
humani
rationem,
misere
ad
cunctis
pretiosissimam
nostrae
intellectum
uni
Domino
(quam
mentis
esse
intentione.
coram
acumine
peccatis
obnoxiam.
mandata
Qua
Paulus
quoquo
Domini
repetitione
communiter
Ecclesiis
precari solet. Non cessamus, inquit, orare pro vobis
que
ce
sans
est
dernier
de
tousiours
de
poinct
que
les
aucune
rendre
povres
lumiere
l'homme
volontiers,
destourner
sembloit
son
dire qu'on peche par ignorance.
tant
advis
peuples
de
verité,
inexcusable:
qu'il
luy
entendement
de
est
la
et postulare ut impleamini agnitione Dei in omni
prudentia et intelligentia spirituali, ut ambuletis digne
Deo, etc. . Quoties autem eam rem Dei beneficium
facit, meminerimus eum simul testari, non esse in
hominis facultate positam. Adeo autem hunc rationis
defectum
ad
Augustinus,
intelligenda
ut
non
quae
minus
Dei
sunt
necessariam
agnovit
mentibus
2.2.23.
illuminationis gratiam putet, quam oculis solis lucem.
Themistius donc, qui est un autre Philosophe, dit
Nec eo contentus, correctionem subiicit, quod oculos
plus vray, enseignant que l'entendement de l'homme
ipsi aperimus ad cernendam lucem: mentis autem
ne s'abuse gueres souvent en consideration generale,
oculi, nisi a Domino aperiantur, clausi manent .
mais qu'il se trompe en considerant particulierement
Neque uno tantum die illuminari mentes nostras
ce qui concerne sa personne. Exemples : Qu'on
docet Scriptura, ut deinde per se videant: quia ad
demande en general si homicide est mauvais, il n'y
continuos progressus et incrementa pertinet quod
aura nul qui ne dise qu'ouy: neantmoins celuy qui
nuper adduxi ex Paulo. Et hoc diserte exprimit
machine la mort à son ennemy, en delibere comme
David, his verbis, In toto corde meo exquisivi te, ne
d'une
errare me facias a mandatis tuis . Nam quum
condamnera paillardise en general: cependant il se
regenitus esset, adeoque non vulgariter profecisset
flattera en sa paillardise. Voila donc en quoy gist
in vera pietate, fatetur tamen assidua directione se
l'ignorance, c'est quand l'homme apres avoir assis un
opus habere in singula momenta, ne a scientia qua
bon
praeditus est declinet. Itaque alibi rectum spiritum,
personne avec la chose, oublie la reigle qu'il suyvoit
quem sua culpa perdiderat, innovari petit : quia
au
eiusdem Dei est, quod initio dederat, ablatum nobis
soy-mesme. De laquelle matiere sainct Augustin
ad tempus restituere.
traite fort bien en l'exposition du premier verset du
bonne
chose.
iugement
Pareillement
universel,
paravant,
pendant
un
adultere
enveloppant
qu'il
n'avoit
puis
esgard
sa
à
Pseaume cinquanteseptieme. Combien que le dire de
Themistius ne soit point universel: car aucunesfois
la
turpitude
du
malefice
presse
de
si
pres
la
conscience du pecheur, qu'il ne tombe point par ce
qu'il se deçoyve sous fausse imagination de bien,
mais sciemment et volontairement il s'adonne au
mal. De ceste affection procedent les sentences que
nous
voyons
és
livres
des
Payens,
Ie
voy
le
meilleur, et Pappreuve: mais ie ne laisse pas de
suyvre le pire: et autres semblables. Pour oster tout
scrupule
distinction
de
ceste
en
intemperance:
question,
Aristote
Là
où
il
entre
y
a
une
bonne
incontinence
incontinence
regne,
et
dit-il,
l'intelligence particuliere de bien et de mal est ostée
à l'homme par sa concupiscence desordonnée, entant
2.2.26.
Examinanda
qu'il ne recognoit point en son peché le mal qu'il
nunc
voluntas,
in
qua
praecipue
condamne generalement en tous autres : mais apres
arbitrii libertas vertitur; quandoquidem magis huius
que sa cupidité ne l'aveugle plus, la penitence vient
esse electionem, quam intellectus, ante visum est.
au lieu, qui luy fait cognoistre.
Principio, nequid ad humanae voluntatis rectitudinem
une maladie plus dangereuse: c'est quand l'homme
pertinere
voyant qu'il fait mal, ne desisté pas pourtant, mais
publico
videatur
quod
consensu
a
Philosophis
receptum
est,
traditum,
omnia
naturali
Intemperance est
poursuit tousiours obstinément son mauvais vouloir.
instinctu bonum appetere: observemus, liberi arbitrii
vim non considerandam in eiusmodi appetitu qui
magis
ab
essentiae
deliberatione
inclinatione
proficiscitur.
2.2.24.
Or quand nous oyons qu'il y a un iugement
fatentur nullam esse liberi arbitrii actionem nisi dum
universel en l'homme à discerner le bien et le mal,
se ratio vertit ad opposita; quo intelligunt, oportere
il ne nous faut estimer qu'il soit du tout sain et
appetitus
entier.
tale
et
mentis
scholastici
obiectum
Nam
quam
esse
quod
electioni
Car
si
l'entendement
des
hommes
a
la
subiaceat: et deliberationem praeire, quae electioni
discretion de bien et de mal, seulement à ce qu'ils
viam sternat. Et sane si respicias quale sit istud
ne puissent pretendre excuse d'ignorance, il n'est ia
naturale boni in homine desiderium, invenies illi cum
necessité que la verité leur soit notoire en chacun
belluis esse commune. Siquidem et illae bene sibi
poinct: mais il suffit qu'ils la cognoissent iusques là,
esse cupiunt: et ubi species boni, quae sensum
de ne pouvoir tergiverser sans estre conveincus du
moveat, apparet, eo sequuntur. Homo vero, nec id
tesmoignage de leur conscience, et que desia ils
quod
commencent à estre espouvantez du throne de Dieu.
vere
sibi
bonum
sit,
pro
naturae
suae
immortalis excellentia, ratione deligit, ut id studio
Et
persequatur: nec rationem adhibet in consilium, nec
intelligence de iustice nous avons selon la loy de
mentem intendit: sed sine ratione, sine consilio,
Dieu, laquelle est un patron de parfaite iustice, nous
naturae inclinationem, instar pecudis, sequitur. Nihil
trouverons en combien de façons elle est aveugle.
ergo hoc ad arbitrii libertatem, an homo sensu
Certes elle ne cognoit nullement ce qui est le
naturae
hoc
principal en la premiere Table, comme de mettre
requiritur, ut bonum recta ratione diiudicet, cognitum
nostre fiance en Dieu, et luy donner la louange de
eligat,
vertu et iustice: d'invoquer son Nom et observer son
ad
bonum
electum
appetendum
persequatur.
feratur:
Ac
necui
sed
scrupulus
de
faict,
si
nous
voulons
examiner
quelle
inhaereat, advertendus est duplex paralogismus. Nam
repos.
et appetitus hic non proprius voluntatis motus, sed
naturel a iamais, ie ne dy pas cognu, mais imaginé
naturalis
ou flairé que le vray honneur et service dc Dieu gist
inclinatio:
et
bonum,
non
virtutis
aut
Quel
entendement
humain
par
son
sens
iustitiae appellatur, sed conditionis: ut scilicet homo
en
bene
honorer Dieu, combien qu'on les retire cent mille
habeat.
Denique
ut
maxime
appetat
homo
ces
choses?
Car
quand
les
iniques
veulent
assequi quod bonum est, non tamen sequitur; sicuti
fois
nemo est cui non grata sit aeterna beatitudo, ad
retombent
quam tamen nemo nisi Spiritus impulsu aspirat.
sacrifices ne plaisent point à Dieu, sinon que la
Quando igitur nihil ad probandam arbitrii libertatem
pureté de coeur y soit coniointe: et en cela ils
facit naturale hominibus bene habendi desiderium,
tesmoignent qu'ils conçoyvent ie ne say quoy du
non magis scilicet quam in metallis et lapidibus, ad
service
essentiae suae perfectionem inclinans affectio: in
falsifìent
aliis consideremus, sitne penitus ita omni ex parte
Pourronsnous louer un entendement, lequel ne peut
vitiata corruptaque voluntas, ut nihil nisi malum
de
de
leurs
folles
tousiours.
spirituel
tantost
soymesme
de
fantasies,
Ils
diront
Dieu,
apres
comprendre
lequel
par
toutesfois
bien
il
que
neantmoins
leurs
n'escouter
y
les
ils
illusions.
bonnes
generat:
an
particulam
aliquam
illaesam
retineat,
unde nascantur bona desideria.
admonitions? Or l'entendement humain a esté tel en
cest endroit. Nous appercevons donc qu'il est du
tout stupide. Quant est des preceptes de la seconde
Table, il y a
quelque petit plus d'intelligence,
d'autant qu'ils approchent plus à la vie humaine et
civile: combien qu'il defaut mesmes aucunesfois en
ceste partie. Il semble advis aux plus excellens
esprits
estre
une
chose
absurde
de
tollererune
superiorité trop dure, quand on la peut repousser en
quelque maniere que ce soit. Et n'y peut avoir autre
iugement
2.2.27.
faire
Qui primae Dei gratiae tribuunt ut efficaciter
velimus,
e
converso
innuere
videntur,
inesse
à
en la raison humaine, sinon que c'est à
un
patiemment
repousser
coeur
failly
et
abbatu,
de
porter
une telle superiorité: et que de
c'est
fait
honnestement
et
la
virilement:
facultatem animae ultro ad bonum aspirandi, sed
mesmes entre les Philosophes la vengeance n'est pas
imbecilliorem
tenue
quam
quae
in
solidum
affectum
pour
vice.
Au
contraire,
le
Seigneur
emergere aut conatum excitare possit. Nec dubium
condamnant ceste trop grande magnanimité de coeur,
quin
commande aux siens la patience que les hommes
hanc
opinionem,
ab
Origene
et
veterum
quibusdam sumptam, Scholastici communiter amplexi
condamnent
sint: quando solent hominem in puris, ut loquuntur,
entendement est aussi si aveuglé en ce poinct de la
naturalibus reputare qualem describit Apostolus his
loy de Dieu, qu'il ne peut cognoistre le mal de sa
verbis, Non quod volo bonum, hoc facio: sed quod
concupiscence. Car l'homme sensuel ne peut estre
nolo malum, hoc ago. Velle adiacet mihi, perficere
mené à cela, de recognoistre sa maladie interieure:
autem
modo
et la clairté de sa nature est sufíbquée devant qu'il
Paulus,
puisse approcher de l'entrée de son abysme. Car
non
invertitur
invenio
tota,
.
Sed
quam
perperam
illic
hoc
exequitur
et
vituperent.
Davantage,
nostre
disputatio. Tractat enim de lucta Christiana (quam
quand
brevius attingit ad Galatas
quam fideles in conflictu
immoderez de nostre coeur, ils entendent de ceux
carnis et spiritus in se perpetuo sentiunt. Porro
qui apparuissent par signes visibles. Quant est des
Spiritus non a natura est, sed a regeneratione. Loqui
mauvais
autem Apostolum de regeneratis inde constat, quod
secrettement, ils les reputent pour neant.
les
Philosophes
desirs
qui
parlent
incitent
des
le
mouvemens
coeur
plus
ubi dixerat in se bonum nullum habitare, subnectit
expositionem, quod intelligat de carne sua. Ideoque
negat se esse qui malum faciat, sed peccatum in se
inhabitans. Quid sibi vult ista correctio, In me, hoc
est in carne mea? Nempe acsi in hunc modum
loqueretur, Non habitat in me bonum a me ipso: nam
in carne mea nihil boni reperire est. Hinc sequitur
2.2.25.
illa species excusationis, Non facio malum ipse, sed
Pourtant, comme Platon a icy dessus esté à bon
quod habitat in me peccatum; quae solis regeneratis
droit repris en ce qu'il impute tous pechez à.
competit,
bonum
ignorance, ainsi il nous faut reietter l'opinion de
tendunt. Iam vero quae subiicitur conclusio totum
ceux qui pensent qu'en tous pechez il y ait une
qui
praecipua
animae
parte
ad
hoc
liquido
declarat.
Legi
malice deliherée. Oar nous experimentons plus qu'il
secundum interiorem hominem: video autem aliam
ne seroit mestier combien nous faillons souvent avec
legem in membris meis, repugnantem legi mentis
nostre
meae . Quis in se tale dissidium habeat, nisi qui
intelligence est enveloppée en tant de manieres de
Spiritu
suae
folles resveries pour nous abuser, et est suiette à
sermonem
tant d'erreurs, et s'achoppe à tant d'empeschemens,
illum de hominis natura aliquando haberi putasset,
et si souvent tombe en perplexité, qu'elle est bien
interpretationem
male
loin de nous guider certainement. Certes sainct Paul
congruentem, retractavit . Et vero si illud recipimus,
monstre combien elle est infirme pour nous conduire
homines
en
Dei
circunfert?
Condelector,
regeneratus,
Proinde
sine
reliquias
Augustinus,
suam,
gratia
inquit,
quum
tanquam
habere
carnis
falsam
quamlibet
et
pusillos,
bonne
toute
intention.
nostre
Car
nostre
vie,
quand
ne
sommes
il
raison
dit
et
que
de
idoines
de
aliquos tamen ad bonum motus, quid respondebimus
nous-mesmes
Apostolo, neganti vel ad cogitandum aliquid nos esse
penser quelque chose comme de nous (2 Cor. 3, 5).
idoneos ? Quid Domino per Mosen pronuntianti, omne
Il ne parle point de la volonté ou affection, mais il
figmentum humani cordis tantummodo malum esse ?
nous oste aussi toute bonne pensée, c'est qu'il ne
Quum ergo falsa loci unius sententia impegerint, non
nous peut pas venir en l'entendement que c'est qui
est quod eorum sententiam moremur. Potius valeat
est bon de faire. Comment donc, dira quelcun, toute
hoc Christi, Qui facit peccatum, servum esse peccati.
nostre industrie, sagesse, cognoissance et solicitude
Peccatores sumus omnes natura: itaque sub peccati
est-elle tellement depravée, que nous ne puissions
iugo detinemur. Quod si totus homo peccati imperio
rien penser ne mediter de bon devant Dieu? Ie
subiacet, ipsam certe voluntatem, quae praecipua est
confesse que cela nous semble bien dur, entant qu'il
eius sedes, arctissimis vinculis constringi necesse
nous fasche grandement qu'on nous despouille de
est. Nec vero aliter constaret illud Pauli, Deum esse
prudence et sagesse, laquelle nous pensons estre
qui
voluntas
nostre principal ornement et le plus precieux : mais
praecederet Spiritus gratiam. Facessat igitur quicquid
il semble advis tres-equitable au sainct Esprit,
de
etsi
lequel cognoist toutes les cogitations du monde estre
interdum petunt fideles cor sibi formari ad Legis Dei
vaines, et prononce clairement tout ce que peut
obsequium (sicuti David pluribus locis) notandum
forger le coeur humain estre du tout mauvais (Ps.
tamen est hoc quoque precandi desiderium a Deo
94, 11; Gen. 6, 3; 8, 21). Si tout ce que conçoit,
esse: quod ex eius verbis colligere licet; nam quum
agite, delibere et machine nostre entendement est
optet in se cor mundum creari , certe creationis
tousiours mauvais, comment viendroit-il en pensée'
initium sibi non arrogat. Ideo apud nos potius valeat
de deliberer chose qui plaise à Dieu, auquel il n'y a
illud
omnibus:
rien d'agreable que iustice et saincteté? Ainsi on
Quomodo?
peut voir que la raison de nostre entendement de
Confitere ista omnia a Deo quicquid boni habes esse
quelque costé qu'elle se tourne, est purement suiette
ab ipso: a te, quicquid est mali. Et Paulo post,
à vanité. Ce que recognoissoit David en soy-mesme,
Nostrum nihil nisi peccatum .
quand il demandoit qu'entendement luy fust donné de
velle
in
nobis
praeparatione
Augustini,
praeveni
et
tu
operatur
multi
,
nugati
Praevenit
aliquando
te
siqua
sunt:
Deus
eius
quia
in
iram.
nous
pas
Dieu, pour apprendre droitement ses preceptes (Ps.
119, 34). Car celuy qui desire nouvel entendement,
signifie que le sien n'est pas suffisant. Et n'est pas
seulement une fois qu'il parle ainsi, mais il reiteré
quasi dix fois ceste priere en un mesme Pseaume.
Par laquelle repetition il denote combien il est
pressé de grande necessité à requerir cela de Dieu.
Et ce que David prie pour soy, sainct Paul le
demande communement pour les Eglises: Nous ne
cessons,
dit-il,
de
requerir
à
Dieu
qu'il
vous
remplisse de sa cognoissance en toute prudence et
intelligence
spirituelle,
afin
que
vous
cheminiez
comme il appartient (Phil. 1, 4; Col. 1, 9). Or
toutes fois et quantes qu'il monstre que cela est un
benefice de Dieu, c'est autant que s'il protestoit qu'il
ne gist pas en la faculté humaine. Sainct Augustin a
tellement
cognu
ce
defaut
de
nostre
raison
à,
2.3. Ex corrupta hominis natura nihil nisi damnabile
entendre les choses qui sont de Dieu, qu'il confesse
prodire.
la grace du sainct Esprit pour nous illuminer n'estre
pas moins necessaire à nostre entendement, qu'est la
2.3.1.
clairté
Sed melius homo utraque parte cognosci non
du
contentant
soleil
point
à
nos
de
cela,
yeux.
il
Mesmes
adiouste
ne
que
se
nous
potest, quam si cum suis elogiis in medium prodeat,
ouvrons bien nos yeux corporels pour recevoir la
quibus a Scriptura insignitur. Si totus depingitur his
lumiere, mais que les yeux de nostre entendement
Christi verbis, Quod natum est ex carne, caro est
demeurent fermez, sinon que nostre Seigneur les
(ut evincere promptum est) valde miserum esse
ouvre.
animal
teste
seulement que nos esprits soyent illuminez pour un
est
iour, à ce que puis apres ils voyent d'eux-mesmes.
adversus Deum, eoque Legi Dei nec subditur, nec
Car ce que i'ay n'agueres allegué de sainct Paul,
subdi potest . Itane est perversa caro, ut toto suo
appartient
affectu simultatem adversus Deum exerceat? ut cum
l'accroissement de leur foy. Ce que David exprime
Legis divinae iustitia consentire nequeat? ut nihil
clairement par ces mots, Ie t'ay cherché de tout
denique parere queat, nisi mortis materiam? Nunc
mon coeur, ne me laisse point esgarer de tes
fac in hominis natura nihil esse nisi carnem: et inde
commandemens (Ps. 119, 10). Car comme ainsi soit
quippiam, si potes, boni elice. At Carnis vocabulum
qu'il fust regeneré, et qu'il eust profité par dessus
ad sensualem pertinet tantum, non ad superiorem
les autres en la crainte de Dieu, si confesse-il qu'il
animae partem. Id vero ex verbis et Christi et
a besoin d'adresse nouvelle à chacune minute, à ce
Apostoli abunde refellitur. Argumentum est Domini,
qu'il ne decliné point de la science qui luy a esté
oportere hominem renasci: quia caro est . Non
donnée. En un autre lieu il prie que le droit esprit
secundum corpus renasci praecipit. Anima autem non
qu'il avoit perdu par sa coulpe luy soit renouvellé
renascitur, si corrigatur aliqua eius portio: sed ubi
(Ps. 51, 12): pource que c'est le propre de Dieu de
tota renovatur. Idque confirmat utroque loco posita
nous rendre ce qu'il nous oste pour un temps,
antithesis; sic enim carni comparatur Spiritus, ut
comme de le nous donner au commencement.
convincitur.
Apostolo,
mors
est:
Affectus
enim
quandoquidem
carnis,
inimicitia
nihil relinquatur medium. Ergo quicquid non est
spirituale in homine, secundum eam rationem dicitur
carneum. Nihil autem habemus Spiritus, nisi per
Outreplus,
au
train
l'Escriture
continuel
n'enseigne
des
fideles,
pas
et
à
regenerationem. Est igitur caro quicquid habemus a
natura. Verum de ea re siqua alias posset esse
2.2.26.
dubitatio, ea nobis a Paulo tollitur: ubi descripto
veteri
homine,
esse
laquelle gist la liberté, si aucune y en a en l'homme
concupiscentiis erroris, iubet nos renovari spiritu
: car nous avons veu que l'election appartient à
mentis nostrae . Vides eum non ponere illicitas ac
icelle plus qu'à l'entendement. Pour le premier, afin
pravas cupiditates in parte sensitiva modo, sed in
qu'il
ipsa
etiam
quem
mente:
renovationem.
Et
dixerat
atque
sane
corruptum
Il nous faut maintenant examiner la volonté, en
ideo
eam
ne
semble
que
ce
qui
a
esté
eius
exigere
Philosophes
humanae
naturae
approuver quelque droiture estre en la
et
receu
communement,
dit
serve
des
pour
volonté
imaginem Paulo ante depinxerat, quae nulla in parte
humaine,
nos non corruptos ac perversos esse ostenderet.
naturellement le bien: il nous faut noter que la vertu
Nam quod Gentes omnes scribit ambulare in vanitate
du franc-arbitre ne doit pas estre considerée en un
mentis suae, obtenebratas esse intelligentia, alienatas
tel appetit, qui procede plustost d'inclination de
a vita Dei, propter ignorantiam quae in ipsis est, et
nature,
caecitatem cordis sui : minime est dubium quin
theologiens Scolastiques mesmes confessent qu'il n'y
competat
ad
a nulle action du franc-arbitre, sinon là où la raison
iustitiae
regarde d'une part et d'autre. Par laquelle sentence
in
rectitudinem
nondum
eos
suae
reformavit.
omnes
tum
quos
Dominus
sapientiae,
deliberation.
appetent
Car
les
qu'il soit soumis à chois, et la deliberation devoir
non ita didicerint Christum. Siquidem ex istis verbis
preceder pour donner lieu à eslire. Et de fait, si
colligimus, Christi gratiam unicum esse remedium
nous reputons quel est ce desir naturel de bien en
quo ab illa caecitate et malis inde consequentibus
l'homme, nous trouverons qu'il luy est commun avec
liberemur. Nam et ita de regno Christi vaticinatus
les bestes brutes. Car elles desirent toutes leur
erat Iesaias, quum Dominum Ecclesiae suae fore in
profit, et quand il y a quelque apparence de bien qui
lucem
touche leur sens, elles le suyvent. Or l'homme en
cest appetit naturel ne discerne point par raison,
lucem
selon l'excellence de sa nature immortelle, ce qu'il
testetur: extra Ecclesiam certe nonnisi tenebras et
doit chercher, et ne le considere pas en vraye
caecitatem relinquit. Non recensebo sigillatim quae in
prudence: mais sans raison et sans conseil il suit le
hominis vanitatem passim, in Psalmis praesertim et
mouvement de sa nature comme une beste. Cela
Prophetis, habentur. Magnum est quod scribit David,
n'appartient donc de rien au franc-arbitre, assavoir
Si cum vanitate appendatur, ipsa fore vaniorem .
si
Gravi telo confoditur eius ingenium, quum omnes
appeter le bien : mais il faudroit qu'il le discernast
quae inde prodeunt cogitationes, ut stultae, frivolae,
par droite raison: l'ayant cogneu, qu'il l'esleust: et
insanae, perversae, irridentur.
l'ayant esleu, qu'il le poursuyvist. Et afin d'oster
in
sola
terram,
Ecclesia
et
caligo
interim
.
Quum
obtegerent
quum
fit
certaine
choses
comparatione mox adiuncta: ubi fideles admonet quod
promitteret:
clarius
de
toutes
ils entendent l'obiecfc de l'appetit devoir estre tel,
tenebrae
etiam
que
que
ex
sempiternam
Quod
tum
c'est
exorituram
populos
Dei
l'homme
est
incité
d'un
sentiment
naturel
à
toute difficulté, il nous faut noter qu'il y a deux
poincts où on s'abuse en cest endroit. Car en ce
dire commun, le nom d'Appetit n'est pas prins pour
le propre mouvement de la volonté, mais pour une
inclination naturelle. Secondement, le nom de Bien
n'est pas prins pour iustice et vertu, mais c'est que
toutes creatures appetent d'estre à leur aise selon
que leur nature porte. Et encores que l'homme
appetast tant et plus d'obtenir ce qui luy est bon: il
ne
le
suyt
point,
et
ne
s'applique
point
à
le
chercher. Car combien qu'il n'y ait nul qui ne desire
la felicité eternelle, toutesfois nul n'y aspire, iusques
à ce qu'il y soit poussé par le sainct Esprit. Puis
donc qu'ainsi est que ce desir naturel n'a nulle
2.3.2.
importance
Nihilo
ait
liberté
en
creatures insensibles de tendre à la perfection de
Sed quia brevitati studeo, contentus ero uno tantum
leur nature, ne sert de rien pour monstrer qu'il y ait
loco: qui tamen lucidissimi speculi instar futurus sit,
quelque liberté : il nous faut maintenant considerer
in quo totam naturae nostrae imaginem intueamur.
aux autres choses si la volonté de l'homme est
Apostolus enim, dum humani generis arrogantiam
tellement du tout corrompue et viciée, qu'elle ne
vult deiicere, his testimoniis agit, Quod non est
puisse engendrer que mal: ou bien, s'il y en a
iustus quisquam, non est intelligens, aut requirens
quelque portion entiere, dont procedent quelques
Deum. Omnes declinaverunt, simul inutiles facti sunt:
bons desirs.
faciat
condemnatio,
y
fraudulentum dicitur prae omni re et perversum .
qui
cordis
qu'il
l'homme, non plus que l'inclination qu'ont toutes
est
est
prouver
quum
non
levior
pour
bonum,
ne
unus
quidem.
Sepulchrum patens est guttur eorum, linguis suis
dolose agunt, venenum aspidum sub labiis eorum.
Quorum
os
maledictione
plenum,
et
amaritudine:
2.2.27.
quorum veloces pedes in viis quorum contritio et
Ceux qui attribuent à la premiere grace de Dieu,
infoelicitas: quibus prae oculis non est timor Dei .
que nous puissions vouloir avec efficace, semblent
His
in
advis signifier par leurs parolles qu'il y a quelque
universam filiorum Adam nationem invehitur. Neque
faculté en l'ame pour aspirer volontairement au bien:
in
mores
mais qu'elle est si imbecille qu'elle ne peut venir
naturae
iusques à une ferme affection, ou esmouvoir l'homme
corruptionem. Siquidem propositum illi est eo loco
à s'efforcer. Et n'y a point de doute que les
non simpliciter homines obiurgare, quo resipiscant:
Scolastiques
sed
opinion, comme elle leur estoit baillée d'Origene et
fulminibus
unius
aut
declamat:
certos
seculi
accusat
potius
qua
homines,
depravatos
perpetuam
ineluctabili
calamitate
omnes
n'ayent
communement
suyvi
ceste
possint
nisi
aucuns des anciens, veu que quand ils considerent
quia
probari
non
l'homme en sa pure nature, ils le descrivent selon
poterat nisi de clade et exitio naturae constitisset:
les parolles de sainct Paul : Ie ne fay pas le bien
protulit haec testimonia, quibus plusquam perditam
que ie veux, mais fay le mal que ie ne veux point:
esse naturam nostram convincitur. Maneat ergo hoc,
I'ay bien le vouloir, mais le parfaire me defaut
non pravae duntaxat consuetudinis vitio tales esse
(Rom.
homines quales hic describuntur, sed naturae quoque
pervertissent toute la dispute laquelle sainct Paul
pravitate: quando non aliter stare potest Apostoli
poursuit en ce passage-là. Car il traite de la luitte
argumentatio, Nullam esse homini salutem nisi a
Chrestienne, laquelle il touche plus brievement aux
Domini misericordia: quia in se perditus est et
Galatiens:
Dei
emergere
sed
non
misericordia
e
in
alterius
sed
docere
oppressos,
non
eruantur.
Id
7,
15.
19).
c'est
Or
que
en
les
ceste
maniere
fideles
ils
sentent
deploratus.
Non
in
approbanda
perpetuellement en eux un combat de l'esprit et de
necui
videantur
la chair (Gal. 5, 17). Or ils n'ont point l'esprit de
intempestive usurpata. Perinde agam acsi a Paulo
nature, mais par la regeneration. Qu'il parle de ceux
primum haec dicta forent, non e Prophetis desumpta.
qui sont regenerez, il appert de ce qu'ayant dit qu'il
Initio adimit homini iustitiam, id est integritatem et
n'habitoit
puritatem: deinde intelligentiam. Intelligentiae autem
exposition, qu'il entend cela de sa chair: et pourtant
defectum arguit apostasia a Deo: quem requirere,
il nie que ce soit luy qui face mal, mais que c'est le
primus est sapientiae gradus; illud autem necesse
peché habitant en luy. Qu'est-ce que signifie cela,
est iis evenire qui a Deo defecerunt. Subnectit,
En moy, c'est à dire en ma chair? Certes c'est
omnes declinasse et quasi putridos esse redditos:
autant comme s'il disoit, Il n'habite nul bien en moy
nullum esse qui faciat bonum: tum flagitia, quibus
de moy-mesme, veu qu'on ne sauroit rien trouver
singula sua membra contaminant qui in nequitiam
de bon en ma chair. De là s'ensuit ceste maniere
semel soluti sunt, adiungit. Postremo timore Dei
d'excuse, Ce ne suis-ie pas qui fay le mal, mais le
vacuos testatur, ad cuius regulam gressus nostri
peché habitant en moy: laquelle compete seulement
dirigi debuerant. Si istae sunt haereditariae humani
aux fideles, qui s'efforcent au bien quant à la
generis dotes, frustra in natura nostra aliquid boni
principale
partie
requiritur.
conclusion
qui
testimoniorum
hic
laborabo
applicatione,
Equidem
fateor
non
omnia
haec
in
aucun
bien
de
en
soy,
leur
s'ensuit
il
ame.
adiouste
pour
Davantage,
demonstre
cela
la
tout
unoquoque homine flagitia emergere: inficiari tamen
clairement. Ie me delecte, dit-il, en la loy de Dieu,
non licet quin Hydra ista in singulorum pectoribus
selon l'homme interieur, mais ie voy une autre loy
lateat. Nam ut corpus, dum iam morbi causam et
en mes membres repugnante à la loy de mon
materiam
entendement (Rom. 7, 20 s.). Qui est-ce qui auroit
inclusam
in
se
fovet,
etiamsi
nondum
ferveat dolor, non dicetur sanum: ita nec anima, dum
un
talibus
regeneré de l'esprit de Dieu, porte tousiours des
vitiorum
quanquam
non
morbis
per
scatet,
omnia
sana
quadrat
censebitur;
similitudo.
tel
combat
en
soy,
sinon
celuy
qui
estant
In
reliques de sa chair? Pourtant sainct Augustin ayant
corpore enim quamlibet morbido vigor vitae superest:
pris quelque fois ce passage, de la nature de
anima vero isto exitiali gurgite immersa, non ex
l'homme, a depuis retracté son exposition comme
vitiis modo laborat, sed omni bono prorsus vacua
fausse et mal convenante. Et de fait, si nous
est.
concedons
cela,
que
l'homme
ait
le
moindre
mouvement du monde à bien, sans la grace de Dieu,
que respondrons-nous à l'Apostre, lequel nie que
nous soyons idoines seulement à penser quelque
chose de bien (2 Cor. 3, 5)? Que respondronsnous
au Seigneur, lequel denonce par Moyse, que tout ce
que forge le coeur humain est entierement pervers
(Gen. 8, 21)? Puis donc qu'ils se sont abusez par
mauvaise intelligence d'un passage, il ne nous faut ia
arrester
2.3.3.
à
leur
fantasie.
Plustost
il
nous
faut
recevoir ce que dit Christ, c'est que quiconque fait
Eadem fere quae prius soluta est quaestio, ex
peché, est serf de peché (Iean 8, 34). Or nous
integro nobis surgit. Omnibus enim seculis extiterunt
sommes tous pecheurs de nature, il s'ensuit donc
aliqui, qui natura duce ad virtutem tota vita intenti
que nous sommes sous le ioug de peché. Or si tout
essent.
eorum
l'homme est detenu en la servitude de peché, il est
moribus notari possint: ipso tamen honestatis studio
necessaire que la volonté, laquelle est la principale
documentum ediderunt nonnihil fuisse in natura sua
partie
puritatis. Quid pretii habeant coram Deo huiusmodi
trèsfermes liens. Aussi le dire de sainct Paul, c'est
virtutes, tametsi plenius edisseremus ubi agetur de
que Dieu fait en nous le vouloir (Phil. 2, 13), ne
operum meritis, dicendum tamen est hoc quoque
consisteroit pas, s'il y avoit quelque volonté qui
loco, quatenus ad praesentis argumenti explicationem
precedast la grace du sainct Esprit: et ainsi que tout
necesse est. Exempla igitur ista monere nos videntur
ce qu'aucuns ont babillé de nous preparer au bien,
ne hominis naturam in totum vitiosam putemus: quod
soit mis bas. Car combien que les fideles demandent
eius instinctu quidam non modo eximiis facinoribus
quelque fois à Dieu que leurs coeurs soyent disposez
excelluerunt, sed perpetuo tenore vitae honestissime
pour obeir à sa Loy (comme David ea plusieurs
se gesserunt. Sed hic succurrere nobis debet, inter
passages) toutesfois il est à noter que ce desir
illam naturae corruptionem esse nonnullum gratiae
mesme de prier est de Dieu (Ps. 119; Ps. 51, 12).
Dei locum, non quae illam purget, sed intus cohibeat.
Ce qu'on peut recueillir des mots de David: car en
Nam si singulorum animos laxis habenis Dominus in
desirant que Dieu luy crée un coeur nouveau, il ne
libidines quaslibet exultare permitteret, nemo haud
s'attribue pas le commencement de telle creation.
dubie esset qui non reipsa fidem faceret verissime
Parquoy
in
universam
Augustin, Dieu t'a prevenu en toutes choses, previen
naturam damnat Paulus. Quid enim? Tene eorum
quelque fois son ire. Et comment? Confesse que tu
numero
sanguinem
as toutes ces choses de luy, que de luy est venu
effundendum veloces, manus rapinis et homicidiis
tout ce que tu as de bien, et que ton mal est de
foedatae,
toy. Puis il conclud en un mot, Nous n'avons rien
se
Neque
moror
competere
eximas
si
omnia
quorum
guttura
multi
lapsus
mala
quibus
pedes
sepulchris
in
ad
patentibus
similia,
linguae fraudulentae, venenata labia , opera inutilia,
d'iceluy,
soit
recevons
estreánte
plustost
le
et
enserrée
dire
de
de
sainct
nostre que le peché.
iniqua, putrida, lethalia: quorum animus sine Deo,
quorum intima pravitates, quorum oculi ad insidias,
animi ad insultandum elati, omnes denique partes ad
infinita flagitia concinnatae? Si omnibus eiusmodi
portentis
obnoxia
(quemadmodum
est
audacter
unaquaeque
pronuntiat
anima
Apostolus)
videmus certe quid futurum sit si Dominus humanam
libidinem pro sua inclinatione vagari sinat; nulla est
rabiosa bellua quae tam praecipitanter feratur: nullum
est quamlibet rapidum ac violentum flumen, cuius
2.3. Que la nature de l'homme corrompue ne produit
adeo impetuosa sit exundatio. In electis suis morbos
rien qui ne merite condamnation.
istos curat Dominus, eo quem mox exponemus modo:
in aliis, iniecto fraeno duntaxat coercet, tantum ne
ebulliant,
quatenus
ad
Mais l'homme ne peut estre mieux cogneu selon
conservandam rerum universitatem. Hinc alii pudore,
l'une et l'autre partie de l'ame, que quand nous luy
alii legum metu retinentur ne in multa foeditatis
aurons
genera prorumpant, utcunque suam magna ex parte
l'Escriture. Si tout l'homme nous est descrit en ces
impuritatem
parolles du Seigneur, quand il dit que ce qui est nay
non
expedire
dissimulent;
alii,
providet
2.3.1.
quia
honestam
donné
les
tiltres
dont
il
est
orné
en
vivendi rationem conducere ducant, ad eam utcunque
de chair est chair (Iean 3, 6), comme il est facile
aspirant; alii supra vulgarem sortem emergunt, quo
de le prouver: il appert que c'est une fort miserable
sua maiestate alios contineant in officio. Ita sua
creature.
providentia Deus naturae perversitatem refraenat, ne
l'Apostre,
in actum erumpat: sed non purgat intus.
l'encontre de Dieu, entant qu'elle n'est point suiette,
Car
est
toute
mort:
affection
veu
que,
de
chair,
c'est
tesmoin
inimitié
à
et ne se peut assuiettir à la Loy de Dieu (Rom. 8,
6. 7). Si la chair est tant perverse, que de toute
son affection elle exerce inimitié à. l'encontre de
Dieu, si elle ne peut avoir consentement avec la
iustice divine: en somme, si elle ne peut produire
que matiere de mort: maintenant presupposé qu'il n'y
a en la nature de l'homme que chair, comment en
pourrons-nous tirer quelque goutte de bien? Mais ce
vocable, dira quelcun, se refere seulement à l'homme
sensuel, et non pas à la partie superieure de l'ame.
Ie respon, que cela se peut aisément refuter par les
2.3.4.
parolles de Christ et de l'Apostre. L'argument du
Nondum tamen solutus est scrupulus. Aut enim
Seigneur est, qu'il faut que l'homme renaisse, pource
Camillum parem Catilinae faciamus, convenit: aut in
qu'il est chair (Iean 3, 6. 7). Il ne veut point qu'il
Camillo habebimus exemplum, naturam, si studio
renaisse selon le corps. Or l'ame ne sera pas dite
excolatur, bonitate non prorsus vacare. Ego vero
renaistre, estant corrigée en quelque portion, mais si
fateor, quae in Camillo fuerunt speciosae dotes, et
elle est du tout renouvellée. Ce qui est confermé
Dei fuisse dona, et iure commendabiles videri, si in
par la comparaison qui est faite, tant là comme en
se aestimentur; sed quomodo naturalis probitatis
sainct Paul. Car l'esprit est tellement comparé à la
erunt
chair, qu'il n'y a rien laissé de moyen: pourtant tout
in
ipso
documenta?
Annon
ad
animum
redeundum erit, et haec ducenda ratiocinatio?
Si
ce qui n'est point spirituel en l'homme, selon ceste
homo animalis tali morum integritate praestitit, non
raison, est charnel. Or nous n'avons point une seule
deesse utique naturae ad virtutis studium facultatem.
goutte de cest esprit, sinon par regeneration. Tout
Quid autem si animus pravus fuerit et contortus, qui
ce donc que nous avons de nature, est chair. Mais
aliud potius quidvis quam rectitudinem sectatus sit?
encore quand cela seroit autrement en doute, sainct
Et talem fuisse non dubium est, si animalem illum
Paul nous en baille la resolution, quand apres avoir
hominem
parte
descrit le vieil homme, lequel il avoit dit estre
praedicabis humanae naturae ad bonum potentiam, si
corrompu par concupiscences errantes, il commande
in summa integritatis specie semper ad corruptionem
que nous soyons renouvellez en l'esprit de nostrt
ferri deprehenditur? Ergo ut hominem a virtute non
ame (Ephes. 4, 23). Chacun voit bien qu'il ne met
commendaveris,
imagine
pas les meschantes concupiscences en la partie
expetendi
sensitive seulement, mais en l'entendement mesme:
imponunt:
facultatem
concedis.
ita
non
Quam
cuius
vitia
humanae
tribuas,
mihi
sub
voluntati
in
hac
virtutis
recti
quantisper
ipsa
in
sua
et que pour ceste cause il commande qu'il soit
perversitate defixa est. Quanquam haec certissima
renouvellé. Et de fait, il avoit un petit au paravant
est et facillima huius quaestionis solutio: non esse
mis une telle description de la nature humaine, qu'il
istas communes naturae dotes, sed speciales Dei
falloit conclurre, selon icelle, que nous sommes
gratias, quas varie et ad certum modum profanis
corrompuz et pervers en toutes noz parties. Car ce
alioqui
non
qu'il dit, que les gens cheminent en la vanité de leur
formidamus in vulgari sermone hunc bene natum,
sens, et sont aveuglées quant à leur intelligence, et
illum pravae naturae dicere. Nec tamen utrunque
alienées de la vie de Dieu pour leur ignorance et
desinimus includere sub universali humanae pravitatis
l'aveuglement de leur coeur, il n'y a nulle doute que
conditione: sed indicamus quid specialis gratiae in
cela ne compete à tous ceux que Dieu n'a point
alterum Dominus contulerit, quo alterum non sit
encores reformez à la droiture tant de sa sagesse
dignatus.
quasi
que de sa iustice (Ephes. 4, 17. 18). Ce qui est
novum hominem formavit ; atque haec ratio est cur
encores demonstré par la comparaison qu'il adiouste
Plato, ad Homericam fabulam alludens, Regum filios
tantost apres, quand il admoneste les fideles, qu'ils
creari dicat aliqua singulari nota insignes: quia Deus
n'ont pas ainsi apprins Christ. Car de ces mots nous
humano generi consulere volens, saepe quos ad
pouvons conclurre, que la grace de Iesus Christ est
imperium destinat, heroica natura instruit; atque ex
le
hac
ducum
aveuglement, et des maux qui s'en ensuyvent Et
celebrant historiae. Idem et de privatis hominibus
c'est ce qu'Isaie avoit prophetisé du regne de Christ,
censendum est. Sed quia ut praestantissimus quisque
disant que cependant que les tenebres couvriroyent
fuit, eum semper impulit sua ambitio (qua labe
la terre, et y auroit obscurité sur les peuples, le
foedantur omnes virtutes, ut coram Deo gratiam
Seigneur seroit en clairté perpetuelle à son Eglise
omnem amittant) pro nihilo ducendum est quicquid
(Is. 60, 2). Quand il tesmoigne que la clairté du
laude dignum apparet in hominibus profanis. Adde
Seigneur seulement luira en TEglise, hors d'icelle il
quod praecipua pars rectitudinis deficit ubi nullum
ne reste que tenebres et aveuglissement. Ie ne
est illustrandae Dei gloriae studium, quo vacui sunt
reciteray point particulierement tout ce qui est dit
omnes quos Spiritu suo non regenuit. Nec vero
de la vanité de l'homme, tant de David que de tous
frustra
Christum
les Prophetes. Mais c'est un grand mot que nous
requiescere spiritum timoris Dei : quo docemur
avons au Pseaume, que si l'homme estoit contrepoisé
quicunque
carere
avec la vanité, il seroit trouvé plus vain qu'icelle
timore Dei; qui sapientiae initium est . Quantum ad
mesme (Ps. 62, 10). C'est une grande condamnation
virtutes quae inani specie nos decipiunt, in foro
contre son entendement, que toutes les cogitations
quidem
qui
hominibus
Saulem
officina
praeficere
prodiit
dicitur
a
dispensat.
politico
et
in
volens,
magnorum
Iesaiam,
alieni
ratione,
regno
quicquid
apud
Christo
Qua
sunt,
communi
super
eosdem
hominum
fama
habebunt laudem: apud caeleste vero tribunal nullius
remede
en
unique
procedent,
pour
sont
nous
delivrer
moquées
comme
de
cest
sottes,
frivoles, enragées et perverses.
erunt pretii ad iustitiam promerendam.
2.3.2.
Ce n'est point une moindre condamnation sur le
coeur, quand il est dit estre plein de fraude et de
perversité, plus que toutes choses (Ier. 17, 9). Mais
pource que ie m'estudié à estre bref, ie seray
content d'un lieu, lequel sera comme un miroir
2.3.5.
tresclair, pour nous faire contempler toute l'image de
Qua
igitur
peccati
servitute
vincta
detinetur
nostre nature. Car quand l'Apostre veut abbatre
voluntas, ad bonum commovere se non potest, nedum
l'arrogance
applicare:
il
use
de
ces
tesmoignages: Qu'il n'y a nul iuste, nul bien entendu,
gratiae
tota
in
nul qui cherche Dieu: que tous ont decliné, tous sont
precatur
a
inutiles: qu'il n'y en a point qui face bien, pas
Domino Ieremias ut se convertat, si conversum velit
iusques à un seul (Rom. 3, 10) : que leur gosier est
. Unde Propheta eodem capite, spiritualem populi
comme un sepulchre ouvert, que leurs langues sont
fidelis redemptionem describens, dicit redemptum de
cauteleuses, que venim d'aspic est sous leurs lèvres,
manu
que
Scripturis
est,
tribuitur.
fortioris;
motus,
humain,
ad
principium
enim
genre
conversionis
Deum
eiusmodi
du
quae
Dei
Quemadmodum
nempe
significans
quam
arctis
leur
bouche
est
pleine
de
maledicence
et
compedibus alligatus est peccator, quandiu a Domino
amertume, que leurs pieds sont legiers à espandre le
desertus, sub iugo diaboli agit. Manet nihilominus
sang, qu'en leurs voyes il n'y a que perdition et
voluntas,
ad
dissipation, que la crainte de Dieu n'est point devant
peccandum et propendeat et festinet: siquidem non
leurs yeux (Ps. 14 et 53; Is. 59, 7). Il foudroyé de
voluntate
ces
quae
propensissima
privatus
necessitatem
se
est
homo,
in
parolles
rigoureuses
non
pas
sur
certains
Neque vero inepte Bernardus, sed velle bonum,
reprend point les moeurs corrompuz de quelque aage,
profectus: velle malum, defectus. Ideo simpliciter
mais il accuse la corruption perpetuelle de nostre
velle, hominis: male velle, corruptae naturae: bene
nature. Car c'est son intention en ce lieu-là, non
velle,
abdicatam
pas de simplement reprendre les hommes à fin qu'ils
voluntatem dico necessitate in malum vel trahi vel
s'amendent de leur propre mouvement: mais plustost
duci: mirum est sicui videatur aspera locutio, quae
de les enseigner, qu'ils sont tous depuis le premier
nec absonum habet quippiam, nec a sanctorum usu
iusques au dernier enveloppez en telle calamité, de
aliena est. Offendit autem eos qui inter necessitatem
laquelle
et coactionem distinguere nesciunt. At siquis eos
misericorde de Dieu les en delivre. Pource que cela
interroget, Annon Deus necessario bonus sit: annon
ne se pouvoit prouver, qu'il n'apparust que nostre
diabolus necessario malus: quid respondeant? Sic
nature est tombée en ceste ruine, il allegue ces
enim connexa est Dei bonitas cum divinitate, ut non
tesmoignages, où il est monstré que nostre nature
magis
libertate
ils
ne
peuvent
sortir,
sinon
que
la
sit
ipsum
esse
Deum,
quam
est plus que perdue. Que cela donc soit resolu, que
autem
per
lapsum
sic
boni
les hommes ne sont pas tels que sainct Paul les
communione alienatus est, ut nihil quam male agere
descrit, seulement par coustume perverse, mais aussi
possit. Quod siquis sacrilegus obganniat, Deo parum
d'une perversité naturelle: car autrement ne pourroit
laudis ex sua bonitate deberi, ad quam servandam
consister l'argument dont il use: c'est pour monstrer
cogatur: cui non erit prompta responsio, Immensa
que nous n'avons nul salut sinon de la misericorde
eius bonitate fieri ne male agere possit, non violenta
de Dieu, veu que tout homme est en soy perdu et
impulsione? Ergo si liberam Dei voluntatem in bene
desesperé. Ie ne me soucie point icy d'appliquer les
agendo non impedit, quod necesse est illum bene
tesmoignages au propos de sainct Paul: car ie pren
agere: si Diabolus, qui nonnisi male agere potest,
ces
voluntate tamen peccat: quis hominem ideo minus
premierement dites de luy, et non point alleguées
voluntarie
peccare
des Prophetes. Premierement il despouille l'homme
necessitati
obnoxius?
bonum.
necessarium
quod
voluntatis
hanc
hommes, mais sur toute la lignée d'Adam: et ne
Porro
sed
quum
sanitate.
gratiae.
addixit,
affectione
Diabolus
dicet,
Hanc
quod
sit
a
peccandi
necessitatem
quum
sentences
comme
si
elles
avoyent
esté
de iustice, c'est à dire d'integrité et pureté: puis
ubique praedicet Augustinus, dum etiam invidiose
apres d'intelligence, du defaut de laquelle s'ensuit
Caelestii cavillo urgeretur, ne tum quidem asserere
apres le signe, c'est que tous hommes se sont
dubitavit, in haec verba, Per libertatem factum est ut
destournez de Dieu: lequel chercher, est le premier
esset homo cum peccato: sed iam poenalis vitiositas
degré
subsequuta
ex libertate fecit necessitatem . Ac
d'infidelité, que tous ont decliné, et ont esté faits
quoties incidit eius rei mentio, non dubitat in hunc
quasi comme pourriz, tellement qu'il n'y en a pas un
modum loqui de necessaria peccati servitute . Haec
qui
igitur distinctionis summa observetur, hominem, ut
meschancetez dont ceux qui se sont desbordez en
vitiatus est ex lapsu, volentem quidem peccare, non
iniustice souillent et infectent les parties de leurs
invitum nec coactum: affectione animi propensissima,
corps. Finalement il tesmoigne que tous hommes
non violenta coactione: propriae libidinis motu, non
sont sans crainte de Dieu, à la reigle de laquelle
extraria coactione: qua tamen est naturae pravitate,
nous devions compasser toutes noz voyes. Si ce
non posse nisi ad malum moveri et agi. Quod si
sont là les richesses hereditaires du genre humain,
verum est, peccandi certe necessitati subiacere, non
c'est ea vain qu'on requiert quelque bien en nostre
obscure exprimitur. Augustino subscribens Bernardus
nature. Ie confesse que toutes ces meschancetez
ita scribit, Solus homo inter animalia liber: et tamen
n'apparoissent point en chacun homme, mais nul ne
interveniente peccato, patitur quandam vim et ipse:
peut nier qu'un chacun n'en ait la semence enclose
sed a voluntate, non a natura, ut ne sic quidem
en soy. Or comme un corps, quand il a desia la
ingenita libertate privetur. Quod enim voluntarium,
cause et matiere de maladie conceue en soy, ne
etiam liberum. Et paulo post, Ita nescio quo pravo et
sera point nommé sain, combien que la maladie ne
miro modo ipsa sibi voluntas peccato quidem in
se
deterius
nec
sentiment de douleur: aussi l'ame ne sera point
necessitas (quum voluntaria sit) excusare valeat
reputée saine, ayant telles ordures en soy: combien
voluntatem, nec voluntas (quum sit illecta) excludere
que la similitude ne soit point du tout propre. Car
necessitatem. Est enim necessitas haec quodammodo
quelque vice qu'il y ait au corps, si ne laisseil point
voluntaria. Postea dicit nos premi iugo, non alio
de retenir vigueur de vie: mais l'ame estant
tamen quam voluntariae cuiusdam servitutis: ideo pro
abysmée en ce gouffre d'iniquité, non seulement est
servitute
vicieuse, mais aussi vuide de tout bien.
mutata,
necessitatem
esse
inexcusabiles:
miserabiles,
quia
voluntas,
facit,
pro
quum
ut
voluntate
libera
de
face
soit
sapience.
bien.
encore
S'ensuivent
Davantage,
monstrée,
il
et
apres
met
qu'il
les
fruits
toutes
n'y
ait
les
nul
esset,
servam se peccati fecit. Tandem concludit, Ita anima
miro quodam et malo modo sub hac
voluntaria
quadam ac male libera necessitate et ancilla tenetur
ancilla,
propter
necessitatem:
libera
propter
voluntatem: et, quod magis mirum magisque miserum
2.3.3.
est, ideo rea, eoque ancilla, quo rea: ac per hoc, eo
Il se presente quasi une semblable question à
ancilla, quo libera . Hinc certe agnoscunt lectores
celle qui a esté despeschée cy dessus. Car en tous
nihil me novum afferre, quod olim ex piorum omnium
siecles il y en a eu queleuns, qui par la conduite de
consensu prodidit Augustinus, et mille fere annis
nature ont aspire en toute leur vie à vertu : et
postea
fuit.
mesme quand on trouvera beaucoup à redire en leurs
Lombardus autem, quum necessitatem a coactione
moeurs, si est-ce qu'en l'affection d'honesteté qu'ils
distinguere
ont eue, ils ont monstré qu'il y avoit quelque pureté
in
claustris
nesciret,
monachorum
pernicioso
retentum
errori
materiam
dedit.
en leur nature. Combien que nous expliquerons plus
amplement
en
quelle
estime
sont
telles
vertus
devant Dieu, quand nous traitterons du merite des
oeuvres, toutesfois il en faut dire à present ce qui
sera necessaire pour la matiere que nous avons en
main. Ces exemples donc nous admonnestent que
nous ne devons point reputer la nature de l'homme
du tout vicieuse, veu que par l'inclination d'icelle
aucuns
non
seulement
ont
fait
plusieurs
actes
excellens, mais se sont portez honnestement en tout
le cours de leur vie: mais nous avons à considerer,
qu'en la corruption universelle dont nous avons parlé,
la grace de Dieu a quelque lieu, non pas pour
amender la perversité de la nature, mais pour la
reprimer et restraindre au dedans. Car si Dieu
permettoit à tous hommes de suyvre leurs cupiditez
à brides avallées, il n'y en auroit nul qui ne
2.3.6.
demonstrast par experience que tous les vices dont
Ex opposito reputare operaepretium est quale sit
divinae
gratiae
vitiositas
luy. Car qui sera celuy qui se pourra separer du
corrigitur ac sanatur. Nam quum Dominus in ope
nombre des hommes? ce qu'il faut faire, si quelcun
ferenda, quod nobis deest largiatur, ubi constiterit
se veut exempter de ce que dit sainct Paul de tous,
quale sit in nobis illius opus, quae sit e converso
assavoir de leurs pieds sont legiers à espandre le
nostra
sang, leurs mains souillees de rapines et homicides,
penuria,
Apostolus
remedium,
statim
Philippensibus,
quo
naturae
sainct Paul condamne la nature humaine, seroyent en
elucescet.
se
Quum
confidere
quod
dicit
qui
leurs
gosiers
semblables
à
sepulchres
ouvers,
venimeuses,
oeuvres
coepit in ipsis opus bonum, perfecturus sit usque in
langues
diem Iesu Christi : non dubium quin per boni operis
inutiles, iniques, pourries, mortelles: que leur coeur
principium, ipsam conversionis originem, quae est in
est sans Dieu, qu'ils n'ont au dedans que malice, que
voluntate, designet. Bonum itaque opus inchoat in
leurs yeux sont à faire embusches, leurs coeurs
nobis Deus, iustitiae et amorem et desiderium et
eslevez à outrage: en somme, toutes leurs parties
studium in cordibus nostris excitando: vel (ut magis
apprestées à mal faire (Rom. 3, 10-17). Si une
proprie loquamur) corda nostra flectendo, formando,
chacune ame est suiette à tous ces monstres de
dirigendo
ad
vices, comme l'Apostre prononce hardiment, nous
perseverantiam nos confirmando. Nequis a Domino
voyons que c'est qui adviendroit, si le Seigneur
bonum inchoari tergiversetur, quod voluntas, per se
laissoit
infirma, adiuvetur: alibi declarat Spiritus quid valeat
inclination.
voluntas sibi relicta. Dabo, inquit, vobis cor novum,
transportée si desordonnément: il n'y a riviere si
spiritum novum ponam in medio vestri: et auferam
violente et si roide, de laquelle Pexondation soit tant
cor lapideum de carne vestra, et dabo vobis cor
impetueuse. Telles maladies sont purgées par le
carneum: et Spiritum meum ponam in medio vestri,
Seigneur en ses eleus, en la maniere que nous
et faciam ut in praeceptis meis ambuletis . Quis
exposerons:
in
iustitiam:
perficit
autem,
cauteleuses,
la
cupidité
Il
aux
n'y
lèvres
humaine
a
beste
reprouvez
vaguer
enragee
elles
sont
selon
son
qui
soit
seulement
voluntatis
humanae
infirmitatem
dicet
subsidio
reprimées comme par une bride, à ce qu'elles ne se
roborari, quo ad boni electionem efficaciter aspiret,
desbordent
quum transformari renovarique totam oporteat? Siqua
expedient pour la conservation du monde universel.
est in lapide mollities, quae adminiculo tenerior facta
De là vient qu'aucuns par honte, aucuns par crainte
flexum quemlibet recipiat: neque ductile esse cor
des loix sont retenus, à ce qu'ils ne s'abandonnent à
hominis negabo in recti obedientiam, modo gratia Dei
beaucoup de meschaneetez : combien qu'en partie ils
quod in eo imperfectum est suppleatur. Verum si hac
ne dissimulent pas leurs mauvaises concupiscences.
similitudine
boni
Les autres, pource qu'ils pensent honneste maniere
expressum iri a corde nostro, nisi penitus aliud fiat:
de vivre leur estre profitable, tellement quellement
ne inter ipsum et nos partiamur quod sibi uni
aspirent à icelle. Les autres outrepassent encore, et
vendicat. Si ergo lapis in carnem transformatur,
monstrent une excellence speciale pour retenir le
quando nos Deus ad recti studium convertit: aboletur
vulgaire en leur obeissance, par une espece de
quicquid est propriae nostrae voluntatis: quod in eius
maiesté. En telle maniere le Seigneur restraind par
locum succedit, totum a Deo est. Voluntatem dico
sa providence la perversité de nostre nature, à ce
aboleri, non quatenus est voluntas: quia in hominis
quelle ne se iette point hors des gons, mais il ne la
conversione integrum manet quod primae est naturae:
purge pas au dedans.
ostendere
voluit
nihil
creari etiam novam dico, non
unquam
ut
voluntas
point
selon
que
Dieu
cognoist
estre
esse
incipiat, sed ut vertatur ex mala in bonam. Hoc in
solidum a Deo fieri affirmo, quia ne ad cogitandum
quidem idonei sumus, eodem Apostolo teste . Itaque
alibi
tradit
infirmae
Quelcun pourra dire que cela ne suffit pas à
voluntati, vel pravam corrigere, sed operari in nobis
soudre la question. Car ou il faut que nous facions
velle . Unde facile colligitur quod dixi, quicquid boni
Catilina semblable à Camillus, ou nous aurons un
est in voluntate, esse unius gratiae opus. Quo sensu
exemple en Camillus, que la nature, quand elle est
alibi dicit Deum esse qui omnia operatur in omnibus
bien menée, n'est pas du tout depourveuë de bonté.
. Neque enim illic de universali gubernatione disserit,
Ie confesse que les vertus qui ont esté en Camillus,
sed bonorum omnium quibus pollent fideles, laudem
ont esté dons de Dieu, et qu'elles pourroyent estre
asserit uni Deo. Omnia autem dicendo, certe ab initio
veuës louables, si on les repute en elles-mesmes:
ad finem usque Deum spiritualis vitae authorem
mais comment seront elles enseignes qu'il a eu en
facit: quod idem aliis verbis prius docuerat, fideles
sa nature une preud'hommie? Pour monstrer cela, ne
ex Deo esse dicens in Christo : ubi aperte novam
faut-il
creationem qua aboletur quod communis naturae est,
argument? Que si un homme naturel a esté doué
commendat. Subaudienda enim est inter Adam et
d'une telle integrité de coeur, la facult d'aspirer à
Christum antithesis, quam alibi clarius explicat, ubi
bien ne defaut point à la nature humaine. Et que
docet nos esse Dei facturam, creatos in Christo ad
sera-ee si le coeur a esté pervers et oblique, et
bona opera quae praeparavit ut in illis ambulemus .
qu'il n'ait rien moins cherché que droiture? Or si
Hac
nous concedons qu'il ait esté homme naturel, il n'y a
enim
non
ratione
modo
Deum
probare
vult
opitulari
2.3.4.
gratuitam
esse
pas
revenir
au
coeur
en
faisant
cest
nostram salutem: quia initium omnis boni sit a
nulle
secunda
consequimur.
puissance maintenant establirons-nous en la nature
Atqui siqua esset vel minima ex nobis facultas,
humaine, de s'appliquer à bien, si en la plus grande
aliqua etiam esset meriti portio. Verum ut nos
apparence d'integrité qu'on y trouve, on voit qu'elle
creatione
quam
in
Christo
doute
que
son
coeur
a
esté
tel.
Quelle
prorsus exinaniat, nihil promeritos esse ratiocinatur,
tend tousiours à corruption? Pourtant comme on ne
quia in Christo conditi sumus ad bona opera quae
prisera point un homme pour vertueux, duquel les
praeparavit Deus: quibus iterum significat omnes
vices seront couvers sous ombre de vertu: ainsi
bonorum operum partes a primo motu, Dei esse
nous
proprias. Hac ratione Propheta postquam in Psalmo
faculté d'appeter le bien, du temps qu'elle sera
dixit nos Dei esse figmentum, nequa fiat partitio,
fichee en sa perversité. Combien que ceste est la
mox
adiungit,
volonté
humaine
principium
est
vertus ne sont pas communes à la nature, mais sont
spiritualis vitae, ex contextu patet, ubi continuo post
graces speciales du Seigneur, lesquelles il distribue
sequitur
gregem
mesme aux meschans, selon la maniere et mesure
pascuorum eius. Videmus autem ut non contentus
que bon luy semble. Pour laquelle cause en nostre
simpliciter
dedisse,
langage vulgaire nous ne doutons point de dire, que
diserte ab omni societate nos excludat: quasi diceret
l'un est bien nay, et l'autre mal nay: l'un de bonne
ne tantillum quidem restare homini in quo glorietur,
nature, et l'autre de mauvaise : et neantmoins nous
quia totum a Deo est.
ne laissons point d'enclorre l'un et l'autre sous la
nos
esse
salutis
quae
populum
nostrae
ipsi
la
plus certaine et facile solution, de dire que telles
loqui,
nos
à
de
eum
fecimus
point
;
regeneratione
Non
n'attribuerons
eius,
laudem
et
Deo
condition universelle de la corruption humaine : mais
nous
signifians
quelle
grace
Dieu
a
donné
particulierement à l'un qu'il a deniée à l'autre. En
voulant establir Saul roy, il l'a quasi formé nouvel
homme (1 Sam. 10, 6). Et voila pourquoy Platon,
suivant la fable d'Homere, dit que les enfans des
Rois sont composez d'une masse precieuse, pour
estre separez du vulgaire: pource que Dieu voulant
pourvoir au genre humain, doué de vertus singulieres
ceux qu'il esleve en dignité: comme certes de ceste
boutique
renommez
tous
aux
les
preux
histoires
et
excellens
qui
sont
sortis.
Autant
sont
en
faut-il dire de ceux qui demeurent en estat privé.
Mais puis que selon que chacun estoit le plus
excellent, aussi a-il esté poussé de son ambition,
par laquelle macule toutes vertus sont souillees et
perdent toute grace devant Dieu, tout ce qui apparoit
digne de louange aux gens prophanes doit estre tenu
comme rien. Davantage, quand il n'y a nulle affection
2.3.7.
de glorifier Dieu, le principal de toute droiture
Sed erunt forte qui concedent voluntatem a bono
defaut. Or il est certain que tous ceux qui ne sont
suopte ingenio aversam, sola Domini virtute converti:
point regenerez sont vuides et desprouveus d'un tel
sic tamen ut praeparata, suas deinde in agendo
bien. Et ce n'est pas en vain qu'il est dit par Isaie,
partes
que l'esprit de crainte de Dieu reposera sur Iesus
omne
habeat:
bonum
comitante,
non
quemadmodum
opus
gratiam
ducente:
docet
Augustinus,
praecedere,
pedissequa,
non
et
id
Christ (Is. 11, 3): en quoy il est signifié, que tous
praevia
ceux qui sont estranges de luy, sont aussi destituez
voluntate ; quod non male a sancto viro dictum
de ceste crainte, laquelle est le chef de sagesse
praepostere huc detorquet Petrus Lombardus. Ego
(Ps. 111, 10). Quant aux vertus qui trompent d'une
autem tam in Prophetae verbis quae citavi, quam in
vaine apparence, elles seront bien louées en l'estat
aliis
et
politique, et du commun bruit des hommes: mais au
pravam nostram voluntatem corrigat Dominus, vel
siege iudicial de Dieu elles ne vaudront pas un festu
potius
pour acquerir iustice.
locis
clare
aboleat,
duo
et
signari
a
contendo:
seipso
bonam
quod
submittat.
Quatenus a gratia praevenitur, in eo ut pedissequam
appelles tibi permitto: sed quia reformata, opus est
Domini, hoc perperam homini tribuitur, quod gratiae
praevenienti, pedissequa voluntate obsequatur. Ideo
non recte a Chrysostomo scriptum est, Nec gratiam
sine voluntate, nec voluntatem sine gratia quicquam
posse
operari;
quasi
vero
non
ipsam
quoque
2.3.5.
La volonté donc, selon qu'elle est liée et tenue
voluntatem operetur gratia, sicuti ex Paulo nuper
captive
vidimus. Neque vero Augustini consilium fuit, dum
aucunement remuer à bien, tant s'en faut qu'elle s'y
pedissequam
applique.
gratiae
vocat
humanam
voluntatem,
en
servitude
Car
un
de
tel
peché,
ne
mouvement
se
est
peut
le
secundas quasdam a gratia partes illi assignare in
commencement de nostre conversion à Dieu, laquelle
bono opere: sed quia hoc illi tantum propositum erat
est du tout attribuée à la grace du sainct Esprit par
refellere
primam
l'Escriture: comme Ieremie prie le Seigneur qu'il le
salutis causam in hominis merito ponebat: quod satis
convertisse, s'il veut qu'il soit converti (Ier. 31,
erat praesenti causae, contendit, gratiam omni merito
18). Pour laquelle raison le Prophete au mesme
esse priorem: altera interim quaestione omissa, de
chapitre, descrivant la redemption spirituelle des
perpetuo gratiae effectu, quam tamen alibi egregie
fideles, dit qu'ils ont esté rachetez de la main d'un
tractat.
Dominum
plus fort: denotant par cela combien le pecheur est
praevenire nolentem ut volentem subsequi ne frusta
lié estroitement, pour le temps qu'estant delaissé de
velit: ipsum boni operis in solidum facit authorem.
Dieu il demeure sous le ioug du diable, neantmoins
Quanquam clariores de hac re sunt eius sententiae
la volonté demeure tousiours à l'homme, laquelle de
quam
desiderent.
sa pure affection est encline à peché, voire pour s'y
Laborant, inquit, homines invenire in nostra voluntate
haster. Car quand l'homme est tombé en ceste
quod nostrum sit, et non ex Deo: et quomodo
necessité, il n'a point esté despouillé de sa volonté,
inveniri possit ignoro . Libro autem contra Pelagium
mais de saine volonté. Et pourtant ne parle point
et
mal sainct Bernard en disant que le vouloir est en
pessimum
Aliquoties
ut
longam
Caelestium
Pelagii
enim
dogma,
dum
dicit,
argumentationem
primo,
ubi
quod
dictum
illud
Christi
interpretatur, Omnis qui audierit a Patre meo, venit
tous
ad me : Arbitrium, inquit, sic adiuvatur ut non solum
d'amendement: vouloir le mal, est de nostre defaut:
quid faciendum sit sciat: sed quod sciverit, etiam
ainsi
faciat. Atque ita quum Deus docet, non per Legis
vouloir le mal, est de la nature corrompue: vouloir
literam, sed per Spiritus gratiam, ita docet ut quod
le bien, est de grace. Or ce que ie dy, la volonté
quisque didicerit, non tantum cognoscendo videat,
estre despouillee de liberté, et necessairement estre
sed etiam volendo appetat, agendoque perficiat.
tirée au mal, c'est merveille si quelcun trouve ceste
hommes:
que
maniere
de
mais
que
simplement
parler
vouloir
vouloir,
estrange,
est
le
de
laquelle
bien
est
l'homme:
n'a
nulle
absurdité, et a esté usitée des anciens Docteurs.
Aucuns s'offensent de ce qu'ils ne peuvent distinguer
entre necessité et contrainte: mais si quelcun les
interrogué, assavoir si Dieu n'est pas necessairement
bon,
et
si
le
diable
n'est
pas
necessairement
mauvais, que respondront-ils? Il est certain que la
bonté
de
divinité,
Dieu
qu'il
est
ne
tellement
luy
est
pas
coniointe
moins
avec
sa
necessaire
d'estre bon, que d'estre Dieu. Et le diable par sa
cheute s'est tellement aliené de toute communication
de bien, qu'il ne peut autre chose que mal faire. Or
2.3.8.
si quelque blasphemateur murmure que Dieu ne
Et quoniam in praecipuo cardine iam versamur:
merite pas graude louange pour sa bonté, veu qu'il
agedum, summam rei paucis ac apertissimis tantum
est
Scripturae testimoniis probatam tradamus lectoribus:
sera-elle pas facile? C'est que cela advient de sa
tum deinde (nequis nos detortae perperam Scripturae
bonté infinie qu'il ne peut mal faire, et non pas de
insimulet)
viri
contrainte violente. Si cela donc n'empesche point la
ex
volonté de Dieu, d'estre libre en bien faisant, qu'il
Nam
est necessaire qu'il face bien: si le Diable ne laisse
neque expedire censeo, ut quae in sententiae nostrae
point de pecher volontairement, combien qu'il ne
confirmationem adduci ex Scripturis possunt, ordine
puisse sinon mal faire, qui est-ce qui arguera le
singula recenseantur: modo ex selectissimis, quae
peché n'estre point volontaire en l'homme, pource
proferentur, via sternatur ad reliqua omnia, quae
qu'il est subiet à necessité de peché? Comme ainsi
sparsim
rursum
soit que sainct Augustin enseigne par tout ceste
intempestive factum iri si palam fecero mihi cum eo
necessité, il n'a pas laissé de l'acertener, mesme à
viro non male convenire cui plurimum authoritatis
l'heure que Caelestius calomnioit ceste doctrine pour
merito defert piorum consensus. Certe boni exordium
la rendre odieuse. Il use donc de ces parolles: qu'il
non aliunde quam a solo Deo esse facili et certa
est advenu par la liberté de l'homme, qu'il soit
ratione liquet; neque enim voluntas reperietur ad
tombé en peché: maintenant que la corruption qui
bonum propensa nisi in electis. Atqui electionis
s'en est ensuyvie a fait de liberté necessité. Et
causa extra homines quaerenda est: unde conficitur,
toutes fois et quantes qu'il entre en ce propos, sans
rectam voluntatem non esse homini a seipso, sed ex
difficulté il declaire qu'il y a en nous une servitude
eodem beneplacito, quo ante mundi creationem electi
necessaire à pecher. Il nous faut donc observer
sumus, fluere. Accedit altera non absimilis ratio;
ceste distinction: c'est que l'homme, apres avoir esté
nam quum bene volendi et agendi principium sit ex
corrompu par sa cheute, peche volontairement, et
fide, videndum est unde sit ipsa fides. Quum vero
non pas maugré son coeur, ne par contrainte : qu'il
gratuitum esse Dei donum clamet tota Scriptura,
peche, dy-ie, par une affection tresencline, et non
sequitur
bonum
pas estant contraint de violence, qu'il peche du
incipimus, qui ad malum toto animo sumus naturaliter
mouvement de sa propre cupidité, et non pas estant
propensi.
sui
contraint d'ailleurs: et neantmoins que sa nature est
conversione duo haec ponit, ut cor illi lapideum
si perverse, qu'il ne peut estre esmeu, poussé, ou
auferat, det carneum, aperte testatur oportere aboleri
mené sinon au mal. Si cela est vray, il est notoire
ostendamus
(Augustinum
Scriptura
dico)
testimonio
desumptam
leguntur,
ex
mera
Ergo
neque
huius
destitui
asserimus
intelligenda;
gratia
Dominus,
esse
ubi
sancti
quam
veritatem.
neque
ubi
in
velle
populi
contraint
à
icelle
garder:
la
response
ne
quod ex nobis est, quo ad iustitiam convertamur:
qu'il
quicquid autem in eius locum subit, a seipso esse.
Bernard, s'accordant à la doctrine de sainct Augustin,
Neque
parle
id
uno
loco
pronuntiat;
dicit
enim
apud
est
subiet
ainsi:
à
necessité
L'homme
seul
de
est
pecher.
libre
Sainct
entre
les
Ieremiam, Dabo eis cor unum, et viam unam, ut
animaux, et toutesfois le peché estant survenu, il
timeant me universis diebus . Paulo post, Timorem
souffre assez quelque effort, mais de volonté, non
nominis mei dabo in cor eorum, ut non recedant a
point de nature: en sorte qu'il n'est point privé de la
me. Rursum apud Ezechielem, Dabo eis cor unum, et
liberté
Spiritum
Cor
volontaire, est aussi libre. Et un petit apres, La
lapideum auferam de carne eorum, et dabo eis cor
volonté estant changée en mal par le peché, de ie
carneum . Non posset evidentius sibi vendicare,
ne say quelle façon estrange et perverse se fait une
nobis adimere, quicquid est in voluntate nostra boni
necessité: laquelle estant volontaire, ne peut excuser
et
nostram,
la volonté: et la volonté aussi allechée ne peut
creationem novi Spiritus et novi cordis esse testatur;
exclurre la necessité: car ceste necessité est comme
sequitur enim semper, et ex voluntate nostra nihil
volontaire.
prodire
post
opprimez d'un ioug: toutesfois non pas autre que de
reformationem, quatenus bona est, a Deo esse, non a
servitude volontaire: et pourtant qu'au regard de la
nobis.
servitude nous sommes miserables, au regard de la
novum
recti,
dabo
quam
boni
in
dum
donec
visceribus
eorum.
conversionem
reformata
fuerit;
et
qu'il
a
En
de
naissance:
apres
il
dit
car
que
ce
qui
nous
est
sommes
volonté nous sommes inexcusables, veu qu'estant
franche, elle s'est fait serve de peché. Finalement il
conclud:
L'ame
donques
sous
ceste
necessité
volontaire et d'une liberté pernicieuse est detenue
serve, et demeure libre d'une façon estrange et bien
mauvaise: serve pour la necessité, libre pour la
volonté. Et ce qui est encores plus merveilleux et
plus miserable, elle est coulpable pource qu'elle est
2.3.9.
libre, et est serve pource que c'est par sa coulpe: et
Sic et precationes sanctorum compositae leguntur.
ainsi elle est serve d'autant qu'elle est libre. On voit
Inclinet cor nostrum ad se Dominus, dicebat Solomo,
par ces tesmoignages que ie ne mets rien de
ut servemus mandata sua . Pervicaciam cordis nostri
nouveau en avant: mais recite ce que iadis sainct
ostendit quod in Legis divinae rebellionem naturaliter
Augustin nous a laissé par escrit du consentement
exultet, nisi flectatur. Idem et in Psalmo habetur,
commun des saincts Docteurs, et ce qui est demeuré
Inclina cor meum ad testimonia tua . Semper enim
presque mille ans apres aux cloistres des moines. Or
notanda est antithesis inter perversum cordis motum
le maistre des Sentences, pour n'avoir seu distinguer
quo fertur ad contumaciam, et correctionem hanc qua
entre Contrainte et Necessité a ouvert la porte à
in
cest erreur, qui a esté une peste mortelle à l'Eglise,
obsequium
cogitur.
David
autem
quum
se
directrice gratia ad tempus orbatum fuisse sentiens,
d'estimer
Deum rogat ut cor mundum in se creet, Spiritum
pource qu'il peche franchement.
rectum innovet in suis visceribus , annon omnes
cordis sui partes impuritate refertas agnoscit, et
spiritum
obliqua
pravitate
contortum?
munditiem
autem quam flagitat, Dei creaturam vocando, an non
2.3.6.
que
l'homme
pouvoit
eviter
le
peché,
totam
illi
acceptam
excipiat,
Il est expedient de regarder à l'opposite quel est
sanctique
le remede de grace, par lequel nostre perversité est
affectus, prompta est solutio, quanvis iam aliqua ex
corrigée et gairie. Car comme ainsi soit que le
parte
priorem
Seigneur en nous aidant nous elargisse ce qui nous
statum cum illa tristi ruina quam expertus erat.
defaut: quand il apparoistra quelle est son oeuvre en
Personam ergo hominis a Deo alienati suscipiens,
nous, il sera aussi aisé d'entendre quelle est nostre
merito sibi dari petit quaecunque electis suis in
povreté. Quand l'Apostre dit aux Philippiens, qu'il a
regeneratione confert Deus. Itaque mortuo similis,
bonne confiance que celuy qui a commencé une
optat se iterum creari, ut ex mancipio Satanae fiat
bonne oeuvre en eux, Pachevera iusques au iour de
Spiritus sancti organum. Mira sane et portentosa
Iesus Christ (Phil. 1, 6): il n'y a nulle doute que
superbiae
Dominus
par ce commencement de bonne oeuvre il signifie
sabbathum
l'origine de leur conversion, c'est quand leur volonté
precationem
ipsam
resipuisset
exigit
signum
David,
nostrae
quam
refert?
ut
libido.
Siquis
esse
pii
conferre
Nihil
tamen
severius
religiosissime
suum
observemus, quiescendo scilicet ab operibus nostris:
a
a nobis vero nihil magis aegre impetratur, quam ut
commence en nous son oeuvre, inspirant en noz
operibus nostris valere iussis, Dei operibus iustum
coeurs l'amour, le desir et estude de bien et de
locum
iustice: ou pour parler plus proprement, enclinant,
cedamus.
Nisi
obstaret
vecordia,
satis
esté
tournée
à
Dieu.
Parquoy
le
Seigneur
luculentum testimonium reddidit gratiis suis Christus,
formant,
ne maligne supprimerentur. Ego sum, inquit, vitis,
paracheve
vos palmites: Pater meus agricola est. Sicut palmes
perseverance. Et afin que personne ne caville que le
non potest fructum ferre a seipso, nisi manserit in
bien est commencé en nous de Dieu, d'autant que
vite: sic nec vos, nisi in me manseritis: quia sine
nostre volonté, laquelle seroit de soy trop infirme,
me nihil potestis facere . Si non aliter per nos
est aidee de luy: le sainct Esprit declaire en un
fructificamus,
autre lieu que vaut nostre volonté estant abandonnée
humore
quam revulsus
privatus,
quaerendum
quae
germinat:
sit
naturae
a terra
non
palmes, et
est
nostrae
amplius
ad
bonum
et
adressant
son
noz
oeuvre
coeurs
nous
à
iustice.
confermant
Il
à,
à soymesme: Ie vous donneray, dit-il, un nouveau
coeur,
ie
creeray
un
esprit
nouveau
en
vous:
aptitudo. Nec ambigua est ista conclusio, Sine me
i'osteray le coeur de pierre qui est en vous, et vous
nihil potestis facere. Non dicit nos esse infirmiores
en donneray un de chair: ie mettray mon Esprit en
quam qui nobis sufficiamus: sed nos ad nihilum
vous, et vous feray cheminer en mes commandemens
redigendo, omnem vel exiguae facultatulae opinionem
(Ezech. 36, 26). Qui est-ce maintenant qui dira que
excludit. Si in Christo insiti fructificamus instar vitis,
seulement
quae tum a terrae humore, tum a rore caelesti, tum
confermee, afin d'aspirer vertueusement à élire le
a solis fomento vegetationis ducit energiam: nihil in
bien, quand nous voyons qu'il faut qu'elle soit du
bono opere restare nobis video, si Deo illibatum
tout reformée et renouvellée? Si la pierre est si
servamus quod suum est. Nequicquam obtenditur
molle qu'en la maniant on la puisse flechir en telle
frivola argutia, succum iam inclusum esse in palmite,
forme qu'on voudra, ie ne nie point que le coeur de
et vim proferendi fructus: ideoque non omnia sumere
l'homme n'ait quelque facilité et inclination pour
a
obeir à Dieu, moyennant que son infirmité soit
terra
vel
a
prima
radice,
quia
aliquid
suum
l'infirmité
de
la
volonté
humaine
est
conferat. Neque enim aliud vult Christus, quam nos
confermee.
aridum et nihili esse lignum ubi sumus ab eo
similitude a voulu monstrer qu'il est impossible de
separati: quia seorsum nulla sit in nobis bene agendi
rien tirer de bien de nostre coeur, s'il n'est fait tout
facultas, sicut alibi quoque, inquit, Omnis arbor quam
autre, ne partissons point entre luy et nous la
Mais
si
nostre
Seigneur
par
ceste
non plantaverit Pater meus, eradicabitur . Quare
louange laquelle il s'attribue à luy seul. Si donc
Apostolus totam illi summam transcribit in loco iam
quand
citato, Deus est, inquit, qui in vobis operatur et
comme si on transmuoit une pierre en chair, il est
velle et perficere . Prior pars operis boni, est
certain que tout ce qui est de nostre propre volonté
voluntas:
conatus:
est aboly, et tout ce qui succede est de Dieu. Ie dy
utriusque author est Deus. Ergo Domino surripimus
que la volonté est abolie, non pas entant qu'elle est
siquid nobis arrogamus aut in voluntate, aut in
volonté: car en la conversion de l'homme, ce qui est
effectu.
de la premiere nature demeure. Ie dy aussi qu'elle
altera,
Si
voluntati,
validus
diceretur
nobis
in
Deus
nonnihil
exequendo
opem
ferre
nous
convertit
à
bien,
c'est
est creée nouvelle: non pas pour commencer d'estre
dicitur efficere voluntatem, iam extra nos, quicquid
volonté, mais pour estre convertie de mauvaise en
in ea bonum est locatur. Porro quoniam carnis
bonne. Ie dy que tout cela se fait entierement, de
nostrae pondere bona etiamnum voluntas obruitur, ne
Dieu,
emergat:
pource
que,
tesmoin
l'Apostre,
nous
ne
eius
pugnae
sommes pas idoines à concevoir une seule bonne
ad
effectum
pensée (2 Cor. 3, 5). A quoy respond ce qu'il dit
constare
ailleurs, que non seulement Dieu ayde et subvient à
posset quod alibi docet, unicum esse Deum qui
nostre volonté debile, ou corrige la malice d'icelle,
efficit omnia in omnibus , ubi totum spiritualis vitae
mais qu'il crée et met en nous le vouloir (Phil. 2,
cursum
ratione
13). Dont il est aisé à recueillir ce que i'ay dit, que
David postquam vias Dei sibi patefieri precatus est,
tout ce qui est de bien au coeur humain, est oeuvre
ut ambulet in eius veritate, mox adiungit, Unias cor
de pure grace. En ce sens aussi il prononce ailleurs,
meum ad timendum nomen tuum . Quibus verbis
que c'est Dieu qui fait toutes choses en tous (1
significat, etiam qui probe affecti sunt, tot esse
Cor.
distractionibus
vel
gouvernement universel du monde, mais il maintient
effluant nisi ad constantiam firmentur. Qua ratione
que la louange de tous les biens qui se trouvent aux
alibi, postquam gressus suos dirigi ad servandum Dei
fideles doit estre reservée à Dieu seul. En disant,
sermonem precatus est, robur quoque ad bellandum
Toutes
sibi dari postulat: Ne dominetur, inquit, mihi ulla
spirituelle depuis un bout iusqu'à l'autre. Oe qu'il
iniquitas . Hunc itaque in modum et inchoat et
avoit au paravant exprimé sous autres mots, c'est
perficit Dominus bonum opus in nobis: ut illius sit,
que les fideles sont de Dieu en Iesus Christ (1 Cor.
quod recti amorem concipit voluntas, quod in eius
8,
studium inclinatur, quod ad eius sectandi conatum
nouvelle,
incitatur et movetur: deinde quod electio, studium,
commune est aboly. Mesmes il fait une comparaison
conatus
usque
de Iesus Christ à l'opposite d'Adam, laquelle en un
procedunt: postremo, quod homo in illis constanter
autre lieu il deduit plus clairement: assavoir que
pergit, et in finem usque perseverat.
nous sommes l'ouvrage de Dieu, estans créez en
difficultatibus,
usque
conatus
administrari.
comprehendi
non
eluctandis
sed
Seigneur
quum
subiunxit,
relinqueretur:
infirmae
le
constantiam
Siquidem
ante
obnoxios
fatiscunt,
nec
aliter
docuimus.
ut
sed
facile
ad
Qua
evanescant
effectum
6;
12,
6).
Oar
choses,
Eph.
par
1,
il
il
fait
ne
dispute
Dieu
1):
où il
laquelle
ce
autheur
propose
qui
point
est
de
une
de
là
la
du
vie
creation
la
nature
Iesus Christ à bonnes oeuvres, qu'il a apprestées
afin que nous cheminions en icelles (Ephes. 2, 10).
Car il veut prouver par céste raison que nostre salut
est gratuit, d'autant que la resource de tous biens
est en la seconde creation, laquelle nous obtenons
en Iesus Christ. Or s'il. y avoit la moindre faculté
du monde en nous, il y auroit aussi quelque portion
de ID eri te: mais afin de nous espuiser du tout, il
argue que nous n'avons peu rien meriter, d'autant
que nous sommes créez en Iesus Christ pour faire
bonnes oeuvres, lesquelles Dieu a preparées. En
quoy il signifie derechef, que depuis le premier
mouvement iusques à la derniere perseverance,
le
bien que nous faisons est de Dieu en toutes ses
parties. Par mesme raison le Prophete, apres avoir
dit au Pseaume, que nous sommes l'ouvrage de Dieu:
afin que nul n'entreprinst de faire partage, adiouste
quant et quant, Il nous a faits, ce ne sommes nous
2.3.10.
pas qui nous ayons faits (Ps. 100, 3). Qu'il parle de
Ac voluntatem movet, non qualiter multis seculis
la regeneration, laquelle est le commencement de la
traditum est et creditum, ut nostrae postea sit
vie spirituelle, il appert par le fil du texte: car il
electionis, motioni aut obtemperare aut refragari: sed
s'ensuit tantost apres, que nous sommes son peuple
illam
a
et le troupeau de sa pasture. Or nous voyons qu'il
Chrysostomo repetitum repudiari necesse est, Quem
ne s'est pas contenté d'avoir simplement attribué à
trahit,
Dominum
Dieu la louange de nostre salut, mais qu'il nous
porrecta tantum manu expectare an suo auxilio iuvari
exclud de toute compagnie: comme s'il disoit, Pour
nobis adlubescat. Talem fuisse hominis adhuc stantis
estre troupeau de Dieu, les hommes n'ont dequoy se
conditionem concedimus ut potuerit ad alterutram
glorifier iusques à une seule goute: pource que le
partem inclinare: sed quum suo exemplo docuerit
tout est de Dieu.
efficaciter
afficiendo.
volentem
trahit:
Illud
quo
ergo
insinuat
toties
quam miserum sit liberum arbitrium nisi Deus in
nobis et velit et possit: quid fiet nobis si ad eum
modulum suam gratiam nobis impertitur? Imo nos
ipsi
eam
obscuramus
ingratitudine.
Non
et
enim
extenuamus
docet
Apostolus,
nostra
offerri
nobis bonae voluntatis gratiam si sed ipsum velle in
2.3.7.
nobis efficere: quod non aliud est nisi Dominum suo
Mais il y en aura possible qui concederont bien,
Spiritu cor nostrum dirigere, flectere, moderari: et in
que la volonté de l'homme est convertie à iustice et
eo, tanquam in possessione sua, regnare. Nec vero
à droiture par la seule vertu de Dieu, et que de
per Ezechielem promittit se daturum electis Spiritum
soymesme
novum
qu'estant
hoc
tantum
fine
ut
in
praeceptis
suis
elle
en
preparée
est
elle
destournee:
besongne
pour
neantmoins
sa
part:
ambulare possint, sed ut re ipsa ambulent . Neque
comme sainct Augustin escrit, que la grace precede
secus accipi sententia Christi potest, Omnis qui
toute bonne oeuvre: et qu'en bien faisant la volonté
audivit a Patre meo venit ad me , quam ut efficacem
est conduite par la grace, et ne la conduit pas: suit,
a
et ne precede pas.
seipsa
Dei
gratiam
doceat:
quemadmodum
et
Laquelle sentence ne contenant
Augustinus contendit . Qua gratia non quoslibet
rien en soy de mal a esté mal destournee à un sens
promiscue dignatur Dominus, quemadmodum vulgo
pervers par le maistre des Sentences. Or ie dy que
iactatur illud (nisi fallor) Occamicum, eam nemini
tant aux mots du Prophete, lesquels i'ay allegué,
denegari facienti quod in se est. Docendi quidem
qu'aux autres lieux semblables, il y a deux choses à
sunt
benignitatem
noter: c'est que le Seigneur corrige, ou plustost
omnibus, sine exceptione, qui eam quaerunt: sed
abolit nostre volonté perverse, puis apres nous en
quum ii demum quaerere incipiant quibus caelestis
donne de soymesme une bonne. Entant donc que
gratia aspiravit, nec haec saltem portiuncula de eius
nostre volonté est prevenue de la grace, ie permets
laude decerpenda erat. Haec est sane electorum
qu'elle soit nommée comme chambriere: mais en ce
praerogativa, ut per Spiritum Dei regenerati, ipsius
qu'estant reformée elle est oeuvre de Dieu, cela ne
ductu
homines,
agantur
expositam
esse
Dei
Quare
merito
doit point estre attribué à l'homme, que par sa
aliquas
volendi
volonté il obtempere à la grace prevenante. Parquoy
partes sibi arrogant, quam reprehendit alios qui
ce n'a pas esté bien parlé à sainct Chrysostome, de
putant promiscue dari omnibus quod speciale est,
dire que la grace ne peut rien sans la volonté,
gratuitae electionis testimonium: Communis (inquit)
comme la volonté ne peut rien sans la grace: comme
omnibus est natura, non gratia: vitreum acumen
si la volonté mesme n'estoit point engendrée et
appellans quod mera vanitate splendet ubi ad omnes
formée de la grace, comme nous avons veu par
generaliter extenditur, quod Deus quibus vult confert
sainct Paul. Touchant de sainct Augustin, ce n'a pas
. Alibi autem, Quomodo venisti? credendo. Time ne
esté son intention de donner à la volonté de rhomme
dum tibi arrogas quod inventa sit a te via iusta,
une partie de la louange des bonnes oeuvres, quand
pereas de via iusta. Veni, inquis, libero arbitrio:
il l'a nommée chambriere de la grace : mais il
voluntate propria veni. Quid turgescis? vis nosse
pensoit seulement à refuter la meschante doctrine de
quod
Pelagius, lequel mettoit la premiere cause de salut
Augustinus
et
tam
hoc
ac
gubernentur.
eos
deridet
praestitum
est
qui
tibi?
Ipsum
audi
vocantem, Nemo venit ad me, nisi Pater meus
és
traxerit eum . Et citra controversiam elicitur ex
convenable à ce propos-là, il demonstre que la
Iohannis verbis, sic efficaciter gubernari divinitus
grace precede tous merites: laissant l'autre question
piorum corda, ut inflexibili affectu sequantur. Qui ex
derriere, quel est son effect perpetuel en nous,
Deo genitus est (inquit) non potest peccare: quia
laquelle il traite tresbien ailleurs. Car quand il dit
semen Dei in ipso manet . Nam medium quem
par plusieurs fois, que le Seigneur previent celuy
sophistae imaginantur motum, cui obsequi vel quem
lequel ne veut point, afin qu'il vueille: et assiste à
repellere liberum sit, aperte excludi videmus ubi
celuy qui veut, afin qu'il ne vueille en vain: il le fait
asseritur efficax ad perseverandum constantia.
entierement autheur de tous biens. Combien qu'il y
merites
de
l'homme.
Pourtant
ce
qui
estoit
ait plusieurs sentences en ses escrits si claires
touchant cela, qu'elles n'ont point mestier d'autre
expositeur. Les hommes, dit-il, mettent peine de
trouver en nostre volonté quelque bien qui soit
nostre, et non point de Dieu : mais ie ne say
comment ils l'y pourront trouver. Item au premier
livre contre Pelagius et Coelestius, exposant ceste
sentence de nostre Seigneur Iesus, Quiconque a ouy
du Pere, vient à moy (Iean 6, 45): La volonté de
l'homme, dit-il, est tellement aidee, non seulement
2.3.11.
De perseverantia nihilo magis dubium futurum
à ce qu'elle sache ce qu'il faut faire, mais l'ayant
seu, qu'elle le face. Et pourtant quand le Seigneur
erat quin habenda esset pro gratuito Dei dono, nisi
enseigne, non point par la lettre de la Loy, mais par
invaluisset pessimus error, pro hominum merito hanc
la grace de son Esprit, il enseigne en sorte que non
dispensari, prout se unusquisque non ingratum primae
seulement un chacun voye ce qu'il aura apprins en le
gratiae praebuerit. Sed enim quoniam inde natus est
cognoissant, mais que de vouloir il appete, et que
quod putabant in manu nostra esse respuere vel
d'oeuvre il le parface.
accipere oblatam Dei gratiam, hac opinione explosa,
ille
quoque
sponte
sua
corruit.
Quanquam
hic
bifariam erratur; nam praeterquam quod nostram erga
primam
gratiam
gratitudinem
legitimumque
usum
posterioribus remunerari docent, addunt etiam, non
iam solam gratiam in nobis operari, sed esse tantum
nobis cooperatricem. De priore sic habendum est,
2.3.8.
Dominum, dum in dies locupletat, et novis suae
Et
pource
que
nous
sommes
maintenant
au
gratiae dotibus cumulat servos suos, quia opus quod
principal poinct de la matiere, redigeons la chose
in illis coepit, gratum acceptumque habet, in illis
sommairement, et approuvons nostre sentence par
invenire quod maioribus gratiis prosequatur. Atque
tesmoignages de l'Escriture: puis apres, afin que
huc pertinent sententiae illae, Habenti dabitur. Item,
personne
Euge serve bone: quia in paucis fuisti fidelis, super
l'Escriture, monstrons que la verité que nous tenons
multa te constituam . Sed hic duo sunt cavenda, ne
a esté aussi enseignée par ce sainct personnage, ie
aut remunerari dicatur posterioribus gratiis legitimus
dy sainct Augustin. Car ie ne pense pas qu'il soit
usus primae gratiae, acsi homo sua ipsius industria
expedient de produire tous les tesmoignages l'un
redderet gratiam Dei efficacem: aut sic remuneratio
apres l'autre, qui se peuvent amener de l'Escriture
censeatur
gratia.
pour confermer nostre sentence, moyennant que nous
Fateor ergo expectandam esse fidelibus hanc Dei
choisissions ceux qui pourront faire ouverture pour
benedictionem, quo melius usi fuerint superioribus
entendre les autres. D'autre part ie pense qu'il ne
gratiis, ut eo maioribus posthac adaugeantur: sed
sera point mauvais de monstrer evidemment quelle
illum quoque usum a Domino esse dico, et hanc
convenance
remunerationem
benevolentia
l'Eglise à bon droit porte reverence. Certes que
provenire; ac sinistre non minus quam infeliciter
l'origine du bien ne soit point d'ailleurs que de Dieu
tritam illam distinctionem usurpant, operantis gratiae
seul, il appert par raison certaine et facile: car la
et cooperantis. Hac quidem usus est Augustinus, sed
volonté ne se trouvera pas encline à bien sinon aux
commoda
cooperando
esleus. Or la cause de l'election doit estre cherchée
perficere quod operando incipit: ac eandem esse
hors des hommes: dont il s'ensuit que nul n'a droite
gratiam,
modo
volonté de soymesme, et qu'elle luy procede de la
effectus. Unde sequitur, eum non partiri inter Deum
mesme faveur gratuite dont nous sommes esleus
et nos acsi ex proprio utriusque motu esset mutua
devant la creation du monde. Il y a une autre raison
concurrentia:
notare.
quasi semblable. Car puis que le commencement de
dona
bien vouloir et bien faire est de la foy, il faut savoir
praecedere bonam hominis voluntatem, inter quae est
dont vient la foy mesme. Or puis que l'Escriture
et ipsa. Unde sequitur, nihil reliquum facere quod
prononce par tout haut et clair que c'est un don
ipsa
gratuit, il s'ensuit assez que c'est par pure grace
Quo
ut
a
sed
sortiri
sed
gratuita
eius
leniens,
nomen
gratiae
quod
arroget.
haberi
gratuita
definitione
pertinet
sibi
desinat
alibi
Quod
Deum
pro
Dei
diverso
multiplicationem
dicit,
et
multa
Paulus
Dei
nominatim
ne
i'ay
calomnie
avec
ce
que
nous
sainct
renversons
homme,
auquel
expressit. Nam quum dixisset, Deum esse qui efficit
que nous commençons à vouloir le bien: nous, diie,
in nobis et velle et perficere , continuo subdidit,
qui sommes de tout nostre coeur naturellement
utrunque facere pro bona voluntate: hac dictione
adonnez à mal. Le Seigneur donc, quand il met ces
gratuitam esse benignitatem indicans. Ad id autem
deux choses en la conversion de son peuple, qu'il
quod dicere solent, postquam primae gratiae locum
luy ostera son coeur de pierre, et luy en donnera un
dedimus, iam conatus nostros subsequenti gratiae
de chair: tesmoigne apertement qu'il faut que tout ce
cooperari,
quo
qui est de nous soit aboly, pour nous amener à bien,
semel Domini virtute in iustitiae obsequium edomiti
et que tout ce qui est substitué au lieu, procede de
sumus,
ad
sa grace. Et ne dit pas cela seulement en un lieu:
sequendam gratiae actionem, nihil reclamo. Est enim
car nous avons aussi en Ieremie, Ie leur donneray
certissimum,
esse
un coeur et une voye, afin qu'ils me craignent toute
obsequendi promptitudinem. Unde id tamen nisi quod
leur vie. Et un peu apres, Ie mettray la crainte de
Spiritus Dei ubique sibi consentiens, quam principio
mon Nom en leurs coeurs, à ce qu'ils ne se
generavit obedientiae affectionem, ad perseverandi
destournent point de moy (Ier. 32, 39). Item en
constantiam fovet et confirmat? At si hominem a
Ezechiel, Ie donneray un mesme coeur à tous, et
seipso sumere volunt unde gratiae Dei collaboret,
creeray un nouvel esprit en leurs entrailles. Ie leur
pestilentissime hallucinantur.
osteray leur coeur de pierre, et leur donneray un
respondeo:
ultro
Si
pergere,
ubi
gratia
intelligant
et
Dei
nos,
propensos
regnat,
ex
esse
talem
coeur de chair (Ezech. 11, 19). Il ne nous pourroit
mieux oster la louange de tout ce qui est bon et
droit en nostre volonté pour le s'attribuer, que quand
il appelle nostre conversion, une creation de nouvel
esprit et de nouveau coeur. Car il s'ensuit tousiours,
qu'il ne peut rien proceder de bon de nostre volonté,
iusques à ce qu'elle soit reformée: et apres, que la
reformation, entant qu'elle est bonne, est de Dieu,
non pas de nous.
2.3.9.
2.3.12.
Et ainsi nous voyons que les Saincts ont prié:
Atque huc falso per inscitiam torquetur illud
comme
quand
Apostoli, Plus omnibus iis laboravi: non ego, sed
encline
noz
gratia Dei mecum . Sic enim accipiunt, quia Paulo
craignions, et gardions ses commandemens (1 Rois
arrogantius dictum videri poterat quod se praeferret
8, 58): il monstre la contumace de nostre coeur, en
omnibus, id quidem corrigere, laudem ad Dei gratiam
ce que naturellement il le confesse estre rebelle
referendo: sed ita ut se gratiae cooperarium vocet.
contre Dieu et sa Loy, sinon qu'il soit fleschi au
Ad hanc festucam mirum est tot non malos alioqui
contraire. Autant en est-il dit au Pseaume, O Dieu,
Salomon
coeurs
à
disoit,
soy,
Que
afin
le
que
Seigneur
nous
le
homines impegisse. Non enim gratiam Domini secum
encline mon coeur en tes statuts (Ps. 119, 36). Car
laborasse scribit Apostolus, ut se consortem laboris
il faut tousiours noter l'opposition qui ee fait entre
faciat: quin potius totam laboris laudem uni gratiae
la perversité qui nous pousse à mal et rebellion
transcribit, ista correctione, Non ego, ait, sum is qui
contre Dieu, et le changement par lequel nous
laboravi, sed gratia Dei quae mihi aderat. Fefellit
sommes reduits à son service. Or quand David,
autem
eos
sed
magis
sentant que pour un temps il avoit esté privé et
Graeci
articuli
destitué de la conduite de la grace de Dieu, requiert
praetermissa fuit. Nam si ad verbum reddas, non
au Seigneur qu'il crée en luy un nouveau coeur, et
dicit gratiam sibi fuisse cooperatricem: sed gratiam
qu'il renouvelle un droit esprit en ses entrailles (Ps.
quae sibi aderat, omnium fuisse effectricem. Atque
51, 12): ne recognoit-il point que toutes les parties
id non obscure, licet breviter, docet Augustinus,
de son
quum ita loquitur, Praecedit voluntas bona hominis
souilleure,
multa
autem
perversité? Davantage, en appellant la pureté qu'il
praecedit ipsa, in eis et ipsa est. Sequitur deinde
desire, Creature de Dieu, il luy attribue toute la
ratio: quia scriptum sit, Misericordia eius praevenit
vertu d'icelle. Si quelcun replique que ceste priere
me
:
est un signe d'une affection bonne et saincte : la
nolentem praevenit, ut velit: volentem subsequitur,
solution est facile, assavoir combien que David fust
ne frustra velit. Cui consentit Bernardus, Ecclesiam
desia en partie ramené au bon chemin, toutesfois
ita loquentem inducens, Trahe quodammodo invitam,
qu'il compare l'horrible ruine en laquelle il estoit
ut facias voluntariam: trahe torpentem ut reddas
trebusché, et laquelle il avoit sentie, avec son estat
currentem.
premier. Ainsi prenant en soy la personne d'un
praepostera
.
Dei
Et,
locutionis
versio,
dona,
ambiguitas:
in
qua
sed
vis
non
Misericordia
omnia.
eius
Quae
subsequetur
me
coeur
et
sont pleines
que
son
d'immondicité
esprit
est
et
de
enveloppé
en
homme estant aliené de Dieu, il ne requiert point
sans cause que tout ce que Dieu donne à ses esleus
en les regenerant, soit accomply en luy. Et par
consequent estant semblable à un mort, il desire
d'estre creé de nouveau, afin d'estre fait d'esclave
de Satan, organe du sainct Esprit. C'est une chose
merveilleuse que de nostre orgueil. Dieu ne requiert
rien plus estroitement, sinon que nous observions
son Sabbat, assavoir en nous reposant de toutes noz
oeuvres: et il n'y a rien qu'on tire de nous avec
plus grande difficulté que cela, c'est qu'en quittant
toutes noz oeuvres, nous donnions lieu aux siennes.
Si ceste rage ne nous empeschoit, le Seigneur Iesus
2.3.13.
a donné assez ample tesmoignage à ses graces, à ce
Audiamus nunc Augustinum suis verbis loquentem,
ne
aetatis
nostrae
sorbonici
vigne, vous estes les ceps, et mon Pere le vigneron
sophistae totam vetustatem nobis adversam pro suo
(Iean 15, 1). Comme le cep ne peut porter fruit de
more
suum
soy, sinon qu'il demeure en la vigne: ainsi vous, si
Pelagium imitantur, a quo in eandem olim arenam
vous ne demeurez en moy: car sans moy vous ne
ipse Augustinus protractus est. Libro de correptione
pouvez rien faire. Si nous ne fructifìons de nous,
criminentur;
Pelagiani,
in
quo
hoc
scilicet
est
qu'elles ne soyent obscurcies. Ie suis, dit-il, la
patrem
et
gratia
ad
quod
non plus que fait un cep arraché de terre, et privé
Gratiam
de toute humeur: il ne faut plus maintenant enquerir
persistendi in bono, Adae fuisse datam si vellet:
combien nostre nature est propre à bien faire. Et
nobis dari ut velimus, ac voluntate concupiscentiam
aussi ceste conclusion n'est point douteuse, que sans
superemus. Habuisse ergo illum posse si vellet: sed
luy nous ne pouvons rien faire. Il ne dit pas que
non velle ut posset: nobis et velle dari et posse.
nous soyons tellement infirmes que nous ne pouvons
Primam
peccare:
suffire: mais en nous reduisant du tout à neant, il
nostram multo maiorem, non posse peccare . Ac ne
exclud toute fantasie de la moindre puissance du
de
loqui
monde. Si estans entez en Christ, nous fructifìons
trahit)
comme un cep de vigne, lequel prend sa vigueur tant
scrupulum hunc paulo post eximit. Tantum quippe,
de l'humeur de la terre, comme de la rosee du ciel,
inquit, Spiritu sancto accenditur voluntas sanctorum:
et de la chaleur du soleil, il me semble qu'il ne nous
ut ideo possint quia sic volunt: ideo velint quia deus
reste aucune portion en toutes bonnes oeuvres, si
operatur ut sic velint. Nam si in tanta infirmitate, in
nous
qua tamen ad reprimendam elationem perfici virtutem
entierement.
decet , ipsis relinquantur voluntas sua, ut adiutorio
subtilité, qu'il y a quelque humeur enclose au cep,
Dei possint, si velint, nec Deus operetur in illis ut
qui est pour le faire produire fruict: et pourtant qu'il
velint: inter tot tentationes infirmitate voluntas ipsa
ne prend pas tout de la terre, ou de la premiere
succumberet,
possent.
racine, mais qu'il apporte quelque chose du sien. Car
Subventum est ergo infirmitati voluntatis humanae,
Iesus Christ n'entend autre chose, sinon que nous
ut
inseparabiliter
sommes du bois sec et sterile, et de nulle valeur, si
ageretur, ideoque quantumvis infirma non deficeret.
tost que nous sommes separez de luy: pource qu'il
Tractat deinde copiosius quomodo corda nostra Dei
ne se trouvera à part en nous aucune faculté de
afficientis
dicit
bien faire: comme il dit ailleurs, que tout arbre que
quidem Dominum homines suis voluntatibus trahere,
son Pere n'a plantée sera arrachée (Matth. 15, 13).
sed
nunc
Pourtant l'Apostre luy en donne toute louange. C'est
obtinere
Dieu, dit-il, qui fait en nous et le vouloir et le
volumus, non offerri tantum a Domino gratiam, quae
parfaire (Phil. 2, 13). La premiere partie des bonnes
libera cuiusque electione aut recipiatur aut respuatur:
oeuvres est la volonté: l'autre est de s'efforcer à
sed ipsam esse, quae in corde et electionem et
l'executer, et le pouvoir faire. Dieu est autheur et
voluntatem formet: ut quicquid deinde sequitur boni
de l'un et de l'autre. Il s'ensuit donc que si l'homme
operis, fructus sit ipsius ac effectus: nec aliam
s'attribue aucune chose, ou en la volonté, ou en
habeat sibi obsequentem voluntatem nisi quam fecit.
l'execution, qu'il desrobe autant à Dieu. S'il estoit
Sunt enim eius quoque verba ex alio loco, Omne
dit que Dieu baille secours à, nostre volonté infirme,
bonum in nobis opus nonnisi gratiam facere.
il nous seroit laissé quelque chose: mais quand il est
breviter,
eius
quas
post
exequitur,
referam,
posse
immortalitatem
perperam
divina
non
perfectione
Lombardus
perseverare
indeclinabiliter
necessario
ore
verbis
ideoque
ipse
fusius
libertatem,
(sicuti
gratia
Augustini
tamen
fuisse
futura
putetur
Valentinum
operatus
testatum
est
quod
non
et
sequantur
eo
motum,
.
in
ac
Habemus
primis
voulons
conserver
C'est
en
à
Dieu
vain
qu'on
son
honneur
pretend
ceste
dit qu'il fait la volonté, en cela il est monstré que
tout ce qui est de bon est d'ailleurs que de nous. Et
pource que la bonne volonté mesme par la pesanteur
de nostre chair est retardee et opprimée, il dit
consequamment que pour surmonter toute difficulté,
nostre Seigneur nous donne la constance et vertu
d'executer. Et de faict, ce qu'il enseigne ailleurs ne
peut autrement estre vray: c'est qu'il n'y a qu'un
seul Dieu, qui fait toutes choses en tous (1 Cor. 12,
6): où nous avons monstré cy dessus que tout le
cours de la vie spirituelle est compris. Pour laquelle
raison
David,
apres
avoir
prié
Dieu
qu'il
luy
manifeste ses voyes, afin qu'il chemine en sa verité,
2.3.14.
adiouste incontinent, Uny mon coeur pour craindre
Quod autem alibi dicit, non tolli gratia voluntatem,
ton nom (Ps. 86, 11). Par lequel mot il signifie, que
et quum bona fuerit, adiuvari: significat tantum,
ceux mesmes qui sont bien affectionnez sont suiets
hominem non ita trahi ut sine motu cordis, quasi
à tant de desbauchemens pour estre distraits, qu'ils
extraneo impulsu feratur: sed intus sic affici ut ex
s'esvanouyroyent bien tost ou s'escouleroyent comme
corde obsequatur. Specialiter gratuitoque electis dari,
eau, s'ils n'estoyent fortifiez en constance. Suyvant
in hunc modum ad Bonifacium scribit, Scimus non
cela, en un autre passage ayant prié Dieu de vouloir
omnibus hominibus dari Dei gratiam: et quibus datur,
guider ses pas, il adiouste que la force aussi luy
neque
secundum
dari,
neque
soit donnée pour guerroyer: Que l'iniquité (dit-il)
gratuita
gratia:
ne domine point en moy (Ps. 119, 133). En ceste
quibus non datur, scimus iusto Dei iudicio non dari .
maniere donc Dieu commence et parfait la bonne
Ac
opinionem
oeuvre en nous: c'est que par sa grace la volonté
meritis
subsequentem
est incitée à aimer le bien, inclinée à le desirer, et
primam
gratiam
non
emeue à le chercher et s'y adonner: davantage, que
Vult
enim
ceste amour, desir et effort ne defaillent point, mais
Pelagium fateri, nobis gratiam necessariam esse ad
durent iusques à leur effect: finalement que l'homme
singulas actiones, neque operibus retribui, quo sit
poursuit le bien, et y persevere iusques à la fin.
secundum
in
merita
eadem
impugnat,
gratiam
merita
respuendo,
voluntatis,
epistola
quae
reddi
operum
fortiter
hominum
putat:
se
quia
dignos
sed
eam
praestiterint.
vere gratia. Sed breviore summa comprehendi res
non
potest
quam
ex
octavo
capite
libri
ad
Valentinum, de correptione et gratia: ubi primum
docet, Quod humana voluntas non libertate gratiam,
sed gratia consequatur libertatem: Quod per eandem
gratiam
impresso
perpetuitatem
delectationis
conformetur:
affectu,
Quod
ad
insuperabili
fortitudine roboretur: Quod illa gubernante, nunquam
excidat: deserente, protinus corruat. Quod gratuita
Domini misericordia, et ad bonum convertatur: et
conversa,
in
ipso
perseveret.
Quod
voluntatis
2.3.10.
Or il émeut nostre volonté, non pas comme on a
long temps imaginé et enseigné, tellement qu'il soit
humanae directio in bonum, et post directionem
apres
constantia, ex sola Dei voluntate pendeat, non ullo
mouvement, ou resister: mais il la meut avec telle
suo
liberum
efficace, qu'il faut qu'elle suyve. Pourtant ce qu'on
arbitrium (si appellare ita libet) quale alibi scribit,
lit souvent en Chrysostome ne doit point estre
quod nec ad Deum converti, nec in Deo persistere,
receu: C'est que Dieu n'attire sinon ceux qui veulent
nisi per gratiam, possit: a gratia valeat quicquid
estre attirez. En quoy il signifie que Dieu en nous
merito.
Ita
homini
tale
relinquitur
en
nostre
election
d'obtemperer
à
son
valet .
tendant la main, attend s'il nous semblera bon de
nous aider de son secours. Nous concedons bien que
du temps que l'homme estoit encore entier, sa
condition'estoit telle, qu'il se pouvoit incliner d'une
part et d'autre: mais puis qu'Adam a declairó par
son exemple combien est povre et miserable le
Franc-arbitre, sinon que Dieu vueille en nous et
puisse tout, quel profit aurons-nous quand il nous
departira sa grace en telle maniere? Mais comme
ainsi soit qu'il espande sur nous la plenitude de sa
grace, nous luy en ostons la louange par nostre
ingratitude. Car l'Apostre n'enseigne pas seulement
2.4. Quomodo operetur Deus in cordibus hominum.
que la grace de bien vouloir nous est offerte, si
nous l'acceptons, mais que Dieu fait et forme en
2.4.1.
nous le vouloir: qui n'est autre chose à dire, sinon
Hominem peccati iugo ita captivum teneri, ne ad
bonum
aut
suapte
voto
natura
aspirare,
queat,
aut
studio
coeur,
et
qu'il
y
regne
comme
en
sa
possession. Et par Ezechiel non seulement il promet
probatum est. Praeterea distinctio inter coactionem
de donner un coeur nouveau à ses eleus, afin qu'ils
et necessitatem posita fuit, unde liqueret eum, dum
puissent cheminer en ses preceptes, mais afin qu'ils
necessario
y cheminent de faict (Ezech. 11, 19; 36, 27). Et ne
nihilo
tamen
nisi
nostre
fallor,
peccat,
sufficienter,
contendere
que Dieu par son Esprit dresse, flechit, modere
minus
voluntarie
peccare. Sed quoniam, dum in servitutem diabolo
se
addicitur, illius arbitrio videtur magis agi quam suo,
Christ, Quiconque a esté instruit de mon Pere, vient
quale
expediendum
à moy (Iean 6, 45): sinon que par icelle on entende
restat: tum solvenda quaestio, an aliquid in malis
que la grace de Dieu est de soy-mesme vertueuse
operibus Deo sit tribuendum, in quibus nonnullam
pour accomplir et mettre en effect son oeuvre,
eius actionem intercedere Scriptura insinuat. Alicubi
comme sainct Augustin le maintient: laquelle grace
Augustinus
sit
actionis
utriusque
entendre
ceste
sentence
de
comparat
Dieu ne depart point à un chacun, comme porte le
ac
Diabolum,
proverbe commun, qu'elle n'est deniée à personne
sessoribus. Si Deus illi insidet, inquit, perinde ac
qui fait ce qui est en soy. Bien faut-il enseigner
moderatus et peritus sessor, composite illam regit:
que la bonté de Dieu est exposée à tous ceux qui la
tarditatem
compescit:
cherchent, sans aucune exception. Mais comme ainsi
pervicaciam
soit que nul ne commence à la chercher devant qu'il
nutum
expectanti:
incitat,
petulantiam
voluntatem
autrement
equo
sessoris
humanam
genus,
peut
nimiam
luxuriamque
retundit,
in
rectam
Diabolus
occupavit,
Deum
celeritatem
coercet,
eam
ait esté inspiré du ciel, il ne falloit en cest endroit
petulantis
mesme aucunement diminuer de la grace de Dieu.
sessoris per invia rapit, impellit in foveas, per
Certes ce privilege appartient aux eleus seulement,
praecipitia
qu'estans regenerez par l'Esprit de Dieu, ils soyent
devolvit,
viam
instar
ad
deducit;
stolidi
quod
ac
contumaciam
si
ferociamque
instigat. Qua similitudine, quando melior non occurrit,
de
in praesentia contenti erimus. Imperio igitur Diaboli
Augustin ne se mocque pas moins de ceux qui se
quod animalis hominis voluntas dicitur subiacere ut
vantent que c'est à eux en partie d'appeter le bien,
inde agitetur, non significat ipsam reluctantem ac
qu'il reprend les autres qui pensent que la grace est
luy
conduits
et
gouvernez.
Parquoy
sainct
restitantem ad obsequia adigi (quemadmodum invita
donnée
mancipia obire iussa nostra dominii iure cogimus)
tesmoignage
sed Satanae praestigiis fascinatam, illi se ad omnem
nature, dit-il, est commune à tous, non pas la
ductum obsequentem necessario praebere. Nam quos
grace.
Spiritus sui regimine non dignatur Dominus, eos ad
generalement à tous ce que Dieu ne donne que de
Satanae
Quare
son bon plaisir, ont une subtilité luysante et fragile
mentes
comme un verre. Item, Comment es-tu venu à
infidelibus exitio destinatis ait, ne cernant lumen
Christ? c'est en croyant. Or crain que si tu te
Evangelii . Et alio loco, ipsum operari in filiis
vantés d'avoir toy-mesme trouvé la voye iuste, tu
contumacibus . Excaecatio impiorum, et quaecunque
ne perisses et soyés exterminé d'icelle. Si tu dis
inde sequuntur flagitia, opera Satanae nuncupantur:
que tu es venu de ton Franc-arbitre et propre
quorum
voluntatem
volonté, de quoy seniles-tu? Veux-tu cognoistre
quaerenda non est, ex qua radix mali surgit: in qua
que cela aussi t'a esté donné? escoute celuy qui
fundamentum
nous appelle: Nul ne vient à moy si mon Pere ne l'y
actionem
Apostolus
deum
tamen
iusto
huius
causa
regni
iudicio
seculi
extra
Satanae
ablegat.
excaecasse
humanam
(hoc
est,
peccatum)
residet.
pesle-inesle
Et
de
dit
à
tous,
l'election
que
veu
gratuite
ceux
qui
qu'elle
de
Dieu.
estendent
est
La
ainsi
attire (Iean 6, 44). Et de fait, il est facile de
conclurre par les mots de sainct Iean, que les
coeurs des fideles sont gouvernez d'enhaut, avec tel
effect qu'ils suyvent d'une affection, laquelle n'est
point pour flechir çà et là, mais est arrestée à obeir.
Celuy, dit-il, qui est de Dieu ne peut pecher:
pource que la semence de Dieu demeure en luy (1
Iean 3, 9). Nous voyons que ce mouvement sans
vertu, lequel imaginent les Sophistes, est exclus.
2.4.2.
I'enten ce qu'ils disent, que Dieu offre seulement sa
Longe est alia ratio divinae in talibus actionis.
grace, à telle condition que chacun la refuse ou
Quae ut certius nobis pateat, exemplo sit calamitas a
accepte selon que bon luy semble. Telle resverie,
Chaldaeis sancto Iob illata. Chaldaei, interemptis eius
dy-ie, qui n'est ne chair ne poisson, est exclue,
pastoribus,
quand
gregem
hostiliter
depraedantur.
Iam
il
est
dit
que
Dieu
nous
fait
tellement
eorum improbum facinus palam extat; neque in eo
perseverer, que nous sommes hors de danger de
opere cessat Satan, a quo totum id provenire narrat
decliner.
historia.
Ipse
autem
Iob
Domini
opus
in
eo
recognoscit, quem dicit sibi abstulisse quae erepta
2.3.11.
erant per Chaldaeos. Quomodo idem opus ad Deum,
Il ne falloit non plus douter de la perseverance,
ad Satanam, ad hominem authorem referamus, quin
qu'elle ne deust estre estimée don gratuit de Dieu:
vel Satanam excusemus Dei consortio, vel Deum
mais il y a une fausse opinion au contraire enracinée
mali authorem praedicemus? Facile, si finem agendi
au coeur des hommes, qu'elle est dispensée à un
primum inspiciamus, deinde modum. Domini consilium
chacun selon son merite: c'est à dire, comme il se
est servi sui patientiam calamitate exercere: Satan
monstre n'estre point ingrat à la premiere grace.
molitur eum ad desperationem adigere: Chaldaei ex
Mais pource qu'une telle opinion est venue de ce
re
quaerere
qu'on imaginoit, qu'il fust en nostre pouvoir de
affectant. Tanta in consiliis diversitas opus iam valde
refuser ou accepter la grace de Dieu quand elle nous
aliena
praeter
ius
et
fas
lucrum
distinguit.
In
modo
discriminis.
est presentée, il est facile de la refuter, veu que
Satanae affligendum servum suum Dominus permittit:
ceste raison a esté monstrée fausse: combien qu'il y
Chaldaeos, quos ad id exequendum ministros delegit,
a icy double erreur. Oar outre ce qu'ils disent qu'en
illi permittit ac tradit impellendos: Satan alioqui
bien usant de la premiere grace de Dieu, nous
pravos Chaldaeorum animos venenatis suis aculeis ad
meritons
perpetrandum id flagitium instigat: illi ad iniustitiam
remunere nostre bon usage, ils adioustent aussi que
furiose ruunt, omniaque membra scelere obstringunt
ce n'est point la grace de Dieu seule qui besongne
ac contaminant. Proprie ergo agere dicitur Satan in
en nous, mais seulement qu'elle coopere. Quant au
reprobis: in quibus regnum suum, hoc est nequitiae,
premier,
exercet. Dicitur et Deus suo modo agere, quod Satan
Seigneur Dieu en multipliant ses graces en ses
ipse (instrumentum quum sit irae eius) pro eius
serviteurs, et leur en conferant tous les iours de
nutu ac imperio huc atque illuc se inflectit ad
nouvelles,
exequenda eius iusta iudicia. Omitto hic universalem
commencé en eux luy est agreable, il trouve en eux
Dei motionem, unde creaturae omnes ut sustinentur,
matiere et occasion de les enrichir et augmenter en
ita efficaciam quidvis agendi ducunt. De illa speciali
telle sorte. Et à cela se doyvent rapporter les
actione tantum loquor quae in unoquoque facinore
sentences suyvantes: A celuy qui aura, il luy sera
apparet. Idem ergo facinus Deo, Satanae, homini
donné. Item, Puis que tu fes monstré serviteur
assignari, videmus non esse absurdum: sed varietas
fidele en petites choses, ie te constituer ay en plus
in fine et modo facit ut illic inculpata Dei iustitia
grande charge (Matth. 25, 21. 23. 29; Luc 19, 17.
reluceat,
26). Mais il nous faut icy donner garde de deux
Satanae
non
minus
hominisque
est
nequitia
cum
suo
opprobrio se prodat.
que
il
par
faut
autres
avoir
d'autant
graces
ceste
que
suyvantes
resolution,
l'oeuvre
qu'il
que
a
il
le
desia
vices: c'est qu'on n'attribue point à l'homme en telle
sorte le bon usage de la grace de Dieu, comme si
par son industrie il la rendoit vallable. Puis apres,
qu'on ne die point que les graces qui sont conferées
à l'homme fidele, soyent tellement pour remunerer
ce qu'il a bien usé de la premiere grace, comme si
tout ne luy provenoit point de la bonté gratuite de
Dieu. Ie confesse donc que les fideles doyvent
2.4.3.
attendre ceste benediction, que d'autant qu'ils auront
Veteres religiosius interdum simplicem quoque
mieux usé des graces de Dieu, d'autres nouvelles et
veritatis confessionem in hac parte reformidant, quod
plus grandes leur seront iournellement adioustees.
verentur ne impietati fenestram de operibus Dei
Mais ie dy d'autre part, que ce bon usage est de
irreverenter obloquendi aperiant. Quam sobrietatem
Dieu, et que ceste remuneration procede de sa
ut
benevolence gratuite. Les Scolastiques ont en la
exosculor,
ita
minime
simpliciter
teneamus
Augustinus
quidem
periculosum
quod
bouche
ceste
distinction
vulgaire
de
la
grace
solutus est: quemadmodum ubi dicit indurationem et
tout pervertir. Sainct Augustin en a bien usé, mais
excaecationem
ad
ç'a esté avec une bonne declaration, pour adoucir ce
non
qui pouvoit estre rude: c'est que Dieu parfait en
recipiunt tot Scripturae locutiones, quae plus aliquid
cooperant, ce qu'il a commencé en operant: c'est à
Dei quam praescientiam intervenire clare ostendunt.
dire, qu'il applique ce qu'il nous a desia donné, pour
praescientiam
spectare
inter
Ne
operante et cooperante: mais ils en abusent pour
ad
superstitione
tradit.
si
dum
non
illa
Scriptura
iudico
operationem
Dei
.
argutias
At
istas
sed
Et Augustinus ipse libro contra Iulianum 5, longa
besongner avec ce qu'il y adiouste: et que c'est une
oratione
aut
mesme grace, mais qu'elle prend son nom selon la
patientiae divinae esse peccata, sed etiam potentiae,
diverse maniere de son effect. Dont il s'ensuit qu'il
ut sic priora peccata puniantur. Similiter quod de
ne partit point entre Dieu et nous, comme s'il y
permissione afferunt, dilutius est quam ut subsistat.
avoit
Saepissime
mouvement de Dieu et un autre que nous eussions à.
contendit,
non
excaecare
permissionis
dicitur
Deus
tantum
et
indurare
quelque
concurrence
mutuelle
entre
le
reprobos, eorum corda vertere, inclinare, impellere,
part:
ut
comment la grace augmente. A quoy appartient ce
alibi
fusius
explicatur,
si
docui.
Id
quale
confugitur
nequaquam
c'est
seulement
pour
monstrer
que nous avons desia allegué, que la bonne volonté
permissionem. Nos ergo duplici ratione respondemus
precede beaucoup de dons de Dieu, mais qu'elle est
id fieri. Siquidem quum sublato eius lumine, nihil
du nombre. Dont il s'ensuit qu'on ne luy peut rien
quam caligo et caecitas supersit: quum ablato eius
attribuer de propre. Ce que sainct Paul nommément
Spiritu, corda nostra in lapides obdurescant: quum
a declairé. Car apres qu'il a dit que c'est Dieu qui
cessante
fait en nous le vouloir et le parfaire (Phil. 2, 13),
directione,
contorqueantur:
rite
dicitur
facultatem
quibus
praescientiam
que
aut
eius
ad
sit,
mais
in
excaecare,
obliquitatem
indurare,
sa bonne volonté: par ce mot signifiant sa benignité
exequendi adimit. Secunda ratio, quae multo propius
gratuite. Quant à ce qu'ils disent, qu'apres avoir
accedit
ad
donné lieu à la premiere grace, nous cooperons avec
suae
Dieu: ie respon, S'ils entendent qu'apres avoir esté
Satanam, et consilia eorum destinat quo visum est,
reduits par la vertu de Dieu en obeissance de
et voluntates excitat, et conatus firmat. Sic ubi
iustice, nous suyvons Volontairement la conduite de
recitat Moses Sehon regem transitum non dedisse
sa grace, ie leur confesse. Car il est tres-certain
populo, quia induraverat Deus spiritum eius, et cor
que là où regne la grace de Dieu, il y a une telle
obfirmaverat, finem consilii mox subiungit, Ut daret
promptitude d'obtemperer. Mais don't est-ce que
eum in manus nostras, inquit. Ergo quia perditum
cela vient, sinon d'autant que l'Esprit de Dieu estant
Deus volebat, obstinatio cordis, divina fuit ad ruinam
conforme à soy-mesme, nourrit et conferme en
praeparatio.
nous l'affection d'obeissance, laquelle il a engendrée
exequenda
verborum
sua
iudicia
parendi,
incontinent il adiouste qu'il fait l'un et l'autre selon
recte
ad
videndi,
inclinare
proprietatem,
per
ministrum
quod
irae
dés le commencement? Au contraire, s'ils veulent
dire que l'homme a cela de sa propre vertu, qu'il
coopere avec la grace de Dieu: ie dy que c'est un
erreur pestilent.
2.3.12.
2.4.4.
Ils abusent faussement à ce propos du dire de
Secundum priorem rationem istud videtur dictum,
Aufert labium a
l'Apostre, I'ay plus travaillé que tous les autres: non
veracibus, et rationem tollit a
pas moy, mais la grace de Dieu avec moy (1 Cor.
senioribus . Aufert cor ab iis qui praesunt populo
15, 10). Pource, disent-ils, qu'il eust semblé que
terrae, errare eos facit per invium . Item, Quare
c'estoit trop arrogamment parlé, de se preferer à
dementasti nos Domine, indurasti cor nostrum, ne
tous les autres, il modere cela, rendant la louange à
timeamus te ? Quandoquidem indicant potius quales
la grace de Dieu: en telle sorte neantmoins qu'il se
Deus homines faciat deserendo, quam qualiter opus
dit compagnon de Dieu en ouvrant. C'est merveilles
in ipsis suum peragat. At sunt alia testimonia quae
quand
ultra procedunt: qualia sunt de Pharaonis induratione,
autrement mauvais, ont achoppé à ce festu. Car
Indurabo cor Pharaonis, ne vos audiat, ac dimittat
sainct Paul ne dit point que la grace de Dieu ait
populum . Postea dicit se aggravasse cor illius, et
besongné avec soy, pour se faire compagnon d'icelle:
roborasse . An induravit non emolliendo? Id quidem
mais plustost il luy attribue toute la louange de
verum est: sed plus aliquid fecit, quod obstinatione
l'oeuvre: Ce ne suis-ie point, dit-il, qui ay travaillé,
pectus obfirmandum Satanae mandavit; unde prius
mais la grace de Dieu, laquelle m'assistoit. Toute la
dixerat, Tenebo cor illius. Egreditur populus ex
faute est venue, qu'ils s'arrestent à la translation
prodeunt
unde
commune, laquelle est douteuse: mais le texte Grec
excitati? Moses certe populo asserebat Dominum
de sainct Paul est si clair, qu'on n'en peut douter.
fuisse qui corda eorum roborasset . Propheta vero
Car si on veut translater à la verité ce qu'il dit, il
eandem historiam recitans, dicit ipsum vertisse corda
ne signifie pas que la grace de Dieu fust cooperante
eorum ut odio haberent populum suum . Iam dicere
avec luy: mais qu'en luy assistant, elle faisoit le
non possis destitutos Domini consilio impegisse. Nam
tout. Ce que sainct Augustin declaire pleinement et
si roborantur et vertuntur, destinato inflectuntur ad
en breves parolles, quand il dit que la bonne volonté
idipsum. Adhaec, quoties in populi transgressiones
qui est en l'homme precede beaucoup de graces de
vindicare illi placuit, quomodo opus suum in reprobis
Dieu, mais non pas toutes: car elle est du conte Il
adimplevit? ut videas efficaciam agendi penes ipsum
adiouste consequemment la raison: Pource qu'il est
fuisse, illos ministerium duntaxat praebuisse. Quare
escrit, dit-il, La misericorde de Dieu nous previent
nunc sibilo suo evocaturum se illos minabatur : nunc
et nous suit (Ps. 69, 11; 23, 6): assavoir d'autant
instar sagenae sibi fore ad irretiendos : nunc mallei
qu'il previent celuy qui ne veut point, à ce qu'il
instar, ad feriendos Israelitas . Sed praecipue tum
vueille: et suit celuy qui veut, à ce qu'il ne vueille
declaravit
dum
point en vain. A quoy s'accorde sainct Bernard,
Sennacherib securim vocat , quae ad secandum manu
introduisant l'Eglise avec ces mots, O Dieu, tire moy
sua et destinata fuit et impacta. Non male alicubi
aucunement par force et maugré que i'en aye, pour
Augustinus ita definit, quod ipsi peccant, eorum
me faire volontaire: tire moy estant paresseuse, afin
esse: quod peccando hoc vel illud agant, ex virtute
de me rendre agfle à courir.
obviam
quam
infesti
non
sit
regionis
otiosus
incolae;
in
illis,
tant
de
personnages
qui
n'estoyent
point
Dei esse, tenebras prout visum est dividentis.
2.3.13.
Oyons maintenant sainct Augustin parler, à fin
que les Pelagiens de nostre temps, c'est à dire les
Sophistes de Sorbonne, ne nous reprochent comme
ils ont de coustume, que tous les Docteurs anciens
2.4.5.
nous sont contraires. En quoy ils ensuyvent leur
Porro
Satanae
ad
pere Pelagius: lequel a moleste sainct Augustin d'une
illuc
mesme calomnie. Or il poursuit ceste matiere au
Dominus providentia sua eos destinat, vel ex uno
long au livre qu'il a intitulé, De correction et grace:
loco
in
dont ie reciteray en bref aucuns passages, usant de
Samuele, quod Saulem aut raptaverit aut dimiserit
ses propres mots. Il dit que la grace de persister en
spiritus Domini malus, et spiritus malus a Domino .
bien a esté donnée à Adam, s'il en eust voulu user:
Ad Spiritum sanctum id referre nefas est. Spiritus
qu'elle nous est donnée, à fin que nous vueillons, et
ergo impurus, Dei spiritus vocatur, quia ad eius
qu'en voulant, nous surmontions les concupiscences.
nutum potentiamque respondet, instrumentum magis
Ainsi, qu'Adam a eu le pouvoir, s'il eust voulu: mais
ipsius
Simul
qu'il n'a point eu le vouloir, à fin quil peust: qu'à
divinitus
nous, tant le vouloir que le pouvoir nous est donné.
efficaciam erroris ac seductionis immitti, ut credant
Que la premiere liberté a esté de pouvoir s'abstenir
mendacio qui veritati non paruerunt . Longo tamen
de pecher: que celle que nous avons maintenant est
discrimine semper distat in eodem opere id quod
beaucoup plus grande, c'est de ne pouvoir pecher.
agit Dominus, ab eo quod Satan et impii moliuntur.
Les Sorbonistes exposent cela de la perfection qui
Ille mala instrumenta, quae sub manu habet et
sera en la vie future: mais c'est une moquerie, veu
versare quolibet potest, servire iustitiae suae facit.
que sainct Augustin se declaire puis apres, en disant
Hi,
que la volonté des fideles est tellement conduite par
reprobos
ministerium
instigandos,
satis
in
quoties
constiterit.
agendo,
addendum
est
prout
quod
mali
conceptam
a
sunt,
effectu
huc
Dicitur
quam
a
intercedere
enim
seipso
Paulo
saepius
author.
traditur,
nequitiam
ingenii
le sainct Esprit, qu'ils peuvent bien faire, à cause
tum
qu'ils veulent: et qu'ils le veulent, à cause que Dieu
praecidendam impiis tergiversationem pertinent, in
crée en eux le vouloir (2 Cor. 12, 9). Car si en si
capite De providentia iam exposita sunt. Hic enim
grande infirmité, dit-il, (en laquelle toutesfois pour
breviter propositum modo fuit, quomodo in reprobo
obvier à, orgueil et le reprimer, il faut que la vertu
homine
de Dieu se parface) leur volonté leur estoit laissée,
a
calumnia
regnet
Satan,
Reliqua
pravitate
ad
vindicandam
pariunt.
atque
Dei
quae
maiestatem,
quomodo
in
utroque
agat
Dominus, indicare.
qu'ils peussent bien faire par l'aide dc Dieu, si bon
leur sembloit, et que Dieu ne leur donnast point la
volonté,
entre
laquelle
est
pourroyent
tant
de
infirme,
perseverer.
tentations,
leur
succomberoit,
Dieu
a
donc
volonté
ainsi
ne
survenu
à
l'infirmité de la volonté humaine, la dirigeant sans
2.4.6.
qu'elle peust fleschir çà ne là, et la gouvernant sans
In actionibus autem quae nec iustae per se, nec
vitiosae
sunt,
quam
combien qu'elle soit infirme, elle ne peut faillir.
spiritualem vitam spectant, quam libertatem obtineat
Tantost apres il traite comme il est necessaire que
homo,
noz coeurs suyvent le mouvement de Dieu, quand il
etsi
explicatum
et
supra
est.
ad
corpoream
attigimus,
Nonnulli
in
magis
qu'elle tie peust destourner. Car en telle sorte,
nondum
talibus
tamen
liberam
ei
les tire: disant que Dieu tire bien les hommes selon
electionem concesserunt: magis, ut arbitror, quod de
leur volonté, et non par contrainte: mais que la
re non magni momenti disceptare nolebant, quam
volonté est celle qu'il a formée en eux. Nous avons
quod asserere pro certo vellent illud ipsum quod
maintenant
concedunt. Ego, etsi eos qui nullas esse sibi ad
principalement, approuvé par la bouche de sainct
iustitiam vires tenent quod in primis ad salutem
Augustin: c'est que la grace n'est point seulement
cognitu necessarium est tenere fateor, non tamen
presentée de Dieu, pour estre reiettee ou acceptée,
puto hanc quoque partem negligendam, ut noverimus
selon qu'il semble bon à un chacun: mais que c'est
specialis esse gratiae Domini, quoties in mentem
icelle grace seule, laquelle induit noz coeurs à
venit eligere quod e re nostra quoties eo voluntas
suyvre son mouvement, et y produit tant le chois
inclinat: rursum quoties et mens et animus refugit
que la volonté: tellement que
quod alioqui erat nociturum. Atque huc se protendit
toutes bonnes oeuvres qui s'ensuivent apres, sont
divinae providentiae vis, non modo ut rerum eventus
fruits d'icelle: et n'est point receue d'homme vivant,
succedant quemadmodum expedire prospexerit: sed
sinon
ut
tendant.
obeissance. A ceste cause le mesme Docteur dit en
rerum
un autre lieu, qu'il n'y a que la grace de Dieu qui
voluntates
Equidem
quoque
si
externarum
sensu
hominum
nostro
eodem
reputamus
administrationem,
nihil
dubitabimus
le
d'autant
poinct
qu'elle
que
a
nous
formé
son
debattons
coeur
en
face toute bonne oeuvre en nous.
eatenus sub humano arbitrio sitas esse: verum si
aures tot testimoniis praebemus, quae Dominum in
his
quoque
regere
animos
hominum
clamant,
arbitrium ipsum speciali Dei motioni subiicere nos
cogent.
conciliavit
Quis
Aegyptiorum
voluntates
ut
pretiosissima
quaeque
Israelitis
Touchant ce qu'il dit quelque part que la volonté
n'est point destruite par la grace, mais de mauvaise
illis
changée en bonne: et apres avoir esté faite bonne,
commodato darent ? Nunquam eo animum ipsi suapte
qu'elle est aidee: en cela seulement il signifie que
sponte induxissent. Ergo eorum animi Domino magis
l'homme n'est point tiré de Dieu comme une pierre,
suberant quam a seipsis regebantur. Nec sane Iacob
sans aucun mouvement de son coeur, comme par une
nisi
force de dehors: mais qu'il
persuasus
esset
Deum,
prout
vasa
2.3.14.
visum
est,
hominibus induere diversos affectus, dixisset de filio
est tellement touché qu'il obéit de son bon gré.
Ioseph (quem profanum esse quempiam Aegyptium
Davantage, que la grace soit specialement donnée
putabat)
misericordiam
aux eleus, et de don gratuit, il le dit escrivant à
coram hoc viro . Sicuti et tota Ecclesia in Psalmo
Boniface, en ceste maniere, Nous savons que la
fatetur, quum eius misereri voluit Deus, mansuefacta
grace de Dieu n'est point donnée à tous hommes: et
ad clementiam ab ipso fuisse crudelium Gentium
que quand elle est donnée à aucun ce n'est point
corda . Rursum quum exarsit in iram Saul ut se ad
selon les merites, ne des oeuvres ne de la volonté,
bellum
eum
mais selon la bonté gratuite de Dieu: quand elle est
impulerit spiritus Dei. Quis animum Absolomi avertit
deniée, que cela se fait par le iuste iugement de
ab amplexando consilio Achitophel, quod esse vice
Dieu. Et en ceste mesme Epistre il condamne fort et
oraculi solebat? Quis flexit rehabeam, ut iuvenili
ferme
consilio persuaderetur? Quis Gentes magnae prius
seconde estre retribuée aux merites des hommes,
audaciae perterruit ad Israelis adventum? Id quidem
d'autant qu'en ne reiettant point la premiere, ils se
divinitus fieri confessa est meretrix Rahab. Quis
sont
rursus metu et formidine deiecit Israelis corda, nisi
Pelagius confesse la grace nous estre necessaire à
qui
une chacune oeuvre, et qu'elle n'est point rendue à
in
Det
vobis
accingeret,
Lege
Deus
causa
minatus
est
invenire
exprimitur,
se
quod
daturum
illis
cor
l'opinion
monstrez
de
ceux
dignes
qui
d'icelle.
estiment
Car
il
la
veut
grace
que
pavidum?
noz merites, à fin qu'elle soit recognue pure grace.
Mais on ne peut plus sommairement despescher
ceste question, que par ce qu'il en dit en son livre
De correction et grace, au huitieme chapitre: où
premierement il enseigne, que la volonté humaine
n'obtient point grace par sa liberté, mais obtient
liberté par la grace de Dieu. Secondement que par
icelle grace elle est conformée au bien, à fin de
l'aimer et y perseverer. Tiercement, qu'elle est
fortifiée d'une vertu invincible, pour resister au mal.
Quartement, qu'estant gouvernée d'icelle, iamais elle
ne
defaut:
estant
delaissée,
incontinent
elle
trebusche. Item que par la misericorde gratuite de
2.4.7.
Dieu,
Excipiet quispiam, esse haec singularia exempla,
ad
quorum
regulam
est
convertie
à
bien:
estant
convertie, y persevere. Item, que quand la volonté
de l'homme est conduite à bien, et apres y avoir
debeant. Ego vero dico, sufficienter iis probari quod
esté adressee, qu'elle y est confermee, que cela
contendo,
suae
vient de la seule volonté de Dieú, et non d'aucun
hominum
merite. En ceste maniere il ne reste à l'homme
voluntates flectere et versare, nec ita esse liberam
autre liberal arbitre, que tel qu'il descrit en un autre
ipsorum electionem quin eius libertati Dei arbitrium
lieu: c'est qu'il ne se peut
dominetur. Velis nolis, animum tuum a motione Dei
convertir à Dieu, ne persister en Dieu, sinon de sa
potius quam ab electionis tuae libertate pendere,
grace: et que tout ce qu'il peut, c'est d'icelle.
providentiae,
quoties
etiam
in
nequaquam
volonté
universa
Deum,
exigi
la
viam
rebus
facere
externis
vult
haec quotidiana experientia reputare coget, quod te
in rebus minime perplexis iudicium et mens in rebus
factu non arduis, animus flaccescit: rursum in rebus
obscurissimis, expeditum statim offertur consilium: in
magnis
et
periculosis,
animus
omni
difficultate
superior suppetit. Atque ita interpretor quod ait
2.4. Comment c'est que Dieu besongne aux coeurs
des hommes.
Solomo, Ut auris audiat, ut oculus videat, Dominus
facit utrunque . Non enim mihi de creatione loqui
2.4.1.
videtur, sed peculiari functionis gratia. Quum vero
Ie pense que nous avons suffisamment prouvé
scribit, Dominum cor Regis, quasi rivos aquarum, in
comment l'homme est tellement tenu captif sous le
manu sua tenere, et inclinare quocunque voluerit :
ioug de peché, qu'il ne peut de sa propre nature ne
sub una profecto specie totum genus comprehendit.
desirer le bien en sa volonté, ne s'y appliquer.
Sicuius enim voluntas omni subiectione soluta est, id
Davantage
iuris regiae voluntati maxime competit, quae in alias
Contrainte et Necess ité: dont il appert que quand
quodammodo regnum exercet; quod si illa Dei manu
l'homme peche necessairement, il ne laisse point de
flectitur, neque nostra eximetur ea conditione. Hac
pecher de sa volonté. Mais pource que quand on le
de re insignis extat Augustini sententia, Scriptura, si
met en servitude
diligenter
mené au plaisir d'iceluy plustost que du sien: il
inspiciatur,
ostendit
non
solum
bonas
nous
avons
mis
la
distinction
entre
du diable, il semble qu'il soit
hominum voluntates, quas ipse facit ex malis, et a
reste de despecher en quelle sorte cela se fait.
se factas in actus bonos et vitam dirigit aeternam:
Apres il faut soudre la question dont on doute
verum illas quae conservant seculi creaturam, ita
communement: C'est, si on doit attribuer quelque
esse in Dei potestate, ut eas quo voluerit, quando
chose
voluerit faciat inclinari vel ad praestanda beneficia,
l'Escriture
vel
aucunement.
ad
poenas
infligendas,
occultissimo
quidem
iudicio, sed iustissimo.
à
Dieu
és
oeuvres
signifie
que
Quant
au
mauvaises,
sa
vertu
premier,
esquelles
y
besongne
sainct
Augustin
accomparage en quelque lieu la volonté de l'homme à
un cheval, qui se gouverne par le plaisir de celuy
qui est monté dessus. Il accomparage d'autre part
Dieu et le diable à des chevaucheurs, disant que si
Dieu a occupé le lieu en la volonté de l'homme,
comme un bon chevaucheur et bien entendu, il l'a
conduit de bonne mesure, il l'incite quand elle est
trop tardive, il la retient si elle est trop aspre, si
2.4.8.
elle s'escarmouche trop fort, il la reprime, il corrige
Hic meminerint lectores, ab eventu rerum non
sa
rebellion,
et
l'ameine
en
droite
voye.
Au
esse aestimandam humani arbitrii facultatem, quod
contraire, si le diable a gagné la place, comme un
imperiti quidam praepostere facere solent. Ex eo
mauvais chevaucheur et estourdy, il l'egare à travers
enim pulchre et ingeniose sibi videntur humanam
champs, il la fait tomber dans des fosses, il la fait
voluntatem convincere servitutis, quod ne summis
trebuscher et revirer par les vallées, il l'accoustumé
quidem monarchis omnia ex sententia fluant. Atqui
à rebellion et desobeissance. De ceste similitude
facultas
ista,
intra
hominem
nous nous contenterons pour le present, puis que
extraneo
successu
nous n'en avons pas de meilleure. Ce qui est donc
metienda. Siquidem in liberi arbitrii disputatione non
dit, que la volonté de l'homme naturel est suiette à
hoc
animo
la seigneurie du diable, pour en estre menée: cela
externa
ne signifie point quelle soit contreinte par force et
impedimenta liceat: sed an in re qualibet liberam
maugré qu'elle en ait à obtemperer, comme on
habeat
voluntatis
contraindroit un serf à faire son office combien qu'il
affectionem, quae utraque si hominibus suppetat, non
ne le vousist point: mais nous entendons qu'estant
minus liberi arbitrii Attilius Regulus erit, angustiis
abusée des tromperies du diable, il est necessaire
dolii
qu'elle se sumette à obtemperer à ce que bon luy
consideranda
de
est,
quaeritur,
deliberarit,
qua
non
an
aculeati
iudicii
ab
homini
perficere
et
loquimur,
et
quaecunque
exequi
electionem,
inclusus,
quam
per
et
Augustus
Caesar,
magnam orbis terrarum partem nutu suo gubernans.
semble, combien qu'elle le face sans contrainte. Car
ceux ausquels nostre Seigneur ne fait point la grace
de les gouverner par son Esprit, sont abandonnez à
2.5. Obiectionum refutatio quae pro defensione liberi
Satan pour estre menez de luy. Pour ceste cause,
arbitrii afferri solent.
dit sainct Paul, que le dieu de ce monde (qui est le
diable) a aveuglé l'entendement des infideles, à ce
2.5.1.
De humani arbitrii servitute satis dictum videri
qu'ils n'apperçoivent point la lumiere de l'Evangile (2
Cor. 4, 4). Et en un autre lieu il dit qu'il regne en
posset, nisi qui falsa libertatis opinione praecipitare
tous
ipsum conantur, suas ex adverso quasdam rationes
L'aveuglement
iniques
et
donc
desobeissans
des
(Ephes.
meschans,
et
2,
2).
tous
les
obtenderent
ad
sententiam
nostram
oppugnandam.
malefices qui s'en ensuyvent, sont nommez oeuvres
Congerunt primo absurda nonnulla, quibus eam in
du diable: et toutesfois il n'en faut point chercher la
odium trahant, tanquam a sensu quoque communi
cause hors de leur volonté, de laquelle procede la
abhorrentem: postea Scripturae testimoniis cum ea
racine de mal, et en laquelle est le fondement du
congrediuntur. Utrasque machinas ordine retundemus.
regne du diable, c'est à dire le peché.
Si peccatum, aiunt, necessitatis est, iam desinit esse
peccatum: si voluntarium est, ergo vitari potest.
Haec Pelagii quoque arma erant ad impetendum
Augustinum:
cuius
en iceux. Mais pour la bien entendre, nous prendrons
praegravari, donec de reipsa satisfactum a nobis
l'iniure que firent les Chaldeens à Iob: c'est qu'ayans
fuerit.
debere
tué ses bergers, ils luy ravirent tout son bestail
rursum,
(Iob 1, 17). Nous voyons desia à l'oeil les autheurs
igitur
imputari,
quod
consequi
quod
nomine
peccatum
necessarium
inferunt,
illos
Quant est de l'action de Dieu, elle est bien autre
nolumus
Nego
tamen
2.4.2.
ideo
minus
est:
nego
evitabile
esse,
quia
de ceste meschanceté. Car quand nous voyons des
voluntarium sit. Siquis enim disceptare cum Deo
volleurs,
velit,
larrecin, nous ne doutons point de leur imputer la
et
quoniam
hoc
praetextu
potuerit:
quelque
meurtre
ou
responsionem quam alibi attulimus, non ex creatione
l'histoire recite que cela provenoit du diable. Nous
esse, sed naturae corruptela: quod homines peccato
voyons donc qu'il y a besongné de son costé.
mancipati nihil velle possunt nisi malum. Unde enim
D'autre part Iob recognoit que c'est oeuvre de Dieu,
ista quam improbi libenter praetexerent impotentia,
disant que Dieu l'a despouillé du bien qui luy avoit
nisi quod Adam ultro se diaboli tyrannidi addixit?
esté
Hinc
tenemur
pourrons-nous dire qu'une mesme oeuvre ait esté
constricti, quod primus homo defecit a suo opifice.
faite de Dieu, du diable et des hommes, que nous
Huius defectionis si merito rei tenentur universi
n'excusions le diable entant qu'il semble conioint
homines, ne se necessitate excusatos putent, in qua
avec Diéu: ou bien que nons ne disions Dieu estre
ipsa
suae
autheur du mal? Facilement, si nous considerons
causam. Atque hoc supra clare explicui: et in diabolo
premierement la fin, puis apres la maniere d'operer.
ipso exemplum proposui, unde pateret non minus
Le conseil de Dieu estoit d'exercer son serviteur en
voluntarie
patience,
vitiositas,
luculentissimam
peccare
in
cuius
habent
qui
electis
habet
commis
faute et de les condamner. Or est-il ainsi que
ergo
non
subterfugere,
ont
paratam
rursum
aliter
iudicium
qui
vinculis
damnationis
necessario
par
les
adversité:
Chaldeens.
Satan
Comment
s'efforçoit
de
le
mettre en desespoir: les Chaldeens taschoyent de
indeclinabilis sit a bono, non desinit tamen voluntas
s'enrichir du bien d'autruy par rapine. Une telle
esse: quod idem Bernardus quoque scite docet, nos
difference de conseil distingue bien entre l'oeuvre de
ideo miseriores esse, quod voluntaria est necessitas:
l'un et de l'autre. En la maniere de faire, il n'y a
quae tamen nos sibi addictos ita constringit, ut servi
pas moins de dissimilitude. Le Seigneur abandonne
simus peccati, sicuti ante retulimus . Secundum
son serviteur Iob à Satan pour Taffliger: d'autrepart
ratiocinationis
a
il luy baille les Chaldeens, qu'il avoit ordonnez pour
voluntario perperam transilit ad liberum: nos autem
estre ministres de ce faire, et luy commet de les
supra evicimus, voluntarie fieri quod liberae tamen
pousser et mener. Satan stimule par ses aiguillons
electioni non subiaceat.
venimeux, à commettre ceste iniquité, les coeurs des
vitiosum
quum
sicuti
par
voluntas
membrum
Angelis
peccat:
osté
est:
quia
Chaldeens,
qui
autrement
estoyent
mauvais.
Les
Chaldeens, s'abandonnans à mal faire, contaminent
leurs ames et leurs corps. C'est donc proprement
parlé, de dire que Satan besongne és reprouvez,
esquels il exerce son regne, c'est à dire le regne de
perversité.
On
peut
bien
aussi
dire
que
Dieu
aucunement y besongne, d'autant que Satan, lequel
est instrument de son ire, selon son vouloir et
2.5.2.
ordonnance les pousse çà et là pour executer ses
Subiiciunt, nisi ex libera arbitrii electione tum
iugemens. Ie ne parle point icy du mouvement
virtutes tum vitia procedunt, non esse consentaneum
universel de Dieu, duquel comme toutes creatures
ut
praemium
sont soustenuës, aussi elles en prennent leur vertu
rependatur. Hoc argumentum, etsi Aristotelicum est,
pour faire ce quelles font. Ie parle de son action
fateor tamen a Chrysostomo et Hieronymo alicubi
particuliere, laquelle se monstre en chacun oeuvre.
usurpatum. Pelagianis tamen fuisse familiare nec ipse
Parquoy nous voyons qu'il n'est pas inconvenient
Hieronymus
verba
qu'une mesme oeuvre soit attribuée à Dieu, et au
refert: Quod si gratia Dei in nobis agit, illa ergo,
diable, et à l'homme. Mais la diversité qui est en
non nos qui non laboramus, coronabitur . De poenis
l'intention et au moyen, fait que la iustice de Dieu
respondeo illas iure nobis irrogari, a quibus peccati
par tout apparoit irreprehensible: la malice du diable
culpa emanat. Quid enim refert, liberone iudicio an
et de l'homme se monstre avec sa confusion.
homini
servili,
vel
poena
dissimulat,
modo
infligatur,
ac
vel
ipsorum
voluntaria
etiam
cupiditate
peccetur:
praesertim quum inde peccator arguatur homo, quia
est
sub
servitute
iustitiae
Les anciens Docteurs craignent aucunesfois de
praemia, magna vero absurditas, si fateamur illa ex
confesser la verité en cest endroit, pource qu'ils ont
Dei
meritis
peur de donner occasion aux mauvais de mesdire, ou
dependere. Quoties hoc apud Augustinum recurrit,
parler irreveremment des oeuvres de Dieu. Laquelle
Non merita nostra Deum coronare, sed sua dona:
sobrieté i'approuve tellement, que ie ne
praemia
toutesfois
benignitate
autem
peccati?
potius
vocari,
Quantum
quam
non
quae
ad
2.4.3.
propriis
meritis
nostris
qu'il
y
ait
aucun
danger
pense point
de
tenir
debeantur, sed quae gratiis iam collatis retribuantur?
simplement ce que nous en monstre l'Escriture.
Acute sane hoc animadvertunt, nullum iam superesse
Sainct Augustin mesme a aucunesfois ce scrupule:
locum meritis si non ex liberi arbitrii fonte prodeunt:
comme
sed quod istud tantopere dissentaneum ducunt, longe
endurcissement des mauvais ne se rapporte point à
aberrant. Neque enim dubitat Augustinus passim pro
l'operation de Dieu, mais à sa prescience. Or ceste
necessario docere, quod ita nefas confiteri putant:
subtilité ne peut convenir avec tant de façons de
quemadmodum ubi dicit, Merita quorumlibet hominum
parler
quae sunt? Quando ille non cum mercede debita, sed
evidemment qu'il y a autre chose que la prescience
cum gratuita gratia venit, omnes peccatores solus a
de Dieu. Et sainct Augustin mesme au cinquieme
peccatis liber ac liberator invenit . Item, Si reddetur
livre contre Iulien, se retractant de l'autre sentence,
tibi quod debetur, puniendus es. Quid ergo fit? non
maintient fort et ferme que les pechez ne se font
tibi
donat
pas seulement par la permission ou souffrance de
indebitam gratiam. Si vis esse alienus a gratia, iacta
Dieu, mais aussi par sa puissance, à fin de punir les
merita tua . Item, peccata sunt tua: merita autem,
autres pechez. Semblablement ce qu'aucuns amenent,
Dei. Supplicium tibi debetur: et quum praemium
que Dieu permet le mal, mais ne l'envoyé point, ne
reddidit
Deus
debitam
poenam,
sed
quand
de
il
dit,
l'Escriture,
que
l'aveuglement
lesquelles
et
monstrent
venerit, sua dona coronabit, non merita tua. Eodem
peut subsister, tant est foible. Souvent il est dit que
sensu alibi non gratiam ex merito, sed meritum ex
Dieu aveugle et endurcit les mauvais, qu'il tourne et
gratia esse docet. Ac paulo post concludit Deum suis
fleschit et pousse leurs coeurs, comme nous ayons
donis merita omnia praecedere, ut inde eliciat sua
cy dessus declairé plus à plein. Ce n'est point
merita, et prorsus gratis dare, quia nihil invenit unde
expliquer telles formes de parler, que de recourir à
salvet
la
.
Sed
quid
longiorem
catalogum
texere
prescience
ou
permission.
Pourtant
nous
necesse est, quum subinde tales sententiae in eius
respondons que cela se fait doublement. Car comme
scriptis recurrant? Atqui melius etiamnum hoc errore
ainsi soit que la lumiere de Dieu ostée, il ne reste
liberabit eos Apostolus, si audiant quo ex principio
sinon obscureté et aveuglement en nous: son Esprit
sanctorum gloriam deducat. Quos elegit, eos vocavit:
osté, noz coeurs soyent endurcis comme pierre: sa
quos vocavit, eos iustificavit: quos iustificavit, eos
conduite cessant, nous ne puissions que nous esgarer
glorificavit . Cur ergo, teste Apostolo, coronantur
à travers champs: à bonne cause il est dit qu'il
fideles ? Quia Domini misericordia, non sua industria
aveugle, endurcit et pousse ceux ausquels il oste la
et electi sunt et vocati et iustificati. Facessat ergo
faculté de voir, obeir et faire bien. La seconde
inanis hic timor, nulla fore amplius merita si liberum
maniere, qui approche plus à la proprieté des mots,
non stabit arbitrium. Stultissimum enim est ab eo
c'est que Dieu, pour executer ses iugemens par le
absterreri ac refugere quo nos Scriptura vocat. Si
diable, qui est ministre de son ire, tourne où bon
omnia
non
luy semble le conseil des mauvais, et meut leur
acceperis ? Vides ob idipsum libero arbitrio adimere
volonté et conferme leur effort. Voila pourquoy
eum omnia, ne quem meritis locum relinquat. Sed
Moyse,
tamen,
accepisti,
ut
beneficentia
confert,
quia
ait,
inexhausta
ac
quid
et
liberalitas,
nostras
facit,
gloriaris,
quasi
multiplex
quas
gratias
perinde
ac
apres
avoir
recité
que
Sehon
roy
des
est
Dei
Amorrheens s'estoit mis en armes pour empescher
in
nos
le
nostras
virtutes remuneratur.
passage
du
peuple,
d'autant
que
Dieu
avoit
endurcy son esprit et confermé son coeur à cela,
adiouste incontinent la fin du conseil de Dieu, que
c'estoit pour le livrer entre les mains des Iuifs
(Deut. 2, 30). Parquoy telle obstination a esté pour
le
preparer à
sa ruine, à
laquelle Dieu l'avoit
destiné.
2.4.4.
Selon la premiere raison se doit entendre ce qui
est dit en Iob, Il oste la langue à ceux qui parlent
bien: et le conseil aux anciens et sages. Il oste le
coeur à ceux qui president en la terre, et les fait
errer hors de la voye. Item en Isaie, Pourquoy,
Seigneur, nous as-tu osté le sens? pourquoy nous
2.5.3.
Addunt quod ex Chrysostomo sumptum videri
as-tu endurcy le coeur, à ce que nous ne te
craignissions point (Iob 12, 20; Is. 63, 17)? Oar
potest, Quod si haec non sit voluntatis nostrae
toutes ces sentences sont plus pour signifier que
facultas,
c'est que Dieu fait des hommes, en les abandonnant
bonum
aut
malum
eligere,
aut
omnes
eiusdem naturae participes malos esse oporteret, aut
et
omnes bonos . Nec longe abest ab eo quicunque est
besongne en eux. Mais il y a d'autres tesmoignages
scriptor ille operis De vocatione Gentium, qui sub
qui passent outre: comme quand il est parlé de
Ambrosii
nomine
l'endurcissement
neminem
unquam
circunfertur,
Pharaon:
comment
Fendurciray,
dit
il
le
escoute point et qu'il ne delivre le peuple. Puis
, in quo mirum est tantos viros sibi excidisse.
apres il dit qu'il luy a confermé et corroboré son
Quomodo enim Chrysostomo in mentem non venit,
coeur (Ex. 4, 21; 10, 1). Faut-il entendre qu'il luy
electionem
sic
a endurcy, en ne luy amolissant point? Cela est bien
minime
vray. Mais il a fait davantage: c'est qu'il a livré son
formidamus, quod Paulus magna contentione asserit,
coeur à Satan pour le confermer en obstination.
omnes simul pravos esse et malitiae deditos: sed
Pourtant il avoit dit dessus, Ie tiendray son coeur.
cum illo subiicimus, Dei misericordia fieri ne omnes
Pareillement quand le peuple d'Israel sort d'Egypte
in pravitate
pari morbo
les habitans du pays où ils entrent, viennent au
laboremus naturaliter omnes, soli illi convalescunt
devant de mauvais courage : d'où dirons- nous
quibus medicam manum admovere Domino placuit.
qu'ils sont incitez (Ex. 3, 19; Deut. 2, 30)? Certes
Alii, quos iusto iudicio praetermittit, in sua putredine
Moyse disoit que ç'avoit esté le Seigneur, qui avoit
tabescunt, donec absumantur. Nec aliunde est quod
confermé
alii
cursu
mesme histoire, dit que le Seigneur avoit tourné leur
prolabuntur. Siquidem et ipsa perseverantia donum
coeur en la haine de son peuple (Ps. 10 3, 25). On
Dei est, quod non omnibus promiscue largitur, sed
ne
quibus visum est impertit. Si causa differentiae
seulement à cause qu'ils estoyent desnuez du conseil
requiritur,
alii
de Dieu. Car s'ils sont confermez et conduits à cela,
instabilitate deficiant, non alia nobis constat, nisi
le Seigneur aucunement les y encline et meine.
quod illos sua virtute roboratos sustinet Dominus, ne
Davantage toutes les fois qu'il luy a pleu chastier
pereant: his, quo sint inconstantiae documenta, non
les transgressions de son peuple, comment a-il
eandem virtutem administrat.
executé son iugement
ad
Nos
quae
recessurum
monstrer
mutabilitatis conditionem Dei gratia nobis relinqueret
esse
fuisse
de
pour
Seigneur, le coeur de Pharaon, à fin qu'il ne vous
discernat?
fide
ratiocinatur,
que
nisi
Dei
a
dum
delaissant,
inter
quidem
concedere
permaneant. Ergo quum
finem
cur
perseverant,
alii
homines
alii
constanter
in
coepto
perseverent,
leurs
pourroit
coeurs.
Le
maintenant
Prophete
dire
qu'ils
recitant
ont
la
failly
par les meschans? Certes en
telle sorte qu'on voit bien que la vertu et efficace
de l'oeuvre procedoit de luy, et qu'iceux estoyent
seulement ses ministres. Pourtant
menace
qu'en
infideles
pour
siblant
il
fera
aucunesfois il
venir
destruire Israel :
les
peuples
aucunesfois
les
aecomparageant à un rets, aucunesfois à un marteau.
2.5.4.
Mais
Instant praeterea, frustra exhortationes suscipi,
principalement
n'estoit
point
oisif
il
en
a
demonstré
eux,
en
combien
il
accomparageant
supervacuum esse admonitionem usum, ridiculas esse
Sennacherib, homme meschant et pervers, à une
obiurgationes,
parere.
coignée: disant qu'il le conduisoit et poussoit de sa
Similia olim quum obiectarentur Augustino, libellum
main, pour coupper selon son bon plaisir (Is. 5, 26;
De correptione et gratia scribere coactus fuit. Ubi
7, 18; Ezech. 12, 13; 17, 20; Ier. 50, 23; Is. 10,
nisi
sit
penes
peccatorem
etsi copiose illa diluit, ad hanc tamen summam
15).
adversarios
praeceptione
distinction qui n'est point mauvaise: c'est que ce que
cognosce quid debeas in correctione cognosce tuo te
les iniques pechent, cela vient de leur propre: qu'en
vitio non habere: in oratione cognosce unde accipias
pechant ils font une chose ou e utre, cela est de la
quod vis habere. Eiusdem fere argumenti est liber
verta de Dieu, lequel divise les tenebres comme bon
De Spiritu et litera, ubi Deum Legis suae praecepta
luy semble?
revocat,
O
homo,
in
Sainct
Augustin
en
quelque
lieu
met
une
non humanis viribus metiri docet, verum ubi iussit
quod rectum est, gratis dare implendi facultatem suis
2.4.5.
electis. Nec vero haec res longae disceptationis est.
Or que le ministere de Satan entrevienne à
Primum non soli sumus in hac causa, sed Christus et
inciter les mauvais, quand Dieu par sa providence
omnes Apostoli. Viderint isti quomodo superiores
les veut fleschir çà et là, il apparoistra assez par un
evadent in certamine, quod cum talibus antagonistis
passage. Car il est souventesfois dit que le mauvais
suscipiunt. Christus, qui testatur nos sine se nihil
esprit de Dieu a invadé ou laissé Saul (1 Sam. 16,
posse , an ideo minus reprehendit et castigat eos
14; 18, 10; 19, 9). Il n'est pas licite de referer cela
qui extra seipsum male agebant? an ideo minus
au sainct Esprit. Pourtant nous voyons que l'esprit
exhortatur
immonde est nommé de Dieu, entant qu'il respond au
Paulus
ut
quam
quisque
severe
bonis
in
charitatis
neglectum?
charitatem
a
operibus
Corinthios
Iisdem
incumbat?
invehitur
tamen
que Dieu envoye efficace d'errreur et d'illusion, afin
currentis, sed miserentis Dei : non desinit tamen
que ceux qui n'ont point voulu obeir à la verité,
postea et admonere et hortari et corripere. Cur non
croyent
ergo Dominum interpellant, ne ita ludat operam, ab
Neantmoins, comme il a esté dit, il y a tousiours
hominibus ea exigendo quae solus ipse dare potest:
grande distance entre ce que Dieu fait ou ce que
ea castigando quae gratiae eius defectu admittuntur?
fait le diable ou les meschans en une mesme
Paulum cur non admonent ut parcat iis quorum in
oeuvre. Dieu fait servir à sa iustice les mauvais
manu non est velle aut currere, nisi praeeunte Dei
instrumens qu'il a en sa main, et qu'il peut fleschir
misericordia, quae nunc ipsos destituit? Quasi vero
partout où bon luy semble. Le diable et les iniques,
non optima doctrinae suae ratio Domino constet,
comme ils sont mauvais, produisent et enfantent par
quae in promptu se offert religiosius quaerentibus.
oeuvres la meschanceté qu'ils ont conceue en leur
Doctrina certe et exhortatio et obiurgatio quantum
esprit pervers. Le reste qui appartient à defendre la
per se efficiant ad animum immutandum, indicat
maiesté de Dieu contre toutes calomnies, et refuter
Paulus dum scribit, neque qui plantat esse aliquid,
les subterfuges dont usent les blasphemateurs en
neque qui rigat: sed Dominum, qui incrementum dat,
cest endroit, a esté exposé desia par cy devant,
solum efficaciter agere . Sic Mosen, severe videmus
quand nous avons traicté de la providence de Dieu.
Legis praecepta sancire, et Prophetas acriter instare,
Car icy i'ay voulu seulement monstrer en bref
et minari transgressoribus: quum tamen fateantur
comment le diable regne en un meschant homme, et
tunc sapere demum homines, ubi cor illis datur ad
comment Dieu besongne tant en l'un comme en
intelligendum:
l'autre.
visceribus:
Romanos,
non
esse
volonté, plustost qu'autheur de soy-mesme. Il faut
neque
circuncidere,
flagitat.
demum
aussi adiouster ce qui est dit par sainct Paul: c'est
ad
dari
plaisir et pouvoir de Dieu: et est instrument de sa
in
Epistola
Domino
ob
proprium
et
denique
pro
Dei
animas
volentis,
opus
Legem
Testatur
esse,
suam
innovando,
corda
inscribere
facere
ut
à
mensonge
(2
Thess.
2,
10
s).
efficax sit doctrina.
2.4.6.
Quant est des actions lesquelles de soy ne sont
ne bonnes ne mauvaises, et appartiennent plustost à
la vie terrienne que spirituelle, il n'a pas esté
encore declairé quelle est la liberté de l'homme en
icelles. Aucuns ont dit que nous avons en icelles
election libre. Ce qu'ils ont fait, comme ie pense,
plus pource qu'ils ne vouloyent debatre une chose
qu'ils ne pensoyent pas estre de grande importance,
que pour asseurer cela comme certain. Quant à moy,
2.5.5.
comme ie confesse que ceux qui recognoissent leurs
Quorsum ergo exhortationes? nempe si ab impiis
obstinato
corde
spernuntur,
illis
qui est necessaire à salut, toutesfois ie pense que
futurae sunt, ubi ad Domini tribunal ventum fuerit:
cela n'est pas à oublier, d'entendre que c'est une
quinetiam iam nunc illorum conscientiam verberant ac
grace speciale de Dieu, quando il nous vient en
feriunt:
protervissimus
l'entendement d'elire ce qui nous est profitable, et
quisque, improbare tamen non potest. Sed quid faciat
de le desirer: et aussi d'autrepart, quand nostre
miser homuncio, inquies, quando cordis mollities,
esprit et nostre coeur fuyent ce qui nous est
quae ad obedientiam necessaria erat, illi denegatur?
nuisible. Et de fait, la providence de Dieu s'estend
Imo quid tergiversatur, quum duritiem nulli nisi
iusques là, non seulement,, de faire advenir ce qu'il
sibiipsi imputare queat? Itaque impii, libenter eas
cognoit estre expedient, mais aussi d'encliner ia
eludere parati, si liceat, velint nolint, earum virtute
volonté des hommes à un mesme but. Bien est vray
prosternuntur. Praecipua autem utilitas erga fideles
que
consideranda est: in quibus ut omnia per Spiritum
externes selon nostre sens, nous iugerons qu'elles
suum agit Dominus, ita verbi sui instrumentum non
sont en l'arbitre et puissance de l'homme: mais si
praetermittit:
efficacia
nous escoutons tant de tesmoignages qui denoncent
usurpat. Stet ergo quod verum est, totam piorum
que nostre Seigneur mesme en cest endroit gouverne
virtutem in Dei gratia sitam esse, secundum illud
les
Prophetae dictum, Dabo illis cor novum ut in illis
puissance humaine au mouvement special de Dieu.
ambulent
admonentur
Qui est-ce qui a esmeu les coeurs des Egyptiens à
officii sui, ac non potius sinuntur Spiritus directioni?
ce qu'ils prestassent au peuple d'Israel les plus
cur hortationibus sollicitantur, quando festinare magis
precieux
nequeunt quam fert Spiritus incitatio? cur castigantur
Iamais d'euxmesmes n'eussent esté induits à cela. Il
siquando a via deflexerunt, quando necessaria carnis
s'ensuit donc que leurs coeurs estoyent plus menez
infirmitate lapsi sunt? O homo, quis es qui legem
de
imponas Deo? Si ad recipiendam hanc ipsam gratiam,
inclination. Et aussi le Patriarche Iacob, s'il n'eust
qua fit ut hortationi pareatur, per hortationem vult
esté persuadé que Dieu met diverses affections aux
nos praeparari, quid habes quod in ea oeconomia
hommes, selon que bon luy semble, n'eust pas dit de
mordeas
exhortationes
son fils Ioseph (lequel il estimoit estre quelque
reprehensionesque apud pios aliud proficerent nisi ut
Egyptien profane), que Dieu vous donne de trouver
quia,
.
utcunque
et
Atqui
vel
illud
testimonium
irrideat
ipsum
excipies,
sugilles?
in
forces estre nulles pour se iustifier, entendent ce
Si
non
Cur
sine
iam
nihil
si
nous
coeurs
Dieu,
reputons
des
hommes,
vaisseaux
que
la
de
qu'ils
leur
conduite
nous
eussent
propre
des
choses
sumettrons
(Ex.
11,
mouvement
la
3)?
ou
peccati redarguerent, essent eo ipso reputandae non
misericorde envers cest homme-là (Gen. 43, 14).
prorsus inutiles. Nunc, quum agente intus Spiritu, ad
Comme aussi toute l'Eglise confesse au Pseaume,
inflammandum
que
boni
desiderium,
ad
discutiendum
Dieu
luy
a
fait
mercy,
en
adoucissant
à
torporem, ad eximendam iniquitatis voluptatem et
humanité les coeurs des peuples autrement cruels
venenatam
(Ps. 106, 46). A l'opposite quand Saul a esté
dulcedinem,
taediumque
contra
generandum
autem,
plurimum
ad
odium
valeant:
quis
enflambé
pour
esmouvoir
guerre,
la
cause
est
audeat superfluas cavillari? Siquis clariorem desiderat
exprimée, que l'Esprit de Dieu l'a poussé à cela. Qui
responsionem, sic habeat, Bifariam Deus in electis
est-ce qui destourna le coeur d'Absalon, pour faire
suis operatur: intus, per Spiritum: extra, per verbum.
qu'il ne receust point le conseil d'Achitophel, qui
Spiritu,
iustitiae
avoit accoustumé d'estre receu comme Evangile? Qui
amorem cultumque formando, novam eos creaturam
est-ce qui induit Roboam pour le faire obeir au
facit. Verbo, ad eandem renovationem expetendam,
conseil des ieunes gens? Qui est-ce qui espovanta à
quaerendam, asse quendam excitat. Utroque manus
la venue des enfans d'Israel tant de peuples, qui
suae efficaciam pro dispensationis suae modo exerit.
estoyent hardis tant et plus, et bien aguerris? Ceste
Verbum idem dum reprobis probis destinat, etsi non
povre paillarde Rahab confessoit cela estre advenu
in eorum correctionem, in alium tamen usum valere
de Dieu. Derechef, qui est-ce qui a abbattu de
facit: quo et in praesens conscientiae testimonio
frayeur les coeurs des peuples d'Israel, sinon celuy
urgeantur,
reddantur
qui
pronuntiet
espovantez (1 Sam. 11, 6; 2 Sam. 17, 14; 1 Rois
mentes
et
inexcusabiles.
illuminando,
in
Sic
iudicii
corda
diem
Christus,
in
magis
quanvis
neminem ad se venire nisi quem Pater traxerit, et
electos
venire
postquam
a
Patre
audierint,
menace
en
la
Loy
de
donner
des
coeurs
12, 10; Ios. 2, U; Lev. 26, 36; Deut. 28, 65)?
et
didicerint : non tamen ipse doctoris munus negligit,
sed voce sua sedulo invitat quos intus a Spiritu
sancto doceri necesse est ut aliquid proficiant. Apud
reprobos
admonet
Paulus
non
otiosam
esse
doctrinam, quia illis odor est mortis in mortem,
suavis tamen odor Deo.
2.4.7.
Quelcun
repliquera
que
ces
exemples
sont
particuliers, dont on ne doit pas faire une reigle
commune; mais ie dy qu'ils suffisent pour prouver
ce que ie preten, c'est que Dieu toutes fois et
quantes qu'il veut donner voye à sa providence,
mesmes és choses externes, fleschit et tourne la
volonté des hommes à son plaisir: et que leur
election à choisir n'est pas tellement libre, que Dieu
ne domine par dessus. Vueillons ou non, l'experience
iournelle nous contraindra d'estimer que nostre coeur
est plustost conduit par le mouvement de Dieu, que
par son election et liberté: veu que souvent la
2.5.6.
raison et entendement nous defaut en choses qui ne
In congerendis Scripturae testimoniis valde sunt
sont point trop difficiles à cognoistre, et perdons
laboriosi: idque sedulo faciunt, ut quoniam pondere
courage en choses qui sont aisées à faire: au
nequeunt,
Sed
contraire, en choses tresobscures et douteuses nous
quemadmodum in praeliis, ubi ad manus ventum est,
deliberons sans difficulté, et savons comment nous
imbellis
et
en devons sortir: en choses de grande consequence
ostentationis habeat, paucis ictibus protinus funditur
et de grand danger, le courage nous y demeure
ac fugatur: ita nobis facillimum erit illos cum sua
ferme et sans crainte. D'où procede cela, sinon que
turba disiicere. Quia enim in paucissimos scopos
Dieu besoigne tant d'une part que d'autre: Et de fait,
coeunt loci omnes quibus adversum nos abutuntur,
i'enten en ceste maniere ce que dit Salomon, Le
ubi in suas classes distributi fuerint, compluribus una
Seigneur fait que l'oreille oye, et que l'oeil voye.
responsione
dissolvendis
Car il ne me semble point advis que là il parle de la
incumbere necesse non erit. Praecipuum robur locant
creation, mais de la grace speciale que Dieu fait aux
in praeceptis: quae putant facultatibus nostris sic
hommes de iour en iour. Davantage, quand il dit que
attemperata esse, ut quicquid ab illis exigi probatum
le Seigneur tient le coeur des Rois en sa main,
sit, his praestari posse necessario consequatur. Ergo
comme un ruisseau d'eau, et qu'il les fait couler
singula
nostrarum
quelque part que bon luy semble (Prov. 20, 12; 21,
modum metiuntur. Aut enim (inquiunt) illudit nobis
1): il n'y a point de doute qu'il ne comprenne tous
Deus,
hommes sous une espece. Car s'il y a homme duquel
numero
saltem
multitudo,
quum
castitatem,
adobruant.
quantumlibet
satis
percurrunt,
nos
fiet:
et
singulis
ex
illis
sanctitatem,
dilectionem,
pompae
virium
pietatem,
obedientiam,
imperat:
la volonté Boit exemptée de toute suiettion, ce
quum immunditiam, idololatriam, impudicitiam, iram,
privilege là appartient au Roy par dessus tous,
rapinam,
ea
duquel la volonté gouverne les autres. Si donc la
tantum requirit quae sunt in nostra potestate. Porro
volonté du Roy est conduite par la main de Dieu, la
omnia
tres
nostre ne sera point exemptée de ceste condition.
superbiam
fere
species
quae
distinguere
conversionem
et
mansuetudinem
similia
accumulant
licet.
exigunt:
aut
praecepta,
Alia
alia
interdicit:
in
primam
ad
Deum
De quoy il y a une belle sentence en sainct
simpliciter
de
Legis
Augustin,
L'Escriture,
dit-il,
si
on
la
regarde
observatione loquuntur: alia perseverare in recepta
diligemment, monstre que non seulement les bonnes
Dei gratia iubent. De omnibus in genere disseramus,
volontez des hommes, lesquelles Dieu a creées en
tum
descendemus
ipsas.
Hominum
leur coeur, et les ayant creées, les conduit à bonnes
praecepta
extendere,
oeuvres et à la vie eternelle, sont en la puissance
vulgare id quidem iamdiu esse coepit, et nonnullam
de Dieu: mais aussi toutes celles qui appartiennent à
speciem habet: sed a rudissima Legis ignorantia
la vie presente: et tellement y sont, qu'il les incline
prodiit. Nam qui pro ingenti piaculo ducunt si dicatur
selon son plaisir çà ou là: ou pour profiter à leurs
Legis observationem esse impossibilem, validissimo
prochains, ou pour leur nuire, quand il veut faire
scilicet argumento insistunt, frustra alias datam esse
quelques chastimens : et tout cela fait-il par son
Legem. Perinde enim loquuntur acsi nusquam Paulus
iugement occulte, et neantmoins iuste.
facultates
ad
ad
divinae
formas
Legis
de Lege loquutus esset. Quid enim, quaeso, ista sibi
volunt, Legem propter transgressiones positam esse ,
Per
Legem
esse
cognitionem
peccati
,
2.4.8.
Legem
Or il faut ici que les lecteurs se souviennent,
peccatum efficere , Subingressam esse ut abundaret
qu'il ne faut pas estimer la faculté du liberal arbitre
delictum ; an ad nostras vires limitandam fuisse, ne
de l'homme par l'evenement des choses, comme font
frustra daretur? Quin potius longe supra nos positam,
aucuns ignorans. Car il leur semble bien advis qu'ils
quo
impotentiam
ex
peuvent prouver la volonté des hommes estre en
eiusdem definitione finis Legis ac complementum est
servitude, d'autant que les choses ne viennent point
charitas . Atqui dum ea Thessalonicensium animos
au souhait des plus grans Princes du monde et que
repleri optat , satis fatetur sine profectu in auribus
le plus souvent ils ne peuvent venir à bout de leurs
nostris
entreprinses. Or la puissance et liberté dont il est
sonare
nostram
Legem,
convinceret.
nisi
totam
Certe
eius
summam
cordibus nostris Deus inspiret.
question
maintenant,
doit
estre
considerée
en
l'homme, et non pas estimée par les choses de
dehors. Car quand on dispute du liberal arbitre, on
ne debat point s'il est loisible à l'homme d'accomplir
et executer ce qu'il a deliberé, sans que rien le
puisse empescher: mais on demande si en toutes
choses il a libre election en son iugement, pour
discerner le bien et le mal, et approuver l'un et
reietter l'autre: ou pareillement s'il a libre affection
en sa volonté pour appeter, chercher et suyvre le
bien, hair et eviter le mal. Car si cela pouvoit estre
2.5.7.
en l'homme, il ne seroit pas moins libre estant
Equidem si Scriptura nihil aliud doceret quam
Legem esse vitae regulam, ad quam studia nostra
componere
debeamus,
ego
quoque
citra
enfermé en une prison, que dominant par toute la
terre.
moram
pedibus in eorum sententiam descenderem; sed quum
2.5.
multiplicem Legis usum diligenter ac perspicue nobis
defendre le franc-arbitre sont de nulle valeur.
Combien
les
obiections
qu'on
ameine
pour
explicet, ex illa potius interpretatione, quid Lex in
homine
valeat
considerare
convenit.
Quantum
2.5.1.
praesentis causae refert, simulac quid agendum sit
Nous aurions assez parlé de la servitude de l'ame
nobis praescripsit, obediendi virtutem a Dei bonitate
humaine, n'estoit que ceux qui taschent de la seduire
esse docet: ideoque ad preces invitat quibus eam
d'une fausse opinion de liberté, ont leurs raisons au
nobis dari postulemus. Si solum extaret imperium,
contraire
nulla
ad
Premierement, ils amassent quelques absurditez pour
respondendum imperio sufficerent: sed quum simul
la rendre odieuse, comme si elle repugnoit au sens
promissiones connectantur quae in divinae gratiae
commun des hommes: puis ils usent de tesmoignages
auxilio non modo subsidium, sed totam virtutem
de l'Escriture, pour la conveincre. Selon cest ordre
nobis
promissio,
esse
tentandae
sentence.
nous leur respondrons. Ils arguent donc ainsi, que si
nedum
impares
le peché est de necessité, ce n'est plus peché: s'il
observandae Legi esse. Quare ne amplius ista virium
est volontaire, qu'il se peut eviter. C'estoit le baston
nostrarum cum Legis praeceptis proportio urgeatur,
qu'avoit Pelagius pour combattre sainct Augustin, et
acsi Dominus quam in Lege daturus erat iustitiae
toutesfois nous ne voulons point pou cela que leur
regulam, ad modulum nostrae imbecillitatis exegisset.
raison n'ait point d'audience, iusques à ce que nous
Magis ex promissionibus reputandum quam simus
l'aurons refutée. Io nie donc que le peché laisse
ipsi a nobis imparati, qui omni in parte tantopere
d'estre
eius gratia indigemus. Sed cui (aiunt) verisimile fiet,
necessaire. Ie nie d'autrepart qu'il s'ensuyve qu'on
prorsus
illae
an
nostre
superque
nos
clamant,
vires
impugner
satis
testantur
sitam
essent
pour
ineptos,
imputé
pour
peché,
d'autant
qu'il
est
Dominum truncis ac lapidibus Legem destinasse?
puisse eviter le peché, s'il est volontaire. Car si
Neque id quispiam persuadere molitur. Non enim aut
quelcun
veut
s'aider
impii saxa sunt aut stipites, dum adversari Deo suas
plaider
contre
Dieu,
libidines per Legem edocti, suo ipsorum testimonio
subterfuge, de dire qu'il n'a peu autrement faire, il
rei fiunt: aut pii, dum suae impotentiae admoniti, ad
aura incontinent sa réponse preste, assavoir celle
gratiam
solennes
que nous avons desia amenée: que si les hommes
Augustini sententiae, Iubet Deus quae non possumus,
estans asservis à peché, ne peuvent vouloir que mal,
ut noverimus quid ab ipso petere debeamus . Magna
cela ne vient point de leur creation premiere, mais
est praeceptorum utilitas, si libero arbitrio tantum
de la corruption qui est survenue. Oar don't vient la
detur,
Fides
debilité dont les malins se couvriroyent volontiers,
impetrat quod Lex imperat : imo ideo Lex imperat,
sinon qu'Adam de son bon gré s'est assuietti à la
ut impetret fides quod imperatum erat per Legem:
tyrannie du diable? Voila donques dont vient la
imo fidem ipsam exigit a nobis Deus, et non invenit
perversité laquelle nous tient tous serrez en ses
quod exigat, nisi dederit quod inveniat . Item, Det
liens: c'est que le premier homme s'est revolté de
Deus quod iubet, et iubeat quod velit.
son
confugiunt.
ut
gratia
Quo
Dei
pertinent
amplius
istae
honoretur
.
createur.
Si
coulpables de telle
de
ceste
comme
tous
sont
si
à,
couverture,
c'estoit
bon
un
droit
pour
bon
tenus
rebellion, qu'ils ne pensent point
s'excuser sous ombre de necessité, en laquelle on
voit cause tresevidente de leur damnation. Ce'que
i'ay exposé par cy devant: et ay amené l'exemple
des diables, par lequel il appert que ceux qui
pechent par necessité ne laissent pas de pecher
volontairement: comme à l'opposite, combien que les
2.5.8.
saincts Anges ayent une volonté indeclinable du
Id, recensendis tribus praeceptorum formis quas
bien, si ne laisseelle pas d'estre volonté. Ce que
superius attigimus, clarius cernetur. Iubet saepius
sainct Bernard a prudemment consideré, en disant
Dominus tum in Lege, tum in Prophetis, ut ad se
que nous sommes d'autant plus miserables, pource
convertamur
Propheta,
que la necessité est volontaire: laquelle neantmoins
Converte me Domine, et convertar: postquam enim
nous tient estraints sous son ioug, en sorte que
convertisti me, egi poenitentiam, etc. . Iubet ut
nous sommes serfs de peché. L'autre partie de leur
praeputia cordis nostri circuncidamus . At per Mosen
argument n'est pas vallable, entant qu'ils pretendent
denuntiat, istam circuncisionem manu sua fieri .
que tout ce qui se fait volontairement, soit fait en
Cordis novitatem passim requirit: sed alibi a se dari
pleine liberté. Car cy dessus nous avons prouyé que
testatur . Quod autem promittit Deus, ut Augustinus
plusieurs choses se font volontairement, desquelles
ait, non facimus ipsi per arbitrium vel naturam: sed
l'election n'est pas libre.
. At succinit
ex adverso
facit ipse per gratiam. Atque haec observatio est
quam idem ipse inter regulas Ticonii quinto loco
enumerat, ut bene distinguamus inter Legem et
promissiones, vel inter mandata et gratiam . Eant
nunc qui ex praeceptis colligunt ecquid homo valeat
ad obedientiam, ut Dei gratiam perimant, per quam
praecepta
ipsa
adimplentur.
Secundi
generis
2.5.2.
Ils disent apres, que si les vices et vertus ne
praecepta simplicia sunt, quibus Deum colere, eius
procedent de libre election, il n'est point convenable
voluntati servire et adhaerere, eius placita observare,
que l'homme soit remunere ou puni. Combien que
eius doctrinam sequi iubemur. Sed innumeri sunt loci
cest argument soit prins d'Aristote, toutesfois ie
qui testificentur illius esse donum, quicquid iustitiae,
confesse que sainct Chrysostome et sainct Hierome
sanctitatis, pietatis, puritatis haberi potest. Ex tertio
en usent quelque part. Combien que Hierome ne
genere erat illa quae a Luca refertur Pauli et
dissimule pas qu'il a esté aussi bien familier aux
Barnabae exhortatio ad fideles, ut in gratia Dei
Pelagiens,
permanerent
virtus
s'ensuivent : Que si la grace de Dieu besoigne en
petenda sit, alio loco idem Paulus tradit. Quod
nous, icelle sera remunerée, et non pas nous, qui ne
superest (inquit) fratres, sitis fortes per Dominum .
travaillons point. Quant est des punitions que Dieu
Alibi
quo
fait des malefices, ie respon qu'elles nous sont
obsignati sumus in diem redemptionis nostrae . Sed
iustement deues, puis que la coulpe de peché reside
quod illic exigit, quia praestari ab hominibus non
en nous. Car il ne chaut si nous pechons d'un
poterat,
imprecatur,
iugement libre ou servile, moyennant que ce soit de
nempe ut dignos habeat eos vocatione sua sancta, et
cupidité volontaire: principalement veu que l'homme
impleat
suae,
est conveincu d'estre pecheur, entant qu'il est sous
opusque fidei in illis . Eodem modo in secunda ad
la servitude de peché. Quant est du loyer de bien
Corinthios epistola, de eleemosynis tractans, bonam
faire, quelle absurdité est-ce, si nous confessons
et piam eorum voluntatem saepius commendat: paulo
qu'il nous soit donné plus par la benignité de Dieu,
post tamen gratias agit Deo, qui posuit in corde Titi
que rendu pour nos merites? Combien de fois est
ut exhortationem susciperet . Si ne oris quidem
repetée ceste sentence en sainct Augustin, Que Dieu
officium ad alios hortandos praestare Titus potuit
ne couronne point nos merites en nous, mais ses
nisi
ad
dons? et que le loyer qui nous vient n'est pas ainsi
agendum voluntarii fuissent, nisi Deo ipso corda
appellé, pource qu'il soit deu à nos merites, mais
eorum dirigente?
pource
vetat
.
Sed
ne
unde
illa
contristemus
Thessalonicensibus
bonum
quatenus
omne
a
constantiae
Spiritum
Domino
propositum
suggessit
Deus,
Dei,
bonitatis
quomodo
alii
desquels
qu'il
avoyent
esté
est
il
recite
retribué
auparavant
aux
les
parolles
graces
conferées?
qui
qui
nous
C'est
bien
regardé à eux, d'entendre que les merites n'ont plus
de lieu, sinon que les bonnes oeuvresprocedent de la
propre vertu de l'homme Mais de trouver cela tant
estrange, c'est une moquerie. Car sainct Augustin ne
doute point d'enseigner pour un article certain, ce
qu'ils trouvent tant hors de raison: comme quand il
dit, Quels sont les merites de tous hommes? Quand
Iesus Christ vient, non point avec un loyer, qui fust
deu, mais avec sa grace gratuite, il les trouve tous
pecheurs,
luy
seul
franc
de
pechez,
et
en
aífranchissant les autres. Item, Si ce qui t'est deu
2.5.9.
t'est rendu, tu dois estre puni: mais qu'est-ce qui
Cavillantur haec omnia testimonia astutiores: quia
nihil
impediat
quominus
ipsi
conferamus
se fait? Dieu ne te rend point la peine qui séstoit
nostras
deue, mais il te donne la grace qui ne t'appartenoit
vires, et infirmis conatibus Deus suppetias ferat.
point. Si tu te veux exclurre de la grace de Dieu,
Afferunt etiam locos ex Prophetis, ubi conversionis
vante-toy de tes merites. Item, Tu n'es rien de
nostrae effectus inter Deum et nos videtur dimidiari.
toy: les pechez sont tiens, les merites sont à Dieu.
Convertimini ad me, et ego convertar ad vos .
Tu dois estre puni: et quand Dieu te rendra le loyer
Quales
supra
de vie il couronnera ses dons, non pas tes merites.
demonstratum est, neque hic opus est repetere.
A ce mesme propos il enseigne ailleurs que la grace
Unum
frustra
ne vient point de merite, mais le merite vient de la
implendae Legis facultatem in nobis requiri, quia eius
grace. Et tantost apres il conclud que Dieu precede
obedientiam nobis Dominus imperet: quando constat
tous merites par ses dons, afin que ses autres
omnibus Dei praeceptis adimplendis et necessariam
merites suivent: et que du tout il donne gratuitement
esse gratiam Legislatoris, et nobis promissam; quia
ce qu'il donne, pource qu'il ne trouve nulle cause de
inde patet, saltem plus a nobis exigi quam simus
sauver. Mais c'est chose superflue d'en faire plus
solvendo. Nec vero ullis cavillis dilui potest illud
long recit, veu que ses livres sont pleins de telles
Ieremiae, irritum fuisse pactum Dei percussum cum
sentences. Toutesfois encore l'Apostre les delivrera
veteri populo, quia literale tantum erat: non aliter
de ceste folle fantasie, s'ils veulent escouter de quel
autem sanciri quam ubi accedit Spiritus, qui ad
principe il deduit nostre beatitude, et la gloire
obediendum
errori
eternelle que nous attendons. Ceux que Dieu a
astipulatur sententia illa, Convertimini ad me et
eleus, dit-il, il les a appelez: ceux qu'il a appelez, il
convertar
conversio
les a iustifiez: ceux qu'il a iustifìez, il les a
resipiscentiam
glorifiez. Pourquoy donc sont couronnez les fideles
renovat, sed qua se benevolum ac propitium, rerum
(Rom. 8, 29; 2 Tim. 4, 8)? Certes selon l'Apostre,
prosperitate testatur: quemadmodum rebus adversis
d'autant que par la misericorde du Seigneur, et non
offensionem interdum indicat. Quoniam igitur multis
par leur industrie, ils ont esté eleus, appellez et
miseriarum et calamitatum formis vexatus populus,
iustifìez.- Pourtant, que ceste folle crainte soit
aversum
ostée,
nobis
hoc
notatur,
suppetias
duntaxat
corda
ad
non
a
defuturam
qua
mihi
format
vos.
Dominus
concedi
.
Neque
Siquidem
cor
illic
nostrum
ad
se
Deum
querebatur:
illis
suam
benignitatem
ferat,
volo,
eorum
Dei
respondet
n'y
aura
plus
nul
merite
si
le
franc-arbitre n'est soustenu. Car c'est une moquerie
iustitiae
de fuyr ce à quoy l'Escriture nous meine. Si tu as
exemplar, redeant. Perperam ergo detorquetur locus,
receu toutes choses, dit sainct Paul, pourquoy te
dum eo trahitur ut opus conversionis videatur inter
glorifies-tu comme si tu ne les avois point receues
Deum
(1 Cor. 4, 7)? Nous voyons qu'il oste toute vertu au
et
et
ad
homines
seipsum,
partiri.
qui
Haec
est
eo
ad
qu'il
vitae
rectitudinem,
si
non
brevius
perstrinximus, quod huic argumento proprius in Legis
liberal
tractatione locus erit.
neantmoins selon que Dieu est riche et liberal à bien
arbitre,
afin
de
destruire
tous
merites:
faire, et que sa liberalité ne s'espuise iamais, il
remunere les graces qu'il nous a conferées, comme
si c'estoyent vertus venantes de nous: pource qu'en
nous les donnant, il les a faites nostres.
2.5.10.
2.5.3.
Secundus argumentorum ordo superiori finitimus
est.
Allegant
promissiones
consequemment
une
obiection,
laquelle semble estre prinse de sainct Chrysostome:
voluntate nostra paciscitur: quales sunt, Quaerite
Que s'il n'estoit en nostre faculté d'elire le bien et
bonitatem et non malitiam, et vivetis . Si volueritis
le mal, il faudroit que tous hommes fussent bons, ou
et
gladius
tous meschans: veu qu'ils ont une mesme nature. A
devorabit vos: quia os Domini loquutum est. Item, Si
quoy s'accorde le dire de celuy qui a escrit le livre
abstuleris
non
intitulé De la vocation des Gentils, qu'on attribue à
expelleris : si audieris vocem Iehovae Dei tui, et
sainct Ambroise: c'est que nul iamais ne declineroit
facias et custodias omnia mandata eius, faciet te
de la foy, sinon que la grace de Dieu laissast la
Dominus excelsiorem cunctis Gentibus terrae . Et
volonté de l'homme muable. En quoy ie mesmerveille
reliquae similes . Importune et per ludibrium, quae
comment si grans personnages se sont abusez. Car
Dominus in promissionibus offert beneficia, voluntati
comment
nostrae delegari putant, nisi nostrum sit illa vel
l'election de Dieu, laquelle discerne ainsi entre les
stabilire,
hommes? Certes nous ne devons avoir honte de
bona
quod
abominationes
vel
irrita
si
tuas
facere.
Dominus
alleguent
cum
audieritis,
quibus
Ils
nolueritis,
a
Et
facie
sane
mea,
rem
istam
Chrysostome
n'a-il
reputé
que
c'est
facundis querimoniis amplificare promptum est: nos
confesser
crudeliter a Domino illudi, quum benignitatem suam a
certainement, que tous sont pervers et adonnez à
voluntate nostra
malice (Rom. 3, 10): mais nous adioustons quant et
nostri
iuris
pendere denuntiat, si voluntas ipsa
est.
Egregiam
Paul
afferme
tant
liberalitatem Dei, si beneficia sua ita nobis exponat,
à aucuns, afin que tous ne demeurent point en
ne fruendi ulla sit facultas; miram promissionum
perversité. Comme ainsi soit donc que naturellement
certitudinem, quae ut nunquam
re
nous soyons atteints d'une mesme maladie, il n'y en
impossibili dependeant. De promissionibus eiusmodi
a de garentis sinon ceux ausquels il plait à Dieu de
quae conditionem habent appositam, alibi dicemus: ut
remedier. Les autres, que par son iuste iugement il
palam futurum sit, in earum impossibili complemento
abandonne, demeurent en leur pourriture iusques à
nihil esse absurdi. Quantum ad hunc locum attinet,
ce qu'ils soyent consumez: et ne procede d'ailleurs,
nego Deum inhumaniter illudere nobis, dum nos ad
que les uns poursuyvent iusques à la fin, les autres
beneficia sua demerenda invitat, quos novit esse
defaillent au milieu du chemin. Car de fait, la
prorsus impotentes. Siquidem quum fidelibus iuxta et
perseverance est un don de Dieu, lequel il n'eslargist
impiis offerantur promissiones, suum apud utrosque
pas à tous indifferemment, mais à qui bon luy
usum
impiorum
semble: Si on demande la raison de ceste difference,
conscientias pungit Deus, ne suaviter nimium in
pourquoy les uns perseverent constamment, et les
peccatis
delicientur,
autres sont ainsi muables: il ne s'en trouvera point
memoria;
ita
in
nulla
fore
sainct
quant avec luy, que la misericorde de Dieu subvient
Quemadmodum
vero
que
hanc
habent.
non
ce
impleantur, a
praeceptis
iudiciorum
promissionibus
suorum
quodammodo
eos
d'autre, sinon que les premiers sont maintenus par la
attestatur quam indigni sint sua benignitate. Quis
vertu de Dieu, à. ce qu'ils ne perissent point: les
enim aequissimum et convenientissimum esse neget,
seconds n'ont point une mesme force, d'autant qu'il
Dominum iis benefacere a quibus colitur: maiestatis
veut
autem suae contemptores pro sua severitate ulcisci?
humaine.
Rite ergo et ordine agit Deus, dum impiis peccati
compedibus devinctis, hanc legem in promissionibus
dicit, tum demum sua beneficia percepturos si a
2.5.4.
monstrer
en eux
exemple de
l'inconstance
pravitate
discesserint:
ut
Ils arguent aussi, que toutes exhortations seront
intelligant se ab iis merito excludi quae veris Dei
frustratoires, qu'il n'y a nulle utilité en admonitions,
cultoribus debentur. Rursum, quia modis omnibus ad
que les reprehensions sont ridicules, s'il n'est en la
implorandam
exstimulare
puissance du pecheur d'y obtemperer. Pource qu'on
studet, nequaquam erit absonum, si quod illum multo
obiectoit iadis ces choses à sainct Augustin, il fut
cum fructu agere praeceptis erga eos ostendimus, id
contrainct de publier le livre intitulé De correction
quoque
et grace; auquel combien qu'il responde amplement à
suam
vel
ob
gratiam
promissionibus
hoc
fideles
tentet.
De
solum,
voluntate
Dei
praeceptis edocti, miseriae nostrae admonemur, qui
tout,
sic ab illa toto pectore dissidemus: simul instigamur
somme:
ad invocandum eius Spiritum, per quem in rectam
commandé, que c'est que tu dois faire: en ce que tu
viam dirigamur; sed quia praeceptis ignavia nostra
es repris Je ne l'avoir fait, cognoy que la vertu te
non
quae
defaut par ton vice : en priant Dieu, cognoy dont il
dulcedine quadam ad eorum amorem nos alliciant.
te faut recevoir ce qui t'est mestier. Le livre qu'il a
Quo autem maiore tenemur iustitiae desiderio, eo
intitulé De l'esprit et de la lettre, revient quasi à
fimus ad quaerendam Dei gratiam ferventiores. En
une mesme fin: c'est que Dieu n'a point mesuré ses
quomodo
commandemens
satis
audieritis,
acuitur,
illis
subduntur
promissiones,
obtestationibus,
neque
volendi
Si
volueritis,
audiendive
Si
neantmoins
O
il
reduit
homme,
la
question
recognoy
selon
les
en
forces
ce
à
ceste
qui
humaines:
est
mais
liberam
apres avoir commandé ce qui estoit iuste, il donne
facultatem nobis Dominus tribuat, neque tamen ob
gratuitement à ses eleus la faculté de le pouvoir
impotentiam nos ludibrio habeat.
accomplir: de quoy il n'est ia mestier de beaucoup
debattre. Premierement nous ne sommes point seuls
à soustenir ceste cause, mais Christ et tous ses
Apostres. Pourtant, que nos adversaires regardent
comment ils viendront au dessus, entreprenans ce
combat contre telles parties. Combien que Christ ait
declairé que sans luy nous ne pouvons rien (Iean
15,
5):
neantmoins
il
ne
laisse
pour
cela
de
reprendre ceux qui font mal hors luy, et ne laisse
d'exhorter un chacun & bonnes oeuvres. Combien
sainct Paul reprend-il asprement les Corinthiens,
pource qu'ils ne vivoyent point charitablement (1
Cor. 3, 3): toutesfois apres il prie Dieu de les
rendre charitables. Il testifie aux Romains que la
iustice n'est point au vouloir ny en la course de
l'homme, mais en la misericorde de Dieu (Rom. 9,
16):
2.5.11.
Habet
toutesfois
admonnester,
et
tertia
et
pas
apres
corriger.
de
les
Que
affinitatem. Locos enim producunt quibus ingrato
peine, en requerant des hommes sans propos ce que
populo Deus exprobrat, per eum duntaxat stetisse
luy seul leur peut donner, en les reprenant de ce
quominus ab indulgentia sua omne genus bonorum
qu'ils commettent par le seul defaut de sa grace?
receperit.
Que ne remonstrent-ils à, sainct Paul, qu'il doit
sunt
isti,
cum
exhorter
laisse
n'âdvertissent- ils donc le Seigneur de ne perdre sa
generis
multam
ne
illis
Cuius
classis
il
Amalec
et
Chananaeus ante vos sunt, quorum gladio corruetis:
pardonner à ceux qui n'ont point en leurs mains de
eo quod nolueritis acquiescere Domino . Quia vocavi
vouloir
vos, et non respondistis, faciam huic domui sicut
misericorde de Dieu, laquelle leur defaut quand ils
feci Silo . Item, Haec gens non audivit vocem
faillent? Mais toutes ces folies n'ont point de lieu,
Domini Dei sui, nec recepit disciplinam: ideo proiecta
veu que la doctrine de Dieu est fondée en trop
est a Domino . Item, Quia indurastis cor vestrum, et
bonne raison, mais qu'elle soit bien considerée. Il
noluistis obedire Domino, haec omnia mala evenerunt
est bien vray que sainct Paul monstre que la
vobis
.
Tales
bien
ou
l'accomplir,
sinon
par
la
inquiunt,
quomodo
doctrine, et exhortation, et obiurgation ne profitent
quibus
extemplo
gueres de soy à changer le coeur de l'homme, quand
respondere liceat, Nobis vero prosperitas cordi erat,
il dit que celuy qui plante n'est rien, et celuy qui
adversa timebamus: quod autem illius adipiscendae,
arrouse n'est rien: mais que toute l'efficace gist au
horum vitandorum causa, Domino non paruimus, nec
Seigneur, qui donne accroissement (I Cor. 3, 7).
vocem
Nous
adversus
exprobrationes,
le
eos
eius
congruerent
auscultavimus,
eo
factum
est
quia
voyons
aussi
comment
Moyse
ratifie
peccati dominationi obnoxiis liberum non fuit. Frustra
estroitement les preceptes de la Loy: comment les
igitur mala nobis exprobrantur, quae effugere non
Prophetes
fuit
necessitatis
transgresseurs: toutesfois pour cela ils ne laissent
obtentu, in quo infirmum est ac futile patrocinium,
point de confesser que les hommes commencent
rogo possintne culpam deprecari. Nam si culpae
d'estre bien entendus, quand le coeur leur est donné
alicuius
Dominus
pour entendre: que c'est le propre de Dieu de
exprobrat, eorum perversitate factum esse quominus
circoncir les coeurs, et les convertir de pierre en
suae clementiae fructum sentirent. Respondeant ergo,
chair: que c'est luy qui escrit sa Loy en nos
possintne infitiari causam contumaciae, pravam suam
entrailles: bref, que c'est luy qui en renouvellant nos
voluntatem fuisse. Si mali fontem intra se reperiunt,
ames, donne efficace à sa doctrine.
nostrae
potestatis.
tenentur
Sed
convicti:
omisso
non
abs
re
insistent
ardemment,
et
menacent
les
quid vestigandis extraneis causis inhiant, ne sibiipsi
fuisse exitii authores videantur? Quod si verum est
2.5.5.
suo non alieno vitio et divinis beneficiis privari
De
quoy
donc
servent
les
exhortations,
dira
peccatores, et ultionibus castigari, magna ratio est
quelcun? Ie respon que si elles sont mesprisees d'un
cur istas exprobrationes ex ore Dei audiant: ut si
coeur obstiné, elles luy seront en tesmoignage pour
obstinate in vitiis pergant, discant in calamitatibus
le convaincre, quand ce viendra au iugement de Dieu.
suam potius nequitiam accusare et detestari, quam
Et mesme la mauvaise conscience en est touchée et
Deum iniquae saevitiae insimulare: si docilitatem non
pressee en la vie presente. Car combien qu'elle s'en
exuerunt, peccatorum taedio capti (quorum merito
moque, elle ne les peut pas reprouver. Si on obiecte,
miseros se ac perditos vident) in viam redeant, ac
Que
idipsum seria confessione agnoscant quod Dominus
promptitude de coeur, laquelle estoit requise pour
obiurgando commemorat. In quem usum illas, quae
obeir, luy est deniée? Ie respon à cela, Comment
citantur,
pios
pourra-il tergiverser, veu qu'il ne peut imputer la
profecisse, ex solenni Danielis oratione constat, quae
dureté de son coeur, sinon à soy-mesme? Parquoy
habetur
exemplum
les meschans, combien qu'ils desireroyent d'avoir en
miseriarum
ieu et risee les preceptes et advertissemens de
intuemur
Prophetarum
capite
in
9.
obiurgationes
Prioris
Iudaeis,
autem
quibus
usus
suarum
apud
fera
donc
le
povre
pecheur,
veu
que
la
causam enarrare Ieremias iubetur: quum tamen non
Dieu,
aliter
veuillent-ils ou non, par la vertu d'iceux. Mais la
casurum
esset
quam
Dominus
praedixerat.
s'il
leur
estoit
possible,
sont
confondus,
Loqueris ad eos omnia verba haec, et non audient
principale utilité doit estre considerée és fideles:
te: vocabis eos, et non respondebunt tibi . Quorsum
ausquels ia soit que le Seigneur face tout par son
igitur
Esprit,
canebatur
surdis?
ut
nolentes
ac
inviti
toutesfois
il
use
de
l'instrument
de
sa
intelligerent verum esse quod audiebant: nefarium
parolle, pour accomplir son oeuvre en eux, et en use
esse sacrilegium si malorum suorum culpam, quae in
avec efficace. Quand donc cela sera resolu, comme il
ipsis
his
doit estre, que toute la vertu des iustes est située
solutionibus expedire te facillime possis ab immensa
en la grace de Dieu, selon le dire du Prophete, Ie
testimoniorum congerie, quam ad erigendum liberi
leur donneray un coeur nouveau pour cheminer en
arbitrii simulachrum hostes gratiae Dei struere solent
mes commandemens (Ezech, 11, 19. 20): si quelcun
tam ex praeceptis quam ex obtestationibus adversus
demande pourquoy on les admonneste de leur devoir,
Legis transgressores. Probrose de Iudaeis in Psalmo
et pourquoy on ne les laisse à, la conduitte du
refertur, Generatio prava quae non direxit cor suum
sainct
; alio etiam Psalmo hortatur suae aetatis homines,
exhortation,
ne
davantage que l'Esprit les incite: pourquoy on les
residebat,
obdurent
Deo
corda
transcriberent.
sua
:
nempe
Paucis
quia
omnis
Esprit:
pourquoy
veu
qu'ils
on
ne
les
se
pousse
peuvent
par
haster
contumaciae culpa in hominum pravitate haeret; sed
corrige
stulte inde colligitur, cor in utranque partem esse
necessairement trebuschez par l'infirmité de leur
flexibile, cuius praeparatio a Deo est. Dicit Propheta,
chair: nous avons à respondre, Homme, qui es-tu
Inclinavi cor meum ad observanda praecepta tua :
qui veux imposer loy à Dieu? S'il nous veut preparer
nempe quia libenter et hilari animi propensione Deo
par exhortation à recevoir la grace d'obeir à son
se addixerat: eque tamen se inclinationis authorem
exhortation, qu'est-ce que tu as à reprendre ou
esse iactat, quam in eodem Psalmo fatetur Dei esse
mordre
donum. Itaque tenenda Pauli admonitio, dum fideles
exhortations ne profitoyont d'autre chose entre les
iubet operari salutem suam cum timore et tremore,
fideles, sinon pour les redarguer de peché, encore ne
quia Deus est qui operatur et velle et perficere .
devroyent-elles
estre
Agendi quidem partes illis assignat, ne indulgeant
maintenant,
qu'elles
carnis
sollicitudinem
enflamber le coeur en amour de iustice: au contraire,
praecipiens, sic eos humiliat, ut meminerint hoc
à, haine et desplaisir de peché, entant que le sainct
ipsum quod agere iubentur, proprium esse Dei opus;
Esprit besoigne au dedans, quand il use de cest
quo diserte exprimit, passive (ut ita loquar) agere
instrument exterieur au salut de l'homme, qui osera
fideles, quatenus e caelo suggeritur facultas, ut nihil
les reietter comme superflues? Si quelcun desire une
sibi prorsus arrogent. Proinde dum nos hortatur
response plus claire, ie luy donneray la solution en
Petrus ut subministremus in fide virtutem , non
bref: c'est que Dieu besoigne doublement en nous,
concedit
torpori:
metum
secundas
et
en
ils
cest
puis
ont
ordre
failli,
et
veu
qu'ils
maniere?
reputées
profitent
sont
Si
inutiles.
grandement
les
Or
à
partes
quasi
separatim
au dedans par son Esprit, au dehors par sa parolle.
tantum
carnis
pigritiem
Que par son Esprit en illuminant les entendemens,
expergefacit, qua plerunque suffocatur ipsa fides.
formant les coeurs en amour de iustice et innocence,
Eodem spectat illud Pauli, Spiritum ne extinguatis ,
il regenere l'homme en nouvelle creature: par sa
quia subinde obrepit fidelibus ignavia: nisi corrigatur.
parolle il esmeut et incite l'homme à desirer et
Siquis tamen inde inferat, in eorum esse arbitrio
chercher ceste renovation. En l'un et en l'autre il
fovere oblatam lucem, facile refutabitur eius inscitia,
demonstre la vertu de sa main, selon l'ordre de sa
quia haec ipsa sedulitas quam requirit Paulus ,
dispensation. Quand il adresse icelle mesme parolle
nonnisi a Deo est. Nam et saepe iubemur ab omni
aux iniques et reprouvez, combien qu'elle ne leur
quicquam
nobis
sed
quand
agamus,
sed
inquinamento nos purgare, quum Spiritus sibi uni
tourne à correction, neantmoins il la fait valoir à
consecrandi
munus
vendicet.
per
autre usage: c'est à fin qu'ils soyent à present
concessionem
ad
transferri
Deum
pressez en leurs consciences, et au iour du iugement
competit, ex verbis Iohannis palam est, Quisquis ex
soyent d'autant plus inexcusables. Suyvant ceste
Deo est, servat seipsum . Vocem hanc arripiunt
raison nostre Seigneur Iesus, combien qu'il prononce
liberi arbitrii praecones, quasi partim Dei virtute,
que nul ne peut venir à luy sinon que le Pere l'y
partim
ipsam
attire (Iean 6, 44. 45): et que les eleus y viennent
custodiam, cuius Apostolus meminit, non habeamus e
apres avoir entendu et appris du Pere: ne laisse pas
caelo. Unde et Patrem rogat Christus ut nos a malo
toutesfois de faire l'office de docteur, mais invite
servet ; et scimus pios, dum adversus Satanam
par sa voix ceux qui ont besoin d'estre enseignez
militant,
victoriam
par le sainct Esprit, pour profiter en ce qu'ils oyent.
consequi. Itaque Petrus ubi animas purificare iussit
Quant aux reprouvez, sainct Paul declaire que la
in obedientia veritatis, mox correctionis vice addit,
doctrine n'est pas inutile, entant qu'elle leur est
per
odeur de mort à mort: et cependant est odeur
nostra
humanae
servemur;
non
Spiritum
nos
aliis
.
vires
quam
Denique
in
quasi
Dei
quam
certamine
Denique
quod
vero
in
hanc
armis
nihili
sint
spirituali,
omnes
breviter
souefve devant Dieu (2 Cor. 2, 16).
ostendit Iohannes, quum tradit non posse peccare qui
ex Deo geniti sunt, quia semen Dei in illis manet ;
ac
rationem
alibi
reddit,
quod
fides
nostra
sit
victoria quae vincit mundum .
2.5.6.
Us
mettent
grand'peine
à
recueillir
force
tesmoignages de l'Escriture, afin que s'ils ne peuvent
vaincre par en avoir de meilleurs et plus propres
que nous, que pour le moins ils nous puissent
accabler de la multitude. Mais c'est commo si un
capitaine
assembloit
force
gens
qui
ne
fussent
nullement duits à la guerre pour espovanter son
ennemi.
Devant
que
les
mettre
en
oeuvre,
ils
feroyent grand'-monstre : mais s'il falloit venir en
bataille, et ioindre contre son ennemy, on les feroit
fuyr du premier coup. Ainsi il nous sera facile de
renverser
toutes
leurs
obiections,
qui
n'ont
qu'apparence et ostentationi vaine. Et pource que
tous les passages qu'ils alleguent se peuvent reduire
en, certains ordres ou rengs : quand nous les aurons
ainsi rengez sous une response nous satisferons à
plusieurs: par ainsi il ne sera point necessaire de les
soudre l'un apres l'autre. Ils font un grand bouclier
des preceptes de Dieu, lesquels ils pensent estre
tellement proportionnez à nostre force, que tout ce
qui y est requis nous le puissions faire. Ils en
assemblent donc un grand nombre, et par cela
mesurent les forces humaines. Car ils arguent ainsi:
Ou Dieu se moque de nous, quand il nous commande
saincteté, pieté, obeissance, chasteté, dilection, et
mansuetude: et quand il nous defend immondicité,
idolatrie, impudicité, ire, rapine, orgueil et choses
semblables: ou il ne requiert sinon ce qui est en
nostre
puissance.
Or
tous
les
preceptes
qu'ils
amassent ensemble, se peuvent distinguer en trois
especes:
les
convertisse
uns
à
commandent
Dieu:
les
que
autres
l'homme
se
simplement
recommandent l'observation de la Loy: les autres
commandent de perseverer en la grace de Dieu desia
2.5.12.
receue. Traitons premierement de tous en general,
Citatur tamen de Lege Mosis testimonium, quod
puis nous descendions aux especes. Ie confesse qu'il
solutioni nostrae valde adversari videtur. Nam ille
y a long temps que c'est une chose vulgaire de
populum, post Legem promulgatam, hunc in modum
mesurer les facultez de l'homme par ce que Dieu
contestatur, Mandatum hoc quod praecipio tibi hodie,
commande,
non est occultum, neque procul positum, neque in
rai-son: neantmoins ie dy qu'il procede d'une grande
caelo situm, sed iuxta te est in ore tuo et in corde
I ignorance. Car ceux qui veulent monstrer que ce
tuo,
seroit
ut
facias
praeceptis
illud
Haec
de
chose
fort
absurde,
quelque
si
couleur
l'observation
de
des
d'un argument trop infirme: c'est qu'autrement la
eludere
de
Loy seroit donnée en vain. Voire, comme si sainct
observationis sed cognitionis facilitate et proclivitate
Paul n'avoit iamais parlé d'icelle. Car ie vous prie,
agatur, nonnullum tamen scrupulum sic quoque forsan
que veulent dire les sentences qu'il nous en baille?
relinquerent.
dubitationem
Que la Loy a esté donnée pour augmenter les
eximit Apostolus, non ambiguus interpres, qui de
transgressions: que par la Loy vient la cognoissance
Evangelii doctrina Mosen hic loquutum esse affirmat
de peché: que la Loy engendre peché: qu'elle est
. Quod siquis refractarius contendat, violenter a
survenue pour multiplier le peché (Gal. 3, 19; Rom.
Paulo detorta fuisse ut ad Evangelium trahi possent:
3, 20; 7, 7; 5, 20). Est-ce à dire qu'il fallust
quanquam impietate non carebit eius audacia, est
qu'elle eust une correspondance avec noz forces,
tamen quo praeter Apostoli authoritatem redarguatur.
pour n'estre point donnée en vain? Plustost sainct
Nam
Moses,
Paul monstre en tous ces passages, que, Dieu nous
vanissima confidentia populum inflabat. Quid enim
a commandé ce qui estoit par dessus nostre vertu,
aliud
Legis
pour nous conveincre de nostre impuissance. Certes
observationem aggressi forent suis viribus tanquam
selon la definition que luy mesme baille de la Loy,
sibi non difficilem? Ubi ergo Legis observandae ista
le but et l'accomplissement d'icelle est charité: de
tam obvia facilitas, quando nullus nisi per exitiale
laquelle
de
quam
Verum
solis
se
fuerit,
omnem
praeceptis
quod
nobis
ad
nudis
a
praesentem habere non parum momenti. Nam etsi
operae
fateor
si
cela
commandemens estoit impossible à l'homme, usent
levis
intelligantur,
certe
que
causam
si
dicta
.
et
hic
loquebatur
praecipitassent,
si
non
il
prie
Dieu
remplir
le
coeur
des
praecipitium patet accessus? Proinde nihil certius est
Thessaloniciens (1 Tim. 1, 5; 1 Thess. 3, 12). En
quam
foedus
quoy il signifie que la Loy battroit noz oreilles en
Legis
exactione
vain et sans fruict, sinon que Dieu inspirast en noz
ante
versibus
Mosen
his
comprehendisse,
promulgaverat.
verbis
quod
misericordiae
una
Nam
cum
et
paucis
coeurs ce qu'elle enseigne.
docuerat, circuncidi manu Dei oportere corda nostra,
ut ipsum diligamus . Ergo hanc, de qua mox loquitur,
2.5.7.
facilitatem non in hominis virtute, sed in ope ac
praesidio
Spiritus
sancti
posuit,
qui
opus
suum
Certes si l'Escriture n'enseignoit autre chose,
sinon que la Loy est reigle de vie, à laquelle noz
potenter in nostra infirmitate peragit. Quanquam nec
oeuvres
de praeceptis simpliciter intelligendus est locus, sed
incontinent sans difficulté à leur opinion: mais puis
magis
qu'elle
de
promissionibus
comparandae
iustitiae
stabiliunt
eam
Paulus,
ut
non
conditione
nobiscum
dura
salutem
assequantur
agit
qui
facultatem
prorsus
sub
Lex
Evangelicis,
evertant.
illa
in
in
ardua
Evangelio
(nempe
mandata
ut
i'accorderoye
nobis
non
diverses utilitez d'icelle, nous devons plustost nous
reputans
arrester à ceste interpretation, qu'à nos fantasies.
impossibili
Entant qu'il appartient à, ceste question: si tost que
ii
nous
explique
diligemment
plusieurs
et
qua
la Loy nous a ordonné ce que nous avons à faire,
demum
elle enseigne quant et quant que la faculté d'obeir
sed
procede de la grace de Dieu. Pourtant elle nous
facili, expedita, et expositi accessus hoc testimonio
enseigne de la demander par prieres. Si nous n'y
confirmat.
voyons
Nihil
omnia
compassóes:
adeo
proponi,
ipsam
estre
quae
Id
et
doivent
ergo
hoc
impleverint)
testimonium
ad
vendicandam humano arbitrio libertatem.
que
simples
commandemens,
et
nulle
promesse, il nous faudroit esprouver noz forces, voir
si elles seroyent suffisantes pour cela faire: mais
puis qu'avec les commandemens sont coniointes les
promesses, lesquelles declairent non seulement que
nous avons mestier d'avoir l'aide de Dieu pour
nostre support, mais qu'en sa grace gist toute nostre
vertu, elles demonstrent assez que non seulement
nous
ne
sommes
pas
suffisans,
mais
du
tout
inhabilles à observer la Loy. Pourtant qu'on ne
s'arreste plus à ceste proportion de noz forces avec
les
commandemens
de
Dieu,
comme
s'il
eust
compassé à nostre imbecillité et petitesse la reigle
de iustice qu'il vouloit donner: mais plustost que par
les promesses nous reputions combien nous sommes
2.5.13.
Obiectari
mal prests, veu qu'en tout et par tout nous avons si
quibus
grand besoin de sa grace. Mais à qui persuadera-
suae
on, disent-ils, que Dieu ait adressé sa Loy à des
subsidio, explorare homines, et expectare quorsum
troncs ou dès pierres? Ie dy que nul ne veut
convertant sua studia: qualiter est apud Oseam,
persuader cela: car les meschans ne sont point
Vadam ad locum meum, donec ponant in corde suo,
pierres ou troncs, quand estans enseignez par la
et quaerant faciem meam . Ridiculum (aiunt) erat, si
Loy, que leurs concupiscences contrarient à Dieu, ils
consideraret
se rendent coulpables en leurs consciences propres:
ostenditur
solent
Deum
et
alii
interdum,
Dominus
an
quidam
reducto
Israel
loci
gratiae
faciem
suam
quaesiturus esset, nisi flexibiles fuissent animi, qui
ne pareillement les fideles, quand estans advertis de
utrovis suopte ingenio inclinare possent. Quasi vero
leur foiblesse, ont recours à la grace de Dieu. A
istud
Deo,
quoy appartiennent ces sentences de sainct Augustin,
speciem aspernantis ac proiicientis populum prae se
Que Dieu commande ce que nous ne pouvons faire,
ferre, donec vitam in melius emendarit.
afin que nous sachions ce que nous devons demander
tandem
non
sit
ex
in
talibus
Prophetis
de luy. Item, L'utilité des preceptes est grande, si le
volunt, populum a Deo derelictum conversionem a
Liberal-arbitre est tellement estimé, que la grace de
seipso posse meditari, tota Scriptura reclamante id
Dieu en soit plus honorée. Item, La foy impetre ce
facient: si necessariam Dei gratiam ad conversionem
que la Loy impere. Et de fait, c'est pour cela que la
fatentur, quid nobiscum litigant? At necessariam ita
Loy commande, afin que la foy impetre ce que la
concedunt
servatam
Loy a commandé. Mesme Dieu requiert la foy de
facultatem. Unde id probant? certe non ex loco illo,
nous, et ne trouve point ce qu'il requiert, sinon qu'il
neque similibus; aliud est enim secedere ab homine,
Py ait mis pour l'y trouver. Item, que Dieu donne ce
et respicere quid sibi permissus relictusque agat:
qu'il commande, et qu'il commande ce qu'ils voudra.
suam
adversarii
Sed quid
Si
ut
minis
usitatissimum
homini
elicient?
velint
aliud, vires eius aliquantulas pro modo imbecillitatis
adiuvare. Quid ergo, dicet quispiam, insinuant istae
formulae?
Respondeo,
ita
Cela apparoistra mieux en considerabit les trois
loqueretur Deus, Quandoquidem monendo, hortando,
especes de commandemens dont nous avons parlé.
increpando
populum
Le Seigneur requiert souvent, tant en Ja Loy comme
proficitur, subducam me paulisper, et eum afflictari
aux Prophetes, qu'on se convertisse à luy: mais le
tacitus sinam. Videbo an aliquando eum post longas
Prophete respond d'un autre costé: Converty-moy
calamitates capiat mei recordatio, ut quaerat faciem
Seigneur, et ie seray converty. Depuis que tu m'as
meam. Abscedere autem Dominum procul, signat
converty, i'ay fait penitence (Ioel 2, 12; Ier. 31,
prophetiam submovere. Speculari ecquid facturi sint
18), etc. Il nous commande aussi de circoncir noz
homines, significat tacitum et quasi se dissimulantem
coeurs:
afflictionibus
circoncision
nihil
perinde
apud
variis
valere
contumacem
eos
ad
acsi
2.5.8.
hunc
tempus
exercere.
mais
il
est
denonce
faite
par
de
Moyse
sa
main.
que
Il
ceste
requiert
Utrunque facit quo nos magis humiliet; citius enim
plusieurs fois des hommes nouveaa coeur: mais il
contunderemur
quam
tesmoigne que c'est luy seul qui le renouvelle (Deut.
corrigeremur, nisi Spiritu suo nos ad eam docilitatem
10, 16; 30, 6; Ezech. 36, 26). Or comme dit sainct
componeret.
nostra
Augustin, ce que Dieu promet nous ne le faisons
nos
point par nature, ne par nostre Franc-arbitre, mais
paulisper omittit (submoto scilicet verbo suo, in quo
luy le fait par sa grace. Et c'est la cinquieme reigle
praesentiam
qu'il
pervicacia
rerum
Porro
adversarum
ubi
Dominus
et
tanquam
offensus
quandam
sui
flagellis
infracta
fatigatus,
exhibere
solet)
et
noté
entre
les
reigles
de
la
doctrine
experimentum capit quid se absente facturi simus:
Chrestienne, Qu'on doit observer en l'Escriture, de
inde falso colligitur, aliquas esse liberi arbitrii vires
bien distinguer entre la Loy et les promesses, entre
quas contempletur et exploret: quando non in alium
les
id finem facit quam ut ad recognoscendam nostram
maintenant ceux qui alleguent les preceptes de Dieu
ouvdeni,an nos adigat.
pour magnifier la puissance de l'homme, et esteindre
commandemens
et
la
grace.
Que
diront
la grace de Dieu, par laquelle seule nous voyons que
les preceptes sont accomplis? La seconde maniere
des
preceptes
que
nous
avons
dit,
est
simple:
assavoir d'honnorer Dieu, servir et adherer à sa
volonté,
observer
ses
mandemens,
suyvre
sa
doctrine. Mais il y a des tesmoignages infinis, que
tout ce que nous pouvons avoir de iustice, saincteté,
pieté, pureté, est don gratuit venant de luy. Quant
2.5.14.
au troisieme genre, nous en avons exemple en
Pugnant etiam ex perpetua loquendi ratione quae
tum
in
Scripturis,
hominum
sainct
Paul
et
Barnabas,
qu'ils
faisoyent aux fideles, de perseverer en la grace de
observatur; siquidem bona opera nuncupantur nostra,
Dieu (Act. 13, 43). Mais en un autre lieu sainct
et quod sanctum placitumque Domino est, non minus
Paul
facere quam peccata perpetrare dicimur. Quod si
dit-il, fermes, mes freres, par la vertu du Seigneur.
peccata
procede
ceste
vertu:
Soyez,
Il defend d'autre part de contrister l'Esprit de Dieu,
aliquid
nobis
duquel nous sommes seellez en attendant nostre
enim
redemption (Ephes. 6, 10; 4, 30). Mais ce qu'il
consentaneum esset rationi ut ea diceremur facere
commande là, en un autre lieu il le demande par
quibus agendis proprio motu inhabiles, instar lapidum
priere au Seigneur, d'autant qu'il n'est pas en la
a
primas
faculté des hommes : suppliant le Seigneur de
secundarias
rendre les Thessaloniciens dignes de sa vocation t
tenere partes illae loquutiones indicant. Si unum illud
accomplir en eux ce qu'il avoit determiné par sa
urgeretur, bona opera nostra nuncupari, ego vicissim
bonté, et mener à fin l'oeuvre de la foy (2 Thess.
obiicerem, panem nuncupari nostrum quem nobis dari
1,
a
Corinthiens,
assignandum
Deo
demus,
Deo
et
in
eadem
moveremur.
nostram
iustitiis
ratione
Ut
ergo
tamen
poscimus.
veluti
dont
nobis
certe
imputantur,
monstre
a
profecta:
nobis
in
de
sermonibus
iure
tum
l'exhortation
erit.
Dei
operam
Quid
ex
Neque
gratiae
vel
possessionis
titulo
11).
Semblablement
traitant
en
des
la
aumosnes,
seconde
il
loue
des
par
percipient, quam Dei benignitate ac gratuito munere
plusieurs fois leur bonne volonté: mais tantost apres
nostrum fieri quod minime alias nobis debetur? Ergo
il rend graces à Dieu de ce qu'il a mis au coeur de
aut
rideant
Tite, de prendre la charge de les exhorter (2 Cor.
absurditatem: aut ne pro ridiculo habeant quod nostra
8, 11. 16). Si Tite n'a peu mesmes ouvrir la bouche
vocantur
habemus
pour inciter les autres, sinon d'autant que Dieu luy a
proprium nisi ex Dei largitate. Atqui istud aliquanto
uggeré: comment les auditeurs seront-ils induits à
est validius, quod nos ipsos Deum colere, servare
bien faire, sinon que Dieu touche leurs coeurs?
eandem
iustitiam,
bona
in
oratione
opera
obedire
in
Legi,
Dominica
quibus
bonis
nihil
operibus
studere
Scriptura saepe affirmat. Haec quum sint propria
mentis et voluntatis officia, quomodo conveniret ad
Spiritum haec referri, et simul nobis tribui, nisi
quaedam
esset
studii
nostri
cum
divina
virtute
communicatio? His tricis nullo labore nos exolvemus,
si rite modum reputemus quo in sanctis agit Spiritus
Domini. Extranea est illa similitudo qua nos invidiose
gravant; quis enim ita desipit ut hominis motionem a
iactu lapidis nihil
differre
autumet?
Neque vero
2.5.9.
Les
plus
fins
et
malicieux
cavillent
ces
n'empesche
pas,
quicquam simile consequitur ex nostra doctrina. In
tesmoignages,
naturales hominis velle, nolle: eniti, nempe approbare
comme ils disent, que nous ne conioignons noz
pource
que
cela
vanitatem, respuere solidum bonum: velle malum,
forces avec la grace de Dieu: et qu'ainbi il aide
nolle bonum: eniti ad nequitiam, resistere iustitiae.
nostre
Quid hic agit Dominus? Si eiusmodi pravitate uti vult
Prophetes, où il semble que Dieu partìsse la vertu
tanquam irae suae instrumento, dirigit ac destinat
de nostre conversion entre luy et nous: comme
quo libuerit, ut per vitiosam manum bonum suum
cestuy-cy, Convertissez- vous à moy, et ie me
opus exequatur. Scelestum igitur hominem, qui Dei
convertiray à vous (Zach. 1, 3). Nous avons cy
potentiae sic servit, dum libidini tantum suae obsequi
dessus monstré quelle aide nous avons de Dieu, et
studet, an cum saxo conferemus, quod alieno impetu
n'est ia besoin de le reiterer en cest endroit, veu
vibratum, nec motu, nec sensu, nec voluntate propria
qu'il n'est icy question que de monstrer que c'est en
fertur? Videmus quantum sit discriminis. Quid vero
vain que noz adversaires mettent en l'homme la
in bonis, de quibus praecipua est quaestio? Ubi
faculté d'accomplir la Loy, à cause que Dieu nous
regnum in illis suum erigit: voluntatem, ne vagis
commande l'obeissance d'icelle: veu qu'il appert que
libidinibus sursum deorsum raptetur, pro naturae
la grace de Dieu est necessaire pour accomplir ce
inclinatione,
in
qu'il commande, et qu'elle nous est promise à ceste
sanctitatem ac iustitiam propendeat, ad iustitiae suae
fin. Car de là il appert que pour le moins nous
regulam flectit, componit, format, dirigit: ne titubet
sommes redevables de. plus que nous ne pouvons
aut
ac
faire. Et ils ne peuvent eschapper par quelque
confirmat. Qua ratione Augustinus, Dices mihi, inquit,
tergiversation que ce soit, de ceste sentence de
ergo agimur, non agimus. Imo agis, et ageris: et
Ieremie, que l'alliance de Dieu faite avec le peuple
tunc bene agis, si a bono agaris. Spiritus Dei qui te
ancien a esté de nulle vigueur, et est decheute,
agit,
adiutoris
pource qu'elle gisoit seulement en la lettre : et
praescribit, quod et tu aliquid agas. Priore membro
qu'elle ne peut estre ferme, sinon quand l'Esprit est
admonet actionem hominis non tolli Spiritus sancti
adiousté à la doctrine pour nous y faire obeir (Ier.
motu, quia a natura est voluntas, quae regitur ut ad
31, 32). Quant est de ceste sentence, Convertissez
bonum aspiret. Quod autem mox adiungit, ex nomine
vous à moy, et ie me convertiray à vous: elle ne
auxilii posse colligi nos etiam aliquid agere, non
profite de rien pour confermer leur erreur. Car par
convenit ita accipere, quasi seorsum aliquid nobis
la conversion de Dieu, il ne faut pas entendre la
tribuat: sed ne foveat in nobis ignaviam, sic Dei
grace dont il renouvelle noz coeurs à saincte vie,
actionem cum nostra conciliat ut velle sit a natura,
mais
bene autem velle a gratia. Ideo Paulo ante dixerat,
dilection envers nous, en nous faisant prosperer:
Nisi Deus nos adiuvet, non modo vincere, sed neque
comme il est dit qu'il s'eslongne de nous quand il
pugnare poterimus.
nous afflige. Pource donc que le peuple d'Israel,
per
concidat,
Spiritum
Spiritus
agentibus
adiutor
suum
sui
est,
cohibet:
virtute
quo
stabilit
nomen
infirmité.
celle
don't
Ils
il
amenent
testifie
aucuns
son
bon
lieux
vouloir
des
et
ayant esté longuement en misere et calamité, se
compleignoit que Dieu estoit destourné de luy : il
respond que sa faveur et liberalité
ne leur defaudra
point, s'ils se retournent à droiture de vie, et à luy
mesme, qui est la reigle de toute iustice. C'est donc
depraver ce lieu que de le tirer à ceste sentence,
comme si par cela l'efficace de nostre conversion
estoit partie entre Dieu et nous. Nous avons passé
legierement ceste question, à cause qu'il la faudra
encore deduire au traité de la Loy.
2.5.10.
Le second ordre de leurs argumens ne differe pas
beaucoup du premier. Ils alleguent les promesses,
esquelles il semble que Dieu face paction avec
nostre volonté: comme sont celles qui s'ensuyvent:
Cherchez droiture, et non point malice: et vous
2.5.15.
vivrez. Item, Si vous voulez m'escouter, ie vous
Hinc apparet, gratiam Dei (ut hoc nomen sumitur
ubi
de
esse
Spiritus
voulez faire, ie vous feray perir par le glaive. Item,
moderandam
hominis
Si tu ostes tes abominations de devant ma face, tu
voluntatem. Moderari non potest quin corrigat, quin
ne seras point dechassé: si tu escoutés la voix du
reformet,
principium
Seigneur ton Dieu, pour faire et garder tous ses
regenerationis esse, ut quod nostrum est aboleatur)
preceptes, il te fera le plus excellent peuple de la
simul quin moveat, agat, impellat, ferat, teneat. Unde
terre, et autres semblables (Amos 5, 14; Is. 1, 19.
vere dicimus illius in solidum esse omnes quae inde
20; Ier. 4, 1; Deut. 28, 1; Lev. 26, 3). Ils pensent
emanant actiones. Interim non negamus verissimum
donc que Dieu se moqueroit de nous, en remettant à
esse
nostre
regulam
regeneratione
ad
dirigendam
quin
quod
est
renovet
Augustinus
sermo)
donneray affluence de bien-: mais si vous ne le
ac
(unde
docet,
dicimus
non
destrui
gratia
volonté
ces
choses,
si
elles
n'estoyent
voluntatem, sed magis reparari: quia utrunque optime
pleinement en nostre pouvoir. Et de fait, ceste
constat: ut instaurari dicatur hominis voluntas, dum
raison a grande apparence humainement. Car on peut
correcta vitiositate et perversitate ad veram iustitiae
deduire que ce seroit une cruauté à Dieu, de faire
regulam dirigitur: et simul nova in homine voluntas
semblant qu'il ne tienne qu'à nous que nous ne
dicatur creari, quia sic vitiata corruptaque est, ut
soyons en sa grace, pour recevoir tous biens de luy:
novum penitus ingenium induere necesse habeat.
et cependant que nous n'ayons nul pouvoir en cela;
Nihil iam obstat quominus rite agere dicamur quod
que ce seroit une chose ridicule, de nous presenter
agit Spiritus Dei in nobis, etiamsi nihil a seipsa
tellement ses benefices, que nous n'en puissions
conferat
gratia
avoir aucune iouyssance. Bref, on peut alleguer que
separetur. Ideoque memoria tenendum quod alibi ex
les promesses de Dieu n'ont nulle certitude, si elles
Augustino citavimus, frustra quosdam satagere ut in
dependent d'une impossibilité pour n'estre iamais
hominis voluntate quicquam boni proprium reperiant;
accomplies. Quant est de telles promesses lesquelles
quicquid enim
ont
nostra
voluntas
quod
mixturae ex
ab
eius
liberi arbitrii virtute
une
condition
impossible
afferre student homines ad Dei gratiam, nihil aliud
parlerons
ailleurs:
tellement
quam eius corruptio est: perinde ac siquis lutosa et
combien que l'accomplissement en soit impossible,
amara aqua vinum dilueret. Etsi autem quicquid in
que neantmoins il n'y a nulle absurdité. Quant est de
voluntate
la question presente, ie nie que le Seigneur soit
boni
est,
ex
mero
Spiritus
instinctu
provenit, quia tamen nobis naturaliter ingenitum est
cruel
ou
inhumain
envers
adiointe,
qu'il
nous,
nous
en
apparoistra,
quand
il
nous
velle, non abs re ea agere dicimur quorum laudem
exhorte à meriter ses graces et benefices, combien
sibi iure Deus vendicat; primum, quia nostrum est
qu'il nous cognoisse impuissans à ce faire. Car
eius benignitate quicquid operatur in nobis, modo non
comme ainsi soit que les promesses soyent offertes
a nobis esse intelligamus: deinde quia nostra est
aux fideles et aux meschans, elles ont leur utilité
mens, nostra voluntas, nostrum studium, quae ab eo
tant envers les uns que les autres. Car comme le
in bonum diriguntur.
Seigneur par ces preceptes poind et resveille les
consciences des iniques, afin qu'ils ne se flatent
point
en
leurs
pechez
par
nonchalance
de
son
iugement: ainsi aux promeáses il les fait tesmoins
combien ils Sont indignes de sa benignité. Qui
est-ce qui niera cela estre convenable, que Dieu
face bien à ceux qui l'honnorent, et qu'il se venge
2.5.16.
rigoureusement des contempteurs de sa maiesté?
Quae praeterea hinc inde testimonia corradunt,
Nostre Seigneur donc fait droitement en proposant
mediocribus etiam ingeniis non multum facessent
ceste condition aux iniques, qui sont detenuz captifs
negotii,
probe
sous le ioug de peché, que quand ils se retireront de
imbiberint. Citant ex Genesi sententiam illam, Sub te
leur mauvaise vie, il leur' envoyera tous biens: et
erit appetitus eius, et tu dominaberis illi : quam de
n'y eust-il que ceste raison, afin qu'ils entendent
peccato
promitteret
que c'est à bon droit qu'ils sont excluz des biens
Dominus, non fore in animo eius vim superiorem
deuz aux serviteurs de Dieu. D'autrepart, puis qu'il
peccati, si in eo perdomando laborare vellet. Nos
veut stimuler ses fideles en toutes sortes à implorer
autem magis congruere dicimus ordini orationis, ut
sa grace, ce ne doit pas estre chose fort estrange
de Abele accipiatur hoc dictum; illic enim iniquitatem
s'il en fait autant en ses promesses, comme nous
invidiae, quam in fratrem Cain conceperat, arguere
avons
propositum est Deo; id facit duplici ratione: quod
commandemens. Quand il nous enseigne par ses
frustra meditabatur scelus quo fratrem praecelleret
preceptes, de sa volonté, il nous admonneste de
apud
nisi
nostre misere, nous donnant à cognoistre combien
iustitiae: deinde quod nimium ingratus esset iam
nous repugnons à tout bien: ensemble il nous pousse
accepto Dei beneficio, qui ne subiectum quidem suo
à invoquer son Esprit, pour estre dirigez en droite
imperio
hanc
voye. Mais pource que nostre paresse n'est pas
interpretationem ideo videamur amplexari quod altera
assez esmeue par ces preceptes, il adiouste ses
nobis contraria sit, demus sane de peccato loquutum
promesses, par la douceur desquelles il nous induit à
fuisse Deum. Si ita est, aut promittit hoc Dominus
aimer ce qu'il nous commande. Or d'autant que nous
quod denuntiat, aut iubet. Si iubet, nullam inde
aimons plus la iustice, d'autant sommes-nous plus
probationem
iam
fervens à chercher la grace de Dieu. Voila comment,
promissionis
par ces protestations que nous avons dit, Dieu ne
complementum, quando peccato, cui dominari ipsum
nous attribue point la faculté de faire ce qu'il dit, et
oportebat,
inclusam
neantmoins ne se moque point de nostre foiblesse:
dicent tacitam conditionem, acsi diceretur victoriam
veu qu'en cela il fait le profit de ses serviteurs, et
reportaturum fuisse si certaret: sed quis recipiat
rend les iniques plus damnables.
quae
superiores
modo
interpretantur,
Deum,
apud
fratrem
quem
ferre
facultatis
demonstravimus:
Cain
si
acsi
solutiones
Cain
nullus
posset.
est
Verum
humanae
promittit,
succubuit?
honor
ubi
ne
sequi
Promissioni
istas ambages? Nam si ad peccatum refertur ista
n'agueres
monstré
qu'il
en
fait
en
ses
dominatio,
nemo
ambigat
imperativam
esse
orationem, in qua non definitur quid possimus, sed
quid vel supra potestatem debeamus. Quanquam et
res
ipsa
et
comparationem
ratio
fieri
Grammaticae
Cain
et
postulant,
Abelis:
quia
primogenitus frater minori posthabitus non fuisset
nisi proprio scelere deterior.
2.5.11.
Le troisieme ordre a quelque affinité avec les
precedens. Car ils produisent les passages esquels
Dieu reproche au peuple d'Israel qu'il n'a tenu qu'à
luy qu'il ne se soit entretenu en bon estat. Comme
quand il dit, Amalec et les Cananeens sont devant
vous, par le glaive desquels vous perirez, entant que
vous n'avez point voulu acquiescer au Seigneur.
Item, Pource que ie vous ay appelez et n'avez point
2.5.17.
respondu, ie vous destruiray comme i'ay fait Silo.
Utuntur et testimonio Apostoli, quia dicit non
Item, Ce peuple n'a point escouté la voix de son
esse volentis, nec currentis, sed miserentis Dei ; ex
Dieu, et n'a point receu sa doctrine, pourtant il a
quo eliciunt, aliquid esse in voluntate et conatu,
esté reietté. Item, A cause que vous avez endurcy
quod
vostre
per
se
licet
imbecillum,
misericordia
Dei
coeur,
et
n'avez
point
voulu
obeir
au
adiutum, prospero successu non careat. Atqui si
Seigneur, tous ces maux vous sont advenus (Nomb.
sobrie pensitarent quae illic causa tractetur a Paulo,
14,
ista sententia non adeo inconsiderate abuterentur.
disent-ils, toutes ces reproches conviendroyent-
Scio eos posse Origenem
citare
eíles à ceux qui pourroyent incontinent respondre,
illis
Nous ne demandions que prosperer, nous craignions
vicissim Augustinum opponere. Sed quid illi opinati
la calamité: ce que nous n'avons point obtempere au
sint nostra nihil refert, si constat quid voluerit
Seigneur, et n'avons point escouté sa voix pour
Paulus. Illic docet, iis demum paratam esse salutem
eviter le mal, et avoir meilleur traictement, cela
quos sua misericordia Dominus dignetur: ruinam et
s'est fait d'autant qu'il ne nous estoit pas libre, à
interitum
suae
expositionis
et Hieronymum
suffragatores:
manere
possem
Ier.
7,
13.
28;
32,
23).
Comment,
non
elegerit.
nous qui sommes detenus en captivité de peché.
Pharaonis
exemplo
C'est donc à tort que Dieu nous reproche le mal que
electionis
nous endurons : lequel il n'estoit pas en nostre
certitudinem Mosis testimonio confirmarat, Miserebor
pouvoir d'eviter. Pour respondre à cela, laissant
cuius miserebor. Concludit, non esse volentis aut
ceste couverture de necessité, laquelle est frivole et
currentis,
hunc
de nulle importance, ie demande s'ils se peuvent
voluntatem aut
excuser qu'ils n'ayent fait faute. Car s'ils sont
Reproborum
sortem
demonstraverat:
modum
sed
miserentis
quoque
Dei.
Quod
non sufficere
tantae
convenienter a Paulo dictum foret. Proinde apage
Dieu dit, qu'il a tenu à leur perversité qu'il ne les a
istas argutiolas, Non est volentis neque currentis:
entretenus en bonne fortune. Qu'ils me respondent
ergo
donc,
voluntas,
sint
in
conveincuz d'avoir failly, ce n'est pas sans cause que
aliqua
moli
si
parum
est
quia
sub
gratuitae
intelligatur,
conatum
quoscunque
et
43;
est
impares:
aliquis
cursus.
Simplicior enim est mens Pauli, Non est voluntas,
s'ils
peuvent
nier
que
la
cause
de
leur
obstination n'ait esté leur volonté perverse. S'ils
non
est
cursus
quae
salutem
trouvent la source de mal en eux, qu'est-ce qu'ils
comparant: sola est hic Domini misericordia. Non
taschent de chercher des causes d'iceluy ailleurs,
enim aliter hic loquitur quam ad Titum, ubi scribit
pour faire accroire qu'ils ne' sont point autheurs de
apparuisse Dei bonitatem et humanitatem, non ex
leur ruine? S'il est donc vray que les pecheurs par
operibus
pro
leur propre vice sont privez des benefices de Dieu,
immensa eius misericordia . Ne illi quidem ipsi qui
et reçoyvent punition de sa main, c'est à bon droit
argutantur Paulum innuisse aliquam esse voluntatem
que ces reproches leur sont obiectées par sa bouche,
et aliquem cursum, quia negaverit esse volentis aut
afin que s'ils persistent en leur mal, ils apprennent
currentis,
ratiocinari
d'accuser leur iniquité comme cause de leur misere,
concederent, aliqua nos bona opera fecisse, quia
plustost que vituperer Dieu comme trop rigoureux.
negat
Dei
S'ils ne sont point du tout endurcis, et se peuvent
bonitatem nos assequutos. Quod si vitium in hac
rendre dociles, qu'ils conçoivent desplaisir et haine
argumentatione perspiciunt, aperiant oculos, et suam
de leurs pechez, à cause desquels ils se voyent
non carere simili fallacia cernent. Firma est etiam
miserables: ainsi se reduisent en bonne voye, et
ratio illa qua nititur Augustinus, Si ideo dictum foret
confessent estre veritable ce que Dieu remonstré en
non esse volentis neque currentis quia non sufficiat
les reprenant. Car il apparoit par l'oraison de Daniel
voluntas nec cursus: posse in contrariam partem
(Dan. 9), que telles remonstrances ont profité à
retorqueri, non esse Dei misericordiae, quia neque
ceste fin envers les fideles. Quant à la premiere
sola illa ageret. Quum hoc secundum sit absurdum,
utilité, nous en voyons l'exemple aux Iuifs, ausquels
merito concludit Augustinus, ideo esse hoc dictum
Ieremie par le commandement de Dieu remonstré la
quia nulla sit hominis voluntas bona nisi praeparetur
cause de leurs miseres: combien qu'il ne peust
non
advenir que ce qui avoit esté predit de Dieu, c'est
iustitiae
mihi
Paulus,
quin
quae
ad
ex
velle
nobis
fecimus
eandem
operibus
debeamus
viam
ad
nos,
formam
quae
et
sed
fecerimus,
currere:
sed
quia
utrunque Deus efficit in nobis. Non minus inscite
assavoir
torquetur a quibusdam illud Pauli, Dei cooperarii
Pescouteroyent point: qu'il les appelleroit, et ne luy
sumus, quod ad solos ministros restringi minime
respondroyent point (Ier. 7, 27). Mais quel propos,
dubium est: cooperarios autem vocari non qui ex se
dira quelcun, y a-il de parler aux sourds? c'est afin
quicquam afferant, sed quoniam eorum opera utitur
que maugré qu'ils en ayent ils entendent ce qu'on
Deus
leur
postquam
necessariis dotibus.
idoneos
reddidit
instruxitque
qu'il
dit
abominable
estre
leur
diroit
vray,
d'imputer à
que
ces
parolles,
c'est
et
ne
un
sacrilege
Dieu la cause
de leurs
calamitez, laquelle reside en eux. Par ces trois
solutions un chacun se pourra facilement depescher
de tesmoignages infinis qu'assemblent les ennemis
de la grace de Dieu, tant des preceptes que des
promesses legales, et des reproches que fait Dieu
aux pecheurs, voulans establir un liberal arbitre en
l'homme, lequel ne s'y peut trouver. Le Pseaume
recite, pour faire honte aux Iuifs, qu'ils sont une
nation perverse, laquelle ne renge point son coeur
(Ps. 78, 8). En un autre passage le Prophete
exhorte les hommes de son temps, de ne point
endurcir leurs coeurs (Ps. 95, 8). Dont cela est bien
dit, voire d'autant que toute la coulpe de rebellion
gist
en
la
perversité
des
hommes.
Mais
c'est
sottement arguer, de dire que le coeur de l'homme,
2.5.18.
lequel est preparé de Dieu, se plié de soy-mesme
Ecclesiasticum
dubiae
çà et là. Le Prophete dit derechef, I'ay encliné ou
authoritatis scriptorem esse non ignoratur. At enim
adonné mon coeur à garder tes commandemens (Ps.
ut a nobis non repudietur (quod facere tamen iure
119, 112): voire d'autant qu'il s'estoit adonné à Dieu
nostro nobis) quid ille testatur pro libero arbitrio?
d'un courage franc et alaigre: mais si ne se vante-il
Dicit, hominem statim atque creatus fuit, relictum
point d'estre autheur d'une telle affection, laquelle au
esse in manu consilii sui: data illi esse praecepta,
mesme Pseaume il confesse estre don de Dieu. Nous
quae si servaret, ab illis vicissim servaretur: ante
avons donc à retenir l'advertissement de sainct Paul:
hominem positam esse vitam et mortem, bonum et
c'est qu'il commande aux fideles de faire leur salut
malum: quodcunque voluerit, ei datum iri . Esto
avec crainte et tremblement, d'autant que c'est Dieu
acceperit
facultatem
qui fait en eux et le vouloir et le parfaire (Phil. 2,
adipiscendae vitae aut mortis: quid si ex adverso
12). Il leur assigne bien l'office de mettre la main à
respondeamus
est
l'oeuvre, à ce qu'ils ne se plaisent point en leur
contradicere Solomoni qui asserit hominem rectum ab
nonchalance : mais en adioustant que ce soit avec
initio creatum esse, ipsum sibi ascivisse multas
crainte et solicitude, il les humilié, et leur reduit en
adinventiones : verum quia homo degenerando, et sui
memoire que ce qu'il leur commande de faire est
et
quicquid
l'oeuvre propre de Dieu. Et par ce moyen il exprime
primae creationi tribuitur, non protinus sequitur in
que les fideles besongnent passivement, s'il est licite
vitiatam ac degenerem naturam competere. Ergo non
d'ainsi parler: c'est qu'ils s'esvertuent d'autant qu'ils
illis modo, sed ipsi quoque ecclesiastico (quicunque
sont poussez, et que la faculté leur est donnée du
tandem sit) respondeo. Si hominem vis instituere ut
ciel.
apud seipsum acquirendae salutis facultatem quaerat,
d'adiouster vertu en foy (2 Pierre 1, 5), ne nous
tanti non est nobis tua authoritas ut vel minimi
attribue point une portion de faire comme à part et
praeiudicii adversus indubitatum Dei verbum vicem
de nous-mesmes rien qui soit, mais seulement il
obtineat: sin malignitatem carnis duntaxat coercere
resveille la paresse de nostre chair, par laquelle
studes, quae sua mala in Deum transferendo, vanam
souvent la foy est estouffée. A quoy respond le dire
defensionem
respondes
de sainct Paul, N'esteingnez point l'Esprit (1 Thess.
rectitudinem homini inditam fuisse quo ipsum exitii
5, 19). Car la- paresse s'insinue continuellement
sibi causam esse appareat, libenter assentio: modo
pour nous desbaucher, si elle n'est cor-rigée. Si
mihi rursum tecum hoc conveniat, iis ornamentis
quelcun encore replique, qu'il est donc au pouvoir
quibus eum Dominus initio induerat, nunc sua culpa
des fideles de nourrir la clarté qui leur est donnée,
esse spoliatum: atque ita pariter fateamur medico
cela peut estre aisément rebouté: pource que ceste
nunc opus esse, non patrono.
diligence que sainct Paul requiert ne vient d'ailleurs
homo
bonorum
producunt,
a
sua
perdidisse?
omnium
captare
quem
creatione
Certe
naufragium
solet:
animus
fecit,
ideoque
non
que
Parquoy
de
Dieu.
sainct
Car
Pierre,
aussi
il
en
nous
nons
est
exhortant
souvent
commandé de nous purger de toutes souillures (2
Cor. 7, 1): toutesfois le sainct Esprit se reserve
ceste louange de nous consacrer en pureté. Bref, il
appert assez par les mots de sainct Iean, que ce qui
appartient à Dien seul nous est donné par forme
d'ottroy: Quiconque, dit-il, est de Dieu, se garde (1
Iean
2.5.19.
5,
18).
Les
prescheurs
du
franc-arbitre
prennent ce mot à la voilee, comme si nous estions
Nihil
tamen
quam
sauvez partie de la vertu de Dieu, partie de la
semivivum
nostre: comme si se garder et maintenir ne venoit
latrones in via proiecerunt . Sub viatoris huius typo,
point du ciel. Dont Iesus Christ prie le Pere qu'il
calamitatem
scio
nous garde du mal, ou du malin (Iean 17, 15). Et
vulgatissimum esse omnibus pene scriptoribus. Inde
nous savons que les fideles en bataillant contre
argumentum sumunt nostri adversarii, non ita peccati
Satan ne sont victorieux par autres armes, que
ac diaboli latrocinio mutilatum esse hominem quin
celles dont Dieu les fournit. Parquoy sainct Pierre
superstites
ayant commandé de purifier les ames en l'obeissance
parabolam
frequentius
Christi
de
in
viatore,
repraesentari
retineat
ore
quem
generis
bonorum
habent
humani,
priorum
reliquias:
quandoquidem dicitur relictus esse semivivus. Ubi
de
enim est illud vitae dimidium nisi rectae et rationis
correction, En vertu de l'Esprit (1 Pierre 1, 22).
et voluntatis portio aliqua maneret? Primum, si nolim
Pour conclurre, sainct Iean monstre en bref comment
locum dare ipsorum allegoriae, quid obsecro facturi
toutes forces humaines ne sont que vent ou fumée
sunt?
Domini
au combat spirituel, en disant que ceux qui sont
sensum, a patribus excogitatum fuisse nihil dubium
engendrez de Dieu ne peuvent pecher, d'autant que
est. Allegoriae ultra procedere non debent quam
la semence de Dieu demeure en eux (1 Iean 3, 9).
praeeuntem habent Scripturae regulam: tantum abest
Et adiouste en l'autre passage la raison: c'est que
ut fundandis ullis dogmatis per se sufficiant. Neque
nostre foy est la victoire pour vaincre le monde (1
desunt rationes quibus possim, si lubeat, totum hoc
Iean 5, 4).
nam
praeter
germanum
orationis
commentum convellere: neque enim dimidiam homini
vitam relinquit Dei verbum, sed penitus interiisse
docet
quantum
ad
beatae
vitae
rationem.
Non
semivivos dicit sanatos Paulus, dum loquitur de
nostra
redemptione:
sed
quum
mortui
essemus,
suscitatos ; non semivivos inclamat ad recipiendam
Christi illuminationem, sed dormientes et sepultos :
nec secus Dominus ipse, dum horam venisse ait qua
mortui ad vocem suam resurgant . Qua fronte levem
allusionem tot claris sententiis opponerent? Valeat
tamen
allegoria
haec
pro
certo
testimonio:
quid
tamen a nobis extorquebunt? Semivivus est homo:
habet igitur aliquid salvum: nempe habet mentem
intelligentiae
capacem,
spiritualemque
nonnullum
etiamsi
sapientiam
honestatis
non
iudicium:
ad
caelestem
penetret:
habet
habet
aliquem
divinitatis sensum, utcunque veram Dei rationem non
assequatur.
Sed
quo
ista
recidunt?
certe
non
efficiunt ut nobis illud Augustini, communibus etiam
verité,
adiouste
incontinent
par
maniere
de
scholarum suffragiis approbatum, adimatur, Adempta
2.5.12.
esse homini post lapsum gratuita bona unde salus
Ils alleguent toutesfois un tesmoignage de la Loy
dependet: naturalia vero corrupta pollutaque esse.
de Moyse, qui semble advis fort repugner à nostre
Stet ergo nobis indubia ista veritas, quae nullis
solution. Car apres avoir publié la Loy, il protesta
machinamentis quatefieri potest, Mentem hominis sic
devant le peuple ce qui s'ensuit, Le commandement
alienatam prorsus a Dei iustitia, ut nihil non impium,
que ie te baille auiourd'huy, n'est point caché, et
contortum, foedum, impurum, flagitiosum concipiat,
n'est pas loin de toy, n'eslevé par dessus le ciel:
concupiscat, moliatur: cor peccati veneno ita penitus
mais il est pres de toy, en ta bouche et en ton
delibutum, ut nihil quam corruptum foetorem efflare
coeur, à ce que tu le faces (Deut. 30, 11-14). Si
queat. Quod si quippiam interdum boni in speciem
cela
ostentant, mentem tamen semper hypocrisi et fallaci
confesse que nous aurions grande difficulté à y
obliquitate involutam, animum interiori perversitate
respondre. Car combien qu'on pourroit alleguer que
illigatum manere.
cela
estoit
dit
est
des
dit
de
simples
la
commandemens,
facilité
d'entendre
ie
les
commandemens, es non pas de les faire: neantmoins
encore y auroit il quelque scrupule. Mais nous avons
un bon expositeur, qui nous en oste toute doute:
c'est sainct Paul, lequel afferme que Moyse a icy
parlé de la doctrine de l'Evangile (Rom. 10, 8). S'il
y avoit quelque opiniastre qui repliquast que sainct
Paul a destourné ce passage de son sens naturel,
pour le tirer à l'Evangile: combien qu'on ne devroit
2.6.
Homini
perdito
quaerendam
in
Christo
redemptionem esse.
nous
2.6.1.
Quum in Adae persona perierit totum humanum
genus,
nobis
point souffrir une si meschante parole, toutesfois
preceptes,
il
confiance.
Car
si
Moyse
decevoit
de
seulement
des
parloit
le
peuple
qu'eussent-ils
peu
d'une
faire
vaine
que
se
propre vertu, comme facile? Où estce que sera ceste
magis cedat in maiorem ignominiam, donec in Filii
facilité, veu que nostre nature succombe en cest
sui unigeniti persona Redemptor appareat Deus, qui
endroit, et n'y a celuy qui ne trebusche, voulant
homines peccato foedatos et corruptos pro suo opere
marcher? C'est donc chose trescertaine que Moyse
non agnoscit. Ergo postquam excidimus a vita in
par ces parolles a comprins l'alliance de misericorde,
mortem, inutilis esset tota illa Dei creatoris, de qua
qu'il avoit publiée avec la Loy. Car mesmes un peu
disseruimus, cognitio nisi succederet etiam fides,
au paravant il avoit tesmoigné qu'il faut que noz
Deum
Erat
coeurs soyent circoncis de Dieu, à ce que nous
quidem hic genuinus ordo ut mundi fabrica nobis
l'aimions (Deut. 30, 8). Parquoy il ne met point
schola
ad
ceste facilité dont il parle, en la vertu de l'homme:
fieret
mais en l'aide et secours du sainct Esprit, lequel fait
esset
aeternam
ad
vitam
pietatem
et
nobis
proponens.
discendam:
perfectam
illa
Car
l'exposition
memoravimus originis praestantia et nobilitas, ut
Patrem
prodesset
l'Apostre.
defendre
ruiner, s'ils eussent voulu observer la Loy de leur
Christo
nihil
dequoy
quam
in
adeo
avons
unde
foelicitatem
transitus; sed post defectionem quocunque vertamus
puissamment
oculos, sursum et deorsum occurrit Dei maledictio,
Combien qu'il ne faut pas encore entendre ce lieu
quae dum innoxias creaturas culpa nostra occupat et
simplement
son
des
oeuvre
preceptes,
en
nostre
mais
infirmité.
plustost
des
involvit, desperatione animas nostras obruat necesse
promesses Evangeliques, lesquelles tant s'en faut
est. Etsi enim multis adhuc modis paternum erga nos
qu'elles
favorem extare vult Deus, ex mundi tamen conspectu
iustice, que plustost elles monstrent que nous n'en
patrem
avons du tout point. Sainct Paul reputant cela,
colligere
conscientia,
non
licet,
ostenditque
ubi
nos
iustam
intus
in
urget
peccato
assavoir
mettent
que
le
en
nous
salut
le
nous
pouvoir
est
d'acquerir
presenté
en
abdicationis causam esse, ne pro filiis nos censeat
l'Evangile, non pas sous ceste condition tant dure et
Deus vel reputet. Accedit et socordia et ingratitudo:
difficile, et mesme du tout impossible, don't use la
quia nec mentes nostrae, ut sunt excaecatae, quid
Loy, c'est assavoir si nous accomplissons tous les
verum sit cernunt: et, ut pravi sunt omnes sensus
commandemens: mais sous condition facile et aisée:
nostri, Deum maligne sua gloria fraudamus. Itaque
applique
veniendum ad illud Pauli, Quoniam in sapientia Dei
combien
non cognovit mundus per sapientiam Deum, placuit
liberalement
Deo
tesmoignage ne sert de rien pour establir une liberté
per
stultitiam
praedicationis
salvos
facere
credentes. Sapientiam Dei appellat magnificum hoc
theatrum
caeli
refertum,
ex
cognoscere
et
cuius
decebat:
terrae,
innumeris
intuitu
sed
quia
la
present
tesmoignage
misericorde
mise
entre
de
les
pour
Dieu
mains.
confermer
nous
est
Pourtant
ce
en la volonté de l'homme.
miraculis
sapienter
tam
le
male
Deum
illic
profecimus, revocat nos ad fidem Christi, quae ob
stultitiae speciem incredulis fastidio est. Quanquam
ergo
humano
ingenio
non
respondet
praedicatio
crucis, humiliter tamen eam amplecti oportet, si ad
Deum opificem nostrum et fictorem, a quo sumus
alienati, redire cupimus, ut nobis iterum pater esse
incipiat. Certe post lapsum primi hominis nulla ad
salutem valuit Dei cognitio absque Mediatore: quia
non de sua tantum aetate loquitur Christus, sed
omnia secula comprehendit, quum dicit hanc esse
vitam aeternam, cognoscere Patrem verum unum
2.5.13.
Ils
ont
coustume
d'obietter
aucuns
autres
Deum, et quem ille misit Iesum Christum . Quo
passages, ausquels il est monstré que Dieu retire
foedior est eorum socordia, qui caelum profanis et
quelque fois sa grace des hommes, pour considerer
incredulis quibuslibet patefaciunt, absque eius gratia
de quel costé ils se tourneront: comme quand il est
quem Scriptura passim docet unicam esse ianuam
dit en Osée, Ie me retireray à part, iusques à tant
qua in salutem ingredimur. Quod siquis ad Evangelii
qu'ils deliberent en leurs coeurs de me suyvre
promulgationem illud Christi dictum restringere velit,
(Osée 5, J 5). Ce seroit, disent-ils, une chose
in promptu refutatio est, quia omnibus et seculis et
ridicule, que le Seigneur considerast à savoir si Jes
Gentibus communis fuit ratio illa, non posse absque
hommes suyvront sa voye: n'estoit que leurs coeurs
reconciliatione placere Deo, qui alienati sunt ab eo,
fussent capables (l'encliner à l'un ou à l'autre, par
et maledicti pronuntiantur ac filii irae. Huc adde
leur propre vertu. Comme si cela n'estoit point
quod respondit Christus mulieri Samaritanae, Vos
accoustumé à Dieu, de dire par ses Prophetes qu'il
adoratis quod nescitis: nos autem adoramus quod
reiettera son peuple et l'abandonner, iusques à ce
scimus: quia salus ex Iudaeis est . Quibus verbis et
qu'il s'amende. Et de fait, regardons qu'ils veulent
quaslibet Gentium religiones falsitatis damnat, et
inferer de cela. Car s'ils disent que le peuple estant
rationem assignat, quia soli electo populo fuerit
delaissé de Dieu, peut de soy mesme se convertir,
promissus redemptor sub Lege; unde sequitur, nullum
toute l'Escriture leur contredit. S'ils confessent que
unquam Deo cultum placuisse nisi qui in Christum
la grace de Dieu soit necessaire à la conversion de
respiceret. Unde etiam affirmat Paulus Gentes omnes
l'homme, ces passages ne leur servent de rien pour
absque Deo fuisse, et spe vitae orbatas . Iam quum
batailler
doceat Iohannes, vitam ab initio fuisse in Christo ,
confessent tellement necessaire, que cependant la
et ab ea excidisse totum mundum, ad fontem illum
vertu de l'homme y peut quelque chose. D'où est-ce
redire necesse est; atque ideo Christus, quatenus est
qu'ils le prennent? Certes ce n'est point de ce lieu,
propitiator, se vitam esse asserit. Et sane non ad
ne de semblables: car ce sont deux choses bien
alios quam Dei filios pertinet caelorum haereditas.
diverses, que Dïeu eslongné sa grace de l'homme
Filiorum
minime
pour considerer ce qu'il fera estant delaissé: et qu'il
consentaneum est qui non insiti sunt in corpus
subvienne à son infirmité, pour confermer ses forces
unigeniti Filii. Et clare testatur Iohannes, qui credunt
debiles. Mais ils demanderont, Que signifient donc
in eius nomen, filios Dei fieri . Sed quia de fide in
telles formes de parler? Ie respon qu'elles vallent
Christum
autant comme si Dieu disoit, Puis que ie ne profite
autem
ex
loco
et
professo
ordine
censeri
disserere
mihi
nondum
propositum est, in transcursu attigisse satis fuerit.
contre
nous.
Mais
ils
diront
qu'ils
la
de rien envers ce peuple rebelle, ne par admonitions,
ne par exhortations, ne par reprehensions, ie me
retireray pour un peu, et en me taisant souffriray
qu'il soit affligé: ainsi ie verray si par longue
calamité il se souviendra de moy, pour me cercher.
Qr quand il est dit que Dieu se reculera, c'est à dire
qu'il retirera
considerera
sa parolle. Quand il est dit qu'il
ce
que
feront
les
hommes
en
son
absence: c'est à dire, que sans se manifester il les
affligera pour quelque temps. Il fait l'un et l'autre
pour
nous
plus
humilier.
Car
il
nous
romproit
plustost cent mille fois par ses chastiemens et
punitions, qu'il ne nous corrigeroit, sinon qu'il nous
rendist dociles par son Esprit. Puis qu'ainsi est,
c'est mal infere de dire que l'homme ait quelque
vertu de se convertir à Dieu, entant qu'il est dit que
2.6.2.
Ac
Dieu estant offensé de nostre dureté et obstination,
proinde
veteri
populo
nunquam
se
Deus
retire
sa
parolle
de
nous
(en
laquelle
il
nous
ostendit propitium, nec spem gratiae unquam fecit
communique sa presence) et considere ce que nous
absque Mediatore. Omitto sacrificia Legis, quibus
pourrons faire de nous. Car il ne fait tout cela,
palam et aperte edocti fuerunt fideles, non alibi
sinon pour nous donner à cognoistre que nous ne
quam in expiatione quae a solo Christo peracta est,
sommes et ne pouvons rien de nous-mesmes.
quaerendam salutem esse. Hoc tantum dico, beatum
et
foelicem
persona
Ecclesiae
fuisse
statum
fundatum.
Nam
semper
in
Christi
etsi
Deus
totam
Abrahae sobolem in foedere suo complexus est,
prudenter tamen ratiocinatur Paulus, Christum proprie
esse semen illud in quo benedicendae erant omnes
Gentes : quando scimus non omnes qui secundum
carnem
ex
eo
geniti
sunt,
reputatos
fuisse
in
2.5.14.
Ils
prennent
aussi
argument
de
la
maniere
semine. Nam ut de Ismaele et aliis taceam, qui
commune de parler dont non seulement usent les
factum est ut ex duobus filiis Isaac, nempe Esau et
hommes, mais aussi l'Escriture: c'est que les bonnes
Iacob fratribus geminis, quum adhuc in utero matris
oeuvres sont appelees nostres, et qu'il est dit que
coniuncti essent, uno electo alter repudiaretur? Imo
nous faisons le bien comme le mal. Or si les pechez
qui factum est ut primogenito reiecto, minor natu
nous sont imputez à bon droit, comme venans de
solus gradum tenuerit? Unde etiam contigit ut maior
nous, par mesme raison les bonnes oeuvres nous
pars abdicaretur? Patet igitur in uno praecipue capite
doivent estre attribuées. Car ce ne seroit point parlé
censeri
promissam
par raison, de dire que nous faisons les choses
constare donec ad Christum ventum fuerit, cuius
ausquelles Dieu nous meut comme pierres, entant
officium est quae dissipata erant colligere. Prima
que nous ne les pouvons faire de nostre propre
itaque
mouvement. Pourtant ils concluent que combien que
Abrahae
electi
pendebat.
semen:
populi
Quod
etsi
nec
adoptio
a
gratia
la grace de Dieu ait la principale vertu, neantmoins
exprimitur apud Mosen, vulgo tamen piis omnibus
telles locutions signifient que nous avons quelque
fuisse notum satis apparet. Nam antequam Rex in
vertu naturelle à bien faire. S'il n'y avoit que la
populo creatus esset, iam Hanna Samuelis mater de
premiere obiection, assavoir que les bonnes oeuvres
piorum
sic
sont appellées Nostres: ie respondroye d'autre costé,
loquitur, Dabit robur Regi suo Deus, et exaltabit
que nous appellons le pain quotidien Nostre, lequel
cornu Messiae sui . Quibus verbis intelligit Deum
nous
Ecclesiae suae benedicturum. Cui etiam respondet
Qu'est-ce donc qu'on pourra pretendre de ce mot,
oraculum
Ambulabit
sinon que ce qui ne nous estoit nullement deu est
Sacerdos quem constituam coram Christo meo. Nec
fait nostre par la liberalité infinie de Dieu? Il
vero dubium est quin caelestis Pater in Davide
faudroit donc qu'il reprinssent nostre Seigneur en
eiusque
Christi
ceste forme de parler, ou qu'ils n'estimassent point
imaginem. Ideo pios ad Dei timorem hortari volens,
chose fort estrange que les bonnes oeuvres soyent
iubet osculari Filium : cui scilicet haec Evangelii
appellées Nostres, esquelles nous n'avons rien, sinon
sententia respondet, qui non honorat Filium, non
par la largesse de Dieu. Mais la seconde obiection
honorat
est un peu plus forte: c'est assavoir, que l'Escriture
quod
posteris
Patrem.
adeo
Mediatoris
verbis
foelicitate
non
salutem
disserens,
Paulo
post
conspici
Itaque
in
claris
suo
cantico
subiicitur,
voluerit
licet
vivam
decem
tribuum
demandons
nous
estre
donné
de
Dieu.
defectione collapsum fuerit regnum, foedus tamen
afferme
quod pepigerat Deus in Davide et eius successoribus,
gardent sa iustice, obeissent à sa Loy, et appliquent
stare oportuit, sicut et per Prophetas loquutus est,
leur estude à bien faire. Comme ainsi soit que cela
Non scindam prorsus regnum propter David servum
soit le propre office de l'entendement et volonté
meum et propter Ierusalem sed filio tuo restabit
humaine,
tribus una; ubi secundo et tertio idem repetitur . ubi
attribué semblablement à l'Esprit de Dieu et à nous,
secundo et tertio idem repetitur . Diserte etiam
s'il n'y avoit quelque conionction de nostre puissance
adscribitur, Affligam semen Davidis: sed non cunctis
avec la grace de Dieu? Il nous sera facile de nous
diebus. Aliquo postea temporis intervallo dictum est,
depestrer de tous ces argumens, si nous reputons
souvent
comment
que
les
fideles
conviendroit-il
servent
que
cela
Dieu,
fust
Propter David servum suum dedit lucernam Deus in
droitement
Ierusalem, ut suscitaret ei filium, et salvam tueretur
besongne
Ierusalem . Iam quum res ad interitum vergerent,
similitude dont ils nous veulent grever, ne vient
rursus dictum fuit, Noluit Deus dispergere Iehudah
point icy à propos. Car qui est celuy si insensé, qui
propter David servum suum, quia loquutus erat ut
estime l'homme estre poussé de Dieu, comme nous
daret ei lucernam et filiis eius in perpetuum . Huc
iettons une pierre? Certes cela ne s'ensuit point de
redit
summa,
nostre doctrine. Nous disons que c'est une faculté
unum
fuisse
praeteritis
electum,
omnibus
in
quo
aliis,
Davidem
beneplacitum
Dei
en
en
quelle
ses
maniere
c'est
serviteurs.
que
Dieu
Premierement,
la
naturelle de l'homme, d'approuver, reietter, vouloir,
resideret: sicuti dicitur alibi, Repulit tabernaculum
ne
Silo, et tabernaculum Ioseph, et tribum Ephraim non
d'approuver vanité, reietter le vray bien, vouloir le
elegit : sed elegit tribum Iehudah, montem Sion
mal, ne vouloir point le bien, s'efforcer à peché,
quem dilexit: Elegit servum suum David, ut pasceret
resister à droiture. Qu'estce que fait le Seigneur en
Iacob
Israel.
cela? S'il veut user de la perversité de l'homme,
Denique sic Ecclesiam suam servare voluit Deus, ut
comme d'un instrument de son ire, il la tourne et
eius incolumitas et salus a capite illo penderet.
dresse où bon
Ideoque exclamat David, Iehovah fortitudo populi sui,
oeuvres iustes et bonnes, par mauvaise main. Quand
robur salutum Christi sui . Et mox precationem
nous verrons donc un meschant homme ainsi servir à
addit, Serva populum tuum, et benedic haereditati
Dieu, quand il veut complaire à sa meschanceté, le
tuae: significans Ecclesiae statum individuo nexu
ferons-nous semblable à une pierre, laquelle est
cum Christi imperio coniunctum esse. Eodem sensu
agitée par une impetuosité de dehors, sans aucun
alibi, Serva Iehovah, Rex exaudiat nos quo die
sien mouvement, ne sentiment, ne volonté? Nous
invocabimus . Quibus verbis aperte docet, fideles non
voyons combien il y a de distance. Que dirons-nous
alia
populum
fiducia
suum,
haereditatem
semble,
afin
assavoir
d'executer
ses
ex
alio
question? Quand le Seigneur veut dresser en eux
Psalmo colligitur, Serva Iehovah, benedictus qui venit
son regne, il refrené et modere leur volonté à ce
in nomine Iehovae : ubi satis constat revocari ad
qu'elle
Christum
fore
desordonnée,
tota
autrement porte. D'autrepart, il la fleschit, forme,
Ecclesia Dei misericordiam implorat, Sit manus tua
dirige, et conduit à la reigle de sa iustice, afin de
super virum dexterae tuae, super filium hominis
luy faire appeter saincteté et innocence. Finalement
quem conservasti (vel aptasti) tibi . Nam etsi populi
il la conferme et fortifie par la vertu de son Esprit,
totius dissipationem deplorat author Psalmi, tamen
à ce qu'elle ne vacille ou dechée. Suyvant laquelle
instaurationem flagitat in solo capite. Ubi autem
raison sainct Augustin respond à telles gens, Tu me
populo in exilium abducto, vastata terra, et rebus in
diras, Nous sommes donc menez d'ailleurs, et ne
speciem perditis, Ecclesiae cladem luget Ieremias,
faisons rien par nostre conduite. Tous les deux sont
praecipue regni interitu spem fidelibus praecisam
vrays, que tu es mené, et que tu te meines: et lors
esse queritur. Christus, inquit, spiritus oris nostri
tu te conduis bien, si tu te conduis par celuy qui est
captus est in peccatis nostris, cui diximus, In umbra
bon. L'esprit de Dieu qui besongne en toy, est celuy
tua vivemus inter Gentes . Hinc iam satis liquet,
qui aide ceux qui besongnent. Ce nom d'Adiuteur
quia non potest Deus propitius humano generi esse
monstre que toy aussi fais quelque chose. Voila ses
absque
mots.
sperent.
fideles,
Eodem
ut
opem,
luy
resister:
des
Regis
Dei
s'efforcer,
quia
sub
ad
vouloir,
nisi
delitescebant
confugisse
suam
point
praesidio,
quod
se
Dei
manu
respicit
alia
precatio,
Mediatore,
sanctis
Patribus
salvos
ubi
sub
Lege
bons,
desquels
ne
Or
soit
au
il
point
selon
que
premier
est
ravie
son
principalement
par
concupiscence
inclination
membre
il
icy
naturelle
signifie
que
Christum semper fuisse obiectum, ad quem fidem
l'operation de l'homme n'est point ostée par la
suam dirigerent.
conduite et mouvement du sainct Esprit, pource que
la volonté qui est duite pour aspirer au bien, est de
nature. Quant à ce qu'il adiouste, que par le mot
d'Aide on peut recueillir que nous faisons aussi
quelque chose: il ne le faut point tellement prendre,
comme
s'il
nous
attribuoit
ie
ne
say
quoy
separément et sans la grace de Dieu: mais afin de
ne
point
flatter
nostre
nonchalance,
il
accorde
tellement l'operation de Dieu avec la nostre, que le
vouloir soit de nature: vouloir bien, soit de grace.
Pourtant il avoit dit un peu auparavant, Sans que
Dieu nous aide non seulement nous ne pourrons
vaincre, mais non pas mesmes combatre.
2.5.15.
Par cela il apparoit que la grace de Dieu, selon
que ce nom est prins
quand on
traitte de la
regeneration, est comme une conduite et bride de
son Esprit pour dresser et moderer la volonté de
2.6.3.
l'homme. Or il ne la peut moderer, sans la corriger,
Porro
ubi
rebus
promittitur,
reformer et renouveller. Pour laquelle cause nous
maxime ubi describitur Ecclesiae liberatio, fiduciae
disons que le commencement de nostre regeneration
et spei vexillum in Christo ipso praefigitur, Egressus
est, que ce qui est de nous soit aboly. Pareillement
est Deus in salutem populi sui cum Messiah suo,
il ne la peut corriger sans la mouvoir, pousser,
inquit
conduire et entretenir. Pourtant nous disons, que
Habacuc
Ecclesiae
afflictis
.
mentio
Et
fit
solatium
quoties
instauratione
populum
toutes les bonnes actions qui en procedent, sont
revocant ad promissionem Davidi factam de regni
entierement de luy. Cependant nous ne nions pas
perpetuitate. Nec mirum, quia nulla fuisset alioqui
estre tresveritable ce que dit sainct Augustin, que
foederis
nostre volonté n'est pas destruite par la grace de
stabilitas.
apud
de
Quo
Prophetas,
pertinet
insigne
illud
responsum Iesaiae. Quum enim videret ab incredulo
Dieu,
rege Achaz repudiari quod de solvenda obsidione
tresbien avec l'autre, de dire que la volonté de
Hierosolymae et praesenti salute testatus fuerat,
l'homme est reparée, quand apres avoir corrigé la
quasi ex abrupto transit ad Messiam, Ecce virgo
perversité d'icelle, elle est dirigée à la reigle de
concipiet
iustice: et de dire qu'en ce faisant il y a une
ac
pariet
filium
,
oblique
significans
mais
plustost
reparée.
Car
l'un
convient
quanvis
oblatam
Rex
et
sibi
populus
sua
pravitate
promissionem,
volonté naturelle est si corrompue et pervertie, qu'il
incumberent ad labefactandam Dei fidem, non fore
faut qu'elle soit du tout renouvellée. Maintenant il
tamen
veniret
n'y a rien qui empesche qu'on ne puisse dire, que
Redemptor. Denique Prophetis omnibus curae fuit, ut
nous faisons les oeuvres lesquelles l'Esprit de Dieu
Deum placabilem ostenderent, semper in medium
fait en nous, encores que nostre volonté n'apporte
proferre
et
rien du sien, et qui puisse estre separé de la grace.
redemptio et aeterna salus. Sic Iesaias, Statuam
Pourtant qu'il nous souvienne de ce que nous avons
vobiscum foedus, misericordias Davidis fideles; ecce
cy dessus allegué de sainct Augustin: c'est que
testem dedi eum populis . Nempe quia in rebus
plusieurs travaillent en vain pour trouver en la
perditis non aliter sperare poterant fideles, nisi teste
volonté de l'homme quelque bien qui luy soit propre:
illo interposito, Deum sibi fore exorabilem. Eodem
pource que tout meslinge que les hommes pensent
modo Ieremias ut desperatos erigat, Ecce (inquit)
adiouster
dies veniunt quibus suscitabo Davidi germen iustum,
franc-arbitre, n'est qu'autant de corruption: comme
et tunc servabitur Iuda, et Israel tuto habitabit .
si quelcun destrempoit du bon vin d'eau boueuse et
Ezechiel autem, Suscitabo super oves meas pastorem
amere. Or combien que toutes bonnes affections
unum, nempe Davidem servum meum. Ego Iehova
procedent
illis in Deum ero, et servus meus David in pastorem:
toutesfois pource que le vouloir est naturellement
et percutiam cum iis foedus pacis . Item alibi,
planté en l'homme, ce n'est pas sans cause qu'il est
postquam de incredibili renovatione disseruit, servus
dit que nous faisons les choses desquelles Dieu à
(inquit) meus David erit Rex eorum, et erit pastor
bon
unus
aeternum
d'autant que tout ce que Dieu fait en nous, il veut
percutiam cum ipsis . Pauca ex multis delibo, quia
qu'il soit nostre, moyennant que nous entendions
tantum
omnium
qu'il n'est point de nous: puis aussi, d'autant que
piorum non alibi unquam fuisse repositam quam in
nous avons de nostre nature l'entendement, volonté
Christo. Succinunt etiam alii omnes Prophetae, sicuti
et poursuite, lesquelles il dirige en bien, pour en
apud Oseam dicitur, Congregabuntur filii Iuda et filii
faire sortir quelque chose de bon.
foedus
illud
super
quin
Davidis
omnes,
lectores
suo
regnum
et
volo
data
nouvelle volonté creée en l'homme, veu que la
opera
irritum
acsi
reiicerent
tempore
unde
foedus
pendebat
pacis
admonitos,
spem
droit
à
la
du
se
grace
pur
de
Dieu
mouvement
reserve
la
pour
du
louange.
eslever
sainct
le
Esprit,
Premierement,
Israel pariter, et ponent sibi caput unum ; uod
postea clarius explicat, Revertentur filii Israel, et
inquirent Iehovam Deum suum et Davidem Regem
suum.
Michaeas
ne pourront pas beaucoup troubler les gens de
faciens, diserte exprimit, Transibit Rex ante ipsos,
moyen entendement, moyennant qu'ils ayent bien
et
populi
recordé les solutions cy dessus mises. Ils alleguent
renovationem promittere volens, Suscitabo (inquit) in
ce qui est escrit en Grenese, Ton appetit sera par
die illa tabernaculum David quod collapsum est, et
dessous toy, et tu domineras sur iceluy (Gen. 4, 7):
sepiam
;
ce qu?ils interpretent estre dit du peché, comme si
nempe quia unicum illud erat salutis vexillum, iterum
Dieu promettoit à Cain, que le peché ne pourroit
in
capite
interruptiones,
sublime
Davidis,
in
emergere
quod
in
de
populi
eorum.
et
Amos
subversiones
regiam
Christo
Sic
reditu
Les autres argumens qu'ils empruntent çà et là,
verba
Iehova
etiam,
2.5.16.
gloriam
impletum
erigam
in
familia
point dominer en son coeur, s'il vouloit travailler à
est.
Itaque
le veincre. Au contraire, nous disons que cela doit
Zacharias, sicuti eius seculum Christi manifestationi
estre
plustost
dit
d'Abel.
Car
en
ce
passage
propius erat, apertius exclamat, Laetare filia Sion,
l'intention de Dieu est de redarguer l'envie que Cain
iubila filia Ierusalem, ecce Rex tuus venit tibi iustus
avoit conceue contre son frere: ce qu'il fait par
et servatus . Quod loco Psalmi ante citato respondet,
double raison. La premiere est, qu'il se trompoit, en
Iehova robur salutum Christi sui, serva Iehova ; ubi
pensant acquerir excellence par dessus son frere
salus a capite ad totum corpus extenditur.
devant Dieu, lequel n'a rien en honneur que iustice
et integrité. La seconde, qu'il estoit trop ingrat
envers le benefice qu'il avoit receu de Dieu, entant
qu'il ne pouvoit porter son frere, qui estoit son
inferieur, et dont il avoit le gouvernement. Mais
encore,
afin
qu'il
ne
semble
advis
que
nous
choisissions ceste interpretation, pource que l'autre
nous soit contraire, concedons leur que Dieu parle
du peché. Si ainsi est, ou Dieu luy promet qu'il sera
superieur, ou il luy commande de l'estre. S'il luy
commande, nous avons desia monstré que de cela ils
ne
peuvent
franc-arbitre.
rien
Si
prouver
c'est
pour
promesse,
fonder
où
en
le
est
l'accomplissement, veu que Cain a esté veincu du
peché, auquel il devoit dominer? Ils diront possible
qu'il
y
a
une
condition
tacite
enclose
sous
la
promesse, comme si Dieu eust dit, Si tu combas, tu
remporteras la victoire. Mais qui pourra tolerer
telles tergiversations? Car si on expose cela du
peché, il n'y a nulle doute que c'est une exhortation
que Dieu luy fait, en laquelle il n'est pas monstré
quelle est la faculté de l'homme, mais quel est son
devoir, encore qu'il ne le puisse faire. Combien que
la sentence et la Grammaire requierent que Cain soit
2.6.4.
comparé
avec
son
frere
Abel,
en
ce
qu'estant
His vaticiniis ita imbui voluit Deus Iudaeos, ut
premier nay, il n'eust point esté abaissé ou amoindri
liberationis petendae causa, recta oculos ad Christum
sous son inferieur, sinon que luy-mesme eust fait
converterent.
Nec
sa condition pire par sa propre coulpe.
degenerassent,
potuit
vero
quanvis
turpiter
aboleri
memoria
tamen
generalis illius principii, Deum per manum Christi,
sicuti
Davidi
pollicitus
fuerat,
fore
Ecclesiae
liberatorem: atque demum hoc modo firmum fore
gratuitum foedus quo Deus electos suos adoptaverat.
Hinc factum est ut in ore puerorum personaret
2.5.17.
canticum illud quum Christus Hierosolymam Paulo
Ils s'aident aussi du tesmoignage de l'Apostre,
ante mortem ingressus est, Hosianna filio David .
quand il dit que le salut n'est point en la main de
Vulgo enim notum ac celebre fuisse apparet atque
celuy qui veut, ne de celuy qui court, mais en la
ex communi usu petitum quod canebant unicum sibi
misericorde de Dieu (Rom. 9, 16). Car de cela ils
restare
adventu
inferent, qu'il y a quelque partie debile de soy en la
redemptoris. Hac ratione Christus ipse discipulos, ut
volonté et en la cours de l'homme, et que la
distincte
se
misericorde de Dieu supplée le reste pour donner
credere, Creditis in Deum, et in me credite, inquit .
plein effect. Mais s'ils consideroyent avec raison ce
Etsi enim proprie loquendo, a Christo fides ad
que
Patrem conscendit, significat tamen eam, etiamsi Deo
n'abuseroyent
innititur, paulatim evanescere nisi intercedat ipse
propos. Ie say bien qu'ils peuvent alleguer Origene
medius qui eam in solida firmitate retineat: alioqui
et
altior quoque est Dei maiestas quam ut ad eam
exposition.
penetrent
rembarrer de l'autorité de sainct Augustin : mais il
terram
misericordiae
et
Dei
perfecte
mortales
reptant.
pignus
credant
qui
Deo,
tanquam
vermiculi
super
sainct
l'Apostre
point
Hierome,
Ie
en
tant
passagela,
inconsiderément
pour
pourroye
ce
défenseurs
aussi
au
de
de
contraire
ils
son
leur
les
pensé, moyennant que nous entendions ce qu'a voulu
correctione opus habeat: quia non frustra vocatur
dire sainct Paul: assavoir que celuy seul obtiendra
Christus
elogio
salut auquel Dieu aura fait misericorde: que ruine et
monemur, nisi occurrat nobis Deus in Christo, non
confusion sont apprestées à tous ceux qu'il n'aura
posse in salutem nobis innotescere. Etsi autem apud
eleuz. Il avoit monstré la condition des reprouvez,
Iudaeos falsis commentis obtenebraverant Scribae
sous l'exemple de Pharaon. Il avoit prouvé l'election
quod de Redemptore Prophetae tradiderant, sumpsit
gratuite des fideles par le tesmoignage de Moyse,
tamen pro confesso Christus, quasi publico consensu
où il est dit, I'auray pitié de celuy lequel i'auray
receptum, non aliud rebus perditis esse remedium,
receu en misericorde. Il conclud donc, que cela ne
nec
quam
gist point au vueillant ny au courant, mais en Dieu
Mediatore exhibito. Non fuit quidem vulgo cognitum
qui fait misericorde. Si on argue de ces parolles,
ut decebat, quod docet Paulus, Christum esse finem
qu'il y a quelque volonté en l'homme, et quelque
Legis : quam tamen verum sit ac certum, ex Lege
vertu, comme si sainct Paul disoit, que la seule
ipsa et Prophetis liquido patet. De fide nondum
volonté et industrie humaine ne suffit point de soy:
dissero, quia alibi opportunior erit locus: Hoc modo
c'est mal et sottement argué. Il faut donc reietter
fixum lectoribus maneat, Primus ad pietatem gradus
ceste subtilité laquelle n'a nulle raison. Car quel
sit agnoscere Deum esse nobis patrem, ut nos
propos y a-il de dire, Le salut n'est pas en la main
tueatur,
in
du vueillant ne du courant, il y a donc quelque
aeternam haereditatem regni sui: hinc palam fieri
volonté et quelque course? La sentence de sainct
quod
cognitionem
Paul est plus simple: c'est qu'il n'y a ne volonté ne
absque Christo non constare; ideoque ab exordio
course qui nous meine a salut, mais que la seule
mundi ipsum fuisse propositum omnibus electis in
misericorde regne en cest endroit. Car il ne parle
quem respicerent, et in quo acquiesceret eorum
pas icy autrement qu'en un autre passage, où il dit
fiducia.
qui
que la bonté de Dieu et dilection envers los hommes
immensus est, in Filio esse finitum, quia se ad
est apparue, non pas selon les oeuvres de iustice
modulum nostrum accommodavit, ne mentes nostras
que nous ayons faites, mais selon sa misericorde
immensitate suae gloriae absorbeat. Quod fanatici
infinie (Tite 3, 4). Si ie vouloye arguer de cela, que
non
impium
nous ayons fait quelques bonnes oeuvres, entant que
phantasma detorquent, acsi portio tantum divinitatis a
sainct Paul nie que nous ayons obtenu la grace de
tota perfectione defluens in Christo esset: quum nihil
Dieu par les oeuvres de iustice que nous ayons fait,
invisibilis
modum
Dei
alium
gubernet
nuper
Hoc
fidei
sensu
reputantes,
imago
:
liberandae
ac
diximus,
obiectum,
foveat,
salvificam
scribit
utilem
sed
dictum
traite
tamen
esse
vulgare
in
ne nous faut soucier que c'est qu'iceux en ont
Deum
illud
iubet
sic
admitto,
Quare
in
ut
hoc
Ecclesiae,
donec
Dei
Irenaeus
sententiam
colligat
Patrem,
ad
aliud velit quam Deum in Christo solo comprehendi.
eux-mesme se moqueroyent de moy. Neantmoins
Omnino verum semper fuit illud Iohannis, Qui non
leur argument est semblable. Parquoy qu'ils pensent
habet Filium, neque Patrem habet. Nam etsi olim
bien à ce qu'ils disent, et ils ne se fonderont point
gloriati
et
en raison tant frivole. Et de fait, la raison sur
terrae opificem se colere: quia tamen nullus illis erat
laquelle se fonde sainct Augustin est tresferme :
Mediator, fieri non potuit ut Dei misericordiam vere
assavoir que s'il estoit dit que ce n'est ne du
gustarent, atque ita persuasi essent sibi patrem
vueillant ne du courant, pource que la volonté et la
esse.
est
course seule ne suffit pas: qu'on pourroit renverser
Christum, evanida fuit apud eos Dei cognitio: unde
l'argument au rebours, que ce n'est pas de la
etiam
misericorde,
sunt
Quia
multi
ergo
factum
superstitiones
summum
caput
est
ut
demum
numen,
non
caelique
tenebant,
in
crassas
prolapsi,
hoc
foedasque
ignorantiam
veu
que
par
ce
moyen
elle
ne
suam
besongneroit pas seule. Or chacun voit combien
proderent; sicuti hodie Turcae, quanvis plenis buccis
ceste sentence seroit desraisonnable. Parquoy sainct
praedicent
caeli et terrae creatorem suum esse
Augustin conclud que cela a esté dit de sainct Paul,
Deum, substituunt tamen in locum veri Dei idolum,
d'autant qu'il n'y a nulle bonne volonté en l'homme,
dum a Christo abhorrent.
si elle n'est preparée de Dieu: non pas que nous ne
dirions vouloir et courir, mais pource que Dieu fait
l'un
et
l'autre
en
nous.
L'allegation
qu'ameinent
aucuns n'est pas moins sotte : c'est que sainct Paul
appelle les hommes cooperateurs de Dieu (1 Cor. 3,
9). Oar il est tout notoire que cela n'appartient
qu'aux docteurs de l'Eglise, desquels Dieu se sert,
et applique en oeuvre pour l'edifice spirituel, qui est
l'ouvrage de luy seul. Et ainsi les ministres ne sont
point appelez ses compagnons, comme s'ils avoyent
quelque vertu d'euxmesmes: mais pource que Dieu
besongne par leur moyen, apres les avoir rendus
idoines à cela.
2.7. Legem fuisse datam, non quae populum veterem
in se retineret, sed quae foveret spem salutis in
Christo usque ad eius adventum.
2.5.18.
2.7.1.
Ils
Ex continua illa, quam retulimus, serie colligere
licet
non
tesmoignage
de
l'Ecclesiastique: lequel autheur on cognoist n'avoir
refusions pas (ce que nous pourrions faire à bon
electum
ut
droit) de quoy leur peut-il aider à leur cause? Il dit
suspensos teneret animos usque ad eius adventum,
que l'homme apres avoir esté creé, a esté laissé à
accenderet etiam eius desiderium, et in expectatione
sa
confirmaret
Legis
commandemens, lesquels s'il gardoit, il seroit gardé
pie
par eux: que la vie et la mort, le bien et le mal, a
non
ne
Christo
longiore
solum
abduceret:
mora
decem
mortem
le
quadringentis circiter annis fuisse superadditam, ut
a
post
apres
pas certaine authorité. Mais encore que nous ne le
populum
ideo
en
Abrahae
nomine
Legem
produisent
imo
deficerent.
praecepta,
quae
volonté,
et
que
Dieu
luy
a
donné
des
iusteque vivendi regulam praescribunt, intelligo, sed
esté mis devant l'homme, afin qu'il choisist lequel
formam religionis per manum Mosis a Deo traditam.
bon luy sembleroit (Ecclesiastique 5, 14). Ainsi soit
Neque
qui
que l'homme en sa creation ait eu la faculté d'eslire
benedictionem generi Abrahae promissam aboleret:
la vie ou la mort: mais que sera-ce, si nous
imo videmus ut passim revocet in memoriam Iudaeis
respondons qu'il l'a perdue? Certes ie ne veux point
gratuitum
eorum
contredire à Salomon, lequel afferme que l'homme a
illud
esté creé du commencement bon, et qu'il a forgé
enim
datus
illud
percussum,
foedus
cuius
renovandum
est
Moses
cum
haeredes
missus
legislator
patribus
erant:
foret.
Id
acsi
ad
clarissime
ex
des
mauvaises
inventions
de
soy-mesme
ceremoniis patefactum fuit. Quid enim magis inane
(Ecclesiaste
aut frivolum quam homines, ut se Deo reconcilient,
degenerant et se devoyant de Dieu, s'est perdu
foetidum nidorem ex adipe pecudum offerre? ut
soymesme avec tous ses biens: tout ce qui est dit
sordes
sanguinis
de sa premiere creation, ne se doit pas tirer à sa
aspersionem confugere? Denique totus legalis cultus
nature vitieuse et corrompue. Parquoy ie respon, non
(si per se reputetur, nec contineat umbras et figuras
seulement
quibus respondeat veritas) res erit prorsus lusoria.
quiconque il soit, en ceste maniere: Si tu veux
Quare non abs re et in concione Stephani , et in
enseigner
epistola ad Hebraeos
tam diligenter expenditur
d'aquerir salut, ton authorité ne m'est pas en telle
locus ille ubi Deus Mosen iubet quaecunque ad
estime, qu'elle puisse preiudicier à la parolle de
tabernaculum pertinent formare secundum exemplar
Dieu, laquelle contrarie evidemment. Si tu veux
quod
reprimer
suas
ostensum
eluant,
illi
ad
fuerat
aquae
in
vel
monte.
Nisi
enim
7,
à
29).
eux,
l'homme
Or
puis
mais
de
seulement les
que
aussi
à
chercher
l'homme,
en
l'Ecclesiastique,
en
blasphemes
soy
faculté
de la
chair,
spirituale aliquid fuisset propositum quo tenderent,
laquelle en transferant ses vices à Dieu, tasche de
non secus in illis operam lusissent Iudaei atque
s'excuser, et à ceste cause tu monstres comment
Gentes in suis nugis. Profani homines, qui nunquam
l'homme a eu une bonne nature de Dieu, et qu'il a
serio in pietatis studium incubuerant, non absque
esté cause de sa ruine, ie t'accorde volontiers cela,
fastidio audire sustinent tam multiplices ritus: neque
moyennant que nous convenions ensemble en ce
solum mirantur cur Deus veterem populum fatigaverit
poinct,
tanta ceremoniarum congerie, sed despiciunt illas ac
ornemens et graces qu'il avoit receues de Dieu
rident tanquam pueriles lusus. Nempe quia ad finem
premierement:
non attendunt, a quo si legales figurae separentur,
qu'il
vanitatis damnari necesse est. Atqui ostendit typus
d'advocat.
a
que
maintenant
et
maintenant
ainsi
il
est
confessions
besoin
de
despouillé
des
ensemblement
medecin,
non
pas
ille, Deum non ideo mandasse sacrificia ut cultores
suos occuparet in terrenis exercitiis, sed potius ut
altius erigeret eorum mentes. Quod etiam ex eius
natura liquido constare potest: quia, ut spiritualis
est,
non
alio
quam
spirituali
cultu
oblectatur.
Testantur hoc tot Prophetarum sententiae, quibus
Iudaeos socordiae arguunt, quod putent ullius esse
apud Deum momenti quaevis sacrificia. An quia Legi
2.5.19.
quicquam derogare consilium sit? Minime: sed (ut
Mais noz adversaires n'ont rien plus souvent en
erant veri illius interpretes) hoc modo ad scopum
la bouche que la parabole de Christ, où il est parlé
oculos dirigi voluerunt, a quo vulgus errabat. Iam ex
de l'homme, lequel fut laissé au chemin demy mort
gratia Iudaeis oblata certo colligitur legem Christo
par les brigans (Luc 10, 30). Ie say bien que c'est
non fuisse vacuam; hunc enim adoptionis finem illis
une doctrine commune, de dire que sous la personne
proposuit
de cest homme, est representée la calamité du genre
Moses,
ut
essent
Deo
in
regnum
sacerdotale : quod assequi non poterant nisi maior et
humain.
praestantior quam ex sanguine pecudum reconciliatio
L'homme n'a pas esté tellement occis par le peché
intercederet. Quid enim minus consentaneum, quam
et le diable, qu'il ne luy reste encore quelque
Adae filios, qui haereditaria labe nascuntur omnes
portion de vie, d'autant qu'il n'est dit qu'à demy
peccati mancipia, in regiam dignitatem attolli, et hoc
mort. Car où seroit, disent-ils, ceste demi vie,
modo fieri gloriae Dei consortes, nisi aliunde illis
sinon qu'il luy restast quelque portion de droite
proveniret
intelligence et volonté? Premierement, si ie ne veux
sacerdotii
tam
praeclarum
eos
un
argument
tel:
n'y a nulle doute qu'elle n'ait esté excogitée par les
consecrati essent in sancto capite? Quare eleganter
peres anciens, outre le sens literal et naturel du
Petrus illud Mosis dictum convertit, plenitudinem
passage. Les allegories ne doivent estre receues,
gratiae, cuius gustum sub Lege perceperant Iudaei,
sinon d'autant qu'elles sont fondées en l'Escriture:
in Christo exhibitam esse docens, Vos estis genus
tant s'en faut qu'elles puissent approuver aucune
electum, inquit, regale sacerdotium . Huc enim tendit
doctrine. Davantage, les raisons ne nous defaillent
vocum inversio, plus adeptos esse quibus apparuit
point, par lesquelles nous pouvons refuter ce qu'ils
Christus per Evangelium, quam illorum patres: quia
disent. Car la parolle de Dieu ne laisse point une
omnes praediti sint sacerdotali honore et regio, ut
demi vie à» l'homme: mais dit qu'il est du tout mort,
Mediatore suo freti, libere in Dei conspectum prodire
quant à la vie bienheureuse. Quand sainct Paul parle
audeant.
de nostre redemption, il ne dit point que nous ayons
Deo
potuit
prennent
nisi
abominabiles
vigere
quoque
ils
point admettre leur allegorie, que feront-ils? Car il
sordibus
apud
Ius
cela
qui
vitiorum
quomodo
bonum?
De
erant,
esté gueriz d'une demi mort: mais que nous avons
esté resuscitez de la mort. Il n'appelle point à
recevoir la grace de Christ, ceux qui sont à demi
vivans: mais ceux qui sont morts et enseveliz. A
quoy est conforme ce que dit le Seigneur, que
l'heure est venue, que les morts doivent resusciter à
sa voix (Ephes. 2, 5; Iean 5, 25). N'auroyent-ils
point de honte de mettre en avant ie ne say quelle
allegorie legere, contre tant de tesmoignages si
clairs? Mais encore que leur allegorie soit vallable,
qu'en peuvent-ils conclurre à l'encontre de nous ?
L'homme, diront-ils, est à demy vivant: il s'ensuit
donc qu'il luy reste quelque portion de vie. Ie
confesse
2.7.2.
certes
qu'il
a
son
ame
capable
d'intelligence, combien qu'elle ne puisse penetrer
Atque hic obiter notandum est, regnum quod
iusques à la sapience celeste de Dieu: il a quelque
tandem erectum fuit in familia Davidis, esse Legis
iugement de bien et de mal: il a« quelque sentiment
partem, et contineri sub Mosis ministerio, unde
pour cognoistre qu'il y a un Dieu, combien qu'il n'en
sequitur,
ait point droite cognoissance: mais où est-ce que
tam
in
toto
genere
Levitico
quam
in
posteris Davidis Christum oculis veteris populi quasi
toutes
in duplici speculo fuisse obiectum. Quia, ut nuper
peuvent faire que ce que dit sainct Augustin ne soit
dixi, non aliter coram Deo esse poterant vel reges
veritable,
vel sacerdotes, qui et servi erant peccati ac mortis,
appartiennent à salut, ont esté ostez à l'homme
et sua corruptione polluti. Hinc verissimum esse
apres sa cheute; que les dons naturels, qui no le
patet
paedagogi
peuvent conduire à salut, ont esté corrompuz et
custodia fuisse retentos, donec veniret semen in
polluz. Pourtant, que ceste sentence, laquelle ne peut
cuius gratiam data erat promissio. Nam quia nondum
estre aucunement esbranlée, nous demeure ferme et
familiariter
fuerunt
certaine: assavoir que l'entendement de l'homme est
pueris, quorum imbecillitas nondum plenam rerum
tellement du tout aliené de la iustice de Dieu, qu'il
caelestium scientiam ferre poterat. Quomodo autem
ne peut rien imaginer, concevoir ne comprendre,
ceremoniis
sinon
illud
Pauli,
Iudaeos
innotuerat
ad
quasi
Christus,
Christum
sub
similes
fuerint
manuducti,
ante
ces
choses
c'est
toute
reviennent?
que
les
meschanceté,
Certes
dons
iniquité
elles
gratuits,
et
ne
qui
corruption.
dictum est, et ex pluribus Prophetarum testimoniis
Semblablement que son coeur est tant enveminé de
melius intelligere licet. Nam etsi novis quotidie
peché, qu'il ne peut produire que toute perversité.
sacrificiis
ad
oportuit,
unico
Deum
accedere
ipsos
Et s'il advient qu'il en sorte quelque chose qui ait
scelera
omnia
apparence de bien, neantmoins que l'entendement
expiatum iri promittit Iesaias ; cui concinit Daniel .
demeure tousiours enveloppé en hypocrisie et vanité,
Sacerdotes
le coeur adonné à toute malice.
ex
placandum
tamen
tribu
sacrificio
Levi
designati
sanctuarium
ingrediebantur: at de unico sacerdote semel dictum
fuit, iureiurando divinitus electum esse qui sacerdos
esset in perpetuum secundum ordinem Melchisedech
. Erat tunc visibilis olei unctio, aliam fore Daniel ex
visione pronuntiat. Ac ne pluribus insistam, satis
2.6. Qu'il faut que l'homme estant perdu en soy,
prolixe et dilucide author epistolae ad Hebraeos a
cherche sa redemption en Iesus Christ.
quarto cap. ad undecimum usque demonstrat nihili et
inanes esse ceremonias donec ad Christum ventum
fuerit.
Quod
vero
spectat,
Puis que tout le genre humain est peri en Adam,
tenenda similiter est Pauli admonitio, Christum esse
toute nostre dignité et noblesse dont nous avons
finem Legis in salutem omni credenti : et altera,
parlé, tellement ne nous profìteroit rien, que plustost
Christum
se
elle nous tourneroit en une ignominie, sinon que
mortiferam vivificat . Nam priore quidem significat
Dieu nous apparust redempteur, comme il fait en la
frustra
eam
personne de son Fils unique: veu qu'il ne recognoit
spiritu
n'advoue pour son oeuvre les hommes vitieux et
esse
doceri
Christus
et
ad
decem
spiritum
qui
iustitiam
gratuita
praecepta
2.6.1.
literam
praeceptis,
imputatione
per
donec
et
regenerationis conferat. Quare merito Christum vocat
abastardis.
complementum Legis, vel finem: quia nihil prodesset
decheus de vie à mort, tout ce que nous pouvons
quid exigat Deus a nobis scire, nisi sub iugo et
cognoistre de Dieu, entant qu'il est nostre createur,
onere intolerabili laborantibus et oppressis Christus
nous seroit inutile, si la foy n'estoit coniointe, nous
succurreret.
transgressiones
proposant Dieu pour Pere et Sauveur en Iesus
positam esse docet : nempe ut homines damnationis
Christ. C'estoit bien l'ordre naturel, que le bastiment
suae
ad
du monde nous fust une escole pour estre enseignez
Christum quaerendum vera et unica est praeparatio,
à pieté, et par ce moyen nous conduire à la vie
Alibi
convictos
Legem
humiliaret.
propter
Porro
quia
haec
Parquoy
depuis
que
nous
sommes
quaecunque diversis verbis tradit, probe inter se
eternelle, et à la felicité parfaite à laquelle nous
consentiunt.
cum
sommes créez: mais depuis la cheute et revolte
perversis doctoribus, qui Legis operibus iustitiam nos
d'Adam, quelque part que nous tournions les yeux, il
mereri
refutaret,
ne nous apparoist haut ne bas que malediction:
praecise
laquelle estant espandue sur toutes creatures, et
accipere: quae tamen gratuitae adoptionis foedere
tenant le ciel et la terre comme enveloppez, doit
alioqui vestita est.
bien accabler nos ames d'horrible desespoir. Car
coactus
Sed
quia
fingebant,
est
ut
disceptatio
eorum
interdum
illi
fuit
errorem
nudam
Legem
combien que Dieu desploye encores en plusieurs
sortes sa faveur paternelle, toutesfois par le regard
du monde nous ne pouvons pas nous asseurer qu'il
nous soit pere: pource que la conscience nous tient
convaincus au dedans, et nous fait sentir qu'à cause
du peché nous meritons d'estre reiettez de luy, et
n'estre point tenus pour ses enfans. Il y a aussi la
brutalité et ingratitude: pource que nos esprits, selon
qu'ils sont aveuglez, ne regardent point à ce qui est
vray:
et
selon
que
nous
avons
tous
les
sens
pervertis, nous fraudons iniustement Dieu de sa
gloire. Parquoy il faut venir à ce que dit sainct Paul:
2.7.3.
d'autant que le monde n'a point sagement cogneu
Quomodo
autem
inexcusabiles
expetendam
lege
reddamur,
reatus
operaepretium
iustitiae
a
in
est.
Lege
morali
ut
sollicitet,
Si
verum
nos
edocti
magis
Dieu en la sagesse d'iceluy, qu'il a fallu que les
ad
veniam
croyans fussent sauvez par la folie de la predication
cognoscere
(1 Cor. 1, 21). Il appelle la sagesse de Dieu, ce
perfectionem
theatre du ciel et de la terre tant riche et excellent,
istud
et
nos
breviter
est
edoceri:
etiam
garni
de
miracles
infinis,
pour
nous
faire
consequitur, absolutam eius observationem perfectam
cognoistre Dieu par son regard avec iugement et
esse coram Deo iustitiam: qua scilicet homo iustus
prudence: mais pource que nous y profìtons si mal,
apud caeleste tribunal censeatur ac reputetur. Quare
il nous rappelle à la foy de Iesus Christ, laquelle
Moses,
ayant
Lege
promulgata,
non
dubitat
contestari
apparence
de
follie,
est
en
desdain
aux
caelum et terram quod proposuisset Israeli vitam et
incredules. Combien donques que la predication de la
mortem, bonum et malum . Nec refragari licet quin
croix ne plaise point à l'esprit humain, tant y a que
iustam Legis obedientiam maneat aeternae salutis
si nous desirons de retourner à nostre createur,
remuneratio, quemadmodum a Domino promissa est.
duquel nous sommes alienez, afin que derechef il
Rursum
recommence
tamen
operaepretium
est
recognoscere
de
nous
estre
pere,
il
nous
faut
ecquid eam obedientiam praestemus, cuius merito
embrasser ceste follie avec toute humilité. Et de
concipienda
fiducia.
fait, depuis la ruine d'Adam, nulle cognoissance de
Quantulum enim est, videre in Legis observantia
Dieu n'a peu profiter à salut sans mediateur : car
positum
praeterea
IesuS Christ en disant que c'est la vie eternelle de
constet an ea via pervenire ad vitam aeternam nobis
cognoistre son Pere pour seul vray Dieu, et luy qui
liceat? Hac vero in parte, Legis imbecillitas se
est envoyé, pour Christ (Iean 17, 3): il n'applique
profert;
pas le propos à son temps seulement, mais l'estend
vitae
nam
sit
illius
aeternae
quia
in
remunerationis
praemium,
nullo
nisi
nostrum
illa
Legis
observantia
deprehenditur,
promissionibus
à tous aages. Dont la bestise d'aucuns est tant plus
exclusi, in solam maledictionem recidimus. Dico non
vilaine, lesquels ouvrent la porte de paradis à tous
quid fiat modo, sed quid necessarium sit; quum enim
incredules et gens profanes, sans la grace de Iesus
longe supra humanam facultatem sit Legis doctrina,
Christ: lequel toutesfois l'Escriture enseigne estre la
potest
appositas
seule porte pour nous faire entrer à salut. Si
promissiones, non tamen fructum ex iis aliquem
quelcun vouloit restreindre la sentence de Iesus
colligere. Hoc ergo unum restat ut ab earum bono
Christ,
suam miseriam melius aestimet, dum cogitat praecisa
l'Evangile a esté publié, la refutation est toute
spe salutis, mortem sibi certo imminere. Ex adverso
preste: pource que ceste raison a esté commune à
instant
tous siecles et nations, que ceux qui sont alienez de
quidem
homo
horrificae
a
vitae
eminus
spectare
sanctiones,
quae
non
paucos
que
ie
vien
d'amener,
au
temps
que
nostrum, sed omnes ad unum irretitos constringunt;
Dieu
instant
nos
reconciliez, et sont prononcez maudits et enfans
persequuntur, ut praesentissimam in Lege mortem
d'ire. Il y a aussi la response de nostre Seigneur
cernamus.
Iesus à la Samaritaine, Vous ne savez ce que vous
inquam,
ac
inexorabili
asperitate
ne
luy
peuvent
plaire
devant
qu'estre
adorez: nous savons ce que nous adorons, d'autant
que
le
salut
est
des
Iuifs
(Iean
4,
22).
Par
lesquelles parolles il condamne toutes especes de
religions que tenoyent les Payens, d'erreur et de
fausseté:
et
assigne
la
raison,
Pource
que
le
Redempteur avoit esté promis sous la Loy au seul
2.7.4.
peuple éleu. Dont il s'ensuyt que nul service n'a
Itaque si Legem duntaxat intuemur, nihil aliud
iamais esté agreable à Dieu, sinon qu'il regardast en
possumus quam animum despondere, confundi, ac
Iesus Christ. Et voila dont sainct Paul afferme que
desperare,
ac
tous les Payens ont esté sans Dieu, et exclus de
cultoribus
l'esperance de vie (Ephes. 2, 12). Outreplus, veu
proponit, procul arceamur. Ergone, inquies, ita nos
que sainct Iean (Iean 1, 4) enseigne que la vie a
ludificatur
ludibrio
esté dés le commencement en Christ, et que tout le
abest, spem foelicitatis ostentare, ad eam invitare et
monde a esté retrenché d'icelle, il est necessaire de
hortari, illam testari nobis expositam, quum interim
retourner à ceste source. Parquoy Iesus Christ se
praeclusus sit et inaccessus ingressus? Respondeo,
nomme
Etiamsi promissiones Legis, quatenus conditionales
appaiser son Pere envers nous. D'autrepart l'heritage
sunt, a perfecta Legis obedientia dependeant, quam
des cieux n'appartient qu'aux enfans de Dieu. Or ce
nullibi reperire est: non tamen frustra datas esse.
n'est
Ubi enim didicimus irritas nobis fore et inefficaces
incorporez au Fils unique soyent tenus d'un tel reng:
nisi gratuita sua bonitate, citra intuitum operum, nos
comme sainct Iean testifie que ceux qui croyent en
Deus amplexetur, atque adeo illam bonitatem, nobis
Iesus Christ ont ce titre et privilege, d'estre faits
per Evangelium exhibitam, fide simus amplexati: ne
enfans de Dieu (Iean 1, 12). Mais pource que mon
ipsis quidem deest sua efficacia, etiam cum annexa
intention n'est pas de traiter maintenant entierement
conditione.
de la foy, c'est assez d'en avoir touché ce mot
quum
maledicamur:
confert
a
ex
ut
beneficentiae
damnemur
beatitudine
Dominus?
Sic
ea
Quantulum
enim
hoc
quam
tum
quoque
adiungat
quod
omnes,
suis
enim
a
omnia
nobis
ad
cumulum
semiplenam
gratuito
suae
nostram
vie,
pas
entant
raison
comme en passant.
qu'il
que
est
ceux
propiciateur
qui
ne
sont
pour
point
obedientiam
non
respuens,
complemento,
remittens,
et
perinde
quod
atque
deest
a
nobis
impleta conditione, legalium promissionum fructum
percipere nos facit. Sed hanc quaestionem, quia in
tractanda fidei iustificatione plenius disputanda erit,
non ultra in praesens prosequemur.
2.6.2.
Quoy qu'il en soit, Dieu ne s'est iamais monstré
propice aux Peres anciens, et ne leur a donné nulle
esperance de grace, sans leur proposer un mediateur.
Ie laisse à parler des sacrifices de la Loy, par
2.7.5.
lesquels les fideles ont esté ouvertement enseignez,
Quod autem impossibilem Legis observationem
qu'ils
ne
devoyent
chercher
salut,
sinon
en
la
diximus, id est paucis verbis explicandum simul et
satisfaction qui a esté accomplie en Iesus Christ:
confirmandum;
seulement ie di en somme, que la felicité que Dieu
sententia
solet
videri:
enim
ut
vulgo
Hieronymus
absurdissima
dubitarit
a promise de tout temps à son Eglise a esté fondée
anathema illi denuntiare. Quid visum sit Hieronymo,
en la personne de Iesus Christ. Car combien que
nihil moror: nos quid verum sit inquiramus. Non
Dieu ait comprins toute la race d'Abraham en son
texam hic longas ambages de variis possibilitatis
alliance, toutesfois sainct Paul a bonne raison de
generibus. Impossibile appello quod nec fuit unquam,
conclurre, que ceste semence en laquelle toutes gens
et ne in posterum sit, Dei ordinatione ac decreto
devoyent estre benites, à parler proprement, est
impeditur. Si ab ultima memoria repetamus, neminem
Christ (Galat. 3, 16): veu que nous savons que
sanctorum
mortis
plusieurs ont esté engendrez d'Abraham selon la
circundatus, ad eum dilectionis scopum pertigerit ut
chair, lesquels ne sont point reputez de sa lignée.
ex toto corde, ex tota mente, ex tota anima, ex tota
Car encores que nous laissions Ismael et beaucoup
potentia Deum amaret: neminem rursum qui non
d'autres, dont est-il advenu que des deux fils
concupiscentia
extitisse
dico
corpore
Quis
reclamet?
Video
iumeaux d'Isaac, assavoir Esau et Iacob, du temps
sanctos
imaginetur
stulta
qu'ils estoyent encores unis au ventre de la mere,
superstitio, quorum scilicet puritati vix caelestes
l'un a esté reietté, et l'autre éleu? Mesmes dont
Angeli respondeant: sed repugnante tum Scriptura,
est-il advenu que l'aisné ait esté rebouté, et que le
tum
neminem
second ait tenu son lieu? Finalement, dont est-il
posthac futurum, qui ad verae perfectionis metam
advenu que la plus grand' part du peuple ait esté
perventurus sit nisi corporis mole solutus. In hanc
retrenchée comme bastarde? Il est donc notoire que
rem primum suppetunt aperta Scripturae testimonia,
la race d'Abraham prend son tiltre du chef, et que le
Non est homo iustus super terram qui non peccet,
salut promis n'a point d'arrest iusques à ce qu'on
dicebat Solomo . David autem, Non iustificabitur in
vienne à Christ, duquel l'office est de recueillir ce
conspectu tuo omnis vivens . Iob plurimis locis idem
qui estoit dissipé: dont il s'ensuyt que la premiere
affirmat.
caro
adoption du peuple éleu dependoit de la grace du
concupiscit adversus spiritum, et spiritus adversus
mediateur. Or combien que ceci ne soit pas du tout
carnem . Nec alia ratione probat, omnes qui sub
si clairement exprimé en Moyse: toutesfois il est
Lege sunt, maledictioni subiectos, nisi quia scriptum
certain qu'il a esté cogneu en general de tous
sit,
in
fideles. Car devant qu'il y eust Roy creé au peuple,
omnibus eius mandatis : innuens scilicet, imo pro
desia Anne la mere de Samuel parlant de la felicité
quidem
quales
laborarit.
qui
non
nobis
experientiae
Clarissime
maledictos
ratione.
Dico
omnium
omnes
qui
item,
Paulus,
non
quod
permanserint
confesso
assumens,
posse.
de l'Eglise, dit en son cantique: Le Seigneur donnera
Quicquid autem Scripturis praedictum est, id pro
force à son Roy, et exaltera la corne de son Christ
perpetuo,
adeoque
decet.
(1 Sam. 2, 10). Par lesquelles parolles elle entend
Eiusmodi
argutia
Pelagiani,
que Dieu benira son Eglise. A quoy aussi s'accorde
iniuriam fieri Deo si plus iubeat quam per eius
la prophetie donnée à Ely,1 qui est mise un peu
gratiam praestare queant fideles. Ille, ut effugeret
apres- as-savoir, Le Sacrificateur que i'establiray
calumniam,
si
cheminera devant mon Christ (1 Sam. 2, 35). Et n'y
vellet, hominem mortalem in Angelicam puritatem
a doute que le Pere celeste n'ait voulu pourtraire
evehere: sed neque fecisse unquam, nec facturum,
une image vive de Iesus Christ en la personne de
quod aliter in Scripturis asseruisset. Id neque ego
David et de ses successeurs. Parquoy, luy voulant
inficior: sed addo tamen, importune de potentia Dei
exhorter les fideles à la crainte de Dieu, commande
disputari contra eius veritatem; ideo cavillis non
qu'on baise le Fils pour luy faire hommage. A quoy
esse obnoxiam sententiam, siquis dicat fieri non
respond ceste sentence de l'Evangile, Qui n'honnoré
posse
pronuntiant.
point le Fils, n'honnoré point le Pere (Ps. 2, 12;
Verum si de verbo disputatur, Dominus rogantibus
Iean 5, 23) Parquoy combien que par la revolte des
discipulis quis possit salvus esse, respondet, apud
dix lignées le regne de David ait esté fort abattu,
homines id quidem impossibile, apud Deum vero
toutesfois l'alliance que Dieu avoit faite avec luy et
omnia
id
ses successeurs est tousiours demourée: comme il
contendit Augustinus, nunquam in hac carne reddere
en a parlé par ses Prophetes: Ie ne raseray point du
nos quem debemus legitimum Deo amorem. Amor,
tout ce royaume à cause de David mon serviteur, et
inquit, notitiam ita sequitur, ut Deum amare nemo
de Ierusalem que i'ay eleue: mais il demourera une
perfecte possit qui non cognitam prius ad plenum
lignée à ton fils (1 Rois 11, 12. 34. 39). Ce propos
habuerit
mundo
est reiteré et deux et trois fois: et notamment ce
et
in
mot- est adiousté, l'affligeray la semence de David,
aenigmate: sequitur ergo imperfectum esse nostrum
mais non pas à tousiours. Quelque temps apres il
amorem . Sit ergo extra controversiam, impossibile
est dit que Dieu avoit laissé une lampe en Ierusalem
esse in hac carne Legis implementum, si naturae
pour l'amour de David son serviteur, afin de luy
nostrae impotentiam intuemur, quemadmodum et ex
susciter semence, et de garder Ierusalem (1 Rois
Paulo alibi adhuc ostendetur.
15, 4). Mesníes comme les choses tendoyent à
pro
non
possibilia
eius
peregrinamur,
posse
futurum
.
haberi
Augustinum
quidem
Dominum,
Scripturae
Validissima
bonitatem.
cernimus
permanere
necessario
vexabant
fatebatur
quod
neminem
Nos
per
etiam
dum
ratione
in
speculum
ruyne et extreme confusion, derechef il fut dit (2
Rois 8, 19), que Dieu n'avoit point voulu espardre la
lignée de Iuda à cause de David son serviteur,
auquel il avoit promis de donner une lampe, et à ses
enfans à perpetuité. La somme de ce propos revient
là, que Dieu a éleu David seul pour faire reposer en
luy sa faveur et amour: comme il est dit en l'autre
passage, Il a rebouté le tabernacle de Silo et de
Ioseph, et n'a pas éleu la lignée d'Ephraim, mais
celle de Iuda, et la montagne de Sion qu'il a aymée.
Il a éleu son serviteur David, pour paistre son
2.7.6.
peuple et son heritage d'Israel (Ps. 78, 60. 67. 70.
Sed
quo
melius
patefiat,
officium
moralem
vocant,
succincto
Eglise,
partibus,
dependoit de ce chef. Et pourtant David s'escrie,
quantum intelligo, continetur: Prima est, ut dum
L'Eternel est la force de son peuple, et la vertu du
iustitiam Dei ostendit, id est, quae sola Deo accepta
salut de son Christ (Ps. 28, 8). Puis il adiouste une
est,
admoneat,
priere: Sauve ton peuple, et beni ton heritage:
certiorem faciat, convincat denique ac condemnet.
signifiant par ces mots, que tout le bien de l'Eglise
Sic enim opus est, caecum et ebrium amore sui
est uni d'un lien inseparable avec la superiorité et
hominem, ad notitiam simul et confessionem suae
empire de Iesus Christ. Suyvant ceste raison il dit
tum imbecillitatis tum impuritatis adigi: quando nisi
aussi ailleurs, O Dieu, sauve! que le Roy nous
vanitas eius evidenter redarguatur, insana virium
exaucé au iour que nous prierons (Ps. 20, 10). Car
suarum confidentia inflatus est, nec adduci unquam
il enseigne clairement que les fideles n'ont iamais eu
potest ut de earum tenuitate sentiat, quantisper eas
leur recours à l'aide de Dieu en autre fiance, que
arbitrii
eas
pource qu'ils estoyent cachez sous la protection du
comparare ad Legis difficultatem coepit, habet illic
Roy. Ce que nous pouvons recueillir par l'autre
quod ferociam minuat. Utcunque enim ingentem de
Pseaume: O Dieu, sauve! benit soit celuy qui vient
iis opinionem praesumpserit, mox tamen eas sub
au nom de l'Eternel (Ps. 118, 25. 26); où on voit
tanto pondere anhelare sentit: deinde titubare ac
que les fideles se sont adressez à Iesus Christ, pour
labascere, tandem concidere etiam ac deficere. Sic
esperer d'estre garantis sous la main de Dieu.
Legis magisterio eruditus, exuit illam, qua prius
Auquel but regarde aussi l'autre priere, où toute
caecutiebat, arrogantiam. Similiter altero, quo ipsum
l'Eglise implore la misericorde de Dieu: O Dieu, que
laborare dictum est, superbiae morbo sanandus est.
ta main soit sur l'homme de ta dextre, sur le Fils
Quandiu
hypocrisin
de l'homme que tu as approprié à ton service (Ps.
comminiscitur pro iustitia: qua contentus, factitiis
80, 18). Car combien que l'autheur du Pseaume se
nescio quibus iustitiis adversus Dei gratiam erigitur.
lamente de la dissipation de tout le peuple, il en
Postquam vero ad Legis trutinam examinare vitam
demande toutesfois la restauration par le moyen du
suam cogitur, omissa commentitiae illius iustitiae
seul chef. Et quand Ieremie, apres que le peuple a
praesumptione,
esté transporté en pays estrange, la terre gastee et
usumque
ordine
tota
Legis
res
quam
recolligamus.
suae
sui
Porro
tribus
unumquenque
modo
iudicio
suo
iniustitiae
metitur.
stare
immenso
istis
Atqui
simulac
permittitur,
spatio
se
abesse
a
71). Bref, Dieu a tellement voulu maintenir son
que
l'estat,
bon
heur,
et
salut
d'icelle
sanctitate cernit: rursus infinitis vitiis se abundare,
saccagée,
quibus purus antea videbatur. Tam profundis enim ac
l'Eglise: sur tout il fait mention de la desolation du
sinuosis
concupiscentiae
regne, pource qu'en icelle l'esperance des fideles
mala, ut hominis aspectum facile fallant. Nec sine
estoit comme coupee: Le Christ, dit-il, qui estoit
causa dicit Apostolus, se concupiscentiam ignorasse
l'esprit de nostre bouche, a esté prins à cause de
nisi Lex diceret, Non concupisces : quia nisi per
nos pechez, voire celuy auquel nous disions, Nous
illam retegatur ex latebris suis, occultius miserum
vivrons sous ton ombre entre les peuples (Lament.
hominem
4, 20). Par ceci il est assez liquide, pource que
sentiatur.
recessibus
perdit
absconduntur
quam
id
exitiale
eius
telum
pleure
et
gemist
sur
la
calamité
de
Dieu ne peut estre propice au genre humain sans
quelque mediateur, qu'il a tousiours mis au devant
sous la Loy Iesus Christ, afin que les Peres y
adressassent leur foy.
2.7.7.
Ita
Lex
nostram
instar
est
impotentiam,
speculi
tum
cuiusdam,
ex
hac
in
quo
iniquitatem,
postremo ex utraque maledictionem contemplamur:
quemadmodum oris nostri maculas speculum nobis
repraesentat. Quem enim ad sequendam iustitiam
destituit facultas, hic in luto peccatorum haereat
defixus
necesse
necesse
est.
est.
Ideo
Peccatum
quo
haereat
maioris
defixus
transgressionis
deprehensos convictosque Lex tenet, eo gravioris
simul iudicii reos agit. Huc pertinet Apostoli dictum,
quod per Legem est cognitio peccati . Primum enim
2.6.3.
Or quand il promet quelque soulagement aux
eius officium illic tantum notat, cuius experimentum
afflictions,
est
Huic
delivrance de l'Eglise, il fait dresser la baniere de
coniuncta sunt ista, Legem esse subingressam ut
fiance et d'espoir en Iesus Christ. Dieu est sorti, dit
abundaret
esse
Abacuc, pour le salut de son peuple, voire en salut
administrationem mortis , quae iram operetur , et
avec son Christ (Hab. 3, 13). Bref, quand il est fait
occidat. Eo enim magis haud dubie crescit iniquitas,
mention aux Prophetes de la restauration de l'Eglise,
quo liquidiore peccati intelligentia conscientia feritur:
le peuple est rappelé à la promesse faite à David,
quod ad praevaricationem tunc adversus Legislatorem
quant à la perpetuité du siege royal. Et ce n'est
contumacia accedit. Restat igitur ut iram Dei in
point merveille, veu qu'autrement il n'y eust eu nulle
peccatoris exitium armet: quia nihil per se potest
fermeté
quam
Et
appuyez. A quoy se rapporte ceste sentence notable
quemadmodum scribit Augustinus, si desit Spiritus
d'Isaie: Car en voyant que ce qu'il annonçoit du
gratiae, in hoc tantum adest ut reos faciat et
secours que Dieu vouloit donner presentement à la
occidat.
ville
in
peccatoribus
nondum
peccatum,
accusare,
Id
autem
ac
damnare,
quum
regeneratis.
proinde
et
dicitur,
perdere.
nec
ignominia
de
sur
en
tout
l'alliance
Ierusalem,
quand
sur
estoit
il
est
laquelle
reietté
parlé
ils
par
de
la
estoyent
le
Roy
afficitur Lex, nec eius quidem excellentiae quicquam
incredule Achab, sautant par maniere de dire, d'un
derogatur. Sane si voluntas nostra tota in eius
propos à l'autre, il vient au Messias: Voicy, la
obedientiam formata compositaque foret, plane iam
vierge concevra et enfantera un Fils (Is. 7, 14):
ad salutem sufficeret sola ipsius cognitio: at quum
signifiant par mots couverts, combien que le Roy et
natura nostra carnalis et corrupta cum spirituali Dei
le peuple reiettoyent par leur malice 1a promesse
Lege hostiliter pugnet, nec eius disciplina quicquam
qui leur estoit offerte, et quasi de propos deliberé
emendetur, superest ut Lex quae in salutem (si
s'eis orroyent à renverser la verité de Dieu, que
auditores idoneos nacta fuisset) data erat, in peccati
toutesfois l'alliance ne seroit point aneantie, que le
et mortis occasionem cedat . Quandoquidem enim
Redempteur ne vint en son temps. Parquoy les
omnes eius transgressores esse convincimur, quo
Prophetes voulans asseurer le peuple qu'il trouveroit
iustitiam Dei clarius reserat, eo nostram ex adverso
Dieu appaisé et favorable, ont tousiours observé ce
iniquitatem
salutisque
stile, de mettre en avant le regne de David, duquel
praemium iustitiae repositum certius confirmat, eo
devoit provenir la redemption et le salut eternel:
magis
detegit:
quo
vitae
certiorem iniquorum interitum reddit. Tantum ergo
comme quand Isaie dit, I'establiray mon alliance avec
abest quin Legi contumeliosa sint ista elogia, ut ad
vous, les misericordes infallibles de David (Is. 55,
illustriorem
3): Voicy ie Tay donné tesmoin aux peuples. Voire,
divinae
beneficentiae
commendationem
plurimum valeant. Nam inde profecto patet, nostra
d'autant
nequitia et pravitate nos impediri quominus vitae
confuses et desesperées, ne pouvoyent esperer que
beatitudine per Legem in propatulo posita fruamur.
Dieu leur fust propice ou enclin à merci, sans qu'un
Unde suavior redditur, quae sine Legis subsidio
tel tesmoin leur fust produit. Semblablement Ieremie
nobis succurrit Dei gratia: et amabilior, quae illam
pour remettre sus ceux qui estoyent desesperez,
nobis confert, misericordia, qua discimus, identidem
Voici, dit-il, les iours viennent, ie susciteray à
benefaciendo,
David un germe iuste, et lors Iuda et Israel habit er
et
nova
dona
cumulando
nunquam
ipsum fatigari.
que
les
fideles
voyans
les
choses
si
ont seurement (Ier. 23, 5. 6). Et Ezechiel de son
costé, Ie susciteray sur mes brebis un pasteur,
assavoir mon serviteur David. Moy l'Eternel ie leur
seray
pour
pasteur.
Dieu,
et
I'establiray
mon
serviteur
avec
eux
David
alliance
pour
de
paix
(Ezech. 34, 23. 25). Item en un autre passage,
apres
avoir
traité
du
renouvellement
qui
estoit
incroyable, Mon serviteur David, dit-il, sera leur
2.7.8.
Quod
Roy, et sera luy seul pasteur sur tous: et ratifìeray
autem
omnium
nostrum
iniquitas
et
alliance permanente de paix avec eux (Ezech. 37,
damnatio, Legis testimonio consignatur, non ideo fit
25.
(si tamen rite in ea proficimus) ut concidamus
tesmoignages
desperatione, ac desponsis animis in praecipitium
seulement ie veux advertir les lecteurs, que l'espoir
corruamus. In hunc certe modum illinc exanimantur
des fideles n'a iamais reposé ailleurs qu'en Iesus
reprobi: sed ob animi obstinationem. Apud filios Dei
Christ. Tous les autres Prophetes parlent aussi un
alium esse eruditionis finem convenit. Nos quidem
mesme langage: comme il est dit en Osée, Les fils
iudicio Legis damnatos esse testatur Apostolus, quo
de Iuda et les fils d'Israel seront rassemblez en un,
omne os obstruatur, et obnoxius reddatur omnis
et ordonneront un chef sus eux. Ce qui est encore
mundus Deo . Idem tamen alibi docet, Deum omnes
mieux exprimé apres, Les fils d'Israel retourneront
sub incredulitate conclusisse, non ut perdat, aut
et chercheront l'Eternel leur Dieu, et David leur Roy
omnes perire sinat, sed ut omnium misereatur .
(Osée 1, 11; 3, 5). Pareillement Michée, traitant du
Nempe ut omissa suae virtutis stolida opinione, sola
retour du peuple, declaire notamment que le Roy
Dei manu stare se et consistere intelligant, ut nudi
passera devant eux, et l'Eternel sera leur chef
et vacui ad eius misericordiam confugiant, in hanc se
(Mich. 2, 13). Parquoy Amos voulant promettre le
toti reclinent, in hanc penitus se abdant, hanc unam
restablissement de l'Eglise: Ie susciteray, dit-il, le
pro iustitia et meritis arripiant, quae omnibus in
pavillon de David, lequel est decheu: ie muniray
Christo exposita est quicunque eam vera fide et
toutes ses bréches, et repareray ses ruines (Amos
expetunt
Legis
9, 11). En quoy il monstre qu'il n'y avoit autre
praeceptis nonnisi perfectae iustitiae, qua nos omnes
signe de salut, sinon que gloire et maiesté royale
destituti sumus, remunerator: contra autem severus
fust derechef redressee en la mai-son de David: ce
scelerum iudex apparet. In Christo autem facies eius
qui
et
expectant.
Deus
enim
in
26).
a
Ie
esté
choisi
d'une
grande
quantité
de
quelque
petit
nombre,
pource
que
accompli
en
Christ.
C'est
pourquoy
gratiae ac lenitatis plena, erga miseros etiam ac
Zacharie, d'autant que son temps estoit plus prochain
indignos peccatores relucet.
de
la
manifestation
de
Christ,
s'escrie
plus
ouvertement, Esiouy toy, fille de Sion, esgaye-toy,
fille de Ierusalem, voicy ton Roy vient à toy iuste
et sauveur (Zach. 9, 9). Comme desia nous avons
allegué un lieu semblable du Pseaume, l'Eternel est
la force du salut de son Christ: O Dieu, sauve (Ps.
28, 8)! Car par ces mots il est monstré que le salut
s'estend du chef à tout le corps.
2.7.9.
De profectu ad implorandam auxilii gratiam saepe
Augustinus: ut quum scribit Hilario, Iubet Lex ut
facere iussa conati, et in nostra infirmitate sub Lege
fatigati, adiutorium gratiae poscere noverimus . Item
Asellio,
Utilitas
Legis
est
ut
hominem
de
sua
infirmitate convincat, et gratiae medicinam, quae in
Christo
est,
implorare
compellat
.
Item
ad
Innocentium Romanum, Iubet Lex: gratia vires agendi
subministrat . Item Valentino, Iubet Deus quae non
possumus, ut noverimus quid ab illo petere debeamus
. Item, Data est Lex ut vos reos faceret: timentes,
indulgentiam
peteretis:
de
viribus
vestris
non
praesumeretis . Item, Ad hoc data est Lex, ut de
magno parvulum faceret: ut te ad iustitiam vires de
2.6.4.
tuo non habere monstraret, ac sic inops, indignus, ac
Or Dieu a voulu que les Iuifs fussent embuz de
egenus ad gratiam confugeres. Postea sermonem ad
telles propheties, afin de les accoustumer à dresser
Deum dirigit, Ita fac impera quod non possit impleri:
les yeux à Iesus Christ, toutes fois et quantes qu'ils
imo impera quod nonnisi per gratiam tuam possit
avoyent à demander d'estre delivrez. Et de fait,
impleri: ut quum homines id implere per suas vires
combien
nequiverint,
sibi
iamais la memoire de ce principe general n'a peti
magnus videatur. Sint omnes parvuli, et reus fiat
estre abolie: c'est que Dieu, selon qu'il avoit promis
omnis mundus coram Deo . Sed ego ineptus sum qui
à David, seroit redempteur de son Eglise par la main
tot
opus
de Iesus Christ: et que par ce moyen l'alliance
scripserit sanctus ille vir, cui titulum fecit De spiritu
gratuite, par laquelle Dieu avoit adopté ses eleus,
et litera. Secundum profectum non tam significanter
seroit ferme. De là est advenu qu'à l'entrée de Iesus
describit, vel quod dependere ex illo priore noverat,
Christ en Ierusalem un peu devant sa mort, ce
vel quod non ita probe tenebat, vel quod verba non
cantique resonnoit comme chose commune en la
habebat quibus rectum alioqui sensum ita distincte et
bouche des petits enfans : Osianna au fils de David
perspicue
reprobis
(Matth. 21, 9). Car il n'y a nulle doute que cela
quoque ipsis primum hoc Legis officium cessat.
n'ait esté tiré de ce qui estoit receu entre tout le
Quanquam enim cum filiis Dei non hucusque pergunt
peuple, et qu'ils ne le chantassent iournellement:
omne
testimonia
os
obstruatur,
congero,
explicaret.
quum
Neque
et
nemo
proprium
tamen
in
qu'ils
se
soyent
abastardis
vilainement,
ut
post
carnis
deiectionem
interiore
homine
assavoir qu'il ne leur restoit autre gage de la
renoventur ac reflorescant, sed primo terrore attoniti
misericorde
in
ad
Redempteur. Pour ceste raison Christ commande à
aequitatem,
eiusmodi
ses disciples de croire en luy, pour distinctement et
exagitari.
Siquidem
parfaictement croire en Dieu (Iean 14, 1). Car
iudicium
combien qu'à parler proprement, la foy monte là haut
desperatione
manifestandam
iacent:
divini
fluctibus
eorum
libenter
semper
pertinet
iudicii
conscientias
cupiunt
adversus
tamen
Dei
de
Dieu,
qu'en
l'advenement
du
tergiversari: nunc illo nondum patefacto, Legis tamen
au
et conscientiae testimonio sic consternati, in seipsis
qu'estant mesme appuyée en Dieu, elle s'esvanouit
produnt quid meriti sint.
petit à petit, sinon qu'il intervint au milieu pour la
Pere
par
Iesus
Christ,
toutesfois
il
signifie
retenir en pleine fermeté. Au reste, la maiesté de
Dieu est trop haute, pour dire que les hommes
mortels y puissent parvenir, veu qu'ils ne font que
ramper sur la terre comme petits vers. Parquoy ie
reçoy ce dire commun, que Dieu est Pobiect de la
foy, par tel si qu'on y adiouste correction: pource
que ce n'est pas en vain que Iesus Christ est
nommé l'image de Dieu invisible (Coloss. 1, 15):
mais par ce titre nous sommes advertis que si le
Pere ne se presente à nous par le moyen du Fils, il
ne peut estre cogneu à salut. Or combien que les
2.7.10.
Scribes
eussent
brouillé
et
obscurci
par
leurs
Secundum Legis officium est ut qui nulla iusti
fausses glo-ses tout ce que 1es Prophetes avoyent
rectique cura, nisi coacti, tanguntur, dum audiunt
enseigné du Redempteur, toutesfois Iesus Christ a
diras in ea sanctiones, coerceantur saltem poenarum
prins cest article pour resolu et receu du commun
formidine.
interior
consentement: c'est qu'il n'y avoit autre remede en
eorum animus permoveatur aut afficiatur: sed quia,
la confusion où estoyent tombez les Iuifs, ny autre
tanquam iniecto fraeno, manus ab exteriori opere
moyen de delivrer l'Eglise, sinon que le Redempteur
continent, et suam pravitatem intus cohibent, quam
promis vint en avant. On n'a pas entendu entre le
alioqui petulanter effusuri erant. Ex eo nec meliores
peuple si bien qu'il eust esté requis, ce que sainct
quidem sunt, nec apud Deum iustiores. Nam tametsi
Paul enseigne: assavoir que Iesus Christ est la fin
vel terrore vel pudore impediti exercere non audent
de la Loy (Rom. 10, 4): mais il appert clairement
quod animo conceperunt, nec suae libidinis furias
par la Loy et les Prophetes combien ceste sentence
palam efflare, cor tamen non habent compositum ad
est vraye et certaine. Ie ne dispute pas encores de
timorem et obedientiam Dei: imo quo magis sese
la foy par le menu, pource que le lieu sera plus
retinent,
fervent,
opportun ailleurs: seulement que cela soit conclu
bulliunt, parati quidvis facere, et quovis prorumpere
entre nous, comme ainsi soit que le premier degré à
nisi hic terror Legis obstaret. Nec id solum, sed
pieté soit de cognoistre que Dieu nous est Pere,
Legem quoque ipsam pessime oderunt, et Deum
pour nous maintenir, gouverner et nourrir, iusques a
Legislatorem execrantur, ut eum, si possent, maxime
ce qu'il nous recueille en son heritage eternel: que
velint tollere, quem nec recta iubentem, nec suae
de là s'ensuit sans doute ce que nous avons cy
maiestatis contemptores ulciscentem ferre possunt.
dessus declairé: assavoir que la vraye cognoissance
Coercentur
eo
fortius
autem,
intus
non
quod
accenduntur,
Aliis quidem obscurius, aliis clarius, omnibus tamen
de Dieu ne peut subsister sans Iesus Christ. Et par
nondum
non
ainsi que dés le commencement du monde il a osté
restitantes,
mis en avant aux eleus, afin qu'ils eussent les yeux
tantum timoris violentia ad Legis studium trahantur.
arrestez en luy, et que leur fiance s'y reposast.
Sed
iustitia,
C'est en ce sens qu'escrit Irenée, que le Pere estant
necessaria est publicae hominum communitati, cuius
infini en soy, s'est rendu fini en son Fils, d'autant
hic tranquillitati consulitur, dum cavetur ne omnia
qu'il s'est conforme à nostre petitesse, afin de ne
permisceantur tumultu: quod fieret si omnia omnibus
point engloutir nos sens par l'infinité de sa gloire.
licerent. Quinetiam filiis Dei non est inutile hac
Ce qu'aucuns fantastiques ne reputans point, ont tiré
paedagogia
ceste sentence fort utile, pour colorer leur resverie
regeneratis
voluntaria
submissione,
tamen
Spiritu
hic
haec
sensus
sed
inviti
coacta
exerceri,
ac
ut
expressaque
quantisper
sanctificationis
inest,
vocationem,
carnis
infernale, comme si une portion tant seulement de
lasciviunt. Dum enim divinae ultionis terrore vel ab
deité estoit coulée de la perfection du Pere sur le
externa
nondum
Fils. Or ce bon Docteur n'entend autre chose, sinon
animo domiti parum in praesentia promoveant, aliqua
que Dieu est comprins en Iesus Christ, et non autre
tamen ex parte ferendo iustitiae iugo assuefiunt: ne
part. Ceste sentence a tousiours esté vraye, Celuy
quum vocati fuerint, sint ad disciplinam ceu ad rem
qui n'a point le Fils n'a point le Pere (1 Iean 2,
incognitam, rudes prorsus ac novitii. Hoc officium
23). Car combien que plusieurs se soyent glorifiez
videtur
Apostolus
proprie
d'adorer le souverain createur du ciel et de la terre,
Legem
non
iusto
petulantia
esse
destituti,
ante
retrahuntur,
insipientia
utcunque
attigisse,
toutesfois pource qu'ils n'avoyent nul mediateur, il a
immorigeris, impiis et peccatoribus, sceleratis et
esté impossible qu'ils goustassent à bon escient la
profanis, parricidis, homicidis, fornicariis, paederastis,
misericorde
plagiariis, mendacibus ac periuris: et siquid aliud
persuadez qu'il leur fust Pere. Pourtant donques
sanae
esse
qu'ils ne tenoyent point le chef, c'est à dire Christ,
exultantibus, et sine modo alioquin vagaturis carnis
il n'y a eu en eux qu'une cognoissance ombrageuse
libidinibus, retinaculum.
de Dieu, et qui n'a eu nul arrest. Dont aussi il est
adversatur.
sed
tradit
et
doctrinae
positam,
quum
Indicat
iniustis
enim
de
Dieu,
pour
estre
droictement
advenu, qu'estans trebuschez en superstitions lourdes
et
enormes,
ils
ont
descouvert
leur
ignorance:
comme auiourd'huy les Turcs, combien qu'ils se
vantent à pleine bouche que le souverain createur
est leur Dieu, neantmoins ils supposent une idole en
son lieu, d'autant qu'ils reprouvent Iesus Christ.
2.7. Que la Loy a esté donnée, non pas pour
arrester le peuple ancien à soy, mais pour nourrir
2.7.11.
l'esperance de salut qu'il devoit avoir en Iesus
Ad utrunque vero accommodari potest quod alibi
Christ, iusques à ce qu'il Vint.
dicit, Legem fuisse Iudaeis paedagogum ad Christum
;
siquidem
duo
sunt
hominum
genera
quos
ad
2.7.1.
Christum sua paedagogia manuducit. Alii (de quibus
De tout le discours que nous avons fait, il est
primo loco diximus) quia propriae aut virtutis, aut
facile à recueillir que la Loy n'a pas esté donnée
iustitiae fiducia nimis pleni sunt, recipiendae Christi
environ quatre cens ans apres la mort d'Abraham,
gratiae non sunt idonei, nisi prius sint exinaniti.
pour esloigner de Iesus Christ le peuple éleu: mais
Ergo eos miseriae suae agnitione Lex ad humilitatem
plustost pour tenir les esprits en suspens iusques à
subigit, quo ita praeparentur ad expetendum quod
l'advenement d'iceluy et les inciter à un desir ardent
sibi antea deesse non putabant. Alii opus habent
de telle venue: les confermer aussi en attente, afin
fraeno quo retineantur, ne ita laxent fraena carnis
qu'ils ne defaillissent pour la longueur du terme. Or
suae lasciviae ut ab omni iustitiae studio prorsus
par ce mot de Loy ie n'enten pas seulement les dix
excidant. Ubi enim nondum regit Spiritus Dei, illic
preceptes, lesquels nous monstrent la reigle de vivre
sic ebulliunt interdum libidines, ut periculum sit ne
iustement et sainctement, mais la forme de religion
animam sibi obnoxiam in oblivionem contemptumque
telle que Dieu a publiée par la main de Moyse. Car
Dei demergant: et fieret nisi Dominus hoc remedio
Moyse n'a pas este donné pour Legislateur, afin
obviam iret. Itaque quos ad regni sui haereditatem
d'abolir la benediction promise à la race d'Abraham:
destinavit, si non statim regenerat, ad tempus suae
plustost nous voyons que çà et là il rappelle les
visitationis conservat per Legis opera sub timore,
Iuifs à ceste alliance gratuite que Dieu avoit establie
non illo quidem casto et puro qualis in eius filiis
avec
esse debet, utili tamen ad hoc ut ad veram pietatem
heritiers: comme s'il eust esté envoyé pour la
pro suo captu erudiantur. Huius rei tot habemus
renouveller. Ce qui a esté amplement manifesté par
documenta, ut minime opus sit exemplo. Quicunque
les ceremonies. Car il n'y auroit rien plus sot ou
enim aliquandiu in ignoratione Dei versati sunt, hoc
frivole, que d'offrir de la gresse et fumée puante
sibi accidisse fatebuntur ut Legis fraeno retinerentur
des entrailles des bestes pour se reconcilier avec
in qualicunque Dei metu et observantia, donec Spiritu
Dieu, ou avoir son refuge à quelque aspersion de
regenerati, ex animo ipsum amare inciperent.
sang ou d'eau, pour nettoyer les souillures de l'ame.
leurs
Peres,
et
de
laquelle
ils
estoyent
Bref si tout le service qui a esté sous la Loy est
consideré en soy, comme s'il ne contenoit nulles
ombres
ne
figures
qui
eussent
leur
verité
correspondante, il semblera que ce soit un ieu de
petits enfans. Parquoy ce n'est pas sans cause que
tant au sermon dernier de sainct Estienne qu'en
l'Epistre
aux
Hebrieux,
ce
passage
où
Dieu
commanda à Moyse de faire le tabernacle avec ses
2.7.12.
dependances, selon le patron qui luy avoit esté
Tertius
in
monstré en la montagne, est si diligemment noté
proprium Legis finem propius spectat, erga fideles
(Act. 7, 44; Hebr. 8,5; Exode 25, 40). Car si le
locum habet, quorum in cordibus iam viget ac regnat
tout n'eust eu son but spirituel, les Iuifs y eussent
Dei Spiritus. Nam tametsi digito Dei Legem scriptam
aussi bien perdu leur peine, comme les Payens en
et insculptam habent in cordibus, hoc est, sic affecti
leurs badinages. Les gaudisseurs et gens profanes,
sunt
ut
qui n'ont iamais appliqué leur estude à droite pieté,
obtemperare Deo cupiant: bifariam tamen adhuc in
se faschent d'un tel amas de ceremonies qu'o voit
Lege proficiunt. Est enim illis optimum organum quo
en la Loy: et non seulement s'esmerveillent comme
melius in dies ac certius discant qualis sit Domini
Dieu a voulu donner tant de peine au peuple ancien,
voluntas, ad quam aspirant: atque in eius intelligentia
le chargeant de tant de fardeaux: mais se moquent
et
usus,
animati
qui
per
et
praecipuus
Spiritus
est,
et
directionem
confirmentur. Ut siquis servus iam ita sit toto animi
de tant de façons de faire, comme des menus fatras
studio
comparatus
se
approbet,
et ieux de petits enfans: voire pource qu'ils ne
domini
explorare
regardent pas à la fin, de laquelle quand les figures
accuratius et observare, ad quos se componat et
de la Loy sont separées, on les peut bien iuger
accommodet.
hac
vaines et inutiles. Mais ce patron duquel il est parlé,
necessitate eximat; nemo enim eo sapientiae adhuc
monstre bien que Dieu n'a pas ordonné les sacrifices
penetravit
ut
Legis
pour occuper en choses terrestres ceux qui le
eruditione
novos
puriorem
voudroyent servir, mais plustost pour eslever leurs
divinae voluntatis notitiam. Deinde quia non sola
esprits plus haut. Ce qu'on peut verifier par sa
doctrina, sed exhortatione quoque indigemus, hanc
nature: car comme il est esprit, aussi ne prend-il
quoque utilitatem ex Lege capiet servus Dei, ut
plaisir
frequenti eius meditatione excitetur ad obsequium, in
sentences
eo roboretur, a delinquendi lubrico retrahatur. In
redarguent les Iuifs de leur bestise, en ce qu'ils
hunc enim modum sanctos sibi instare oportet, qui
pensoyent
secundum
Dei
aucunement prisez de Dieu. Leur intention n'estoit
iustitiam contendant, carnis tamen ignavia semper
point de rien deroguer à la Loy: mais estans droits
onerantur quominus legitima promptitudine pergant.
et vrais expositeurs d'icelle, ils ont ramené le
Huic
vulgaire
necesse
tamen
domino
habet
Nec
se
non
Lex
asini,
quispiam
possit
ex
nostrum
quantalibet
in
alacritate
est,
opus
ab
quotidiana
progressus
flagrum
ad
suo
mores
facere
Spiritum
carni
tardique
ut
quo
instar
des
Prophetes
que
des
spirituel.
les
Iuifs
but
que
tesmoignent,
sacrifices
au
Ce
tels
duquel
plusieurs
quand
quels
ils
ils
fussent
s'estoyent
destournez. Desia nous avons à recueillir, puis que la
homini, quia nondum carnis mole expeditus est,
grace de Dieu a esté offerte aux Iuifs, que la Loy
assiduus
non
n'a pas esté vuide de Christ. Car Moyse leur a
permittat. Nimirum in hunc usum respiciebat David,
proposé ceste fin de leur adoption: c'est qu'ils
quum insignibus illis encomiis Legem celebraret, Lex
fussent pour royaume sacerdotal à Dieu (Exode 19,
Domini
immaculata,
iustitiae
6), ce qu'ils ne pouvoyent obtenir, s'il n'y eust eu
Domini
rectae,
praeceptum
une reconcilation plus digne et pretieuse que par le
Domini
lucidum,
Lucerna
pedibus
erit
qui
desidere
convertens
laetificantes
illuminans
meis
imo
inertis
service
spirituali
aculeus
urgeatur;
ad
qu'à
illum
animas:
corda:
oculos,
verbum
etc.
tuum,
.
et
Item,
lumen
sang des bestes brutes. Car quelle raison ne propos
y
auroit-il,
que
les
fils
d'Adam,
lesquels
par
esclaves
de
semitis meis ; ac innumera quae toto illo Psalmo
contagion
prosequitur.
Paulinis
peché, fussent soudain eslevez en dignité royale, et
sententiis quibus ostenditur, non quem regeneratis
par ce moyen faits participans de la gloire de Dieu,
usum Lex praestet, sed quid homini per se conferre
sinon qu'un si haut bien et si excellent leur parvint
queat. Hic autem canit Propheta quanta cum utilitate
d'ailleurs? Comment aussi le droit de sacrificature
Legis suae lectione erudiat Dominus eos quibus intus
leur pouvoit-il appartenir, ou avoir lieu entre eux,
obsequendi
sola
veu qu'ils estoyent abominables à. Dieu par les
gratiae
macules de leurs vices, sinon qu'ils eussent esté
promissionem, quae sola facit ut quod amarum est
consacrez en cest office par la saincteté du chef?
dulcescat.
si
Parquoy sainct Pierre en tournant les mots de
flagitando tantum et minando metu sollicitet animas,
Moyse, a usé d'une grace et dexterité qui est bien à
et terrore angat? Praesertim vero ostendit David, se
noter: c'est qu'en signifiant que la plenitude de grace
in Lege Mediatorem apprehendisse, sine quo nulla
que les Iuifs ont gousté sous la Loy, a esté
est oblectatio vel suavitas.
desployee en Iesus Christ: il dit, Vous estes le
praecepta
Neque
vero
repugnant
promptitudinem
arripit,
Quid
sed
enim
aspirat:
rebus
Lege
ista
nec
annexam
minus
amabile,
hereditaire
naissent
tous
lignage éleu, et la sacrificature royale (1 Pierre 2,
9)? Car ce changement des mots tend à ce qu'on
cognoisse que ceux ausquels Iesus Christ est apparu
par l'Evangile, ont receu plus de biens que leurs
Peres: d'autant qu'ils sont "tous ornez et revestus
d'honneur sacerdotal et royal, afin d'avoir liberté de
se presenter devant Dieu franchement par le moyen
de leur mediateur.
2.7.13.
Quod discernere dum imperiti quidam nesciunt,
totum
Mosen
tabulas
animose
valere
explodunt,
iubent:
2.7.2.
Il est ici noter en passant, que le royaume qui a
alienum esse arbitrantur adhaerere doctrinae quae
esW dressé en la maison de David, estoit une partie
mortis administrationem continet. Facessat longe ex
de la charge et commission qui avoit esté donnée à
animis nostris profana istaec opinio; pulchre enim
Moyse, et de la doctrine de laquelle il avoit esté
docuit Moses, Legem, quae apud peccatores nihil
ministre. Dont il s'ensuit que tant en la lignée de
quam mortem generare potest, in sanctis meliorem
Levi qu'aux successeurs de David, Iesus Christ a
praestantioremque habere debere usum. Sic enim
esté proposé devant les yeux des Iuifs, comme en
moriturus populo edixit, Ponite corda vestra in omnia
un double miroir: pource que (comme i'ay n'agueres
verba quae ego testificor vobis hodie, ut mandetis ea
dit) ils ne pouvoyent estre autrement sacrificateurs
filiis vestris, doceatisque custodire, facere et implere
devant Dieu, veu qu'ils estoyent serfs de peché et
universa quae scripta sunt in volumine Legis huius,
de mort, et pollus en leur corruption. On peut aussi
quia non incassum praecepta sunt vobis, sed ut
maintenant voir combien est vray ce que dit sainct
singuli in eis viverent . Quod si absolutum in ea
Paul, que les Iuifs ont esté retenus sous la Loi (Gal.
iustitiae
aut
3, 24), comme sous la garde d'un maistre d'escole,
nullam esse nobis recte iusteque vivendi regulam
iusqu'à ce que la semence, en faveur de laquelle la
oportet, aut ab ea nefas est discedere. Siquidem non
grace avoit esté donnée, vinst. Car d'autant que
plures, sed una est perpetua et inflexibilis vivendi
Iesus
regula. Quamobrem quod iusti hominis vitam in Legis
familierement monstré, ils ont esté semblables pour
meditatione continuam facit David , id ne ad seculum
ce temps-là à des enfans, et leur rudesse et
unum
mundi
infirmité ne pouvoit porter pleine science des choses
aetatibus convenientissimum est: nec absterreamur
celestes. Or comment ils ont esté conduits à Iesus
ideo,
quod
Christ par les ceremonies, il a esté desia exposé, et
quam
on le peut encores mieux comprendre par beaucoup
carcerem
de tesmoignages des Prophetes. Car combien qu'ils
referamus,
aut
eminere
quia
refugiamus
scilicet
Legis
Christianis
exemplar
quia
duasque
nemo
singulis
ab
eius
exactiorem
multo
sanctitatem
praestaturi
sumus
dum
ad
inficietur,
finem
institutione
praescribat
circunferemus
Christ
ne
leur
estoit
point
encores
corporis nostri. Non enim iam rigidi exactoris vicem
fussent
erga nos fungitur, cui non satisfiat nisi soluto penso:
sacrifices pour appaiser Dieu, toutesfois Isaie leur
sed in hac ad quam nos adhortatur perfectione,
monstre que tous pechez seroyent effacez pour un
obligez
à
offrir
iournellement
nouveaux
metam
demonstrat
ad
quam
nobis
tota
vita
coup
par
un
sacrifice
unique
et
perpetuel.
Ce
contendere non minus utile est quam officio nostro
qu'aussi Daniel conferme (Is. 53, 5; Daniel 9, 26.
consentaneum. In qua contentione si non deficimus,
27). Les Sacrificateurs estans choisis de la lignée
bene est. Stadium nanque est tota haec vita, cuius
de Levi, entroyent au sanctuaire: mais cependant il
decurso spatio, dabit Dominus ut metam illam, ad
estoit dit au Pseaume, que Dieu en avoit éleu un
quam nunc eminus nituntur nostra studia, teneamus.
seul,
voire
establi
avec
serment
solennel
et
immuable, pour estre Sacrificateur selon l'estat de
Melchisedec (Ps. 110, 4). L'onction de l'huile visible
avoit lors son cours: mais Daniel, selon qu'il avoit
2.7.14.
eu par vision, prononce qu'il y en aura bien une
Nunc ergo quoniam vim exhortationis erga fideles
autre. Ie n'insisteray pas plus longuement sur ceci,
habet Lex, non quae eorum conscientias maledictione
d'autant que l'autheur de l'Epistre aux Hebrieux,
liget, sed quae pigritiam, subinde instando excutiat,
depuis le quatrieme chapitre, iusques à l'onzième
et
volunt
deduit au long et au large et monstre clairement que
significare hanc ab illius maledictione liberationem,
toutes les ceremonies de la Loy sont de nulle valeur
dicunt abrogatam esse Legem fidelibus (de morali
et nul profit, iusques à ce qu'on vienne à Iesus
adhuc loquor) non quod amplius illis non iubeat quod
Christ.
rectum est, sed duntaxat ne sit illis quod antea erat,
sentence de sainct Paul leur compete aussi bien:
hoc
et
assavoir que Iesus Christ est la fin de la Loy, et en
confundendo, damnet ac perdat. Et sane talem Legis
salut à tous croyans. Item, Que Iesus Christ est
abrogationem non obscure docet Paulus. A Domino
l'ame ou l'esprit qui vivifie la lettre, laquelle en soy
quoque
imperfectionem
est,
ne
vellicet:
eorum
fuisse
multi
conscientias
dix
commandemens,
ceste
autrement seroit mortelle (Rom. 10, 4; 2 Cor. 3, 6).
dissipanda
non
Car au premier passage il signifie que c'est en vain
refutasset nisi invaluisset inter Iudaeos. Quum autem
que nous sommes enseignez quelle est la vraye
non potuerit temere, sine ullo praetextu, emergere:
iustice, iusques à ce que Iesus Christ la nous donne
credibile est, ab eius doctrinae falsa interpretatione
tant par imputation gratuite, qu'en nous regenerant
fuisse natam: qualiter cuncti fere errores occasionem
par son Esprit. Pourtant à bon droit il nomme Iesus
a veritate sumere consueverunt. Nos vero, ne ad
Christ l'accomplissement ou la fin de la Loy: pource
eundem impingamus lapidem, accurate distinguamus
qu'il ne profìteroit rien de savoir ce que Dieu
quid in Lege sit abrogatum, quid firmum adhuc
requiert
maneat. Quum testatur Dominus se non venisse ad
secourust, en nous allegeant du ioug et fardeau
Legem
insupportable,
Lege
abolendam,
praeteriturum,
apicem
de
ex
sed
donec
ad
caelum
ac
terra
transeant,
lequel
Iesus
nous
Christ
travaillons
nous
et
sommes accablez. En un autre lieu il dit que la Loy
leur damnation (Gal. 3, 19). Or pource que telle est
potius venit ut eius transgressionibus mederetur.
la vraye preparation et unique pour venir à Christ,
Manet igitur per Christum inviolabilis Legis doctrina,
tout ce qu'il dit en divers mots, s'accorde tresbien
quae
obiurgando,
ensemble. Mais pource qu'il a eu à debattre contre
formet
des seducteurs, qui enseignoyent qu'on se pouvoit
comparet.
omne
opus
bonum
nihil
que
satis confirmat. Et merito: quando in hunc finem
admonendo,
:
sous
sinon
d'humilier les hommes en les ayant conveincus de
ad
fiant
nec
nous,
observantia Legis per suum adventum detractum iri
docendo,
omnia
implendam:
de
a esté mise pour les transgressions, voire afin
corrigendo,
quin
se
de
nos
Lege
a
eo
aux
quod
illam
ex
perterrendo
Quant
apparet
opinionem
praedicatam
dum
ac
iustifier, et meriter salut par les oeuvres de la Loy,
pour abattre leur erreur il a esté quelque fois
contraint
de
prendre
la
Loy
plus
estroitement,
comme si elle commandoit simplement de bien vivre,
ia soit que l'alliance d'adoption ne s'en doyve point
separer, quand on parle de tout ce qu'elle contient.
2.7.15.
2.7.3.
Quae vero de maledictione dicuntur a Paulo, non
ad
institutionem
solum
sommes rendus tant plus inexcusables, apres avoir
constringendae conscientiae vigorem, constat. Non
esté enseignez par la loy morale, pour nous soliciter
enim solum docet Lex, sed imperiose exigit quod
à
mandat. Si non exhibeatur, imo siqua in parte ab
perfection de iustice soit monstrée en la Loy, il
officio cessetur, maledictionis fulmen stringit. Hac
s'ensuyt pareillement que l'observation entiere de la
ratione dicit Apostolus, omnes qui sunt ex operibus
Loy est entiere iustice devant Dieu, par laquelle
Legis, esse execrationi obnoxios, quia scriptum sit,
l'homme puisse estre reputé iuste devant son Throne
Execrabilis omnis qui non complet omnia . Eos
celeste. Pourtant Moyse ayant publié la Loy, ne fait
autem sub operibus Legis dicit qui in remissione
point de doute d'appeler en tesmoin le ciel et la
peccatorum iustitiam non statuunt, per quam a Legis
terre, qu'il a proposé au peuple d'Israel la vie et la
rigore solvimur. Solvi ergo nos a Legis vinculis
mort, le bien et le mal (Deut. 30, 19). Et ne
oportere docet, nisi volumus sub illis misere perire.
pouvons contredire, que l'obeissance entiere de la
Sed
Loy ne soit remunerée de la vie eternelle, comme le
quibus
ipsam
vinculis?
pertinere,
illius
austerae
sed
Or il est expedient de voir en bref comment nous
et
infestae
demander
exactionis quae ex summo iure nihil remittit, nec
Seigneur
transgressionem
d'autrepart
inquam,
ullam
maledictione
impunitam
ut
nos
sinit.
Ab
redimeret
hac,
Christus,
l'a
accomplissons
pardon.
Or
promis.
considerer,
telle
s'il
est
Toutesfois
assavoir
obeissance,
de
vray
il
que
nous
la
faut
si
nous
laquelle
nous
factus est pro nobis maledictio. Scriptum est enim,
puissions concevoir quelque confiance de salut. Car
Maledictus omnis qui pendet in ligno. Capite quidem
dequoy sert-il d'entendre qu'en obeissant à la Loy
sequenti tradit, Christum Legi fuisse subiectum ut
on peut attendre le loyer de la vie eternelle, si
eos qui sub Lege erant redimeret: sed eodem sensu;
quant et quant nous ne cognoissons que par ce
subdit enim continuo, Quo ius filiorum, adoptione
moyen nous pouvons parvenir à salut? Or en cest
reciperemus . Quid istuc est? ne perpetua servitute
endroit se demonstre l'imbecillité de la Loy: car
premeremur,
d'autant que ceste obeissance n'est trouvée en nul
mortis
semper
quae
compressas
conscientias
teneret.
inconcussum,
decessisse
quin
ex
eadem
nostras
manet
illud
de nous, par cela es-. tans exclus des promesses
authoritate
nihil
de vie, nous tombons enx) malediction eternelle. Ie
veneratione
ne dy pas seulement ce qui se fait, mais ce qui est
Interim
Legis
anxietate
semper
obedientiaque ipsam suscipi a nobis conveniat.
necessaire qu'il advienne. Car comme ainsi soit que
la doctrine de la Loy surmonte de beaucoup la
faculté des hommes, nous pouvons bien de loin
regarder les promesses qui y sont données: mais
nous n'en pouvons recevoir aucun fruit. Pourtant il
ne nous en revient rien, sinon que par cela nous
voyons d'autant mieux nostre misere: entant que
toute esperance de salut nous est ostée, et la mort
2.7.16.
revelée. D'autre costé se presentent les horribles
Alia ceremoniarum ratio, quae non effectu, sed
menaces qui y sont mises: lesquels ne pressent pas
usu solo fuerunt abrogatae. Quod autem illis finem
aucuns de nous, mais tous generalement. Elles nous
adventu suo Christus imposuit, adeo nihil earum
pressent, di-ie, et nous poursuyvent d'une rigueur
sanctitati
inexorable, tellement que nous voyons une certaine
derogat
ut
eam
magis
commendet
ac
illustret. Nam sicuti veteri populo inane praebuissent
spectaculum
nisi
mortis
et
resurrectionis
virtus illic monstrata esset: ita
discernere
hodie
non
liceret
malediction en la Loy.
Christi
nisi cessassent,
quorsum
fuissent
institutae. Ideo Paulus, ut earum observationem non
supervacuam modo, sed noxiam quoque esse probet,
umbras fuisse docet, quarum nobis extat in Christo
2.7.4.
corpus . Videmus ergo ut in earum abolitione melius
Pourtant, si nous ne regardons que la Loy, nous
refulgeat veritas, quam si adhuc procul et quasi
ne pouvons autre chose que perdre du tout courage,
obtento velo Christum qui palam apparuit figurarent.
estre confus, et nous desesperer: veu qu'en icelle
Ideo et Christi morte velum templi in duas partes
nous sommes tous maudits et condamnez, et n'y a
scissum
expressa
celuy de nous qui ne soit forclos de la beatitude
caelestium bonorum imago in lucem prodierat, quae
promise à ceux qui l'observent. Quelcun demandera
obscuris tantum lineamentis inchoata fuerat, sicuti
si Dieu se delecte à nous tromper. Car il semble
loquitur author epistolae ad Hebraeos . Huc pertinet
bien advis que c'est une moquerie, de monstrer
dictum Christi, Legem et Prophetas fuisse usque ad
quelque esperance de felicité à l'homme, l'appeller et
ex eo regnum Dei coepisse evangelizari ; non quod
exhorter
praedicatione quae spem salutis et vitae aeternae
appareillée, et cependant que l'accez soit fermé. Ie
continet,
quia
respon, que combien que les promesses de la Loy,
procul et sub umbraculis intuiti sunt duntaxat quod
d'autant quelles sont conditionelles, ne doyvent point
hodie
estre accomplies sinon à ceux qui auront accomply
cecidit
in
privati
plena
:
quia
fuerint
luce
iam
viva
sancti
et
Patres:
conspicimus.
sed
Cur
autem
à
icelle,
promettre
qu'elle
luy
est
Ecclesiam Dei ab illis rudimentis altius transcendere
toute
oportuerit, explicat Iohannes Baptista, Quod Lex per
hommes),
Mosen data sit, gratia autem et veritas per Iesum
données en vain. Car apres que nous avons entendu
facta . Quia etsi vere expiatio in veteribus sacrificiis
qu'elles n'ont point de lieu ny efficace envers nous,
promissa fuit, et arca foederis certum fuit paterni
sinon que Dieu par sa bonté gratuite nous reçoyve
Dei favoris pignus: hoc totum umbratile fuisset, nisi
sans aucun esgard de nos oeuvres: apres aussi que
in
nous avons receu par foy icelle bonté, laquelle il
Christi
gratia
fundatum,
aeternaque stabilitas.
Hoc
ubi
reperitur
solida
quidem fixum maneat,
nous
iustice
(ce
qui
toutesfois
presente
par
ne
se
qu'elles
son
trouve
n'ont
Evangile,
entre
point
ces
les
esté
mesmes
quanvis servari desierint ritus legales, ipso tamen
promesses avec leur condition ne sont point vaines.
fine melius cognosci quanta fuerit eorum utilitas ante
Oar lors le Seigneur nous donne gratuitement toutes
Christi adventum, qui usum tollendo, vim et effectum
choses, en telle sorte que sa liberalité vient iusques
sua morte obsignavit.
à ce comble, de ne reietter pas nostre obeissance
imparfaite: mais en nous remettant et pardonnant ce
qui y defaut, l'accepter pour bonne et entiere, et par
consequent
nous
faire
recevoir
le
fruit
des
pro-messes legales, comme si leur condition estoit
accomplie. Mais d'autant que ceste question sera
plus pleinement traitée, quand nous parlerons de la
iustification
de
la
foy,
ie
ne
la
veux
point
maintenant poursuyvre plus outre.
2.7.5.
Ce que nous avons dit, l'observation de la Loy
2.7.17.
estre impossible, il nous le faut brevement expliquer
Paulo plus difficultatis habet quae notatur a Paulo
et confermer. Car il semble advis que ce soit une
ratio, Et vos quum essetis mortui per delicta et
sentence fort absurde, tellement que sainct Hierome
praeputium carnis vestrae, convivificavit cum illo,
n'a point fait doute de la condamner pour meschante.
donans vobis omnia delicta, delens quod adversus
Touchant de la raison qui Pa meu à ce faire, ie ne
nos erat chirographum in decretis, quod erat nobis
m'en soucie: il nous doit suffire d'entendre la verité.
contrarium: et ipsum tulit e medio, affigens cruci,
Ie
etc. . Videtur enim Legis abolitionem aliquantum
manieres de possibilité. I'appelle Impossible, ce qui
ultra dilatare, ut nihil iam nobis sit cum illius
n'a iamais esté veu, et est ordonné par la sentence
decretis. Errant enim qui simpliciter de Lege morali
de Dieu que iamais ne sera. Quand nous regarderons
accipiunt,
magis
depuis le commencement du monde, ie dy qu'il n'y a
severitatem, quam doctrinam abolitam interpretantur.
eu nul de tous les saincts, lequel estant en ceste
Alii acutius pensiculantes Pauli verba, perspiciunt in
prison de corps mortel ait eu une dilection si
Legem
parfaite, iusques à aimer Dieu de tout son coeur, de
cuius
tamen
ceremonialem
ostendunt,
id
non
inexorabilem
proprie
semel
apud
competere:
Paulum
et
sonare
ne
toute
feray
son
point
ame
et
ici
de
grandes
toute
distinctions
sa
vertu.
Ie
des
dy
vocabulum Decreti: nam ad Ephesios quoque ita
davantage, qu'il n'y en a eu nul qui n'ait esté
loquitur, Ipse est pax nostra, qui fecit utraque unum,
entaché de quelque concupiscence. Qui contredira à
Legem mandatorum in decretis sitam evacuans, ut
cela?
duos conderet in seipso, in unum novum hominem .
superstition: c'est assavoir d'une telle pureté qu'à
De
grand'peine les Anges du ciel soyent semblables:
ceremoniis
illic
agi,
minime
ambiguum:
quia
Ie
voy
bien
quels
saincts
imagine
la
interstitium vocat, quo Iudaei a Gentibus dissidebant.
mais
Quare priores illos ab his iure reprehendi fateor: sed
l'experience. Ie dy encore plus, qu'il n'y en aura
ab his quoque nondum bene explicari mens Apostoli
iamais qui vienne iusques à un tel but de perfection,
mihi videtur. Nam illos duos locos simul per omnia
iusques à ce qu'il soit delivré de son corps. Ce qui
comparari, nullo modo placet. Ephesios quum de sua
est prouvé de plusieurs evidens tesmoignages de
in
facere
l'Escriture. Salomon disoit en dediant le Temple,
vellet, impedimentum quo arcebantur olim, sublatum
qu'il n'y a homme sur la terre qui ne peche. David
docet:
enim
dit que nul des vivans ne sera iustifié devant Dieu
ablutionum et sacrificiorum quibus Iudaei Domino
(1 Rois 8, 46; Ps. 143, 2). Ceste sentence est
consecrabantur, eos a Gentibus segregabant. At in
souvent
epistola ad Colossenses sublimius mysterium attingi
l'afferme plus clairement que tous les autres: La
quis
chair, dit-il, convoite contre l'Esprit, et l'Esprit
societatem
illud
non
Israelis
erat
videat?
in
cooptione
certiores
ceremoniis.
Certamen
est
Ritus
quidem
illic
de
cela
repugne
repetée
au
tant
livre
à
de
l'Escriture
Iob.
Sainct
qu'à
Paul
Mosaicis
observationibus,
Christianum
populum
ad
quas
prouver que tous ceux qui sont sous la Loy sont
quemadmodum in Epistola ad Galatas controversiam
maudits, sinon pource qu'il est escrit que tous ceux
illam altius ducit, et quodammodo ad fontem suum
qui
revocat: ita et hoc loco. Nam si in ritibus nihil aliud
commandemens, seront maudits (Gal. 5, 17; 3, 10;
consideras quam defungendi necessitatem, quorsum
Deut. 27, 26). En quoy il signifie, ou plustost met
attinebat
comme
chirographum
studebant:
contre la chair. Et ne prend autre raison pour
sed
vocari
adigere
pseudoapostoli
contrarium
nobis?
ne
demeureront
une
chose
point
en
resolue
l'obeissance
que
nul
des
n'y
peut
praeterea in eo totam prope redemptionis nostrae
demeurer. Or tout ce qui est predit en l'Escriture, il
summam ponere, ut induceretur? Quare res ipsa
le
clamat, hic aliquid interius reputandum esse. Ego
necessaire.
autem
intelligentiam
Augustin de ceste subtilité: c'est qu'on fait iniure à
assequutum, si tamen mihi verum esse conceditur
Dieu, s'il com-mande plus outre que ce que les
quod alicubi verissime ab Augustino scriptum est,
fideles ne peuvent faire par sa grace. Luy, pour
imo
in
eviter leur calomnie, confessoit que le Seigneur
ceremoniis Iudaicis confessionem magis delictorum
pourroit bien s'il vouloit exalter un homme mortel en
extitisse quam expiationem . Quid enim sacrificiis
perfection angelique: mais que iamais ne l'avoit fait,
aliud agebant quam se mortis conscios fatebantur,
et ne le feroit point à l'advenir, pource qu'il a dit du
qui in suum locum catharmata substituebant? Quid
contraire. Ie ne contredy point à ceste sentence:
purificationibus, nisi quod se immundos testabantur?
mais i'adiouste qu'il n'y a nul propos de disputer de
Ita
et
la puissance de Dieu contre sa verité. Et pourtant ie
illa
dy que ceste sentence ne se peut caviller, si
confido
quod
ex
me
claris
renovabatur
impuritatis
germanam
Apostoli
subinde
suae
ab
verbis
illis
chirographum:
et
hausit,
piaculi
solutio
in
faut
avoir
pour
Les
eternel,
Pelagiens
et
mol
mesme
pour
estoyent
sainct
testificatione non erat. Qua ratione scribit Apostolus,
quelcun
morte
adviennent, desquelles nostre Seigneur a denoncé
demum
Christi
intercedente,
redemptionem
dit
estre
impossible
que
les
choses
praevaricationum esse peractam, quae manebant sub
qu'elles
veteri Testamento . Merito ergo chirographa vocat
dispute du mot, Iesus Christ estant interrogué de
Apostolus, suis cultoribus adversa: quando per illa
ses disciples qui pourroit estre sauvé: respond que
suam
palam
cela est impossible aux hommes, mais à Dieu que
consignabant. Nec obest, quod illi quoque eiusdem
toutes choses sont possibles (Matth. 19, 25). Sainct
nobiscum gratiae participes fuerunt. Id enim sunt
Augustin monstre par bonnes raisons, que iamais
assequuti in Christo, non in ceremoniis quas illic a
nous ne rendons en la vie presente l'amour à Dieu
Christo discernit Apostolus: quoniam Christi gloriam,
que
tum usurpatae, obscurabant. Habemus ceremonias, si
tellement
per se considerentur, eleganter et apposite vocari
parfaitement
aymer
chirographa, hominum saluti contraria: quia velut
premierement
sa
solennia
sommes en ce pelerinage terrien, nous ne la voyons
damnationem
instrumenta
ac
immunditiem
erant,
quae
ipsorum
n'adviendront
nous
luy
de
point.
devons:
la
Mais
L'amour,
cognoissance
Dieu,
bonté.
Or
encore
dit-il,
que
qu'il
nul
on
procede
ne
n'ait
cependant
si
peut
cogneu
que
nous
obligationem testarentur. Illis quum vellent rursum
sinon
Christianam Ecclesiam astringere pseudoapostoli, non
s'ensuit donc que l'amour que nous luy portons est
sine causa Paulus altius repetita earum significatione,
imparfait. Ainsi, que nous ayons
Colossenses admonuit, quo relaberentur, si subiugari
que
se in eum modum ab ipsis passi essent. Simul enim
impossible, cependant que nous conversons en ce
illis
monde: comme il sera demonstré ailleurs par sainct
excutiebatur
Christi
beneficium:
quatenus,
obscurement,
et
l'accomplissement
comme
de
la
en
un
miroir:
il
cela pour certain,
Loy
nous
est
peracta semel aeterna expiatione, quotidianas illas
Paul (Hom. 8, 3).
observationes abolevit: quae ad peccata consignanda
tantum validae, ad eadem delenda nihil poterant.
2.7.6.
Mais afin que le tout s'entende plus clairement,
recueillons en un sommaire l'office et l'usage de la
Loy qu'on appelle morale: duquel selon que ie puis
iuger, il y a trois parties. La premiere est qu'en
demonstrant la iustice de Dieu, c'est à dire celle qui
luy est agreable, elle admonneste un chacun de son
iniustice,
et
l'en
rend
certain,
iusques
à
l'en
conveincre et condamner. Car il est besoin que
l'homme, lequel est autrement aveuglé et enyvré en
l'amour de soy-mesme, soit contraint à cognoistre
et confesser tant son imbecillité que son impureté:
veu que si sa vanité n'est redarguée à l'oeil, il est
enflé d'une folle outrecuidance de ses forces, et ne
peut estre induit à recognoistre la foiblesse et
petitesse d'icelles, quand il les mesure à sa fantasie.
2.8. Legis moralis explicatio.
Mais quand il les esprouve à executer la loy de
Dieu, par la difficulté qu'il y trouve il a occasion
2.8.1.
d'abattre son orgueil. Car quelque grande opinion
Hic decem Legis praecepta, cum brevi eorum
qu'il en ait conceu auparavant, il sent lors combien
explicatione, inserere non alienum fore arbitror: quia
elles sont grevées d'un si pesant fardeau, iusques à
et inde melius patebit quod attigi, quem semel Deus
chanceller, vaciller, dechoir, et finalement du tout
praescripsit cultum adhuc vigere: deinde accedet
defaillir. Ainsi l'homme estant instruit de la doctrine
secundi capitis confirmatio, non solum didicisse ex
de la Loy, est retiré de son outrecuidance dont il
ea Iudaeos quaenam esset vera pietatis ratio, sed
est plein de sa nature. Il a aussi besoin d'estre
horrore
viderent
purge de l'autre vice d'arrogance, dont nous avons
impares, fuisse subactos ut vel inviti ad Mediatorem
parlé. Car cependant qu'il s'arreste à son iugement,
traherentur. Porro inter explicandam eorum summam
il forge au lieu de vraye iustice, une hypocrisie, en
quae in vera Dei notitia requiruntur, docuimus non
laquelle se complaisant il s'enorgueillit contre la
posse ipsum pro sua magnitudine a nobis concipi
grace de Dieu, sous ombre de ie ne say quelles
quin statim occurrat eius maiestas quae nos ad eius
observations inventées de sa teste : mais quand il
cultum
hoc
est contraint d'examiner sa vie selon la balance de
praecipuum posuimus, ut propriae virtutis opinione
la loy de Dieu, laissant sa fantasie qu'il avoit
vacui, et propriae iustitiae fiducia exuti: contra,
conceue de ceste fausse iustice, il voit qu'il est
iudicii,
quum
adstringat.
In
se
observationi
cognitione
nostri
egestatis
conscientia
humilitatem
Utrunque
fracti
discamus,
deiectionem.
contraire, qu'il est plein de vices, desquels il se
sont si cachées et entortillées, que facilement elles
ad numinis sui reverentiam nos vocat, atque in quo
trompent la veue de Fhomme. Et n'est point sans
sita
deinde,
cause que l'Apostre dit qu'il n'a seu que c'estoit de
promulgata iustitiae suae regula (cuius rectitudini
concupiscence, sinon que la Loy luy dist, Tu ne
ingenium
nostrum,
convoiteras point (Rom. 7, 7). Car si elle n'est
perpetuo
adversatur:
et
nostra,
Dominus
éloigné à merveille de la vraye saincteté, et au
primum vindicata sibi legitima imperandi potestate,
sit
sua
nostri
solidam
pensoit estre pur auparavant. Car les concupiscences
facultas
Lege
ac
contusi,
ubi
ea
in
et
constituta
ut
ut
praescribit:
pravum
et
exequitur,
est
infra
et
cuius
imbecilla
est
contortum,
perfectionem
et
ad
bonum
enervata, procul iacet) tum impotentiae nos, tum
descouverte
par
la
Loy,
et
tirée
hors
de
ses
cachettes, elle meurtrit le malheureux homme, sans
ce qu'il en sente rien.
iniustitiae arguit. Porro haec ipsa quae ex duabus
tabulis discenda sunt, quodammodo nobis dictat lex
illa interior, quam omnium cordibus inscriptam et
quasi impressam superius dictum est. Non enim sinit
nos perpetuum somnum sine sensu dormire nostra
2.7.7.
conscientia, quin intus testis sit ac monitrix eorum
Pourtant la Loy est comme un miroir, auquel
quae Deo debemus, quin boni et mali discrimen nobis
nous contemplons premierement nostre foiblesse, en
obiiciat,
officio
apres l'iniquité qui procede d'icelle, finalement la
discedimus. Verum, qua errorum caligine obvolutus
malediction qui est faite des deux, comme nous
est homo, per legem illam naturalem vix tenuiter
appercevons en un miroir les taches de nostre
degustat quis Deo acceptus sit cultus: certe a recta
visage. Car celuy auquel defaut toute faculté à
eius ratione longissimo intervallo distat. Ad hoc
iustement vivre, ne peut autre chose faire, que
arrogantia et ambitione sic turgidus, suique amore
demeurer en la boue de peché. Apres le peché
excaecatus est, ut se prospicere nondum queat, et
s'ensuit malediction. Parquoy d'autant que la Loy
velut
ac
nous conveinc de plus grande transgression, d'autant
deiicere discat, suamque miseriam fateri. Proinde
elle nous monstre plus damnables, et dignes de plus
(quod
nostrae
grand'peine. C'est ce qu'entend l'Apostre, quand il
necessarium erat) Dominus Legem scriptam nobis
dit, que par la Loy vient la cognoissance du peché
posuit: quae et certius testificaretur quod in lege
(Rom. 3, 20). Car il noté là le premier office
naturali
mentem
d'icelle, lequel se monstre aux pecheurs qui ne sont
vividius
point regenerez. A un mesme sens reviennent aussi
atque
in
se
tum
nos
accuset
descendere,
hebetudini
nimis
memoriamque
feriret.
ita
tum
obscurum
nostram,
quo
dum
ab
submittere
contumaciae
erat,
excusso
et
torpore,
se
ces
sentences:
d'augmenter
le
que
la
peché:
Loy
et
est
survenue
pourtant
afin
qu'elle
est
administration de mort, laquelle produit l'ire de Dieu,
et nous occit (Rom. 5, 20; 2 Cor. 3, 7). Car il n'y a
nulle doute que d'autant plus que la conscience est
touchée de pres de l'apprehension de son peché,
l'iniquité
croist
transgression
quant
lors
est
et
quant:
coniointe
veu
qu'avec
la
la
rebellion
à
l'encontre du Legislateur (Rom. 4, 15). Il reste donc
qu'elle arme la vengeance de Dieu en la ruine du
pecheur: d'autant qu'elle ne peut sinon accuser,
condamner et perdre. Et comme dit sainct Augustin,
2.8.2.
Si l'Esprit de grace est osté, la Loy ne profite
Nunc promptum est intelligere quid ex Lege
discendum
sit,
est
cela, on ne fait nulle iniure à la Loy, et ne
noster, ita iure locum patris et domini erga nos
derogue-on rien à son excellence. Certes si nostre
obtinere: hac ratione gloriam, reverentiam, amorem,
volonté
timorem illi a nobis deberi. Quinetiam nos non esse
l'obeissance d'icelle, il nous suffiroit de cognoistre
nostri
incitarit,
sa doctrine pour nostre salut. Mais comme ainsi soit
sequamur, sed ab eius nutu suspensos, in eo solo
que nostre nature, comme elle est corrompue et
debere consistere, quod ei placuerit. Deinde iustitiam
charnelle, soit directement
ac
iniquitatem vero
spirituelle de Dieu, et ne se puisse corriger par la
velimus
impia
discipline d'icelle: il s'ensuit que la Loy, qui avoit
ingratitudine a conditore nostro deficere, iustitiam
esté donnée à salut, si elle eust esté bien receue,
tota vita nobis esse necessario colendam. Nam si
nous tourne en occasion de peché et de mort. Car
tum illi demum exhibemus quam decet reverentiam
puis
dum voluntatem eius nostrae praeferimus: sequitur
transgresseurs d'icelle, d'autant plus qu'elle nous
non
revele
iuris,
nempe
ut
Deum,
quocunque
sicut
animi
rectitudinem illi cordi esse,
abominationi:
alium
ideoque,
esse
eius
nisi
cultum,
Creator
d'autre chose que d'accuser et occir. Or en disant
libido
quam
iustitiae,
estoit
que
la
nous
du
tout
sommes
iustice
de
fondée
et
reiglee
repugnante à
tous
Dieu,
conveincus
d'autre
en
la Loy
d'estre
costé
elle
sanctitatis, puritatis observationem. Nec praetendere
descouvre nostre iniquité: d'autant plus qu'elle nous
excusationem licet, quod facultas desit, et, velut
certifie du loyer preparé à la iustice, elle nous
exhausti debitores, solvendo non simus. Non enim
asseure pareillement de la confusion preparée aux
convenit
nostra
iniques. Parquoy tant s'en faut qu'en ces propos
facultate; qualescunque enim simus, manet ille sui
nous facions quelque iniure à la Loy, que nous ne
similis semper, amicus iustitiae, iniquitati infensus.
saurions mieux recommander la bonté de Dieu. Car
Quicquid a nobis exigat, (quia non potest nisi rectum
par cela il appert que nostre seule perversité nous
exigere)
obsequendi
empesche d'obtenir la beatitude eternelle, laquelle
necessitas nos manet: quod autem non possumus, id
nous estoit presentée en la Loy. Par cela nous
vitii nostri est. A propria enim cupiditate, in qua
avons matiere de prendre plus grande saveur à la
peccatum regnat, si vincti tenemur, ne soluti simus
grace de Dieu, laquelle nous subvient au defaut de la
in nostri Patris obsequium, non est cur necessitatem
Loy: et à aimer davantage sa misericorde, par
pro defensione causemur, cuius malum et intra nos
laquelle ceste grace nous est conferée, entant que
et nobis imputandum.
nous voyons qu'il ne se lasse iamais en nous bien
ut
ex
Dei
gloriam
naturae
metiamur
obligatione
ex
faisant, et adioustant tousiours benefice sur benefice.
2.8.3.
Ubi hucusque per Legis doctrinam profecerimus,
tum ad nos, eadem docente, descendere oportet,
2.7.8.
unde tandem duo referamus: Primum, iustitiam Legis
Or ce que nostre iniquité et condamnation est
cum vita nostra comparando, longe abesse quin Dei
conveincue et signée par le tesmoignage de la Loy:
voluntati respondeamus: ideoque indignos esse qui
cela ne se fait point afin que nous tombions en
locum
nostrum
retineamus
inter
eius
creaturas,
desespoir, et qu'ayans du tout perdu courage, nous
nedum inter filios censeamur. Deinde vires nostras
abandonnions en ruine: car cela n'adviendra point, si
reputando, adimplendae Legi non impares modo eas
nous en faisons bien nostre profit. Bien est vray que
esse, sed prorsus nullas. Hinc necessario sequitur
les meschans se desconfortent en ceste façon: mais
tum propriae virtutis diffidentia, tum animi anxietas
cela advient de l'obstination de leur coeur. Mais il
et trepidatio. Neque enim iniquitatis pondus sustinere
faut que les enfans de Dieu viennent à autre fin,
potest conscientia, quin mox Dei iudicium obversetur.
e'est
Sentiri vero Dei iudicium non potest quin mortis
confesse bien que nous sommes tous condamnez par
horrorem incutiat. Similiter impotentiae documentis
la Loy, afin que toute bouche soit fermee, et que
coacta, facere nequit quin protinus in virium suarum
tout le monde soit rendu redevable à Dieu (Rom. 3,
desperationem concidat. Utraque affectio humilitatem
19): mais cependant en un autre lieu il enseigne que
ac deiectionem generat; ita fit demum ut homo
Dieu a tout enclos sous incredulité: non pas pour
aeternae mortis (quam iniustitiae suae merito sibi
perdre, ou mesme pour laisser perir, mais afin de
imminere videt) sensu perterrefactus, ad unam Dei
faire misericorde à tous (Rom. 11, 32): assavoir afin
misericordiam, tanquam ad unicum salutis portum,
que se demettans de toute vaine estime de leur
sese convertat: ut suae non esse facultatis sentiens
vertu, ils recognoissent qu'ils ne sont soustenus
exolvere quod Legi debet, in seipso desperabundus,
sinon de sa main. Davantage, qu'estans du tout
ad opem aliunde poscendam et expectandam respiret.
vuides et, desnuez, ils recourent à sa misericorde,
d'entendre
ce
que
dit
sainct
Paul,
lequel
se reposans entierement en icelle, se cachans sous
l'ombre d'icelle, la prenans seule pour iustice et
merite, comme elle est exposée en Iesus Christ à
tous ceux qui la cherchent, desirent et attendent par
vraye foy. Car le Seigneur n'apparoit point aux
preceptes de la Loy remunerateur sinon de parfaite
2.8.4.
iustice, de laquelle nous sommes tous desprouveuz:
Sedenim non contentus Dominus iustitiae suae
au contraire se monstre severe executeur des peines
reverentiam conciliasse: quo etiam eius amore, simul
deues à nos fautes: mais en Christ sa face nous
et
reluit pleine de grace et de douceur, combien que
iniquitatis
odio,
corda
nostra
imbueret,
promissiones ac minas subiunxit. Quia enim magis
nous soyons povres pecheurs et indignes.
caligat mentis nostrae oculus quam ut sola boni
pulchritudine afficiatur, clementissimus Pater pro sua
indulgentia nos ad ipsum amandum et expetendum
2.7.9.
Quant
est
de
l'instruction
que
nous
devons
illectare praemiorum dulcedine voluit. Denuntiat ergo,
prendre en la Loy, pour nous faire implorer l'aide de
reposita virtutibus apud se praemia: nec operam
Dieu,
frustra
fuerit
quand il dit, La Loy commande, à fin que nous
obsequutus. Edicit ex adverso, non tantum esse
estans efforcez de faire ses commandemens, et
execrabilem
impune
succombans par nostre infirmité, nous apprenions
evasuram: quod ipse contemptae suae maiestatis
d'implorer l'aide de Dieu. Item, L'utilité de la Loy
ultor sit futurus. Ac quo modis omnibus cohortetur,
est de conveincre l'homme de son infirmité, et le
tam vitae praesentis benedictiones, quam aeternam
contreindre
beatitudinem
laquelle est en Christ. Item, La Loy commande: la
sumpturum
sibi
qui
praeceptis
iniustitiam,
pollicetur
eorum
sed
suis
nec
obedientiae
qui
sainct
Augustin
de
en
requerir
parle
la
souvent:
medecine
de
comme
grace,
mandata sua servaverint: transgressoribus non minus
grace
praesentes
mortis
commande ce que nous ne pouvons faire, afin que
supplicium minatur. Illa enim promissio, Qui fecerit
nous sachions ce que nous luy devons demander.
haec, vivet in illis : item comminatio illi respondens,
Item, La Loy a esté donnée pour nous rendre
Anima quae peccaverit, ipsa morietur : ad futuram
coulpables: afin qu'estans coulpables nous craignions,
proculdubio et nunquam finiendam vel immortalitatem
et qu'en craignant nous demandions pardon, et ne
vel
presumions point de nos forces.
calamitates,
mortem
quam
spectant.
aeternae
Quanquam
ubicunque
donne
force
de
bien
faire.
Item,
Dieu
Item, La Loy a
commemoratur benevolentia aut ira Dei, sub illa
esté donnée afin de nous faire petits, au lieu que
aeternitas
vitae,
nous estions grans: afin de nous monstrer que nous
continetur.
Praesentium
sub
hac
aeternum
ac
n'avons point la force de nous-mesmes d'acquerir
maledictionum longus in Lege catalogus recensetur .
iustice, afin qu'estans ainsi povres et indigens, nous
Atque in sanctionibus quidem summa Dei puritas,
recourions à la grace de Dieu. Consequemment il
quae iniquitatem ferre non potest: in promissionibus
adiouste une priere, Fay ainsi Seigneur, commande
vero, praeter summum erga iustitiam amorem (quem
nous ce que nous pouvons accomplir, ou plustost,
praemio fraudare non sustinet) mira quoque eius
commande nous ce que nous ne pouvons accomplir
benignitas approbatur. Nam quum eius maiestati cum
sans ta grace: afin que quand les hommes ne
nostris omnibus simus obaerati, iure optimo quicquid
pourront accomplir par leurs forces ce que tu dis,
requirit a nobis, tanquam debitum reposcit; debiti
toute bouche soit fermee, et que nul ne s'estime
autem solutio remuneratione digna non est. Iure
grand: que tous soyent petits, et que tout le monde
igitur suo decedit quum praemium proponit nostris
soit rendu coulpable devant Dieu. Mais c'est chose
obsequiis, quae non ultro ceu indebita exhibentur.
superflue à moy, d'assembler tesmoignages de sainct
Quid autem ipsae nobis per
partim
Augustin sur ceste matiere, veu qu'il en a escrit un
dictum est, partim clarius iterum suo loco apparebit;
livre propre, lequel il a intitulé, De l'esprit et de la
satis in praesentia est si tenemus ac reputamus esse
lettre. Touchant du second profit, il ne le declaire
in
iustitiae
pas si expressement: possible à cause qu'il pensoit
commendationem: quo certius constet, quantopere
que l'un se pourroit entendre par l'autre, ou bien
Deo placeat eius observatio: sanctiones in maiorem
qu'il n'en estoit pas si resolu, ou bien qu'il ne s'en
iniustitiae execrationem esse positas, ne vitiorum
pouvoit pas depescher comme il eust voulu. Or
blanditiis
combien que l'utilité dont nous avons parlé, convient
Legis
promissionibus
delibutus
autem
exitium
non
peccator,
benedictionum
se afferant
vulgarem
iudicium
Legislatoris
sibi paratum obliviscatur.
proprement aux enfans de Dieu, toutesfois elle est
commune
aux
reprouvez.
Car
combien
qu'ils
ne
viennent point iusques à ce poinct, comme font les
fideles, d'estre confus selon la chair, pour recevoir
vigueur spirituelle en l'esprit, mais defaillent du tout
en estonnement et desespoir, neantmoins cela est
bon pour manifester l'equité du iugement de Dieu,
que
leurs
consciences
soyent
agitées
de
tel
tourment. Car tant qu'il leur est possible ils taschent
tousiours de tergiverser contre le iugement de Dieu.
2.8.5.
Porro quod Dominus, perfectae iustitiae regulam
Maintenant combien que le iugement de Dieu ne soit
point manifesté, neantmoins par le tesmoignage de la
traditurus, omnes eius partes ad voluntatem suam
Loy et de leur conscience ils sont tellement abattus,
revocavit, in eo indicatur nihil esse illi acceptius
qu'ils demonstrent ce qu'ils ont merité.
obedientia. Quod eo diligentius observandum est quo
proclivior est humanae mentis
identidem
excogitandos
lascivia ad varios
cultus
quibus
illum
demereatur. Omnibus enim seculis haec irreligiosa
2.7.10.
religionis affectatio (quia humano ingenio naturaliter
Le second office de la Loy est, à ce que ceux
insita est) se prodidit, ac etiamnum prodit: quod
qui ne se soucient de bien faire que par contrainte,
homines comparandae iustitiae rationem praeter Dei
en oyant les terribles menaces qui y sont contenues,
verbum semper comminisci gestiunt. Unde in bonis
pour le moins par crainte de punition, soyent retirez
quae
communiter
de leur meschanceté. Or ils en sont retirez, non pas
locum
tenent
censentur
Legis
operibus
illa
que leur coeur soit interieurement smeu ou touché,
humanorum turba totum fere spatium occupante. At
mais seulement ils sont estreints omme d'une bride,
vero
quam eiusmodi libidinem
pour ne point executer leurs mauvaises cupiditez,
cohibere studuit, quum post Legis promulgationem
lesquelles autrement ils accompliroyent en licence
sic populum compellaret? Observa et audi omnia
desbordée. Par cela ils ne sont de rien plus iustes
quae praecipio tibi, ut bene sit tibi et filiis tuis post
ne meilleurs devant Dieu. Car combien qu'ils soyent
te in sempiternum, quum feceris quod bonum est et
retenus par crainte ou par honte, tellement qu'ils
placitum coram Deo tuo . Quod praecipio tibi, hoc
n'osent pas executer ce qu'ils ont conceu en leur
tantum facito: non addas, nec minuas. Atque antea,
coeur,
quum testatus esset, hanc esse eius sapientiam et
intemperance, neantmoins ils n'ont point le coeur
intelligentiam coram reliquis nationibus, quod iudicia,
rengé à la crainte et obeissance de Dieu: mais
iustitias
plustost d'autant plus qu'ils se retiennent, ils sont
quid aliud
et
praecepta,
angustiorem
Moses
ceremonias
innumera
accepisset
a
Domino,
et
ne
iettent
hors
la
rage
de
leur
subiecerat, Custodi igitur teipsum et animam tuam
d'autant
sollicite, ne obliviscaris verborum quae viderunt oculi
concupiscence, estans prests de commettre toute
tui, et ne aliquando excidant e corde tuo . Quia
vilenie et turpitude, sinon que l'horreur de la Loy
scilicet providebat Deus, non quieturos Israelitas
les restreint. Et non seulement le coeur demeure
quin
tousiours
recepta
Lege,
novas
praeterea
iustitias
plus
enflambez
mauvais,
mais
et
eschauffez
aussi
ils
en
leur
hayssent
parturirent, nisi severe retinerentur: hic iustitiae
mortellement la loy de Dieu: et d'autant que Dieu en
perfectionem esse comprehensam pronuntiat: quod
est autheur, ils l'ont en execration: tellement que s'il
validissimum retinaculum esse debebat; nec tamen ab
leur estoit possible ils Paboliroyent volontiers: veu
illa tantopere vetita audacia destiterunt. Quid nos?
qu'ils ne le peuvent endurer commandant ce qui est
eodem certe dicto constringimur; non enim dubium
bon
quin perpetuo valeat illud quo absolutam iustitiae
contempteurs de sa maiesté. Ceste affection se
doctrinam Legi suae Dominus vendicavit: illa tamen
monstre plus apertement en d'aucuns, aux autres elle
non
alia
est plus cachée, neantmoins elle est en tous ceux
confingendis et cudendis prodigiose laboramus. Huic
qui ne sont point regenerez: c'est qu'ils sont induits
sanando vitio remedium optimum erit si constanter
à se submettre tellement quellement à la Loy, non
insederit haec cogitatio, Legem nobis esse divinitus
pas d'un franc vouloir, mais par contrainte, et avec
traditam, quae nos perfectam iustitiam edoceret: illic
grande resistence: et n'y a autre chose qui les y
non aliam iustitiam doceri nisi quae ad praescriptum
astreigne, sinon qu'ils craignent la rigueur de Dieu.
contenti,
bonis
operibus
aliis
super
et
sainct
et
droit,
et
se
vengeant
des
divinae
voluntatis
novas
Neantmoins ceste iustice contrainte et forcée est
operum formas ad demerendum Deum tentari, cuius
necessaire à la communauté des hommes, à la
legitimus cultus sola constat obedientia. Quin potius
tranquillité
quod extra Dei Legem evagetur bonorum operum
quand il empesche que toutes choses ne soyent
studium,
non
renversées en confusion: ce qui seroit, si tout estoit
quoque
permis à un chacun. Davantage, il n'est point inutile
Augustinus, qui nunc matrem custodemque virtutum
aux enfans de Dieu, d'estre regis par ceste doctrine
omnium, nunc originem appellat, obedientiam quae
puerile, du temps qu'ils n'ont point encore l'esprit de
Deo praestatur.
Dieu, mais s'esgayent en Pintemperance de leur
esse
tolerandam
exigatur:
divinae
frustra
veraeque
profanationem.
igitur
iustitiae
Verissime
de
laquelle
nostre
Seigneur
prouvoit,
chair, comme aucune fois il advient que nostre
Seigneur ne se revele point du premier coup à ses
fideles, mais les laisse cheminer quelque temps en
ignorance, devant que les appeller. Car lors estans
restreints de toute dissolution par ceste terreur
servile, combien qu'ils ne profitent pas beaucoup
presentement, veu que leur coeur n'est encore domté
ne subiugué: neantmoins ils s'accoustument ainsi
petit à petit à, porter le ioug de nostre Seigneur,
afin que quand il les aura appellez, ils ne soyent du
tout rudes à se submettre à, ses comman-demens,
2.8.6.
comme à une chose nouvelle et incognue. Il est
Verum ubi Lex Domini explicata nobis fuerit, tum
vray-semblable que l'Apostre a voulu toucher cest
aptius demum et maiore cum fructu quod de ipsius
office de la Loy, en disant qu'elle n'est point donnée
officio usuque ante disserui confirmabitur. Ante vero
pour les iustes, mais pour les iniustes et rebelles,
quam ad excutienda singula capita ingredimur, quae
infideles et pecheurs, meschans et pollus, meurtriers
ad
de
universalem
eius
notitiam
faciunt,
modo
leurs
parens,
homicides,
paillars,
larrons,
praecipere operaepretium est. Initio constitutum sit,
menteurs et pariures, et entachez de tels vices qui
non
ad
contreviennent à saine doctrine (1 Tim. 1, 9. 10).
interiorem spiritualemque iustitiam, hominis vitam in
Car il monstre en cela, que la Loy est comme une
Lege informari. Quod quum inficiari nemo queat,
bride pour refrener les concupiscences de la chair,
paucissimi tamen rite animadvertunt. Id fit quia in
lesquelles autrement se desborderoyent sans mesure.
ad
externam
honestatem
modo,
sed
Legislatorem non respiciunt: a cuius ingenio natura
quoque
Legis
aestimanda
est.
Siquis
rex
edicto
2.7.11.
scortari, occidere, furari prohibeat: sanctione, fateor,
On peut appliquer à tous les deux ce qu'il dit en
non tenebitur; siquis scortandi, occidendi, furandi
un autre passage: c'est que la Loy a esté pedagogue
cupiditatem animo conceperit tantum, nihil eorum
aux Iuifs, pour les mener à Christ (Galat. 3, 24).
perpetrarit.
Nempe,
quia
mortalis
Legislatoris
Car il y a deux genres d'hommes, lesquels elle
providentia
nonnisi
ad
externam
civilitatem
meine à, Christ par son instruction puerile. Les
protenditur, non violantur eius interdicta nisi patratis
premiers
flagitiis. Deus autem (cuius oculum nihil fugit, et qui
auparavant, qui estans trop pleins de la fiance de
externam speciem non tam moratur quam cordis
leur propre vertu ou iustice, ne sont point capables
sont
ceux
desquels
nous
avons
parlé
puritatem) sub scortationis, homicidii, furti interdicto,
de
libidinem, iram, odium, alieni appetentiam, dolum, et
premierement
quicquid tale est, vetat. Nam quum sit spiritualis
monstrant leur misere, les renge à humilité: et par
Legislator, animae non minus quam corpori loquitur.
ce moyen les prepare à desirer ce dont ils ne
Homicidium autem animae, ira est ac odium: furtum,
pensoyent point avoir faute. Les seconds sont ceux
mala cupiditas et avaritia: scortatio, libido. Leges
qui ont mestier de bride pour estre restreints, afin
etiam
et
de ne vaguer point selon les concupiscences de leur
voluntates spectant, non fortuitos eventus. Fateor:
chair. Car là où l'esprit de Dieu ne gouverne point
sed quae extra emerserunt. Quo animo unumquodque
encore,
facinus
arcanas
enormes et exorbitantes, que l'ame est en danger
cogitationes non scrutantur. Proinde illis satisfactum
d'estre comme ensevelie par icelles en un mespris
fuerit
et
humanae
editum
ubi
(dicet
fuerit,
quis
quispiam)
consilia
expendunt:
manum
sed
duntaxat
continuerit
a
recevoir
les
la
grace
rendus
de
vuides.
concupiscences
contemnement
Christ,
de
s'ils
La
Loy
ne
sont
donc
leur
quelque fois
Dieu.
Et
de
sont si
fait,
il
en
transgressione: contra autem, quia animis nostris lata
adviendroit ainsi, n'estoit que Dieu y prouvoit par ce
est Lex caelestis, eorum coercitio ad iustam eius
moyen,
observationem in primis necessaria est. At vulgus
ausquels la chair domine encore. Pourtant, quand il
hominum,
fortiter
ne regenere point du premier coup un homme lequel
dissimulat, oculos, pedes, manus, et omnes corporis
il a éleu pour l'appeller à salut, il l'entretient
partes in aliquam Legis observationem componit: cor
iusques au temps de sa visitation, par le moyen de
ab omni obedientia alienissimum interim retinet, ac
sa Loy, sous une crainte, non point pure et droite,
se defunctum putat si probe homines celaverit quod
comme
gerit in conspectu Dei. Audiunt, non occides, non
toutesfois est utile pour ce temps-là à celuy qui
moechaberis,
caedem
doit estre amené de longue main à plus parfaite
corpora sua meretricibus non commiscent: manus
doctrine. Nous avons tant d'experiences de cela, qu'il
alienis
n'est ia mestier d'en alleguer quelque exemple. Car
etiam
bonis
dum
non
non
Legis
furaberis:
iniiciunt.
contemptum
gladium
Haec
ad
omnia
bene
retenant
elle
par
doit
la
estre
bride
en
de
ses
sa
Loy
enfans:
ceux
laquelle
hactenus: sed caedes totis animis spirant, fervent in
tous
libidinem, omnium bona oculis retortis aspiciunt, et
l'ignorance de Dieu, confesseront qu'ils ont esté ainsi
cupiditate. Iam vero deest quod praecipuum erat
entretenus en une crainte de Dieu telle quelle,
Legis. Unde quaeso tam crassus stupor, nisi quod
iusques à ce qu'ils fussent regenerez par son Esprit,
omisso
pour
Legislatore,
iustitiam
suo
magis
ingenio
accommodant? His fortiter reclamat Paulus, affirmans
ceux
qui
commencer
ont
à
demeuré
l'aimer
quelque
de
bon
temps
en
courage
et
qui
le
affection.
Legem esse spiritualem : quo significat, non modo
animae, mentis, voluntatis obsequium exigere, sed
requirere Angelicam puritatem, quae omnibus carnis
sordibus abstersa, nihil quam spiritum sapiat.
2.7.12.
Le
troisieme
usage
de
la
Loy,
est
principal, et proprement appartient à la fin pour
laquelle elle a esté donnée, a lieu entre les fideles,
au coeur desquels l'esprit de Dieu a desia son regne
et sa vigueur. Car combien qu'ils ayent la Loy
escrite en leurs coeurs du doigt de Dieu: c'est à
dire, combien qu'ils ayent ceste affection par la
conduite
du
sainct
Esprit,
qu'ils
desirent
d'obtemperer à, Dieu, toutesfois ils profitent encore
doublement en la Loy: car ce leur est un tresbon
instrument,
pour
leur
faire
mieux
et
plus
certainement de iour en iour entendre quelle est la
volonté de Dieu, à laquelle ils aspirent, et les
2.8.7.
Hunc
confermer en la cognoissance d'icelle. Comme un
dicimus,
non
serviteur, combien qu'il soit deliberé en son coeur
ingerimus,
sed
de servir bien à son maistre, et luy complaire bien
Christum sequimur optimum Legis interpretem. Quum
du tou fe, toutesfois il a besoin de cognoistre
enim Pharisaei perversa opinione populum imbuissent,
familierement et bien considerer ses moeurs et
Legem perficere qui externo opere nihil adversus
conditions, afin de s'y accommoder. Et ne se doit
hunc periculosissimum errorem arguit: et impudicum
personne de nous exempter de ceste necessité. Car
mulieris
nul n'est encore parvenu à telle sagesse, qu'il ne
novam
quum
ex
esse
nobis
aspectum
Legis
sensum
interpretationem
scortationem
esse
pronuntiat:
homicidas testatur quicunque fratrem oderint; facit
puisse
enim reos iudicio, qui vel iram animo conceperint:
s'avancer de iour en iour, et profiter en plus claire
reos consilio, qui murmurando aut fremendo aliquam
intelligence de la volonté de Dieu. Davantage, pource
offensi animi significationem dederint: reos Gehennae
que nous n'avons pas seulement mestier de doctrine,
ignis, qui conviciis et maledicentia in apertam iram
mais
prosilierint.
finxerunt
prendra ceste utilité de la Loy, que par frequente
Christum alterum Mosen, Legis Evangelicae latorem,
meditation d'icelle il sera incité en l'obeissance de
quae defectum Mosaicae illius suppleverit. Unde illud
Dieu, et en icelle confermé, et retiré de ses fautes.
vulgatum axioma de perfectione Legis Evangelicae,
Car il faut qu'en ceste maniere les saincts se
quae Legem veterem longo intervallo superet; quod
solicitent
multis modis est perniciosissimum. Nam ex ipso
promptitude qu'ils ayent de s'appliquer à bien faire,
Mose, ubi postea praeceptorum summam colligemus,
neantmoins ils sont tousiours retar dez de la paresse
patebit
Legi
et pesanteur de leur chair, tellement qu'ils ne font
inurat. Patrum certe sanctimoniam non procul ab
iamais pleinement leur devoir. A ceste chair la Loy
hypocrisi abfuisse insinuat, nosque ab una illa et
est comme un fouet, pour la chasser à l'oeuvre:
perpetua iustitiae regula deducit. Facillima autem est
comme un asne lequel ne veut tirer avant, si on ne
erroris
Legi
frappe assiduellement dessus. Ou pour parler plus
adiicere, ubi suae tantum integritati restituit, dum
clairement, puis que Phomme spirituel n'est point
Pharisaeorum
encore delivré du fardeau de sa chair, la Loy luy
quam
Haec
qui
indignam
confutatio:
quod
mendaciis
non
viderunt,
contumeliam
putarunt
obscuratam
inquinatam asserit et repurgat.
divinae
Christum
et
fermento
par
la
aussi
doctrine
quotidienne
d'exhortation,
eux-mesmes,
le
à
de
serviteur
cause
que
la
de
Loy
Dieu
quelque
sera un aiguillon perpetuel, pour ne le laisser point
endormir ny appesantir. En cest usage regardoit
David, quand il celebroit la loy de Dieu de si
grandes louanges: comme quand il dit, La loy de
Dieu est immaculée, convertissant les ames: les
commandemens de Dieu sont droits, resiouyssans les
coeurs (Ps. 19, 8), etc. Item, Ta parolle est une
lampe à mes pieds, et clairté pour dresser mes
voyes: et tout ce qui s'ensuit au mesme Pseaume
2.8.8.
(Ps.
119,
105).
Et
ne
repugne
rien
cela
aux
Haec nobis secunda sit observatio, plus inesse
sentences de sainct Paul cy dessus alleguées: où il
semper in praeceptis ac interdictis quam verbis
est monstré, non pas queue utilité apporte la Loy à
exprimatur; quod tamen sic temperandum est, ne sit
l'homme fidele et desia regeneré: mais ce qu'elle
nobis instar Lesbiae regulae, qua freti, Scripturam
peut
licentiose
contraire,
contorquentes,
faciamus.
Faciunt
enim
quodlibet
apporter
à
le
monstre
avec
Prophete
l'homme.
quel
Au
profit
nostre Seigneur instruit ses serviteurs en la doctrine
excurrendi libertate, ut apud alios vilescat Legis
de sa Loy, quand il leur inspire interieurement le
authoritas, aliis spes intelligentiae concidat. Igitur si
courage de la suyvre. Et ne prend pas seulement les
fieri potest, ineunda est via aliqua quae nos ad Dei
preceptes, mais il adiouste la promesse de grace,
voluntatem
laquelle
ac
solido
hac
quolibet
soy-mesme
immoderata
recto
quidam
e
de
gressu
deducat.
ne
doit
point
estre
separée
quant
aux
Quaerendum, inquam, quatenus excedere verborum
fideles, et laquelle fait que ce qui seroit amer
fines debeat interpretatio: ut appareat, non attextam
s'adoucît^ pour avoir bonne saveur. Car si la Loy
esse legi divinae ex humanis Glossis appendicem,
seulement en exigeant nostre devoir et menaçant,
sed
solicitoit nos ames de crainte et frayeur, il n'y
purum
fideliter
germanumque
redditum.
auroit rien moins aymable: sur tout David demonstre
praeceptis manifestae sunt synecdochae, ut deridiculo
qu'en icelle il a cogneu et apprehendé le Mediateur,
iure sit futurus qui Legis sensum ad verborum
sans lequel il n'y auroit nulle douceur ne plaisir.
restringere
adeo
velit.
in
sensum
fere
angustias
Sane
Legislatoris
omnibus
Ultra
verba
itaque
progredi sobriam Legis interpretationem palam est:
sed quousque, obscurum manet, nisi modus aliquis
finiatur. Hunc ergo modum optimum fore censeo, si
ad
praecepto
rationem
ne
pouvans
discerner
ceste
unoquoque praecepto expendatur cur datum nobis
et sans exception, et veulent que les deux tables de
fuerit.
aut
la Loy soyent là laissées, pource qu'ils ne pensent
imperativum est, aut prohibitorium. Utriusque generis
point que ce soit chose convenable aux Chrestiens,
veritas
finem,
de s'arrester à une doctrine laquelle contient en soy
intuemur; ut praecepti quinti finis est, honorem esse
administration de mort. Ceste opinion doit estre loin
iis reddendum quibus eum attribuit Deus. Haec igitur
de nous, veu que Moyse a tresbien declairé que la
praecepti summa, rectum esse, Deoque placere ut
Loy, combien qu'en l'homme pecheur elle ne puisse
eos honoremus quibus aliquid excellentiae largitus
qu'engendrer mort, toutesfois elle apporte bien une
est:
autre
statim
occurrit
contemptum
et
Omne
si
ut
ignorans
difference, reiettent temerairement Moyse en general
gratia,
nempe
Aucuns
in
Exempli
dirigatur:
2.7.13.
praeceptum
rationem,
contumaciam
ceu
adversus
eos,
utilité
et
profit
aux
fideles.
Car
estant
abominationi esse. Primi praecepti ratio est, ut Deus
prochain de la mort, il fit ceste protestation devant
solus colatur. Summa igitur praecepti erit, veram
le peuple, Retenez bien en vostre memoire et vostre
pietatem, hoc est numinis sui cultum Deo cordi esse:
coeur les parolles que ie vous testifie auiourdhuy:
impietatem
praeceptis
afin de les enseigner à vos enfans, et les instruire à
inspiciendum qua de re agatur: deinde quaerendus
garder et faire toutes les choses qui sont escrites
finis, donec reperiamus quid proprie illic testetur sibi
en ce livre. Car ce n'est point en vain qu'elles vous
placere Legislator, vel displicere. Demum ab eo ipso
sont commandées: mais afin que vous viviez en
ad contrarium ducenda ratiocinatio, in hunc modum,
icelles (Deut. 32, 40. 47). Et de fait, si nul ne peut
Si placet hoc Deo, contrarium displicet: si hoc
nier qu'en la Loy il n'y ait comme une image entiere
displicet,
de parfaite iustice, ou il faudra dire que nous ne
abominari.
contrarium
Sic
si
hoc
in
singulis
praecipit,
contrarium
vetat: si hoc vetat, contrarium praecipit.
devons avoir nulle reigle de bien vivre, ou qu'il nous
faut tenir à icelle. Car il n'y a point plusieurs
reigles de bien vivre: mais une seule, qui est
perpetuelle et immuable. Pourtant ce que dit David,
que l'homme iuste medité iour et nuit en la Loy
(Ps. 1, 2), ne doit estre rapporté à un siecle: mais
convient à tous aages, iusques en la fin du monde.
Et ne faut point que cela nous estonné, qu'elle
requiert une plus parfaite saincteté que nous ne
pouvons avoir cependant que nous sommes en la
prison de nostre corps, tellement que pour cela nous
quittions sa doctrine. Car quand nous sommes sous
2.8.9.
la grace de Dieu, elle n'exerce point sa rigueur pour
Quod nunc subobscure attingitur, inter exponenda
nous presser iusques au bout, tellement que ce ne
praecepta clarissimum ipsa exercitatione fiet. Quare
soit point satisfait sinon que nous accomplissions
sufficit attigisse, nisi postremum membrum (quod vel
tout ce qu'elle dit: mais en nous exhortant à la
alioqui
forsan
perfection où elle nous appelle, elle nous monstre le
absonum initio videri posset) sua probatione breviter
but auquel il nous est utile et convenable toute
confirmandum erit. Probatione illud non eget, dum
nostre vie de tendre, pour faire nostre devoir: et si
bonum iubetur, vetari quod cum eo pugnat malum;
nous ne laissons point d'y tendre, c'est assez. Car
nemo
quoque
toute ceste vie est comme une course, de laquelle
contraria officia, dum mala vetantur, non aegerrime
quand nous viendrons à la fin, le Seigneur nous fera
recipiet
ce bien, que nous parviendrons à ce but lequel nous
non
est
intelligeretur,
enim
qui
commune
vel
concedat.
iudicium.
intellectum,
Imperari
Virtutes
quidem
commendari, dum adversa vitia damnatur, vulgare
poursuyvons
est. Sed nos plus aliquid postulamus quam vulgo
soyons encore loin.
significent
istae
formulae.
Contrariam
enim
maintenant:
combien
que
nous
en
vitio
virtutem, fere interpretantur vitii ipsius abstinentiam:
2.7.14.
nos eam ultra procedere dicimus, ad officia scilicet
Maintenant
donc
à
cause
que
la
Loy
sert
factaque contraria. Itaque in hoc praecepto, Non
d'exhortation aux fideles non pas pour lier leurs
occides,
consciences en malediction, mais pour les resveiller
sensus
hominum
communis
nihil
aliud
considerabit quam ab omni maleficio ac malefaciendi
de
libidine abstinendum esse. Ego praeterea contineri
imperfection,
dico, ut proximi vitam quibus possimus subsidiis
delivrance de la malediction d'icelle, disent que la
adiuvemus. Ac ne sine ratione loquar, ita confirmo,
Loy est abroguée et cassée aux fideles (ie parle
Deus vetat iniuria fratrem laedi aut violari, quia
tousiours de la loy morale) non pas qu'elle leur
vitam eius charam nobis esse vult ac pretiosam:
doyve tousiours commander ce qui est bon et sainct:
simul ergo postulat quae ad illius conservationem
mais d'autant qu'elie ne leur est plus ce qu'elle
conferri possunt officia charitatis. Atque ita videre
estoit auparavant: c'est à dire qu'elle ne confond
est ut semper nobis finis praecepti reseret quicquid
point leurs consciences d'un estonnement de mort.
illic facere aut iubemur aut vetamur.
Et de fait, sainct Paul demonstre bien clairement
paresse
en
les
aucuns
solicitant,
voulans
et
chastier
signifier
leur
ceste
une telle abrogation de la Loy. Davantage, il appert
qu'elle a esté preschée de Iesus Christ, veu qu'il se
defend de ne vouloir point destruire ne dissiper la
Loy (Matth. 5, 17): ce qu'il n'eust fait sinon qu'on
l'en eust accusé. Or ceste opinion ne fust point
venue en avant sans aucune couleur: pourtant il est
2.8.10.
vray-semblable qu'elle estoit procedée d'une fausse
Cur autem Deus ita, velut dimidiis praeceptis, per
synecdochas
significarit
expresserit,
quum
vellet
quam
prennent leur occasion de verité. Or afin que nous
rationes
reddi
ne tombions en cest inconvenient, il nous faut
soleant, haec mihi in primis placet; quia peccatorum
diligemment distinguer ce qui est abrogué en la Loy,
foeditatem
et
et ce qui y demeure encores ferme. Quand le
speciosis praetextibus inducere semper caro molitur,
Seigneur Iesus dit qu'il n'est point venu pour abolir
quod
genere
la Loy, mais pour l'accomplir: et qu'il n'en passera
loco
une seule lettre iusques à tant que ciel et terre
quoque
faudront, que tout ce qui y est escrit ne se face, en
(nisi
erat
deterrimum
proposuit,
aliae
ubi
in
quid
quoque
palpabilis
unoquoque
et
est)
ad
quo
diluere,
transgressionis
scelestissimum,
cuius
exhorresceret,
magis
exposition de sa doctrine: comme tous erreurs quasi
exemplaris
auditum
maiorem
sensus
peccati
cuiuslibet
cela
il
demonstre
que
par
son
advenement
la
detestationem animis nostris imprimeret. Hoc nobis
reverence et obeissance de la Loy n'est en rien
imponit saepius in aestimandis vitiis: quod si tectiora
dimi-nuée. Et ce à bonne cause: veu qu'il est venu
sunt, elevamus. Has praestigias Dominus discutit
pour donner remede aux transgressions d'icelle. La
quum nos assuefacit universam vitiorum multitudinem
doctrine donc de la Loy n'est en rien violée par
ad haec capita referre quae optime quantum sit in
Iesus Christ, qu'elle ne nous dresse à toute bonne
unoquoque
oeuvre, en nous enseignant, admonnestant, reprenant
Exempli
genere
gratia,
execranda
Ira
putantur
appellantur:
nomine,
abominationis
at
melius
quum
repraesentant.
et
odium
non
usqueadeo
mala
quum
suis
nominibus
interdicuntur
intelligimus
sub
quanta
et chastiant.
homicidii
sint
in
abominatione apud Deum, cuius voce in tam horrendi
flagitii ordinem reiiciuntur: atque ipsi, iudicio eius
permoti,
delictorum,
quae
prius
levia
videbantur,
gravitatem assuescimus melius reputare.
2.7.15.
Touchant ce que sainct Paul dit de la malediction,
cela n'appartient point à l'office d'instruire: mais
d'estreindre et captiver les consciences. Car la Loy,
quant à sa nature, non seulement enseigne, mais
requiert estroitement ce qu'elle commande. Si on ne
le fait, et mesme si on n'en vient à bout iusqu'au
2.8.11.
dernier poinct, elle iette incontinent la sentence
Tertio loco considerandum quid sibi velit divinae
horrible de malediction. Par ceste raison l'Apostre
Legis in duas tabulas partitio: quarum non abs re
dit que tous ceux qui sont sous la Loy sont maudits,
nec temere solennem mentionem aliquoties factam
d'autant qu'il est escrit, Maudits seront tous ceux
esse omnes sani iudicabunt. Et in promptu causa est
qui n'accompliront tout ce qui est commandé (Gal. 3,
quae ambiguos nos de hac re manere non sinit. In
10; Deut. 27, 26). Consequemment il dit que tous
duas enim partes, quibus tota continetur iustitia,
ceux là sont sous la Loy, qui n'establissent point
Legem suam sic divisit Deus, ut priorem religionis
leur iustice en la remission des pechez: laquelle
officiis, quae peculiariter ad numinis sui cultum
nous delivre de la rigueur de la Loy. Il nous faut
pertinent, alteram officiis charitatis quae in homines
donc
respiciunt,
iustitiae
miserablement perir en captivité. Mais de quels
fundamentum, est Dei cultus: quo everso, reliqua
liens? De ceste rigoureuse exaction, de laquelle elle
omnia
collapsique
nous poursuit sans rien remettre, et sans laisser une
aedificii partes, lacera et dissipata sunt. Qualis enim
seule faute impunie. Pour nous racheter de ceste
iustitiae esse dices quod homines non vexas furtis
malheureuse condition, Christ a esté fait maudit pour
ac rapinis, si per sceleratum sacrilegium interim Dei
nous: comme il est escrit, Maudit sera celuy qui
maiestatem
fornicatione
pendra au bois. Au chapitre suyvant sainct Paul dit
corpus tuum non conspurcas, si blasphemiis tuis
que Christ a esté assuietti à la Loy, pour racheter
profanas nomen Dei sacrosanctum? quod hominem
ceux qui estoyent en la servitude d'icelle: mais il
non
et
adiouste quant et quant, Afin que nous iouissions du
extinguere contendis? Frustra igitur sine religione
privilege d'adoption pour estre enfans de Dieu (Gal.
venditatur iustitia: ac nihilo maiore specie quam si
3, 13; 4, 4; Deut. 21, 23). Qu'estce à dire cela?
truncum
decorem
c'est que nous ne fussions point tousiours enserrez
obtendatur. Neque modo est praecipua ipsius pars,
en captivité, laquelle tint nos consciences liées en
sed anima quoque, qua tota ipsa spirat et vegetatur;
angoisse
neque enim citra Dei timorem inter se homines
tousiours, cependant que l'authorité de la Loy n'est
aequitatem ac dilectionem servant. Principium ergo
en rien enfrainte, quo nous ne la devions tousiours
et fundamentum iustitiae vocamus Dei cultum: quod
recevoir en mesme honneur et reverence.
assignaverit.
iustitiae
membra,
sua
trucidas,
Primum
gloria
si
abscisso
velut
divulsi
spolias?
memoriam
capite
sane
quod
Dei
corpus
interimere
ad
sortir
de
de
ses
mort.
liens
si
nous
Neantmoins
ne
cela
voulons
demeure
eo sublato, quicquid inter se aequitatis, continentiae,
temperantiae homines exercent, inane est ac frivolum
coram Deo. Dicimus fontem et spiritum: quia ex eo
discunt homines temperanter ac sine maleficio inter
se vivere, si Deum venerantur, tanquam recti et
iniqui iudicem. Proinde priore tabula ad pietatem et
2.7.16.
propria religionis officia, quibus maiestas sua colenda
La raison est diverse quant aux ceremonies,
est, nos instituit: altera praescribit quomodo propter
lesquelles n'ont point esté abolies quant à leur
nominis
societate
effect, mais quant à leur usage. Or ce que Iesus
gerere debeamus. Qua ratione Dominus noster (ut
Christ les a fait cesser à sa venue, ne dero-gue
Evangelistae referunt) Legem totam summatim in
rien à leur saincteté, mais plustost la magnifié et
duo capita collegit, ut Deum ex toto corde, ex tota
rend plus precieuse. Car comme ce n'eust esté
anima,
qu'une battelerie anciennement, ou un amusé fol
sui
ex
timorem
totis
nos
viribus
in
hominum
diligamus:
ut
proximum
amemus sicut nosmetipsos . Vides ut e duabus
(comme
partibus quibus totam Legem concludit, alteram in
resurrection de Iesus Christ n'y eust esté monstrée:
Deum dirigat, alteram hominibus destinet.
aussi d'autre costé si elles n'eussent pris fin, on ne
l'on
dit)
si
la
vertu
de
la
mort
et
sauroit auiourdhuy discerner pourquoy elles ont esté
instituées. Suyvant ceste raison sainct Paul voulant
monstrer que l'observation d'icelles non seulement
est superflue, mais aussi nuisible, dit que ç'ont esté
ombres, desquelles le corps nous apparoit en Iesus
Christ (Coloss. 2, 17). Nous voyons donques qu'en
l'abolition d'icelles la verité nous reluit mieux que
s'il y avoit encores un voile tendu, et que Iesus
Christ, lequel s'est monstré de pres, y fust figuré
2.8.12.
comme de loin. Et voila pourquoy à la mort de Iesus
Verum, quanquam universa Lex duobus capitibus
contenta
est:
Deus
omnem
parties et est tombé bas (Matth. 27, 51), pource
excusationis praetextum textum tolleret, voluit fusius
que l'image vive et expresse des biens celestes
et
tum
estoit manifestée, ayant en soy la perfection de ce
sui
que les ceremonies anciennes n'avoyent que les
explicatius
quaecunque
tamen
decem
ad
noster,
praeceptis
honorem,
quo
Christ le voile du temple s'est rompu en deux
enarrare
timorem,
amorem
spectant, tum quae ad charitatem pertinent, quam
premieres
propter seipsum nobis erga homines mandat. Nec in
l'autheur de l'Epistre aux Hebrieux (Chap. 10, 1). A
divisionem praeceptorum noscendam male studium
quoy appartient le dire de Christ, que la Loy et les
intenditur: modo eius generis rem esse memineris in
Prophetes ont esté iusqu'à Iean, et que de là le
qua liberum cuique iudicium esse debeat, ob quam
royaume de Dieu a commencé d'estre annoncé (Luc
non sit contentiose cum dissentiente pugnandum.
16, 16): non pas que les saincts Peres ayent esté
Nobis quidem hic locus necessario attingendus est,
privez et desnuez de la predication qui contient
ne quam posituri sumus divisionem, ceu novam et
ensoy l'esperance de salut: mais pource qu'ils ont
nuper excogitatam lectores aut rideant aut mirentur.
apperceu seulement de loin et en ombrage ce que
Legem esse decem verbis distinctam, quia Dei ipsius
nous voyons auiourdhuy en pleine clarté. Sainct Iean
authoritate saepius comprobatur, extra controversiam
Baptiste rend la raison pourquoy il a fallu que
est.
ratione
l'eglise de Dieu commençast par tels rudimens pour
ambigitur. Qui sic partiuntur ut tria praecepta dent
monter plus haut: c'est que la Loy a esté donnée
primae tabulae, reliqua septem in secundam reiiciant,
par Moyse, la grace et verité a esté faite par Iesus
praeceptum de imaginibus numero expungunt, vel
Christ
certe sub primo occultant: quum mandati loco haud
l'aneantissement et pardon des pechez fust promis
dubie a Domino distincte positum sit; decimum vero,
aux sacrifices anciens, et que le coffre de l'alliance
de non concupiscendis proximi rebus, inepte in duo
leur fust un certain gage de la faveur paternelle de
concerpunt. Accedit quod talem partiendi rationem
Dieu, cela n'estoit qu'un ombre s'il n'eust esté fondé
puriore seculo incognitam fuisse, mox intelligetur.
en
Alii
tabula
stabilité et permanente. Quoy qu'il en soit, cela nous
numerant: sed primi vice, promissionem statuunt,
doit demeurer arresté, combien que les ceremonies
sine praecepto. Ego autem, quia nisi evidenti ratione
de la Loy ayent pris fin pour n'estre plus en usage,
convincar, decem
decem
que cela est pour mieux faire cognoistre quelle a
praeceptis accipio, et totidem pulcherrimo ordine
esté leur utilité iusques à l'advenement de Iesus
disposita
Christ: lequel en abattant l'observation, a ratifié par
Quare
quatuor
non
de
capita
videre
numero
sed
nobiscum
verba
mihi
in
secandi
prima
apud Mosen
videor:
pro
permissa
illis
sua
opinione, sequar quod magis mihi probatur, nempe ut
quod
illi
praeceptum
primum
faciunt,
(Iean
Iesus
Christ,
et
1,
obscures,
17).
auquel
sa mort leur vertu et effect.
locum
praefationis in totam Legem teneat, sequantur deinde
traces
2.7.17.
comme
Car
seul
en
combien
on
trouve
parle
que
ferme
praecepta primae quatuor, secundae tabulae sex, eo
La raison que noté sainct Paul a un peu plus de
quo recensebuntur ordine. Hanc divisionem Origenes
difficulté: Du temps, dit-il, que vous estiez morts
sine controversia, perinde atque passim suo seculo
en vos pechez, et au prepuce de vostre chair, Dieu
receptam, tradidit . Suffragatur et Augustinus ad
vous a vivifìez avec Christ: vous pardonnant toutes
Bonifacium, qui in enumeratione hunc ordinem servat,
vos fautes, effaçant l'oblige des decrets, qui estoit à
Ut uni Deo religionis obsequio serviatur, ut idolum
l'encontre de vous, et vous estoit contraire, en le
non
fìchant à la croix (Coloss. 2, 13. 14), etc. Car il
colatur,
ut
nomen
Domini
non
in
vanum
accipiatur: quum ante seorsum de umbratili Sabbathi
semble
praecepto loquutus foret . Alibi quidem prima illa
l'abrogation de la Loy, tellement que ses decrets ne
divisio illi arridet, sed ob nimium levem causam,
nous
quod
praeceptis
prennent cela simplement de la loy morale, errent:
conficiatur prima tabula) magis eluceat mysterium
de laquelle neantmoins ils exposent que la severité
Trinitatis. Quanquam nec illic dissimulat in caeteris
trop rigoureuse a esté abolie, non pas la doctrine.
nostram sibi magis placere . Nobiscum praeter illos
Les autres considerans de plus pres les parolles de
est author operis imperfecti in Matthaeum. Iosephus,
sainct
non dubium quin ex communi aetatis suae consensu,
compete à la loy ceremoniale: et monstrent que
quina praecepta singulis tabulis assignat. Quod cum
sainct Paul a accoustumé d'user de ce mot de
rationi adversatur in eo quod religionis et charitatis
Decrets, quand il en parle. Car aux Ephesiens il dit
distinctionem
ainsi: Iesus Christ est nostre paix, lequel nous a
in
numero
ternario
confundit:
(si
tum
tribus
refutatur
Domini
advis
qu'il
veuille
appartiennent
Paul,
plus
voyent
estendre
de
bien
rien:
que
plus
car
cela
outre
ceux
qui
proprement
authoritate, qui apud Matthaeum in catalogo secundae
conioints
tabulae, mandatum de parentibus honorandis reponit .
ordonnances, laquelle gist en decrets (Ephes. 2, 14),
Nunc Deum ipsum audiamus loquentem suis verbis.
etc. Il n'y a nulle doute que ce propos ne se doyve
ensemble,
abolissant
la
Loy
des
entendre des ceremonies: car il dit que ceste Loy
estoit comme une muraille pour separer les Iuifs
d'avec les Gentils. Ie confesse donc que la premiere
exposition à bon droit est reprise des seconds:
toutesfois il me semble qu'eux-mesmes n'expliquent
pas encore du tout bien la sentence de l'Apostre:
car ie n'approuve point qu'on confonde ces deux
passages, comme si l'un estoit tout semblable à
l'autre. Quant est de celuy qui est en l'Epistre aux
Ephesiens, le sens est tel: Sainct Paul les voulant
acertener
comme
communion
du
l'empeschement
ils
estoyent
peuple
qui
d'Israel,
estoit
receus
leur
auparavant
en
la
dit
que
pour
les
diviser, a esté osté. C'estoyent les ceremonies : car
les lavemens et sacrifices par lesquels les Iuifs se
sanctifìoyent
à
Dieu,
les
separoyent
d'avec
les
Gentils. Mais en l'Epistre aux Colossiens, il n'y a
celuy qui ne voye qu'il touche un plus haut mystere.
Il
est
là
question
des
observations
Mosaiques,
ausquelles les seducteurs vouloyent contraindre le
peuple Chrestien. Comme donc en l'Epistre aux
Galatiens, ayant ceste mesme dispute à demener, il
2.8.13.
la tire plus loin et la reduit à sa source: ainsi
PRAECEPTUM
PRIMUM.
sum IEHOVAH,
fait-il en cest endroit. Car si on ne considere autre
Deus tuus, qui eduxi te de terra Aegypti, de domo
chose aux ceremonies, sinon la necessité de s'en
servitutis: Non habebis deos alienos coram facie
acquiter: pourquoy les appelle-il un obligé? et un
mea.
priorem
obligé contraire à nous? Et à quel propos eust-il
sententiam, an separatim legas, mihi in medio est,
quasi con-stitué toute la somme de nostre salut en
modo ne vice prooemii cuiusdam esse in totam
ee qu'il fust cassé et mis à neant? Parquoy on voit
Legem
ferendis
clairement qu'il nous faut ici regarder autre chose
curandum est ne contemptu mox abrogentur. Providet
que l'exteriorité des ceremonies. Or ie me confie
ergo in primis Deus ne Legis quam laturus est,
d'avoir
maiestas aliquando in contemptum veniat: ad quam
confesse estre vray ce qu'escrit en quelque lieu
sanciendam triplici argumento utitur. Potestatem ac
tres-veritablement sainct Augustin, ou plustost ce
ius
qu'il
Partemne
mihi
imperii
mandati
neges.
sibi
Ego
primi
Primum
vendicat,
in
quo
facias
legibus
electum
populum
trouvé
a
tiré
la
des
vraye
intelligence,
parolles
toutes
si
on
me
evidentes
de
constringat parendi necessitate. Promissionem gratiae
l'Apostre, c'est qu'aux ceremonies Iudaiques il y
proponit,
cuius
sanctitatis
studium.
suavitate
eundem
Beneficium
alliciat
ad
avoit plustost confession des pechez, que purgation
commemorat,
quo
(Hebr. 7, 9. 10). Car qu'est-ce qu'ils faisoyent en
Iudaeos redarguat ingratitudinis, nisi benignitati suae
sacrifiant,
respondeant.
et
coulpables de mort, veu qu'ils substituoyent en leur
legitima dominatio designatur; quod si ab ipso sunt
lieu la beste pour estre tuée? Par leurs lavemens
omnia, et in ipso consistunt, aequum est ut in ipsum
qu'est-ce
referantur: quemadmodum ait Paulus . Abunde itaque
immondes et contaminez. Parquoy ils confessoyent la
hoc
iugum
dette de leur impureté et de leurs offenses. Mais en
redigimur, quia portentosum fuerit ab eius ditione
ceste protestation le payement n'en estoit point fait.
velle nos submovere extra quem esse non possumus.
Pour laquelle cause l'Apostre dit que la redemption
solo
Sub
verbo
nomine
sub
Iehovah
divinae
imperium
maiestatis
sinon
qu'ils
qu'ils
se
faisoyent,
confessoyent
sinon
se
estre
confesser
des offenses a esté faite par la mort de Christ,
2.8.14.
lesquelles demouroyent sous l'ancien Testament, et
Postquam se eum esse ostendit qui ius habeat
praecipiendi,
sola
bon droit que sainct Paul appelle les ceremonies,
quoque
Des cedules contraires à ceux qui en usoyent, veu
Ecclesiae pronuntiando. Subest
que par icelles ils testifìoyent et signoyent leur
enim locutioni relatio mutua, quae in promissione
condamnation. A cela ne contrevient rien que les
continetur, Ero illis in Deum, ipsi erunt mihi in
anciens Peres ont esté participans d'une mesme
populum
Iacob
grace avec nous: car ils ont obtenu cela par Christ,
quod
non point par les ceremonies, lesquelles sainct Paul
Dominus se eorum Deum testatus sit . Quare perinde
en ce passage separe de Christ, d'autant qu'elles
est acsi ita loqueretur, Ego vos mihi delegi in
obscurcissoyent lors sa gloire, apres que l'Evangile
populum,
vita
avoit esté revelé. Nous avons que les ceremonies, si
benefacerem, sed vitae quoque futurae beatitudinem
elles sont considerées en elles-mesmes, sont à
necessitate
cui
obedientia
videatur
illectat, Deum se
.
immortalitatem
cui
Unde
ex
non
debeatur:
trahere,
dulcedine
Abrahae,
eo
Isaac
Christus
modo
ne
n'estoyent point abolies (Hebr. 9, 15). C'est donc à
in
et
confirmat
praesenti
largirer. Quorsum autem istud spectet, variis locis in
bonne raison nommées cedules contraires au salut
Lege annotatur; nam quum hac misericordia nos
des hommes, veu que ce sont comme instrumens
dignatur
authentiques
Dominus
ut
populo
suo
in
consortio
pour
obliger
les
consciences
à
accenseat, eligit nos, inquit Moses, ut simus sibi in
confesser
populum
ac
seducteurs vouloyent astreindre l'eglise Chrestienne
custodiamus praecepta sua . Unde illa cohortatio,
à les observer, sainct Paul à bon droit regardant
Sancti estote, quia sanctus sum . Porro ex his
l'origine premiere, admonneste les Colossiens en
duobus
obtestatio
quel dangier ils trebuscheroyent, s'ils se laissoyent
ducitur, Filius honorat patrem, et servus dominum. Si
subiuguer en telle sorte. Car par un mesme moyen
ego Dominus, ubi timor? si ego Pater, ubi amor?
la grace de Christ leur estoit ravie: d'autant que par
peculiarem,
illa
quae
in
est
populum
apud
sanctum,
Prophetam
leur
dettes.
Pourtant
veu
que
les
la purgation qu'il a faite en sa mort, pour une fois il
a
aboli
toutes
ces
observations
externes,
par
lesquelles les hommes se confessoyent redevables à
Dieu, et n'estoyent point acquitez de leurs dettes.
2.8.15.
Sequitur commemoratio beneficii, quae eo validior
esse
debet
detestabile,
ad
nos
etiam
commovendos,
inter
quo
homines,
magis
ingratitudinis
flagitium. Recentis quidem beneficii tum Israelem
admonebat, sed quod ob mirificam magnitudinem in
aeternum
memorabile,
ad
posteritatem
2.8. L'exposition de la Loy morale.
quoque
valeret. Ad haec convenientissimum est praesenti
2.8.1.
causae; innuit enim Dominus, eos e misera servitute
Ie pense qu'il ne viendra point mal à propos
ideo liberatos ut se libertatis authorem obedientia et
d'entrelasser ici les dix commandemens de la Loy,
obsequendi promptitudine colant. Solet etiam (quo
avec une brieve exposition d'iceux, dont ce que i'ay
nos in vero sui unius cultu retineat) certis epithetis
touché sera mieux liquide: assavoir que le service
sese
ab
que Dieu a une fois estably, demeure tousiours en
omnibus idolis ac diis commentitiis discernit. Nam
sa vigueur. Et puis le second article, don't il a esté
(ut
aussi fait mention, sera confermé: assavoir que les
insignire,
antea
propensio
quibus
sacrum
dixi)
quae
nostra
cum
temeritate
suum
est
numen
ad
vanitatem
coniuncta,
simulac
Iuifs n'ont pas esté
seulement enseignez
quelle
nominatur Deus, mens nostra sibi cavere nequit quin
estoit la vraye façon de servir à Dieu: mais aussi en
ad inane aliquod commentum delabatur. Huic igitur
se voyant defaillir en l'observation de ce qui leur
malo remedium dum afferre vult Deus, ipse suam
estoit
divinitatem
nos
pensans à quel Iuge ils avoient affaire: et ainsi ont
quibusdam veluti cancellis circunscribit, ne huc aut
esté comme trainez par force au Mediateur. Or cy
illuc evagemur, et temere nobis fingamus novum
dessus en exposant la somme de ce qui est requis
aliquem
idolum
pour vrayement cognoistre Dieu, nous avons monstré
eum
que nous ne le pouvons concevoir en sa grandeur,
erigamus.
certis
Deum,
Hac
si
titulis
ornat,
derelicto
ratione
atque
Deo
Prophetae,
ita
vivo,
quoties
commandé,
ont
esté
abattus
de
frayeur,
proprie designare volunt, illum vestiunt et quasi
que sa maiesté ne nous saisisse pour nous rendre
includunt iis notis sub quibus se populo Israelitico
obligez
manifestaverat. Neque enim, quum Deus Abrahae, vel
nous-mesmes, nous avons dit que le principal poinct
Deus
templo
estoit, qu'estans vuides de toute fantasie de nostre
Hierosolymitano collocatur inter Cherubim , istae et
propre vertu, estans despouillez de toute fiance de
similes loquendi formulae ipsum uni loco alligant, aut
nostre
populo:
ut
consideration de nostre povreté, nous apprenions
cogitationes piorum in illo Deo sistant, qui suo
parfaite humilité, pour nous abaisser et demettre de
foedere,
toute gloire. L'un et l'autre nous est monstré en la
Israelis
sed
vocatur
in
quod
hoc
,
quum
duntaxat
cum
Israele
in
sunt
positae
pepigit,
sese
ita
à
le
servir.
iustice
:
En
au
la
cognoissance
contraire
abbatus
de
de
la
repraesentavit ut ab eiusmodi idea deflectere nullo
Loy
modo liceat. Fixum tamen illud maneat, redemptionis
premierement la puissance
fieri mentionem, quo alacrius Iudaei se Deo addicant
enseigne
qui sibi iure eos vendicat. Nos autem (ne ad nos
demonstrant
pertinere
reverence. Puis apres, ayant ordonné la reigle de
nihil
Aegyptiacam
id
putemus)
Israelis
reputare
servitutem
convenit,
typum
esse
de
iustice,
Dieu:
de
où
le
porter
en
nous
Seigneur
s'estant
de commander, nous
reverence
quoy
gist
redargue
attribué
et
tant
à
est
de
sa
divinité,
située
nostre
icelle
foiblesse
spiritualis captivitatis in qua omnes vincti detinemur,
comme d'iniustice: d'autant qu'à la reigle d'icelle
donec
nostre
brachii
libertatis
sui
nos
virtute
liberatos
nature,
selon
qu'elle
est
corrompue
et
perverse, est entierement contraire et repugnante: et
Quemadmodum ergo, quum dissipatos olim Israelitas
qu'à la perfection d'icelle nostre faculté, selon qu'elle
ad cultum nominis sui recolligere vellet, eos ab
est debile et inutile à bien faire, ne peut respondre.
intolerabili, qua premebantur, Pharaonis dominatione
Or tout ce qu'il nous faut apprendre des deux tables,
eripuit: ita quibus hodie se in Deum esse profitetur,
nous est aucunement enseigné par la loy interieure,
eos omnes iam ab exitiali Diaboli potestate asserit,
laquelle nous avons cy dessus dit estre escrite et
quae illa corporali adumbrata fuit. Quamobrem nemo
quasi imprimée au coeur d'un chacun. Oar nostre
est
ad
conscience ne nous laisse point dormir un somme
auscultandam Legem, quam a summo Rege profectam
perpetuel sans aucun sentiment, qu'elle ne nous
audit: a quo ut suam originem ducunt omnia, ita
rende tesmoignage au dedans, et admoneste de ce
aequum
ipsum
que nous devons à Dieu: qu'elle ne nous monstre la
destinent ac dirigant. Nemo, inquam, est qui non rapi
difference du bien et du mal: ainsi, qu'elle ne nous
debeat
accuse
est
ad
animus
ut
inflammari
finem
amplexandum
suum
vindex
regnum
traducit.
cuius
caelestis
in
non
vicissim
Legislatorem,
debeat
in
ad
cuius
quand
nous
ne
faisons
nostre
devoir
observanda mandata peculiariter se delectum esse
Toutesfois
docetur: a cuius benignitate, cum bonorum omnium
obscureté d'ignorance, qu'à grand' peine peut-il par
affluentiam, tum immortalis vitae gloriam expectat:
ceste loy naturelle un bien petit gouster quel service
cuius mirabili virtute ac misericordia e faucibus
est plaisant à Dieu: pour le moins al est bien loin
mortis se liberatum novit.
de la droite cognoissance d'iceluy. Davantage, il est
l'homme
est
tellement
embrouillé
en
tant enflé de fierté et ambition, tant aveuglé de
l'amour de soy-mesme, qu'il ne peut encore se
regarder, et quasi descendre en soy, pour apprendre
de s'abaisser et confesser sa misere. Pourtant selon
qu'il estoit necessaire à la grosseur de nostre esprit
et à nostre arrogance, le Seigneur nous a baillé sa
Loy
escrite,
pour
nous
rendre
plus
certain
tesmoignage de ce qui estoit trop obscur en la loy
naturelle: et en chassant la nonchalance, toucher plus
2.8.16.
vivement nostre esprit et memoire.
Fundata
et
stabilita
Legis
suae
authoritate,
praeceptum primum edit, Ne habeamus deos alienos
coram facie sua. Finis praecepti est quod Dominus in
populo suo solus vult eminere, et iure suo potiri in
solidum. Id ut fiat, impietatem ac superstitionem
quamlibet, qua divinitatis suae gloria vel minuitur vel
obscuratur,
a
eadem
Maintenant il est aisé d'entendre que c'est qu'il
ratione, vero pietatis studio coli se a nobis atque
faut apprendre de la Loy: c'est assavoir que Dieu,
adorari praecipit. Et verborum simplicitas id fere
comme il "est nostre createur, ainsi à bon droit tient
sonat; siquidem habere Deum non possumus quin
envers nous le lieu de Seigneur et Pere : et qu'à
simul complectamur quae sunt ei propria. Quod ergo
ceste
vetat habere alienos deos, eo significat ne quod sibi
reverence, amour et crainte. Par ainsi, que nous ne
proprium est, alio transferamus. Etsi autem quae
sommes pas libres pour suyvre la cupidité de nostre
Deo debemus innumera sunt, ad quatuor tamen capita
esprit, par tout où elle nous incitera: mais que du
non
tout dependons de nostre Dieu, et devons nous
inepte
nobis
abesse
referentur.
iubet;
atque
2.8.2.
Adorationem,
cui
accedit
cause
tanquam appendix, spirituale conscientiae obsequium:
arrester
Fiduciam,
Davantage,
Invocationem,
Gratiarum
actionem.
nous
seulement
que
luy
en
iustice
devons
cela
rendre
qu'il
et
gloire,
luy
droiture
plaira.
luy
sont
Adorationem voco venerationem ac cultum quem illi
plaisantes: au contraire, iniquité abominable. Parquoy
reddit
magnitudini
si nous ne voulons d'une perverse ingratitude nous
submisit. Quare non immerito eius partem facio,
destourner de nostre Createur, il nous faut toute
quod
subiicimus.
nostre vie aimer iustice, et appliquer nostre estude à
recognitione,
icelle. Car si lors tant seulement nous luy rendons
acquiescendi in eo securitas: quum in eo sapientiam,
la reverence qu'il faut, quand nous preferons sa
iustitiam,
volonté à la nostre: il s'ensuit qu'on ne luy peut
quilibet
nostras
Fiducia
nostrum,
ubi
conscientias
est,
ex
se
eius
virtutum
potentiam,
veritatem,
eius
legi
eius
bonitatem
omnem
reponentes, sola eius communicatione nos beatos
porter
existimamus. Invocatio, sit mentis nostrae, quoties
iustice,
urget ulla necessitas, in eius fidem atque opem
l'homme
receptus, tanquam ad unicum praesidium. Gratiarum
puissance, et comme un povre detteur, n'est pas
actionum, est gratitudo, qua laus bonorum omnium
suffisant de payer. Car il n'est pas convenable de
illi tribuitur. Horum ut nihil patitur Dominus alio
mesurer la gloire de Dieu selon nostre faculté, veu
derivari, ita omnia sibi in solidum exhiberi mandat.
que
Neque enim satis fuerit ab alieno abstinere deo, nisi
semblable à soymesme: amy de iustice, ennemy
in hoc ipso te
contineas; quod nefarii quidam
d'iniquité : et quelque chose qu'il nous demande, veu
contemptores solent, quibus summum compendium
qu'il ne peut rien demander que iustement, nous
est religiones omnes ludibrio habere. Atqui praecedat
sommes paç naturelle obligation tenuz d'obeir. Ce
oportet vera religio, qua in Deum viventem animi
que nous ne le pouvons faire, c'est de nostre vice.
referantur: cuius cognitione imbuti, ad suspiciendam,
Car si nous sommes detenus comme liez de nostre
autre
honneur
saincteté
de
quels
et
legitime,
pureté.
s'excuser,
que
nous
qu'en
Et
entant
soyons,
n'est
qu'il
il
n'a
est
observant
loisible
à
point
la
tousiours
timendam,
colendam
amplexandam
opem
bonorum
ubique
laudisque
ipsius
eius
ad
cupidité, en laquelle regne peché, pour n'estre libres
ad
à obeir à nostre Pere, il ne nous faut pour nostre
recognoscendam
defense alleguer ceste necessité, de laquelle le mal
communicationem,
requirendam,
confessione
maiestatem,
ad
celebrandam
operum
est au dedans de nous, et nous est à imputer.
magnificentiam, in omnibus vitae actionibus, tanquam
ad unicum scopum, aspirent; um caveatur prava
superstitio, qua animi a vero Deo deflexi, huc atque
2.8.3.
illuc, ceu in varios diducuntur deos. Proinde si uno
Quand nous aurons profité par la doctrine de la
Deo simus contenti, memoria repetamus quod ante
Loy iusques là, alors icelle mesme nous conduisant
dictum est, procul abigendos esse fictitios omnes
il faut descendre en nous: dont nous rapporterons
deos, nec lacerandum esse cultum quem unus ille
deux
sibi vendicat. Quia ne tantillum quidem ex eius gloria
iustice de la Loy avec nostre vie, qu'il y a beaucoup
delibare fas est, quin apud ipsum quaecunque ei
à dire que ne satisfacions à la volonté de Dieu: et
propria
sequitur,
pourtant que nous sommes indignes de retenir nostre
Coram facie mea, indignitatem auget: quod Deus ad
lieu et ordre entre ses creatures, tant s'en faut que
zelotypiam
meritions
sunt
resideant.
Particula
provocatur
substituimus
in
eius
quoties
figmenta
nostra
d'estre
reputez
en
ses
comparageant
enfans.
Puis
la
en
considerant noz forces, que non seulement ne les
impudica mulier, producto palam ante oculos mariti
reputions suffisantes à l'accomplissement de la Loy,
adultero, eius animum magis ureret. Quum ergo
mais du tout nulles. De là necessairement s'ensuit
praesenti sua virtute et gratia testatum faceret Deus
une deffiance de nostre propre vertu: puis une
se populum quem elegerat respicere, quo magis a
angoisse et tremblement d'esprit. Car la conscience
scelere defectionis deterreat, non posse novos deos
ne peut soustenir le faix de peché, qu'incontinent le
ascisci
spectator
iugement de Dieu ne vienne en avant: et le iugement
sacrilegii. Huic enim audaciae plurimum impietatis
de Dieu ne se peut sentir, qu'il n'apporte une
accrescit,
horreur
quod
quin
in
quemadmodum
Premierement,
si
admonet,
locum:
quae
choses.
testis
suis
sit
transfugiis
ac
Dei
oculos
de
mort.
Semblablement,
la
conscience
ludificari se posse iudicat. Ex adverso reclamat
estant conveincue par experience de sa foiblesse ne
Dominus,
peut qu'elle ne tombe en desespoir de ses forces.
quicquid
struimus,
quicquid
molimur,
quicquid fabricamus, in conspectum suum venire.
L'une
Pura
humilité.
sit
ergo
conscientia
vel
ab
apostasiae
cogitationibus,
si
approbare
Domino
Siquidem
religionem
nostram
Ainsi
affection
advient
en
engendre
la
fin,
deiection
que
et
l'homme
estonné du sentiment de la mort eternelle, laquelle il
se voit prochaine pour les merites de son iniustice,
externa
se convertit à la seule misericorde de Dieu, comme
modo confessione requirit, sed in oculis suis, qui
à un port unique de salut: et que sentant qu'il n'est
abditissimas cordium latebras intuentur.
pas en sa puissance de payer ce qu'il doit à la Loy,
divinitatis
suae
gloriam
integram
l'autre
et
incorruptam
libet.
occultissimis
et
non
desesperant de soy, il respire pour attendre et
demander aide ailleurs.
2.8.4.
Mais le Seigneur non content d'avoir monstré en
quelle reverence nous devons avoir sa iustice, afin
aussi d'adonner noz coeurs à l'amour d'icelle, et à
une haine d'iniquité, il adioint des promesses et
menaces.
Oar
entendement
pource
voit
si
que
l'oeil
trouble,
de
qu'il
ne
nostre
se
peut
esmouvoir de la seule beauté et honnesteté de vertu,
ce pere plein de clemence, selon sa benignité, nous
a voulu attirer à l'aimer et desirer par la douceur du
loyer qu'il nous propose. Il nous denonce donc qu'il
veut remunerer la vertu, et que celuy qui obeira à
ses
2.8.17.
commandemens,
ne
travaillera
en
vain.
Au
contraire, il fait assavoir qu'iniustice non seulement
PRAECEPTUM
SECUNDUM.
Non
facies
tibi
luy est execrable, mais aussi qu'elle ne pourra
sculptile, neque similitudinem ullam eorum quae in
eschapper
caelo sunt sursum, vel in terra deorsum, vel in aquis
determiné de venger le contemnement de sa maiesté.
quae sub terra sunt. Non adorabis, neque coles.
Et pour en toutes sortes nous inciter, il promet tant
Quemadmodum proximo mandato Deum se unum esse
les benedictions de la vie presente, que l'eternelle
pronuntiavit, praeter quem nulli alii dii cogitandi aut
beatitude à ceux qui garderont ses commandemens:
habendi sint: ita qualis sit, et quo cultus genere
et
honorandus, apertius etiamnum edicit: nequid sibi
transgresseurs
carnale affingere audeamus. Finis ergo praecepti est,
tourment de la mort eternelle. Car ceste promesse,
quod superstitiosis ritibus legitimum sui cultum non
assavoir, Qui fera ces choses, vivra en icelles : et
vult profanari. Quare in summa, nos a carnalibus
aussi la menace correspondante: L'ame qui aura
observatiunculis, quas stolida mens nostra, ubi Deum
peché mourra de mort (Levit. 18, 5: Ezech. 18, 4.
pro sua crassitie concepit, comminisci solet, in totum
20): sans aucune doute appartient à la mort ou
revocat et abstrahit: ac proinde ad legitimum sui
immortalité future, qui iamais ne finir a. Combien
cultum, hoc est spiritualem et a se institutum,
que par tout où il est fait mention de la benevolence
format.
transgressione
ou ire du Seigneur: sous la premiere est contenue
crassissimum vitium notat: idololatriam externam. Ac
eternité de vie: sous la seconde, perdition eternelle.
duae quidem sunt mandati partes; prior licentiam
Or
nostram coercet, ne Deum, qui incomprehensibilis
benedictions et maledictions presentes (Lev. 26, 4;
est, sub sensus nostros subiicere, aut ulla specie
Deut. 28, 1). Es peines qu'il denonce, il apparoit
repraesentare audeamus. Secunda vetat ne imagines
combien il est d'une grande pureté, veu qu'il ne peut
ullas adoremus, religionis causa. Porro formas omnes
souffrir iniquité. D'autrepart, aux promesses il est
breviter
et
demonstré combien il aime iustice, veu qu'il ne la
superstitiosis gentibus figurari. Per ea quae in caelo
veut point laisser sans remuneration. Pareillement y
sunt, solem, lunam, aliasque stellas et fortasse aves
est demonstré une merveilleuse benignité. Car veu
intelligit;
quemadmodum
quarto
que nous et tout ce qui est nostre sommes obligez à
exprimens
suam
astra
sa maiesté, à bon droit tout ce qu'il requiert de
quosdam
nous, il le demande comme ce qui luy est deu. Or le
nominat
Quod
autem
enumerat,
.
Quod
est
quibus
mentem,
non
in
hac
solebat
a
profanis
Deuteronomii
tam
aves
annotassem,
quam
nisi
d'autre
en
la
qu'elle
ne
costé
de
Loy
ne
soit
menace
calamitez
est
punie,
recité
pource
pas
moins
corporelles,
un
grand
qu'il
que
rolle
a
les
du
de
viderem ad Angelos imperite referre. Itaque reliqua
payement
membra, quia per se nota sunt, praetermitto; ac iam
remuneration aucune. Parquoy il quitte de son droit,
d'une
telle
dette
n'est
pas
digne
de
lib. 1. Satis aperte docuimus, quascunque excogitat
quand il nous propose quelque loyer pour nostre
homo visibiles Dei formas, pugnare ex diametro cum
obeissance, laquelle nous ne luy rendons pas de
eius natura, ideoque, simulac in medium prodeunt
nostre bon gré, comme une chose qui ne luy seroit
idola, corrumpi veram religionem et adulterari.
point deue. Or que c'est que nous peuvent profiter
les promesses d'elles-mesmes il a esté desia dit en
partie et en partie il apparoistra encore mieux en
son
lieu.
Il
suffit
pour
le
present
que
nous
entendions et reputions, qu'aux promesses de la Loy
2.8.18.
il y a une singuliere recommandation de iustice: afin
Quae additur sanctio non parum ad excutiendam
qu'on voye plus certainement combien l'observation
socordiam valere debet. Minatur Se Iehovam esse,
d'icelle plaist à Dieu. D'autrepart, que les peines
Deum nostrum, Deum , aemulatorem, qui visitet
sont mises en plus grande execration d'iniustice: afin
iniquitatem patrum in filios, in tertiam et quartam
que le pecheur ne s'enyvre en la douceur de son
generationem, in iis qui oderunt nomen suum: faciat
peché, iusqu'à oublier que le iugement du legislateur
autem misericordiam in millia iis qui diligunt se, ac
luy est appareillé.
praecepta sua servant. Hoc vero perinde est acsi
diceret se solum esse in quo haerere debeamus. Eo
ut nos inducat, potentiam suam praedicat, quae se
2.8.5.
impune contemni vel elevari non patiatur. Ponitur hic
Or ce que le Seigneur, voulant donner la reigle
quidem nomen EL, quod Deum significat: sed quia a
de parfaite iustice, a reduit toutes les parties d'icelle
fortitudine ducitur, quo sensum melius exprimerem,
à sa volonté, en cela il est demonstré qu'il n'a rien
hoc
plus agreable qu'obeissance. Ce qu'il faut d'autant
quoque
inserere.
reddere
Deinde
consortem
ferre
non
dubitavi,
aemulatorem
nequeat.
se
Tertio,
vel
contextui
vocat,
qui
vindicem
se
plus diligemment noter, pource que la hardiesse et
intemperence
de
l'entendement
humain
est
trop
futurum asserit suae maiestatis ac gloriae, siqui eam
enclinée à inventer nouveaux honneurs et services
ad creaturas aut sculptilia transferant: neque id brevi
pour luy rendre, afin d'acquerir sa grace. Car ceste
aut simplici vindicta, sed quae in filios, nepotes et
affectation folle de religion desreiglée, pource qu'elle
pronepotes
paternae
est naturellement enracinée en nostre esprit, s'est
impietatis imitatores erunt. Quemadmodum perpetuam
tousiours monstrée, et se monstre encore de present
quoque in longam posteritatem iis misericordiam ac
en tout le genre humain: c'est que les hommes
benignitatem suam exhibet qui se diligunt, ac Legem
appetent
suam custodiunt. Personam mariti erga nos induere,
d'acquerir iustice sans la parolle de Diéu. Dont il
usitatissimum est Deo; siquidem coniunctio qua nos
advient
sibi devincit dum in Ecclesiae sinum recipit, sacri
communement on estime, les commandemens de la
cuiusdam coniugii instar habet, quod mutua fide stare
Loy
oportet. Ipse ut omnibus fidelis ac veracis mariti
multitude infinie de preceptes humains occupent le
officiis defungitur, ita vicissim a nobis stipulatur
premier rang et la plus grande place. Mais qu'est-ce
amorem
ne
que Moyse a plus voulu refrener que ceste cupidité,
animas nostras Satanae, libidini, foedisque carnis
quand apres la publication de la Loy il parle ainsi au
cupiditatibus stuprandas prostituamus. Unde quum
peuple? Noté et escoute ce que ie te commande, à
Iudaeorum apostasiam corripit, eos proiecta pudicitia
ce que tu prosperes toy et tes enfans apres toy,
ac
se
protendat,
castitatem
qui
scilicet
coniugalem:
hoc
est,
tousiours
qu'entre
tiennent
le
de
les
plus
forger
quelque
bonnes
bas
lieu:
maniere
oeuvres,
cependant
que
une
adulteriis inquinatos conqueritur. Ergo ut maritus,
quand tu auras fait ce qui est bon et plaisant devant
quo sanctior est ac castior, eo gravius accenditur si
ton Dieu. Fay seulement ce que ie te commande,
uxoris
ita
sans y adiouster ne diminuer (Deut. 12, 28). Et
desponsavit,
auparavant, apres avoir protesté que ceste estoit la
animum
Dominus,
qui
ardentissimam
quoties,
ad
nos
sibi
veritate
suam
sancti
libidinibus
inclinare
in
zelotypiam
neglecta
scelestis
rivalem
sui
videt:
esse
testatur,
sagesse et intelligence du peuple d'Israel, devant
coniugii
puritate,
toutes les nations de la terre, d'avoir receu du
conspurcamur,
tum
vero
Seigneur les iugemens, iustices et ceremonies: il
praesertim, dum numinis sui cultum, quem maxime
leur dit quant et quant, Garde toy et ton ame
illibatum esse decuerat, alio derivamus, vel inficimus
songneusement: n'oublie point les parolles que tes
aliqua superstitione. Quandoquidem hoc modo non
yeux ont veu, et que iamais elles ne tombent de ton
tantum violamus datam in coniugio fidem, sed ipsum
coeur
nuptialem thorum inductis adulteris, polluimus.
prevoyoit que les Israelites ne se tiendroyent point
(Deut.
4,
9).
Certes
pource
que
Dieu
apres avoir receu la Loy, qu'ils ne desirassent
d'inventer nouvelles manieres de le servir, sinon
qu'il leur tint la bride roide, il prononce qu'en sa
parolle est contenue toute perfection de iustice: ce
qui les devoit tresbien retenu. Et neantmoins ils
n'ont point desisté de ceste audace qui leur avoit
esté tant defendue. Et nous, quoy? certes nous
2.8.19.
sommes bridez de ceste mesme parolle. Car il n'y a
In comminatione videndum est quid sibi velit,
doute que cela n'ait tousiours lieu, que le Seigneur a
quum se visitaturum edicit iniquitatem patrum in
voulu attribuer à sa Loy une parfaite doctrine de
filios, ad tertiam et quartam generationem. Nam
iustice. Et toutesfois
praeterquam
aequitate
travaillons à merveilles à controuver et forger des
insonte
bonnes oeuvres les unes sur les autres. Le meilleur
alienum
quod
est
expetere,
a
divinae
poenam
Deus
alieni
ipse
iustitiae
delicti
qui soit pour corriger ce vice, est d'avoir ceste
commissurum affirmat, ut filius portet iniquitatem
cogitation plantée en nostre coeur, que la Loy nous
patris . Atqui sententia tamen haec non semel
a esté baillée du Seigneur, pour nous enseigner
repetitur, de poenis avitorum scelerum in futuras
parfaite iustice: et qu'en icelle n'est point enseignée
generationes prorogandis; sic enim saepius alloquitur
autre iustice, sinon de nous reigler et conformer à la
eum Moses, Iehovah, Iehovah, qui reddis iniquitatem
volonté divine: et ainsi que c'est pour neant que
patrum filiis in tertiam et quartam generationem .
nous
Ieremias
in
acquerir la grace de Dieu, duquel le droit service
millibus, qui reddis iniquitatem patrum in sinum
consiste seulement en obeissance: et que plustost au
filiorum post eos . Nonnulli, dum in solvendo hoc
contraire, l'estude des bonnes oeuvres qui sort hors
nodo aegre desudant, de poenis duntaxat temporariis
la Loy de Dieu, est une pollution intollerable de la
putant
pro
divine et vraye iustice. Et sainct Augustin dit bien
parentum delictis, non est absurdum: quando saepe
vray, quand il appelle l'obeissance qu'on rend à Dieu,
in salutem infliguntur. Quod verum quidem est; nam
Mere et gardienne de toutes vertus: quelque fois
Ezechiae
aussi, La source et racine de tout bien.
intelligendum:
denuntiabat
Qui
quas
facis
si
Iesaias,
hoc
se
d'icelle, nous
non
similiter,
quoque
ab
non contens
misericordiam
filii
filios
sustinent
eius
regno
spoliandos, et in exilium deportandos, ob peccatum
imaginons
nouvelles
formes
d'oeuvres
pour
ab eo perpetratum . Domus Pharaonis et Abimelech
ob laesum Abrahamum afflictantur , etc.; sed quum
id ad quaestionis huius solutionem affertur, effugium
est magis quam vera interpretatio. Graviorem enim
ultionem edicit hic et similibus locis quam ut intra
vitae
praesentis
terminos
limitetur.
Sic
igitur
2.8.6.
accipiendum est quod iusta Domini maledictio non
Mais quand la Loy du Seigneur nous aura esté
modo in caput impii, sed in totam quoque familiam
expliquée, alors ce que i'ay cy dessus enseigné de
incumbat. Ubi incubuit, quid expectari potest, nisi ut
l'office d'icelle, sera confermé. Or avant qu'entrer à
pater, Spiritu Dei destitutus, flagitiosissime vivat?
traiter particulierement un chacun article, il est bon
filius
Domino
de premierement cognoistre ce qui appartient à la
Nepos
cognoissance universelle d'icelle. Pour le premier,
detestabilium
que cela soit arresté, que la vie de l'homme doit
ob
patris
derelictus,
demum
nequitiam
eandem
et
exitii
pronepos,
similiter
sequatur
hominum
a
viam?
execrabile semen, praecipites post eos ruant?
estre reiglee par la Loy, non seulement à une
honnesteté
interieure
exterieure,
et
mais
spirituelle.
aussi
Laquelle
à
la
chose
iustice
combien
qu'elle ne se puisse nier, neantmoins est considerée
de bien peu. Cela se fait, pource qu'on ne regarde
point le Legislateur, de la nature duquel celle de la
Loy doit estre estimée. Si quelque Roy defendoit par
edict, de paillarder, de meurtrir et de desrober: ie
confesse que celuy qui auroit seulement conceu en
son
2.8.20.
coeur
quelque
cupidité
de
paillarder,
ou
desrober, ou meurtrir, sans venir iusques à l'oeuvre,
Primum
inspiciamus
divinam
et sans s'efforcer d'y venir, ne sera point tenu de la
iustitiam dedeceat. Si universa hominum natura est
peine laquelle sera constituée. Car pource que la
damnabilis:
suae
providence du legislateur mortel ne s'estend que
communicatione non dignatur, iis paratum scimus
iusques à l'honnesteté externe, ses ordonnances ne
esse interitum; nihilominus propria iniquitate, non
sont point violées, sinon que le mal vienne en
iniquo
relinquitur
effect. Mais Dieu, devant l'oeil duquel rien n'est
expostulatio, cur non aliorum exemplo Dei gratia in
caché, et lequel ne s'arreste point tant à l'apparence
salutem
et
exterieure de bien, qu'à la pureté de coeur, en
flagitiosis irrogatur ob scelera punitio, ut Dei gratia
defendant paillardise, homicide et larrecin, defend
in multas generationes domus eorum priventur: quis
toute concupiscence charnelle, haine, convoitise du
ob iustissimam hanc vindictam Deo criminationem
bien
intendat?
poenam
semblable. Oar entant qu'il est Legislateur spirituel,
peccati paterni in filium non transituram . Observa
il ne parle pas moins à l'ame qu'au corps. Or ire et
quid illic agatur. Israelitae, quum diu et assidue
haine est meurtre, quant à l'ame: convoitise, est
multis calamitatibus vexarentur, proverbium iactare
larrecin: amour desordonné, est paillardise. Mais
coeperant, patres suos comedisse uvam acerbam,
quelcun pourra dire qu'aussi bien les
unde
regardent le conseil et la volonté des hommes, et
quos
Dei
odio
dentes
talis
Dominus
intereunt;
adiuventur.
At
an
Quum
Dominus
filiorum
gratiae
nec
ergo
contra
vindicta
ulla
haec
impiis
pronuntiat,
obstupescerent:
quo
d'autruy,
tromperie,
et
tout
ce
qui
est
loix humaines
significabant, admissa fuisse a parentibus peccata,
non pas les evenemens fortuits. Ie le confesse. Mais
quorum poenas ipsi, iusti alioqui et immerentes,
cela s'entend des volontez lesquelles viennent en
penderent:
quam
avant. Car elles considerent à quelle intention une
moderata severitate. Iis denuntiat Propheta, quia ob
chacune oeuvre a esté faite: mais elles ne sondent
propria
iustitiae
point les cogitations secretes. Pourtant celuy qui se
convenire ut filius iustus ob scelesti patris nequitiam
sera abstenu de transgresser exterieurement, aura
supplicium luat; quod neque in praesenti sanctione
satisfait aux loix politiques: au contraire, pource que
habetur. Nam si visitatio, de qua nunc sermo est,
la Loy de Dieu est donnée à noz ames, si nous la
adimpletur quum ab impiorum familia gratiam, lumen
voulons bien observer, il faut que noz ames soyent
suae
principalement
implacabili
flagitia
veritatis,
magis
plectantur:
reliqua
Dei
iracundia
neque
salutis
Dei
adiumenta
aufert
reprimées.
Or
la
pluspart
des
Dominus, eo ipso quod excaecati et derelicti ab ipso
hommes, mesme quand ils veulent dissimuler d'estre
filii parentum vestigiis insistunt, maledictiones ob
contempteurs d'icelle, conforment aucunement leurs
paterna scelera sustinent. Quod vero et temporariis
yeux, leurs pieds et leurs mains, et les autres
miseriis subiiciuntur, et aeterno demum exitio, ita
parties
iusto Dei iudicio, non ob aliena peccata, sed ob
commande: cependant leur coeur demeure tout aliené
iniquitatem propriam puniuntur.
de l'obeissance d'icelle. Ainsi, ils se pensent bien
de
leurs
corps,
à
observer
ce
qu'elle
acquiter, s'ils ont caché devant les hommes ce qui
apparoit devant Dieu. Ils oyent, Tu ne meurtriras
point, Tu ne paillarderas point, Tu ne desroberas
point. Pourtant ils ne desgainent point leur espée
pour meurtrir, ils ne se meslent point avec les
paillardes, ils ne iettent point la main sur les biens
d'autruy. Tout cela est bon. Mais leur coeur est
plein
de
meurtre,
et
bruslé
de
concupiscence
charnelle: ils ne peuvent regarder le bien de leur
2.8.21.
prochain que de travers, le devorant par convoitise.
Altera ex parte offertur promissio de propaganda
En cela ce qui estoit le principal de la Loy leur
in mille generationes Dei misericordia: quae etiam
defaut. Dont vient, ie vous prie, une telle stupidité,
frequenter
sinon que laissans derriere le legislateur, ils plient
Ecclesiae
in
Scripturis
foedere
occurrit,
inseritur,
Ero
et
Deus
in
solenni
tuus,
et
et conforment la iustice à, leur entendement? A
seminis tui post te . Quod respiciens Solomon scribit
l'encontre de ceste opinion sainct Paul crie fort et
filios iustorum post mortem eorum beatos fore : non
ferme, disant que la Loy est spirituelle (Rom. 7,
tantum sanctae educationis ratione (quae et ipsa
14). En quoy il signifie que non seulement elle
certe momentum non minimum habet) sed ob istam
requiert obeissance de l'ame, de l'entendement et
in foedere promissam benedictionem, quod Dei gratia
volonté, mais une pureté Angelique, laquelle estant
in familiis piorum aeterna resideat. Eximia hinc
purgée de toute macule charnelle, ne sente autre
fidelibus consolatio, ingens impiis terror; nam si post
chose qu'esprit.
mortem quoque memoria tum iustitiae tum iniquitatis
tantum apud Deum valet, ut maledictio huius et illius
benedictio in posteritatem redundet, multo magis in
ipsis authorum capitibus residebit. Caeterum nihil
2.8.7.
En disant que le sens de la Loy est tel, nous
Rapportons
point
une
nouvelle
exposition
de
obstat quod impiorum soboles interdum ad bonam
nous-mesmes: mais nous suyvons Christ, qui en est
frugem se recipit, fidelium soboles degenerat: quia
tresbon expositeur. Car pource que les Pharisiens
non perpetuam hic regulam figere voluit legislator,
avoyent semé entre le peuple une opinion perverse,
quae suae electioni derogaret. Nam ad consolationem
assavoir que celuy qui ne commettroit rien par
iusti ac terrorem peccatoris sufficit non esse vanam
oeuvre externe contre la Loy, estoit bon observateur
ipsam
d'icelle:
aut
inefficacem
semper
locum
habeat.
paucis
sceleratis
sanctionem,
tametsi
non
Quemadmodum
enim
quae
infliguntur
temporales
poenae,
il
redargue
cest
erreur,
assavoir
qu'un
regard impudique d'une femme, est paillardise: et
que
tous
ceux
qui
haissent
leur
frere,
sont
testimonia sunt divinae adversus peccata irae, et
homicides (Matth. 5, 21. 22. 28. 44). Car il fait
futuri olim in omnes peccatores iudicii, tametsi multi
coulpables de iugement tous ceux qui auront conceu
impune usque ad vitae finem evadant: ita quum
seulement quelque ire en leur coeur: coulpables
exemplum unum edit Dominus istius benedictionis, ut
devant le Consistoire, tous ceux qui en murmurant
filium in patris gratiam misericordia et benignitate
monstrent quelque offense de courage: et coulpables
sua prosequatur, documentum praebet constantis et
de gehenne de feu, tous ceux qui par iniure auront
perpetuae
apertement
in
suos
cultores
gratiae:
quum
patris
declairé
leur
malveillance.
Ceux
qui
iniquitatem semel in filio persequitur, docet quale
n'entendoyent point cela, ont imaginé que Christ
reprobos omnes iudicium ob scelera propria maneat;
estoit un second Moyse, qui avoit apporté la Loy
quam certitudinem potissimum hic spectavit. Obiter
Evangelique, pour suppleer le defaut de la Loy
etiam
nobis
Mosaique. Dont est procedée ceste sentence comme
extendit
vulgaire, Que la perfection de la Loy Evangelique est
assignarit
beaucoup plus grande qu'elle n'estoit en l'ancienne
misericordiae
commendat,
quum
quam
quatuor
in
suae
mille
duntaxat
amplitudinem
generationes
generationes
vindictae.
Loy: qui est un erreur trespervers. Car quand nous
reduirons cy apres en somme les preceptes de
Moyse,
il
apparoistra
par
ses
parolles
mesmes
combien on fait grande iniure à la Loy de Dieu, en
disant
cela.
Davantage,
de
ceste
opinion
ils
s'ensuivroit que la saincteté des Peres anciens ne
differoit
gueres
d'une
hypocrisie.
Finalement,
ce
seroit pour nous destourner de la reigle unique et
perpetuelle de iustice, que Dieu a lors baillée. Or
l'erreur est facile à refuter, pource que telle maniere
de gens ont pensé que Christ adioustast à. la Loy,
ou tant seulement qu'il la restituoit en son entier,
assavoir en la purgeant de mensonges, et du levain
des Pharisiens, dont elle avoit esté obscurcie et
2.8.22.
souillée.
PRAECEPTUM TERTIUM. Non usurpabis nomen
Iehovae Dei tui in vanum. Finis praecepti est, Quod
nominis
sui
sacrosanctam.
maiestatem
Summa
igitur
vult
erit,
nobis
esse
ne
ipsam
contemptim et irreverenter habendo profanemus. Cui
2.8.8.
Il
nous
faut
secondement
observer,
que
les
preceptes de Dieu contiennent quelque chose plus
interdicto cohaeret ex ordine praeceptum, ut eam
que nous n'y voyons exprimé par parolles. Ce qu'il
religiosa veneratione prosequi nobis studio et curae
faut neantmoins tellement moderer, que nous ne leur
sit. Itaque sic animis et linguis comparatos esse nos
donnions point tel sens que bon nous semblera, les
decet, ut nihil de ipso Deo eiusque mysteriis aut
tournant çà et là, à nostre plaisir. Car il y en a
cogitemus aut loquamur nisi reverenter et multa cum
d'aucuns, qui par telle licence font que l'authorité de
sobrietate: ut in aestimandis eius operibus nihil nisi
la
erga ipsum honorificum sapiamus. Haec, inquam, tria
incertaine, ou bien qu'on desespere d'en avoir saine
observare non oscitanter convenit, Ut quicquid mens
intelligence. Il faut donc, s'il est possible, trouver
de ipso concipit, quicquid lingua profatur, ipsius
quelque voye laquelle nous conduise seurement et
excellentiam
eius
sans doute à la volonté de Dieu: c'est à dire, il faut
sublimitati respondeat: denique ad extollendam eius
regarder combien l'exposition se doit estendre outre
magnificentiam
et
les parolles: tellement qu'il apparoisse que ce ne
praepostereque
soit point une addition adioustee à la Loy de Dieu,
abutamur vel ad ambitionem, vel ad avaritiam, vel ad
des gloses humaines, mais que ce soit le pur sens
ludicra nostra: sed prout impressam gerunt nominis
naturel du Legislateur, fidelement declairé. Certes en
eius dignitatem, suum inter nos honorem ac pretium
tous les preceptes il est si notoire qu'une partie est
semper
adorandis
resipiat,
aptum
mysteriis
habeant.
obloquamur
aut
et
sacrae
sit.
Sancto
ne
temere
Postremo,
nominis
eius
eius
detrectemus,
verbo
Loy
est
vilipendée,
comme
si
elle
estoit
operibus
ne
mise
quemadmodum
illi
restreindre l'intelligence selon les parolles, seroit
pour
le
tout,
que
celuy
qui
en
voudroit
contumeliose solent obstrepere miseri homines: sed
digne
quicquid ab ipso memoramus factum, cum sapientiae,
l'exposition de la Loy, la plus sobre qu'on la puisse
iustitiae, bonitatis elogiis praedicemus. Id est nomen
faire, passe outre les parolles, mais il est obscur
Dei sanctificare; ubi secus fit, vano pravoque abusu
iusques où, sinon qu'on definisse quelque mesure. Or
polluitur: quia rapitur extra legitimum usum, cui soli
ie pense que ceste-cy sera tresbonne, si on adresse
consecratum erat: atque ut nihil aliud, sua tamen
sa pensée à la raison pour laquelle le precepte a
dignitate
redditur.
esté donné: assavoir qu'en un chacun precepte on
Quod si in hac temeraria usurpandi importune divini
considere à quelle fin il nous a esté donné de Dieu.
nominis facilitate tantum est mali: multo plus in eo,
Exemple: Tout precepte est pour commander, ou
si
ipsum
pour defendre. Nous aurons la vraye intelligence de
devotionibus,
l'un et de l'autre, en regardant la raison ou la fin où
incantationibus
il tend. Comme la fin du cinquieme precepte est,
in
exutum,
nefarios
necromantiae
contemptibile
usus
conferatur,
superstitionibus,
illicitis
exorcismis,
servire
faciunt.
potissimum
paulatim
aliisque
autem
in
mandato
est
donc
notoire
que
qu'il faut rendre honneur à ceux ausquels Dieu l'a
nominis abusus maxime est detestabilis: quo inde
plaist à Dieu que nous honnorions ceux ausquels il a
melius absterreamur ab omni, in universum eius
donné quelque preeminence: et que contemnement et
profanatione. Hic autem de cultu Dei praecipi et
contumace
reverentia nominis eius, non autem de aequitate quae
abomination. La raison du premier precepte est que
inter homines colenda est, inde patet quod deinde in
Dieu seul soit honnoré: la somme donc sera, que la
secunda
vraye
et
perversus
Il
voulu attribuer: ceste sera donc la somme, qu'il
periurium
quo
qui
moqué.
divini
tabula
in
diris
impiis
Iuramentum
assumitur,
ut
d'estre
falsum
testimonium
à
pieté
l'encontre
est
agreable
d'iceux,
à
Dieu,
luy
est
c'est
en
à
dire
damnabit, quo laeditur humana societas; supervacua
l'honneur
autem esset repetitio si hoc praeceptum tractaret de
contraire,
officio charitatis. Iam ipsa quoque distinctio hoc
faut-il regarder en tous preceptes de quoy il est
que
nous
qu'impieté
rendons
luy
est
à
sa
maiesté:
abominable.
au
Ainsi
postulat, quia non frustra Deus, ut
dictum est, duas
traité. Apres, il faut chercher la fin, iusques à ce
Legi suae tabulas attribuit. Unde colligitur hoc ius
que nous trouvions que c'est que le Legislateur veut
suum
sui
testifier luy estre plaisant ou desplaisant: puis de ce
homines
qui est dit au precepte, il nous faut former un
sibi
sanctitatem,
vendicare,
non
ac
autem
tueri
docere
nominis
quid
hominibus debeant.
argument au contraire, en ceste maniere: Si cela
plaist à Dieu, le contraire luy desplaist. Si cela luy
desplaist, le contraire luy plaist. S'il commande cela,
il defend le contraire. S'il defend cela, il commande
le contraire.
2.8.23.
Primo loco habendum est quid sit iuramentum.
Est autem Dei attestatio ad veritatem sermonis
nostri confirmandam. Quae enim manifesta in Deum
probra continent execrationes, indignae sunt quae
inter iuramenta censeantur. Eiusmodi attestationem,
ubi
rite
divini
Ce qui est maintenant obscur en le touchant
ostenditur multis locis Scripturae; ut quum Iesaias
brievement, sera plus familierement esclaircy par
de Assyriis et Aegyptiis in foederis societatem cum
l'experience, quand nous exposerons les preceptes.
Israele vocandis vaticinatur, Loquentur, inquit, lingua
Pourtant il suffira de l'avoir touché, sinon qu'il nous
Chanaan, et in nomine Domini iurabunt ; hoc est,
faut confermer le dernier que nous avons dit, qui
iurando per nomen Domini, confessionem religionis
autrement ne seroit point entendu, ou sembleroit
edent. Item quum de propagando eius regno loquitur,
advis desraisonnable. Ce que nous avons dit, que là,
Quicunque benedicet sibi, in Deo fidelium benedicet:
où le bien est commandé, le mal qui est contraire
et
est defendu, n'a ia mestier de probation: car il n'y a
qui
peragitur,
iurabit
in
speciem
terra,
esse
iurabit
in
cultus
2.8.9.
Deo
vero
.
Ieremias, Si eruditi, inquit, docuerint iurare populum
personne
in nomine meo, sicut docuerunt iurare per Baal,
iugement commun recevra volontiers, que quand on
aedificabuntur in medio domus meae . Et merito
defend le mal on commande le bien qui est au
nomen Domini in testimonium invocando, nostram in
contraire. Car c'est une chose vulgaire, que quand on
ipsum religionem dicimur testari. Sic enim ipsum,
condamne les vices, on recommande les vertuz. Mais
aeternam esse et immutabilem veritatem confitemur:
nous demandons quelque chose davantage, que les
quem
appellamus
idoneum
veritatis
non
modo
testem,
tanquam
sed
etiam
prae
aliis
hommes
ceu
eius
cela.
qui
ne
n'entendent
Car
par
la
le
concede.
Pareillement,
communement
vertu
contraire
en
au
le
confessant
vice,
ils
assertorem unicum, qui abscondita in lucem proferre
entendent seulement s'abstenir de vice: mais nous
queat:
enim
passons outre, assavoir en exposant que c'est faire
testem
le contraire du mal. Ce qui s'entendra mieux par
refugimus: ac praesertim ubi asserendum est quod in
exemple. Car en ce precepte, Tu ne tueras point: le
conscientia latet. Qua ratione amare succenset iis
sens commun des hommes ne considere autre chose,
Dominus qui per alienos deos deierant: atque id
sinon qu'il se faut abstenir de tout outrage et de
iurisiurandi
toute cupidité de nuire: mais ie dy qu'il y faut
desunt
deinde
ut
hominum
cordium
cognitorem.
testimonia,
genus,
ad
argumentum
Ubi
Deum
manifestae
defectionis interpretatur. Filii tui dereliquerunt me,
entendre plus, assavoir que nous aidions à conserver
et iurant in iis qui non sunt dii . Et sceleris huius
la vie de nostre prochain, par tous moyens qu'il
gravitatem,
declarat,
nous sera possible. Et afin qu'il ne semble que ie
Disperdam eos iurant per nomen Domini, et iurant
parle sans raison, ie veux approuver mon dire. Le
per Melchon.
Seigneur nous defend de blesser et outrager nostre
poenarum
comminatione
prochain, pource qu'il veut que sa vie nous soit
chere et precieuse: il requiert donc semblablement
les offices de charité, par lesquels elle peut estre
conservée. Ainsi, on peut appercevoir comment la fin
du precepte
nous enseigne
ce qui nous
y
est
commandé ou defendu de faire.
2.8.24.
2.8.10.
Iam ubi intelligimus, sacramentis nostris Dominum
Si on demande la raison pourquoy le Seigneur a
inesse velle nominis sui cultum, eo maior adhibenda
voulu seulement à demy signifier son vouloir, plus
diligentia,
vel
que l'exprimer clairement, pour response à cela on
contemptum et vilitatem contineant. Contumelia est
peut alleguer plusieurs raisons: mais il y en a une
non levis si per ipsum peieratur: unde et profanatio
qui me contente par dessus toutes: c'est, pource que
appellatur in Lege . Quid enim restat Domino, ubi
la chair s'efforce tousiours de colorer, ou de cacher
sua veritate fuerit spoliatus? iam Deus esse desinet.
par vaines couvertures la turpitude de son pechó,
Sed enim spoliatur certe, dum falsi suffragator et
sinon qu'on la puisse toucher au doigt, il a voulu
approbator constituitur. Quare Iosuah, dum Achan ad
proposer pour exemple ce qui estoit le plus vilain et
confessionem veri adigere vult, Fili mi, ait, da
desordonné en chacun genre de peché: afin que
gloriam Domino Israel : innuens scilicet, Dominum
l'ouye mesme en eust horreur, pour nous faire
gravissime inhonorari si per eum peieratur. Neque
detester le peché de plus grand courage. Cela nous
mirum: non enim stat per nos quin mendacium sacro
trompe souvent en estimant les vices, que nous les
eius nomini quodammodo inuratur. Quam loquutionem
extenuons
usitatam
ad
Seigneur donc nous retire de ceste tromperie, nous
sacramentum dicendum quispiam vocaretur, constat
accoustumant à reduire une chacune faute à un
ex
Evangelio
genre, dont nous puissions mieux cognoistre en
Iohannis Pharisaei. Ad hanc cautionem nos instituunt
quelle abomination elle nous doit estre. Exemple: Il
formulae
Vivit
ne nous semble point advis que ce soit un mal fort
Dominus : Haec faciat mihi Dominus et haec addat :
execrable que haine ou ire, quand on les nomme de
Testis sit Deus in animam meam : quae insinuant
leurs noms: mais quand le Seigneur les defend sous
Deum advocare nos non posse orationis nostrae
le nom d'homicide, nous voyons mieux en quelle
testem quin periurii ultorem nobis imprecemur si
abomination il les a, veu qu'il leur donne le nom
fallimus.
d'un si horrible crime. Par ainsi estans advertis par
simili
ne
inter
pro
cultu
Iudaeos
obtestatione
quae
in
qua
vel
contumeliam
fuisse,
utuntur
Scripturis
quoties
in
usurpantur,
s'ils
sont
quelque
peu
couvers.
Le
le iugement de Dieu, nous apprenons de mieux
reputer la grandeur des fautes, lesquelles auparavant
nous sembloyent legeres.
2.8.25.
Vile et vulgare redditur Dei nomen, quum veris
quidem,
sed
supervacuis
iuramentis
adhibetur:
siquidem accipitur hic quoque in vanum. Quare non
satis
fuerit
a
meminerimus,
periurio
abstinere,
necessitatis
causa
et
que veut dire la division de la Loy en deux Tables,
institutum: ideoque extra licitum illius usum egredi
desquelles il n'est point fait si souvent mention en
qui rebus non necessariis accomodat. Porro non alia
l'Escriture sans propos: comme tout homme de bon
praetendi necessitas potest quam ubi vel religioni vel
esprit peut iuger. Or la raison est si facile à
charitati est serviendum. Qua in re nimis licentiose
entendre, qu'il n'est ia mestier d'en faire nulle doute.
hodie
quod
Car le Seigneur voulant enseigner toute iustice en sa
assuetudine ipsa pro delicto imputari desiit: quod
Loy, l'a tellement distinguée, qu'il a assigné la
certe apud Dei tribunal non parvo aestimatur. Passim
premiere
enim promiscue temeratur Dei nomen in nugacibus
redevables, pour honnorer &a maiesté: la seconde, à
colloquiis: nec male fieri putatur, quia in tantae
ce que nous devons à nostre prochain, selon charité.
improbitatis possessionem longa et impunita audacia
Certes le premier fondement de iustice est l'honneur
ventum est. Manet tamen ratum Domini mandatum:
de Dieu: lequel renversé, toutes les autres parties
manet
suum
sont dissipées, comme les pieces d'un edifice ruiné.
obtinebit, qua peculiaris quaedam vindicta in eos
Car quelle iustice serace, de ne nuire point à nostre
edicitur qui frustra nomen ipsius usurparint. Peccatur
prochain par larrecins et rapines, si cependant par
et alia in parte, quod in Dei locum sanctos eius
sacrilege nous ravissons à la maiesté de Dieu sa
servos
gloire? Item, de ne point maculer nostre corps par
delinquitur,
firma
impietate:
in
eoque
sanctio:
et
iuramentis
sic
permissum
intolerabilius
effectum
olim
substituimus,
nous
luy
sommes
blasphemes? Item, de ne point meurtrir les hommes,
mandato praecepit Dominus iurare per nomen suum:
si nous taschons d'esteindre la memoire de Dieu? Ce
speciali interdicto prohibuit ne per alienos deos
seroit donc en vain que nous pretendrions iustice
iurantes
sans religion: tout ainsi comme si quelcun vouloit
quum
Et
scribit
Apostolus
homines
ad
dont
traducimus . Neque enim abs re est, quod speciali
.
gloriam
offices
paillardise, si nous polluons le nom de Dieu par
audiamur
divinitatis
manifesta
aux
eos
testatur,
quia
libidinis
2.8.11.
Tiercement, nous avons à considerer que c'est
sed
non
simul
aut
voluptatis,
iusiurandum
ni
idem
in
liquide
iuramentis
faire
une
belle
monstre
d'un
corps
sans
teste.
superiorem seipsis appellare: Deum, quia sua gloria
Combien qu'à dire vray, religion non seulement est
maiorem non habebat, per seipsum iurasse.
le chef de iustice et vertu, mais est quasi l'ame,
pour luy donner vigueur. Car iamais les hommes ne
garderont entre eux equité et dilection, sans la
crainte de Dieu. Nous appellons donc le service de
Dieu, Principe et fondement de iustice: veu que
celuy osté, tout ce que peuvent mediter les hommes
pour vivre en droiture, continence et temperance, est
vain
2.8.26.
et
frivole
devant
Dieu.
Pareillement,
nous
l'appellons La source et esprit de iustice: pource que
Hac
non
les hommes en craignant Dieu, comme Iuge du bien
contenti, omnia sine exceptione execrantur: quoniam
et du mal, apprennent de cela à vivre purement et
Christi generale sit interdictum, Ego dico vobis, ne
droitement. Pourtant le Seigneur en la premiere
iuretis omnino: sit non, non: quod ultra est, a malo
Table nous instruit à pieté et religion, pour honnorer
est
Christum
sa maiesté: en la seconde, il ordonne comment à
impingunt: dum illum faciunt Patri adversarium, et
cause de la crainte que nous luy portons, il nous
qui ad decreta eius abroganda in terram descenderit.
faut gouverner ensemble. Pour laquelle raison nostre
Siquidem
modo
Seigneur Iesus, comme recitent les Evangelistes, a
iuramentum, ceu rem legitimam, permittit: (quod
reduit toute la Loy sommairement en deux articles:
ipsum abunde foret) sed in necessitate imperat .
assavoir, que nous aymions Dieu de tout nostre
Christus autem se asserit unum esse cum Patre , se
coeur, de toute nostre ame, et de toutes noz forces,
non aliud afferre quam quod Pater mandaverit ,
que
doctrinam suam non esse a seipso , etc. Quid ergo?
nous-inesmes (Matth. 22, 37; Luc 10, 27). Nous
Deumne sibi contrarium facient, qui quod semel in
voyons
moribus praecipiendo approbarit, postea prohibeat ac
comprend toute la Loy, il en adresse Tune à, Dieu,
damnet? Sed quia in verbis Christi nonnihil est
et l'autre aux hommes.
.
iurisiurandi
Sed
hoc
Deus
moderatione
modo
Anabaptistae
inconsiderate
aeternus
in
in
Lege
non
nous
aymions
comment
nostre
des
deux
prochain
parties
comme
esquelles
il
difficultatis, ea paulisper expendamus. Hic autem
nunquam verum assequemur nisi oculos intendamus
in Christi scopum, et ad id quod illic agit animum
advertamus.
Illi
non
est
institutum,
Legem
aut
laxare, aut restringere, sed ad veram ac germanam
intelligentiam
reducere,
quae
falsis
Scribarum
et
Pharisaeorum commentis valde depravata fuerat. Id
si tenemus, non putabimus Christum damnasse in
totum iuramenta: sed ea tantum quae Legis regulam
2.8.12.
transgrediuntur. Ex ipsis constat, populum nihil tunc
Toutesfois combien que la Loy soit entierement
cavere solitum praeter periuria, quum non iis solis,
contenue en deux poincts, si est-ce que nostre
sed inanibus quoque ac supervacuis iuramentis Lex
Seigneur, pour oster toute matiere d'excuse, a voulu
interdicat. Dominus ergo, certissimus Legis interpres,
plus
non modo peierare, sed etiam iurare, malum esse
preceptes, tant ce qui appartient à la crainte, amour
admonet. Quomodo iurare? nempe in vanum. Quae
et honneur de sa divinité, comme à, la charité,
autem in Lege commendantur iuramenta, salva et
laquelle il nous commande d'avoir à nostre prochain
libera relinquit. Videntur sibi validius pugnare quum
pour l'amour de soy. Pourtant, ce n'est pas estude
mordicus arripiunt particulam Omnino: quae tamen
inutile, que de chercher quelle est la division des
non
preceptes, moyennant qu'il nous souvienne que c'est
ad
iurandi
verbum
refertur,
sed
subiectas
amplement
et
facilement
declairer
en
dix
sacramentorum formulas. Nam et ista erat erroris
une
portio, quod dum per caelum et terram deierabant,
iugement libre: et pourtant que nous n'esmouvions
Dei nomen se non putabant attingere. Ergo post
point contention contre celuy qui n'accordera point à
praecipuum
nostre sentence. Cecy dy-ie, afin que personne ne
praevaricationis
caput,
omnia
etiam
chose
en
laquelle
chacun
peut
avoir
son
subterfugia Dominus illis praecidit: ne se opinentur
s'esmerveille
evasisse si suppresso Dei nomine caelum et terram
comme si elle estoit nouvellement forgée. Quant au
de
la
distinction
que
ie
suyvray,
appellarint. Nam hic quoque obiter notandum, quanvis
nombre des preceptes, il n'y a nulle doute, d'autant
non exprimatur nomen Dei, homines tamen obliquis
que le Seigneur en a osté toute controversie par sa
formis per ipsum iurare: quemadmodum si per lumen
parolle. La dispute est seulement à la maniere de
vitale, per panem quo vescuntur, per baptismum
les diviser. Ceux qui les divisent tellement, qu'il y
suum, aut alia divinae erga se liberalitatis pignora
ait en la premiere Table trois preceptes, et sept en
quaelibet iurent. Neque vero Christus eo loco per
la seconde, effacent le precepte des images du
caelum et terram et Ierosolymam iurare vetans,
nombre des autres, ou bien le mettent sous le
superstitionem corrigit, ut falso quidam putant: sed
premier: comme ainsi soit que le Seigneur l'ait mis
eorum potius sophisticam argutiam refellit qui pro
comme un commandement special. Davantage, ils
nihilo ducebant indirecta iuramenta futiliter iactare,
divisent inconsiderément en deux parties le dixieme
quasi
tamen
precepte: qui est de ne point convoiter les biens de
insculptum est singulis eius beneficiis. Alia est ratio
nostre prochain. Il y a une autre raison pour les
ubi vel mortalis quispiam, vel mortuus, vel Angelus
refuter: que leur division a esté incognue en l'Eglise
in locum Dei substituitur: sicuti apud profanas gentes
primitive, comme nous verrons tantost apres. Les
excogitavit adulatio putidam illam formam, per vitam
autres mettent bien comme nous, quatre articles en
aut genium Regis: quia tunc falsa apotheosis unius
la premiere Table: mais ils pensent que le premier
Dei gloriam obscurat et minuit. Verum ubi nihil aliud
soit une simple promesse sans commandement. Or
est propositum quam ex sacro Dei nomine petere
de ma part, pource que ie ne puis prendre les dix
dictorum confirmationem, quanvis id oblique fiat, in
parolles dont Moyse fait mention autrement que pour
frivolis omnibus iuramentis laeditur eius maiestas.
dix preceptes, sinon que ie soye conveincu du
Licentiam
Christus,
contraire par raison evidente: davantage, pource qu'il
omnino iurare prohibens. Eodem et Iacobus tendit,
me semble que nous les pouvons distinctement par
illa Christi verba quae citavi usurpans : uia semper
ordre marquer au doigt, leur laissant la liberté d'en
in mundo grassata est illa temeritas, quae tamen
penser comme ils voudront, ie suyvray ce qui me
profanatio est nominis Dei. Nam si ad substantiam
semble le plus probable, c'est que la sentence dont
referas particulam Omnino, acsi nulla
exceptione
ils font le premier precepte, tienne comme un lieu
quorsum
de Proeme sur toute la Loy: puis apres que les dix
explicatio quae mox additur, Neque per caelum,
preceptes s'ensuyvent: quatre en la premiere Table,
neque per terram, etc. Quibus satis patet, cavillis
et six en la seconde, selon l'ordre que nous les
occurri unde levari suum vitium Iudaei putabant.
coucherons. Ceste division est mise d'Origene sans
sacro
illicitum
Dei
hanc
esset
nomini
vano
parcerent,
praetextu
quodvis
quod
spoliat
iusiurandum,
difficulté,
comme
receue
communement
de
son
temps. Sainct Augustin aussi l'approuve escrivant à,
Boniface. Il est bien vray qu'en un autre lieu la
premiere division luy plaist mieux: mais c'est pour
une raison trop legere: assavoir, pource que si on
mettoit seulement trois preceptes en la premiere
Table, cela representeroit la Trinité: combien qu'en
ce lieu-là mesme il ne dissimule pas que la nostre
luy plaist plus quant au reste. Nous avons aussi un
autre ancien Pere, qui accorde à nostre opinion,
celuy qui a escrit les Commentaires imparfaits sur
sainct Matthieu. Iosephe attribue à chacune Table
cinq preceptes: laquelle distinction estoit commune
en son temps, comme on peut coniecturer. Mais
outre ce que la raison contredit à cela, veu que la
difference entre l'honneur de Dieu et la charité du
prochain y est confonduë, l'authorité de Iesus Christ
2.8.27.
bataille au contraire (Matth. 19, 19): lequel met le
Itaque sanis iudiciis ambiguum iam esse nequit,
precepte d'honnorer pere et mere, au catalogue de la
Dominum illic iuramenta modo ea improbasse quae
seconde Table. Maintenant escoutons Dieu mesme
per
parler.
Legem
vetita
essent.
Nam
et
ipse,
qui
perfectionis, quam docebat, exemplar in vita exhibuit,
non abhorruit a iuramentis quoties res requirebat: et
discipuli, quos magistro suo per omnia paruisse non
LE PREMIER COMMANDEMENT.
Ie suis l'Eternel ton Dieu, qui t'ay retiré de la
dubitamus, idem exemplum secuti sunt. Quis audeat
terre
dicere
n'auras point de dieux estranges devant ma face.
iuraturum
fuisse
Paulum,
si
iusiurandum
d'Egypte,
de
la
maison
de
servitude.
Tu
prorsus interdictum fuisset? Atqui ubi res ita tulit,
sine
ullo
scrupulo
imprecatione.
quando
Nondum
nonnulli
iuramenta
iurat,
tamen
sola
eximi
etiam
ab
finita
hoc
arbitrantur:
addita
est
interdum
quaestio:
interdicto
qualia
publica
sunt
quae
deferente exigenteque magistratu praestamus: qualia
etiam in sanciendis foederibus usurpare principes
solent: vel populus, quum in nomen principis iurat:
vel miles, quum sacramento militiae adigitur: et quae
sunt huiusmodi. In hunc quoque ordinem (et iure)
referunt quae extant apud Paulum, ad asserendam
Evangelii
dignitatem:
quando
Apostoli
in
sua
functione privati homines non sunt, sed publici Dei
ministri. Et sane non inficior illa esse tutissima,
2.8.13.
quod solidioribus Scripturae testimoniis defenduntur.
Il ne peut ehaloir, si nous prenons la premiere
Iubetur magistratus in re dubia adigere testem ad
sentence comme partie du premier precepte, ou si
iuramentum, ille vicissim iuramento respondere; et
nous la mettons separément, moyennant que nous
Apostolus ait humanas controversias hoc remedio
entendions que c'est comme un Proëme sur toute la
expediri . In hoc praecepto habet uterque solidam
Loy. Premierement, quand on fait quelques loix il
officii sui approbationem. Quin etiam apud veteres
faut
ethnicos
mespris
observare
iusiurandum
in
licet,
magna
publicum
religione
et
habitum
solenne
fuisse:
donner
ou
ordre
qu'elles
contemnement.
ne
Pour
s'abolissent
ceste
cause
par
le
Seigneur au commencement remedie à ce danger, en
vulgaria, quae promiscue faciebant, aut pro nihilo,
pourvoyant
aut non ita magno fuisse reputata, perinde ac Dei
contemnée: ce qu'il fait, la fondant sur trois raisons.
numen
Verum
Car il s'attribue le droit et puissance de commander:
privata iuramenta, quae sobrie, sancte, reverenter
en quoy il astreint son peuple esleu à, la necessité
in
his
non
intercedere
putarent.
que
la
maiesté
de
sa
Loy
ne
soit
necessariis
rebus
adhibentur,
damnare
nimis
d'obeir. Puis apres il promet sa grace, pour attirer
periculosum fuerit: quae ipsa et ratione et exemplis
ses
fulciuntur. Nam si privatis in re gravi et seria Deum
Finalement il reduit en memoire le bien qu'il a fait
inter se iudicem appellare licet, multo magis testem.
aux Iuifs, pour les redarguer d'ingratitude, s'ils ne
Insimulabit
respondent à sa liberalité qu'il leur a monstrée. Sous
studebis,
te
ex
frater
tuus
charitatis
perfidiae:
officio:
ille
purgare
nulla
te
ratione
ce
fideles
nom
par
douceur
d'Eternel,
à
est
suyvre
signifié
son
sa
volonté.
Empire
et
satisfieri sibi patietur. Si in discrimen fama tua ob
Seigneurie legitime qu'il a sur nous. Car si toutes
illius obstinatam malignitatem veniat, sine offensa ad
choses viennent de luy, et consistent en luy, c'est
Dei
innocentiam
raison qu'elles soyent referées à luy, comme dit
tempore manifestet. Minus est testem advocare, si
sainct Paul (Rom. 11, 36). Par ce mot donc il nous
verba expenduntur. Non video igitur cur hic illicitam
est monstré qu'il nous faut sumettre au ioug du
asseramus
plurima
Seigneur: veu que ce seroit un monstre, de nous
exempla. Si Abraham et Isaac sacramentum cum
retirer du gouvernement de celuy hors lequel nous
Abimelech publico nomine praetexitur : at certe
ne pouvons estre.
iudicium
provocabis,
attestationem.
ut
tuam
Neque
desunt
Iacob et Laban privati erant, qui mutuo iuramento
foedus inter se sanciunt . Privatus erat Booz, qui
promissum coniugium Ruth eodem modo confirmavit .
Privatus erat Abdias, vir iustus et timens Dei, qui
2.8.14.
Apres
qu'il
a
enseigné
le
droit
qu'il
a
de
iuramento asseverat quod Eliae vult persuadere .
commander, et que toute obeissance luy est deue,
Nullam
itaque
iuramenta
promiscua,
meliorem
regulam
habeo,
sic
moderemur
ne
temeraria
ne
libidinosa,
ne
frivola:
nisi
ut
afin
qu'il
ne
semble
sint,
ne
seulement
par
necessité,
sed
qu'il
il
vueille
contreindre
ameine
aussi
par
iustae
douceur, se declairant estre le Dieu de son Eglise.
necessitati serviant, ubi scilicet vel Domini gloria
Car en ceste locution il y a une correspondance
vindicanda, vel promovenda fratris aedificatio; quo
mutuelle, laquelle est exprimée en ceste promesse
Legis mandatum spectat.
où il dit, Ie seray leur Dieu, et ils me seront pour
peuple. De laquelle Iesuá Christ prouve qu'Abraham,
Isaac et Iacob ont obtenu salut et vie eternelle,
pource que Dieu leur avoit promis qu'il seroit leur
Dieu (Ier. 31, 33; Matth. 22, 32). Pourtant ce mot
vaut autant comme s'il disoit, Ie vous ay eleuz pour
mon peuple: non seulement pour vous bien faire en
la vie presente, mais pour vous conduire à l'eternelle
beatitude de mon Royaume. Or à quelle fin tend
ceste grace, il est dit en plusieurs passages. Car
quand nostre Seigneur nous appelle en la compagnie
de son peuple, il nous élit, ainsi que dit Moyse,
pour nous sanctifier à sa gloire, et afin que nous
gardions ses commandemens (Deut. 7, 6; 14, 2; 26,
18).
Dont
vient
ceste
exhortation
que
fait
le
Seigneur à son peuple, Soyez saincts, car ie suis
sainct. Or de ces deux est deduite la remonstrance
2.8.28.
que fait Dieu par son Prophete, Le fils honnoré le
PRAECEPTUM QUARTUM. Recordare ut diem
pere, et le serviteur son maistre. Si ie suis vostre
sabbathi sanctifices. Sex diebus operaberis, et facies
maistre, où est la crainte (Levit. 19, 2; Malach. 1,
omnia
6)? Si ie suis vostre pere, où est l'amour?
opera
tua:
septimo
autem
die
sabbathum
Iehovae Dei tui est. Non facies ullum opus in eo,
etc. Finis praecepti est ut propriis affectibus et
operibus emortui, regnum Dei meditemur, atque ad
eam
meditationem
institutis
ab
ipso
rationibus
exerceamur. Verum, quoniam habet peculiarem et
2.8.15.
divisam a reliquis considerationem, paulo diversam
Consequemment il recite le bien qu'il a fait à ses
interpretationis seriem requirit. Umbratile veteres
serviteurs: ce qui les doit d'autant plus esmouvoir,
nuncupare solent, quod externam diei observationem
qu'ingratitude est un crime plus detestable que tous
contineat quae in Christi adventu cum reliquis figuris
autres. Or il remonstroit lors au peuple d'Israel le
abolita fuerit, quod vere quidem ab illis dicitur: sed
benefice qu'il leur avoit fait, lequel estoit si grand et
dimidia tantum ex parte rem attingunt. Quare altius
admirable, que c'estoit bien raison qu'il fust en
repetenda est expositio: et dispiciendae tres causae,
eternelle memoire. Davantage, la mention en estoit
quibus
constare
mihi
convenable,
videor.
Voluit
diei
publiée. Car le Seigneur signifie que pour ceste
septimi
quiete
requiem
cause il les a delivrez, afin qu'ils le recognoissent
figurare,
qua
debent
autheur de leur liberté, luy rendans honneur et
hoc
enim
mandatum
caelestis
populo
a
Israel
propriis
observasse
legislator
sub
spiritualem
operibus
feriari
du
temps
que
la
Loy
devoit
estre
fideles, ut Deum in se operari sinant. Deinde statum
obeissance.
diem
et
entretenir en son service, il a accoustumé de s'orner
ceremonias peragendas convenirent, vel saltem quem
de certains tiltres, par lesquels il se discerne d'avec
operum suorum meditationi peculiariter darent: ut
les idoles des Payens. Car comme i'ay dit au
hac recordatione ad pietatem exercerentur. Tertio,
paravant, nous sommes si enclins à vanité, et avec
servis, et iis qui sub aliorum degerent imperio,
cela si audacieux, qu'incontinent qu'on nous parle de
quietis
Dieu, nostre entendement ne se peut tenir qu'il ne
esse
voluit,
diem
quo
ad
indulgendum
Legem
audiendam
censuit,
quo
aliquam
haberent a labore remissionem.
Semblablement
quand
il
nous
veut
decliné à quelque folle fantasie. Le Seigneur donc
pour remedier à ce mal, orne sa divinité de certains
2.8.29.
Illam
tiltres, et par ce moyen nous enclost comme dedans
adumbrationem
des bornes: afin que nous n'extravaguions ne çà ne
primarium in sabbatho locum tenuisse, multifariam
là, et que nous ne forgions temerairement quelque
docemur. Nullius fere siquidem praecepti obedientiam
dieu nouveau en le delaissant, luy qui est le Dieu
severius Dominus exegit . Quum subversam omnem
vivant.
religionem vult apud Prophetas significare, polluta,
proprement
violata, non custodita, non sanctificata sua sabbatha
tousiours en avant les marques et enseignes, par
conqueritur:
nihil
lesquels il s'estoit manifesté au peuple d'Israel. Car
Eius
quand il est nommé le Dieu d'Abraham, ou d'Israel:
observantiam eximiis encomiis prosequitur: unde et
et quand il est assis en son temple de Ierusalem au
fideles,
inter
milieu des Cherubins (Exode 3, 6; Amos 1, 2; Hab.
mirifice
aestimabant.
amplius
tamen
spiritualis
quasi,
restaret
omisso
in
alia
quietis
quo
posset
oracula,
Sic
hoc
obsequio,
honorari
sabbathi
enim
.
revelationem
loquuntur
Levitae
Pourtant
les
descrire
Prophetes,
et
en
le
demonstrer,
voulant
mettent
2, 28; Ps. 80, 2; 99, 1; Is. 37, 16): telles formes
apud Nehemiah, in solenni congregatione, Ostendisti
de parler ne sont pas mises pour l'attacher à un
patribus nostris sabbathum tuum sanctum, mandata
lieu, ou à un peuple: mais pour arrester la pensée
et ceremonias et Legem dedisti eis per manum
des fideles à ce Dieu seul, lequel s'estoit tellement
Mosis . Vides ut singulari dignatione habeatur inter
representé par son alliance qu'il avoit faite avec son
praecepta omnia Legis. Quae omnia pertinent ad
peuple
commendandam mysterii dignitatem, quod a Mose et
destourner son esprit autrepart pour le chercher.
Ezechiele
in
Toutesfois que cela nous demeure conclu, qu'il est
Exodo, Videte ut sabbathum meum custodiatis, quia
notamment parlé de la redemption, afin que les Iuifs
signum
est
inter
generationibus
s'adonnassent plus alaigrement à servir Dieu, puis
vestris:
ut
sciatis
Dominus
qui
que les ayant acquis il les tenoit à iuste tiltre en sa
sanctifico vos. Custodite sabbathum; sanctum est
suiection. Mais afin qu'il ne nous semble qué cela ne
enim vobis. . Custodiant filii Israel sabbathum, et
nous appartient de rien, il nous faut reputer que la
celebrent illud in generationibus suis; pactum est
servitude d'Egypte, où a esté le peuple d'Israel,
sempiternum inter me et filios Israel, signumque
estoit
perpetuum. Fusius etiamnum Ezechiel: cuius tamen
laquelle nous sommes tous detenus, iusques à ce
summa
Israel
que le Seigneur nous delivrant par sa main forte,
cognosceret, Deum esse suum sanctificatorem . Si
nous transfere au regne de liberté. Tout ainsi donc
sanctificatio nostra propriae voluntatis mortificatione
qu'anciennement voulant remettre son Eglise sus en
constat, iam se profert aptissima signi externi cum
Israel, il a delivré ce peuple-là de la cruelle
re ipsa interiori analogia. Quiescendum omnino est,
seigneurie de Pharaon, dont il estoit opprimé: en
ut
voluntate
telle maniere il retire auiourdhuy tous ceux desquels
nostra, resignandum cor, abdicandae cunctae carnis
il se demonstre estre Dieu, de la malheureuse
cupiditates.
omnibus
servitude du diable, laquelle a esté fîgurée par la
proprii ingenii muniis, ut Deum habentes in nobis
captivité corporelle d'Israel. Pourtant, il n'y a nulle
operantem,
creature dont le coeur ne doive estre enflambó à
pulcherrime
huc
Deus
me
redit,
in
nobis
Denique
in
exprimitur.
ipso
et
quod
esse
vos,
ego
in
sum
in
operetur:
Sic
signum
habes
quo
cedendum
feriandum
est
acquiescamus,
ab
quemadmodum
Apostolus quoque docet.
d'Israel,
une
escouter
qu'il
figure
ceste
de
Loy,
n'estoit
la
point
captivité
entant
qu'elle
licite
spirituelle
procede
de
en
du
souverain Seigneur: duquel comme toutes choses ont
leur origine, aussi c'est raison que leur fin s'y
rapporte. Davantage, il n'y a nul qui ne doive estre
singulierement incité à recevoir ce Legislateur, pour
les commandemens duquel observer il se cognoit
estre éleu: et de la grace duquel il attend non
seulement tous biens temporels, mais aussi la gloire
de la vie immortelle. Finalement cecy nous doit bien
aussi esmouvoir à obtemperer à nostre Dieu, quand
nous entendons que par sa misericorde et vertu nous
avons esté delivrez du gouffre d'enfer.
2.8.30.
Perpetuam
istam
cessationem
Iudaeis
repraesentabat unius diei ex septenis observatio:
quae ut maiori religione coleretur, eam exemplo suo
Dominus
commendavit.
excitandum
Apres avoir fondé et estably l'authorité de sa
hominis studium mediocriter valet ut se ad Creatoris
Loy, il donne le premier precepte, Que nous n'ayons
imitationem tendere noverit. Siquis arcanam aliquam
point de dieux estranges devant sa face: La fin
in septenario numero significationem requirat, quando
duquel est, que Dieu veut avoir seul preeminence, et
hic in Scriptura perfectionis est numerus, non sine
veut entierement iouir de son droit entre son peuple.
causa delectus est ad notandam perpetuitatem. Cui
Pour
et illud suffragatur, quod Moses in die quo narrat
superstition, par laquelle la gloire de sa divinité est
requievisse
finem
amoindrie ou obscurcie, soit loin de nous: et par
describendae dierum ac noctium successionis facit.
mesme raison il veut estre honnoré de nous par une
Potest et altera probabilis afferri numeri notatio:
vraye affection de pieté, ce qu'emporte quasi la
quod scilicet designarit Dominus nunquam absolutum
simplicité des parolles. Oar nous ne le pouvons pas
fore
diem
avoir pour nostre Dieu, sans luy attribuer les choses
fuerit. Nostram enim in illo beatam quietem hic
qui luy sont propres. Pourtant, en ce qu'il nous
inchoamus, in ea novos quotidie progressus facimus:
defend
sed quia assidua est adhuc cum carne militia, non
signifie que nous ne transferions ailleurs ce qui luy
prius consummabitur quam implebitur illud Iesaiae de
appartient. Or combien que les choses que nous
continuanda neomenia cum neomenia, sabbatho cum
devons à Dieu soyent innumerables, toutesfois elles
sabbatho , nempe quum erit Deus omnia in omnibus.
se peuvent bien rapporter à quatre poincts, assavoir
Videri
septimum
adoration, qui tire avec soy le service spirituel de la
populo suo delineasse futuram sui sabbathi in ultimo
conscience comme un accessoire: fiance, invocation,
die perfectionem: quo continenti sabbathi meditatione
et action de graces. I'appelle Adoration, la reverence
ad hanc perfectionem tota vita aspiraret.
que
Dominum
sabbathum
ergo
Non
ab
donec
possit
enim
ad
2.8.16.
operibus
ventum
Dominus
ad
per
suis,
ultimum
diem
ce
luy
faire
d'avoir
fait
il
veut
des
la
que
dieux
toute
estranges:
creature,
se
impieté
en
et
cela
submettant
à
il
sa
grandeur. Pourtant ce n'est pas sans cause que ie
mets comme une partie d'icelle, l'honneur que nous
luy portons, nous assuiettissans à sa Loy: car c'est
un hommage spirituel qui se rend à luy comme
souverain Roy, et ayant toute superiorité sur noz
ames. Fiance, l'asseurance de coeur que nous avons
2.8.31.
Siquis
en luy par le bien cognoistre : quand luy attribuant
hanc
nimis
toute sagesse, iustice, bonté, vertu, verité, nous
argutam fastidiat, nihil impedio quominus simplicius
estimons que nostre beatitude est de communiquer
accipiat: Dominum certum diem ordinasse, quo ad
avec luy. Invocation, est le recours que nostre ame
meditandam spiritualis quietis assiduitatem populus
a à luy, comme à son espoir unique, quand elle est
sub
Septimum
pressee de quelque necessité. Action de graces, est
assignasse, vel quia sufficere providebat, vel ut
la recognoissance par laquelle la louange de tous
proposita exempli sui similitudine, melius populum
biens luy est rendue. Comme Dieu ne peut souffrir
extimularet: vel certe admoneret non alio spectare
qu'on transfere rien de cela ailleurs, aussi il veut
sabbathum nisi ut suo Creatori conformis redderetur.
que le tout luy soit rendu entierement. Car il ne
Parum
suffiroit
Legis
enim
numeri
paedagogia
interest:
observationem
exerceretur.
modo
ceu
mysterium,
quod
praecipue delineatur, maneat, de perpetua nostrorum
point
de
nous
abstenir
de
tout
dieu
estrange, sinon que nous nous reposions en luy:
operum quiete. Ad quod contemplandum identidem
comme il y en a aucuns meschans, lesquels pensent
revocabant Iudaeos Prophetae: ne carnali cessatione
estre leur plus court d'avoir en moquerie toutes
defunctos se putarent. Praeter allegatos iam locos
religions.
sic habes apud Iesaiam, Si averteris a sabbatho
observer ce commandement, il faut que la vraye
pedem tuum ut non facias voluntatem tuam in die
religion precede en nous, par laquelle noz ames
sancto meo, et vocaveris sabbathum delicatum et
soyent attirées pour s'appliquer du tout à Dieu: et
sanctum Domini gloriosi: et glorificaveris eum dum
l'ayant cognu, soyent induites à honnorer sa maiesté,
non facis vias tuas, et non invenitur voluntas tua ut
à mettre leur fiance en luy, à requerir son aide, à
loquaris sermonem: tunc delectaberis super Domino,
recognoistre toutes ses graces, et magnifier toutes
etc. . Caeterum non dubium quin Domini Christi
ses oeuvres: finalement, tendre à luy comme à. leur
adventu, quod ceremoniale hic erat, abolitum fuerit.
but unique. Apres, que nous nous donnions garde de
Ipse
figurae
toute mauvaise superstition, à ce que noz ames ne
omnes evanescunt: corpus cuius aspectu, umbrae
soyent transportées çà et là à divers dieux. Or si en
relinquuntur.
nous tenant à un seul Dieu, nous prenons nostre
enim
veritas
est,
Ipse,
complementum.
praesentia
inquam,
verum
nous
voulons
bien
contentement en luy, reduisons aussi en memoire ce
summus,
ut
qui a esté dit,qu'il nous faut chasser tous dieux
vitae
controuvez, et qu'il n'est licite de couper par piece
rei
le service que le vray Dieu se reserve: pource qu'il
futurae alibi scribit Apostolus: corpus extare in
faut que sa gloire luy demeure, et que tout ce qui
Christo , hoc est, solidam veritatis substantiam,
luy est propre reside en luy. Ce qu'il adiouste, Qu'on
quam illo loco bene explicavit. Ea non uno die
n'ait point d'autres dieux devant sa face, est pour
contenta est, sed toto vitae nostrae cursu, donec
aggraver tant plus le crime. Car ce n'est point peu
penitus nobismetipsis mortui, Dei vita impleamur. A
de chose, que nous mettions en son lieu les idoles
Christianis ergo abesse debet superstitiosa dierum
que nous aurons forgées, comme pour le despiter, et
observatio.
le provoquer à ialousie: tout ainsi que si une femme
ambulemus.
mortis
eius
participes,
Ideo
illi
si
in
resurrectionis
baptismum
sabbathi
contraire,
consepulti,
consortium
Per
cuius
Au
insiti
in
sabbathum
novitate
umbram
fuisse
impudique, pour navrer davantage le coeur de son
mary, devant ses yeux faisoit chere à son paillard.
Or comme ainsi soit que Dieu par la presence de sa
grace et vertu qu'il monstroit, ait donné ample
certitude qu'il regardoit son peuple esleu, pour le
mieux divertir et retirer de tous erreurs, il prononce
qu'il n'y peut avoir idolatrie ne superstition de
laquelle il ne soit tesmoin, puis qu'il habite au milieu
de ceux qu'il a prins en sa garde. Car l'impieté se
desborde en plus grande hardiesse, pource qu'elle
pense
tromper
Dieu
en
se
cachant
sous
ses
subterfuges: mais le Seigneur au contraire denonce
2.8.32.
que tout ce que nous machinons et meditons luy est
Enimvero
quoniam
causae
notoire. Pourtant si nous voulons approuver nostre
veteribus umbris annumerari non debent, sed seculis
religion à Dieu, que nostre conscience soit pure de
omnibus
toutes mauvaises cogitations, et qu'elle ne reçoive
peraeque
duae
conveniunt:
posteriores
abrogato
sabbatho,
inter nos tamen etiamnum locum istud habet, ut
nulle pensée de decliner à superstition et idolatrie.
statis diebus ad audiendum verbum, ad mystici panis
Car le Seigneur ne requiert point seulement que sa
fractionem,
conveniamus:
gloire soit conservée par confession externe, mais
deinde ut servis et operariis sua detur a labore
devant sa face, à laquelie il n'y a rien qui ne soit
remissio. Utranque in sabbathi praeceptione curae
visible et manifeste.
fuisse
ad
publicas
Domino,
testimonii,
proculdubio
vel
Secundam
orationes
in
signavit
solo
est.
Prior
Iudaeorum
Moses
in
abunde
usu,
habet.
Deuteronomio,
LE SECOND COMMANDEMENT.
his
Tu ne te feras point image taillée, ne semblance
verbis, Ut requiescat servus tuus et ancilla tua, sicut
aucune des choses qui sont en haut au ciel, ne çà
et tu: memento quod et ipse servieris in Aegypto .
bas en la terre, n'es eaux dessous la terre. Tu ne
Item in Exodo, Ut requiescat bos et asinus tuus: et
les adoreras, ny honnoreras.
respiret filius ancillae tuae . Utrunque quis neget
nobis
perinde
ac
Iudaeis
convenire?
Conventus
Ecclesiastici nobis Dei verbo praecipiuntur: et eorum
necessitas, ipsa vitae experientia, nota satis est. Nisi
stati sint, et suos habeant constitutos dies, quomodo
haberi possunt? Omnia decenter et ordine gerenda
inter nos sunt ex Apostoli sententia . Tantum vero
2.8.17.
abest quin decorum et ordo, nisi ista politia et
moderatione
declairé
au
prochain
et
si
n'en faut point avoir n'imaginer d'autre: ainsi il
necessitas
demonstre plus clairement quel il est, et comment il
Dominus
doit estre honnoré, afin que nous ne forgions nulle
sabbathum constituerat: nemo causetur nihil illud ad
pensée charnelle de luy. La fin du precepte est, que
nos
Dieu ne veut point le droit honneur que nous lay
dissolvatur.
incumbit,
Quod
cuius
pertinere.
si
in
Voluit
ut
s'est
commandement estre le seul Dieu outre lequel il
Ecclesiae
possit,
il
praesentissima
impendeat
conservari
Comme
perturbatio
eadem
nobis
subsidium
enim
Iudaeis
ruina
providentissimus
et
indulgentissimus Pater noster, nostrae, non minus
devons
quam
non
superstitieuses. Pourtant en somme, il nous veut
quotidie, inquies, potius convenimus, ut ita tollatur
revoquer et retirer de toutes façons charnelles de
dierum discretio? Utinam illud quidem daretur: et
faire, lesquelles nostre entendement controuvé apres
sane digna erat spiritualis sapientia, cui quotidie
qu'il
decideretur
consequemment il nous reduit au droit service qui
Iudaeorum
necessitati
particula
aliqua
prospicere.
temporis.
Cur
Sed
si
a
estre
a
conceu
profané
Dieu
par
selon
observations
sa
rudesse:
et
multorum infirmitate obtineri non potest ut quotidiani
luy
conventus agantur: et charitatis ratio plus ab illis
institué. Or il marque le vice qui estoit le plus
exigere non permittit: cur non pareamus rationi quam
notable en cest endroit, c'est l'idolatrie externe.
nobis videmus Dei voluntate impositam?
Toutesfois le commandement a deux parties. La
est
deu,
assavoir
spirituel,
et
tel
qu'il
l'a
premiere reprime nostre temerité, à ce que ne
presumions d'assuiettir à nostre sens Dieu, qui est
incomprehensible, ou de le representer par ìmcune
image. La seconde partie defend d'adorer aucunes
images par maniere de religion. Or il touche en bref
les especes d'idolatries que les Payens avoyent. En
disant, Les choses qui sont au ciel: il signifie le
soleil, la lune et toutes les estoilles : possible aussi
les oiseaux. Comme de fait au quatrieme chap. du
2.8.33.
Deuteronome (4, 15) exprimant son intention, il
Paulo hic cogor esse longior, quod hodie ob diem
Dominicum
tumultuantur
nonnulli
inquieti
spiritus:
nomme tout cela. A quoy ie ne me fusse point
arresté,
n'estoit
pour
corriger
l'abus
d'aucuns
Plebem Christianam quiritantur in Iudaismo foveri,
ignorans, qui interpretent ce passage des Anges.
quia
Ego
Pourtant ie ne touche point à l'exposition des mots
autem respondeo, citra Iudaismum dies istos a nobis
qui s'ensuyvent apres, veu qu'ils sont assez patens.
observari: quia longo intervallo differimus in hac
Et
parte a Iudaeis. Non enim ut ceremoniam arctissima
evidemment enseigné, que toutes les formes visibles
religione
celebramus,
mysterium
de Dieu que l'homme controuvé, repugnent du tout à
spirituale
figurari:
remedium
la nature d'iceluy: par ainsi, si tost qu'on met en
retinendo
in
Ecclesia
docet,
non
retinet
Paulus
aliquam
dierum
observationem.
qua
sed
putemus
suscipimus
ordini
esse
ut
necessarium.
in
eius
Atqui
observatione
desia
avant
au
quelque
premier
idole,
livre
que
la
nous
avons
vraye
assez
religion
est
corrompue et abastardie.
iudicandos Christianos: quia sit umbra rei futurae .
Ideo timet ne inter Galatas frustra laborarit, quod
adhuc dies observarent . Et ad Romanos asserit
superstitiosum esse siquis iudicat inter diem et
diem. At quis praeter istos duntaxat furiosos, non
2.8.18.
videat de qua observatione intelligat Apostolus? Non
La menace qu'il adiouste doit valoir à corriger
enim in finem istum politicum et Ecclesiasticum
nostre stupidité: c'est quand il dit, Qu'il est l'Eternel
ordinem
rerum
nostre Dieu, Dieu ialoux, visitant l'iniquité des peres
tantundem
sur les enfans en la tierce et quatrieme generation à
obscurabant Christi gloriam et Evangelii lucem. A
ceux qui hayssent son nom: et faisant misericorde
manuariis operibus non ideo feriabantur quod essent
en mille generations à ceux qui l'aiment et gardent
a sacris studiis et meditationibus avocamenta: sed
ses commandemens. Ce qui est autant comme s'il
religione
olim
disoit, qu'il est luy seul auquel il nous faut arrester.
commendata recolere se somniabant. In hanc inquam
Et pour nous induire à cela, il nous monstre sa
praeposteram
puissance,
respiciebant:
spiritualium
sed
quum,
umbras
quadam,
tanquam
retinerent,
quod
feriando,
dierum
mysteria
discretionem
invehitur
laquelle
il
ne
peut
souffrir
estre
Apostolus: non in legitimum delectum, qui societatis
mesprisee ou amoindrie. Il est vray que le nom
Christianae paci serviat. Siquidem in Ecclesiis ab eo
d'EL, est icy mis, qui signifie Dieu : mais pource
institutis sabbathum in hunc usum retinebatur. Illum
qu'il est ainsi appellé à cause de sa force, pour
enim
ad
mieux exprimer le sens i'ay usé du mot de Fort, ou
sublevandos Hierosolymitanos fratres colligantur . Si
bien l'ay entrelacé en second lieu. Puis il se nomme
timetur superstitio: plus erat periculi in Iudaicis
Ialoux,
feriis,
habent
compagnon. Tiercement il denonce qu'il vengera sa
evertendam
maiesté et sa gloire, si quelcun la transfere aux
praescribit
quam
Christiani)
Corinthiis,
in
Dominicis
diebus.
Nam
superstitionem
quo
symbola
(quos
quod
expediebat,
nunc
ad
qu'il
ne
peut
endurer
creatures ou aux idoles: et que ce ne sera point une
religiosus dies: quod decoro, ordini, paci, in Ecclesia
simple vengeance qui passe de leger, mais qu'elle
retinendis
s'estendra sur les enfans, neveux etarriere- neveux,
erat,
alter
est
signifier
Iudaeis
necessarium
sublatus
pour
in
eum
usum
destinatus est.
lesquels ensuyvrent l'impieté de leurs predecesseurs:
comme
d'autrepart
il
promet
sa
misericorde
et
liberalité en mille generations à ceux qui l'aimeront
et garderont sa Loy. Ce n'est pas chose nouvelle au
Seigneur, de prendre la personne d'un mary envers
nous: car la conionction par laquelle il nous conioint
à soy en nous recevant au sein de l'Eglise, est
comme un mariage spirituel, lequel requiert mutuelle
loyauté. Pourtant comme en tout et par tout il fait
l'office d'un fidele mary, aussi de nostre part il
2.8.34.
demande que nous luy gardions amour et chasteté de
Quanquam
quem
mariage: c'est à dire, que noz ames ne soyent point
vocamus diem veteres in locum sabbathi subrogarunt.
abandonnées au diable et aux concupiscences de la
Nam
chair:
quum
non
sine
verae
delectu
illius
Dominicum
quietis,
quam
vetus
qui
est
une
espece
de
paillardise.
Pour
sabbathum adumbrabat, in resurrectione Domini finis
laquelle cause quand il reprend les Iuifs de leur
sit ac complementum, ipso die, qui umbris finem
infidelité,
attulit, admonentur Christiani ne umbratili ceremoniae
adulteres violé la loy du mariage (Ier. 3; Osée 2).
inhaereant. Neque sic tamen septenarium numerum
Parquoy comme un bon mary, d'autant qu'il est plus
moror, ut eius servituti Ecclesiam astringam; neque
fidele et loyal, est d'autant plus courroucé s'il voit
enim Ecclesias damnavero, quae alios conventibus
sa femme decliner à, quelque paillard: en telle sorte
suis solennes dies habeant, modo a superstitione
le
absint.
observationem
tesmoigne qu'il a une ialousie merveilleuse toutes
compositi referantur.
fois et quantes qu'en mesprisant la chasteté de son
Quod
erit
si
ad
solam
disciplinae et ordinis bene
il
se
Seigneur, lequel
Summa sit: ut sub figura Iudaeis tradebatur veritas,
mariage,
ita
concupiscences:
nobis
sine
perpetuum
tota
umbris
nous
nous
qu'ils
a
ont
espousez
nous
contaminons
et
principalement
de
par
en
leurs
verité,
mauvaises
primum,
ut
meditemur
a
transferons ailleurs sa gloire, laquelle sur toutes
nostris operibus, quo Dominus in nobis per suum
choses luy doit estre conservée en son entier: ou
Spiritum
Dei
bien que nous la polluons de quelque superstition.
vacat,
Car en ce faisant, non seulement nous rompons la
simul
foy que nous luy avons donnée en mariage, mais
vita
operetur:
recognitione
diligenter
sabbathismum
deinde
privatim
exerceat:
commendatur:
complaind
se
tum
ut
pia
quisque,
etiam,
operum
quoties
ut
omnes
legitimum Ecclesiae ordinem, ad verbum audiendum,
ad
sacramentorum
administrationem,
ad
quand
nous
aussi nous polluons nostre ame par paillardise.
publicas
orationes constitutum, observemus; tertio ne nobis
subditos in humaniter premamus . Ita evanescunt
nugae
pseudoprophetarum
qui
Iudaica
opinione
populum superioribus seculis imbuerunt, nihil aliud
2.8.19.
afferentes nisi abrogatum esse quod ceremoniale erat
Il faut voir que c'est qu'il entend en la menace,
in hoc mandato (id vocant sua lingua diei septimae
quand il dit qu'il visitera l'iniquité des peres sur les
taxationem),
est,
enfans en la tierce et quatrieme generation. Car
nempe unius diei observationem in hebdomade. Atqui
outre ce que cela ne conviendroit point à l'equité de
id nihil aliud est quam in Iudaeorum contumeliam
la iustice divine, de punir l'innocent pour la faute
remanere
autem
quod
morale
diem
mutare,
retinere:
diei
siquidem
sanctitatem
manet
animo
nobis
eandem
etiamnum
par
d'autruy:
le
Seigneur
mesme
denonce,
qu'il
ne
souffrira que le fils porte J'iniquité du pere (Ez. 18,
mysterii in diebus significatio quae apud Iudaeos
20).
locum habebat. Et sane videmus quid tali doctrina
repetée, que les pechez des peres seront punis en
profecerint; qui enim eorum constitutionibus haerent,
leurs enfans. Car Moyse parle souvent en ceste
crassa carnalique sabbathismi superstitione Iudaeos
sorte : Seigneur, Seigneur, qui retribues le loyer à
ter superant: ut nihilo minus hodie ipsis conveniant
l'iniquité des peres sur les enfans (Nomb. 14, 18).
obiurgationes quae apud Iesaiam leguntur , quam iis
Pareillement Ieremie, Seigneur, qui fais misericorde
quos
Caeterum
en mille generations, et reiettes l'iniquité des peres
generalis doctrina praecipue tenenda est: ne religio
au sein des enfans (Ier. 32, 18). Aucuns ne.se
inter
concidat vel languescat, diligenter
pouvans despescher de ceste difficulté, entendent
colendos esse sacros coetus, et externis subsidiis
cela des peines temporelles, lesquelles il n'est pas
quae
inconvenient que les enfans souffrent pour leurs
sua
aetate
nos
ad
vel
Propheta
fovendum
Dei
increpabat.
cultum
valeant
operam
dandam esse.
Et
neantmoins
ceste
sentence
est
souvent
peres, veu que souvent elles sont salutaires. Ce qui
est bien vray: car Isaie denonçoit au Roy Ezechias,
qu'à. cause du peché par luy commis, le royaume
seroit osté à ses enfans: et seroyent transportez en
pais estrange (Is. 39, 7). Pareillement, les familles
de Pharaon et Abimelech ont esté affligées à cause
de l'iniure qu'avoyent fait les maistres à Abraham:
et plusieurs autres exemples semblables (Gen. 12,
17; 20, 3). Mais si par cela on veut soudre ceste
question, c'est un subterfuge plustost qu'une vraye
exposition de ce lieu. Car le Seigneur denonce icy
une
vengeance
si
grieve,
qu'elle
ne
se
peut
restreindre à la vie presente. Il faut donc ainsi
2.8.35.
prendre ceste sentence, que la malediction de Dieu
PRAECEPTUM QUINTUM. Honora patrem tuum
non seulement tombe sur la teste de l'inique, mais
et matrem ut sis longaevus super terram quam
est espandue sur tout son. lignage. Quand cela est,
Iehova
est,
que peut-on attendre, sinon que le pere estant
Quoniam Domino Deo suae dispositionis conservatio
delaissé de l'Esprit de Dieu, vive meschamment? Le
cordi
gradus
fils estant aussi abandonné de Dieu pour le peché de
oportere nobis esse inviolabiles. Summa igitur erit ut
son pere, suyve un mesme trsiin de perdition? Le
quos
suspiciamus,
neveu et les autres successeurs, estans execrable
gratitudine
lignée de meschans gens, aillent apres en mesme
eosque
Deus
est,
tuus
daturus
ordinatos
nobis
ab
praefecit
et
honore
prosequamur.
Unde
est
ipso
tibi.
eminentiae
Dominus,
et
eos
obedientia
sequitur
Finis
et
interdictum,
nequid
eorum dignitati, vel contemptu, vel contumacia, vel
ingratitudine
vocabulum
derogemus.
honoris
in
Sic
enim
Scriptura;
ut
late
patet
quum
dicit
Apostolus, Presbyteros qui bene praesunt, duplici
honore dignos esse , non modo reverentiam iis
ruine?
deberi
intelligit,
sed
quam
ministerium
eorum
remunerationem meretur. Quoniam autem hoc de
subiectione praeceptum, cum humani ingenii pravitate
valde pugnat (quod, ut est celsitudinis appetentia
turgidum, aegre se subiici sustinet) quae natura
maxime
amabilis
si
telles
vengeances
superioritas, in exemplar proposita est: quia facilius
nature des hommes est damnable, il est certain que
animos nostros emollire et inflectere ad submissionis
la ruine est appareillée à, tous ceux ausquels le
consuetudinem poterat. Ad omnem ergo legitimam
Seigneur
subiectionem ab ea quae facillima est toleratu, nos
neantmoins ils perissent par leur propre iniquité, et
paulatim assuefacit Dominus: quando est omnium
non point par quelque haine inique de Dieu: et ne se
eadem ratio. Siquidem quibus attribuit eminentiam,
peuvent plaindre de ce que Dieu ne les aide point de
quatenus ad eam tuendam necesse est, suum cum
sa grace en salut comme les autres. Quand donc
illis
ita
ceste punition advient aux meschans pour leurs
conveniunt Patris, Dei ac Domini tituli, ut quoties
pechez, que leurs maisons par longues années sont
unum aliquem ex iis audimus, maiestatis illius sensu
privées de la grace de Dieu: qui pourra vituperer
animum nostrum feriri oporteat. Quos ergo istorum
Dieu pour cela? Mais le Seigneur, dira quelcun,
facit participes, eos quadam fulgoris sui scintilla
prononce au. contraire, que l'enfant ne souffrira point
illustrat, ut sint pro suo quisque loco spectabiles. Ita
la peine pour le peché de son pere (Ezech. 18, 20).
qui nobis est pater, in eo divinum aliquid reputare
Il nous faut noter ce qui est là. traité. Les Israelites
par est: quia divinum titulum non sine causa gerit.
ayans esté longuement affligez de diverses calamitez,
Qui
avoyent
communicat.
est,
qui
minime
voyons
repugnent à la iustice de Dieu. Or puis que toute la
princeps
ac
Premierement
invidiosa
nomen
est
2.8.20.
In
unum
dominus,
habet
ipsum
nonnullam
honoris cum Deo communionem.
ne
un
communique
proverbe
point
commun,
sa
que
grace:
leurs
et
peres
avoyent mangé du ver-ius, et que les dens des
enfans en estoyent agacées. En quoy ils signifioyent
que leurs parens avoyent commis les fautes pour
lesquelles ils enduroyent tant de maux sans les
2.8.36.
avoir meritez: et ce par une ire de Dieu trop
Quapropter ambiguum esse non debet quin hic
rigoureuse, plustost que par une iuste severité. Le
universalem regulam Dominus statuat: nempe prout
Prophete leur denonce qu'il n'est pas ainsi, mais
quenque
novimus
eius
ordinatione
qu'ils endurent pour leurs propres fautes: et qu'il ne
reverentia,
obedientia,
convient pas à la iustice de Dieu, que l'enfant iuste
gratitudine, et quibus possumus officiis prosequamur.
et innocent soit puny pour les fautes de son pere,
Nec interest dignine an indigni sint quibus honor iste
ce qui n'est pas aussi dit en ce passage. Car si la
deferatur; nam qualescunque sint tandem, non tamen
visitation dont il est icy parlé, est lors accomplie
sine Dei providentia hunc locum assecuti sunt, cuius
quand le Seigneur retire de la maison des iniques sa
ratione
voluit.
grace, la lumiere de sa verité et tous autres aides
Nominatim tamen de parentum reverentia praecepit,
de salut: en ce que les enfans estans abandonnez de
qui nos in hanc vitam sustulerunt: ad quam natura
Dieu en aveuglement, suyvent le train de leurs
ipsa quodammodo instituere nos debet. Monstra enim
predecesseurs, en cela ils soustiennent la malediction
sunt,
potestatem
de Dieu pour les forfaits de leurs peres: ce qu'apres
contumelia vel pervicacia infringunt. Ideo cunctos
il les punit tant par calamitez temporelles, que par
praefectum,
ipse
non
ut
esse
nobis
ipsum
Legislator
homines,
qui
eos
honorari
patriam
parentibus immorigeros trucidari iubet Dominus, ut
la mort eternelle, cela n'est point pour les pechez
beneficio
d'autruy, mais pour les leurs.
lucis
indignos,
qui
non
recognoscunt
quorum opera in eam pervenerint. Atque ex variis
quidem Legis appendicibus apparet verum esse quod
annotavimus, tres esse honoris de quo hic loquitur
partes,
reverentiam,
obedientiam,
gratitudinem.
Primam Dominus sancit dum interfici praecipit qui
maledixerit
patri
aut
matri
;
quandoquidem
illic
contemptum ac contumeliam vindicat. Secundam, dum
adversus immorigeros et rebelles poenam mortis
edicit. Ad tertiam pertinet quod dicit Christus matth.
15,
ex
praecepto
parentibus.
Et
Dei
quoties
esse
ut
mandati
benefaciamus
mentionem
facit
Paulus, obedientiam in eo requiri interpretatur.
2.8.21.
D'autre costé est donnée une promesse, que Dieu
estendra sa misericorde en mille generations sur
ceux qui Taimeront: laquelle est souventesfois mise
en l'Escriture: et est inserée en l'alliance solennelle
que Dieu fait avec son Eglise, Ie seray ton Dieu, et
le Dieu de ta lignée apres toy (Gen. 17, 7). Ce qu'a
regardé Salomon, disant qu'apres la mort des iustes
leurs enfans seront bien-heureux (Prov. 20, 7): non
seulement
2.8.37.
à
cause
de
la
bonne
nourriture,
et
instruction, laquelle de sa part aide beaucoup à la
Subnectitur promissio, commendationis vice, quae
felicité
d'un
homme,
mais
aussi
pour
ceste
magis admoneat quam grata Deo sit quae hic nobis
benediction que Dieu a promise à ses serviteurs, que
imperatur submissio. Istum enim aculeum excitando
sa grace residera eternellement en leurs familles. Ce
torpori nostro admovet Paulus, quum dicit mandatum
qui apporte une singuliere consolation aux fideles, et
hoc esse primum cum promissione. Siquidem quae in
doit bien estonner les iniques. Car si la memoire
prima tabula praecessit, non specialis et propria
tant de iustice comme d'iniquité a telle vigueur
unius
envers Dieu apres la mort de l'homme, que la
mandati
extendebatur.
fuit,
sed
ad
Legem
Porro
sic
accipienda
universam
est,
benediction de la premiere, et la malediction de la
Peculiariter Israelitis loquebatur Dominus de terra
seconde s'estende iusques à la posterité: par plus
quam
ergo
forte raison celuy qui aura bien vescu, sera benit de
divinae benignitatis arrhabo erat terrae possessio,
Dieu sans fin, et celuy qui aura mal vescu, maudit.
non
suam
Or à cela ne contrevient point, que de la race des
quam
meschans aucunesfois il en sort de bons: et au
fiebat ut diuturnus caperetur sui beneficii fructus.
contraire, de la race des fideles, qu'il en sort de
Sensus ergo est, Honora patrem et matrem, quo per
meschans: car le Legislateur celeste n'a pas voulu
longum vitae spatium frui tibi diu liceat ea terrae
icy establir une reigle perpetuelle, laquelle deroguast
possessione quae tibi futura est in gratiae meae
à son election. Et de fait il suffit, tant pour consoler
testimonium.
le iuste que pour espovantër le pecheur, que ceste
illis
promiserat
miremur
gratiam,
benedicta
si
vitae
in
haereditatem.
Dominus
longitudinem
Caeterum,
est,
haec
quia
voluerit
largiendo:
tota
per
terra
denonciation n'est pas vaine ne frivole, combien
nos
qu'elle n'ait pas tousiours lieu. Car comme les
similiter spectat isthaec promissio, quatenus scilicet
peines temporelles que Dieu envoye à d'aucuns, sont
merito
vitam
fidelibus
Dei
benedictiones
praesentem
testari
Si
reponimus.
inter
Quare
ad
divinae
benevolentiae
est
tesmoignages de son ire contre les pechez, et signes
praesentis vitae duratio. Non enim ea aut nobis
du iugement futur qui viendra sur tous pecheurs,
promittitur,
quasi
combien qu'il en demeure beaucoup impunis en la vie
beatitudinem in se contineret: sed quia symbolum
presente: ainsi le Seigneur en donnant un exemple
piis
si
de ceste benediction, c'est de poursuyvre sa grace
obsequentem
et bonté sur les enfans des fideles à cause de leurs
aut
esse
documentum
promissa
solet
divinae
contingat
ante
parentibus
filium
e
cernitur)
nihilo
minus
fuit
Iudaeis,
indulgentiae.
maturam
aetatem
peres, il donne tesmoignage, comment sa misericorde
promissionis
demeure ferme eternellement sur ses serviteurs. Au
complemento constanter Dominus perseverat, quam si
contraire, quand il poursuit une fois l'iniquité du
eum centum terrae iugeribus muneretur cui unum
pere iusques au fils, il monstre quelle rigueur de
modo pollicitus erat. Totum in hoc situm est ut
iugement
expendamus longam vitam eatenus promitti quatenus
propres pecbez: ce qu'il a principalement regardé en
Dei benedictio est: benedictionem vero esse quatenus
ceste sentence. Davantage, il nous a voulu comme
divinae
per
en passant signifier la grandeur de sa misericorde,
suis
l'estendant en mille generations: comme ainsi soit
mortem
est
infinito
abripi
Quare
raro
gratiae
vita
nobis
in
(quod
suae
documentum:
uberius
et
non
quam
solidius
ipse
servis
testificatur et re ipsa demonstrat.
est
apprestee
aux
iniques
pour
leurs
qu'il n'eust assigné que quatre generations à sa
vengeance.
LE TROISIEME COMMANDEMENT.
Tu ne prendras point le nom de l'Eternel ton
2.8.38.
Dieu en vain.
Adhaec,
Dominus
dum
praesentis
pollicetur
observatione
filiis
qui
coluerint:
vitae
benedictionem
parentes
simul
qua
innuit,
decet
omnibus
immorigeris ac inobsequentibus certissimam imminere
maledictionem, cui ne desit executio, eos per Legem
suam
mortis
iudicio
obnoxios
pronuntiat,
ac
2.8.22.
La fin du precepte est que le Seigneur veut la
maiesté de son nom nous estre saincte et sacrée. La
supplicium de ipsis sumi mandat.
somme donc sera, qu'icelle ne soit point profanée de
Si iudicium effugiunt, ipse ultionem expetit quovis
nous par mespris ou irreverence: a laquelle defense
modo.
hoc
respond le precepte affirmatif; d'autre part qu'elle
hominum genere vel in praeliis vel in rixis cadat: alii
nous soit en recommandation, et honneur singulier.
insolitis
prope
Et pourtant il faut que tant de coeur comme de
argumento
bouche nous soyons instruits à ne penser et ne
sunt. Quod siqui evadunt ad ultimam senectutem:
parler rien de Dieu ou de ses mysteres, sinon
quia in hac vita, Dei benedictione privati, nihil aliud
reveremment
quam misere languent, et maioribus in posterum
estimant ses oeuvres, nous ne concevions rien qui
poenis reservantur, multum abest quin benedictionis
ne soit à son honneur. Il faut diligemment observer
piis filiis promissae fiant participes. Sed istud etiam
ces trois poincts: c'est que tout ce que nostre esprit
obiter
in
conçoit de Dieu, ou qu'en parle nostre langue, soit
Domino iubemur : neque id obscurum est ex iacto
convenable à son excellence et à la saincteté de son
prius fundamento; praesident enim eo loco in quem
nom, et tende à exalter sa grandeur. Secondement,
Videmus
enim
modis
comminationem
hanc
annotandum,
quantus
affliguntur;
non
esse
quod illis
numerus
ex
omnes
vanam
obedire
nonnisi
et
avec
grande
sobrieté:
et
qu'en
evexit eos Dominus, communicata cum ipsis honoris
que nous n'abusions point de sa saincte parolle
sui portione. Quae ergo submissio illis exhibetur, ad
temerairement et que nous ne renversions point ses
suspiciendum summum illum Patrem gradus esse
mysteres
debet.
ambition, ou à noz folies: mais comme la dignité de
Quare
si
in
Legis
transgressionem
nos
pour
servir
à
nostre
avarice,
ou
à
instigant, merito tum non parentes nobis habendi
son
sunt, sed extranei, qui nos a veri Patris obedientia
mysteres, que nous les ayons tousiours en honneur
subducere conantur. Sic de principibus, dominis, et
et en estime. Finalement, que nous ne mesdisions ne
universo
superiorum
detractions de ses oeuvres, comme aucuns meschans
enim
absonum
et
genere
est
habendum.
ut
ad
Indignum
deprimendam
nom
est
imprimée
en
sa
parolle
et
ses
Dei
ont coustume d'en parler par contumelie: mais à tout
celsitudinem eorum eminentia polleat, quae ut ab illa
ce que nous recognoissons fait de luy, que nous
pendet, ita in illam deducere nos debet.
donnions la louange de sagesse, iustice et vertu.
Voyla que c'est Sanctifier le nom de Dieu. Quand il
en est autrement fait, il est meschamment pollué,
pource qu'on le tire hors de son usage legitime,
auquel il estoit consacré: et quand il n'y auroit autre
mal, il est amoindry de sa dignité, et est rendu
contemptible. Or si c'est si mal fait d'usurper trop
legerement le nom de Dieu par temerité, ce sera
beaucoup plus grand peché, de le tirer en usage du
2.8.39.
tout
PRAECEPTUM
praecepti
sorcellerie,
necromancie,
faire
coniurations
servir
à
illicites,
et
en special du iurement, duquel l'abus du nom de
unicuique debere esse commendatam. In summa ergo,
Dieu est sur toutes choses detestable, ce qui est
violentia omnis et iniuria, ac omnino quaevis noxa,
fait pour nous engendrer un plus grand horreur de
qua proximi corpus laedatur, nobis interdicitur. Ac
toutes autres especes d'en abuser. Or qu'icy Dieu ait
proinde iubemur, siquid in opera nostra ad tuendam
regardé à l'honneur et service que nous luy devons,
proximorum vitam subsidii est, fideliter impendere,
et à la reverence que son nom merite, plustost que
quae ad eorum tranquillitatem faciunt, procurare:
de nous exhorter à. iurer loyalement les uns aux
depellendis noxis excubare: siquo in discrimine sunt,
autres pour ne frauder personne: il appert par ce
praebere manum auxiliarem. Si Deum Legislatorem
que tantost apres à la seconde Table, il condamnera
sic loqui recordaris, simul cogita velle per hanc
les pariures et faux tesmoignages, par lesquels les
regulam animae tuae moderari. Ridiculum enim foret
hommes font tort l'un à l'autre. Et ainsi ce seroit
ut
iisque
une repetition superflue, s'il estoit icy traitté du
praecipue immoratur, ad veram iustitiam nihil quam
devoir de charité. La distinction pareillement requiert
corpus erudiret. Ergo et homicidium cordis hac Lege
cela : car selon qu'il a esté dit, ce n'est pas en vain
prohibetur,
affectus
que Dieu a distribué sa Loy en deux Tables, dont il
conservandae fratris vitae. Manus quidem homicidium
s'ensuit qu'en ce passage il maintient son droit, et
parit, sed animus concipit, dum ira et odio inficitur.
veut que la saincteté de son nom luy soit gardée,
Vide an irasci adversus fratrem possis quin noxae
comme elle en est digne, et ne monstre pas encores
libidine ardeas. Si non irasci, ergo nec odisse:
ce que les hommes doyvent les uns aux autres en
qui
cordis
et
devinxit,
genus
Finis
le
omnium
Dominus
hominum
occides.
de
telles manieres de faire. Toutesfois il est icy parlé
is
Quoniam
Non
comme
unitate
quadam
est:
SEXTUM.
meschant,
incolumitatem
cogitationes
praecipitur
speculatur,
interior
quando odium nihil aliud est quam ira inveterata.
matiere de serment.
Dissimules licet, et vanis ambagibus extricare te
coneris: bi vel ira vel odium est, illic est maleficus
affectus. Si tergiversari pergis, iam ore Spiritus
pronuntiatum est, homicidam esse qui fratrem in
corde suo oderit : ore Domini Christi pronuntiatum
est reum esse iudicio qui fratri suo irascitur: reum
esse concilio qui dixerit racha: reum esse gehennae
ignis qui dixerit fatue.
2.8.23.
Premierement il faut entendre que c'est que
Iurement. Iurement est une attestation de Dieu, pour
confermer
la
verité
de
nostre
parolle.
Car
les
blasphemes manifestes, qui se font comme pour
despiter Dieu, ne sont pas dignes qu'on les appelle
Iuremens. Or il est monstré en plusieurs passages
de l'Escriture, que telle attestation, quand elle est
deuement faite, est une espece de glorifier Dieu.
Comme
quand
Isaie
dit
que
les
Assyriens
et
Egyptiens seront receuz en l'Eglise de Dieu, Ils
2.8.40.
parleront, dit-il, la langue de Canaan, et iureront au
Duplicem autem aequitatem Scriptura notat, qua
nom du Seigneur (Is. 19, 18): c'est à dire, qu'en
nititur hoc praeceptum: quia et imago Dei est homo,
iurant par le nom du Seigneur ils declaireront qu'ils
et caro nostra. Quare, nisi imaginem Dei violare
le tiennent pour leur Dieu. Item, quand il parle
libeat,
sacrosanctum
habere
comment
exuere
humanitatem,
ut
debemus.
Quae
a
illum:
carnem
propriam
fovere
royaume
dit-il,
de
Dieu
demandera
sera
multiplié,
prosperité,
il
la
ducenda est exhortatio, alibi tractabitur. Duo illa
le vray Dieu (Is. 65, 16). Item Ieremie, Si les
naturaliter in homine considerari Dominus voluit,
Docteurs enseignent mon peuple de iurer en mon
quae nos ad conservationem eius inducerent: ut et
nom, comme ils l'ont enseigné de iurer par Baal, ie
suam imaginem in ipso impressam revereamur, et
les feray prosperer en ma maison (Ier. 12, 16). Et
carnem
est à bon droit qu'en invoquant le nom de Dieu en
homicidii
a
evasit
conatu
religion envers luy. Car en telle sorte nous le
machinaris, si voto et consilio concipis quod alterius
confessons estre la verité eternelle et immuable, veu
saluti sit adversum, homicidii reus teneris. Nisi
que nous l'appellons non seulement comme tesmoing
rursum illam pro facultate et opportunitate tueri
idoine de verité, mais comme celuy auquel seul
studes, ea quoque immanitate Legem praevaricaris.
appartient de la maintenir, et faire venir en lumiere
Quod si tantopere de corporis incolumitate laboratur:
les choses cachées: davantage, comme celuy qui
hinc colligamus, quantum studii et operae saluti
cognoit seul les coeurs. Car quand les tesmoignages
animae debeatur quae in immensum coram Domino
humains ngus defaillent, nous prenons Dieu pour
praecellit.
tesmoing: et mesme quand il est question d'affermer
opere
sanguinis
ergo
tesmoignage, il" est dit que nous testifìons nostre
Siquid
qui
Non
sibi
temperarit.
crimen
Christi
Quieonque,
le
demandera en Dieu: et quiconque iurera, iurera par
amplexemur.
et
omnem
gratia
nostram
redemptione
nisi
effusione
perpetras,
si
ce qui est caché dedans la conscience. Pourtant le
Seigneur se courrouce amerement contre ceux qui
iurent par les dieux estranges: et prend une telle
maniere
de
iurement
comme
un
signe
de
renoncement de son nom: comme quand il dit, Tes
enfans m'ont abandonné, et iurent par ceux qui ne
sont point dieux (Ier. 5, 7). Davantage, il denote par
2.8.41.
la grandeur de la peine, combien ce peché est
Praeceptum
eius,
Quia
facessere
septimum.
pudicitiam
a
nobis
Non
et
omnem
moechaberis.
puritatem
Deus
immunditiem
Finis
execrable: quand il dit qu'il destruira tous ceux qui
amat,
iurent au nom de Dieu, et au nom de leur Idole
oportere.
(Soph. 1, 5).
Summa igitur erit, ut nequa spurcitia, aut libidinosa
intemperie
carnis
inquinemur.
Cui
respondet
affirmativum praeceptum, ut caste et continenter
omnes vitae nostrae partes moderemur. Scortationem
autem nominatim vetat, ad quam tendit omnis libido:
ut illius foeditate (quae crassior est et palpabilior,
quatenus scilicet corpori etiam maculam inurit) in
libidinis
cuiusvis
l'honneur de son nom estre exalté en noz sermens,
Quoniam hac lege conditus est homo ut solitariam
nous avons d'autant plus à nous garder, qu'au lieu de
vitam non agat, sed adiuncto sibi subsidio utatur:
l'honnorer il n'y soit mesprisé ou amoindry. C'est
deinde ex peccati maledictione in hanc necessitatem
une contumelie trop grande, quand on se pariure par
magis addictus est: quantum satis erat, Dominus
son nom: et pourtant cela est appellé en la Loy,
opitulatus est nobis in hac parte dum coniugium
Profanation (Levit. 19, 12). Car que restera-il à
instituit, cuius societatem sua authoritate initam, sua
Dieu, s'il est despouillé de sa verité? il ne sera plus
quoque benedictione sanctificavit. Unde constat et
Dieu. Or on l'en despouille, en le faisant tesmoing et
aliam quamlibet, extra coniugium, societatem, coram
approbateur de fausseté. Pourtant Iehosua voulant
ipso maledictam esse: et illam ipsam coniugalem in
contreindre Acham de confesser verité, luy dit, Mon
necessitatis
enfant, donne gloire au Dieu d'Israel (Ios. 7, 19).
libidinem
blandiamur,
muliere,
remedium
dum
sine
esse
Dei
ordinatam,
proruamus.
audimus
nos
Or puis que nous entendons que le Seigneur veut
adducat.
effraenem
abominationem
2.8.24.
non
maledictione,
Ne
posse
ne
ergo
nobis
virum
extra
in
Enquoy
il
denote
que
Dieu
est
grievement
cum
deshonnoré, si on se pariure en son nom; ce qui
coniugium
n'est point de merveille, car en ce faisant il ne tient
copulari.
point à nous qu'il ne soit diffamé de mensonge. Et
de fait, par une semblable adiuration que font les
Pharisiens en l'Evangile sainct Iean, il appert qu'on
usoit de ceste forme de parler communement entre
2.8.42.
les Iuifs, quand on vouloit ouyr quelcun par serment
Iam quum per naturae conditionem et accensa
(Iean 9, 24). Aussi les formules de l'Escriture nous
post lapsum libidine, mulieris consortio bis obnoxii
enseignent quelle crainte nous devons avoir de mal
simus, nisi quos singulari gratia Deus inde exemit:
iurer: comme quand il est dit, Le Seigneur est
videant singuli quid sibi datum sit. Virginitas, fateor,
vivant, Le Seigneur m'envoye tel mal et tel. Item,
virtus est non contemnenda: sed quoniam aliis negata
Que Dieu en soit tesmoing sur mon ame (1 Sam.
est,
14, 39; 2 Sam. 3, 9; 2 Rois 6, 31; 2 Cor. 1, 23).
aliis
nonnisi
ad
tempus
concessa,
qui
ab
incontinentia vexantur, et superiores in certamine
Lesquelles denotent que nous ne pouvons appeller
esse nequeunt, ad matrimonii subsidium se conferant,
Dieu pour tesmoing de noz parolles, qu'il ne venge
ut ita in suae vocationis gradu castitatem colant.
le pariure si nous iurons faussement.
Nam qui non capiunt hoc verbum, si non proposito
concessoque remedio intemperantiae suae succurrant,
cum
Deo
pugnant,
ac
resistunt
eius
ordinationi.
Neque mihi quispiam obstrepat (quod multi hodie
2.8.25.
faciunt) Dei se auxilio adiutum, omnia posse. Dei
Quand nous prenons le nom de Dieu en serment
enim auxilium non nisi iis adest qui in viis suis
veritable, mais superflu: combien qu'il ne soit pas
ambulant: hoc est, in sua vocatione , a qua se
profané du tout, toutesfois il est rendu contemptible
omnes
et abaissé de son honneur. C'est donc la seconde
subducunt,
necessitates
qui
subsidiis,
espece de serment, par laquelle il est prins en vain.
temeritate contendunt. Continentiam singulare esse
Pourtant il ne suffit pas de nous abstenir de pariure,
Dei
mais il faut aussi qu'il nous souvienne que le
atque
superare
Dei
inani
donum,
suas
praeteritis
ex
eluctarique
eorum
genere
quae
non
promiscue, nec in universum corpori Ecclesiae, sed
serment
paucis
affirmat.
desordonné des hommes, mais pour la necessité, et
Primum enim certum hominum genus facit, quod se
qu'autrement il n'est permis. Dont s'ensuit que ceux
castraverit propter regnum caelorum , hoc est, ut
qui
solutius ac liberius vacare regni caelestis negotiis
outrepassent le bon usage et licite. Or on ne peut
liceat. At ne talem castrationem esse in hominis
pretendre autre 'necessité, sinon qu'en servant à la
sitam potestate quis putet, paulo ante ostenderat non
religion, ou à charité. En quoy on peche auiourdhuy
omnes esse capaces, sed quibus peculiariter e caelo
trop desordonnément: et ce d'autant plus que par
datum sit; unde concludit, Qui potest capere capiat.
trop grande accoustumance cela est estimé pour
Asserit
scribit
neant, combien qu'il ne soit point de petit poids au
unumquemque habere proprium donum a Deo: unum
iugement de Dieu. Car indifferemment on abuse du
sic, alterum autem sic.
nom de Dieu en propos de folie et vanité: et
membris
etiamnum
conferantur,
apertius
Dominus
Paulus,
dum
le
n'a
pas
tirent
à
esté
institué
chose
de
pour
nulle
le
plaisir
importance,
pense-on que ce n'est point mal fait, pource que les
hommes
par
leur
licence
sont
venuz
quasi
en
possession de ce faire. Neantmoins le mandement de
Dieu
demeure
tousiours:
la
menace
qui
y
est
adioustee demeure inviolable, et aura une fois son
effect: par laquelle une vengeance particuliere est
denoncée sur tous ceux qui auront prins le nom de
Dieu en vain. Il y a une mauvaise faute d'autre
2.8.43.
costé, que les hommes en leur iurement prennent le
Quando aperta denuntiatione admonemur, non esse
nom des saincts pour le nom de Dieu, iurans par
cuiuslibet servare castitatem in caelibatu, etiamsi
sainct laques, ou sainct Antoine; ce qui est une
studio et conatu ad id maxime aspiret: peculiarem
impieté evidente, veu que la gloire de Dieu leur est
esse gratiam quam Dominus nonnisi certis hominibus
ainsi transferée. Car ce n'est point sans cause que
confert, quo ipsos habeat ad opus suum expeditiores:
Dieu nommément a commandé qu'on iurast par son
nonne Deo et naturae ab eo institutae repugnamus,
nom, et par mandement special nous a defendu de
si non vitae nostrae genus ad facultatis nostrae
iurer par dieux estranges (Deut. 6, 13; 10, 20; Ex.
modum accommodamus? Hic scortationem Dominus
23, 13). Et c'est ce que l'Apostre dit en escrivant
prohibet:
que les hommes en leurs sermens appellent Dieu
puritatem
ergo
et
pudicitiam
a
nobis
requirit. Eius servandae una est ratio, ut suo quisque
comme
modulo
soy-mesme, à cause qu'il n'a nul plus grand que luy
se
metiatur.
contemnat,
veluti
Nemo
rem
temere
sibi
aut
matrimonium
inutilem
aut
leur superieur:
mais que
Dieu iure
par
(Hebr. 6, 13. 16).
supervacuam: nemo caelibatum aliter expetat quam si
uxore
carere
possit.
Neque
in
eo
etiam
carnis
tranquillitati vel commoditati consulat, sed tantum ut
vinculo
hoc
solutus
ad
omnia
pietatis
2.8.26.
officia
Les
Anabaptistes
non
contens
de
ceste
promptior sit ac paratior. Et quoniam multis hoc
moderation,
beneficium
iuremens, d'autant que la defense de Christ est
quisque
nonnisi
a
ad
tempus
caelibatum
idoneus.
tout: mais que T ostre paroîle soit, ouy ouy, non
libidinem vires deficiant, intelligat iam sibi coniugii
non: ce qui est outre est du mauvais (Matth. 5,
necessitatem a Domino impositam. Hoc demonstrat
34-37; Iaq. 5, 12). Mais en ce faisant, ils font
Apostolus
fugiendam
iniure à Christ, le faisant adversaire de son Pere,
scortationem unusquisque uxorem suam habeat, et
comme s'il estoit venu en terre pour aneantir ses
unaquaeque mulier virum. Item, Ut qui non potest se
commandemens. Car le Dieu eternel, en sa Loy non
continere,
.
seulement permet le iurement comme chose licite
partem
(ce qui devroit bien suffire) mais commande d'en
incontinentiae vitio esse obnoxiam: deinde ex iis qui
user en necessité (Ex. 22, 11). Or Christ tesmoigne
obnoxii sunt neminem excipit quem non iubeat ad
qu'il est un avec son Pere: qu'il n'apporte rien que
unicum illud remedium confugere quo impudicitiae
son Pere n'ait commandé: que sa doctrine n'est point
obviam itur. Ergo qui sunt incontinentes, si hac
de luy mesme (Iean 7, 16; 10, 30. 18), etc.
ratione mederi negligunt suae infirmitati, eo ipso
Qu'est-ce
peccant
repugnant à soy, pour defendre et condamner ce
praecipit
matrimonium
significat
quod
in
Si
ut
ad
Domino
maiorem
huic
ad
erit
tous
domandam
quum
quandiu
exception
generale, où il dit, Ie vous defen de ne iurer du
Primum
abstineat
tandiu
sans
ad
servandum
coniugio
confertur,
condamnent
contrahat
hominum
Apostoli
mandato
non
donc
qu'ils
diront?
Feront-ils
Dieu
obtemperant. Neque sibi blandiatur qui mulierem non
qu'il
attingit, acsi impudicitiae argui non posset: quum
Pourtant leur sentence ne peut estre receue. Mais
interim animus libidine intus ardeat; pudicitiam enim
pource qu'il y a quelque difficulté aux parolles de
definit Paulus, coniunctam cum castitate corporis,
Christ, il nous les faut regarder de plus pres,
animi puritatem. Caelebs mulier, inquit, cogitat quae
desquelles certes nous n'aurons point l'intelligence,
Domini sunt: quomodo sancta sit corpore et spiritu .
sinon que nous considerions son but, et adressions
Itaque
nostre
dum
superius
illud
praeceptum
ratione
a
une
fois
approuvé
en
le
commandant?
pensée à ce qu'il pretend en ce passage-là.
confirmat: non tantum dicit melius esse uxorem
Or
ducere quam scorti societate se polluere, sed dicit
restreindre la Loy, mais seulement la reduire en son
melius esse nubere quam uri.
sens naturel, lequel avoit esté grandement corrompu
estil
ainsi
qu'il
ne
veut
point
amplifier
ne
par les fausses gloses des Scribes et Pharisiens. Si
nous tenons cela, nous ne penserons point que
Christ
ait
voulu
universellement,
condamner
mais
tous
seulement
sermens
ceux
qui
transgressent la reigle de la Loy. Il appert de ses
2.8.44.
parolles, que le peuple ne se gardoit pour lors sinon
Porro, si coniuges recognoscunt suam societatem
de se pariurer: comme ainsi soit que la Loy ne
esse a Domino benedictam, eo admonentur non esse
defende
intemperata et dissoluta libidine conspurcandam. Non
iuremens superflus. Parquoy le Seigneur Iesus, vray
enim si incontinentiae turpitudinem velat matrimonii
expositeur de la Loy, admoneste que non seulement
honestas, ideo eius irritamentum protinus esse debet.
c'est mal fait de se pariurer, mais aussi de iurer
Quare non omnia sibi licere coniuges existiment: sed
(Matth. 5, 34). Comment iurer? assavoir en vain;
suam quisque uxorem sobrie habeat, et vicissim uxor
mais les sermens que la Loy approuve, il les laisse
virum: sic agentes nequid omnino indignum honestate
libres et en leur entier. Mais ils s'arrestent à ceste
ac temperantia matrimonii admittant. Sic enim ad
diction, Dutout: laquelle toutesfois ne se rapporte
modum et modestiam revocari decet coniugium in
point au verbe qui est là mis, assavoir Iurer: mais
Domino
quanque
aux formes de iuremens qui s'ensuyvent apres. Car
Ambrosius
c'estoit-là une partie de Terreur, qu'en iurant par le
gravi quidem, sed non indigna sententia notavit,
ciel et par la terre, ils ne pensoyent pas attoucher
quum uxoris adulterum vocavit qui in usu coniugali
le nom de Dieu. Le Seigneur donc ayant corrigé la
nullam verecundiae vel honestatis curam habet .
principale
Postremo reputemus quis hic legislator scortationem
subterfuges:
damnet; nempe is, qui quum nos totos possidere
eschappez, si en supprimant le nom de Dieu ils
debeat,
corporis
iurent par le ciel et par la terre. Car il est besoin
integritatem requirit. Ergo dum scortari prohibet,
de noter encores icy en passant, combien que le
simul vetat et lascivo corporis ornatu, et obscoenis
nom de Dieu ne soit point exprimé, toutesfois qu'on
gesticulationibus,
alienae
iure bien par iceluy en formes obliques: comme si
pudicitiae insidiari. Non enim ratione caret Archelai
on iure par le soleil qui nous esclaire, par le pain
sententia ad adulescentem molliter et delicate ultra
qu'on menge, par le baptesme, ou autres benefices
modum vestitum, non referre qua parte cinaedus
de Dieu qui nous sont comme gages de sa bonté. Et
esset:
omnem
de fait Christ en ce passage ne defend pas de iurer
contaminationem abominatur, quacunque in parte vel
par le ciel et la terre et Ierusalem, pour corriger la
animae vel corporis nostri appareat. Ac ne dubium
superstition,
sit, memineris hic pudicitiam a Deo commendari. Si
plustost rabat l'excuse et vaine sophisterie de ceux
pudicitiam requirit a nobis Dominus, quicquid illi
qui estimoyent pour neant d'avoir tousiours en la
adversum est damnat. Proinde si ad obedientiam
bouche des sermens desguisez et tortus: comme s'ils
adspiras, nec animus prava cupidine intus ardeat, nec
espargnoyent le nom de Dieu, lequel neantmoins est
oculi in corruptos affectus lasciviant, nec corpus ad
imprimé en tous les biens dont il nous fait iouir. Il
lenocinium excolatur, nec lingua spurcis sermonibus
y a une autre raison quand quelque homme mortel
mentem ad similes cogitationes illiciat, nec gula sua
ou desia trespassé ou mesme un Ange est substitué
intemperie inflammet. Sunt enim omnia eiusmodi
au lieu de Dieu; comme les Payens par leurs
vitia veluti maculae quaedam quibus castitatis puritas
flatteries se sont accoustumez à iurer par la vie ou
conspurcatur.
bonne fortune de leur Roy: car alors en deifiant les
lasciviam
contractum,
non
exundare.
Hanc
iure
suo,
siquidem
in
petulantiam
animae,
et
impuris
Deum
extremam
spiritus,
et
sermonibus
respicimus,
qui
point
seulement
transgression,
afin
qu'ils
comme
les
leur
ne
aucuns
pariures,
mais
les
oste
apres
tous
pensent
pas
estre
s'y
abusent:
mais
hommes, on obscurcit d'autant la gloire d'un seul
Dieu, ou mesme on la diminue. Mais quand on n'a
autre but n'intention, que de confermer son dire par
le nom sacré de Dieu, combien que cela se face
obliquément, sa maiesté est blessée en tous sermens
legers et volages. Iesus Christ en defendant de iurer
dutout, oste ceste masque ou vaine couverture dont
les nommes se cuident iustifier. Sainct Iaques en
recitant les parolles de son maistre, tend à une
mesme fin, pource qu'en tout temps ceste licence
2.8.45.
d'abuser temerairement du nom de Dieu, a esté trop
PRAECEPTUM OCTAVUM. Non furtum facies.
vulgaire: combien qu'elle emporte une meschante
Finis, Quoniam abominationi est Deo iniustitia, ut
profanation (Iacq. 5, 12). Car si ce mot, Dutout, se
reddatur unicuique quod suum est. Summa igitur erit,
rapportoit
nos vetari rebus alienis inhiare, ac proinde iuberi
nullement permis de iurer, et que sans exception il
suis unicuique conservandis bonis fidelem operam
fust defendu, de quoy serviroit ce qui est tantost
impendere.
unicuique
apres adiousté par forme de declaration, c'est qu'on
evenisse quod possidet, non fortuita sorte, sed ex
ne prenne point les noms du ciel ne de la terre?
distributione
non
etc. Car il appert que c'est pour fermer toutes
facultates
eschappatoires par lesquelles les Iuifs se pensoyent
posse
Sic
summi
igitur
cuiuspiam
enim
rerum
praeverti
quin
cogitandum
fraus
est,
omnium
malis
divinae
Domini:
artibus
dispensationi
fiat.
à
la
substance,
comme
s'il
n'estoit
sauver.
Plurima autem sunt furtorum genera. Unum est in
violentia: quum vi quacunque et praedatoria licentia
aliena diripiuntur. Alterum in malitiosa impostura: ubi
fraudulenter
intercipiuntur.
Aliud
in
tectiori
calliditate: ubi per speciem iuris excutiuntur. Aliud in
blanditiis: ubi sub donationis praetextu emunguntur.
Sed ne in generibus recensendis nimium insistamus,
artes omnes, quibus proximorum possessiones et
pecuniae
ad
dilectionis,
cupiditatem
nos
ad
derivantur,
fallendi
obliquant,
aut
pro
ubi
quovis
furtis
a
synceritate
modo
2.8.27.
nocendi
noverimus
esse
Pourtant ce ne peut estre chose douteuse à gens
de sain entendement, que le Seigneur ne reprouve
habendas. In forensi certamine obtineant licet, a Deo
en
tamen non secus aestimantur. Nempe videt longas
estoyent defendus par la Loy. Car luymesme, qui a
captiones, quibus simpliciorem homo vafer animum
representé en toute sa vie la perfection qu'il a
incipit irretire, donec in suas tandem nassas attrahat:
commandée, n'a point eu horreur de iurer quand la
videt duras inhumanasque leges, quibus potentior
chose le requeroit: et ses disciples, que nous ne
tenuem urget ac praecipitat: videt illecebras quibus
doutons point avoir gardé sa reigle, ont suyvi un
tanquam hamis imprudentem astutior inescat; quae
mesme exemple. Qui oseroit dire que sainct Paul
omnia latent humanum iudicium, nec in cognitionem
eust voulu iurer, si le iurement eust esté du tout
veniunt. Neque haec iniuria in pecunia modo, aut in
defendu? Or quand la matiere le requiert, il iure
mercibus, aut agris sed in iure cuiusque; suo enim
sans aucun scrupule, adioustant mesme aucune fois
bono
imprecation. Toutesfois la question n'est pas encore
proximos
fraudamus,
si
denegamus
officia
ce
passage
autres
sermens
sinon
ceux
qui
quibus
erga
procurator aut
solue, pource qu'aucuns pensent qu'il n'y a que les
villicus otiosus vorat domini substantiam, nec ad rei
sermens publiques qui soyent exceptez: comme sont
familiaris curam intentus est: si commissas sibi
ceux que le Magistrat requiert de nous, ou que le
facultates vel iniuria dissipat, vel luxuriose profundit:
peuple fait à ses superieurs, ou bien les superieurs
si
arcana
au peuple, les gendarmes à leurs Capitaines, et les
divulgat, si ullo modo tum vitam, tum bona eius
Princes entre eux en faisant quelque alliance. Auquel
prodit: si dominus rursum familiam immaniter vexat:
nombre ils comprennent (et à bon droit) tous les
furti apud Deum tenetur. Alienum et retinet et
sermens qui sont en sainct Paul: veu. que les
praevertit qui non exequitur quod ex suae vocationis
Apostres en leur office n'ont point esté hommes
munere aliis debet.
particuliers, mais officiers publiques de Dieu. Et de
servus
eos
obstringimur. Si
herum
ludibrio
habet,
si
eius
fait, ie ne nie pas que les sermens publiques ne
soyent les plus seurs, d'autant qu'ils sont approuvez
de plus fermes tesmoignages de l'Escriture. Il est
commandé au Magistrat de contreindre un tesmoin à
iurer en chose douteuse: et le tesmoin est tenu d'en
respondre.
Pareillement
l'Apostre
dit
que
les
controversies humaines sont decidées par ce xemede
(Hebr. 6, 16). Pourtant l'un et l'autre a bonne
approbation de ce qu'il fait. Et de fait on peut
2.8.46.
observer que les Payens anciennement avoyent en
Rite ergo sic parebimus mandato, si nostra sorte
grande religion les sermens publiques et solennels:
contenti, nullum nisi honestum et legitimum lucrum
au contraire, qu'ils n'estimoyent pas beaucoup ceux
facere studeamus: si non appetamus cum iniuria
qu'ils faisoyent en leur privé, comme si Dieu n'en
ditescere, nec fortunis diruere proximum moliamur,
eust
quo res nobis accrescat: si non crudeles opes, et ex
sermens
aliorum sanguine expressas cumulare contendamus: si
choses necessaires avec reverence, c'est une chose
non
nefas
trop perilleuse, veu qu'ils sont fondez sur bonne
corradamus, quo vel expleatur nostra avaritia, vel
raison et exemples de l'Escriture. Car s'il est licite
prodigentiae satisfiat. Verum e converso sit nobis
à personnes privées d'invoquer Dieu pour Iuge sur
perpetuus hic scopus, omnes quoad licet consilio
leurs propos: par plus forte raison il leur sera
atque ope fideliter in retinendis suis iuvare; quod si
permis de l'invoquer pour tesmoin. Exemple: Ton
cum perfidis ac fallacibus negotium fuerit, ex nostro
prochain
potius
ut
tascheras par charité de te purger: il n'acceptera
contendamus cum illis. Neque id modo: sed quos
aucune raison en payement. Si ta renommée vient en
rerum
danger pour l'obstination qu'il a eu sa mauvaise
intemperanter
aliquid
undecunque
cedere
difficultate
necessitatibus
sublevemus
parati
et
quam
premi,
ac
eorum
nostra
fantasie:
Neantmoins
particuliers,
t'accusera
sans
qui
de
offense
se
de
les
sobrement
és
font
quelque
tu
condamner
desloyauté:
pourras
appeller
tu
au
iugement de Dieu, afin qu'il declaire ton innocence.
unusquisque quatenus ex officio aliis sit obligatus, ac
Si nous regardons les parolles, ce n'est pas si grand'
quod debet, bona fide persolvat. Hac ratione populus
chose d'appeller Dieu en tesmoin, que pour iuge. Ie
omnes
eorum
ne voy point donc pourquoy nous devions reprouver
dominationem aequo animo ferat, legibus et iussis
une forme de serment, où Dieu soit appellé en
praefectos
in
Postremo
copia
conte.
respiciat
sibi
inopiam.
fas
simus,
viderimus
communicemus,
eorum
per
tenu
honore
habeat,
pareat, nihil detrectet quod propitio Deo ferre possit.
tesmoignage.
Rursum illi plebis suae curam sustineant, publicam
plusieurs exemples. Si quand Abraham et Isaac ont
pacem
malos
fait serment à Abimelec, on allegue que ce soyent
coerceant: sic omnia administrent quasi supremo
sermens publiques: pour le moins Iacob et Laban
iudici
estoyent
conservent,
Deo
Ecclesiarum
incumbant,
bonis
sint
praesidio,
functionis
suae
rationem
reddituri.
ministri
fideliter
verbi
ministerio
nec
privées,
cela
et
nous
avons
neantmoins
ont
confermé leur alliance par iurement. Booz estoit
puram et synceram populo Dei tradant. Nec doctrina
promis à Ruth. Pareillement Abdias, homme iuste et
solum,
praesint
craignant Dieu (comme dit l'Escriture) lequel testifie
denique, ut boni pastores ovibus. Populus vicissim
par iurement ce qu'il veut persuader à Helie (Gen.
eos pro nuntiis et Apostolis Dei suscipiat, eum iis
21, 24; 26, 31; 31, 53; Ruth 3, 13; 1 Rois 18, 10).
honorem reddat quo summus Magister eos dignatus
Ie ne voy point donc meilleure reigle, sinon que
est: quae eorum vitae necessaria sunt praebeat.
nous moderions nos sermens en telle sorte qu'ils ne
Parentes liberos, ut sibi a Deo commissos, alendos,
soyent point temeraires, legerement faits, ny en
regendos, docendos suscipiant: nec saevitia eorum
matiere frivole, ny en affection desordonnée: mais
animos exasperent, et a se avertant: sed lenitate ac
qu'ils servent à la necessité, assavoir quand il est
indulgentia quae suam personam deceat, eos foveant,
question de maintenir la gloire de Dieu, ou conserver
et amplectanur. Quo modo et suam illis observantiam
charité
a liberis deberi ante dictum est. Iuniores senilem
commandement.
exemplo
adulterent:
personnes
verifier
homme privé, qui a ratifìé par serment le mariage
vitae
doctrinam
pour
sed
sed
salutis
Et
instituant:
envers
les
hommes;
à
quoy
tend
le
aetatem revereantur, ut eam aetatem honorabilem
esse
Dominus
voluit.
Senes
quoque
iuventutis
LE QUATRIEME COMMANDEMENT.
imbecillitatem sua prudentia, et (quo magis quam illi
pollent)
rerum
clamosisque
usu
moderentur,
besoigneras
six
iours,
et
feras
toutes
tes
temperantes comitate ac facilitate severitatem. Servi
Dieu. Tu ne feras aucune tienne oeuvre, ne toy, ne
se
ton
praestent:
tanquam
neque
Deo
sedulos
id
ipsi
ad
et
incessentes;
Tu
oeuvres. Le septieme est le repos du Seigneur ton
obsequium
eos
asperis
sed
ad
insectationibus
non
Qu'il te souvienne de sanctifier le iour du repos.
morigeros
oculum,
servientes.
sed
Heri
dominis
ex
animo,
quoque
non
fils,
ne
ta
fille,
ne
ton
serviteur,
ne
ta
chambriere, ne ton bestail, ne l'estrangier qui est
entre tes portes. Car en six iours, etc.
morosos se et intractabiles erga servos gerant, non
asperitate
nimia
divexent,
non
contumeliose
accipiant: sed potius agnoscant sibi fratres esse,
suosque sub caelesti Domino conservos, quos mutuo
amare
et
humaniter
tractare
debeant.
Ad
hunc,
2.8.28.
inquam, modum quisque reputet quid in suo ordine
La fin du precepte est, qu'estans morts à nos
ac loco proximis debeat, et quod debet solvat. Ad
propres affections et oeuvres, nous meditions le
haec, referenda semper mens ad Legislatorem: ut
royaume de Dieu: et qu'à ceste meditation nous nous
animis, perinde ac manibus, regulam hanc noverimus
exercions
constitui: quo aliorum commodis atque utilitatibus et
neantmoins
tuendis et promovendis studeant.
particuliere et distincte des autres, il requiert une
par
les
pource
moyens
qu'il
a
qu'il
une
a
ordonnez;
consideration
exposition un peu diverse. Les anciens Docteurs ont
coustume de le nommer Umbratile, pource qu'il
contient observation externe du iour, laquelle a esté
abolie à l'advenement de Christ, comme les autres
figures, ce qui est bien veritable: mais ils ne
touchent la chose qu'à demi. Pourtant il faut prendre
l'exposition de plus haut, et considerer trois causes,
lesquelles sont contenues sous ce commandement.
Oar
le
Legislateur
celeste,
sous
le
repos
du
septieme iour a voulu figurer au peuple d'Israel le
repos spirituel: c'est que les fideles se doyvent
reposer de leurs propres oeuvres, afin de laisser
besoigner Dieu en eux. Secondement, il a voulu qu'il
y eust un iour arresté, auquel ils convinssent pour
ouir la Loy, et user de ses ceremonies: au moins
2.8.47.
lequel ils dediassent specialement à considerer ses
PRAECEPTUM
adversus
oeuvres: afin d'estre incitez par cela à le mieux
proximum tuum testis mendax. Finis eius: Quoniam
honnorer. Tiercement, il a voulu donner un iour de
mendacium
repos aux serviteurs et gens de travail, qui sont
Deus
NONUM.
(qui
Non
veritas
eris
est)
execratur,
veritatem sine fuco esse inter nos colendam. Summa
sous
igitur erit, ne vel calumniis falsisque criminationibus
relasche de leur labeur.
violemus
alicuius
fortunis
gravemus:
procacitatis
nomen,
vel
denique
libidine
mendacio
ne
quempiam
in
la
puissance
d'autruy:
afin
d'avoir
quelque
suis
maledicentiae
et
laedamus.
Cui
interdicto cohaeret imperium, ut unicuique fidelem
operam,
quoad
commodemus,
ad
licet,
in
tuendam
asserenda
et
nominis
veritate
et
rerum
suarum integritatem. Sensum mandati sui videtur
2.8.29.
Toutesfois
il
nous
est
monstré
en
plusieurs
exponere voluisse Dominus Exodi. 23, his verbis,
passages, que ceste figure du repos spirituel a eu le
Non suscipies vocem mendacii: nec iunges manum
principal lieu en ce precepte. Car Dieu n'a iamais
tuam, ut pro impio dicas falsum testimonium . Item,
requis
Mendacium fugies. Alio etiam loco, non ea modo
precepte, que de cestuy cy. Quand il veut denoter
parte a mendacio nos revocat, ne simus criminatores
en ses Prophetes toute la religion estre destruite, il
ac susurrones in populo : sed nequis decipiat fratrem
se compleind que son Sabbath a esté pollué et violé,
suum; utrunque enim distinctis mandatis cavet. Sane
ou qu'il n'a pas esté bien gardé ne sanctifié: comme
dubium non est quin, ut praecedentibus mandatis
si en delaissant ce poinct, il ne restoit plus rien en
cohibuit saevitiam, impudicitiam, avaritiam, ita hic
quoy il peust estre honnoré. D'autre part, il magnifié
falsitatem coerceat: cuius duo sunt membra, quae
grandement l'observation d'iceluy: pour laquelle cause
prius notavimus. Aut enim malignitate et obtrectandi
les fideles estimoyent par dessus tout, le bien qu'il
pravitate
aut
leur avoit fait en leur revelant le Sabbath (Nomb.
mentiendo, interdum etiam obloquendo, detrahimus
15, 35; Ezech. 20, 12; 22, 8; 23, 38; Ier. 17, 21.
eorum commodis. Nihil autem interest, solenne et
22. 27; Is. 56, 2). Car ainsi parlent les Levites en
iudiciarium
Nehemiah : Tu as monstré à nos Peres ton sainct
delinquimus
in
testimonium
famam
hic
proximorum:
nominari
putes,
an
plus
estroitement
l'obeissance
d'aucun
vulgare, quod in privatis sermonibus fertur. Semper
Sabbath, tes commandemens et ceremonies, et leur
enim
vitiorum
as donné la Loy par la main de Moyse (Neh. 9, 14).
generibus speciem unam paradigmatis loco proponi,
Nous voyons comment ils l'ont en singuliere estime
ad quam caeterae referantur: eam autem potissimum
par dessus tous les autres preceptes: ce qui nous
diligi,
peut monstrer la dignité et excellence du Sabbath,
eo
recurrendum
in
qua
Quanquam
vitii
est,
ex
singulis
turpitudo
generalius
maxime
ad
laquelle est aussi clairement exposée par Moyse et
calumnias et sinistras obtrectationes, quibus inique
Ezechiel. Car nous lisons ainsi en Exode, Observez
gravantur proximi: quia forensis testimonii falsitas
mon Sabbath: pource que c'est un signe entre moy
nunquam periurio caret. Periuriis autem, quatenus
et vous en toutes voz generations, pour vous donner
Dei nomen profanant ac violant, in mandato tertio
à cognoistre que ie suis le Dieu qui vous sanctifie;
satis
est
obviatum.
extendere
emineat.
legitima
praecepti
gardez donc mon Sabbath: car il vous doit estre
asserenda
veritate,
sainct. Que les enfans d'Israel le gardent et le
utilitatibus
celebrent en leurs aages: car c'est une alliance
serviat. Aequitas plusquam manifesta est. Nam si
perpetuelle, et un signe à toute eternité (Ex. 31,
quibuslibet thesauris pretiosius est nomen bonum,
13; 35, 2). Cela est encore plus amplement dit
nihilo minore noxa, nominis integritate quam fortunis
d'Ezechiel: toutesfois la somme de ses parolles
spoliatur homo. In diripienda autem eius substantia,
revient là, que c'estoit un signe dont Israel devoit
non minus interdum falso testimonio, quam manuum
cognoistre que Dieu est sanctificateur (Ezech. 20,
rapacitate proficitur.
12).
observatio
est,
proximorum
ut
Proinde
convenit
lingua
tum
bonae
in
famae,
tum
Or
si
nostre
sanctification
consiste
au
renoncement de nostre propre volonté, de là desia
apparoit la similitude entre le signe externe et la
chose interieure. Il nous faut du tout reposer, afin
que Dieu besoigne en nous: il nous faut ceder de
nostre volonté, resigner nostre coeur, renoncer et
quitter toutes les cupiditez de nostre chair: bref, il
nous faut cesser de tout ce qui procede de nostre
entendement, afin qu'ayans Dieu besoignant en nous,
nous acquiescions en luy: comme aussi l'Apostre
2.8.48.
Et
nous enseigne (Hebr. 3, 13; 4, 4 s.).
tamen
mirum
est
quam
supina
securitate
passim in hac re peccetur, ut rarissimi reperiantur
qui
non
venenata
hoc
morbo
quadam
notabiliter
dulcedine
laborent:
oblectamur
in
adeo
alienis
malis tum inquirendis, tum detegendis. Nec putemus
idoneam
esse
excusationem
si
saepenumero
non
mentimur. Nam qui prohibet mendacio fratris nomen
deturpari, vult etiam illibatum conservari, quantum
per veritatem licet. Siquidem utcunque illi adversus
mendacium tantum caveat: eo ipso tamen innuit, sibi
2.8.30.
esse commendatum. Atqui id nobis sufficere debet
Cela estoit representé en Israel par le repos du
ad famam proximo salvam custodiendam, Deo eam
septieme iour. Et à fin qu'il y eust plus grande
curae esse. Quare damnatur proculdubio in universum
religion à ce faire, nostre Seigneur a confermé cest
maledicentia. Porro maledicentiam intelligimus, non
ordre par son exemple: car c'est une chose qui ne
obiurgationem,
quae
accusationem
aut
remedium
fit
castigandi
iudiciariam
malo
studio:
non
doit point esmouvoir petitement l'homme, quand on
denuntiationem,
qua
l'enseigne
son
Createur.
Si
quelcun
requiert une signification secrette au nombre de
caeteris
Sept: il est vray semblable, puis que ce nom en
peccatoribus terrorem tendit: non manifestationem
l'Escriture signifie perfection, qu'il a esté éleu en
apud eos quorum salutis interest praemonitos fuisse,
cest endroit pour denoter perpetuité. A quoy se
ne
odiosam
rapporte ce que nous voyons en Moyse. Car apres
criminationem quae ex malignitate et obtrectandi
avoir dit que le Seigneur s'est reposé au septieme
petulantia
nascitur.
Quin
iour,
mandatum
istud,
ne
affectemus,
et
quae
ignorantia
ad
non
suyvre
publicam
reprehensionem,
quaeritur:
de
incutiendum
periclitentur:
quoque
scurrilem
urbanitatem
d'autres
apres
pour luy
determiner sa fin. On pourroit aussi amener quant à
mordaciter
Seigneur par ce nombre a voulu signifier que le
perstringantur, qualiter solent nonnulli qui facetiarum
Sabbath des fideles ne sera iamais parfaitement
laudem, cum aliorum rubore ac etiam gemitu captant:
accompli
quando ex eiusmodi procacitate non leviter interdum
commençons icy, et le poursuyvons iournellement:
fratres
mais
sub
sugillantur.
convertamus
lusus,
Nunc
si
ad
quem
convenit
Legislatorem
pource
que
au
dernier
nous
iour.
avons
Car
encore
nous
le
bataille
assiduelle contre nostre chair, il ne sera point
auribus atque animo, quam linguae, pro suo iure
achevé iusques à ce que la sentence d'Isaie soit
dominari:
audiendarum
verifiee, quand il dit qu'au royaume de Dieu il y a
obtrectationum aviditatem, et importunam ad sinistra
un Sabbath continué eternellement: assavoir quand
iudicia propensionem, nihilominus interdici. Ridiculum
Dieu sera tout en tous (Is. 66, 23; 1 Cor. 15, 28).
enim est siquis putet Deum odisse maledicentiae in
Il pourroit donc sembler advis, que par le septieme
lingua morbum: malignitatis in animo, non improbare.
iour le Seigneur ait voulu figurer à son peuple la
Quare si verus est timor atque amor Dei in nobis,
perfection du Sabbath qui sera au dernier iour, afin
demus operam quoad licet et expedit, et quantum
de le faire aspirer à icelle perfection, d'une estude
fert charitas, ne maledictis et amaris salibus vel
continuelle durand ceste vie.
succurret
vel
aures
certe
et
praebeamus:
non
iusques
minus
linguam
oculos,
imagine
intinctam,
il n'en met plus
cela une autre coniecture probable: c'est que le
vitia,
loedoriis
extenditur
quibus
aliorum
amaris
huc
sed
ne
obliquis
suspicionibus temere mentem permittamus: sed aequi
erga omnium dicta et facta interpretes, tum iudicio,
tum auribus, tum lingua salvum illis suum honorem
candide servemus.
2.8.31.
Si
ceste
pourtant que
exposition
semble
quelcun ne
la
trop
veuille
subtile,
et
recevoir,
ie
n'empesche pas qu'on ne se contente d'une plus
simple: c'est que le Seigneur a ordonné un iour par
lequel le peuple fust exercité par la pedagogie de la
Loy à mediter le repos spirituel, qui est sans fin;,
qu'il a assigné le septieme iour, ou bien iugeant qu'il
suffisoit, ou bien pour mieux inciter le peuple à
observer
ceste
ceremonie,
luy
proposant
son
exemple: ou plustost pour luy monstrer que le
Sabbath ne tendoit à autre fin, sinon pour le rendre
conforme à son Createur. Car il n'en peut gueres
2.8.49.
challoir, moyennant que la signification du mystere
PRAECEPTUM
DECIMUM.
concupisces
demeure: c'est que le peuple fust instruit de se
domum proximi tui, etc. Finis est, Quoniam totam
demettre de ses oeuvres. A laquelle contemplation
animam
Deus,
les Prophetes reduisoyent assiduellement les Iuifs,
omnem adversam charitati cupiditatem ex animis
afin qu'ils ne pensassent s'acquitter en s'abstenant
excutiendam.
cogitatio
d'oeuvres manuelles. Outre les passages que nous
nobis irrepat, quae noxia et in alterius detrimentum
avons alleguez, il est dit en Isaie, Si tu te retirés au
vergente concupiscentia, animos nostros commoveat.
Sabbath pour ne point faire ta volonté en mon sainct
Cui respondet ex adverso praeceptum, ut quicquid
iour, et celebres un Sabbath sainct et delicat au
concipimus, deliberamus, volumus, meditamur, id cum
Seigneur de gloire, et le glorifies en ne faisant point
proximorum bono et commoditate sit coniunctum.
tes
Sed hic magna et perplexa, ut videtur, difficultas
trouvée: lors tu prospereras en Dieu (Is. 58, 13).
nobis occurrit. Si enim vere superius a nobis dictum
Or il n'y a doute que ce qui estoit ceremonial en ce
est, sub scortationis et furti vocabulis, scortandi
precepte,
libidinem, et nocendi, fallendique consilium cohiberi:
Christ. Car il est la verité, qui fait par sa presence
supervacuum fuisse videri queat, ut nobis postea
esvanouir toutes les figures: il est le corps, au
seorsum
concupiscentia
regard duquel les ombres sont laissées. Il est,
interdiceretur. Sed nobis facile nodum istum expediet
dy-ie, le vray accomplissement du Sabbath. Car
distinctio
inter
concupiscentiam.
estans ensevelis avec luy par le Baptesme, nous
Consilium
enim,
in
superioribus
sommes entez en la compagnie de sa mort: afin
praeceptis loquuti sumus, est deliberata voluntatis
qu'estans faits participans de sa resurrection, nous
consensio, ubi animum libido subiugavit. Cupiditas
cheminions
citra talem et deliberationem et assensionem esse
Pourtant dit l'Apostre que le Sabbath a esté ombre
potest,
de ce qui devoit advenir, et que le corps en est en
dilectionis
affectu
Summa
quum
possideri
igitur
alienorum
Non
erit,
nequa
bonorum
consilium
qualiter
animus
et
de
vanis
eo
vult
perversisque
obiectis
oeuvres,
et
n'ait
ta
esté
en
propre
aboly
nouveauté
volonté
par
de
n'est
point
l'advenement
vie
(Rom.
6,
de
4).
ergo
Christ (Coloss. 2, 16. 17): c'est à dire, la vraye
regulam
substance et solide de la verité, laquelle il explique
praeesse hactenus Dominus iussit: ita ad eandem
bien en ce lieu-là. Or icelle n'est point contente
nunc dirigi animi conceptiones iubet, ne sint ullae
d'un iour, mais requiert tout le cours de nostre vie,
pravae
iusques
pungitur
modo,
voluntatibus,
et
et
titillatur.
studiis,
operibus,
contortae,
quae
Quemadmodum
charitatis
animum
extimulent.
Quemadmodum
animum
induci
iram,
scortationem,
in
odium,
aliorsum
inflecti
atque
rapinam,
mendacium, vetuit, ita nunc prohibet instigari.
à
qu'estans
du
tout
morts
à
nous-mesmes, nous soyons remplis de la verité de
Dieu.
Dont
superstitieuse
Chrestiens.
2.8.50.
ce
il
s'ensuit
des
iours
que
doit
toute
estre
observation
loin
des
Neque vero sine causa tantam rectitudinem exigit.
Nam
quis
aequum
esse
neget,
omnes
animae
potentias charitate occupari? Siqua autem a charitatis
scopo aberret, quis morbosam esse inficietur? Iam
vero unde fit ut animum tuum subeant cupiditates
fratri tuo damnosae, nisi quod neglecto illo, tibi uni
studes?
Si
enim
charitate
totus
esset
imbutus
2.8.32.
Neantmoins
d'autant
que
les
deux
dernieres
animus, nulla eius particula talibus imaginationibus
causes ne se doyvent point mettre entre les ombres
pateret. Vacuum ergo eatenus charitate esse oportet,
anciennes,
quatenus concupiscentiam recipit. Obiiciet quispiam
siecles : combien que le Sabbath soit abrogé, cela
non tamen consentaneum esse ut phantasiae, quae
ne laisse point d'avoir lieu entre nous, que nous
temere volutantur in mente, et tandem evanescunt,
ayons certains iours pour nous assembler à ouyr les
pro concupiscentiis, quarum sedes in corde est,
predications,
damnentur. Respondeo, hic quaestionem esse de eius
celebrer leo Sacremens: secondement pour donner
generis phantasiis quae dum mentibus obversantur,
quelque relasche aux serviteurs et gens mecaniques,
simul
animum
à
conviennent
faire
les
egalement
oraisons
à
tous.
publiques,
et
mordent
ac
feriunt;
fi n'y a nulle doute que le Seigneur n'ait regardé
mentem
venit
optare
l'un et l'autre en commandant le Sabbath. Quant au
aliquid quin cor excitatum saliat. Mirabilem ergo
premier, il est assez approuvé par l'usage mesme
dilectionis ardorem Deus mandat, quem ne minimis
des Iuifs. Le second a esté noté par Moyse au
quidem concupiscentiae tricis vult impediri. Animum
Deuteronome, en ces parolles: Afin que ton serviteur
mirifice
levibus
et ta chambriere se reposert comme toy, qu'il te
quidem aculeis commoveri contra dilectionis legem
souvienne que tu as esté serviteur en Egypte. Item
patitur. Ad hanc intelligentiam mihi primum viam
en Exode: Afin que ton boeuf et ton asne, et ta
aperuit Augustinus, ne gravi suffragio destitui eam
mesgnie se repose (Deut. 5, 15; Ex. 23, 12). Qui
putes.
pourra
quandoquidem
cupiditate
mais
nunquam
compositum
Etsi
in
requirit,
autem
quem
qualibet
ne
prava
cupiditate
nier
que
ces
deux
choses
ne
nous
interdicere consilium Domini fuit, ea tamen obiecta
conviennent aussi bien qu'aux Iuifs? Les assemblées
in
delectationis
Ecclesiastiques nous sont commandées par la parolle
imagine nos ut plurimum capiunt: nequid cupiditati
de Dieu: et l'experience mesme nous monstre quelle
prorsus relinqueret, ubi ab iis rebus retrahit in quas
necessité
potissimum insanit et exultat. En secunda Legis
ordonnez, quand se pourra-on assembler? L'Apostre
tabula,
enseigne
exemplum
in
debeamus
pendet
qua
proposuit
satis
propter
tota
inculcaveris
quae
falsa
admonemur
Deum,
a
charitatis
quaecunque
cuius
ratio.
in
quid
hac
hominibus
consideratione
Quare
tabula
nous
que
en
avons.
toutes
Or
choses
s'il
se
n'y
a
doyvent
iours
faire
decentement et par ordre entre nous" (1 Cor. 14,
frustra
40). Or tant s'en faut que l'honnesteté et l'ordre se
docentur
puisse garder sans ceste police de iours, que si elle
officia, nisi doctrina tua Dei timore et reverentia,
n'estoit,
tanquam fundamento, subnitatur. Qui duo praecepta
troubles et confusions en l'Eglise. Or s'il y a une
quaerunt in concupiscentiae prohibitione, perversa
mesme necessité entre nous, que celle à laquelle le
sectione quod unum erat lacerare, prudens lector me
Seigneur a voulu remedier en ordonnant le Sabbath
tacente iudicabit. Nec obstat quod secundo repetitur
aux Iuifs, que nul n'allegue ceste loy ne nous
verbum Non concupisces: quia ubi domum posuit,
appartenir de rien: car il est certain que nostre bon
partes eius enumerat, ab uxore incipiens. Unde clare
Pere
n'a
nous
pas
verrions
moins
incontinent
voulu
pourvoir
merveilleux
à
nostre
patet, uno contextu, quod recte Hebraei faciunt,
necessité, qu'à celle des Iuifs. Mais que ne nous
legendum esse, ac Deum in summa praecipere, ut
assemblons-nous tous les iours, dira quelcun, pour
quod possidet quisque, maneat salvum et intactum
oster ceste difference. Ie le desireroye bien: et de
non modo ab iniuria aut libidine fraudandi, sed a
fait, la sagesse spirituelle de Dieu seroit bien digne
minima etiam cupiditate quae animos sollicitet.
d'avoir quelque heure au iour, qui luy fust destinée.
Mais si cela ne se peut obtenir de l'infirmité de
plusieurs,
qu'on
s'assemble
iournellement,
et
la
charité ne permet point de les contreindre plus
outre: pourquoy ne suyvons nous la raison laquelle
nous a esté monstrée de Dieu?
2.8.51.
Quorsum vero spectet Lex universa, non erit nunc
difficile iudicium, nempe in iustitiae complementum:
ut
hominis
endroit, pource qu'aucuns entendemens legiers se
formet. Ita enim suum ingenium Deus illic delineavit,
tempestent auiourdhuy à cause du Dimanche. Car ils
ut siquis factis quicquid illic praecipitur repraesentet,
se pleignent que le peuple Chrestien est entretenu
imaginem Dei quodammodo sit in vita expressurus.
en un Iudaisme, veu qu'il retient encore quelque
Quamobrem Moses, quum summam illius reducere
observation des iours. A cela ie respon que sans
Israelitis in memoriam vellet, Et nunc Israel (aiebat)
Iudaisme nous observons le Dimanche, veu qu'il y a
quid petit abs te Dominus Deus tuus, nisi ut timeas
grande difference entre nous et les Iuifs: car nous
Dominum, et ambules in viis eius: diligas eum, ac
ne l'observons point d'une religion estroite, comme
servias
anima,
d'une ceremonie en laquelle nous pensions estre
custodiasque mandata eius ? Nec cessabat eadem
comprins un mystere spirituel: mais nous en usons
occinere illis quoties indicandus erat Legis scopus.
comme d'un remede necessaire pour garder bon
Huc ita respicit Legis doctrina, ut hominem vitae
ordre en l'Eglise. Mais sainct Paul, disent-ils, nie
sanctitate cum Deo suo coniungat, et (quemadmodum
que
alibi Moses loquitur) cohaerere faciat. Porro eius
l'observation des iours, veu que c'est un ombre des
sanctitatis perfectio in duobus iam recitatis capitibus
choses futures : et pour ceste cause craind d'avoir
sita est, Ut diligamus Dominum Deum ex toto corde,
travaillé en vain entre les Galatiens, d'autant qu'ils
tota
sicut
observoyent encore les iours. Et aux Romains il
nosipsos. Ac primum quidem est ut Dei dilectione
afferme que c'est superstition, si quelcun discerne
anima
ea
entre iour et iour (Col. 2, 16; G-al. 4, 10. 11;
protinus ultro fluet proximi dilectio. Quod ostendit
Rom. 14, 5)? Mais qui est l'homme d'entendement
Apostolus,
rassis qui ne voye bien de quelle observation parle
in
anima,
ad
toto
totis
nostra
puritatis
corde,
viribus
omni
dum
divinae
Il nous faut estre un peu plus longs en cest
exemplar
ei
vitam
2.8.33.
ex
scribit
,
et
et
parte
finem
in
tota
Proximum,
impleatur.
praecepti
Ex
esse
les
Chrestiens
doyvent
estre
iugez
en
charitatem ex conscientia pura, et fide non simulata
l'Apostre? Car ils ne regardoyent point à ceste fin
. Vides, tanquam in capite collocari conscientiam, et
que nous disons, d'observer la police et ordre en
fidem non simulatam: hoc est, uno verbo, veram
l'Eglise: mais entretenant les festes comme ombres
pietatem: inde charitatem deduci. Fallitur ergo siquis
des choses spirituelles, ils obscurcissoyent d'autant
autumat rudimenta quaedam et primordia iustitiae
la gloire de Christ et la clairté de l'Evangile: ils no
duntaxat in Lege tradi, quibus homines ad tyrocinium
s'abstenoyent
inchoentur, non etiam dirigantur ad rectam bonorum
qu'elles les empeschassent de vaquer à mediter la
operum metam; quando ultra illam Mosis et hanc
parolle de Dieu: mais par une folle devotion, d'autant
Pauli sententiam, ad supremam perfectionem nihil
qu'ils imaginoyent en se reposant faire service à
desiderare queas. Quo enim quaeso, procedere volet,
Dieu. C'est donc contre ceste perverse discretion de
qui ista institutione contentus non erit, qua homo ad
iours
timorem Dei, ad spiritualem cultum, ad mandatorum
l'ordonnance legitime qui est mise pour entretenir la
obedientiam, ad sequendam viae Domini rectitudinem,
paix en la compagnie des Chrestiens. Car les Eglises
denique ad puritatem conscientiae, synceram fidem
qu'il avoit edifiées, gardoyent le Sabbath en cest
et dilectionem eruditur? Unde confirmatur illa Legis
usage: ce qu'il monstre en assignant ce 'iour-là aux
interpretatio, quae omnia pietatis et dilectionis officia
Corinthiens pour apporter leurs aumosnes en l'Eglise
in eius praeceptis vestigat et reperit. Qui enim arida
(1 Cor. 16, 2). Si nous craignons la superstition,
ieiunaque tantum elementa sectantur, acsi dimidia ex
elle estoit plus à craindre aux festes Iudaiques
parte voluntatem Dei edoceret, finem illius, teste
qu'elle n'est maintenant au Dimanche. Car comme il
Apostolo, nequaquam tenent.
estoit expedient pour abattre la superstition, on a
que
point
crie
d'oeuvres
sainct
Paul
delaissé le iour observé
manuelles,
et
non
pas
pource
contre
des Iuifs: et comme il
estoit necessaire pour garder ordre, police et paix
en l'Eglise, on en a mis un autre au lieu.
2.8.34.
2.8.52.
Combien que les Anciens n'ont point choisi le
Enimvero quia in commemoranda Legis summa
interdum
Christus
tabulam
sans quelque consideration. Car puis que la fin et
praetermittunt, ea in re plurimi hallucinantur, dum
accomplissement de ce vray repos, qui estoit figuré
eorum verba ad utranque tabulam trahere volunt.
par l'ancien Sabbath, est accompli en la resurrection
Vocat
Legis
de nostre Seigneur, les Chrestiens sont admomiestez
misericordiam, iudicium et fidem . Sub fidei vocabulo
par ce mesme iour qui a apporté fin aux ombres, de
mihi non est ambiguum quin veritatem erga homines
ne
designet.
Christus
Atqui,
protendatur,
et
apud
ut
quidam
Apostoli
priorem
iour du Dimanche pour le substituer au Sabbath,
Matthaeum
sententia
pro
praecipua
in
religione
s'arrester
point
à
la
ceremonie
qui
n'estoit
totam
Legem
qu'ombre. Ie ne m'arreste point au nombre Septieme,
erga
Deum
pour assuiettir l'Eglise enquelque servitude: car ie
accipiunt: frustra certe; nam Christus de his operibus
ne condamneroye point les Eglises qui auroyent
disserit quibus homo se iustum approbare debet.
d'autres iours solennels pour s'assembler, moyennant
Hanc
etiam
qu'il n'y ait nulle superstition: comme il n'y en a
mirari cur alibi roganti adulescenti quae sint mandata
nulle quand on regarde seulement à entretenir la
quorum observatione ad vitam ingredimur, haec sola
discipline et bon ordre. Que la somme donc du
respondeat.
precepte
rationem
Non
si
observemus,
occides,
Non
desinemus
moechaberis,
Non
soit
telle
:
comme
la
verité
estoit
furaberis, Non falsum testimonium dices. Honora
demonstree aux Iuifs sous figure, ainsi sans figure
patrem
sicut
elle nous est declairée: c'est que nous meditions en
teipsum . Siquidem prioris tabulae obedientia aut in
toute nostre vie un perpetuel repos de nos oeuvres,
cordis affectu, aut in ceremoniis fere erat. Cordis
à ce que Dieu besoigne en nous par son Esprit.
affectus
hypocritae
Secondement que nous appliquions chacun son esprit,
assidue incumbebant: at opera charitatis talia sunt ut
tant qu'il sera possible, à penser aux oeuvres de
solidam iustitiam per ea testemur. Hoc vero ita
Dieu pour le magnifier, et que nous observions
passim occurrit in Prophetis, ut lectori mediocriter
l'ordre
exercitato familiare esse debeat. Nam fere quoties
celebrer
hortantur
tabula,
solennelles. Tiercement, que nous ne grevions point
fidem, iudicium, misericordiam et aequitatem urgent.
par trop ceux qui sont en nostre suiettion. Ainsi
Neque hoc modo praetereunt Dei timorem, sed eius
seront renversez les mensonges des faux docteurs,
seriam probationem a signis exigunt. Hoc quidem
qui ont abreuvé au temps passé le povre populaire
notum est, ubi de Legis observatione disserunt,
d'opinion Iudaique, ne discernans entre le Dimanche
plaerunque insistere in secunda tabula: quia illic
et le Sabbath autrement, sinon que le septieme iour
maxime perspicitur iustitiae et integritatis studium.
estoit abrogué qu'on gardoit pour lors, mais qu'il en
Neque opus est recensere locos: quia per se quisque
falloit neantmoins garder un. Or cela n'est autre
facile animadvertet quod dico.
chose à dire, qu'avoir changé le iour en despit des
et
matrem,
non
ad
Dilige
apparebat,
proximum
tuum
ceremoniis
poenitentiam,
omissa
priore
legitime
les
de
l'Eglise
Sacremens,
à
et
ouyr
faire
la
Parolle,
les
prieres
Iuifs, et neantmoins demeurer en la superstition que
sainct
Paul
condamne:
c'est,
d'avoir
quelque
signification secrette, ainsi qu'elle estoit sous le vieil
Testament. Et de fait nous voyons ce qu'a profité
leur doctrine: car ceux qui la suyvent, surmontent
les Iuifs en opinion charnelle du Sabbath, tellement
que les reprehensions que nous avons en Isaie leur
conviendroyent mieux qu'à ceux que le Prophete
2.8.53.
reprenoit de son temps (Is. 1, 13; 58, 13). Au
Ergone, inquies, pluris est ad iustitiae summam,
reste,
nous
avons
à
retenir
principalement
la
cum hominibus innocenter vivere, quam pietate Deum
doctrine generale: c'est qu'à fin que la religion ne
honorare?
Minime;
charitatem
per
sed
omnia
quia
custodit,
non
nisi
temere
quis
dechée ou se refroidisse entre nous, nous soyons
Deum
serio
diligens de frequenter les sainctes assemblées, et
timeat, inde quoque pietatis approbatio sumitur. Huc
appliquions
accedit, quod Dominus quum probe noverit nihil
profitables à nourrir le service de Dieu.
en
usage
toutes
les
aides
qui
beneficentiae a nobis pervenire ad seipsum posse
(quod et per Prophetam testatur) non sibi officia
LE CINQUIEME COMMANDEMENT.
sont
nostra deposcit, sed erga proximum bonis operibus
Honnoré ton pere et ta mere, afin que tes iours
nos exercet . Itaque non sine causa Apostolus totam
soyent prolongez sur la terre, laquelle le Seigneur
sanctorum perfectionem in charitate reponit . Nec
ton Dieu te donnera.
ipsam
alibi
absurde
vocat
Legis
complementum:
addens, Legem perfecisse qui diligit proximum . Item
Totam
Legem
uno
verbo
comprehendi,
Dilige
proximum sicut teipsum . Non enim aliud docet
quam Christus ipse, dum ait, Quaecunque vultis ut
faciant vobis homines, eadem facite illis; hoc est
enim Lex et Prophetae . Certum est, in Lege et
Prophetis primum locum tenere fidem et quicquid ad
legitimum
Dei
cultum
pertinet,
inferiore
loco
2.8.35.
subsidere dilectionem: sed intelligit Dominus, in Lege
nobis
tantum
praescribi
iuris
et
aequitatis
La fin est, pource que Dieu veut que Tordre qu'il
inter
a constitué soit entretenu, qu'il nous faut observer
homines observantiam, qua ad testandum pium eius
les degrez de preeminence comme il les a mis.
timorem, siquis in nobis est, exerceamur.
Pourtant la somme sera, que nous portions reverence
à ceux que le Seigneur nous a ordonnez pour
superieurs : et que nous leur rendions honneur et
obeissance, avec recognoissance du bien qu'ils nous
ont fait. De cela s'ensuit la defense, que nous ne
deroguions à leur dignité, ne par contemnement, ne
par
contumace,
ne
par
ingratitude.
Car
le
nom
d'Honneur s'estend ainsi amplement en l'Escriture:
2.8.54.
Hic
comme quand l'Apostre dit que les Prestres qui
ergo
haereamus,
Dei
president bien, sont dignes de double honneur (1
voluntatem Legisque praescriptum compositam fore
Tim. 5, 17): non seulement il parle de la reverence
vitam
parte
qui leur est deue, mais aussi de la remuneration que
fructuosissima fuerit. In tota vero Lege syllaba una
merite leur labeur. Or pource que ce commandement
non legitur, quae regulam homini de iis statuat quae
lequel nous assuiettit à nos superieurs, est fort
carnis suae commodo facturus aut omissurus sit. Et
contraire à la perversité de nostre nature, laquelle
sane, quando ita nati sunt homines ut in amorem sui
comme
plus
a
soumet pas volontiers: à ceste cause la superiorité
veritate excidant, eum semper retineant: nulla fuit
laquelle estoit la moins odieuse et plus amiable de
opus
sua
toutes, nous a esté proposée pour exemple: pource
plane
qu'elle pouvoit mieux fleschir et amolir nos coeurs à
perspicuum est, non nostri ipsorum amorem, sed Dei
se soumettre en obeissance. Parquoy le Seigneur,
et
esse:
petit à petit par la suiettion qui est la plus douce et
quam
la plus facile à porter, nous accoustumé à toutes
minimum fieri potest, sibi vivit ac studet: neminem
suiettions, pource qu'il y a une mesme raison en
vero eo peius nec iniquius vivere, qui sibi duntaxat
toutes. Car quand il donne preeminence à quelcun,
vivit ac studet, suaque duntaxat cogitat ac quaerit.
entant que mestier est pour la conserver il luy
nostram,
iusto
toti
Lege
immodicum,
roni
quae
magis
proximi,
optimeque
quum
ac
tum
optime
fratribus
ferantur,
amorem
et,
observationem
eum
ex
quantumvis
illum
inflammaret
sanctissime
omni
ad
sponte
.
Quo
mandatorum
vivere
qui
elle
crevé
d'ambition
et
orgueil,
ne
se
Quinetiam quo magis exprimeret Dominus quanta
communique son nom. Les tiltres de Pere, de Dieu
propensione
agi
et de Seigneur luy sont tellement propres, que quand
oporteret, ad nostri amorem (quia nullum habebat
il en est fait mention, il faut que nostre coeur soit
vehementiorem aut validiorem affectum) tanquam ad
touché de la recognoissance de sa maiesté. Pourtant
regulam exegit. Ac diligenter quidem pensitanda est
quand il en fait les hommes participans, il leur
vis locutionis; non enim (quod stolide somniarunt
donne comme quelque estincelle de sa clarté, afin de
sophistae quidam) priores partes th/| filauti,a| concedit,
les annoblir et les rendre honnorables selon leur
et secundas
quem
degré. Parquoy en celuy qui est nommé Pere, il faut
naturaliter amoris affectum trahimus ad nos ipsos,
recognoistre quelque honneur divin, veu qu'il ne
eum ad alios transfert. Unde Apostolus
porte point le tiltre de Dieu sans cause. Pareillement
nos
in
proximorum
dilectionem
charitati assignat: sed potius
asserit,
charitatem non quaerere quae sua sunt . Nec pili
celuy
aestimanda est eorum ratio, Regulatum semper esse
aucunement â l'honneur de Dieu.
qui
est
prince
ou
Seigneur,
communique
inferius sua regula. Siquidem non regulam statuit in
amore
nostri
Dominus,
cui
charitas
erga
alios
subesset: sed ubi naturali pravitate solebat amoris
affectus in nobis residere, ostendit alio iam oportere
diffundi: ut non minori alacritate, ardore, sollicitudine
parati
simus
ad
benefaciendum
proximo
quam
nobisipsis.
2.8.36.
Parquoy il ne faut douter que le Seigneur ne
constitue ici une reigle universelle: c'est que selon
que
nous
recognoissons
un
chacun
nous
estre
ordonné de luy pour superieur, que nous luy portions
honneur,
reverence
et
amour:
et
que
nous
luy
facions les services qu'il nous sera possible. Et ne
faut point regarder si nos superieurs sont dignes de
2.8.55.
cest honneur ou non: car quels qu'ils soyent, ils ne
Iam
sub
parabola
quenque
proximi
vocabulo
Samaritani
contineri
demonstrarit
alienissimum
degré,
à
cause
duquel
nostre
Seigneur
nous
nous commande de reverer noz parens qui nous ont
nego,
ita
engendrez en ceste vie, ce que nature mesme nous
officiis nostris esse familiarius adiuvandum. Ita enim
doit enseigner. Car tous ceux qui violent l'authorité
fert humanitatis ratio, ut eo plura homines inter se
paternelle, ou par mespris, ou par rebellion, sont
officia communicent, quo arctioribus inter se aut
monstres
cognationis, aut familiaritatis, aut viciniae vinculis
Seigneur commande de mettre à mort tous ceux qui
connectuntur. Atque id nulla Dei offensione, cuius
sont desobeissans à pere et à mere: et ce à bonne
providentia
dico,
cause. Car puis qu'ils ne recognoissent point ceux
universum hominum genus, nulla exceptione, uno
par le moyen desquels ils sont venus en ceste vie,
charitatis affectu esse amplexandum: nullum hic esse
ils sont certes indignes de vivre. Or il appert par
discrimen barbari aut Graeci, digni vel indigni, amici
plusieurs passages de la Loy, ce que nous avons dit
vel quoniam in Deo, non in seipsis considerandi sunt:
estre vray: assavoir que l'honneur dont il est ici
a quo intuitu dum deflectimus, non mirum est si
parlé
multis erroribus implicamur. Quare si veram diligendi
Amour
huc
nobis
quodammodo
quod
sont point venus sans la volonté de Dieu en ce
praeceptum ad nostras necessitudines limitemus. Non
est
est
in
commande les honnorer. Toutesfois nommément il
quisque
non
Christus
dilectionis
ut
,
quum
coniunctissimus,
adigimur.
Sed
a
et
trois
non
pas
parties:
procedant
de
hommes.
Reverence,
la
Pourtant
nostre
Obeissance
recognoissance
et
des
lineam
tenere
primum
bien-faits. La premiere est commandée de Dieu,
convertendi sunt oculi, cuius aspectus odium saepius
quand il commande de mettre à mort celuy qui aura
quam amorem exprimeret: sed in Deum, qui amorem,
detracte de pere et de mere: car en cela il punit
quem sibi deferimus, ad universos homines diffundi
tout contemnement et mespris. La seconde, en ce
iubet;
fundamentum,
qu'il a ordonné que l'enfant rebelle et desobeissant
Qualiscunque sit homo, diligendum tamen esse, quia
fust aussi mis à mort. La troisieme est approuvée
diligitur Deus.
en
ut
sit
libet,
hoc
non
in
hominem
perpetuum
ce
que
dit
Iesus
Christ
au
15.
de
sainct
Matthieu, que c'est du commandement de Dieu, de
servir et bien faire à nos parens (Ex. 21, 17; Lev.
20, 9; Prov. 20, 20; Deut. 21, 18; Matth. 15, 4).
2.8.56.
Toutes fois et quantes que sainct Paul fait mention
Quapropter pestilentissimae vel ignorantiae vel
malitiae fuit, quod Scholastici ex praeceptis de non
de ce precepte, il nous exhorte à obeissance: ce qui
appartient à la seconde partie.
appetenda vindicta, de diligendis inimicis, quae et
omnibus olim Iudaeis tradita fuerunt, et tum omnibus
2.8.37.
in commune Christianis tradebantur, consilia fecerunt,
La promesse est quant et quant adioustee pour
quibus parere vel non parere liberum esset. Eorum
plus
autem
monachos
admonnester combien ceste suiettion est agreable à
relegarunt: qui vel hoc uno simplicibus Christianis
Dieu: car sainct Paul nous incite par cest aiguillon,
essent iustiores, quod ultro se servandis consiliis
quand il dit que ce precepte est le premier avec
obstringerent. Et rationem assignant cur ea non
promesse (Col. 3, 20; Ephes. 6, 1. 2): car la
recipiant pro legibus: quod onerosa nimium et gravia
promesse que nous avons eu cy dessus en la
videantur, Christianis praesertim, qui sunt sub Lege
premiere Table, n'estoit pas speciale à un precepte
gratiae. Itane Legem Dei aeternam de diligendo
seulement, mais s'estendoit à toute la Loy. Quant
proximo refigere audent? An tale in aliqua Legis
est de l'intelligence de ceste-cy, elle est telle: c'est
pagina discrimen extat: ac non magis passim illic
que le Seigneur parloit proprement aux Israelites, de
occurrunt mandata quae inimicorum dilectionem a
la terre qu'il leur avoit promise en heritage. Si donc
nobis severissime exigant? Quale enim est istud,
la possession de ceste terre estoit une arre de la
quod esurientem iubemur inimicum pascere ? eius
bonté de Dieu et sa largesse, il ne nous faut
boves et asinos errantes in viam dirigere, aut oneri
esmerveiller s'il leur a voulu testifier sa grace en
succumbentes sublevare ? Belluisne in eius gratiam
leur promettant longue vie par laquelle ils pouvoyent
benefaciemus, nulla in ipsum benevolentia? Quid?
plus longuement iouyr de son benefice. C'est donc
annon aeternum est verbum Domini, Mihi vindictam,
comme s'il disoit, Honnoré pere et mere, afin qu'en
et ego rependam? Quod alibi quoque explicatius
vivant longuement tu puisses iouyr plus long
habetur, Non quaeras ultionem, nec memor eris
de la terre laquelle te sera pour tesmoignage de ma
iniuriae civium tuorum. Aut haec obliterent ex Lege,
grace. Au reste, pource que toute la terre est benite
aut Dominum Legislatorem fuisse agnoscant, non
aux fideles, à bon droit nous mettons la vie presente
consiliarium fuisse mentiantur.
entre les benedictions de Dieu. Parquoy, entant que
necessariam
obedientiam
ad
grande
recommandation,
afin
de
nous
temps
la longue vie nous est argument de la benevolence
de
Dieu
sur
nous,
ceste
promesse
aussi
nous
appartient: car la longue vie ne nous est point
promise, comme elle n'a point esté promise aux
Iuifs, pource qu'elle contient en soy beatitude: mais
pource que c'est aux iustes une enseigne de la
bonté de Dieu. S'il advient donc que quelque enfant
bien
2.8.57.
obeissant
à
ses
parens
trespasse
en
sa
ieunesse (comme souvent il advient) Dieu ne laisse
Et quid haec, quaeso, sibi volunt quae ausi sunt
pas de demeurer constant en sa promesse: mesmes
insulso glossemate illudere? Diligite inimicos vestros:
ne l'accomplit pas moins que s'il donnoit cent arpens
benefacite
vos:
de terre à quelcun auquel il en auroit promis deux
benedicite iis quis vos execrantur: ut sitis filii Patris
arpens. Le tout gist en cela, que la longue vie nous
vestri
est
iis
qui
orate
est
in
pro
persequentibus
caelis
.
Quis
non
hic
cum
icy
promise
entant
qu'elle
est
benediction:
Chrysostomo ratiocinetur, ex tam necessaria causa
davantage qu'elle est benediction de Dieu, entant
probe
sed
qu'elle nous testifie sa grace, laquelle il declaire à
ubi
ses serviteurs cent mille fois plus en la mort.
constare
praeceptiones
?
non
esse
Quid
nobis
exhortationes,
amplius
restat,
expungimur e numero filiorum Dei? At secundum eos
filii Patris caelestis erunt soli monachi, soli Deum
Patrem audebunt invocare. Quid interim Ecclesia?
Eodem iure relegabitur ad Gentiles et publicanos.
Dicit enim Christus, Si amicis vestris estis benevoli,
quam inde gratiam expectatis? annon Gentes et
publicani idem faciunt ? Bene vero nobiscum agetur
2.8.38.
si Christianorum titulus nobis relinquatur, caelestis
Au
contraire,
quand
le
Seigneur
promet
sa
regni adimatur haereditas. Nec minus firmum est
benediction en la vie presente à ceux qui se seront
Augustini argumentum, Quum scortari, inquit ille,
rendus obeissans à peres et à meres, semblablement
Dominus vetat, non inimici minus quam amici uxorem
il signifie que sa malediction adviendra à tous ceux
attingere
qui
prohibet:
quum
furtum
interdicit,
nihil
auront
esté
desobeissans:
et
afin
que
son
omnino furari permittit, sive ab amico, sive ab
iugement soit executé, il ordonne en sa Loy qu'on
inimico . Haec autem duo, Non furari, et Non
en face iustice: et s'ils eschappent de la main des
scortari, ad dilectionis regulam revocat Paulus: imo
hommes en quelque maniere que ce soit, il en fera
docet sub hoc mandato contineri, Diliges proximum
la vengeance. Car nous voyons de ceste maniere de
tuum
Legis
gens, combien il en meurt ou en guerres, ou en
interpretem fuisse Paulum oportet, aut necessario
noises, ou en autre façon: tellement qu'on apperçoit
hinc conficitur, diligendos quoque esse inimicos ex
que
praecepto, quemadmodum amicos. Vere itaque se
malheureusement.
filios Satanae esse produnt qui commune iugum
eschappent iusques à la vieillesse, veu qu'estans
filiorum Dei excutiunt adeo licentiose. Dubites autem
privez en ceste vie de la benediction de Dieu, ils ne
maiorine
dogma
font que languir, et pour l'advenir sont reservez à
evulgarint. Nemo enim veterum est qui non tanquam
plus grand' peine, il s'en faut beaucoup qu'ils soyent
de re certa pronuntiet haec esse mera praecepta. Ne
participans de ceste promesse. Pour faire fin, il faut
Gregorii quidem aetate dubitatum de eo fuisse, ex
brievement noter qu'il ne nous est point commandé
secura
d'obeir à nos parens sinon en Dieu (Ephes. 6, 1): ce
sicut
teipsum
stupiditate
eius
.
an
Ergo
aut
impudentia
asseveratione
liquet;
falsum
istud
nam
citra
Dieu
y
besoigne,
Et
si
les
aucuns
faisant
y
en
mourir
a
qui
controversiam pro praeceptis habet. Et quam stolide
qui n'est point obscur par le fondement que nous
ratiocinantur?
grave
avons mis: car ils president sur nous entant que
Christianis. Quasi vero gravius quicquam excogitari
Dieu les a eleus, leur communiquant quelque portion
possit quam diligere Deum ex toto corde, ex tota
de son honneur. Pourtant la suiettion qui leur est
anima, ex totis viribus. Prae ista Lege nihil non
rendue,
facile haberi debeat, sive diligendus inimicus, sive
conduire à la reverence de luy, qui est le souverain
omnis
vindictae
Pere: parquoy s'ils nous veulent faire transgresser
Omnia
certe
difficilia,
Onus,
inquiunt,
cupiditas
nostrae
vel
ad
esset
ex
animis
imbecillitati
minimum
nimis
deponenda.
ardua
usque
sunt
Legis
doit
estre
comme
un
degré
pour
nous
et
sa Loy, ce n'est pas raison que nous les ayons pour
apicem.
peres, mais nous doyvent estre lors pour estrangiers
Dominus est in quo virtutem facimus; det ille quod
qui
iubet, et iubeat quod velit. Sub Lege gratiae esse
nostre vray Pere. Il faut avoir un mesme iugement
Christianos, non est effraenate sine Lege vagari, sed
de nos Princes, seigneurs et superieurs: car ce
Christo
seroit
insitos
de
l'obeissance
de
spiritu
Legem
preeminence vausist quelque chose pour abbaisser la
habeant in cordibus inscriptam. Hanc gratiam, Legem
hautesse de Dieu, veu qu'elle en depend: et la doit
improprie vocavit Paulus, alludens ad Legem Dei, cui
plustost
per contentionem eam opponebat: isti in nomine
violer.
sint,
et
gratia
destourner
Legis
liberi
cuius
veulent
a
maledictione
esse,
nous
cuius
une
chose
trop
augmenter,
desraisonnable,
qu'amoindrir:
que
confermer,
leur
que
Legis de nihilo philosophantur.
LE SIXIEME COMMANDEMENT.
Tu n'occiras point.
2.8.39.
La fin est, d'autant que Dieu a conioint en unité
tout le genre humain, que le salut et la conservation
de tous doit estre en recommandation à un chacun.
Parquoy en somme, toute violence et iniure et
nuisance, par laquelle le corps de nostre prochain
est blessé, nous est interdite. De là nous faut venir
au
commandement:
c'est
que
si
nous
pouvons
quelque chose pour conserver la vie de nostre
2.8.58.
prochain, il nous y faut fidelement employer tant en
Eiusdem
est
rationis
quod
peccatum
veniale
procurant
les
choses
qui
y
appartiennent,
qu'en
nuncuparunt, cum occultam impietatem, quae primae
obviant à tout ce qui y est contraire: pareillement
tabulae
mandati
s'ils sont en quelque danger ou perplexité, de leur
esse
aider et subvenir. Or s'il nous souvient que Dieu est
cupiditatem sine deliberato assensu, quae non diu
le Legislateur qui parle en cest endroit, il faut
cordi insideat. Ego autem ne subire quidem posse
penser qu'il donne ceste reigle à nostre ame: car ce
dico,
seroit chose ridicule que celuy qui contemple les
adversatur,
praevaricationem.
nisi
ob
tum
Sic
defectum
directam
enim
eorum
ultimi
definiunt,
quae
in
Lege
requiruntur.
deos.
Quum
perculsa,
alio
icelles,
cupidine
alio
corps: parquoy l'homicide du coeur est ici defendu,
transferendae suae beatitudinis incessitur: unde isti
et nous est commandée l'affection interieure de
quamlibet evanidi motus, nisi quia est aliquid in
conserver la vie de nostre prochain. Car combien
anima vacuum ad recipiendas eiusmodi tentationes?
que la main enfanté l'homicide, toutesfois le coeur le
Ac ne longius argumentum protrahatur, praeceptum
conçoit, quand il est entaché d'ire et de haine.
est de diligendo Deo ex toto corde, ex tota mente,
Regarde si tu te peux courroucer à ton frere, que tu
ex tota anima; nisi ergo omnes animae potentiae in
n'appetes de luy nuire: si tu ne te peux courroucer,
Dei amorem intenduntur, iam discessum est a Legis
aussi ne le peux-tu hair que tu n'ayes ce mesme
obedientia;
desir, veu que haine n'est qu'ire enracinée, combien
mens
Vetamur
alienos
diffidentiae
circumspectat,
machinis
quum
quia
habere
Deo
subita
non
bene
stabilitum
in
pensées du coeur, et s'arreste principalement à
n'instruysist
à
vraye
iustice
que
nostre
conscientia nostra thronum arguunt qui illic insurgunt
que
adversus
edicta
obliques d'eschapper, il est certain que haine et ire
interpellant. Mandatum vero ultimum proprie huc
ne peuvent estre sans cupidité de mal faire. Si tu
pertinere
animi
veux encore tergiverser, desia il a esté prononcé par
aliquod desiderium? iam concupiscentiae rei tenemur,
le sainct Esprit, que tout homme qui hait son frere
ac
quia
en son coeur, est homicide. Il est prononcé par la
Dominus non tantum deliberare et machinari quod sit
bouche de Christ, que celuy qui hait son frere, est
in iacturam alterius vetat, sed concupiscentia etiam
coulpable
stimulari
transgressioni
courroux, est coulpable d'estre condamné par tout le
maledictio Dei semper incumbit. Non est igitur quod
Consistoire: quiconques luy dit iniure, est coulpable
vel levissimas cupiditates iudicio mortis eximamus.
de la gehenne du feu (1 Iean 3, 15; Matth. 5, 22).
In
simul
regnum
eius
hostes,
demonstratum
constituimur
et
aestuare.
aestimandis
est.
Pupugit
Legis
nos
transgressores:
Legis
peccatis,
eiusque
vero
inquit
Augustinus,
tu
dissimules
de
et
iugement:
taschés
qui
par
monstre
couvertures
signe
de
non
afferamus stateras dolosas, ubi appendamus quod
volumus, et quomodo volumus, pro arbitrio nostro,
dicentes, hoc grave, hoc leve est: sed afferamus
stateram divinam de Scripturis sanctis, tanquam de
thesauris
Dominicis:
et
gravius
L'Escriture noté deux raisons, sur lesquelles est
appendamus: imo non appendamus, sed a Domino
fondé ce precepte: c'est que l'homme est image de
appensa
Scriptura?
Dieu: puis aussi est nostre chair. Pourtant si nous
certe dum Paulus stipendium peccati mortem vocat,
ne voulons violer l'image de Dieu, nous ne devons
sibi putidam hanc distinctionem incognitam fuisse
faire aucune offense à nostre prochain: et si nous ne
ostendit. Quum plus iusto proclives ad hypocrisin
voulons renoncer toute humanité, nous le devons
simus, fomentum hoc addi minime oportuit quod
entretenir comme nostre propre chair. L'exhortation
torpidas conscientias mulceret.
qui se peut tirer pour cela du benefice de la
recognoscamus
in
.
illa
Quid
quid
autem
sit
2.8.40.
redemption de Christ, sera traitée ailleurs : mais le
Seigneur a voulu que nous considerions naturellement
ces deux choses ia dites en l'homme, lesquelles
nous induisent à luy bien faire: c'est qu'en un
chacun nous revenons son image, laquelle y est
imprimée: et aimions nostre propre chair. Parquoy
celuy qui s'est abstenu d'efíusion de sang, n'est pas
2.8.59.
pourtant innocent du crime d'homicide. Car quiconque
Utinam reputarent quid sibi velit illud Christi
ou commet par oeuvre, ou s'efforce et estudié, ou
dictum, Qui transgressus fuerit unum ex mandatis
conçoit en son coeur aucune chose contraire au bien
istis
nullus
de son prochain, est tenu de Dieu pour homicide.
habebitur in regno caelorum . An ex eo numero non
D'autrepart, sinon que nous nous employons selon
sunt,
extenuare
nostre faculté et l'occasion qui nous sera donnée, à
audent acsi digna morte non esset? Atqui oportuerat
bien faire à nostre prochain, par telle cruauté nous
considerare, non simpliciter quid praecipiatur, sed
transgressons ce precepte. Or si le Seigneur se
quisnam sit ille qui praecipit, quia in qualicunque
soucie tant du salut corporel d'un chacun, de cela
mandatae
ab
eius
nous pouvons entendre combien il nous oblige à
authoritati
derogatur.
Dei
procurer le salut des ames, lesquelles sont sans
minimis,
dum
et
docuerit
Legis
sic
homines,
transgressionem
eo
Legis
An
ita
transgressiuncula
illis
parum
est
maiestatem ulla in re violari? Deinde si suam in
Lege
voluntatem
contrarium
est,
exposuit
illi
Deus,
displicet.
An
quicquid
iram
comparaison plus precieuses devant luy.
Legi
Dei
sic
exarmatam fingent ut non mortis vindicta protinus
LE SEPTIEME COMMANDEMENT.
Tu ne paillarderas point.
consequatur? Neque ipse obscure pronuntiavit (si
vocem eius exaudire in animum potius inducerent,
quam claram veritatem insipidis suis argutationibus
obturbare).
Anima
morietur
Item
chasteté, que toute immondicité doit estre loin de
Stipendium
nous. La somme donc sera, que nous ne soyons
peccati, mors . Isti autem quod peccatum esse
entachez d'aucune souillure, ou intemperance de la
fatentur, quia negare nequeunt, mortale tamen non
chair. Á quoy respond le precepte affirmatif: c'est
esse contendunt. Sedenim quia plus satis hactenus
que nostre vie en toutes ses parties soit reiglee à
insaniae
aliquando
chasteté et continence. Or il defend nommément
resipiscere. Quod si delirare perseverant, illis valere
paillardise, à laquelle tend toute incontinence: afin
iussis, habeant filii Dei, omne peccatum mortale
que par la turpitude et deshonnesteté qui est en
esse: quia est adversus Dei voluntatem rebellio, quae
paillardise plus apparente et plus enorme, entant
eius
Legis
qu'elle deshonnoré nostre corps, il nous rende toute
praevaricatio, in quam edictum est sine exceptione
incontinence abominable: pource que l'homme a esté
Dei iudicium: Sanctorum delicta venialia esse, non ex
creé à ceste condition, de ne vivre point solitaire,
suapte natura, sed quia ex Dei misericordia veniam
mais avoir une aide semblable à soy: davantage, que
consequuntur.
par la malediction du peché il a esté encores plus
iram
quod
indulserunt,
necessario
quae
nuper
discant
provocat:
peccaverit,
La fin est, pource que Dieu aime pureté et
ipsa
.
(inquit)
2.8.41.
citavi,
saltem
quia
est
assuietty à ceste necessité: d'autant qu'il estoit
expedient, le Seigneur nous a donné remede en cest
endroit, en instituant le mariage: lequel apres l'avoir
ordonné
de
son
authorité,
l'a
sanctifié
de
sa
benediction. Dont il appert que toute compagnie
d'homme et de femme hors mariage est maudite
2.9. Christum, quanvis sub Lege Iudaeis cognitus
devant luy: et que la compagnie de mariage nous est
fuerit, tamen Evangelio demum exhibitum fuisse.
donnée pour remede de nostre necessité, afin que
nous ne laschions la bride à nostre concupiscence.
2.9.1.
Ne nous flattons point donc, quand nous oyons que
Quia non frustra Deus iam olim per expiationes
et sacrificia voluit se Patrem testari, nec frustra
l'homme ne peut cohabiter avec la fenune hors
mariage, sans la malediction de Dieu.
populum electum sibi consecravit: iam tunc haud
dubie in eadem imagine cognitus est in qua nunc
pleno
fulgore
nobis
apparet.
Ideo
Malachias,
postquam Iudaeos ad Legem Mosis iussit attendere,
et in eius studio perseverare (quia post eius mortem
futura erat aliqua muneris Prophetici interruptio)
2.8.42.
mox denuntiat exoriturum esse solem iustitiae .
Or comme ainsi soit que nous ayons doublement
Quibus verbis admonet, Legem in hoc valere ut pios
mestier
in expectatione venturi Christi contineat: eius tamen
condition de nostre premiere nature, que pour le
adventu
Hac
vice qui y est survenu, et que de cela nul ne soit
ratione Petrus Prophetas dicit fuisse sciscitatos et
excepté, sinon celuy à qui Dieu a fait parculierement
sedulo
per
grace qu'un chacun regarde bien ce qui luy est
Evangelium patefacta est: et fuisse illis revelatum
donné. Ie confesse bien que virginité est une vertu
quod non sibi vel suo seculo, sed nobis ministrarent
qui n'est pas à mespriser: mais d'autant qu'elle n'est
ea quae per Evangelium annuntiantur . Non quod
pas donnée a chacun, et aux autres elle n'est donnée
inutilis fuerit veteri populo eorum doctrina, vel ipsis
que
etiam nihil profuerit: sed quia thesauro potiti non
d'incontinence, et ne la peuvent surmonter, doyvent
sunt, quem nobis transmisit Deus per eorum manum.
recourir au remede de mariage, afin de garder
Nam hodie nobis ante oculos familiariter proponitur
chasteté selon le degré de leur vocation. Car si ceux
gratia de qua testificati sunt: et quum eam modice
qui
delibaverint, uberior nobis offertur eius fruitio. Ideo
continence) ne subviennent à leur fragilité par le
Christus, qui se testimonium a Mose habere asserit ,
remede qui leur est offert et permis de Dieu, ils
gratiae
tamen
resistent à Dieu et à son ordonnance. Et ne faut que
extollit.
Nam
longe
plus
inquisivisse
lucis
de
salute
mensuram
qua
quae
Iudaeos
nunc
superamus
n'ont
un
temps,
point
receu
assavoir
ceux
un
qui
tel
tant
sont
don
pour
la
tormentez
(i'enten
de
oculi qui vident quae videtis: et beatae aures quae
de faire, que par l'aide de Dieu il pourra toutes
audiunt
et
choses: car ceste aide n'est point donnée sinon à
Prophetae hoc optarunt, nec adepti sunt . Haec non
ceux qui cheminent en leurs voyes, c'est à dire en
parva est revelationis Evangelicae commendatio, quod
leur vocation: de laquelle se destournent tous ceux
sanctis Patribus, qui rara pietate excelluerunt, nos
qui en delaissans les moyens que Dieu leur baille,
Deus praetulit. Cui sententiae minime repugnat alter
veulent par folle temerité surmonter leur necessité
locus, ubi dicitur Abraham vidisse diem Christi, et
(Ps.
gaudio exultasse . Quia etsi obscurior fuit intuitus
continence est un don singulier, lequel n'est point
rei procul remotae: nihil tamen ad bene sperandi
donné indifferemment à tout le corps de son Eglise,
certitudinem defuit: unde laetitia illa quae sanctum
mais à bien peu de ses membres. Car il nous
Patriarcham ad mortem usque comitata est. Neque
propose un certain genre d'hommes, lequel s'est
vox
vidit
chastré pour le royaume des cieux: c'est à dire pour
unquam, unigenitus qui est in sinu Patris, enarravit
vaquer plus librement à servir à la gloire de Dieu
illa
Iohannis
auditis.
Multi
Baptistae,
Beati
pour
remede:
quelcun obiecte ici ce qu'ont accoustumé plusieurs
vos
alloquens,
esse.
ce
(inquit)
quae
discipulos
sperandum
de
enim
Deum
Reges
nemo
91,
1.
14).
Le
Seigneur
prononce
que
nobis , pios qui ante mortui fuerant excludit a
(Matth. 19, 12). Et afin que nul ne pensast que cela
societate
in
fust en nostre vertu, il avoit auparavant dit que tous
nostra
n'en sont point capables, mais tant seulement ceux
comparans, mysteria quae sub umbris obscure tantum
ausquels il est donné du ciel. Dont il conclud que
speculati
esse:
celuy qui en pourra user, en use. Sainct Paul
quemadmodum probe explicat author epistolae ad
enseigne le mesme plus clairement, quand il dit
Hebraeos,
qu'un chacun a receu sa propre grace de Dieu, l'un
Christi
intelligentiae
persona:
sed
sunt,
et
illorum
docet
multifariam
lucis
sortem
nobis
et
quae
refulget
cum
manifesta
multis
modis
loquutum
fuisse olim per Prophetas, nunc vero per dilectum
en une sorte, l'autre en l'autre (1 Cor. 7, 7).
Filium . Quanvis ergo unigenitus ille, qui nobis hodie
est splendor gloriae et character substantiae Dei
Patris, olim Iudaeis innotuerit, sicuti alibi citavimus
ex Paulo, fuisse antiquae liberationis ducem, verum
tamen est quod alibi tradit idem Paulus, Deum qui
iussit e tenebris lumen splendescere, nunc illuxisse
cordibus nostris, ad illustrandum notitiam gloriae Dei
in facie Iesu Christi ; quia ubi apparuit in hac sua
imagine,
quodammodo
advertis qu'il n'est pas en la puissance d'un chacun
obscura et umbratilis ante fuerat eius species. Quo
de garder chasteté hors mariage, mesme qu'on y
turpior et magis detestabilis est eorum ingratitudo ac
eust devotion, et qu'on s'efforçast de le faire: puis
pravitas, qui hic in meridie caecutiunt. Et ideo
aussi qu'il nous est denoncé, que c'est une grace
mentes
eorum
Paulus,
ne
Satana
cernant
fecit
visibilem,
Puis donc que nous sommes si expressement
praeut
a
se
2.8.43.
obtenebratas
gloriam
Christi,
interposito, in Evangelio refulgentem.
esse
dicit
speciale de Dieu, laquelle il ne donne qu'à certaines
nullo
velo
personnes, à fin de les avoir plus promptes et plus
à delivre à son service: ne combatons nous point
contre Dieu et contre la nature qu'il a instituée, si
nous n'accommodons nostre façon de vivre à la
mesure de nostre faculté? Dieu defend paillardise en
ce commandement: il requiert donc de nous pureté
et chasteté. Or le seul moyen de la garder est,
qu'un
chacun
regarde
sa
povreté:
que
nul
ne
mesprise le mariage comme inutile ou superflu: que
nul ne desire de s'en passer, sinon qu'il se puisse
abstenir de femme: que nul ne regarde en cest
endroit, ou son repos, ou sa tranquillité charnelle,
mais qu'il cherche seulement d'estre mieux disposé à
servir à Dieu, estant depesché de tout lien qui l'en
puisse distraire. Davantage, pource que plusieurs
n'ont le don de continence: sinon pour un temps,
comme nous avons dit, que celuy qui l'a, s'abstienne
de se marier cependant qu'il s'en peut passer, et
non plus. Si la force luy defaut pour domter et
veincre la concupiscence de sa chair, qu'il entende
2.9.2.
par cela que Dieu luy impose necessité de se
Porro
mysterii
marier:
quatenus
commande qu'un chacun pour eviter paillardise ait sa
Evangelium vocatur a Paulo doctrina fidei , eius
femme, et qu'une chacune femme ait son mari. Item,
partes censeri quaecunque passim in Lege occurrunt
que celuy qui ne se peut contenir, se marie en Dieu
promissiones
remissione,
(1 Cor. 7, 2. 9). Premierement il signifie par cela,
quibus sibi Deus reconciliat homines. Fidem enim
que la pluspart des hommes est suiette au vice
terroribus illic opponit, quibus angitur et vexatur
d'incontinence: secondement, il n'en excepté nul de
conscientia, si ex operibus petenda sit salus. Unde
ceux qui y sont suiets, qu'il ne commande à tous de
sequitur, vocem Evangelii large sumendo, sub ea
recourir à ce remede unique qu'il propose pour
comprehendi quae olim testimonia Deus misericordiae
obvier
suae paternique favoris Patribus dedit; verum per
contient, s'il mesprise de remedier à son infirmité
excellentiam aptari dico ad promulgationem exhibitae
par
in Christo gratiae; idque non modo communi usu
n'obtempere point à ce commandement de l'Apostre.
receptum
Et
Christi
Evangelium
accipio
manifestatione.
de
est,
Fateor
gratuita
sed
pro
a
clara
certe,
peccatorum
Christi
et
Apostolorum
ce
à
ce
que
demonstre
impudicité.
moyen,
ne faut
pas
il
l'Apostre,
Parquoy,
peche:
que
quiconque
mesme
celuy
quand
qui
en
se
ne
ce
il
se
qu'il
contient
de
authoritate pendet . Unde proprium hoc illi tribuitur,
paillarder actuellement, se flatte comme s'il n'estoit
ipsum
Marcus
point coulpable d'impudicité, si son coeur bruslé de
praefatur hoc modo, Initium Evangelii Iesu Christi .
mauvaise concupiscence. Car sainct Paul definit que
Nec vero opus est locos colligere quibus probetur
la vraye chasteté contient pureté de l'ame, avec
res satis superque nota. Suo igitur adventu Christus
l'honnesteté du corps: Celle, dit-il, qui est hors
vitam et immortalitatem illustravit per Evangelium .
mariage, pense à Dieu comment elle sera saincte de
Quibus verbis non intelligit Paulus demersos fuisse
corps et d'esprit (1 Cor. 7, 34). Et pourtant, quand
Patres in tenebris mortis, donec carnem indueret
il adiouste la raison pour confermer ceste sentence,
Filius Dei: sed hanc praerogativam honoris Evangelio
que celuy qui ne se peut contenir se doit marier: il
vendicans, novum et insolitum legationis genus fuisse
ne dit pas seulement qu'il est meilleur de prendre
docet, qua Deus quae pollicitus fuerat praestitit: ut
une femme, que de souiller son corps avec une
in Filii persona extaret promissionum veritas. Nam
paillarde: mais qu'il est meilleur de se marier, que
etsi semper experti sunt fideles verum esse illud
de brusler.
praedicasse
Evangelium
regni.
Et
Pauli, In Christo omnes promissiones esse etiam et
amen : quia eorum cordibus fuerunt obsignatae: quia
2.8.44.
tamen omnes nostrae salutis numeros in carne sua
Maintenant si les gens mariez recognoissent que
implevit, viva ipsa rerum exhibitio iure novum et
leur compagnie est benite de Dieu, cela les doit
singulare praeconium obtinuit. Ex quo illud Christi,
admonnester
Posthac videbitis caelos apertos, et Angelos Dei
intemperance dissolue. Car combien que l'honnesteté
ascendentes ac descendentes super Filium hominis .
du mariage couvre la honte d'incontinence, ce n'est
Etsi enim alludere videtur ad scalam in visione
pas à dire que c'en doyve estre une incitation.
ostensam
tamen
Pourtant ils ne doyvent pas penser que toutes
quod ianuam
choses leur soyent licites, mais un chacun se doit
adventus
caelorum
ingressus.
Patriarchae
Iacob,
sui commendat
nobis
aperuerit
praestantiam
hac
ut
nota,
familiaris
pateat
tenir
de
sobrement
mutuellement
tellement
ne
avec
avec
qu'ils
ne
la
sa
son
facent
point
femme,
mari:
rien
contaminer
et
se
la
par
femme
gouvernans
contraire
à
la
saincteté du mariage. Car ainsi doit estre reiglee, et
à telle modestie se doit reduire l'ordonnance de
Dieu: et non pas se desborder en dissolution. Sainct
Ambroise reprenant ceux qui abusent du mariage en
intemperance lascive, use d'un mot assez dur, mais
non pas sans propos: c'est, qu'il appelle ceux qui ne
2.9.3.
gardent nulle modestie ne honte, Paillards de leurs
Cavendum
Serveti,
tamen
qui
a
diabolica
femmes.
Finalement,
il
nous
faut
regarder
quel
paillardise:
c'est
Christi
velle
fingit,
assavoir celuy qui nous possede entierement. Et
promissiones in totum abolet, quasi finem simul cum
pourtant à bon droit requiert de nous integrité, tant
Lege acceperint. Obtendit, fide Evangelii nobis afferri
au corps qu'en l'ame et en l'esprit. Quand donc il
promissionum
defend
vult,
magnitudinem
imaginatione
gratiae
extollere
dum
est
vel
saltem
omnium
se
complementum.
Quasi
vero
Legislateur
de
c'est
qui
condamne
paillardes
il
defend
aussi,
ou
par
gestes
et
nulla sit inter nos et Christum distinctio. Admonui
habillemens
quidem nuper, Christum nihil reliquum fecisse ex
contenances
tota
perperam
tendre à induire les autres à mal. Car un Philosophe
infertur, beneficiis ab ipso partis nos iam potiri: acsi
nommé Archelaus ne dit point sans raison à un
falsum illud Pauli esset, salutem nostram in spe esse
ieune homme trop delicatement vestu, que c'estoit
absconditam.
Christum
tout un en quelle partie du corps il monstrast son
credendo, simul transire a morte in vitam; sed
impudicité: cela, di-ie, a raison devant Dieu, lequel
tenendum interea est illud Iohannis, quanvis sciamus
a en abomination toute ordure, en quelque partie
nos esse filios Dei, sed nondum apparuisse, donec
qu'elle soit, ou de l'ame, ou du corps. Et à fin que
similes ei erimus: dum scilicet eum videbimus qualis
nul ne doute de cela, considerons que Dieu nous
est. Quanvis ergo praesentem spiritualium bonorum
commande
plenitudinem nobis in Evangelio Christus offerat,
condamne tout ce qui y contrarie. Parquoy si nous
fruitio tamen sub custodia spei semper latet, donec
voulons obeir à ce commandement, il ne faut point
corruptibili carne exuti, transfiguremur in eius qui
que le coeur bruslé interieurement de mauvaise
nos
concupiscence, ou qùe le regard soit impudique, ou
salutis
nostrae
Fateor
praecedit
recumbere
summa:
quidem
sed
nos,
gloriam.
Interea
iubet
Spiritus
nos
ex
in
in
promissiones
sanctus,
immodestes,
ou
impudiques, ou
ici
chasteté:
s'il
par
par
l'a
vileines
parolles
commandée,
il
cuius
que la face soit orné o comme pour maquerelages,
authoritas compescere apud nos debet latratus omnes
ou que la langue par vileines parolles attire à
impuri illius canis. Nam teste Paulo, pietas tam
paillardise, ou que la bouche par intemperance en
futurae quam praesentis vitae promissionem habet :
donne matiere : car tous ces vices sont comme
qua ratione iactat se Apostolum Christi secundum
macules par lesquelles chasteté et continence est
promissionem vitae quae in ipso est . Et alibi nos
entachee, et sa pureté est souillée.
easdem habere promissiones admonet , quibus olim
donati
fuerunt
summam
sancti.
statuit,
quod
Denique
obsignati
hanc
foelicitatis
simus
Spiritu
promissionis sancto. Nec vero aliter Christo fruimur,
nisi quatenus eum amplectimur promissionibus suis
vestitum. Quo fit ut habitet ipse quidem in cordibus
nostris, et tamen ab ipso peregrinemur: quia per
LE HUITIEME COMMANDEMENT.
Tu ne desrobberas point.
fidem ambulamus, et non per aspectum. Nec male
inter se conveniunt haec duo, nos possidere in
Christo
quicquid
ad
caelestis
vitae
2.8.45.
La
fin
est,
pource
que
toute
iniustice
est
perfectionem
desplaisante à Dieu, que nous rendions à un chacun
spectat, et tamen fidem esse visionem bonorum quae
ce qui luy appartient. La somme donc sera, qu'il
non videntur. Tantum in natura promissionum vel
nous defend de tascher à attirer à nous les biens
qualitate notandum est discrimen: quia Evangelium
d'autruy:
et
digito monstrat quod Lex sub typis adumbravit.
employer
fidelement
pourtant
nous
à
commande
conserver
le
de
nous
sien
à
un
chacun. Car il nous faut estimer que ce qu'un chacun
possede, ne luy est point advenu par cas fortuit,
mais par la distribution de celuy qui est le souverain
maistre et Seigneur de tout: et à ceste raison qu'on
ne peut frauder personne de ses richesses, que la
dispensation de Dieu ne soit violée. Or il y a
plusieurs especes de larrecin: l'une gist en violence,
quand
par
force
et
quasi
par
une
maniere
de
briganderie, on voile et pille le bien d'autruy: l'autre
gist en fraude et malice, quand çauteleusement on
apovrit son prochain, en le trompant et decevant:
l'autre en une astuce encore plus couverte, quand
2.9.4.
sous couleur de droit on prive quelcun de ses biens:
Hinc etiam convincitur eorum error, qui Legem
l'autre en flatterie, quand par belles parolles on
nunquam aliter Evangelio conferunt, quam operum
attire
merita gratuitae imputationi iustitiae. Est quidem
autrement, ce qui devoit appartenir à un autre. Mais
haec antithesis minime repudianda: quia saepe Paulus
pour ne point trop nous arrester à raconter les
sub Legis nomine regulam iuste vivendi intelligit, qua
genres divers, il nous faut brievement noter que
Deus a nobis exigit quod suum est, nullam vitae
tous moyens dont nous usons pour nous enrichir au
spem faciens nisi omni ex parte obsequimur, ac
dommagé
vicissim
syncerité Chrestienne, laquelle doit estre gardée en
maledictione
addita
si
vel
minimum
à
soy,
ou
sous
d'autruy:
tiltre
quand
ils
de
donation
declinent
de
ou
la
deflectimus: nempe ubi disputat gratis nos placere
dilection,
Deo et per veniam iustos censeri, quia nusquam
d'astuce ou de toute autre nuisance, doyvent estre
invenitur Legis observatio, cui merces promissa est.
tenus pour larrecins. Car combien que ceux qui y
Apte igitur Paulus iustitiam Legis et Evangelii facit
procedent en telle façon, souventefois gagnent leur
inter se contrarias. Sed non ita successit Evangelium
cause devant le Iuge, neantmoins Dieu ne les a pour
toti Legi, ut diversam rationem salutis afferret: quin
autres que larrons, car il voit les embusches que
potius ut sanciret ratumque esse probaret quicquid
font de loin les fines gens pour attrapper les
illa promiserat, et corpus umbris adiungeret. Neque
simples
enim Christus, ubi dicit Legem et Prophetas fuisse
exactions que font les plus grans aux plus petits,
usque ad Iohannem, Patres maledictioni addicit, quam
pour les fouler: il voit combien sont venimeuses les
effugere non possunt servi Legis: sed rudimentis
flatteries don't usent ceux qui veulent emmieller
tantum
quelcun
imbutos
subsisterent
fuisse
significat,
ut
longe
infra Evangelicae doctrinae altitudinem.
viennent
et
en
se
leurs
pour
point
le
à
desvoyent
rets,
il
tromper:
la
à
voit
quelque
la
rigueur
lesquelles
cognoissance
obliquité
choses
des
des
ne
hommes.
Proinde Paulus, Evangelium appellans Dei potentiam
Davantage, la transgression de ce precepte ne gist
in
pas seulement en cela, quand on fait tort à quelcun
salutem
omni
testimonium
a
credenti
Lege
et
,
mox
addit
Prophetis.
In
habere
fine
vero
en son argent, en marchandise ou possession: mais
eiusdem epistolae quanquam praeconium Iesu Christi
aussi
revelationem esse tradit mysterii temporibus aeternis
fraudons nostre prochain de son bien, si nous luy
taciti, sententiam hanc addita explicatione mitigat,
denions les offices ausquels nous luy sommes tenus.
manifestatum
Parquoy si un receveur, ou metayer, ou fermier, au
Propheticas.
esse
Unde
docens
tota
que
ce
soit;
car
nous
agitur, Evangelium respectu dilucidae manifestationis
oisiveté, sans se soucier de procurer le bien de
tantummodo
propter
celuy qui le nourrit: s'il dissipe mal ce qui luy est
inaestimabilem gratiae affluentiam, quae nobis fuit in
commis, ou en abuse en superfluité: si un serviteur
Christo exposita, non abs re eius adventu dicitur
se moque de son maistre, s'il divulgue ses secrets,
erectum fuisse in terris caeleste Dei regnum.
s'il machine rien contre son bien ou sa renommée,
differre:
de
droit
lieu de veiller sur le bien de son maistre, rit en
ea
ubi
Scripturas
quelque
Lege
ab
colligimus,
per
en
caeterum
ou
sa
vie:
si
d'autrepart
le
maistre
traite
inhumainement sa famille, c'est larrecin devant Dieu.
Car celuy qui ne s'aquitte point envers les autres du
devoir
que
porte
sa
vocation,
retient
ce
qui
appartient à autruy.
2.8.46.
Nous obeirons donc au commandement, si estans
contens de nostre condition nous ne taschons à faire
2.9.5.
gain,
sinpn
qu'honneste
et
legitime:
si
nous
Iam inter Legem et Evangelium interpositus fuit
n'appetons point de nous enrichir, en faisant tort à
Iohannes, qui medium obtinuit munus, et utrique
nostre prochain: si nous ne machinons point de le
affine. Etsi enim Christum vocans agnum Dei et
destruire pour attirer à nous son bien: si nous ne
victimam
Evangelii
mettons point nostre estude à assembler richesses
protulit: quia tamen incomparabilem illam virtutem et
du sang ou de la sueur d'autruy: si nous n'attirons
gloriam quae demum enituit in resurrectione, non
point de çà et de là, à tort et à travers tout ce qu'il
explicuit: Christus Apostolis parem esse negat . Hoc
est
enim
filios
despendre en superfluité; mais au contraire si nous
mulierum excellat Iohannes, qui tamen minimus est
avons tousiours ce but d'aider à un chacun tant que
in regno caelorum, maiorem illo esse. Quia non
nous
hominum personas illic commendat: sed postquam
substance à conserver le sien, et s'il advient que
Iohannem
nous
expiandis
significant
peccatis,
eius
praetulit
verba,
omnibus
summam
quanvis
inter
Prophetis,
Evangelii
possible
pour
pouvons
ayons
de
à
remplir
nostre
faire
nostre
conseil
avec
avarice,
et
de
meschans
ou
nostre
gens
et
plustost
de
praedicationem in summum gradum attollit, quam
trompeurs,
alibi vidimus notari per regnum caelorum. Quod
quitter du nostre, que de combatre avec eux par
autem
ipse
mesme malice: et non seulement cela, mais quand
respondet , quasi Prophetis esset inferior, non facit
nous verrons aucuns en proveté, nous communiquions
hoc simulatae humilitatis causa, sed docere vult sibi
à leur indigence, et soulagions leur necessité par
se
vocem
tantum
esse
Iohannes
que
nous
soyons
prests
non mandatam esse propriam legationem, sed officio
nostre abondance. Finalement qu'un chacun regarde
apparitoris se defungi: sicuti a Malachia praedictum
en quoy il est obligé du devoir de son office envers
erat, Ecce mitto Eliam Prophetam antequam veniat
les autres, afin de s'acquiter loyaument. Par ceste
dies Iehovae magnus et terribilis . Nec vero aliud
raison, que le peuple porte honneur à ses superieurs,
toto ministerii sui cursu egit quam ut Christo pararet
se soumettant à eux de bon coeur, obeissant à leurs
discipulos. Sicuti etiam hoc sibi divinitus iniunctum
loix et commandemens, ne refusant rien qu'il puisse
esse ex Iesaia probat. Hoc sensu dictus est a
faire
Christo lucerna ardens et lucens : quia nondum
superieurs ayent soin et solicitude de gouverner leur
illuxerat plenus dies. Nec tamen hoc obstat quominus
peuple, de conserver la paix par tout, defendre les
numeretur inter Evangelii praecones, sicuti eodem
bons, chastier les mauvais, et gouverner comme
usus est Baptismo, qui postea traditus fuit Apostolis.
ayans à rendre conte de leur office à Dieu souverain
Sed quod exorsus est, nonnisi Christo in caelestem
Iuge. Que les Ministres ecclesiastiques administrent
gloriam recepto liberiore progressu per Apostolos
fidelement la parolle de Dieu, ne corrompans point la
completum est.
doctrine de salut, mais conservans la pureté d'icelle.
sans
offenser
Dieu:
d'autrepart,
que
les
Et que non seulement ils instruisent le peuple en
bonne doctrine, mais aussi en exemple de vie. Bref,
qu'ils president comme bons pasteurs sur les brebis:
d'autrepart,
messagiers
que
et
le
peuple
Apostres
de
les
Dieu,
reçoyve
leur
pour
rendant
l'honneur que nostre Seigneur leur attribue, et leur
donnant à vivre. Que les parens s'employent à
nourrir, instruire et gouverner leurs enfans, comme
leur estans commis de Dieu, ne les traitans point
2.10. De similitudine Veteris et Novi testamenti.
trop rigoureusement pour leur faire perdre courage,
mais
les
entretiennent
en
douceur
et
benignité
convenable à leur personne: comme il a esté dit, que
2.10.1.
mutuellement les enfans leur doyvent reverence et
Ex superioribus liquere iam potest, quoscunque ab
suiettion. Item, Que les ieunes portent honneur aux
initio mundi homines Deus in populi sui sortem
vieilles gens, comme nostre Seigneur a voulu cest
cooptavit, eadem lege atque doctrinae eiusdem quae
aage-là estre honnorable: et aussi que les anciens
inter nos viget vinculo fuisse ei foederatos; sed quia
taschent de dresser les ieunes par leur prudence, ne
non
vice
les traitans point par trop grande rigueur, mais
appendicis annectam, quum Patres eiusdem nobiscum
usans 'd'une gravité temperée avec douceur e fc
haereditatis fuerint consortes, et eiusdem Mediatoris
facilité. Que les serviteurs se rendent serviables à
gratia communem salutem speraverint, quatenus in
leurs maistres, et diligens à leur complaire et non
societate
conditio.
point seulement à l'oeil, mais aussi de coeur, comme
Quanquam autem quae ex Lege ac Prophetis ad eius
servans à Dieu. Que les maistres aussi ne se
probationem collegimus testimonia, palam faciunt non
rendent point trop difficiles et intraitables à leurs
aliam
parum
hac
unquam
pietatisque
multa
interest
diversa
fuisse
regulam:
saepe
caput
de
hoc
fuerit
in
quia
stabiliri,
eorum
Dei
populo
religionis
serviteurs, les opprimans de trop grande rigueur, ou
tamen
apud
scriptores
les traitans contumelieusement: mais plustost qu'ils
ac
les recognoissent pour freres et leurs compaignons
discrimine
Veteris
Novi
testamenti disputantur, quae scrupulum parum acuto
au
lectori
iniicere
Dieu,
afin
de
les
entretenir
melius
atque
humainement. Qu'en ceste maniere donc un chacun
peculiarem
locum
iure
repute ce qu'il doit à ses prochains, en son ordre et
alioqui
degré, et leur rende ce qu'il leur doit. Davantage il
futurum erat, necessarium nobis fecerunt prodigiosus
faut que tousiours nostre memoire soit dressée au
nebulo Servitus et furiosi nonnulli ex Anabaptistarum
Legislateur, afin qu'il nous souvienne que ceste
secta, qui non aliter de Israelitico populo sentiunt
reigle n'est pas moins ordonnée à l'ame qu'au corps:
quam
à ce qu'un chacun applique sa volonté à conserver et
discutiendae
destinabimus.
de
Quinetiam
aliquo
huic
de
rei
exactius
possint,
service
quod
porcorum
utilissimum
grege,
utpote
quem
nugantur a Domino in hac terra saginatum, citra
spem
ullam
caelestis
immortalitatis.
Hunc
avancer le bien et utilité de tous hommes.
ergo
pestiferum errorem ut arceamus a piis animis, simul
etiam ut difficultates omnes eximamus, quae, audita
diversitatis
mentione
testamentum,
inter
suboriri
Vetus
protinus
ac
Novum
solent,
LE NEUFIEME COMMANDEMENT.
Tu
ne
seras
point
faux
tesmoin
contre
ton
prochain.
obiter
inspiciamus quid simile, quidve diversum habeant,
quod
olim
adventum
cum
Israelitis
Dominus
foedus
pepigit,
et
ante
quod
Christi
nunc
eo
manifestato, percussit nobiscum.
2.8.47.
La fin est, pource que Dieu, qui est verité, a
mensonge en execration, qu'il nous faut garder verité
sans feintise. La somme donc sera, que nous ne
2.10.2.
blessions la renommée de personne par calomnies ou
Ac uno quidem verbo expediri utrunque potest.
faux rapports, ou que nous ne le grevions en sa
Patrum omnium foedus adeo substantia et re ipsa
substance par mensonges et faussetez. Bref que
nihil a nostro differt, ut unum prorsus atque idem
nous ne facions tort à personne, ny en mesdisant,
sit: administratio tamen variat. Sed quia ex tanta
ny en nous moquant. A ceste defense respond le
brevitate nemo certam intelligentiam assequeretur,
precepte affirmatif, que nous aidions à un chacun
longiorem explicationem, siquid prodesse volumus,
fidellement à maintenir la verité, soit pour conserver
persequi necesse est. Caeterum in similitudine vel
son bien ou sa renommée. Il appert que nostre
potius unitate ostendenda, singulas particulas, quae
Seigneur a voulu exposer le sens de ce precepte au
iam
vingttroisieme
expeditae
sunt,
ex
integro
retractare
supervacuum fuerit: miscere vero quae adhuc alibi
maintiendras
dicenda
conioindras
erunt,
intempestivum.
In
tribus
autem
chapitre
parolle
à
porter
d'Exode,
de
faux
disant,
mensonge:
et
tesmoignage
Tu
ne
ne
te
pour
le
maxime capitibus hic insistendum est, Primum ut
mensonge. Item, Tu fuiras tous mensonges (Ex. 23,
teneamus, non carnalem opulentiam ac foelicitatem,
1. 7). Et en un autre lieu non seulement il nous
metam fuisse Iudaeis propositam ad quam demum
defend d'estre rapporteurs, detracteurs et mesdisans,
aspirarent,
mais aussi de decevoir nostre frere: car il parle de
sed
in
spem
immortalitatis
fuisse
cooptatos: atque huius adoptionis fidem illis fuisse
l'un et de l'autre nommément (Lev. 19, 16). Certes
tum oraculis, tum Lege, tum Prophetiis certo factam.
il n'y a doute que comme cy dessus il a voulu
Deinde, foedus quo conciliati Domino fuerunt, nullis
corriger cruauté, impudicité et avarice: aussi qu'il
eorum meritis, sed sola Dei vocantis misericordia
veut ici reprimer fausseté, laquelle est comprise en
fuisse
et
ces deux parties que nous avons dites. Car ou en
cognovisse mediatorem Christum, per quem et Deo
mesdisant nous blessons la renommée de nostre
coniungerentur,
compotes
prochain, ou par mensonges et parolles obliques nous
forent. Ex quibus secundum, quia nondum forte satis
empeschons son profit. Or il ne peut challoir si on
innotuit, suo loco fuse demonstrabitur. Plurimis enim
entend ici tesmoignage solennel qui se rend en
ac luculentis Prophetarum testimoniis confirmabimus,
iugement, ou qui gist en parolles privées. Car il faut
a
tousiours là revenir, que d'un chacun genre de vices
suffultum.
mera
Tertium,
et
fuisse
et
habuisse
promissionum
bonitate
ac
ipsos
eius
indulgentia
quicquid
unquam Dominus populo suo benefecit ac promisit.
nostre
Tertium quoque suas habuit sparsim non obscuras
exemple, à laquelle il faut rapporter toutes les
demonstrationes. Ac ne primum quidem intactum
autres: davantage, qu'il choisit celle en laquelle il
reliquimus.
apparoit
Seigneur
plus
nous
de
propose
turpitude.
une
espece
Combien
qu'il
pour
faut
estendre ce commandement plus au large, assavoir à
toutes calomnies et detractions qui nuisent à nos
prochains, pource que iamais les faux tesmoignages
en iustice ne sont sans pariure. Or la defense a esté
faite des pariures au troisieme commandement de la
premiere Table, entant que le nom de Dieu y est
2.10.3.
In
profané. Maintenant nous voyons que pour bien
hoc
praesentem
ergo
explicando
luy conserver son estime que son profit. L'equité est
operam; sic tamen ut siquid aliorum explicationi
bien evidente: car si bonne renommée est plus
adhuc deest, obiter sufficiatur, vel opportuno deinde
precieuse que thresor quelconque, on ne fait point
loco addatur. Sane de omnibus dubitationem eximit
moindre tort à l'homme en luy ostant sa bonne
Apostolus, quum ait, Deum Patrem Evangelium, quod
estime,
de
d'autrepart, on fait aucune fois plus de dommage au
Filio
suo
secundum
de
ipso
observer ce precepte, il faut que nous facions servir
ponemus
faciunt)
et
causam
nostre bouche à nostre prochain en verité, tant pour
nobis
pertinet,
ad
plus
controversiae
maxime
(quia
intentiorem
tempus
destinatum
promulgavit, longe ante per Prophetas in Scripturis
sanctis promisisse . Item, fidei iustitiam quae per
Evangelium ipsum docetur, testimonium habere a
Lege et Prophetis . Evangelium siquidem hominum
corda non in praesentis vitae laetitia detinet, sed ad
spem
immortalitatis
evehit:
non
terrenis
deliciis
affigit, sed spem in caelo repositam annuntians, illuc
quodammodo
Posteaquam
Spiritu
transportat.
Evangelio
promissionis
haereditatis
nostrae,
Sic
enim
credidistis,
sancto,
in
qui
alibi
definit,
obsignati
est
redemptionem
estis
arrhabo
acquisitae
qu'en
le
despouillant
de
sa
prochain par mensonge que par larrecin.
substance;
possessionis . Item, Audivimus fidem vestram in
2.8.48.
Christo Iesu et charitatem erga sanctos: propter
Neantmoins c'est merveilles comment on ne se
spem vobis repositam in caelis, de qua audistis per
soucie point d'offenser en cest endroit: car il y en a
sermonem veracem Evangelii . Item, Vocavit nos per
bien peu qui ne soyent entachez bien fort de ce
Evangelium, in participationem gloriae Domini nostri
vice, comme tout le monde est enclin à esplucher et
Iesu Christi . Unde et verbum salutis et potentia Dei
descouvrir les vices d'autruy. Et ne faut penser que
ad salvandos fideles, et regnum caelorum nuncupatur.
ce soit excuse vallable, si nous ne mentons point;
Quod si spiritualis Evangelii doctrina, et ad vitae
car celuy qui defend de diffamer le prochain en
incorruptibilis
ne
mentant, veut que son estime soit conservée entant
putemus eos quibus promissum ac denuntiatum fuit,
qu'il se peut faire avec verité. Car combien qu'il ne
praeterita
captandis
defende sinon de la blesser par mensonge, toutesfois
obstupuisse.
en cela il signifie qu'il l'a en recommandation. Or il
Nec cavilletur hic quispiam, promissiones quae in
nous doit bien suffire, quand nous voyons que nostre
Lege et Prophetis de Evangelio sunt consignatae,
Seigneur prend, ceste solicitude, que nostre prochain
novo populo esse destinatas. Nam Paulo post quam
ne soit point diffamé. Parquoy toute detraction est
illud posuit de Evangelio in Lege promisso, subiicit,
icy condamnée sans doute. Par
quaecunque Lex continet, ad eos sine dubio proprie
entendons, non point reprehension qui se fait pour
dirigi qui sub Lege sunt . In alio quidem argumento
corriger l'homme: non point accusation iudiciaire, qui
fateor; sed non adeo erat obliviosus, ut quum diceret
se fait pour remedier aux vices: non point correction
ad Iudaeos vere pertinere quaecunque Lex docet, non
publique, qui se fait de quelcun pour donner crainte
cogitaret quid paucis ante versibus affirmasset de
aux autres: non point advertissement qu'on fait de la
Evangelio
ergo
meschanceté d'un homme, à ceux ausquels il est
demonstrat Apostolus ad futuram vitam praecipue
expedient de la cognoistre, afin de n'en estre point
spectasse testamentum Vetus, quum sub eo dicit
abusez: mais iniure odieuse, laquelle se fait de
Evangelii promissiones contineri.
mauvais
corporis
possessionem
neglectaque
voluptatibus
in
Lege
aditum
animae
instar
aperit,
cura,
in
pecudum
promisso.
Clarissime
vouloir
ou
de
Detraction nous
cupidité
de
mesdire.
Davantage, ce precepte s'estend iusques là, que nous
n'affections point une plaisanterie d'honnesteté, et
une grace de brocarder et mordre en riant les uns
et les autres, comme font aucuns, qui se bagnent
quand ils peuvent faire vergongne à quelcun: car par
telle
intemperance
souventesfois
quelque
marque
demeure sur l'homme qu'on a ainsi noté. Maintenant
si nous considerons le Legislateur, lequel ne doit pas
moins dominer sur les oreilles et sur les coeurs, que
sur les langues: nous cognoistrons qu'icy la cupidité
d'ouir les detracteurs, et la promptitude de leur
2.10.4.
Eadem
prester l'oreille et de croire legierement à leur
Dei
mauvais rapports, n'est pas moins defendue que de
intercessione
detracter, car ce seroit une moquerie, de dire que
fuisse confirmatum. Nam et Evangelica praedicatio
Dieu hait le vice de maledicence en la langue, et
nihil aliud quam paterna Dei indulgentia iustificari
qu'il ne reprouvast point la malignité du coeur.
misericordia
ratione
sequitur
constitisse,
et
et
Christi
gratuita
praeter suum meritum peccatores pronuntiat: et tota
Pourtant si nous portons vraye crainte et amour de
eius
Dieu,
summa
in
Christo
terminatur.
Quis
igitur
mettons
peine
tant
qu'il
est
possible
et
expertes Christi Iudaeos facere ausit, quibuscum
expedient, et entant que la charité requiert, de ne
audimus fuisse percussum Evangelii foedus, cuius
point adonner ne les oreilles, ne la langue à blasme,
unicum
fundamentum
reddere
a
Christus
gratuitae
administratam
fuisse
est?
salutis
Quis
alienos
detraction
ou
beneficio,
quibus
facilement
lieu
nostre
ne
donner
coeur
à
point
mauvaises
suspitions: mais prenans en bonne part les faits et
doctrinam? Ac ne diu de re liquida disceptemus,
dits de tout le monde, conservons en toute maniere
habemus
l'honneur à un chacun.
Domini
iustitiae
en
de
fidei
insignem
audimus
brocardise,
sententiam:
Abraham
exultavit ut videret diem meum: vidit, et gavisus est
. Et quod de Abraham testatur illic Christus, ostendit
Apostolus in fideli populo fuisse universale, quum
LE DIXIEME COMMANDEMENT.
Tu
ne
convoiteras
point
la
maison
de
ton
dicit Christum manere heri, hodie, et in secula .
prochain: et ne desireras point sa femme, ne son
Neque enim de Christi aeterna divinitate simpliciter
serviteur, ne sa chambriere, ne son boeuf, ne son
illic loquitur: sed de eius virtute, quae perpetuo
asne, ne nulle des choses qui sont à luy.
fidelibus fuit patefacta. Quare et beata Virgo et
Zacharias
in
suis
canticis
revelatam
in
Christo
salutem exhibitionem esse dicunt promissionum, quas
Abraham et Patriarchis olim fecerat Dominus . Si
Christum suum exhibendo, iurisiurandi sui veteris
fidem solvit Dominus, dici non potest quin eius finis
in Christo et vita aeterna semper fuerit.
2.8.49.
La fin est, pource que Dieu veut que toute nostre
ame soit remplie et possedée d'affection de charité,
qu'il faut ietter hors de nostre coeur toute cupidité
contraire. La somme donc sera, qu'il ne nous vienne
2.10.5.
Quin Apostolus non foederis tantum gratia pares
nobis
facit
Israelitas,
significatione.
Nam
sed
etiam
nostre
coeur
en
à
l'entendement
concupiscence,
pour
laquelle
esmouvoir
emporte
nuisance ou detriment à nostre prochain. A quoy
respond d'autrepart le precepte affirmatif: c'est que
castigatos olim fuisse Scriptura recitat, deterrere
quelque chose que nous concevions, deliberions, ou
Corinthios volens, ne in similia flagitia incurrerent, a
appetions, ou poursuyvions, que cela soit conioint
praefatione
ullam
avec le bien et utilité de nostre prochain. Mais il y
praerogativam nobis vendicemus, quae nos a Dei
a ici une grande difficulté. Car si ce que nous avons
vindicta
non
dit par cy devant est vray, que nostre Seigneur en
iisdem modo beneficiis prosequutus sit illos Dominus,
defendant la paillardise et larrecin, par cela defendoit
sed
eos
impudicité, et tout vouloir de nuire, tromper et
gratiam suam reddiderit ; acsi diceret, Si confiditis
desrobber, il sembleroit advis estre superflu de
vos extra periculum esse, quia et Baptismus quo
maintenant interdire separément la concupiscence des
eripiat
iisdem
orditur,
quam
quoque
illi
exemplis
pensée
quibus
ista
poenarum
sacramentorum
aucune
Non
esse
subierunt;
symbolis
cur
quando
illustrem
inter
insigniti estis, et coena quam quotidie suscipitis,
biens
eximias habent promissiones: interim contempta Dei
ceste question, en considerant quelle difference il y
bonitate, licentiose lascivitis: scitote nec Iudaeos
a entre Conseil et Concupiscence: car nous appellons
talibus
tamen
Conseil, un propos deliberé de la volonté quand le
iudicia sua Dominus severissime exercuit. Baptizati
coeur de l'homme est veincu et subiugué par la
sunt in transitu maris et nube, qua protegebantur ab
tentation:
ardore solis. Transitum illum Baptismum carnalem
deliberation ou consentement, quand le coeur est
fuisse aiunt, qui spirituali nostro secundum quandam
seulement chatouillé et piqué de commettre quelque
proportionem respondeat. Verum si id recipitur, non
meschanceté. Parquoy comme cy dessus le Seigneur
procederet
Apostoli
vult
a voulu que les volontez, entreprises et oeuvres de
ademptum
Christianis
praerogativa
l'homme fussent moderées selon la reigle de charité:
symbolis
caruisse,
adversus
argumentum,
ne
quos
qui
Baptismi
hic
d'autruy.
Toutesfois
Concupiscence
nous
peut
pourrons
estre
soudre
sans
telle
Iudaeos praecellere se putent. Nec obnoxium est
ainsi
huic cavillo quod protinus sequitur, Illos eandem
l'entendement y soyent aussi rapportées, à ce qu'il
nobiscum spiritualem escam manducasse, ac eundem
n'y en ait nulle qui incite au contraire. Comme
bibisse
auparavant il a defendu que le coeur ne fust induit à
spiritualem
potum,
quem
Christum
interpretatur.
maintenant
il
veut
que
les
pensées
de
ire, hayne, paillardise, rapine, mensonge: ainsi à,
present il defend qu'il n'y soit provoque ou esmeu.
2.8.50.
Et n'est pas sans cause qu'il requiert une si
2.10.6.
grande droiture. Car qui est-ce qui niera que ce ne
Obiiciunt
sententiam,
quidem
quod
ad
ait
frangendam
Christus,
hanc
Pauli
Patres
vestri
soit raison que toutes les vertus de l'ame soyent
appliquées
à
charité?
Et
si
aucune
en
est
manducaverunt manna in deserto, et mortui sunt: Qui
destournee, qui est-ce qui niera qu'elle ne soit
manducat carnem meam, non morietur in aeternum :
vicieuse? Or don't vient cela que quelque cupidité
quae
dommageuse
duo
inter
se
nullo
negotio
conciliantur.
à
ton
prochain
entre
en
ton
Dominus, quia sermonem habebat ad auditores quo
entendement, sinon d'autant qu'en ne tenant conte
tantum ventris alimento quaerebant saturari, verum
des autres tu cherches seulement ton profit? Car si
animae
captum
tout ton coeur estoit occupé de charité, nulle telle
orationem aliquantum attemperat, praesertim vero
imagination n'y auroit entrée. Il faut donc dire qu'il
comparationem mannae et corporis sui pro eorum
est
sensu
sibi
concupiscences. Quelcun obiectera, qu'il n'est pas
miraculo aliquo
toutesfois convenable que les fantasies qui voltigent
cibum
statuit.
authoritatis
non
curabant,
Postulabant
gratia
suam
ad
ut
virtutem
eorum
acquirendae
vuide
de
charité,
entant
qu'il
reçoit
telles
approbaret quale ediderat Moses in deserto quum
au
manna e caelo impetraverat. In manna autem nihil
condamnées pour concupiscences lesquelles ont leur
apprehendebant nisi carnalis inediae, qua populus
siege
tunc
question
afflictabatur,
remedium:
ad
mysterium
illud
sublimius, quod Paulus respicit, non penetrabant.
cerveau,
dedans
des
et
le
apres
coeur.
fantasies
s'esvanouissent,
Ie
respon
lesquelles
qu'il
non
soyent
est
ici
seulement
passent au travers du cerveau, mais aussi poignent
Christus ergo, ut demonstret quanto praestantius a
le coeur de concupiscence: veu que iamais nous ne
se beneficium expectare debeant quam quod a Mose
concevons en la pensée quelque desir ou souhait,
collatum
hanc
que le coeur n'en soit touché ou enflambé. Nostre
opinione
Seigneur donc commande une merveilleuse ardeur de
vestra, et memorabile miraculum, quod Dominus per
charité, laquelle il ne veut estre empeschée de la
Mosen populo suo, ne in deserto fame periret,
moindre concupiscence du monde. Il requiert un
caelestem cibum subministravit, quo sustentaretur ad
coeur merveilleusement bien reiglé, lequel il ne veut
modicum tempus: hinc colligite quanto excellentior
estre aucunement piqué d'un seul aiguillon contre la
sit cibus qui immortalitatem largitur. Videmus cur
Loy de charité. Sainct Augustin m'a fait ouverture à
quod
entendre ce precepte, afin qu'il ne semble à quelcun
patribus
comparationem
in
Dominus,
suis
format,
manna
praedicarent,
Si
magnum
praecipuum
infimam
tantum
erat,
eius
fuit
praetermiserit
utilitatem
notarit.
que ie soye seul en mon opinion. Or combien que
Nempe quoniam Iudaei, velut exprobrandi studio,
l'intention
Mosen illi obiecerant, qui populi necessitati mannae
mauvaise cupidité, neantmoins il a mis pour exempie
remedio
longe
les obiects qui ont accoustumé le plus souvent de
qua
nous attirer et decevoir: en quoy faisant il ne
educatio,
permet rien à, la cupidité de l'homme quand il la
quam solam tanti aestimabant. Paulus quia noverat
retire des choses esquelles'elle est principalement
Dominum, quum manna e caelo deplueret, non in
enclinée. Nous avons maintenant la seconde table de
ventris duntaxat pastum effudisse, sed spiritualis
la Loy, laquelle nous admonneste amplement de ce
quoque mysterii loco dispensasse ad figurandam quae
que nous devons aux hommes pour l'amour de Dieu,
in Christo habetur spiritualem vivificationem, partem
sur lequel est fondée la charité. Parquoy on auroit
istam,
non
beau inculquer les choses qui sont enseignées en
negligit. Quare certo clareque conficitur, non easdem
ceste seconde Table, sinon que telle doctrine fust
modo
vitae
premierement appuyée sur la crainte et reverence de
communicatas
Dieu, comme sur son fondement. Ceux qui partissent
fuisse Iudaeis, sed etiam sacramentis vere spiritualis
ce commandement en deux, deschirent ce que Dieu
absignatas. Qua de re copiose Augustinus adversus
avoit uni, comme tous Lecteurs de sain iugement le
Faustum Manichaeum disputat.
pourront voir, encore que ie m'en taise. Et ne doit
opitulatus
superioris
vilescere
gratiae
merito
quae
ac
esse
debeat
respondet,
nos
carnalis
prae
populi
dignissima
dignatur
caelestis
se
administrum,
consideratione
quibus
aeternae
esset:
nunc
erat,
Dominus,
promissiones
de
Dieu
ait
esté
de
defendre
toute
challoir que ce verbe, Tu ne convoiteras point, est
reiteré pour la seconde fois: car Dieu apres avoir
nommé
la
maison,
raconte
les
parties
d'icelle,
commençant à la femme: dont il appert qu'il y a une
liaison comme de choses coniointes, et pourtant qu'il
faut lire tout d'une traitte, comme les Hebrieux n'ont
2.10.7.
point mal advisé. Dieu donc commande en somme,
Quod si testimonia ex Lege et Prophetis sibi
recitari
perspiciant
faire, et qu'on laisse à chacun ce qu'il possede sauf
commune
et entier, mais aussi qu'on ne soit touché de nulle
sicuti ex Christo et Apostolis audimus: huic quoque
convoitise qui solicite les coeurs à porter nuisance
voto
à, autruy.
spirituale
malint
foedus
obsequar,
lectores,
fuisse
eoque
ex
quibus
que non seulement on s'abstienne de frauder et mal
Patribus
libentius
etiam
quod
ita
certius
convincentur adversarii, nequid postea tergiversari
queant. Atque ab ea quidem demonstratione incipiam,
quam tametsi Anabaptistarum supercilio futilem et
pene ridiculam fore scio, apud dociles tamen et
sanos plurimum valebit: ac pro confesso sumo, eam
verbo Dei inesse vitae efficaciam, ut quoscunque
Deus
participatione
eius
dignatur,
eorum
animas
2.8.51.
vivificet. Valuit enim semper illud Petri, semen esse
Il ne sera pas maintenant difficile à iuger quel
incorruptibile quod in aeternum manet , sicuti etiam
est le but de la Loy, assavoir une iustice parfaite, à.
ex verbis Iesaiae colligit . Iam quum hoc sacro
ce que la vie de l'homme soit conformée à la pureté
vinculo
non
de Dieu, comme à un patron. Car nostre Seigneur a
dubium est quin eos segregaverit in spem aeternae
tellement depeint sa nature en la Loy, que si
vitae. Nam quum verbum fuisse amplexos dico, quod
quelcun accomplissoit ce qui y est commandé, il
illos Deo propius adiungeret, communicandi rationem
representeroit en sa vie l'image de Dieu. Pourtant
intelligo, non illam generalem quae per caelum et
Moyse voulant sommairement reduire en memoire au
terram omnesque mundi creaturas diffunditur (quae
peuple d'Israel ses commandemens: Et qu'est-ce
licet
unumquodque
Israel, disoit-il, que te commande ton Dieu, sinon
naturae modo, non tamen a corruptionis necessitate
que tu le craignes et chemines en ses voyes? que tu
eruit) sed istam specialem qua piorum animae et
l'aimes, et que tu le serves de tout ton coeur, en
illuminantur in Dei notitiam, et illi quodammodo
toute ton ame, et gardes ses commandemens (Deut.
copulantur.
quum
10, 12)? Et ne cessoit de leur repeter cela, toutes
adhaeserint Deo Adam, Abel, Noe, Abraham, et
fois et quantes qu'il vouloit remonstrer la fin de la
reliqui patres, dico minime dubium esse quin illis in
Loy. Voila donc à quoy regarde la doctrine de la
regnum Dei immortale fuerit ingressus. Erat enim
Loy: c'est de conioindre l'homme par saincteté de
solida Dei participatio, quae extra vitae aeternae
vie à son Dieu, et comme Moyse dit en un autre
bonum esse non potest.
lieu, le faire adherer avec luy. Or l'accomplissement
Deus
universa
olim
sibi
vivificet
Huiusmodi
devinxerit
pro
verbi
Iudaeos,
suae
illuminatione,
de ceste saincteté gist en ces deux articles: que
nous aimions le Seigneur Dieu de tout nostre coeur,
de toute nostre ame, et de toutes nos forces: en
apres, nostre prochain comme nous-mesmes (Deut.
6, 5; 11, 13; Matth. 22, 37). Le premier donc est,
que nostre ame soit entierement remplie de la
charité de Dieu: de là apres s'ensuyvra la dilection
2.10.8.
de nostre prochain. C'est ce qu'entend l'Apostre
Si tamen illud nonnihil implicitum videtur: age, ad
ipsam
placidis
foederis
modo
formulam
ingeniis
transeamus:
satisfaciet,
quae
sed
non
eorum
quand il dit que la fin des commandemens est
charité, de conscience pure et foy non feinte (1
Tim.
1,
5).
Nous
voyons
comment
la
bonne
inscitiam abunde coarguet qui contradicere nituntur.
conscience et la foy, c'est à dire en un mot, la pieté
Sic enim semper pepigit cum servis suis Dominus,
et crainte de Dieu, est mise au dessus comme au
Ero vobis in Deum, et vos eritis mihi in populum :
chef: et de là apres est deduite la charité. Ce seroit
quibus
omnem
donc folie de penser que la Loy n'enseignast sinon
summam beatitudinis comprehendi Prophetae quoque
quelques petits rudimens de iustice, pour introduire
verbis
et
vitam,
et
salutem,
et
exponere soliti sunt. Non enim David sine causa
seulement les hommes à un commencement, et non
saepius pronuntiat, beatum populum cuius Dominus
pas pour les conduire en parfaite voye, veu que nous
est Deus : beatam gentem quam in haereditatem sibi
ne saurions desirer une plus grande perfection, que
elegit : nec terrenae quidem foelicitatis gratia, sed
celle qui est comprinse en la sentence de Moyse, et
quoniam
conservat,
celle de sainct Paul. Car où voudra tendre celuy qui
aeternaque misericordia prosequitur quos in populum
ne sera point content de l'instruction, par laquelle
assumpsit. Quemadmodum est apud alios Prophetas,
l'homme est dressé et formé à la crainte de Dieu,
Tu Deus noster, non moriemur . Dominus, Rex
au service spirituel de sa maiesté, à l'obeissance des
noster, Legislator noster: ipse salvabit nos . Beatus
commandemens, à la droiture de Dieu et de sa
es Israel, quia in Domino Deo salvaris . Sed ne re
voye? finalement à pureté de conscience, syncerité
supervacua multum laboremus, passim in Prophetis
de
recurrit haec admonitio, nihil ad bonorum omnium
confermee l'exposition que nous avons mise, en
affluentiam,
reduisant aux commandemens de la Loy tout ce qui
a
morte
adeoque
eripit,
salutis
perpetuo
certitudinem
deesse,
foy
et
dilection?
Par
laquelle
raison
est
modo nobis Dominus sit in Deum: et merito. Si enim
est
facies eius, simul atque illuxit, praesentissimum est
s'arrestent à ie ne say quels elemens, comme si elle
salutis pignus, cuinam se homini in Deum manifestet,
n'enseignoit
cui non salutis quoque thesauros aperiat? Hac enim
tiennent
conditione
l'Apostre.
habitet:
Deus
noster
quemadmodum
est
per
ut
in
Mosen
medio
nostri
testabatur
requis
à
pieté
qu'à
point
et
demy
bien
la
charité,
la
fin
car
volonté
ceux
de
d'icelle,
qui
Dieu,
ne
comme
dit
.
Obtineri autem talis eius praesentia non potest, ut
non simul vita possideatur. Atque ut nihil ultra
exprimeretur, satis claram habebant vitae spiritualis
promissionem in his verbis, Sum Deus vester . Non
enim
solis
utique
corporibus
Deum
se
fore
denuntiabat, sed animis praecipue; animae autem, nisi
per iustitiam Deo coniunctae, ab ipso alienae in
morte
manent.
Adsit
rursum
illa
coniunctio:
perpetuam salutem secum ducet.
2.8.52.
Toutesfois pource que Christ et ses Apostres
aucune fois en recitant la somme de la Loy, ne font
nulle mention de la premiere Table, il faut que nous
touchions un mot de cela, à cause que plusieurs s'y
abusent,
referans
les
parolles
à
toute
la
Loy,
lesquelles sont dites de la moitié. Christ en sainct
Matthieu dit que le principal de la Loy, gist en
misericorde, iugement et foy (Matth. 23, 23). Par
ce mot de Foy, il n'y a doute qu'il ne signifie
Verité, contraire à feintise et tromperie; neantmoins
pour estendre ceste sentence à la Loy universelle,
aucuns prennent le mot de Foy pour religion, ce qui
est frivole: car Christ parle là des oeuvres par
2.10.9.
lesquelles l'homme doit faire apparoistre sa iustice.
Accedit eo, quod non modo se illis Deum esse
Si nous observons ceste raison, il ne nous sera point
testabatur, sed se quoque semper fore promittebat:
de merveille pourquoy en un autre lieu, estant
quo spes eorum praesentibus bonis non contenta, in
interrogué quels sont les commandemens qu'il faut
aeternitatem protenderetur. Id porro valuisse apud
observer pour entrer en la vie eternelle, il respond
eos temporis futuri notationem ostendunt multae
que ce sont ceux qui s'ensuyvent, Tu ne tueras
voces, ubi se non in praesentibus tantum malis, sed
point, Tu ne paillarderas point, Tu ne desrobberas
in posterum consolantur fideles: quod sibi Deus
point, Tu ne diras point faux tesmoignage, Tu
nunquam defuturus esset. Iam vero (quae pars erat
honnoreras pere et mere, Tu aimeras ton prochain
secunda promissionis) ipso de Dei benedictione extra
comme
terrenae vitae limites erga se proroganda, clarius
l'observation de la premiere Table estoit située ou
etiamnum confirmabat, Ero Deus seminis vestri post
en l'affection interieure du coeur, ou en ceremonies.
vos . Nam si suam erga mortuos benevolentiam
L'affection
du
declaraturus erat, benefaciendo posteris: erga ipso
hypocrites
observoyent
multo minus defuturus erat eius favor. Neque enim
diligemment que tous autres. Ce sont donc les
instar hominum est Deus, qui suum ideo amorem ad
oeuvres
amicorum filios transferunt, quia morte interrumpitur
tesmoignage de la iustice. Or cela est si frequent en
eorum facultas, quo minus iis quibus bene volebant
tous les Prophetes, que celuy qui est moyennement
impendant sua officia; at Deus, cuius beneficentia
exercé en leur doctrine le doit tenir pour familier;
morte non impeditur, suae profecto misericordiae
car quand ils exhortent les pecheurs à repentance,
fructum
causa
en laissant à part la premiere Table, et n'en faisant
transfundit in mille generationes . Praeclaro igitur
nulle mention, ils insistent sur la droiture, loyauté,
documento
suae
compassion et equité. Or en ce faisant ils n'oublient
bonitatis, quam post mortem sensuri essent, volebat
pas la crainte de Dieu: mais plustost par les signes
illis Dominus commendare, quum talem describebat
qu'ils mettent, ils requierent une vive approbation
quae
vero
d'icelle. C'est bien une chose notoire qu'en traitant
promissionis veritatem tum obsignavit Dominus, et
de l'observation de la Loy, ils s'arrestent à la
quasi
seconde
mortuis
in
non
tollit,
magnitudinem
totam
atque
familiam
complementum
quam
eorum
affluentiam
exuberaret.
protulit,
quum
Huius
Deum
se
toy-mesme
de
(Matth.
coeur
charité
Table,
n'apparoissoit
les
qui
pource
19,
point:
ceremonies
rendent
qu'en
18):
icelle
plus
on
car
les
plus
certain
cognoist
Abraham, Isaac et Iacob longe post eorum mortem
beaucoup mieux quelle affection chacun a de suyvre
appellaret . Quid enim? annon ridicula erat appellatio,
integrité.
si perierant? Perinde enim fuisset acsi ita foret
passages lesquels se presentent assez d'euxmesmes
loquutus, Ego sum Deus eorum qui non sunt. Proinde
par tout.
Et
n'est
ia
besoin
d'amasser
ici
les
uno isto argumento Sadducaeos a Christo constrictos
fuisse Evangelistae referunt , ut ne inficiari quidem
possent
resurrectionem
mortuorum
esse
Mais quelcun demandera s'il y a plus grande
testatam; nempe qui ex ipso Mose didicerant, omnes
importance pour obtenir iustice, de vivre bien et
sanctos esse in manu illius . Unde inferre promptum
loyaunient entre les hommes, que de craindre Dieu
erat, ne morte quidem extingui quos in tutelam,
et l'honnorer par pieté. A cela ie respon que non:
custodiam,
mais pource que nul ne peut facilement garder
protectionemque
mortis et vitae est arbiter.
suam
a
Mose
2.8.53.
recepisset
qui
charité du tout, que premierement il ne craigne Dieu,
les oeuvres de charité font approbation mesme de la
pieté de l'homme. Davantage, comme ainsi soit que
Dieu ne puisse recevoir aucun bien-fait de nous
(comme il dit par son Prophete) (Ps. 16, 2) il ne
requiert point que nous nous employons à luy faire
du bien: mais il nous exerce en bonnes oeuvres
2.10.10.
envers nostre prochain. Parquoy ce n'est point sans
Iam (qui praecipuus est cardo in hac controversi)
cause que sainct Paul constitue toute la perfection
dispiciamus annon ipsi quoque fideles sic instituti
du fidele en charité (Ephes. 3, 19; Col. 3, 14). Et
fuerint a Domino, ut meliorem alibi vitam sibi esse
en un autre passage il l'appelle l'accomplissement de
sentirent, ac neglecta terrena, illam meditatentur.
la Loy, disant que celuy qui aime son prochain a
Primum, quae divinitus iniuncta illis fuit vivendi
accomply
conditio, assiduum erat exercitium, quo admonerentur
entierement comprinse sous ce mot, Tu aimeras ton
se omnium esse miserrimos si in modo vita foelices
prochain comme toy mesme : car il n'enseigne rien
essent.
perditae
davantage que ce que dit le Seigneur en ceste
foelicitatis infoelicissimus, anxiis laboribus egestatem
sentence, Tout ce que vous voulez que vous facent
suam
manuum
les hommes, faites leur: car en cela gist la Loy et
laboribus Dei maledictione prematur , unde solatium
les Prophetes (Rom. 13, 8; Gal. 5, 14; Matth. 7,
illi restabat, extremum luctum percipit. Ex duobus
12). Il est certain que tant la Loy que îes Prophetes
filiis alter illi nefando fratris parricidio eripitur : eum
donnent le premier lieu à Ta foy et à la reverence
habet superstitem cuius aspectum merito detestetur
du
ac horreat. Abel in ipso aetatis flore crudeliter
dilection envers le prochain: mais le Seigneur entend
trucidatus, exemplum est humanae calamitatis. Noe
que là il nous est seulement commandé d'observer
bonam
droiture et equité envers les hommes pour testifier
Adam,
aegre
vel
sustentat;
aetatis
partem
sola
ac
recordatione
ne
(dum
in
totus
solis
orbis
secure
deliciatur) cum magna fatigatione in arca extruenda
nom
la
de
Loy:
Dieu,
puis
apres
puis
apres
dit
qu'elle
est
recommandent
la
la crainte qu'on luy doit, si elle est en nous.
deterit . Quod mortem effugit, id fit maioribus eius
molestiis quam si centum mortes obeundae essent.
Nam praeterquam quod arca illi est quasi sepulchrum
decem mensium, insuavius nihil esse potest quam in
animalium
stercoribus
pene
immersum
2.8.54.
tandiu
Arrestons nous donc à ce poinct, que lors nostre
detineri. Postquam tantas difficultates eluctatus est,
vie sera bien ordonnée à la volonté de Dieu et au
in novam moeroris materiam incidit: ludibrio se
commandement de la Loy, si elle est profitable en
haberi a proprio filio videt: et ei quem magno Dei
toute maniere à nos freres: au contraire, en toute la
beneficio salvum ex diluvio receperat, suo ipsius ore
Loy on ne lit point une seule syllabe qui donne
maledicere cogitur .
reigle à l'homme de ce qu'il doyve faire ou laisser
pour son profit. Et certes puis que les hommes de
leur naturel sont trop plus enclins à s'aimer qu'il ne
seroit
de
mestier,
il
ne
falloit
ia
leur
donner
commandement pour les enflamber à cest amour, qui
de soy-mesme excedoit mesure. Dont il est evident
2.10.11.
Abraham quidem unus instar decem myriadum
que non point l'amour de nous-mesmes, mais de
Dieu et de nostre prochain, est l'observation des
nobis esse debet, si spectatur eius fides, quae nobis
commandemens,
in optimam credendi regulam proponitur: in cuius
tresbien, qui le moins qu'il luy est possible vit à
etiam genere, ut filii Dei simus, censeri nos oportet
soymesme:
et
pourtant
d'autrepart,
que
que
nul
cestuy-là
ne
vit
vit
plus
. Quid vero absurdius quam patrem omnium fidelium
desordonnément, que celuy qui vit à soy, et ne
esse Abraham, et ne postremum quidem angulum
pense qu'à son profit. Mesme le Seigneur, afin de
inter illos tenere? Atqui ex numero, imo ex gradu
mieux exprimer quelle affection d'amour nous devons
apprime honorifico deiici non potest, quin aboleatur
à
tota Ecclesia. Iam quod ad vitae experimenta attinet:
nousmesmes, et nous le propose pour reigle et
ubi primum vocatur Dei imperio, a patria, parentibus,
patron: ce qui est diligemment à considerer. Oar il
amicis
vitae
ne faut point prendre ceste similitude comme aucuns
dulcedinem esse putant: acsi illum destinato consilio
Sophistes, qui ont pensé qu'il commandoit à chacun
omnibus vitae oblectamentis spoliare Dominus vellet.
de s'aimer en premier lieu, puis apres son prochain:
Simul
mais
avellitur:
ac
in
terram
quibus
ingressus
praecipuam
est
in
qua
iubetur
nostre
prochain,
plustost
il
a
nous
renvoye
voulu
à
transferer
l'amour
aux
de
autres
habitare, fame inde exigitur. Eo ad opem quaerendam
l'amour que nous attirons à nous. Parquoy l'Apostre
refugit, ubi, quo se incolumem servet, necesse habet
dit que charité ne cherche point son profit particulier
uxorem
multis
(1 Cor. 13, 5); et ne vaut pas un festu la raison
mortibus fuerit acerbius. Ubi in terram habitaculi sui
qu'ils alleguent: c'est que la reigle precede la chose
reversus est, inde rursum fame expellitur. Qualis est
qui
foelicitas, eam terram incolere ubi toties esuriendum,
disent-ils, que nostre Seigneur compasse la charité
imo vero inedia pereundum, nisi aufugias? Simul
de nostre prochain à l'amour de nousmesmes. Ie
eodem
respon que nostre Seigneur ne constitue point cest
prostituere
necessitatis
;
quod
incertum
redigitur
apud
an
Abimelech,
ut
est
compassée
à
icelle.
Or
il
est
ainsi,
caput redimere iactura uxoris opus habeat. Dum huc
amour
atque illuc multos annos incertus vagatur, assiduis
laquelle soit reduite la dilection de nostre prochain,
servorum rixis compellitur nepotem, quem filii loco
comme
habebat, a se dimittere. Quae discessio sine dubio
perversité naturelle nostre amour reposoit en nous,
non aliter ab eo accepta fuit, quam si membri unius
il monstre qu'il faut qu'elle s'espande ailleurs, afin
sectionem passus foret. Paulo post captivum ab
que nous ne soyons point moins prests à bien faire
hostibus
aux autres qu'à nous-mesmes.
abripi
audit.
Quocunque
pergat,
vicinos
de
nous-mesmes,
inferieure:
mais
comme
au
lieu
une
que
reigle
de
à
nostre
reperit immanis barbariae, qui ne ex effossis quidem
magno labore puteis aquam bibere sinant. Neque
enim usum redimeret a rege Gerar, nisi ante fuisset
prohibitus. Iam ubi ad effoetam senectutem ventum
est,
quod
habet
ea
aetas
insuavissimum
et
acerbissimum, orbitate mulctatum se videt, donec
praeter
spem
Outreplus, puis que sous le nom de Prochain,
gignit:
cuius
tamen
Iesus Christ en la parabole du Samaritain a monstré
dum
Sarae
probris
que le plus estrange du monde y est contenu (Luc
fatigatur, perinde acsi ancillae contumaciam fovendo,
10, 29 s.): il ne nous faut restreindre le precepte
domesticae perturbationis ipse causa esset. Nascitur
de dilection à ceux qui ont quelque alliance ou
demum
exturbetur
affinité avec nous. Ie ne nie point que d'autant qu'un
primogenitus Ismael, ac pro derelicto pene hostiliter
chacun nous est plus conioint, nous ne luy devions
proiiciatur. Ubi solus relictus est Isaac, in quo
aider plus familierement: car la reigle d'humanité
acquiescat defessa boni viri senectus, paulo post
porte cela, que d'autant que nous sommes conioints
mactare ipsum iubetur. Quid calamitosius excogitet
de plus prochains liens, ou de parentage, ou d'amitié,
humana mens quam patrem fieri filii carnificem? Si
ou de voisinage, que nous ayons d'autant plus affaire
nativitatem
Ismaelem
2.8.55.
magno
Isaac,
sed
redimit,
ea
mercede
ut
morbo
absumptus
putasset
les uns aux autres: et cela sans offenser Dieil,
miserrimum esse senem, cui in ludibrium datus esset
duquel la providence nous meine à ainsi faire: mais
filius, ob quem orbitatis dolor ei geminaretur? Si ab
ie
extraneo aliquo interfectus, indignitate multum esset
affection de charité tous hommes generalement, sans
aucta
calamitatis
en excepter un, sans faire difference entre le Grec
exempla superat, patris manu trucidari. Sic denique
et le Barbare, sans regarder s'ils en sont dignes ou
toto vitae curriculo iactatus ac vexatus fuit, ut siquis
indignes, s'ils sont amis ou ennemis: car il les faut
velut in tabula exemplar calamitosae vitae depingere
considerer en Dieu, non pas en eux-mesmes, duquel
velit, nihil reperiat magis appositum. Neque obiiciat
regard quand nous nous destournons, ce n'est point
quispiam eum non fuisse prorsus infoelicem, quod a
merveille si nous tombons en plusieurs erreurs.
tot
tandem
Pourtant si nous voulons tenir la droite voye de
emerserit. Non enim beatam vitam ducere illum
dilection, il ne nous faut point ietter l'oeil sur les
dicemus, qui per infinitas difficultates ad longum
hommes, desquels la consideration nous contreindroit
spatium laboriose eluctetur: sed qui, sine malorum
souvent à les hair plus qu'à les aimer: mais il nous
sensu, praesentibus bonis placide fruatur.
faut regarder Dieu lequel nous commande d'cstendre
calamitas.
tantisque
foret,
Istud
quis
vero
tempestatibus
non
omnia
prospere
dy
cependant
qu'il
nous
faut
embrasser
en
l'amour que nous luy portons envers tous hommes,
tellement que nous ayons tousiours ce fondement:
Quel que soit l'homme, il nous le faut toutesfois
aimer, si nous aimons Dieu.
2.8.56.
Parquoy
ç'a
pernicieuse,
esté
que
les
une
ignorance
docteurs
ou
in
alice
Scolastiques,
des
commandemens que nostro Seigneur a baillez tant
aux Iuifs qu'aux Chrestiens, touchant de ne point
appcter vengeance et d'aimer noz ennemis, en ont
fait des simples conseils, ausquels ils disent qu'il est
libre d'obtemperer, ou ne point obtemperer: et ont
dit qu'il n'y avoit que les Moynes qui fussent suiets
2.10.12.
à les tenir necessairement: ausquels ils ont attribué
Isaac, qui minoribus malis afflictatur, vix tamen
une iustice plus parfaite qu'aux Chrestiens, à cause
minimum suavitatis gustum percipit. Eas ipse quoque
qu'ils
vexationes experitur quae beatum esse hominem in
Evangeliques, comme ils les appellent. Ils alleguent
terra non sinant. Illum fames fugat e terra Chanaan:
la raison pourquoy ils ne les reçoyvent point pour
uxor
subinde
preceptes, c'est à cause qu'ils sont trop griefs et
exagitant, ac modis omnibus premunt, ut de aqua
difficiles, mesme aux Chrestiens qui sont sous la
etiam cogatur decertare: domi suae a nuribus multum
Loy de grace. Mais est-ce ainsi qu'ils osent abolir
filiorum dissidio angitur: nec mederi tanto malo
la
potest, nisi per exilium eius cui benedixerat . At
prochain? Pourra-on trouver une telle difference en
vero Iacob nihil quam extremae infoelicitatis insigne
toute
est exemplar. Pueritiam domi inquietissime transigit
assavoir
e
sinu
illi
eripitur:
vicini
illum
s'obligeoyent
Loy
de
Dieu
l'Escriture,
plusieurs
de
eternelle,
et
non
garder
les
touchant
plustost
commandemens
le
conseils
d'aimer
le
contraire:
qui
nous
inter fratris primogeniti minas ac terrores, quibus
enioignent estroitement d'aimer noz ennemis? Car
demum cedere cogitur. Profugo a parentibus ac natali
qu'est-ce que veut dire cela, que nous devons
solo praeterquam quod acerbum est exulare, apud
repaistre nostre ennemy quand il aura faim? que
Laban avunculum nihilo mitius ac humanius accipitur.
nous devons redresser en la voye son boeuf et son
Parum est durissimam atque austerissimam septem
asne quand ils seront esgarez? et que nous les
annis servire servitutem , nisi dolo malo in uxore
devons
eludatur. Alterius uxoris gratia in novam servitutem
fardeaux (Prov. 25, 21; Ex. 23, 4)? Ferons-nous
ingrediendum
aestu
bien aux bestes de noz ennemis en leur faveur,4) en
torreatur, noctu pervigil urgeatur gelu ac frigore,
ne portant nulle amour à iceux? Quoy? n'est-ce pas
quemadmodum
une
asperitatem
est,
ubi
ipse
dum
totum
diem
conqueritur.
annos
viginti
solis
Tantam
sustinet,
vitae
quotidie
relever
parolle
s'ils
sont
eternelle
tombez
de
Dieu,
sous
qu'à
quelques
luy
seul
appartient la vengeance, et qu'il rendra à un chacun
novis soceri iniuriis affligitur. Nec domi suae quietus
ce
est, quam videt uxorum odiis, iurgiis, aemulationibus
expressement en un autre lieu, Tu ne chercheras
distractam ac pene dissipatam. Ubi in patriam iubetur
point vengeance, et ne te souviendra point des
se
est
iniures que t'auront fait tes prochains (Deut. 32, 35;
soceri
Lev. 19, 18). Ou qu'ils effacent ces articles de la
recipere,
ignominiosae
abitum
fugae
captare
similem:
illi
nec
necesse
tamen
qui
luy
appartient?
Ce
qui
est
dit
plus
iniquitatem ita potest effugere quin eius probris ac
Loy,
contumeliis in medio itinere vexetur . Excipit mox
Legislateur en commandant cela, et non point un
eum multo saevior difficultas. Nam dum ad fratrem
conseillier, comme ils songent.
ou
qu'ils
confessent
qu'il
a
voulu
estre
accedit, tot mortes habet in conspectu, quot ab
homine crudeli et inimico parari queant. Diris ergo
terroribus
supramodum
discerpitur
Davantage, que veulent dire ces parolles, qu'ils
quandiu adventum eius expectat : ubi in conspectum
ont depravées par une sotte glose? Aimez voz
eius
pedes
ennemis, dit nostre Seigneur: faites bien à ceux qui
procumbit, donec placatiorem sentit quam sperare
vous haissent: priez pour ceux qui vous persecutent:
ausus fuerat. Adhaec Rachele, unice dilecta coniuge,
dites bien de ceux qui vous detractent, afin que
primo terrae ingressu privatur . Postea quem ab ea
vous soyez enfans de vostre Pere qui est au ciel
filium sustulerat, eoque prae aliis amabat, a fera
(Matth. 5, 44). Qui est-cc qui ne pourra conclurre
laceratum audit : cuius ex morte quantum moerorem
avec Chrysostome, que d'une cause si necessaire il
ceperit, declarat ipse, quod post diuturnas lachrymas
appert que ce ne sont point exhortations, mais
solatiis omnibus viam obstinate claudit, nihil sibi
preceptes. Qu'est-ce qu'il nous reste plus, si nostre
reliquum faciens nisi ut descendat ad filium lugens
Seigneur nous efface du nombre de ses enfans?
in sepulchrum. Interim raptus et defloratio filiae , in
Selon l'opinion de ces Rabbins, il n'y aura que les
iis
Moynes
prodit,
discruciatur
tanquam
vindicandis
ac
2.8.57.
semimortuus
filiorum
audacia,
ad
quae
illum
non
foetere modo fecerat apud omnes regionis incolas,
invoquer
sed
cependant
praesentissimum
internecionis
periculum
illi
qui
soyent
Dieu
pour
l'Eglise?
enfans
de
leur
Pere
Par
ceste
Dieu,
Que
raison
qui
osent
deviendra
elle
sera
creaverat, quantae anxietatis, luctus, taedii causae
renvoyée avec les Payens et Publicaius. Car nostre
erant?
Seigneur
Sequitur
horrendum
illud
flagitium
Ruben
dit
consequemment,
Si
vous
aimez
primogeniti, quo nihil gravius accidere poterat . Nam
seulement voz amis, quelle grace en attendezvous?
quum
uxoris
les Payens et Publicains en font bien autant (Matth.
filio
5, 46. 47). Nous serons donc bien arrivez, d'avoir le
pollutio,
inter
quid
summa
infortunia
dicendum
sit
ubi
reponatur
a
proprio
perpetratum est id scelus? Aliquanto post altero
tiltre de Chrestiens, et que l'heritage celeste nous
incestu contaminatur familia , ut constantissimum
soit osté. Sainct Augustin aussi use d'un argument
alioqui
qui n'est pas moins ferme: Quand le Seigneur, dit-il,
et
infractum
calamitatibus
animum
tot
dedecora labefactare debeant. Sub extremum vitae,
defend
dum suae ac suorum inediae succurrere quaerit, novi
d'attoucher la femme de nostre ennemy que de
infortunii
filium
nostre amy. Quand il condamne le larrecin, il ne
recipiat,
permet non plus de desrobber le bien de nostre
alterum
nuntio
in
percellitur,
vinculis
qui
detineri,
intelligit
quem
ut
de
paillarder,
il
ne
defend
pas
moins
Beniamin unicum suum desiderium, permittere aliis
ennemy
cogitur . Quis putet in tanta malorum congerie
commandemens, de ne point desrobber ne paillarder,
momentum illi datum quo saltem secure respiraret?
sont reduits par sainct Paul à la reigle de dilection:
Itaque ipse optimus de se testis asseverat Pharaoni,
mesme
dies suos breves ac malos fuisse super terram . Qui
sentence,
per
mesme (Rom. 13, 9). Pourtant il faut dire que
continuas
pronuntiat,
negat
miserias
profecto
vitam
eam
se
transegisse
prosperitatem
que
il
de
dit
Tu
nostre
qu'ils
aimeras
amy.
Or
ces
sont
contenus
sous
ton
prochain
comme
deux
ceste
toy
se
sainct Paul soit mauvais expositeur de la Loy: ou de
sensisse quae illi a Domino promissa fuerat. Ergo
ces mots nous pouvons conclurre necessairement,
aut malignus ingratusque Dei gratiae aestimator erat
que Dieu nous commande d'aimer noz ennemis aussi
Iacob, aut vere se miserum fuisse super terram
bien que noz amis. Voila que dit sainct Augustin.
profitebatur. Si vera fuit affirmatio, sequitur non
Pourtant telle maniere de gens se monstrent bien
habuisse ipsum spem in rebus terrenis defixam.
estre enfans de Satan, quand ils reiettent ainsi
hardiment le ioug qui est commun à tous enfans de
Dieu. Et de fait, ie ne say si ie me doy plus
esmerveiller de leur bestise ou impudence, en ce
qu'ils ont publié ceste doctrine: car il n'y a nul des
Anciens qui ne prononce sans doute, comme d'une
chose resolue, que ce sont tous preceptes. Mesme
on voit bien que du temps de sainct Gregoire on
n'en doutoit point: veu que sans en faire difficulté, il
les conte pour preceptes. Mais voyons combien ils
arguent follement: Ce seroit, disent-ils, un fardeau
trop grief aux Chrestiens, comme s'il se pouvoit rien
imaginer plus grief, que d'aimer Dieu de tout nostre
coeur, de toute nostre ame, et de toutes noz forces.
Au prix de ce commandement il n'y a rien qui ne
soit facile, soit qu'il faille aimer nostre ennemy, soit
qu'il
faille
nous
demettre
de
toute
cupidité
de
vengeance. Certes tout ce qui est en la Loy, iusques
au moindre poinct, est haut, et difficile à nostre
2.10.13.
imbecillité: il n'y a que Dieu seul par lequel nous
Si sancti isti Patres (quod utique indubitatum
cheminions vertueusement: qu'il donne de faire ce
est) beatam vitam expectarunt e manu Dei, aliam
qu'il commande, et qu'il commande ce qu'il voudra.
quam terrestris vitae beatitudinem et cogitarunt et
Ce qu'ils alleguent, que les Chrestiens sont sous la
viderunt. Quod etiam pulcherrime ostendit Apostolus,
Loy de grace, cela n'est point à dire qu'ils doivent
Fide
terra
cheminer desordonnément comme à bride avallée:
promissionis, tanquam aliena, in casulis habitando,
mais c'est qu'ils sont inserez en Christ, par la grace
cum Isaac et Iacob consortibus eiusdem haereditatis.
duquel ils sont libres de la malediction de la Loy, et
Expectabant enim bene fundatum civitatem, cuius
par l'Esprit duquel ils ont la Loy escrite en leurs
opifex ac conditor Deus. In fide defuncti sunt omnes
coeurs.
isti, non acceptis promissionibus: sed procul eas
improprement, voulant retenir la similitude qu'il avoit
inspicientes,
quod
prinse, accomparant Fune avec l'autre: ces follastres,
hospites et inquilini super terram. Quo significant se
sans propos prennent un grand mystere en ce mot
patriam
de Loy.
(inquit)
demoratus
ac
est
credentes,
inquirere;
et
si
Abraham
in
confitentesque
desiderio
eius
quam
Sainct
Paul
appelle
ceste
grace,
Loy,
reliquerant tacti fuissent, erat facultas revertendi:
sed meliorem appetebant, nempe caelestem. Unde
Deus
non
erubescit
vocari
eorum
Deus:
quando
paravit illis civitatem . Stipitibus enim obtusiores
fuissent, tam pertinaciter promissiones consectando,
quarum
nulla
spes
in
terris
apparebat,
nisi
complementum earum alibi expectassent. Id vero in
2.8.58.
primis non sine ratione urget, quod peregrinationem,
Il y a autant de propos à ce qu'ils ont dit du
hanc vitam nuncuparunt: qualiter et Moses refert .
peché veniel: appellans Peché veniel, tant l'impieté
Si enim peregrini et inquilini sunt in terra Chanaan,
cachée
ubi
erant
premiere table de la Loy, comme la transgression
haeredes? Manifeste ergo indicat longius spectare
evidente du dernier commandement. Car ceste est
quod de possessione illis Dominus promiserat. Quare
leur
pedem in terra Chanaan non acquisierunt nisi in
mauvaise sans consentement deliberé, laquelle ne
sepulchrum;
fructum
repose point long temps dedans le coeur. Or ie dy
promissionis nonnisi post mortem percepturos. Atque
au contraire, que nulle mauvaise cupidité ne peut
haec causa est cur tanti aestimaverit Iacob illic
entrer dedans le coeur, sinon en defaut de ce qui
sepeliri, ut iureiurando adegerit filium Ioseph ad eam
est requis en la Loy. Il nous est defendu d'avoir des
pollicitationem
secula
dieux estranges. Quand l'ame tentée de defiance
transferri ossa sua, iam pridem in cinerem collapsa
regarde çà et là et vacille, quand elle est esmeue de
voluerit.
chercher
sa
viennent
ces
promissio
Domini
quo
:
qua
testabantur
cur
Ioseph
illius
se
constituti
sperare
post
aliquot
contre
definition,
Dieu,
que
beatitude
laquelle
peché
veniel
ailleurs
mouvemens,
contrevient
est
qu'en
quelque
à
la
cupidité
Dieu,
legiers
d'où
qu'ils
soyent, sinon qu'il y a quelque chose vuide en l'ame
pour recevoir telles tentations? Et afin qu'il ne faille
point longuement argumenter, il nous est commandé
d'aimer Dieu de tout nostre coeur et de toute nostre
ame et de toute nostre pensée. Parquoy si toutes
les forces et parties de l'ame ne sont appliquées à
l'amour de Dieu, nous declinons de l'obeissance de la
Loy. Car quand les tentations qui sont ennemies et
2.10.14.
contraires au regne de Dieu, ont quelque vigueur à
Denique aperte constat, in omnibus vitae studiis
propositam
futurae
habuisse.
du monde en nostre pensée, à ce que Dieu ne soit
Quorsum enim primogenituram tantopere affectasset,
entierement obey, et sa volonté observée sans aucun
tantoque periculo ambiisset Iacob, quae exilium et
contredit, c'est signe que son regne n'est pas bien
tantum non abdicationem illi conflatura erat, boni
confermé
vero
altiorem
monstré que le dernier commandement se refere
benedictionem respexisset? Atque eum sibi sensum
proprement à cela. Y a-il donc quelque mauvais
fuisse declaravit ea voce quam inter ultimos spiritus
desir qui nous ait pieque le coeur? Desia nous
edidit, Salutare tuum expectabo Domine . Quam
sommes tenus coulpables de concupiscence, et par
salutem expectasset, quum intelligeret se animam
consequent transgresseurs de la Loy: car le Seigneur
expirare: nisi in morte initium novae vitae cerneret?
non seulement a defendu de deliberer et machiner ce
Et quid de sanctis ac filiis Dei disceptamus, quum
qui est au detriment du prochain, mais aussi d'estre
eiusmodi intelligentiae gustu ne is quidem caruerit
stimulé ou enflambé d'aucune concupiscence. Or où il
qui veritatem oppugnare alioqui nitebatur? Quid enim
y a transgression de la Loy, là est apprestee
sibi volebat Balaam, quum diceret, Moriatur anima
malediction de Dieu. Il ne faut point donc que nous
mea morte iustorum, et fiant novissima mea similia
exemptions de condamnation de mort les moindres
eorum : nisi quod sentiebat id quod postea David
concupiscences
prodidit,
in
question d'estimer les pechez, dit sainct Augustin,
conspectu Domini : mortem vero impiorum pessimam
n'apportons point de fausses balances pour poiser ce
? Si ultima linea et meta in morte forent, nullum in
que nous voulons, et selon que bon nous semble à
ea notari posset discrimen iusti et impii; sorte, quae
nostre fantasie, en disant, Cela est pesant, Cela est
post
legier: mais apportons la balance des Escritures,
nihil
prorsus
Pretiosam
mortem
vitae
beatitudinem
nous esbranler, ou mettre le moindre empeschement
allatura:
esse
utrosque
nisi
mortem
diversa
ad
sanctorum
manet,
inter
se
distinguuntur.
en
nostre
qui
conscience.
Or
nous
avons
puissent estre. Quand il
est
comme des thresors du Seigneur: et poisons en
icelle pour savoir ce qui est le plus pesant ou le
plus legier: ou plustost ne poisons point, mais
2.10.15.
tenonsnous au poids que Dieu en aura fait. Et
Nondum ultra Mosen progressi sumus, quem isti
qu'est-ce qu'en dit l'Escriture? Certes sainct Paul
nihil aliud officii habuisse dicunt, quam ut carnalem
en nommant le peché Gage de mort (Rom. 6, 23),
populum agri ubertate rerumque omnium copia ad
monstre bien que ceste sotte distinction luy a esté
colendum
quis
incognue. Et de fait, puis que desia nous ne sommes
sponte semet offerentem lucem refugiat) perspicua
que trop enclins à hypocrisie, il n'estoit ia mestier
iam extat spiritualis foederis declaratio. Quod si ad
d'attiser le feu, ou bien nous faire crouppir en noz
Prophetas descendamus, illic plenissimo fulgore et
ordures en amadouant nostre paresse.
Deum
induceret:
et
tamen
(nisi
vita aeterna et regnum Christi se profert. Ac primum
David, qui ut tempore aliis fuit superior, ita pro
ordine
divinae
mysteria
Ie voudroye que telles gens reputassent que c'est
tamen
que veut dire ceste parolle de Christ, que celuy qui
perspicuitate ac certitudine ad eum scopum omnia
aura transgressé l'un des plus petis commandemens,
sua
qualiter
et aura ainsi enseigné les hommes ne sera en nulle
aestimarit testatur haec sententia, Advena hic sum
estime au Royaume des cieux (Matth. 5, 19). Ne
et peregrinus, quemadmodum omnes Patres mei .
sont-ils pas de ce nombre là, quand ils osent
obscurius
dispensationis
quam
dirigit?
illi
caelestia
2.8.59.
adumbravit,
Terrestrem
quanta
habitationem
Vanitas omnis homo vivens: velut umbra quisque
tellement
obambulat. Et nunc expectatio mea, Domine? spes
comme si elle n'estoit pas digne de mort? Mais ils
mea ad te ipsa. Sane qui nihil esse terra solidum aut
devoyent considerer non pas seulement ce qui est
stabile confessus, spei tamen in Deum firmitatem
commandé, mais qui est celuy qui commande: car il
retinet, alibi repositam sibi foelicitatem contemplatur.
n'y a si petite transgression, en laquelle on ne
Ad
solet,
derogue à son authorité. Est-ce peu de chose, à
quoties vult eos vere consolari. Nam alibi, postquam
leur opinion, que la maiesté de Dieu soit violéç en
de brevitate fluxaque et evanida imagine humanae
quelque endroit? Davantage, si le Seigneur a declairé
vitae
autem
en la Loy sa volonté, tout ce qui contrevient à la
Domini usque in aeternum, super timentes eum . Cui
Loy luy desplait. Et pensent-ils que l'ire de Dieu
simile est quod habetur etiam Psalmo centesimo
soit si foible et desarmée, que la vengeance ne s'en
secundo, Initio Domine tu fundasti terram, et opera
ensuyve incontinent? Et de fait il Ta assez declairé,
manuum tuarum sunt caeli. Ipsi peribunt, tu autem
s'ils
permanes:
eam
contemplationem
loquutus
est,
velut
fideles
subiicit,
Misericordia
pouvoyent
transgression
renger
à
de
escouter
la
sa
Loy,
voix,
sicut
plustost que par leurs subtilitez frivoles obscurcir sa
idem
ipse
verité: L'ame, dit-il, laquelle aura peché, mourra de
perstas, et anni tui non deficient. Filii servorum
mort (Ezech. 18, 20). Item ce que fay nagueres
tuorum
te
allegué de sainct Paul, Le loyer de peché c'est mort
stabilientur . Si ob caeli ac terrae interitum non
(Rom. 6, 23). Ceux-ey confessans concupiscence
desinunt pii stabiliri coram Domino: sequitur eorum
estre
salutem cum Dei aeternitate esse coniunctam. Atqui
maintiennent toutesfois que ce n'est point peché
omnino
mortel. Puis qu'ils ont si longuement tenu bon en
mutabis
habitabunt,
non
potest
eos.
et
veterascent,
se
la
et
indumentum
vestis
revocare
extenuer
Tu
posteri
stare
autem
eorum
spes
ista,
coram
nisi
in
peché,
pource
qu'ils
ne
le
peuvent
nier,
promissionem recumbat quae apud Iesaiam exponitur,
leur
Caeli (inquit Dominus) sicut fumus liquescent: terra
maintenant: que s'ils veulent tousiours perseverer en
sicut vestimentum atteretur, et habitatores eius sicut
leurs resveries, que les enfans de Dieu les laissent
haec interibunt: salus autem mea in aeternum erit,
là, et recognoissent que tout peché est mortel: veu
et iustitia mea non deficiet . Ubi iustitiae ac saluti
que
tribuitur
laquelle necessairement provoque son ire: veu que
perpetuitas,
non
quatenus
penes
Deum
resident, sed quatenus ab hominibus sentiuntur.
c'est
folie,
c'est
pour
rebellion
transgression
le
moins
contre
de
la
la
Loy,
qu'ils
s'amendent
volonté
sur
de
Dieu,
laquelle
est
denoncée la mort eternelle sans exception aucune.
Touchant des pechez que commettent les saincts et
fideles, ils sont bien veniels: mais c'est de la
misericorde de Dieu, et non point de leur nature.
2.9. Que combien que Christ ait esté cognu des Iuifs
sous la Loy, toutesfois il n'a point esté pleinement
revelé que par l'Evangile.
2.10.16.
2.9.1.
Neque vero aliter accipere liceat quae de fidelium
Puis que Dieu anciennement n'a pas institué les
prospero successu passim canit, nisi ut in caelestis
sacrifices et purgations, pour donner un tesmoignage
gloriae
manifestationem
Custodit
Dominus
conferantur.
manu peccatoris liberabit eos . Lux orta est iusto, et
esleu: il n'y a doute qu'il ne se soit donné à
rectis corde laetitia. Item, Iustitia pii manet in
cognoistre à eux en la mesme image en laquelle il
seculum seculi, cornu eius exaltabitur in gloria:
nous apparoit auiourdhuy avec pleine clairté. Parquoy
desyderium peccatorum peribit . Item, Verumtamen
Malachie
iusti confitebuntur nomini tuo: habitabunt recti cum
attentifs
vultu tuo . Item, In memoria aeterna erit iustus .
constamment (pource que tantost apres sa mort il y
Item, Redimet Dominus animas servorum suorum .
devoit
Siquidem servos suos Dominus impiorum libidini non
Propheties), il dit que s'ils ne defaillent point, le
vexandos modo, sed lacerandos perdendosque saepe
soleil de iustice leur sera envoyé et se levera bien
permittit; in tenebris et squallore languere patitur
tost (Mal. 4, 2 [3, 20]). En quoy il signifie que
bonos, dum impii pene inter stellas refulgent: nec
l'usage de la Loy estoit de les entretenir en l'attente
illos ita vultus sui serenitate exhilarat ut diuturna
de
laetitia
quidem
cependant qu'il falloit esperer plus de clarté de luy.
dissimulat, si in praesentem rerum statum oculos
Pour ceste raison sainct Pierre dit que les Prophetes
defigant fideles, gravissima tentatione perculsum iri,
ont cherché soigneusement, et se sont enquis du
acsi nulla esset innocentiae apud Deum gratia nec
salut
merces. Adeo impietas ut plurimum prosperatur ac
l'Evangile: et qu'il leur a esté revelé que ce n'estoit
floret,
paupertate,
pas tant pour eux et pour leur siecle, que pour nous
contemptu, omnique crucis genere premitur. Parum,
qu'ils travailloyent, en administrant les secrets qui
inquit, abfuit quin lapsus pes meus, quin effusi
nous sont auiourdhuy annoncez par l'Evangile (1
fuerint gressus mei, dum urit me fortuna stultorum,
Pierre 1, 10-12). Non pas que leur doctrine ait
dum improborum prosperitatem video. Tandem post
esté inutile au peuple ancien, ou bien qu'elle ne leur
narrationem concludit, Instituebam cogitationem si
ait rien profité à eux-mesmes: mais pource qu'ils
possem haec cognoscere: sed tormentum est spiritui
n'ont pas iouy du thresor lequel Dieu nous a envoyé
meo,
par leur main. Car auiourdhuy la grace de laquelle
donec
Quamobrem
piorum
ingrediar
natio
in
ne
suorum:
frustratoire aux Iuifs qu'il leur estoit Pere, mesmes
qu'il ne les a pas en vain dediez à soy pour peuple
dum
sanctorum
sunt,
de
fruantur.
animas
Qualia
ipse
ignominia,
sanctuarium
Domini,
et
intelligam novissimum eorum.
apres
à
la
avenir
Christ,
qui
avoir
Loy
de
une
duquel
nous
exhorté
Moyse,
les
et
interruption
la
est
venue
Iuifs
d'estre
à
suyvre
au
cours
estoit
auiourdhuy
la
des
prochaine:
manifesté
en
ils ont esté tesmoins nous est mise tout privement
devant les yeux: et au lieu qu'ils en ont eu un petit
goust,
nous
l'avons
en
beaucoup
plus
grande
abondance. Pourtant combien que Christ dise qu'il a
tesmoignage de Moyse, il ne laisse pas de magnifier
la mesure de grace en laquelle nous surmontons les
Iuifs (Iean 5, 46), car en parlant à ses disciples,
2.10.17.
Bien-heureux, dit-il, sont les yeux qui voyent ce
Ergo vel ista Davidis confessione discamus, non
ignorasse
Testamento
oyent ce que vous oyez, Plusieurs Rois et Prophetes
quam raro vel nunquam in hoc mundo repraesentet
l'ont desiré et ne l'ont point obtenu (Matth. 13, 16;
Deus quae servis suis pollicetur, atque ideo animos
Luc 10, 23). Ce n'est pas une petite louange de la
ad
reconditum
revelation qui nous est donnée en l'Evangile, en ce
habebant quod in praesentis vitae umbra non apparet.
que Dieu nous a preferez aux saincts Peres, lesquels
Dei
sanctos
sacrarium
Patres
sub
sustulisse,
veteri
que vous voyez, et les aureilles bien-heureuses qui
in
quo
Hoc erat ultimum Dei iudicium, quod quum oculis
ont esté si excellens en saincteté et toutes vertus.
minime cernerent, fide contenti erant intelligere. Qua
Et à ceste sentence ne repugne pas l'autre passage,
fiducia freti, quicquid eveniret in mundo, venturum
où il est dit qu'Abraham a veu le iour de Christ, et
tamen aliquando tempus non dubitabant quo Dei
s'en est esiouy (Iean 8, 56). Car combien que le
promissiones
voces
regard de ce qui estoit encores lointain ait esté
testantur, Ego in iustitia contemplabor faciem tuam,
d'autant plus obscur, toutesfois rien ne luy a defailly
satiabor specie tua . Item, Ego sicut oliva viridis in
pour
domo Domini . Item, Iustus ut palma florebit, sicut
procedée ceste ioye laquelle a tousiours accompagné
cedrus Libani frondescet. Plantati in domo Domini, in
ce
atriis Dei nostri florebunt. Adhuc fructificabunt: in
sentence aussi de Iean Baptiste, assavoir que nul n'a
senecta pingues ac virides erunt . Quum Paulo ante
iamais veu Dieu, mais que le Fils qui est au sein du
dixisset,
ÌPere nous l'a raconte (Iean 1, 18), n'exclud point
implerentur.
Quam
profundae
Qualiter
sunt
istae
cogitationes
tuae
avoir
sainct
certitude
Patriarche
à
bien
iusques
esperer,
à
la
dont
mort.
est
Ceste
Iehova, dum florent impii, germinant quasi herba, ut
ceux
pereant in perpetuum. Ubi species ista et decor
l'intelligence et clairté laquelle nous reluit en la
fidelium,
Dei
personne de Iesus Christ: mais en accomparant leur
manifestatione inversa fuerit? In illam aeternitatem
condition à la nostre, nous monstre que les mysteres
quum oculos converterent, contempta praesentium
lesquels ils ont speculé de loin en ombres obscures,
calamitatum momentanea asperitate, secure in has
nous sont manifestez à veue d'oeil: comme l'autheur
voces
ut
de l'Epistre aux Hebrieux l'explique tresbien, c'est
moriatur iustus. Tu vero praecipitabis scelestos in
assavoir disant que Dieu a parlé iadis en plusieurs
putem interitus . Ubi in hoc mundo puteus aeterni
sortes et diverses manieres par ses Prophetes: mais
exitii qui sceleratos absorbeat, in quorum foelicitate
finalement
hoc quoque alibi numeratur quod diem extremum in
(Hebr. 1, 1). Combien donques que ce Fils unique,
puncto sine multo languore claudunt ? Ubi tanta
lequel nous est auiourdhuy la splendeur dela gloire
sanctorum stabilitas, quos ipse David non modo
et vive pourtraicture de l'hypostase du Pere, ait esté
concuti,
cognu
nisi
ubi
erumpebant,
sed
mundi
Non
opprimi
et
huius
facies
dabis
in
conteri
regni
aeternum
prorsus
ubique
qui
estoyent
en ces
anciennement
trespassez
derniers
des
temps
Iuifs
qui
auparavant
par
son
estoyent
de
Fils
son
conqueritur? Nempe ob oculos sibi statuebat, non
peuple, comme nous avons ailleurs allegué de sainct
quid ferat instabilis et plusquam aestuaria mundi
Paul, qu'il a esté le conducteur du peuple en la
vicissitudo: sed quid facturus sit Dominus, quum ad
redemption d'Egypte: toutesfois ce que dit le mesme
aeternam caeli ac terrae constitutionem olim sedebit.
Apostre est aussi bien vray, c'est que Dieu, qui a
Quemadmodum alio loco eleganter describit, Nituntur
commandé que la clarté sortit des tenebres, nous
stulti opulentia sua, ob divitias multas superbiunt :
esclaire par l'Evangile en noz coeurs, afin de nous
et
polleat,
faire contempler sa gloire en la face de Iesus Christ
redimere fratrem suum a morte possit, nemo pretium
(2 Cor. 4, 6). Car quand il est apparu en ceste
redemptionis Deo solvere. Quum autem videant et
sienne image, il s'est fait aucunement visible, au pris
sapientes mori, perversos pariter et stultos interire,
de ce qu'il s'estoit monstré comme de loin et en
et alienis relinquere divitias suas, cogitant domos
obscureté. Et d'autant plus est vilaine et detestable
sibi permansuras in sempiternum, habitationes in
l'ingratitude de ceux qui demeurent comme aveugles
secula: et nomina sua in terra celebrant. At homo in
en plein midy. Et pourtant sainct Paul dit que leurs
honore non permanebit: similis erit pecudibus quae
entendemens sont obtenebrez de Satan, pour ne
intereunt. Haec meditatio eorum, summa stultitia est:
point appercevoir la gloire de Christ laquelle luit en
tamen
nemo,
quantalibet
excellentia
quam tamen posteri cupide aemulantur. Instar gregis
l'Evangile, sans qu'il y ait voile interposé pour
apud inferos collocabuntur, mors praesidebit illis.
empescher qu'elle ne soit toute patente.
Exorta luce recti dominabuntur illis: forma ipsorum
peribit: infernus, ipsorum domicilium. Primum illa
stultorum
mundi
irrisio,
bonis
quod
in
acquiescant,
lubricis
ostendit
et
volubilibus
longe
aliam
sapientibus quaerendam esse foelicitatem. Sed illic
2.9.2.
resurrectionis mysterium evidentius reserat, ubi illis
Or
ie
pren
l'Evangile
pour
ceste
claire
perditis et extinctis piorum regnum erigit. Quem
manifestation de Iesus Christ, qui a esté delayée
enim, quaeso, dicemus esse illum lucis extortum, nisi
iusques à sa venue. Ie confesse bien, entant que
novae
l'Evangile est nommé par sainct Paul Doctrine de foy
vitae
revelationem,
quae
finem
praesentis
sequitur?
(1 Tim. 4, 6), que toutes les promesses contenues
en la Loy, de la remission des pechez, par laquelle
les
hommes
sont
reconciliez
à
Dieu,
en
sont
estimées parties. Car sainct Paul oppose le mot de
Foy à tous les tourmens,
frayeurs et angoisses
dont une povre ame est oppressée, cependant qu'elle
cherche salut en ses oeuvres: dont il s'ensuit qu'en
prenant generalement le nom d'Evangile, tous les
tesmoignages
misericorde
que
et
de
Dieu
sa
a
iamais
faveur
donné
paternelle
de
y
sa
sont
compris: mais ie dy qu'il est appliqué par dignité
speciale à la publication de grace, telle que nous
l'avons en Iesus Christ. Ce qui non seulement est
receu
par
usage
commun,
mais
est
fondé
en
l'authorité de Iesus Christ et de ses Apostres. Pour
laquelle raison cecy luy est attribue comme propre,
d'avoir
presché
l'Evangile
du
royaume
de
Dieu
(Matth. 4, 17; 9, 35). Et sainct Marc use de ceste
preface, S'ensuit l'Evangile de Iesus Christ (Marc 1,
1): combien qu'il n'est ia besoin d'amasser passages
pour prouver une chose si notoire. Iesus Christ
2.10.18.
donques à son advenement a produit et clairement
Inde illa nascebatur cogitatio, quam in miseriarum
mis en avant la vie et immortalité par l'Evangile. Ce
solatium ac tolerantiae remedium fideles usurpabant,
sont les mots de sainct Paul (2 Tim. 1, 10):
Momentum
eius
ausquels il n'entend pas que les Peres ayent esté
momento
plongez en tenebres de mort, iusques à ce que le
terminabant qui per totam fere vitam affligebantur?
Fils de Dieu eust vestu nostre chair: mais il reserve
ubi tantam videbant divinae benignitatis durationem,
ce privilege d'honneur à l'Evangile, que c'est une
cuius vix minimum gustum delibabant? Si in terra
ambassade nouvelle et non accoustumée, par laquelle
haesissent, nihil tale reperire poterant: sed quia
Dieu
misericordia
in
indignatione
.
Quomodo
Domini,
vita
afflictiones
in
accomplit
ce
qu'il
avoit
promis,
et
nous
caelum
intuebantur,
temporis
quo
agnoscebant
exercentur
per
punctum
crucem
esse
sancti
a
represente evidemment la verité de ses promesses.
Car
combien
que
les
fideles
ayent
tousiours
Domino: miserationes seculi esse, quibus colliguntur;
experimenté
rursum impiorum, qui per somnium beati ad diem
veritable, c'est que toutes les promesses de Dieu
unum
finiendum
sont Ouy et Amen en Iesus Christ (2 Cor. 1, 20),
exitium praevidebant. Unde illae voces, Memoria
d'autant qu'elles ont esté seellees en leurs coeurs:
iusti in benedictione erit: nomen autem impiorum
toutesfois pource qu'il a accompli toutes les parties
putrescet . Pretiosa mors sanctorum in conspectu
de nostre salut en sa chair, c'est à bon droit qu'une
Domini:
apud
telle monstre de la chose presente a son tiltre
Samuelem, Dominus pedes sanctorum servabit, et
nouveau et singulier selon sa dignité. A quoy tend la
impii in tenebris conticescent , quae significant, illos
sentence de Iesus Christ, quand il dit, Vous verrez
probe
doresnavant les cieux ouvers, et les Anges de Dieu
essent,
aeternum
mors
peccatorum
cognovisse,
sancti,
ac
ultimum
pessima
utcunque
varie
Item
circunferrentur
exitum,
sainct
Paul
estre
salutem: impiorum foelicitatem amoenam esse viam
1, 51). Car combien qu'il regarde à la vision qui fut
qua in mortis voraginem paulatim labuntur. Ideo
donnée au sainct Patriarche Iacob, de l'eschelle sur
istorum mortem vocabant exitium incircuncisorum ,
laquelle Dieu estoit assis, si est-ce qu'il veut
ut quibus resurrectionis spes praecisa esset. Quare
magnifier par ceste marque combien sa venue est
nullam
precieuse et desirable, c'est qu'elle nous a ouvert le
potuit
David
vitam
de
montans et descendans sur le Fils de l'homme (Iean
excogitare
eorum
.
dire
ac
hac
tamen
nunquam
l'autre
graviorem
imprecationem, Deleantur de libro vitae, et cum
royaume
iustis non scribantur.
privement.
des
cieux
pour
nous
y
faire
entrer
2.9.3.
Toutesfois qu'on se garde bien de la resverie
diabolique
de
Servet,
lequel
voulant
exalter
la
grandeur de la grace de Christ, ou bien faisant
semblant d'y tendre, abolit du tout les promesses,
comme si elles avoyent pris fin avec les figures. Il
2.10.19.
pretend
ceste
couverture,
que
par
l'Evangile
Prae aliis vero insignis illa sententia Iob, Scio
l'accomplissement des promesses nous est apporté,
quia redemptor meus vivit, et in novissimo die de
comme s'il n'y avoit nulle distinction entre Iesus
terra resurrecturus sum: et in carne mea videbo
Christ et nous. I'ay nagueres adverty que Christ n'a
Deum salvatorem meum. Reposita est haec spes mea
rien obmis ne laissé derriere de tout ce qui estoit
in sinu meo . Qui volunt venditare suum acumen,
requis à la somme de nostre salut: mais c'est trop
cavillantur non
de ultima
sottement argué, de dire que nous iouyssons desia
resurrectione, sed de primo quoque die quo sibi
des biens qu'il nous a acquis: comme si ce que dit
mitiorem fore Deum Iob expectabat: quod ut illis ex
sainct Paul estoit faux, que nostre salut est caché
parte demus, extorquebimus tamen, velint nolint, ad
sous esperance (Rom. 8, 24). Ie confesse bien qu'en
eam spei amplitudinem non potuisse pervenire Iob si
croyant en Iesus Christ nous passons de mort à vie:
cogitatione in terra resedisset. Necesse ergo est
mais il nous faut aussi de nostre costé retenir la
fateamur,
oculos
sentence de sainct Iean (1 Iean 3, 2): combien que
sustulisse,
qui
esse
sibi
haec
in
intelligenda
futuram
vel
in
immortalitatem
sepulchro
iacenti
nous sachions que nous sommes enfans de Dieu,
redemptorem
affore
de
toutesfois qu'il n'est pas encore apparu, iusques à ce
praesenti tantum vita cogitantibus mors extrema est
que nous soyons faits semblables à luy, assavoir,
desperatio, quae nec ipsa spem eius abscindere
quand nous le verrons face à face tel qu'il est.
poterat. Etiam si me occiderit, dicebat, in ipso
Combien donc que Iesus Christ nous presente en
nihilominus sperabo . Nec mihi obstrepat hic nugator
l'Evangile une vraye et droite plenitude de tous
quispiam paucorum fuisse istas voces, unde minime
biens spirituels, toutesfois la iouyssance en est
probetur
doctrinam.
encore cachée sous la garde et comme sous le
Responsum enim a me statim accipiet, paucos istos
cachet d'espoir, iusques à ce qu'estans devestus de
non prodidisse talibus sententiis arcanam aliquam
nostre chair corruptible, nous soyons transfìgurez en
sapientiam, ad quam seorsum ac privatim excellentia
la gloire de celuy qui nous precede en ordre.
tantum ingenia admitterentur: sed, ut erant constituti
Cependant le sainct Esprit nous commande de nous
a Spiritu sancto plebis doctores, quae communiter
reposer sur les promesses: l'authorité duquel doit
ediscenda essent Dei mysteria, et popularis religionis
bien rabattre tous les abbays de ce chien mastin.
principia esse deberent, palam promulgasse. Quum
Car comme dit sainct Paul, la crainte de Dieu a les
ergo audiamus publica Spiritus sancti oracula, quibus
promesses tant de la vie presente que de la vie a
de spirituali vita tam clare ac dilucide in Iudaeorum
venir: pour laquelle raison il se glorifie d'estre
Ecclesia disseruit, intolerabilis pertinaciae fuerit eos
Apostre de Christ selon la promesse de vie qui est
ad carnale tantummodo foedus ablegare, ubi solius
en luy (1 Tim. 4, 8; 2 Tim. 1, 1). Et ailleurs il
terrae ac terrestris opulentiae fiat mentio.
remonstré que nous avons les mesmes promesses
talem
fuisse
conspexerit.
inter
Siquidem
Iudaeos
qui anciennement ont esté données aux saincts Peres
(2 Cor. 7, 1). Bref, il constitue la somme de nostre
salut en cecy, c'est que nous sommes seellez de
l'Esprit
de
promesse:
comme
de
fait
nous
ne
possedons point Iesus Christ, sinon entant que nous
le recevons et embrassons, estans revestus des
promesses de l'Evangile. De la se fait qu'il habite en
noz coeurs, et neantmoins nous sommes eslongnez
de luy comme pelerins, d'autant que nous cheminons
2.10.20.
en foy et non pas par veue (2 Cor. 5, 7). Et ces
Si ad posteriores Prophetas descendam, illic vero
deux
articles
s'accordent
bien:
c'est
que
nous
liceat, quasi in campo nostro, libere spatiari. Nam si
possedons en Iesus Christ tout ce qui appartient à la
in Davide, Iob, Samuele fuit non difficilis victoria:
perfection de la vie celeste, et neantmoins que la
illic multo est facilior. Hanc enim oeconomiam et
foy est une vision des choses qui ne se voyent
hunc
suae
point (Hebr. 11, 1). Seulement il est à notter que la
foedere tenuit Dominus, ut quo propius temporis
diversité de la Loy et de l'Evangile gist en la nature
progressu ad plenam exhibitionem accedebatur, ita
ou qualité des promesses, pource que l'Evangile nous
maioribus in dies revelationis incrementis illustraret.
monstre au doigt ce qui a esté anciennement figuré
Proinde initio, quum prima salutis promissio Adae
sous ombres obscures.
ordinem
in
dispensando
misericordiae
fuit, quasi tenues scintillae emicarunt: postea facta
accessione, maior lucis amplitudo coepit exeri, quae
magis ac magis deinde emersit, latiusque fulgorem
suum
protulit:
donec
tandem
nubibus
ominibus
2.9.4.
discussis, sol iustitiae Christus universum terrarum
orbem
ad
plenum
illuminavit.
ergo
ceux qui en opposant la Loy à l'Evangile, n'ont autre
metuendum ne si ad causam nostram comprobandam
regard qu'à la diversité qui est entre les merites des
Prophetarum petamus suffragia, illa nos deficiant:
oeuvres et la bonté gratuite de Dieu par laquelle
sed quia ingentem materiae sylvam fore video, in
nous sommes iustifìez. Ie confesse bien que telle
qua diutius multo immorari necesse sit quam ferat
comparaison ne doit point estre reiettee, pource que
instituti ratio (esset enim opus longi voluminis)
sainct Paul souvent par le nom de la Loy entend la
simulque
vel
parum
me
reigle de bien vivre que Dieu nous a baillée, et par
stravisse
ex
superioribus
perspicaci
Non
est
Par mesme moyen est aussi conveincu l'erreur de
lectori
viam
arbitror,
qua
inoffenso
laquelle il requiert et exige ce que nous luy devons,
prolixitate
non
adeo
in
ne nous donnant nul espoir de salut, si nous ne luy
tamen
obeyssons en tout et par tout: et au contraire, nous
lectoribus, ut viam sibi ea expedire meminerint,
menassant de malediction, si nous defaillons tant peu
quam prius in manum illis dedimus: Nempe quoties
que ce soit. Il suit ce stile voulant enseigner que
fidelis populi beatitudinem Prophetae commemorant
nous ne plaisons à Dieu que de sa pure bonté,
(cuius
vita
entant qu'il nous repute iustes nous pardonnant noz
cernuntur) ad hanc distinctionem confugiant: Dei
fautes, pource qu'autrement l'observation de la Loy,
bonitatem
commendarent,
à laquelle le loyer est promis, ne se trouveroit en
temporariis beneficiis, velut lineamentis quibusdam,
homme vivant. Parquoy sainct Paul use d'une façon
populo adumbrasse: sed talem eius pinxisse effigiem
de parler bien propre, faisant la iustice de la Loy et
quae mentes extra terram, elementa mundi huius, et
de
periturum
cogitandam
l'Evangile n'est point tellement succedé à toute la
futurae ac spiritualis vitae foelicitatem necessario
Loy, qu'il ait apporté une façon pleinement diverse
excitaret.
de nous sauver: mais plustost pour asseurer et
cursu
pergere
praesens
queat,
necessaria
vix
abstinebo:
minima
quo
a
vestigia
melius
seculum
praemonitis
in
Prophetae
raperet,
atque
praesenti
ad
l'Evangile
contraires
|l'une
à
l'autre.
Mais
ratifier ce qui estoit là promis, et conioindre le
corps avec les ombres. Car Iesus Christ en disant
que la Loy et les Prophetes ont esté iusques à Iean
(Matth, 11, 12; Luc 16, 16), n'entend pas que les
Peres soyent demourez plongez en la malediction,
laquelle tous ceux qui sont serfs de la Loy ne
peuvent eschapper: mais qu'ils ont esté entretenus
2.10.21.
sous les rudimens, et ne
Exemplo uno contenti erimus. Quum Israelitae
Babylonem
deportati,
morti
comme elle est comprise en l'Evangile. Parquoy
simillimam esse cernerent: dimoveri ab ea opinione
sainct Paul appellant l'Evangile, La puissance de Dieu
vix poterant quin fabulosum putarent esse quod de
en salut à tous croyans, adiouste qu'il a tesmoignage
sua restitutione vaticinabatur Ezechiel: quod perinde
de la Loy et des Prophetes (Rom. 1, 16). Et en la
id aestimabant acsi denuntiasset suscitatum in vitam
fin de la mesme Epistre, combien qu'il dise que
iri putrida cadavera. Dominus ut ostenderet nec ea
c'est la publication du secret qui avoit esté caché de
ipsa difficultate se impediri quominus beneficio suo
tout temps: pour mieux liquider son sens, il adiouste
locum
que ce mystere a esté manifesté par les Escritures
faceret,
suam
Prophetae
dissipationem
sont point montez iusques à une instruction si haute
campum
aridis
ossibus
plenum per visionem ostendit: quibus, sola verbi sui
des Prophetes. Dont nous avons à recueillir, quand il
virtute, spiritum vigoremque uno momento reddidit .
est fait mention de toute la Loy, que l'Evangile ne
Serviebat
differe d'icelle sinon au regard de la manifestation
quidem
corrigendam
ad
praesentem
visio:
Iudaeos
plus grande. Au reste, d'autant que Iesus Christ
commonefaciebat quantum ultra populi reductionem
nous a desployé une affluence inestimable de grace,
virtus Domini protenderetur, quae arida et dispersa
non sans cause il est dit qu'à sa venue le royaume
ossa
celeste de Dieu a esté dressé en terre.
solo
nutu,
sed
incredulitatem
adeo
interim
facile
vegetaret.
Quare
sententiam illam cum altera Iesaiae rite comparabis:
Vivent
mortui,
cadaver
meum,
resurgent.
Expergiscimini et exultate qui habitatis in pulvere,
quia ros viridis campi, ros tuus: et terram gigantum
detrahes
in
ruinam.
in
Or Iean Baptiste a esté interposé entre la Loy et
te,
l'Evangile, ayant comme une charge moyenne et
abscondere pauxillum, donec pertranseat indignatio.
prochaine de l'une et de l'autre. Car combien qu'en
Ecce enim Dominus egredietur de loco suo, ut visitet
nommant Iesus Christ l'Agneau de Dieu et sacrifice
iniquitatem
et
pour effacer les pechez et nettoyer toutes macules,
revelabit terra sanguinem suum, nec operiet diutius
il ait compris la somme de l'Evangile, toutesfois
interfectos suos.
pource qu'il n'a point expliqué ceste gloire et vertu
tabernacula
tua:
Vade
claude
habitatoris
popule
Ostia
terrae
mi,
tua
intra
2.9.5.
super
contra
eum:
incomparable qui s'est monstrée en la resurrection
de Christ, voila pourquoy il est fait inferieur aux
Apostres. Car c'est ce qu'emportent les mots de
Iesus Christ, combien qu'entre tous ceux qui sont
nais de femme Iean Baptiste soit le plus grand, que
2.10.22.
toutesfois celuy qui est moindre au royaume des
Quanquam siquis ad eiusmodi canonem ominia
cieux, est plus excellent que luy (Mattb. 11, 11).
redigere tentet, absurde fecerit: sunt enim aliquot
Car
loci qui nullo integumento, futuram, quae in regno
personnes: mais apres avoir preferé Iean à tous les
Dei
demonstrant;
Prophetes, il exalte l'Evangile en degré souverain, et
quales nonnullos recitavimus, et quales sunt cum alii
le nomme à sa façon commune, Royaume des cieux.
plerique, tum praecipue duo isti; alter apud Iesaiam,
Quant à ce que Iean respondit aux messagiers des
Sicut caeli novi et terra nova, quae facio stare
Scribes, qu'il n'estoit seulement qu'une voix (Iean 1,
coram me: sic stabit semen vestrum. Et erit mensis
23), comme se mettant au dessous des Prophetes:
ex mense, sabbathum ex sabbatho: veniet omnis caro
ce
ut
entendoit
fideles
adoret
manet,
immortalitatem
coram
facie
et
videbunt
n'estoit
point
point
là
par
question
humilité
de
priser
feinte,
mais
les
il
Et
virorum
qui
quelque message particulier, mais seulement qu'il
praevaricati sunt in me, quod vermis eorum non
faisoit office de héraut, pour faire place au grand
morietur,
vero
Roy, et preparer le peuple à le recevoir: selon qu'il
Danielis, In tempore illo consurget Michael princeps
avoit esté predit par Malachie, Voicy, i'envoye Elie
magnus, qui stat pro filiis populi sui: et veniet
mon Prophete devant que le grand iour du Seigneur
tempus angustiae quale non fuit ex quo gentes esse
et terrible vienne (Mal. 4, 5; 3, 23). Et de fait, en
coeperunt. Et tunc salvabitur populus tuus omnis qui
tout le cours de sa predication il n'a fait autre chose
et
ignis
non
dicit
n'est
Dominus.
egredientur,
mea,
il
cadavera
extinguetur
;
alter
que
Dieu
ne
luy
avoit
point
commis
inventus fuerit scriptus in libro. Et ex iis qui
que d'apprester des disciples à Christ, comme il
dormiunt in terrae pulvere, evigilabunt, alii in vitam
prouve par Isaie que ceste charge luy a
aeternam, alii in opprobrium sempiternum.
commise d'enhaut. C'est aussi en ce sens qu'il a
esté
esté nommé par Iesus Christ, Une lampe ardante et
luisante (Iean 5, 35): pource que la pleine clarté du
iour n'estoit point encores venue. Toutesfois cela
n'empesche qu'il ne soit nombre et tenu entre les
prescheurs de l'Evangile: comme de fait il a usé du
mesme Baptesme lequel depuis a esté commis aux
Apostres. Mais ce qu'il a commencé n'a pas esté
accomply iusqu'à ce que le Fils de Dieu estant levé
en la maiesté de son empire, a donné un cours plus
2.10.23.
libre, et plus grand avancement à ses Apostres.
Iam in duobus reliquis probandis, Patres scilicet
Christum in foederis sui pignus habuisse, atque in
2.10.
ipso omnem benedictionis fiduciam reposuisse: quia
Testament.
De
la
similitude
du
vieil
et
nouveau
minus controversiae et plus claritatis habent, non
laborabo. Constituamus ergo secure quod nec ullis
diaboli machinis revelli queat: vetus Testamentum
2.10.1.
seu foedus, quod cum Israelitico populo percussit
Il peut desia estre notoire par ce que nous avons
Dominus, non rebus terrenis fuisse limitatum, sed
deduit, que tous ceux que Dieu a voulu adopter dés
spiritualis
aeternaeque
le commencement du monde en la compagnie de son
continuisse:
cuius
vitae
promissionem
expectationem
omnium
animis
peuple, ont esté par mesme raison alliez avec luy,
impressam oportuit qui in foedus vere consentiebant.
estans conioints d'un mesme lien de doctrine
Hanc vero insanam ac perniciosam opinionem procul
celle que nous avons: mais pource qu'il est bien
summoveamus, aut Dominum nihil aliud proposuisse
requis que cest article soit confermé, i'adiousteray
Iudaeis, aut illos nihil quaesivisse praeter ventris
comme par forme d'accessoire, comment c'est que
saturitatem, carnis delicias, florentes opes, externam
les Peres ont esté participans d'un mesme heritage
potentiam,
avec nous, et ont esperé un salut commun' par la
animalis
liberorum
homo
caelorum
in
regnum
foecunditatem,
pretio
habet.
hodie
promittit
et
Non
quicquid
enim
suis
aliud
Christus
que
grace d'un mesme Mediateur: et toutesfois qu'en
telle
societé
leur
condition
a
les,
tesmoignages
esté
diverse.
Or
Dominus, quam ubi recumbant cum Abraham, Isaac,
combien
et Iacob ; ac Iudaeos seculi sui Petrus haeredes
cueillis de la Loy et des Prophetes suffisent à
esse Evangelicae gratiae asserebat, quod filii essent
prouver qu'il n'y a iamais eu au peuple de Dieu
Prophetarum, comprehensi in foedere quod Dominus
autre reigle de pieté et de religion que celle que
olim cum sua gente pepigisset . Ac ne id solis
nous tenons, toutesfois pource que souvent il est
verbis
quoque
parlé aux Docteurs anciens de la diversité du vieil
approbavit. Eo enim quo resurrexit momento multos
et du nouveau Testament d'une façon rude et aspre,
sanctorum resurrectionis suae consortio dignatus est,
et qui pourroit engendrer scrupule à ceux qui ne
ac visendos in civitate praebuit : certo arrhabone sic
sont pas trop aigus, il m'a semblé advis bon de faire
dato, quicquid fecit ac passus est in aeternae salutis
un
testatum
esset,
Dominus
facto
que
traitté
particulier
pour
que
mieux
nous
discuter
avons
ceste
acquisitionem, ad veteris Testamenti fideles
non
matiere. Davantage, ce qui autrement estoit tresutile,
secus quam ad nos pertinere. Nempe et eodem fidei
nous est necessaire à cause de l'importunité tant de
Spiritu,
ce
quo
in
vitam
regeneramur,
teste
Petro,
monstre
Servet,
que
d'aucuns
Anabaptistes,
praediti fuerunt . Quum Spiritum illum, qui est veluti
lesquels n'ont autre estime du peuple d'Israel que
quaedam immortalitatis in nobis scintilla (unde et
comme d'un troupeau de porceaux: veu qu'ils pensent
arrhabo haereditatis nostrae alibi vocatur) in illis
que nostre Seigneur l'ait voulu seulement engraisser
similiter
vitae
en terre comme en une auge, sans esperance aucune
haereditatem adimere audeamus? Quo magis mirum
de l'immortalité celeste. Pourtant afin de retirer tous
est eo stuporis olim recidisse Sadducaeos, ut tum
fideles de cest erreur pestilent, pareillement de
resurrectionem, tum animarum substantiam negarent:
delivrer les simples personnes de toutes difficultez
quorum
lesquelles viennent en l'entendement, quand il est
audimus
habitasse,
utrunque
testimoniis
tam
consignatum
quomodo
illis
illustribus
minus
fait mention de quelque diversité entre le vieil et
prodigiosa hodie foret totius nationis stoliditas in
nouveau Testament, regardons brievement que c'est
expectando terrestri Christi regno, nisi hanc repudiati
qu'ont de semblable ou divers, l'alliance que le
Evangelii
ante
Seigneur a faite devant l'advenement de Christ avec
praedixissent; sic enim iusto Dei iudicio conveniebat
le peuple d'Israel, et celle qu'il a faite avec nous
mentes caecitate percutere, quae oblatum caeli lumen
apres l'avoir manifesté en chair.
poenam
daturos
habebant.
Scripturae
Nec
Scripturae
multo
respuendo, tenebras ultro sibi accersivissent. Mosen
ergo
legunt,
et
assidue
revolvunt:
sed
opposito
velamine impediuntur ne cernant lucem in eius vultu
refulgentem ; atque ita manebit illis obtectus ac
involutus, donec ad Christum convertatur, a quo illum
nunc
quantum
possunt,
abducere
ac
distrahere
student.
2.10.2.
Or l'un et l'autre se peuvent despescher en un
mot: c'est que l'alliance faite avec les Peres anciens,
en sa substance et verité est si semblable à la
nostre, qu'on la peut dire une mesme avec icelle.
Seulement elle differe en l'ordre d'estre dispensée.
Mais pource que d'une telle brieveté nul ne pourroit
concevoir certaine intelligence, il faut poursuyvre
cela plus amplement si nous voulons profiter quelque
chose. En expliquant la similitude, ou plustost l'unité
d'icelles, il seroit superflu de traiter derechef au
long
toutes
les
parties
que
nous
avons
desia
depeschées : et de mesler ce qu'il faudra deduire
ailleurs, il ne viendroit pas à propos. Il nous faudra
donc icy arrester en trois articles. Premierement,
2.11. De differentia unius Testamenti ab altero.
que le Seigneur n'a point proposé aux Iuifs une
felicité ou opulence terrienne, comme un but auquel
ils deussent aspirer: mais qu'il les a adoptez en
2.11.1.
Quid ergo? (inquies) nullumne discrimen veteris
esperance d'immortalité, et leur a revelé et testifie
ceste adoption, tant par visions qu'en sa Loy et en
et novi Testamenti relinquetur? et quid fiet tot
ses
Scripturae locis, ubi tanquam res diversissimae inter
laquelle ils ont esté conioints avec Dieu n'a pas esté
se conferuntur? Ego vero libenter recipio quae in
fondée
Scriptura commemorantur differentias: sed ita ut
misericorde d'iceluy. Tiercement, qu'ils ont eu et
nihil constitutae iam unitati derogent: quemadmodum
cognu Christ pour Mediateur, par lequel ils estoyent
videre erit ubi eas ordine tractaverimus. Sunt autem
conioints à Dieu, et estoyent faits participans de ses
illae
et
promesses. Le second, pource qu'il n'a pas encores
praecipuae.
esté assez esclairci, sera plus amplement demonstré
Quibus si quintam adiungere libeat, minime reclamo.
en son lieu. Car nous prouverons par beaucoup de
Eas
me
certains tesmoignages des Prophetes, que tout ce
profiteor, ut ad modum administrationis potius quam
que le Seigneur a fait ou promis iamais de bien à
ad
son
(quantum
meminisse
animadvertere
possum)
omnes
sic
substantiam
numero
esse
dico,
pertineant.
mihi
licuit,
quatuor
et
ostensurum
Hac
ratione
nihil
Prophetes.
sur
peuple,
Secondement,
leurs
et
merites,
provenu
que
mais
de
sa
l'alliance
sur
pure
la
par
seule
bonté
et
impedient quominus eaedem maneant veteris ac novi
clemence.
Testamenti
demonstré çà et là assez facilement: mesmes nous
promissiones,
atque
idem
ipsarum
promissionum fundamentum, Christus. Porro prima
Le
troisieme,
nous
l'avons
aussi
avons aucunement touché le premier en passant.
est. Quod tametsi olim quoque Dominus populi sui
mentes in caelestem haereditatem volebat collimare,
arrectosque esse animos: quo tamen in spe illius
melius
terrenis
alerentur,
ac
contemplandam
quodammodo
sub
beneficiis
degustandam
exhibebat:
nunc clarius liquidiusque revelata per Evangelium
futurae vitae gratia, recta ad eius meditationem,
omisso
inferiori,
exercitationis
quem
modo,
apud
consilium Dei qui non animadvertunt, non putant
grande diligence à l'expliquer: neantmoins il nous y
veterem populum altius conscendisse quam ad illa
faut arrester en telle sorte, que s'il y a quelque
quae corpori promittebantur bona. Audiunt toties
chose qui defaille encores à la droite exposition des
terram
adeoque
autres, nous le depeschions brievement selon que
unicum Legis divinae cultoribus praemium. Audiunt
l'opportunité le portera. L'Apostre certes nous oste
nihil
Legis
toute doute des trois, quand il dit que le Seigneur
transgressoribus interminari, quam ab eius terrae
avoit long temps auparavant promis l'Evangile de
possessione expellendos, ac dispergendos in alienas
Iesus Christ par les Prophetes en ses sainctes
regiones. Vident in hanc fere summam recidere
Escritures, lequel il a publié maintenant au temps
quaecunque vel benedictiones vel maledictiones a
qu'il avoit determiné. Item, que la iustice de Foy,
Mose
dubitanter
laquelle est enseignée en l'Evangile, a esté testifiee
constituunt Iudaeos non sua causa, sed aliena fuisse
en la Loy et par les Prophetes (Rom. 1, 2; 3, 21).
a caeteris populis segregatos: nempe ut imaginem
Certes, l'Evangile, ne retient point les coeurs des
haberet Christiana Ecclesia, in cuius externa specie
hommes en une ioye de la vie presente, mais les
spiritualium rerum documenta cerneret. Sed quum
esleve à l'esperance d'immortalité: et ne les attache
aliquoties Scriptura demonstret, huc terrena quibus
point
eos prosequebatur beneficia Deum ipsum destinasse,
l'esperance laquelle leur est preparée au ciel, les
severius
denuntiantur.
velut
Dominum
Ex
iis
dirigit.
pres à la cause presente et qu'il y en a plus de
debat et de controversies, il nous faut mettre plus
nominari,
nostras
adhibebat,
Mais pource que cejtuy-ey appartient de plus
Hoc
Chanaan
mentes
Israelitas
2.10.3.
insigne
eiusdem
minime
aux
delices
terriennes,
mais
demonstrant
ut ad spem caelestium ita ipsos manu duceret:
transporte
eiusmodi
definition qu'il en met en un autre lieu: Depuis,
dispensationem
imperitiae,
ne
dicam
non
considerare,
à
cela
nous
mene
la
hominum genere status controversiae nobis est, quod
esté marquez du sainct Esprit, lequel est arre de
illi
pro
nostre heritage, etc. Item, Nous avons entendu de
summa atque ultima beatitudine habitam, nobis post
vostre foy en Christ, et de vostre charité envers les
revelatum Christum caelestem haereditatem figurare
fideles, à cause de l'esperance que vous avez au
docent. Nos
qua
ciel, laquelle vous a esté annoncée par la doctrine
fruebantur possessione, velut in speculo, futuram,
de l'Evangile. Item, Le Seigneur nous a appellez par
quam
son Evangile en participation de la gloire de nostre
contra
sibi
in
Chanaan
contendimus,
caelis
Cum
Car
dit-il. que vous avez creu à l'Evangile, vous avez
terrae
fuit.
haut.
hoc
possessionem
hebetudinis,
nimiae
en
Israelitis
in
terrena
praeparatam
crederent,
haereditatem esse intuitos.
Seigneur Iesus Christ (Ephes. 1, 13; Col. 1, 4; 2
Thess. 2, 14). De là vient aussi qu'il est appellé
Doctrine de salut, Puissance de Dieu pour sauver
tous croyans, et Royaume des cieux (Ephes. 1, 13;
Rom. 1, 16). Or, si la doctrine de l'Evangile est
spirituelle,
et
nous
donne
entrée
en
la
vie
incorruptible, ne pensons pas que ceux ausquels
2.11.2.
l'Evangile a esté promis et presché, se soyent
Id melius elucebit ex similitudine quam posuit
Paulus
ad
Galatas.
bestes
brutes
à
prendre
leurs
voluptez corporelles, ne se soucians de leurs ames
haeredi parvulo, qui ad se regendum nondum idoneus,
(Luc 9, 62). Et aie faut point que quelcun caville
tutoris aut paedagogi, cuius custodiae commissus est,
icy
ductum sequitur . Quod autem eam ad ceremonias
anciennement
similitudinem
obstat
Prophetes, ont esté destinées au peuple du nouveau
quominus huc quoque aptissime applicetur. Eadem
Testament. Car l'Apostre, un peu apres avoir mis
ergo illis haereditas quae nobis destinata fuit: sed
ceste sentence, que l'Evangile a esté promis en la
cuius adeundae et tractandae nondum per aetatem
Loy, adiouste pareillement, que tout ce que la Loy
capaces forent. Eadem inter illos Ecclesia: sed cuius
contient s'adresse proprement à ceux qui sont sous
aetas adhuc puerilis erat. Sub hac ergo paedagogia
la Loy (Rom. 3, 19). Ie confesse bien que c'est à
illos continuit Dominus, ut spirituales promissiones
autre propos: mais il n'estoit pas tant oublieux,
non ita nudas et apertas illis daret, sed terrenis
qu'en disant que tout ce que la Loy enseigne
quodammodo adumbratas. Abraham ergo, Isaac et
appartient aux Iuifs, il ne pensast à ce qu'il avoit dit
Iacob,
spem
auparavant, touchant de l'Evangile promis en la Loy.
in
Il demonstre donc clairement en ce passage, que le
haereditatem illis promisit: non in qua spes suas
vieil Testament regardoit principalement à la vie
terminarent, sed cuius aspectu in spem verae illius,
future : veu qu'il dit que les promesses de l'Evangile
quae nondum apparebat, haereditatis se exercerent
y sont comprinses.
potissimum
eorumque
confirmarent.
Ac
refert,
posteritatem
cooptaret,
ne
Iudaeorum
comme
gentem
immortalitatis
Comparat
amusez
quum
terram
hallucinari
nihil
in
Chanaan
possent,
dabatur
superior promissio quae terram illam non supremum
esse Dei beneficium testaretur. Sic Abraham in
accepta terrae promissione torpere non sinitur: sed
que
les
promesses
données
de
lesquelles
l'Evangile
Dieu
par
avoit
ses
maiori promissione erigitur illius mens in Dominum.
Audit enim, Abraham, ego protector tuus, et merces
2.10.4.
tua magna valde . Hic videmus Abrahamo proponi
Par une mesme raison il s'ensuit qu'il consistoit
finem suae mercedis in Domino, ne illam quaerat
en la misericorde gratuite de Dieu, et avoit sa
fluxam ac lubricam in elementis huius mundi: sed
fermeté en Christ. Car la predication Evangelique ne
immarcescibilem
deinde
chante autre chose, sinon que les povres pecheurs
terrae promissionem, non alia conditione quam ut sit
sont iustifìez par la clemence paternelle de Dieu,
divinae
esse
reputet.
benevolentiae
Subiungit
ac
caelestis
sans l'avoir merité. Et toute la somme d'icelle est
fuisse
sensum,
comprinse en Iesus Christ. Qui osera donc priver les
eorum voces declarant. Sic David a benedictionibus
Iuifs de Christ, ausquels nous oyons l'alliance de
temporariis ad summam illam atque ultimam assurgit.
l'Evangile avoir esté faite, de laquelle le fondement
Languet (inquit) tui desiderio cor meum et caro
unique
mea.
Item,
estranger de l'esperance de salut gratuit, veu que
Dominus pars haereditatis meae et calicis mei: tu es
nous oyons que la doctrine de foy leur a esté
qui
Item,
administrée, laquelle nous apporte iustice gratuite?
Clamavi ad te Domine, dixi, Tu es spes mea, portio
Et afin de ne faire long debat d'une chose trop
mea in terra vivorum . Qui sic loqui audent, se
claire, nous avons pour cela une sentence notable du
profecto
bonorum
Seigneur Iesus: Abraham, dit-il, a esté esmeu d'un
praesentium spe sua transcendere profitentur. Hanc
grand desir de voir mon iour: il l'a veu, et s'en est
tamen futuri seculi beatitudinem Prophetae saepius
resiouy (Iean 8, 56). Ce qui est là dit d'Abraham,
sub typo quem a Domino acceperant, describunt:
l'Apostre monstre avoir esté universel en tout le
qualiter intelligendae sunt istae sententiae, Quod pii
peuple fidele, quand il dit que Christ a esté hier et
haereditate possidebunt terram: scelerati autem ex
auiourdhuy, et sera eternellement (Hebr. 13, 8). Car
ea disperdentur . Quod Ierusalem omne genus divitiis
il ne parle pas -seulement de la divinité eternelle
abundabit, et Sion rerum omnium copia diffluet .
de Christ, mais de la cognoissance de sa vertu :
Quae omnia videmus non in terram peregrinationis
laquelle a
nostrae,
Pourtant
haereditatis
typus,
Deus
portio
conservas
quem
mea
sanctis
in
sempiternum
haereditatem
mundum
aut
symbolum,
in
competere,
sed
caelestem
illam
et
mihi
quicquid
terrestrem
in
meam
veram
civitatem,
est
Ierusalem
patriam
in
.
.
proprie
fidelium
qua
ac
Dominus
benedictionem et vitam mandavit in perpetuum.
est
Cantiques,
Christ,
lesquelles
Christ?
Qui
est-ce
esté touiours
la
vierge
un
le
et
Zacharie
salut
qui
accomplissement
Dieu
avoit
les
osera
manifestée aux fideles.
Marie
appellent
qui
faites
est
des
à
en
leurs
revelé
en
promesses,
Abraham
et
aux
Patriarches (Luc 1, 54. 55. 72. 73). Si Dieu en
manifestant son Christ s'est acquité de son serment
ancien, on ne peut dire que la fin du vieil Testament
n'ait esté en Christ, et en la vie eternelle.
2.10.5.
Davantage, l'Apostre non seulement fait le peuple
2.11.3.
Haec ratio est cur maioris quam nunc deceat,
d'Israel pareil et egal à nous en la grace de
l'alliance,
mais
aussi
en
la
signification
des
aestimasse
benedictiones
Sacremens. Car voulant espovanter les Corinthiens
sancti legantur sub Veteri testamento. Tametsi enim
par leur exemple, à ce qu'ils ne tombassent en
probe noverant non esse in ea tanquam in cursus sui
mesmes crimes que Dieu avoit grievement puniz en
meta consistendum: quia tamen recognoscebant, quae
iceux, il use de ceste preface: que nous n'avons
illic
modulo
point aucune prerogative ou dignité, laquelle nous
Dominus
puisse delivrer de la vengeance de Dieu, qui est
impresserat, maiori eius suavitate afficiebantur quam
venue sur eux (1 Cor. 10, 1. 6. 11). Qu'ainsi soit,
si
non
ad
mortalem
eos
exercendos,
ipsam
pro
vitam
teneritudinis
gratiae
per
eiusque
se
suae
ipsorum
lineamenta
considerassent.
Quemadmodum
seulement
nostre
Seigneur
leur
a
fait
les
autem Dominus, benevolentiam suam erga fideles
mesmes benefices qu'il nous fait, mais aussi a
praesentibus bonis testando, spiritualem foelicitatem
illustré sa grace entre eux par mesmes signes et
eiusmodi typis ac symbolis tunc adumbrabat, ita e
Sacremens : comme s'il disoit, Il vous semble que
converso dabat in poenis corporeis, in reprobos
vous estes hors de danger, pource que le Baptesme
iudicii sui documenta. Itaque ut Dei beneficia in
dont vous avez esté marquez et la Cene du Seigneur
rebus terrenis magis conspicua erant, ita poenae.
ont
Hanc
mesprisant
inter
convenientiam
poenas
(ut
et
sic
praemia
loquar)
dum
analogiam
ac
imperiti
non
des
promesses
singulieres:
cependant,
en
la bonté de Dieu, vous vivez dissolument: mais ii
expendunt, mirantur tantam in Deo varietatem, ut qui
vous faut penser
ad
horrendisque
despourveus des mesmes Sacremens, contre lesquels
suppliciis vindicanda olim subitus, nunc velut posito
le Seigneur n'a pas laissé pour cela d'exercer la
pristinae iracundiae affectu, et mitius et rarius multo
rigueur de son iugement. Ils ont esté baptisez au
puniat: et parum abest quin ob id diversos Veteris
passage de la mer rouge, et en la nuée qui les
et Novi testamenti deos imaginentur, quod etiam
defendoit de l'ardeur du soleil. Ceux qui repugnent à
Manichaeis accidit. Verum talibus scrupulis facile
ceste doctrine, disent que ç'a esté Baptesme charnel,
expediemur si animum referemus ad istam quam
correspondant
notavi Dei dispensationem, quod tum futurae ac
similitude: mais si cela leur est concedé, l'argument
aeternae foelicitatis gratiam terrestribus beneficiis,
de l'Apostre ne procedera point, lequel a voulu oster
tum spiritualis mortis gravitatem corporeis poenis
aux Chrestiens ceste vaine fiance, de penser qu'ils
significare et figurare pro eo tempore voluit, quo
fussent plus excellens que les Iuifs, à cause du
testamentum
Baptesme. Et mesmes ce qui s'ensuit incontinent
quaelibet
hominis
suum
delicta
saevis
quodammodo
adhuc
involutum
Israelitico populo tradebat.
au
que les Iuifs
nostre
spirituel
n'ont
selon
pas esté
quelque
apres, ne se peut nullement caviller: c'est qu'ils ont
nïangé la mesme viande spirituelle, et beu le mesme
breuvage spirituel qui nous est donné: exposant que
c'est Iesus Christ.
2.11.4.
Alterum Veteris et Novi testamenti discrimen
statuitur
in
figuris,
quod
illud
absente
veritate.
2.10.6.
Imaginem tantum et pro corpore umbram ostentabat:
Mais ils obiectent encore pour abbatre l'authorité
hoc praesentem veritatem et corpus solidum exhibet.
de sainct Paul, le dict de Christ, Voz peres ont
Atque
Veteri
mangé la manne au desert, et sont morts: quiconque
testamento novum opponitur: fusior tamen est eius
mangera ma chair, ne mourra point eternellement
huius
fere
fit
mentio
ubicunque
tractatio in epistola ad Hebraeos quam alibi usquam.
(Iean 6, 49-51). Mais l'un s'accorde facilement avec
Illic
Legis
l'autre. Le Seigneur Iesus, pource qu'il addressoit sa
Mosaicae observationes aboleri posse non putabant
parolle à des auditeurs qui cherchoyent seulement de
nisi ut secum traherent religionis totius ruinam. Quo
repaistre leurs ventres, ne se soucians gueres de la
hunc
Christi
vraye nourriture des ames, accommode aucunement
sacerdotio praedictum apud Prophetam fuerat; nam
son oraison à leur capacité: et principalement il fait
quum aeternum illi deferatur sacerdotium, certum est
ceste comparaison de la manne avec son corps selon
aboleri sacerdotium illud ubi alii aliis successores
leur sens. Ils requeroyent que pour avoir authorité,
quotidie substituebantur. Praevalere autem novi istius
il approuvast sa vertu par quelque miracle tel que
sacerdotis
institutionem
stabilitur.
Subiungit
disputat
Apostolus
errorem
translatione
Atque
id
quoniam
refutet,
verti
adversus
assumit
ea
etiam
de
quod
iuramento
Moyse avoit fait au desert, quand il ayoit fait
ea
sacerdotii
plouvoir du ciel la manne. Or en la manne ils
in
Testamenti
fuisse
mutationem.
ratione
imbecillitas
confirmat,
rien,
sinon
un
remede
pour
subvenir à leur indigence corporelle, de laquelle le
deinde
point si haut, que de considerer le mystere que
prosequitur quae illa fuerit imbecillitas, nempe quod
touche sainct Paul. Christ donc, pour demonstrer
externas carnis iustitias habuerit quae cultores suos
combien ils devoyent attendre un plus grand et
non
excellent benefice de soy, que celuy qu'ils pensoyent
perfectionem
possent
secundum
posset.
quae
n'apprehendoyent
peuple estoit pressé au desert. Ils ne montoyent
ad
Legis
qui
nihil
adducere
erat
quod
probat,
postea,
necessarium
eos
Tum
conscientiam
perfectos
reddere, quod pecudum victimis, nec peccata delere,
leurs
nec veram sanctitatem conciliare poterat. Concludit
comparaison: Si ç'a esté un si digne miracle, à
ergo, umbram fuisse in ipsa futurorum bonorum, non
vostre opinion, que le Seigneur a envoyé à son
vivam rerum effigiem: ideoque non aliud habuisse
peuple de la viande celeste par la main de Moyse, à
officii nisi ut introductio esset in spem meliorem
ce qu'il ne perist point de faim, mais fast sustente
quae in Evangelio exhibetur . Hic videndum est qua
pour quelque temps: de cela cognoissez combien plus
parte foedus Legale cum foedere Evangelico, Christi
pretieuse est la viande laquelle apporte immortalité.
ministerium cum Mosaico conferatur. Nam si ad
Nous voyons pourquoy c'est que le Seigneur a laissé
promissionum
comparatio,
derriere ce qui estoit ie principal en la manne, en
magnum extaret inter duo Testamenta dissidium: sed
prenant seulement la moindre, utilité d'icelle: c'est
quum
que les Iuifs, comme par reproche luy avoyent
substantiam
status
pertineret
quaestionis
alio
nos
ducat,
eo
peres
avoir
tendendum est ut verum reperiamus. Foedus ergo
obiecté
Moyse,
quod
d'Israel
en
aeternum
et
nunquam
interiturum
semel
receu
lequel
sa
de
Moyse,
avoit
secouru
necessité,
le
fait
le
ceste
peuple
repaissant
sancivit, in medio statuamus. Illius complementum,
miraculeusement
unde tandem habet ut statum ratumque sit, Christus
dispensateur d'une grace bien plus pretieuse: au prix
est. Talis confirmatio dum expectatur, ceremonias
de laquelle ce que Moyse avoit fait au peuple
Dominus per Mosen praescribit, quae sunt velut
d'Israel
solennia confirmationis symbola. Id in contentionem
l'estimassent tant. Sainct Paul considerant que le
veniebat, cederene oporteret Christo quae in Lege
Seigneur, quand il avoit fait plouvoir la manne du
ordinatae
tametsi
ciel, n'avoit pas seulement voulu envoyer viande
certe
corporelle à son peuple, mais luy avoit aussi voulu
loquitur)
donner un mystere spirituel, pour figurer la vie
foederis
erant
ceremoniae.
duntaxat
accessiones
ac
accessoria:
quia
accidentia
annexa,
tamen
et
Hae
vero
erant,
(ut
vel
vulgus
instrumenta
erant
illius
n'estoit
de
manne.
quasi
Il
rien,
respond
qu'il
combien
est
qu'ils
eternelle qu'il devoit attendre de Christ, traite cest
administrandi, foederis nomen habent; qualiter et
argument
comme
il
aliis Sacramentis dari solet. Proinde, in summa,
expliqué.
Pourtant
nous
Vetus
solennis
doute, que les mesmes promesses de vie eternelle,
confirmandi foederis ratio, ceremoniis et sacrificiis
qui nous sont auiourdhuy presentées, non seulement
comprehensa. In ea quoniam nihil solidum subest,
ont esté communiquées aux Iuifs, mais aussi leur
nisi
ont
testamentum
ulterius
abrogari
hoc
loco
transeatur,
contendit
appellatur
oportuisse
Apostolus,
ut
antiquari
Christo
et
potioris
esté
seellees
estoit
et
digne
pouvons
confermées
d'estre
bien
conclurre
sans
par
sacremens
vrayement spirituels. Laquelle matiere est amplement
Testamenti sponsori ac mediatori locus daretur, per
deduite
quem aeterna sanctificatio electis semel acquisita
Manichéen.
par
sainct
Augustin
contre
Fauste
est: et transgressiones obliteratae, quae sub Lege
manebant. Quod si malis, ita accipe: vetus fuisse
Domini Testamentum, quod umbratili et inefficaci
ceremoniarum
observatione
involutum
tradebatur;
ideoque temporarium fuisse, quia veluti in suspenso
erat,
donec
firma
et
substantiali
confirmatione
subniteretur. Tum vero demum novum aeternumque
factum
fuisse,
postquam
Christi
2.10.7.
Toutesfois si les lecteurs aiment mieux d'ouyr un
sanguine
recit des tesmoignages de la Loy et des Prophetes,
consecratum stabilitumque fuit. Unde calicem, quem
ausquels ils voyent que l'alliance spirituelle dont
discipulis in Coena porrigit Christus, Novi testamenti
nous sommes auiourdhuy possesseurs, a esté aussi
calicem vocat in suo sanguine : ut significet, tum
bien
vere Dei Testamento suam constare veritatem, per
declairé par Christ et ses Apostres, ie tascheray de
quam novum fit et aeternum dum sanguine suo
satisfaire à cecy: voire d'autant plus volontiers, afin
obsignatur.
que les contredisans soyent tant plus conveincus, et
commune
aux
Peres,
selon
qu'il
nous
est
ne puissent tergiverser cy apres. Ie commenceray
par un argument qui sera estimé debile, et quasi
ridicule entre les Anabaptistes, mais sera d'assez
grande importance envers toutes gens
de raison et
de iugement. Ie pren donc cecy pour resolu, qu'il y
a une telle vigueur en la parolle de Dieu, qu'elle
suffit à vivifier les ames de tous ceux qui y
participent. Car ce dire de sainct Pierre a tousiours
2.11.5.
esté vray, que c'est une semence incorruptible,-
Hinc liquet quo sensu dixerit Apostolus, Legis
paedagogia
deductos
iamais:
comme
aussi
il
le
antequam ipse in carne exhiberetur . Illos quoque
40, 6). Or puisque Dieu a iadis conioint avec soy
filios et haeredes Dei fuisse fatetur: sed propter
les Iuifs par ce lien sacré et indissoluble, il n'y a
pueritiam sub paedagogi custodia habendi essent.
doute qu'il ne les ait separez et mis à part, pour les
Conveniebat enim, sole iustitiae nondum exorto, nec
faire esperer en la vie eternelle. Car en disant qu'ils
tantum
tantum
ont receu et embrassé la Parolle pour estre unis de
intelligendi perspicaciam. Sic ergo verbi sui lucem
plus pres avec Dieu: ie n'enten pas ceste espece
illis Dominus dispensavit, ut eam eminus adhuc et
generale de communiquer avec luy, laquelle s'espand
fulgorem,
ad
à
conferme par les mots d'Isaie (1 Pierre 1, 23; Is.
revelationis
Iudaeos
demeure
Christum
esse
fuisse
laquelle
nec
obscure cernerent. Ideo hanc intelligentiae tenuitatem
au ciel et en la terre, et en toutes creatures. Car
pueritiae
combien
vocabulo
Paulus
notat,
quam
elementis
qu'il
vivifie
toutes
choses
par
son
huius mundi et externis observatiunculis, tanquam
inspiration, assavoir chacune selon la proprieté de sa
regulis puerilis disciplinae, voluit Dominus exerceri,
nature, toutesfois il ne les delivre de la necessité de
donec effulgeret Christus: per quem fidelis populi
corruption; mais celle dont ie parle est speciale, par
cognitionem adolescere oportebat. Hanc distinctionem
laquelle les ames des fideles sont illuminées en la
signavit
Christus
Legem
et
cognoissance de Dieu, et aucunement coniointes à
:
eo
luy. Comme ainsi soit donc qu'Abraham, Isaac, Noé,
evangelizari regnum Dei. Quid Lex et Prophetae sui
Abel, Adam, et les autres Peres, ayent adhere à
temporis
gustum
Dieu par une telle illumination de sa parolle, ie dy
praebebant eius sapientiae quae olim ad liquidum
qu'il n'y a nulle doute qu'elle ne leur ait esté une
manifestanda
emicantem
entrée au royaume eternel de Dieu; car c'estoit une
praemonstrabant. Ubi autem digito potest ostendi
vraye participation de Dieu, laquelle ne peut estre
Christus, reseratum est regnum Dei. In ipso enim
sans la grace de la vie eternelle.
Prophetas
expositi
fuisse
ipse,
quum
diceret,
usque
ad
Iohannem
hominibus
prodiderunt?
erat,
sunt
et
thesauri
nempe
procul
omnes
ex
sapientiae
et
intelligentiae , quibus prope ad ipsa caeli adyta
penetratur.
2.10.8.
Si cela semble advis aucunement obscur, venons
au
2.11.6.
formulaire
mesme
de
l'alliance,
lequel
non
seulement contentera tous esprits paisibles, mais
Nec obstat quod nemo fere in Christiana Ecclesia
aussi redarguera suffisamment l'ignorance de ceux
reperiri queat qui fidei praestantia sit cum Abraham
qui s'efforcent de contredire. Le Seigneur a fait
componendus:
excelluerint
tousiours ceste paction avec ses serviteurs: Ie vous
Prophetae, qua hodieque orbem universum illuminant.
seray pour Dieu, et vous me serez pour peuple
Non enim quid in paucos gratiae contulerit Dominus,
(Lev. 26, 12). Sous ces parolles les Prophetes
hic quaeritur: sed quam in populo docendo ordinariam
mesme exposoyent, vie et salut et la somme de
dispensationem sequutus sit: qualis apud illos ipsos
toute beatitude estre comprise. Car ce n'est point
Prophetas,
cognitione
sans cause que David souvent prononce le peuple
praediti fuerunt, habetur. Nam et obscura, ceu de
estre bien-heureux, lequel a le Seigneur pour son
rebus
eorum
Dieu: et la gent bien-heureuse, laquelle il a esleuë
praedicatio. Ad haec, utcunque mirifica in illis notitia
pour son heritage (Ps. 144, 15; 33, 12); ce qui ne
emineret,
s'entend point d'une felicité terrienne: mais pource
quod
qui
vi
peculiari
longinquis,
quum
ea
et
Spiritus
supra
typis
tamen
alios
inclusa
ad
est
communem
populi
paedagogiam submittere se necesse habuerint, in
qu'il
puerorum grege ipsi quoque censentur. Postremo
entretient en sa misericorde tous ceux qu'il a receus
nunquam tanta ullis tunc contigit perspicientia, quae
en la compagnie de son peuple. Comme aussi il est
non seculi obscuritatem aliqua ex parte resiperet.
dit par les autres Prophetes, Tu es nostre Dieu,
Unde
nous ne mourrons point. Item, Le Seigneur est
illud
Christi,
Multi
desiderarunt
videre
quae
Reges
vos
et
videtis,
Prophetae
et
racheté
de
mort,
conserve
à
iamais
et
non
nostre Roy et Legislateur, il nous sauvera. Item, Tu
viderunt: et audire quae vos auditis, nec audierunt.
es bien-heureux, Israel, d'autant que tu as salut en
Itaque vestri oculi beati, quia vident: et aures quia
Dieu (Hab. 1, 12; Is. 33, 22; Deut. 33, 29). Mais
audiunt
.
Et
sane
hac
praerogativa
Christi
afin
de
ne
nous
travailler
beaucoup
en
choses
praesentiam pollere aequum fuit, ut ab ea dilucidior
superflues,
emergeret
Quo
l'Escriture çà et là nous doit seule contenter : c'est
etiam pertinet quod ante citavimus ex priore Petri
que rien ne nous defaut pour avoir afnuence de tout
epistola,
bien
caelestium
fuisse
mysteriorum
illis
revelatio.
patefactum,
nostro
maxime
seculo utilem esse eorum operam.
et
ceste
certitude
remonstrance
de
salut,
que
nous
moyennant
fait
que
le
Seigneur nous soit pour Dieu. Et cela à bon droit:
car si sa face incontinent qu'elle reluist, est une
trescertaine
asseurance
cie
salut,
comment
se
pourroit-il declairer à l'homme pour son Dieu, qu'il
ne luy ouvrist quant et quant les thresors de salut?
Car il est nostre Dieu à telle condition qu'il habite
au milieu de nous, comme il testifioit par Moyse
(Lev. 26, 11 s.). Or on ne peut obtenir une telle
presence,
2.11.7.
sans
posseder pareillement
la
vie.
Et
quand il ne leur eust esté exprimé davantage, ils
Venio ad tertium discrimen, quod ex Ieremia
avoyent assez claires promesses de la vie spirituelle
sumitur, cuius sunt verba, Ecce dies venient, dicit
en ces parolles, Ie suis vostre Dieu (Ex. 6, 7): car
Dominus, et feriam domui Israel et domui Iuda
il ne denonçoit pas seulement qu'il seroit Dieu à
foedus novum: non secundum pactum quod pepigi
leurs corps, mais principalement à leurs ames. Or
cum Patribus vestris, in die qua apprehendi manum
les ames, si elles ne sont coniointes avec Dieu par
eorum ut educerem eos e terra Aegypti, actum quod
iustice, estans estrangeres de luy elles demeurent
irritum fecerunt, quanvis dominarer eis: sed hoc erit
en mort: d'autrepart, qu'elles ayent sa conionction,
pactum qu cum domo Israel, Ponam Legem meam in
et elle leur apportera la vie permanente.
visceribus eorum, cordibus eorum inscribam eam, et
propitiabor
iniquitati
eorum.
unusquisque
proximum
Et
suum,
vir
non
docebit
fratrem
suum.
Omnes enim cognoscent me a minimo usque ad
maximum . Ex quibus occasionem accepit Apostolus
comparationis
huius
inter
statuendae,
ut
illam
spiritualem
doctrinam:
Legem
Evangelium
disoit estre leur Dieu: mais promettoit de l'estre
fuisse
tousiours, afin que leur esperance n'acquiescant point
deformatam in tabulis lapideis, hoc fuisse cordibus
és choses presentes, s'estendist à perpetuité. Or que
inscriptum: illam esse praedicationem mortis, illam
ceste
damnationis,
hoc
intelligence, il appert par plusieurs sentences des
permanere. Quum Apostolo propositum fuerit mentem
fideles, où ils se consolent, s'asseurans que Dieu ne
Prophetae
satis
leur faudra iamais. Davantage, il y avoit un autre
fuerit, ut assequamur utriusque sensum. Quanquam
second membre en l'alliance, lequel les confermoit
est aliquid inter eos dissimile. Odiosius enim loquitur
encore plus amplement en cela, que la benediction
de Lege Apostolus quam Propheta: eque id simplici
de Dieu leur seroit prolongée outre les limites de la
Legis respectu: sed quod erant nebulones quidam
vie terrienne. C'est qu'il estoit dit, Ie seray le Dieu
Legis kako,zhloi, qui perverso ceremoniarum studio,
de la lignée apres toy (Gen. 17, 7). Car si le
enarrare,
illam
iustitiae:
verba
illam
unis
literalem,
Il y a encores plus, c'est que non seulement il se
hoc,
hoc
vocaret
et
2.10.9.
diceret
evacuari,
expendere
locution
du
temps
futur
ait
eu
telle
Evangelii claritatem obscurabant: de Legis natura
Seigneur, vouloit declairer sa benevolence envers
secundum eorum errorem ac stultam affectionem
eux, en bien faisant à leurs successeurs, il falloit
disputat.
observare
par plus forte raison, que sa faveur se demonstrast
operaepretium erit. Uterque vero quia Vetus ac
sur eux mesmes. Car Dieu n'est pas semblable aux
Novum
hommes,
Ergo
id
peculiare
testamentum
per
in
Paulo
contentionem
inter
se
lesquels
transferent
l'amour
qu'ils
ont
componit, nihil in Lege considerat nisi quod proprium
portée aux trespassez, à leurs enfans, pource qu'ils
eius
n'ont plus la faculté de leur bien faire apres la mort.
est.
Exempli
gratia:
Lex,
misericordiae
promissiones passim continet: sed quia sunt aliunde
Mais
ascitae, non veniunt in Legis rationem quum de pura
empeschée par la mort, n'oste point le fruit de -sa
eius natura sermo habetur. Hoc illi tantum tribuunt
misericorde à ceux à cause desquels il la monstre à
ut praecipiat quae recta sunt, scelera prohibeat,
leurs successeurs en mille generations (Ex. 20, 6).
praemium
poenam
Pourtant il a voulu par cela monstrer l'affluence
transgressoribus minetur: cordis interim pravitatem,
infinie de sa bonté, laquelle ses serviteurs devoyent
quae cunctis hominibus naturalis inest, non immutet
mesme sentir apres leur mort, quand il la descrit
aut emendet.
telle,
edicat
cultoribus
iustitiae,
Dieu,
duquel
qu'elle
la
liberal
s'espandroit
sur
ité
toute
n'est
la
point
famille,
mesmes apres leur trespas. Et le Seigneur a seellé
la verité de ceste promesse, et quasi en a monstré
F accomplissement en s'appellant le Dieu d'Abraham,
d'Isaac et Iacob, long temps apres leur mort (Ex. 3,
6; Matth. 22, 32; Luc 20, 37). Car ceste appellation
n'eust-elle pas esté ridicule, s'ils estoyent peris?
Car c'eust esté autant comme s'il eust dit, Ie suis le
Dieu
de
ceux
qui
ne
sont
point.
Pourtant
les
Evangelistes racontent que les Sadduciens furent
conveincus de Christ par ce seul argument, tellement
2.11.8.
qu'ils ne peurent nier que Moyse n'eust testifie la
Nunc membratim Apostoli collationem explicemus.
Vetus
quia
sine
Spiritus
efficacia
resurrection des morts en ce passage. Et de fait, ils
promulgatum:
avoyent aussi appris de Moyse, que tous les saincts
Novum, spirituale: quod Dominus hominum cordibus
sont en la main de Dieu (Deut. 33, 3): dont il leur
spiritualiter insculpsit. Ideo secunda antithesis est
estoit
veluti primae declaratio. Vetus mortiferum est: quia
esteincts par mort, puis que celuy qui a la vie et la
nihil potest quam maledictione involvere universum
mort en sa puissance, les a receuz en sa garde et
hominum genus: Novum est vitae organum: quia a
protection.
aisé
de
conclurre,
qu'ils
ne
sont
point
maledictione liberatos in gratiam cum Deo restituit;
illud damnationis ministerium est: quia reos hoc,
iustitiae: quia Dei misericordiam revelat, per quam
iustificamur. Postrema antithesis ad Legis ceremonias
referenda.
Quia
illud
rerum
absentium
imaginem
habebat, interire ac evanescere tempore oportuit.
Evangelium,
perpetuamque
quia
ipsum
retinet
corpus
stabilitatem.
2.10.10.
Maintenant regardons ce qui est le principal de
exhibet,
firmam
ceste controversie: assavoir si les fideles de l'ancien
Vocat
quidem
Testament n'ont pas tellement esté instruits de
Ieremias
et
leges
fragile
Dieu, qu'ils se recognoissent avoir une vie meilleure
foedus: sed alia ratione, quod scilicet ingrati populi
ailleurs qu'en terre, pour la mediter en mesprisant
subita defectione mox abruptum fuerit; sed quia
ceste vie corruptible. Premierement, la maniere de
eiusmodi violatio est a culpa populi, in Testamentum
vivre qu'il leur a baillée n'estoit qu'un exercice
proprie non conferetur. Ceremoniae vero, quoniam
assiduel,
sua
fuerunt
estoyent les plus miserables du monde, s'ils eussent
dissolutae, causam infirmitatis intra se habebant.
eu leur felicité en terre. Adam, qui autrement estoit
Porro differentia illa Literae et Spiritus non sic
plus que mal-heureux par la seule recordation de sa
accipienda est acsi nullo cum fructu Legem suam
felicité perdue, a grande difficulté à s'entretenir
Iudaeis
se
povrement en travaillant tant qu'il peut (Gen. 3,
converso: sed per comparationem posita est, ad
17-19). Et afin de n'estre persecuté de ceste seule
commendandam
gratiae
malediction
praedicationem
idem
ipsarum
personam
morales,
infirmitate
Dominus
Christi
tulisset,
induens,
infirmum
ac
adventu
nullo
eorum
affluentiam,
qua
legislator,
quasi
honoravit.
Nam
ad
Evangelii
si
par
lequel
de
il
Dieu,
les
il
admonnestoit
reçoit
une
qu'ils
destresse
novam
merveilleuse de ce dont il devoit avoir quelque
eorum
soulagement.
De
deux
enfans
qu'il
a,
l'un
est
multitudinem recensemus quos ex populis omnibus
meschamment meurtry par la main de l'autre (Gen.
per Evangelii praedicationem Spiritu suo regeneratos
4, 8). Cain luy demeure, lequel à bon droit il doit
in Ecclesiae suae communionem collegit, paucissimos
avoir en horreur et abomination. Abel, estant ainsi
ac pene nullos dicemus qui olim in Israele cordis
cruellement meurtry en la fleur de son aage, nous
affectu atque ex animo foedus Domini amplexi sint:
est exemple de la calamité humaine. Noé consume
qui tamen multi fuerunt, si suopte numero sine
une grande partie de sa vie à bastir l'arche avec
comparatione censeantur.
grande fascherie et moleste (Gen. 6, 22), cependant
que tout le inondé se resiouit en delices efc plaisirs.
Ce qu'il evite la mort, cela luy tourne à plus grande
destresse que s'il eust eu à mourir cent fois. Car
outre ce que l'arche luy est comme un sepulchre de
dix mois, y a-il chose plus ennuyeuse que d'estre
là tenu si long temps plongé en la fiente et ordure
des
bestes,
en
un
lieu
sans
air?
Apres
avoir
eschappé tant de difficultez, il tombe en matiere de
2.11.9.
nouvelle tristesse. Il se voit mocque de son propre
Ex tertio discrimine quartum emergit. Vetus enim
fils (Gen. 9, 24): et est contraint de maudire de sa
testamentum Scriptura vocat servitutis, quod timorem
propre bouche, celuy que Dieu luy avoit reservé du
in animis generet: novum autem, libertatis, quod in
deluge pour un grand benefice.
fiduciam ac securitatem eosdem erigat. Sic Paulus ad
Romanos octavo, Non accepistis, inquit, Spiritum
servitutis
iterum
ad
timorem:
sed
2.10.11.
Spiritum
Abraham certes nous doit estre luy seul comme
adoptionis, per quem clamamus, Abba, Pater . Huc
un million, si nous considerons bien sa foy, laquelle
pertinet quod habetur ad Hebraeos, non accessisse
aussi nous est mise en avant pour une tresbonne
nunc fideles ad corporeum montem, et incensum
reigle de croire (Gen. 12, 4): tellement qu'il nous
ignem, ac turbinem, et caliginem, et procellam, ubi
faut estre reputez de sa lignée pour estre enfans de
nihil audiatur, aut videatur, nisi quod terrore mentes
Dieu. Or il n'y a rien plus repugnant à raison, que
percellat: adeo ut ipse quoque Moses expavescat, ubi
de reietter du reng des fideles celuy qui est pere de
vox
omnes
tous: tellement qu'on ne luy laisse point le dernier
deprecentur: sed accessisse ad montem Sion, et
anglet entre tous. Or on ne le peut oster du nombre,
civitatem Dei viventis, Ierusalem caelestem, etc. .
mesme de ce degré tant honnorable où Dieu l'a
Quod autem in sententia quam ex epist. ad Rom.
colloqué,
adduximus, breviter tangit Paulus, fusius explanat ad
Maintenant quant à sa condition, si tost qu'il est
Galatas, quum ad allegoriam trahit duos Abrahae
appellé de Dieu, il est tiré hors de son pays, arriere
filios, in hunc modum, Quod Agar serva typus sit
de ses parens et amis, et est privé des choses les
montis Sinai, ubi Legem accepit populus Israel: Sara
plus desirables de ce monde: comme si Dieu de
libera, figura sit caelestis Ierusalem, a qua fluit
propos deliberé l'eust voulu despouiller de toute ioye
Evangelium. Quod quemadmodum semen Agar servum
terrienne. Incontinent qu'il est entré en la terre où il
nascitur, quod ad haereditatem nunquam perveniat,
luy estoit commandé d'habiter, il en est chassé par
Sarae
famine. Il se retire pour avoir secours en un pays
terribilis
insonat,
liberum,
Legem
cui
quam
haereditas
addicamur
in
audire
debeatur:
servitutem,
ita
per
per
solum
où,
s'il
que
veut
toute
sauver
l'Eglise
sa
vie,
ne
il
soit
est
abolie.
contrainct
Evangelium in libertatem regeneremur. Huc autem
d'abandonner sa femme, ce qui luy estoit plus grief
summa
ac
que beaucoup de morts (Gen. 12, 11-15). Est-il
trepidationem incussisse conscientiis: novi beneficio
retourné au lieu de son habitacle? il en est derechef
fieri ut in laetitiam solvantur. Illud iugo servitutis
chassé par famine. Quelle felicité est-ce d'habiter
conscientias astrictas tenuisse, huius liberalitate in
en une terre où il luy falloit si souvent avoir
libertatem manumitti. Quod si ex populo Israelitico
indigence, et mesmes où il luy falloit mourir de faim
sancti Patres obiiciuntur, quos quum eodem fidei
s'il ne s'en fust fuy? Il est redigé en une mesme
Spiritu nobiscum praeditos fuisse constet, sequitur
necessité de quitter sa femme au pays d'Abimelec
eiusdem et libertatis et laetitiae fuisse participes:
(Gen. 20, 2). Apres avoir vague çà et là plusieurs
respondemus, neutrum a Lege fuisse: sed quum se
années en incertitude, il est contreint par noises et
per
redit,
Vetus
Legem
servili
pavorem
premi,
et
debats de ses serviteurs de mettre hors de sa
sentirent,
ad
maison son nepveu, lequel il tenoit pour son enfant.
Evangelii subsidium confugisse: ideoque peculiarem
Il n'y a doute que ceste separation ne luy fust
novi
praeter
autant comme si on luy eust couppé ou arraché l'un
malis
de ses membres. Peu de temps apres il entend que
exempti fuerunt. Deinde negabimus ita libertatis et
les ennemis l'emmenent captif. Quelque part qu'il
securitatis spiritu fuisse donatos, ut non experti sint
aille il trouve une cruelle barbarie en tous ses
aliqua ex parte et timorem a Lege et servitutem.
voisins, lesquels ne luy souffrent point de boire de
Utcunque
gratiam
l'eau des puits qu'il a fouy; car s'il n'en eust esté
assequuti erant, praerogativa fruerentur, erant tamen
inquieté, il n'en eust point racheté l'usage. Estant
iisdem observationum vinculis et oneribus cum vulgo
venu en sa derniere vieillesse, il se voit destitué
obnoxii.
sollicite
d'enfant, qui est la chose plus dure qu'ait cest
observandas adigerentur, quae paedagogiae servituti
aage-là. En la fin il engendre Ismael outre son
similis
se
esperance: mais encores la nativité luy en couste
peccati reos faterentur, ab obligatione non solverent:
bien cher; car il est vexé des opprobres de sa
iure prae nobis sub servitutis ac timoris Testamento
femme Sara, comme si eu nourrissant l'orgueil de sa
fuisse
chambriere, il estoit cause du trouble qui estoit en
conscientiae
et
testamentum
inquietudine
Testamenti
communem
conditione
fructum
Veteris
enim
Quum
symbola
dicuntur,
fatigari
illa
ergo
fuisse,
testamenti
quam
ad
erant,
dum
et
legem
per
eas
quod
illis
Evangelii
ceremonias
chirographa
respicitur
quibus
communis
illa
dispensatio, qua tunc cum Israelitico populo Dominus
sa maison. En ses derniers iours Isaac luy est
agebat.
donné: mais avec telle recompense, que son fils
aisné soit dechassé et ietté comme un povre chien
au
milieu
d'une
forest.
Apres
qu'Isaac
luy
est
demeuré seul, auquel doit estre tout le soulas de sa
vieillesse, il luy est fait commandement de le tuer.
Sauroit-on imaginer chose plus mal-heureuse, que
dire qu'un pere soit bourreau de son enfant? S'il fust
mort par maladie, qui n'eust estimé ce povre vieillart
mal heureux, en ce qu'il luy eust esté donné pour si
peu de temps, comme par moquerie, afin de luy
doubler la douleur qu'il avoit de se voir destitué de
lignée? S'il eust esté tué d'un estrangier, la calamité
eust esté augmentée d'autant; mais cela surmonte
2.11.10.
toute misere, de dire qu'il soit meurtry de la main
Tres quas posteriores retulimus comparationes
de son pere. Bref, en toute sa vie il a tellement
sunt Legis et Evangelii; quare in illis Lex, Veteris
esté tormenté et affligé, que si quelcun vouloit
testamenti, Evangelium, novi nomine signatur. Prima
representer comme en une peinture un exemple de
latius extenditur: comprehendit enim sub se et quae
vie miserable, il ne trouveroit rien plus propre. Si
ante Legem editae sunt promissiones. Quod autem
quelcun obiecte que pour le moins il n'a pas esté du
ipsas
censendas
tout miserable, entant qu'il est eschappé de tant de
Augustinus nec aliud voluit quam quod docemus:
dangers, et a surmonté tant de tempestes: ie respon
siquidem
sententias
que nous n'appellerons pas une vie bien-heureuse,
respiciebat, ubi Vetus testamentum a verbo gratiae
laquelle par difficultez infinies viendra à longue
et misericordiae discernitur. Istud quoque scitissime
vieillesse: mais en laquelle l'homme est entretenu
eodem loco subiungit, pertinere ab initio mundi ad
paisiblement en bonne fortune.
sub
veteris
ad
illas
Testamenti
Ieremiae
nomine
et
Pauli
Novum testamentum filios promissionis, regeneratos
a Deo, qui fide per dilectionem operante obedierunt
mandatis. Idque in spe non carnalium, terrenorum,
temporalium, sed spiritualium, caelestium, aeternorum
bonorum, praecipue credentes in Mediatorem: per
quem non dubitarunt et Spiritum sibi administrari, ut
benefacerent, et ignosci, quoties peccarent . Id enim
ipsum est quod asserere in animo fuit, Eiusdem
nobiscum
benedictionis
in
aeternam
salutem
consortes fuisse omnes sanctos, quos ab exordio
mundi
peculiariter
a
Deo
selectos
2.10.12.
Venons à Isaac, lequel n'a pas tant enduré de
Scriptura
calamitez, mais toutesfois à grand'peine ail eu le
commemorat. Inter nostram ergo et illius partitionem
moindre goust du monde de quelque plaisir ou liesse.
hoc interest, quod nostra (secundum illam Christi
Et d'autrepart a experimenté les troubles, lesquels
sententiam, Lex et Prophetae usque ad Iohannem ,
ne souffrent pas l'homme estre bien-heureux en la
ex eo regnum Dei evangelizatur) inter Evangelii
terre. La famine le chasse de la terre de Canaan,
claritatem, et obscuriorem quae praecesserat verbi
comme son pere. Sa femme luy est arrachée de son
dispensationem
Legis
sein. Ses voisins le tormentent et molestent par tout
debilitatem secernit ab Evangelii firmitudine. Atque
où il va, en plusieurs sortes: tellement qu'il est
hic quoque de sanctis Patribus annotandum est, ita
contrainct de combatre pour l'eau. Les femmes de
sub
son fils Esau luy font beaucoup d'ennuy en la
veteri
distinguit;
Testamento
altera
simpliciter
vixisse,
ut
non
illic
restiterint, sed aspirarint semper ad novum, adeoque
maison
certam eius communionem amplexi sint. Qui enim
affligé par le discord de ses enfans: et ne peut
praesentibus umbris contenti, mentem ad Christum
remedier à un si grand mal, sinon en bannissant
non
celuy qu'il avoit benit. Quant à Iacob, il est comme
extenderunt,
damnat
eos
Apostolus.
Ut
caecitatis
ac
maledictionis
enim
reliqua
(Gen.
26,
35).
Il
est
merveilleusement
taceamus,
un patron et figure de la plus grande malheureté
quaenam maior caecitas fingi possit, quam a pecude
qu'on sauroit dire (Gen. 28, 5). Cependant qu'il est
mactata
peccati
expiationem
in
en la maison tout le temps de son enfance, il est
externa
aquae
irrigatione,
purgationem
tormenté d'inquietude, à cause des menaces de son
quaerere? quam frigidis Deum ceremoniis, perinde
frere, ausquelles il est en la fin contraint de ceder,
atque illis valde oblectetur, velle placare? Ad istas
estant fugitif de ses parens et de son pays. Outre
enim omnes absurditates delabuntur qui sine Christi
l'angoisse que luy apportoit le bannissement, il est
respectu in Legis observationibus haerent.
rudement traité de son oncle Laban. Il ne suffit pas
sperare?
animae
quam
qu'il soit sept ans en servitude dure et inhumaine,
sinon qu'en la fin il soit trompé, en ce qu'on luy
baille une autre femme que celle qu'il demandoit
(Gen. 29, 20). Il luy faut donc pour l'avoir, rentrer
en servitude nouvelle, en laquelle il soit bruslé 4e
iour de la chaleur du soleil, de nuict morfondu et
gelé: endurer pluye, vent et tempeste, sans dormir
ne sans reposer, comme luy mesme en fait la
complainte. Et estant vingt ans en si povre estat,
encore faut-il qu'il soit affligé iournellement des
iniures que luy fait son beau-pere (Gen. 31, 7). En
2.11.11.
sa maison il n'est non plus tranquille, entant qu'elle
Quintum, quod adiungere licet, discrimen, in eo
est dissipée par les haines, noises et envies de ses
iacet, quod ad Christi usque adventum gentem unam
femmes. Quand Dieu luy commande de se retirer au
segregaverat Dominus, in qua foedus gratiae suae
pays, il faut qu'il espié de partir en telle sorte, que
contineret. Quando distribuebat Altissimus gentes,
son partement est comme une suite ignominieuse. Et
quando
in
encore ne peutil pas ainsi eviter l'iniquité de son
possessionem illi cessit populus suus: Iacob funiculus
beau-pere: qu'il ne soit de luy persecuté, et attaint
haereditatis eius . Alibi sic populum alloquitur, En
au
Domini Dei tui est caelum et terra, et omnia quae in
permettoit point qu'il luy advint pis, il est vexé de
ea sunt. Patribus tamen tuis tantummodo adhaesit,
beaucoup
amavit eos ut eligeret semen eorum post eos: nempe
duquel il avoit bonne matiere de se plaindre. Il entre
vos ipso, e cunctis gentibus . Populum ergo illum,
incontinent apres en une plus grande destresse: car
veluti solus ad se ex hominibus pertineret, nominis
en ap-' prochant de son frere, il a autant de morts
dividebat
filios
Adam,
inquit
Moses,
milieu
du
chemin;
d'opprobres
et
et
pource
que
contumelies,
Dieu
par
ne
celuy
sui cognitione dignatus est foedus suum quasi in
devant les yeux, qu'on en peut attendre d'un cruel
eius
ennemy
sinu
deposuit:
praesentiam
sui
numinis
illi
(Gen.
32,
11).
Il
a
donc
le
coeur
manifestavit: omnibus praerogativis eum honoravit.
horriblement
Sed (ut reliqua omittamus beneficia) quod unum hic
d'angoisse, cependant qu'il attend sa venue. Quand il
agitur, illum verbi sui communione sibi devinxit, ut
le void, il se iette à ses pieds comme demy mort,
eius appellaretur et haberetur Deus. Interea gentes
iusques à ce qu'il le sent plus doux qu'il n'eust osé
alias, quasi nihil secum haberent rei aut commercii,
esperer (Gen. 33, 3). En la premiere entrée de son
in vanitate ambulare sinebat : nec ut earum exitio
pays il perd sa femme Rachel en travail d'enfant,
mederetur, quod unicum erat remedium afferebat,
laquelle il aimoit uniquement (Gen. 35, 16). Apres
verbi scilicet sui praedicationem. alii extranei; ille
on luy rapporte que l'enfant qu'il avoit eu d'elle,
cognitus, et in fidem tutelamque
susceptus: alii
lequel il aimoit par dessus tous, est devoré de
tenebris suis relicti; ille a Deo sanctificatus: alii
quelque beste sauvage. De laquelle mort son coeur
profani;
omni
est si amerement navre, qu'apres avoir bien pio ré,
propinquitate exclusi. At ubi venit plenitudo temporis
il refuse toute consolation, et delibere de mourir en
, instaurandis omnibus destinata, exhibitusque est ille
ceste tristesse, n'ayant autre plaisir que de suyvre
Dei et hominum conciliator: diruta maceria quae
son enfant au sepulchre. Davantage, quelle tristesse,
tandiu
fines
fascherie et destresse pensons-nous que ce luy
conclusam tenuerat, annuntiata pax est iis qui procul
soit, quand il voit sa fille ravie et deflorée (Gen.
erant, non secus atque iis qui prope coniuncti, ut
34, 2)? Et davantage, que ses fils pour en faire la
Deo
vengeance,
ille
Dei
praesentia
misericordiam
simul
Dei
reconciliati,
honoratus:
intra
in
alii
Israelis
unum
populum
tormenté,
saccagent
et
une
comme
ville?
En
deschiré
quoy
non
coalescerent. Quare nulla iam Graeci aut Iudaei,
seulement ils le rendent odieux à tous les habitans,
circuncisionis
omnia
in
mais le mettent en danger de mort. L'horrible crime
gentes
in
de Ruben survient apres, lequel luy devoit causer
haereditatem, et termini terrae in peculium : ut sine
merveilleuse angoisse (Gen. 35, 22). Car comme
discrimine dominetur a mari usque ad mare, et a
ainsi soit qu'une des plus grandes miseres que
fluminibus usque ad ultimos orbis fines.
puisse avoir l'homme, soit que sa femme soit violée
omnibus
vel
Christus,
praeputii
cui
ratio:
datae
sed
sunt
: que dirons-nous quand une telle meschanceté est
commise par son propre fils? Peu de temps apres,
sa
famille
inceste
est
(Gen.
encore
38,
18):
contaminée
tellement
par
que
un
autre
tant
de
deshonneurs pouvoyent rompre un coeur le plus
ferme et le plus patient du monde. Sur sa derniere
vieillesse, voulant subvenir à l'indigence de luy et de
sa famille, il envoye querir du blé en pays estrange
par ses enfans. L'un demeure en prison, lequel il
pense esfcre en danger de mort: pour le racheter, il
est contraint d'envoyer Beniamin, auquel il prenoit
tout son plaisir (Gen. 42, 34. 38). Qui penseroit
2.11.12.
qu'en telle multitude de malheuretez, il ait une seule
Gentium igitur vocatio, insignis est tessera, qua
minute de temps, pour respirer à son aise? C'est ce
supra Vetus testamentum Novi excellentia illustratur.
qu'il tesmoigne à Pharaon, disant que les iours de sa
Plurimis quidem et clarissimis Prophetarum oraculis
vie ont esté cours et miserables (Gen. 47, 9). Celuy
testata ante fuerat: sed ita ut in regnum Messiae
qui afferme d'avoir esté en miseres continuelles, ne
eius
Christus
concede pas d'avoir senty une telle prosperité que
quidem statim a primo suae praedicationis exordio ad
Dieu luy avoit promise. Parquoy, ou Iacob estoit
eam progressus fecit: sed eo usque distulit donec
ingrat
absolutis omnibus redemptionis nostrae numeris, ac
protestoit veritablement d'avoir esté miserable sur la
finito humiliationis suae tempore, acciperet a Patre
terre. Si son dire estoit vray, il s'ensuit qu'il n'a pas
nomen quod est supra omne nomen, coram quo omne
eu son esperance fichee és choses terriennes.
genu
complementum
flecteretur.
reiiceretur.
Unde
mulieri
Ac
ne
Chananaeae,
et
mescognoissant
envers
Dieu,
ou
il
hac
opportunitate nondum expleta, negat se missum nisi
ad oves perditas domus Israel : nec Apostolos in
prima missione patitur eosdem limites superare. In
2.10.13.
viam Gentium, inquit, ne abieritis, et in civitates
Si tous ces saincts Peres ont attendu de Dieu
Samaritanorum ne ingrediamini: sed ite potius ad
une vie bien-heureuse (ce qui est indubitable) ils
oves perditas domus Israel . Utcunque autem tot
ont certes cognu et attendu une autre beatitude que
testimoniis
apostolis
de la vie terrienne. Ce que l'Apostre demonstre
auspicanda fuit, sic nova et insolens illis visa est, ut
tresbien: Abraham, dit-il, est demeuré en foy en la
tanquam prodigium aliquod exhorrerent. Trepide sane
terre
nec sine recusatione tandem aggressi sunt. Nec
cahuettes
mirum: videbatur enim rationi minime consentaneum,
participans d'un mesme heritage. Car ils attendoyent
ut Dominus, qui tot seculis Israelem a reliquis
une cité bien fondée, de laquelle Dieu est le maistre
gentibus selegerat, quasi repente mutato consilio
ouvrier. Ils sont tous morts en ceste foy, sans avoir
delectum
id
receu les promesses: mais les regardans de loin, et
praedictum erat: sed non poterant vaticiniis adeo
sachans et confessans qu'ils estoyent estrangers sur
attenti
oculis
la terre; en quoy ils signifient qu'ils cherchent un
ingerebat, nihil moverentur. Neque satis ad eos
autre pays. Or s'ils eussent esté touchez de desir de
permovendos valebant quae iam olim futurae Gentium
leur pays naturel qu'ils avoyent abandonné, ils y
vocationis
Siquidem
pouvoyent retourner: mais ils en esperoyent un
praeterquam quod paucissimos vocaverat, illos ipsos
meilleur, assavoir au ciel. Pourtant Dieu n'a point
inserebat
ut
honte de se nommer leur Dieu, pource qu'il leur a
populo suo accederent: ista vero publica vocatione
preparé une habitation (Hebr. 11, 9-16). Et de fait
non modo Iudaeis aequabantur Gentes, sed velut in
ils eussent esté plus stupides que troncs de bois, en
demortuorum locum subire eas apparebat. Adde quod
poursuivant
nunquam
desquelles ils n'avoyent nulle apparence en la terre,
prodita
illum
esse,
ut
foret,
tolleret.
rei
Deus
quodammodo
tamen
Vaticiniis
novitate,
specimina
aequati
ubi
in
fuerant
quidem
quae
ediderat.
familiam
se
Abrahae,
Iudaeis
extranei,
promise,
avec
comme
Isaac
si
estrangiere,
et
Iacob,
constamment
les
habitant
qui
en
estoyent
promesses,
quoscunque Deus ante in corpus Ecclesiae asciverat.
n'eust
Itaque non abs re Paulus mysterium hoc tantopere
ailleurs. Ce n'est pas sans cause aussi que l'Apostre
praedicat absconditum a seculis et generationibus, et
insiste principalement en cela, qu'ils se sont nommez
quod etiam Angelis mirabile esse dicit.
pelerins et estrangers en ce monde, comme mesme
esté
qu'ils
attendoyent
l'accomplissement
Moyse recite (Gen. 47, 9). Car s'ils sont estrangers
en la terre de Canaan, où est la promesse de Dieu,
par laquelle ils en sont constituez heritiers? Cela
donc demonstre que ce que Dieu leur avoit promis
regardoit plus loin que la terre. Pourtant ils n'ont
pas acquis un pied de possession au pays de Canaan,
sinon pour leurs sepulchres (Act. 7, 5), En quoy ils
testifìoyent que leur esperance n'estoit pas de iouyr
de la promesse, sinon apres la mort. C'est aussi la
cause
pourquoy
Iacob
a
tant
estimé
d'y
estre
ensevely: tellement qu'il adiura par serment son fils
Ioseph, d'y faire porter son corps. Ceste mesme
2.11.13.
raison suyvoit Ioseph, commandant que ses cendres
His quatuor aut quinque membris totam Veteris
et
novi
testamenti
differentiam,
quantum
ad
y fussent portées, environ trois cens ans apres sa
mort (Gen. 47, 29. 30; 50, 25).
simplicem docendi rationem sufficit, puto bene ac
fideliter explicatam. Verum quia nonnulli hanc in
gubernanda Ecclesia varietatem, diversum in docendo
modum,
tantam
conversionem
quoque
rituum
pro
magna
respondendum
ac
ceremoniarum
absurditate
est,
iactant:
antequam
ad
iis
alia
transeamus. Fieri autem id breviter potest, quia non
2.10.14.
tam firmae sunt obiectionis ut accurata refutatione
En
somme
il
apparoist
manifestement,
qu'en
opus habeant. Non est, inquiunt, consentaneum, ut
toutes leurs oeuvres ils ont tousiours regardé ceste
Deus, qui perpetuo sibi constat, tantam mutationem
beatitude de la vie future. Car à quel propos Iacob
passus
et
eust-il avec si grande peine et danger appete la
commendaverat, postea improbaret. Respondeo, non
primogeniture, laquelle ne luy apportoit nul bien, et
propterea
quod
le chassoit hors de la maison de son pere, s'il n'eust
accommodaverit,
regardé à une benediction plus haute? Et mesme il a
prout cuique expedire noverat. Si alia hyeme officia,
declairé avoir eu ceste affection, quand il crie en
alia aestate familiae suae agricola praescribit, non
iettant les derniers souspirs: Pattendray ton salut,
propterea illum inconstantiae arguemus, aut deviare
Seigneur (Gen. 49, 18). Puis qu'il savoit qu'il s'en
putabimus a recta agriculturae regula, quae cum
alloit rendre l'ame: quel salut eustil attendu, s'il
perpetuo
Similiter
n'eust veu en la mort un commencement de nouvelle
siquis paterfamilias aliter suos liberos in pueritia,
vie? Et qu'est-ce que nous debattons des enfans de
aliter in adolescentia, aliter in iuventute erudiat,
Dieu
regat, tractet: non propterea dicemus ipsum levem
d'impugner la verité, a eu un mesme sentiment et
esse, aut a sua sententia discedere. Quid ergo
goust d'intelligence ? Car qu'est ce que vouloit
inconstantiae notam Deo inurimus, quod temporum
Balaam, en desirant que son ame mourust de la mort
diversitatem aptis et congruentibus notis distinxerit?
des iustes, et que sa fin fust semblable à leur fin
Posterior similitudo penitus satisfacere nobis debet.
(Nomb. 23, 10), sinon qu'il sentoit en son coeur ce
Iudaeos
que David a escrit depuis: assavoir, que la mort des
diversis
sit,
ut
quod
mutabilem
seculis
pueris
adolescentibus.
iudicari
diversas
naturae
ordine
similes
Quid
semel
in
Deum
formas
coniuncta
facit
hoc
iusserat
debere
est.
Paulus,
Dei
Christianos
regimine
:
veu
que
celuy
mesme
qui
s'efforçoit
est
Saincts est pretieuse devant la face du Seigneur, et
inordinati, quod illos in rudimentis detinuit quae pro
la mort des iniques mal-heureuse (Ps. 116, 15; 34,
aetatis modulo ipsis congruebant: nos firmiore et
22)? Si le dernier but des hommes estoit en la
quasi viriliore disciplina instituit? Ergo in eo elucet
mort,
Dei
seculis
difference entre le iuste et le meschant. Il les faut
doctrinam tradidit: quem ab initio praecepit nominis
donc distinguer par la condition qui est preparée à
sui
l'un et à l'autre au siecle futur.
constantia
cultum,
in
quod
eo
eandem
omnibus
requirendo
perseverat.
Quod
on
ne
pourroit
noter
en
icelle
aucune
externam formam et modum mutavit, in eo non se
ostendit mutationi obnoxium: sed hominum captui,
qui varius ac mutabilis est, eatenus se attemperavit.
2.10.15.
Nous ne sommes encore passez outre Moyse:
lequel les resveurs, contre lesquels nous parlons,
pensent n'avoir eu autre office, sinon d'induire le
peuple d'Israel à craindre et honnorer Dieu, en luy
promettant
2.11.14.
possessions
fertiles
et
abondance
de
victuailles. Neantmoins si on ne veut de propos
Atqui unde (inquiunt) ista diversitas nisi quia
deliberé esteindre la lumiere qui se presente, nous
talem esse Deus voluit? nonne tam bene ab initio
avons desia revelation toute evidente de l'alliance
quam post Christi adventum perspicuis verbis citra
spirituelle. Si nous descendons aux Prophetes, là
ullas figuras revelare potuit vitam aeternam, paucis
nous aurons une pleine clarté, pour contempler la vie
et claris sacramentis suos erudire, Spiritum sanctum
eternelle et le royaume de Christ. Premierement
largiri,
universum
David, lequel pource qu'il a esté devant les autres,
diffundere? Hoc vero perinde est acsi cum Deo
parle des mysteres celestes plus obscurement qu'ils
litigarent quod mundum tam sero creaverit, quum
ne
posset ab initio: quod alternas vices inter hyemem
certitude rapporte-il toute sa doctrine à ce but?
et aestatem, inter diem et noctem esse voluerit. Nos
Quant à. ce qu'il a estimé de l'habitation terrienne, il
vero (quod sentire omnes pii debent) quicquid a Deo
le demonstre par ceste sentence, Ie suis icy pelerin
factum est, sapienter et iuste factum ne dubitemus:
et estranger, comme tous mes peres. Tout homme
etiamsi
fieri
vivant est vanité: un chacun passe comme ombre, et
oportuerit. Hoc enim esset nimium nobis arrogare,
maintenant quelle est mon attente? Seigneur, mon
non concedere Deo ut consilii sui rationes habeat
esperance s'adresse à toy (Ps. 39, 7. 8. 13). Certes
quae nos lateant. At mirum est (inquiunt) quod nunc
celuy qui apres avoir confessé qu'il n'a rien de
pecudum victimas, et totum illum sacerdotii Levitici
ferme ne permanent en ce monde, retient toutesfois
apparatum
olim
fermeté d'esperance en Dieu, contemple sa felicité
et
ailleurs qu'en ce monde. Parquoy luy-mesme a
gratiam
causam
suam
saepe
respuat
oblectabatur.
per
Quasi
orbem
nesciamus
et
abominetur,
vero
Deum
cur
ita
quibus
externa
ista
font:
neantmoins
en
quelle
perspicuité
et
caduca oblectent, aut ullo modo afficiant. Iam dictum
coustume
est, nihil horum fecisse sua causa, sed omnia pro
contemplation, toutes fois et quantes qu'il les veut
hominum salute dispensasse. Si medicus iuvenem
consoler. Car en un autre passage, apres avoir
optima ratione a morbo curet, in eodem postea iam
monstré combien ceste vie est brieve et fragile, il
sene alio curationis genere utatur: num ideo dicemus
adiouste, Mais la misericorde du Seigneur est à
ipsum
antea
tousiours à ceux qui le craignent (Ps. 103, 17). A
perstet,
quoy est semblable ce qu'il dit autrepart, Tu as dés
medendi
placuerat?
Imo
rationem
quum
in
repudiare
illa
quae
constanter
de
rappeller
les
fideles
à
ceste
rationem aetatis habet. Sic Christum aliis signis et
le commencement fondé la terre, Seigneur, et les
absentem figurari, et venturum praenuntiari oportuit:
cieux sont les oeuvres de tes mains. Ils periront, et
aliis nunc exhibitum repraesentari decet. Quod ad
tu demeures: ils vieilliront comme une robbe, et tu
vocationem Dei latius per omnes populos in adventu
les changeras: mais tu demeures tousiours en un
Christi sparsam quam ante fuerat, et gratias Spiritus
estat, et tes ans ne defaudront point. Les fils de tes
largius effusas, quis, obsecro, aequum esse neget ut
serviteurs habiteront, et leur posterité sera establie
in manu et arbitrio Dei sit libera gratiarum suarum
devant
dispensatio, ut quas velit nationes illuminet? quibus
l'abolissement du ciel et de la terre les fideles ne
velit locis verbi sui praedicationem excitet? qualem
laissent point d'estre establis devant Dieu, il s'ensuit
et
et
que leur salut est conioinct avec son eternité. Et de
successum largiatur? nominis sui notitiam, quibus
fait, ceste esperance ne peut consister, si elle n'est
velit
ipsius
fondée sur la promesse laquelle est exposée en
ingratitudinem: quando iterum velit, propter suam
Isaie: Les cieux, dit le Seigneur, se dissiperont
misericordiam restituat? Videmus ergo nimis indignas
comme
esse calumnias, quibus
parte
habillement, et les habitans d'icelle aussi periront:
simplicium animos exagitant, ut vel Dei iustitiam vel
mais mon salut sera à, tousiours, et ma iustice ne
Scripturae fidem in dubium vocent.
defaudra point (Is. 51, 6). Auquel lieu la perpetuité
quantum
seculis,
velit
doctrinae
auferat
e
suae
mundo,
impii
profectum
propter
homines
hac
ta
face
fumée,
(Ps.
et
la
102,
terre
26-29).
s'usera
Si
comme
pour
un
est attribuée à. salut et iustice: non pas d'autant que
ces choses resident en Dieu, mais entant qu'il les
communique aux hommes.
2.10.16.
Et de faifr on ne peut autrement prendre les
choses qu'il dit çà et là de la felicité des fideles,
sinon qu'on les reduise à la manifestation de la
gloire celeste. Comme quand il dit, Le Seigneur
2.12. Christum, ut Mediatoris officium praestaret,
garde les ames de ses saincts, il les delivrera de la
oportuisse fieri hominem.
main du pecheur. La lumiere est levée au iuste, et
ioye à ceux qui sont droits de coeur. La iustice des
2.12.1.
bons demeure eternellement, leur force sera exaltee
Iam magnopere nostra interfuit, verum esse et
en gloire: le desir des pecheurs perira. Item, Les
Deum et hominem qui Mediator noster futurus esset.
iustes rendront louanges à ton Nom, les innocens
De necessitate si quaeritur, non simplex quidem (ut
habiteront avec toy. Item, Le iuste sera en memoire
vulgo loquuntur) vel absoluta fuit: sed manavit ex
perpetuelle. Item, Le Seigneur rachetera les ames de
caelesti
decreto,
hominum
salus.
ses serviteurs (Ps. 97, 10; 112, 4. 5. 9. 10; 140,
erat
statuit
14; 112, 6; 34, 23). Or le Seigneur non seulement
clementissimus Pater. Quum enim iniquitates nostrae
permet que ses serviteurs soyent tormentez des
quasi interiecta inter nos et ipsum nube nos a regno
iniques, mais les laisse souventesfois dissiper et
caelorum prorsus alienassent, nemo, nisi qui ad eum
destruire. Il laisse les bons languir en tenebres et
pertingeret, pacis restituendae interpres esse poterat.
malheureté,
Quis autem pertigisset? quispiamne ex filiis Adam?
comme estoilles du ciel: et ne monstre pas telle
Atqui omnes cum parente suo ad conspectum Dei
clairté de son visage à ses fideles, qu'il les laisse
horrebant. Angelorum aliquis? Sedenim illi quoque
iouyr de longue ioye. Pourtant David mesme ne
opus habebant capite, per cuius nexum solide et
dissimule pas, que si nous tenons les yeux fichez en
indistracte
igitur?
l'estat present de ce monde, ce nous sera une
Deplorata certe res erat nisi maiestas ipsa Dei ad
grieve tentation pour nous esbranler, comme s'il n'y
nos descenderet: quando ascendere nostrum non erat.
avoit nul loyer d'innocence envers Dieu. Tellement
Ita Filium Dei fieri nobis Immanuel oportuit, id est
l'impieté
nobiscum Deum: et hac quidem lege, ut mutua
cependant que la compagnie des bons est oppressée
coniunctione eius divinitas et hominum natura inter
d'ignominie,
se coalescerent; alioqui nec satis propinqua vicinitas,
especes de calamitez! Il s'en est bien peu fallu,
nec affinitas satis firma, unde nobis spes fieret
dit-il, que mon pied n'ait glissé, et que mes pas ne
Deum nobiscum habitare. Tantum erat inter nostras
soyent
sordes et summam Dei munditiem dissidium. Quanvis
despourveuz de sens, et la prosperité des meschans.
ab omni labe integer stetisset homo, humilior tamen
Puis apres avoir fait un recit de cela, il conclud, Ie
erat eius conditio quam ut sine Mediatore ad Deum
regardoye si ie pourroye considerer ces choses:
penetraret. Quid ergo exitiali ruina in mortem et
mais ce n'est que perplexité en mon esprit, iusques
inferos demersus, foedatus tot maculis, corruptione
à ce que i'entre au Sanctuaire du Seigneur, et que ie
sua foetidus, denique obrutus omni maledictione?
cognoisse leur fin (Ps. 73, 2. 3).
Caeterum
Non
unde
quod
ergo
nobis
Deo
suo
abs
Mediatorem
pendebat
optimum
cohaererent.
re
Paulus
volens,
Quid
Christum
diserte
le
cependant
plus
les
souvent
povreté,
declinez,
que
iniques
prospere
contemnement,
voyant
la
fortune
reluisent
et
et
florist,
autres
des
gens
proponere
commemorat
esse
hominem, Unus, inquit, Mediator Dei et hominum,
homo Iesus Christus . Poterat Deum dicere: poterat
saltem et nomen hominis sicut Dei omittere: sed
quia
Spiritus
per
os
eius
loquens,
infirmitatem
2.10.17.
Apprenons donc de ceste seule confession de
David, que les saincts Peres sous l'ancien Testament
nostram noverat, ut tempestive occurreret, aptissimo
n'ont
remedio usus est, Filium Dei tanquam unum ex nobis
souvent, ou du tout n'accomplist iamais en ce monde
familiariter
se
les choses qu'il promet à ses serviteurs. Et que
torqueat ubinam ille quaerendus Mediator, aut qua
pour ceste cause ils ont eslevé leurs coeurs au
via
nominans,
Sanctuaire de Dieu, où ils trouvoyent caché ce qui
admonet,
ne leur apparoissoit point en ceste vie corruptible.
quandoquidem caro nostra est. Idem certe designat
Ce Sanctuaire estoit le iugement dernier que nous
quod alibi pluribus verbis explicatur, non esse nobis
esperons, lequel ils estoyent contens d'entendre par
Pontificem
ad
ipsum
propinquum,
nostris,
in
medio
perveniendum,
imo
qui
quando
statuens.
contiguum
Nequis
hominem
nobis
igitur
esse
pas
ignoré
combien
Dieu
accomplist
peu
non
possit
compati
infirmitatibus
foy, combien qu'ils ne l'apperceussent point à l'oeil.
sit
more
nostro,
sola
De laquelle fiance estans munis, quelque chose qu'il
peccati
exceptione, per omnia tentatus.
advint en ce monde, ils ne doutoyent point que le
temps viendroit une fois, auquel les promesses de
Dieu seroyent accomplies, comme bien demonstrent
ces sentences: Ie contempleray ta face en iustice, ie
seray rassasié de ton regard. Item, Ie seray comme
une olive verde en la maison du Seigneur. Item, Le
iuste florira comme la palme, il verdoyera comme un
cedre du Liban. Ceux qui seront plantez en la
2.12.2.
maison du Seigneur floriront en son portail: ils
Id etiam clarius fiet si reputemus quam non
vulgare
erat,
seront vigoureux (Ps. 17, 15; 52, 10; 92, 13-15).
nempe sic in Dei gratiam nos restituere, ut faceret
Or un peu auparavant il avoit dit, O Seigneur,
ex
haeredibus
combien tes pensées sont profondes! quand les
gehennae, regni caelestis haeredes. Quis hoc poterat,
iniques florissent, ils germent comme l'herbe pour
nisi Filius Dei fieret idem filius hominis, et sic
perir à iamais (Ps. 92, 6-8). Où sera ceste vigueur
nostrum acciperet ut transferret ad nos suum? et
et beauté des fideles, sinon quand l'apparence de ce
quod suum erat natura, nostrum faceret gratia? Hac
monde
ergo arrha freti nos esse filios Dei confidimus, quia
royaume de Dieu? Pourtant quand ils iettoyent les
naturalis Dei Filius sibi corpus de corpore nostro,
yeux sur ceste eternité, en contemnant l'amertume
carnem ex carne nostra, ossa ex ossibus aptavit, ut
des
idem nobiscum esset; quod nobis proprium erat,
transitoires, ils se glorifioyent hardiment en ces
suscipere gravatus non est, ut vicissim ad nos
parolles: Tu ne permettras point, Seigneur, que le
pertineret quod proprium ipse habebat: atque ita in
iuste
commune ipse nobiscum et filius Dei esset et filius
l'inique au puits de ruine (Ps. 55, 23. 24). Où est
hominis. Hinc sancta illa fraternitas, quam ore suo
en ce monde le puits de ruine, qui engloutisse les
commendat, ubi dicit, Ascendo ad Patrem meum et
iniques: en la felicité desquels en un autre lieu cela
Patrem vestrum, Deum meum et Deum vestrum. Hac
est notamment mis, qu'ils meurent delicatement sans
ratione certa nobis est regni caelestis haereditas,
languir long temps (Iob 21, 23)? Où est une telle
quia unicus Dei Filius, cuius in solidum propria erat,
fermeté
nos sibi fratres adoptavit; quia si fratres, ergo et
souvent en se complaignant, non seulement estre
haereditatis consortes. Adhaec apprime utile fuit hac
esbranlez, mais du tout oppressez et abbatus? Il faut
etiam de causa verum esse Deum et hominem qui
donc qu'il se mist devant les yeux, non pas ce que
redemptor noster futurus esset. Eius erat mortem
porte l'incertitude de ce monde, lequel est comme
absorbere: quis hoc poterat nisi vita? Eius erat
une mer agitée de diverses tempestes: mais ce que
peccatum vincere: quis hoc poterat nisi ipsa iustitia?
le Seigneur fera quand il sera assis en iugement
Eius erat mundi et aeris potestates profligare: quis
pour ordonner l'estat -permanent du ciel et de la
hoc poterat nisi virtus et mundo et aere superior?
terre, comme il descrit tresbien en un autre lieu:
Porro penes quem vita est, aut iustitia, aut caeli
Les fols, dit-il, s'appuyent sur leur abondance, et
imperium et potestas, nisi penes solum Deum? Sese
s'enorgueillissent pour leurs grandes richesses: et
ergo
unigeniti
toutesfois nul, quelque grand qu'il soit, ne pourra
Redemptorem nostrum fecit, dum nos redemptos
delivrer son frere de mort, ne payer le prix de sa
filiis
fuerit
quod
hominum
clementissimus
Mediatori
illius
Deus
praestandum
fructifìçront, ils verdoyeront en leur vieillesse, et
filios:
in
ex
persona
sera
calamitez
perisse
des
renversée
par
presentes
la
qu'ils
eternellement:
saincts,
lesquels
manifestation
voyoyent
mais
David
tu
du
estre
plongeras
mesme
dit
voluit.
redemption à Dieu (Ps. 49, 7. 8). Et combien qu'ils
voyent les sages et les fols mourir, et laisser leurs
richesses aux autres, ils imaginent qu'ils auront icy
leur demeure perpetuelle, et taschent d'acquerir bruit
et renom enterre: mais l'homme ne demourera point
en
honneur,
il
sera
semblable
aux
bestes
qui
perissent. Ceste cogitation qu'ils ont est line grande
2.12.3.
folie, neantmoins elle a beaucoup d'imitateurs. Ils
Alterum hoc nostrae cum Deo reconciliationis
caput
erat,
ut
perdiderat,
homo,
remedii
qui
loco
sua
se
inobedientia
obedientiam
opponeret,
seront rengez en enfer comme un troupeau de
brebis, la mort dominera sur eux. A l'aube du iour
les
iustes
auront
la
seigneurie
sur
eux:
leur
iudicio Dei satisfaceret, poenas peccati persolveret.
excellence perira, le sepulchre sera leur habitacle.
Prodiit
Premierement,
ergo
verus
homo
Dominus
noster,
Adae
en
ce
qu'il
se
moque
des
fols,
personam induit, nomen assumpsit, ut eius vices
d'autant qu'ils se reposent et acquiescent en leurs
subiret
in
plaisirs mondains qui sont transitoires, il demonstre
satisfactionis pretium iusto Dei iudicio sisteret: ac in
que les sages ont à chercher une autre felicité: mais
eadem
eramus
encore declaire-il plus evidemment le mystere de la
persolveret. Quum denique mortem nec solus Deus
resurrection, quand il establit le regne des fideles,
sentire, nec solus homo superare posset, humanam
predisant la ruine et desolation des iniques. Car
naturam
alterius
qu'est-ce que nous entendrons par L'aube du iour,
imbecillitatem morti subiiceret, ad expianda peccata:
dont il parle, sinon une revelation de nouvelle vie,
alterius virtute luctam cum morte suscipiens, nobis
apres la fin de ceste presente?
Patri
obediendo,
carne
ut
poenam
cum
carnem
quam
divina
sociavit,
nostram
meriti
ut
victoriam acquireret. Qui ergo Christum sua aut
divinitate, aut humanitate spoliant, eius quidem vel
imminuunt
maiestatem
et
gloriam,
vel
bonitatem
obscurant. Sed non minus altera ex parte hominibus
sunt iniurii, quorum fidem ita labefactant et evertunt:
quae nisi hoc fundamento nixa stare non potest.
Adde quod sperandus fuit redemptor ille Abrahae
Davidisque filius, quem in Lege et Prophetis Deus
promiserat;
unde
alterum
fructum
colligunt
piae
mentes, quod ipsa originis specie ad Davidem et
Abraham perductae, certius agnoscunt hunc esse
Christum qui tot oraculis celebratus fuit. Sed illud
quod
nuper
exposui,
praecipue
tenendum
est,
communem naturam pignus esse nostrae cum Filio
Dei
societatis:
carne
nostra
vestitum
2.10.18.
De là aussi venoit ceste cogitation, de laquelle
debellasse
les fideles en ce temps-là avoyent coustume de se
mortem cum peccato, ut nostra esset victoria et
consoler et confermer à patience, quand ils disoyent
triumphus noster: carnem quam a nobis accepti,
que l'ire de Dieu ne dure qu'une minute de temps,
obtulisse in sacrificium, ut facta expiatione reatum
mais que sa misericorde dure à vie (Ps. 30, 6).
nostrum deleret, et placaret iustam Patris iram.
Comment pouvoyent-ils terminer leurs afflictions à
une minute de temps, veu qu'ils estoyent affligez
toute leur vie? Où est-ce qu'ils voyoyent une si
longue
durée
de
la
bonté
de
Dieu,
laquelle
à
grand'peine ils avoyent loisir de gouster? Certes s'ils
2.12.4.
se fussent amusez à la terre, ils n'y eussent rien
His ut par est considerandis qui sedulo attentus
trouvé de cela: mais quand ils elevoyent leurs yeux
erit, vagas speculationes facile negliget quae leves
au
spiritus et novitatis cupidos ad se rapiunt: cuius
bouffée de vent que les saincts ont â endurer
generis
redimendum
tribulation, que les graces qu'ils doyvent recevoir
humanum genus non fuisset opus remedio, futurum
sont eternelles: d'autrepart, ils prevoyoyent que la
tamen fuisse hominem. Fateor equidem, in primo
ruine des iniques n'auroit nulle fin, combien qu'ils se
creationis ordine et integro naturae statu praefectum
pensassent bien-heureux, comme par songe. Dont
Angelis et hominibus fuisse caput; qua ratione dicitur
venoyent ces sentences qui leur estoyent fomilieres,
a Paulo primogenitus omnis creaturae ; sed quum
que la memoire du iuste sera en benediction, la
tota Scriptura clamet vestitum fuisse carne, ut fieret
memoire des iniques perira (Prov. 10, 7). Item, La
redemptor, aliam causam vel alium finem imaginari
mort des saincts est precieuse devant la face du
nimiae temeritatis est. Quorsum ab initio promissus
Seigneur: la mort du pecheur tresmauvaise (Ps. 116,
fuerit
scilicet
15; 34, 22). Item, Le Seigneur gardera les pas de
instauraret collapsum mundum, et perditis hominibus
ses saincts, les iniques seront abbatus en tenebres
succurreret. Itaque sub Lege proposita fuit eius
(1
imago in sacrificiis, ut sperarent fideles Deum sibi
demonstrent que les Peres de l'ancien Testament ont
propitium
bien
est,
Christus
satis
fore,
reconciliatus
etiam
Christum,
foret.
Lege
etiamsi
notum
est:
postquam
Certe
ut
expiatis
quum
peccatis
seculis
2,
cogneu,
9).
Car
quelque
que
ce
toutes
malheureté
n'est
telles
qu'une
parolles
qu'eussent
à
endurer les fideles en ce monde, toutesfois queleur
colligimus,
iniques est une voye belle et plaisante, laquelle
aeterno Dei consilio purgandis hominum sordibus
meine en ruine. Pour laquelle chose ils appelloyent
fuisse destinatum: quia piaculi signum est sanguinem
la mort des incredules, Ruine des incirconcis (Ezech.
fundi.
28, 10; 31, 18, et ailleurs): voulans denoter que
Sic
de
eo
fuerit
concionati
nunquam
Sam.
cognoissoyent
fin seroit vie et salut: d'autrepart, que la felicité des
promissus
promulgata,
omnibus,
ils
sine
sanguine
nondum
ad
ciel,
Mediator,
sunt
Prophetae,
ut
reconciliatorem Dei et hominum fore promitterent.
l'esperance
Sufficiet pro omnibus unum illud in primis celebre
Pourtant David n'a peu excogiter une plus grieve
Iesaiae testimonium, ubi praedicit percutiendum esse
malediction sur ses ennemis, qu'en priant qu'ils
Dei manu propter scelera populi, ut castigatio pacis
fussent effacez du livre de vie, et ne fussent point
esset super eum: et Sacerdotem fore, ex plagis eius
escrits avec les iustes (Ps. 69, 29).
de
resurrection
leur
estoit
ostée.
fore aliis sanitatem: et quia omnes errarunt et instar
ovium fuerunt dispersi, placuisse Deo illum affligere,
ut omnium iniquitates ferret . Ubi ad opem miseris
peccatoribus
ferendam
Christum
divinitus
2.10.19.
Mais encore ceste sentence de Iob est notable
proprie
par dessus les autres: Ie say, dit-il, que mon
addici audimus, quisquis has metas transilit, stultae
redempteur vit, et qu'au dernier iour ie ressusciteray
curiositati nimis indulget. Iam ubi prodiit ipse, hanc
de la terre, et verray mon redempteur en ce corps:
adventus sui causam esse asseruit, ut placato Deo
ceste esperance est cachée en mon sein (Iob 19,
nos a morte in vitam colligeret. Idem testati sunt de
25).
Ceux
qui
veulent
monstrer
leur
subtilité,
eo
Apostoli.
doceat
cavillent que cela ne se doit pas entendre de la
Sermonem factum esse carnem, defectionem hominis
derniere resurrection: mais du temps auquel Iob
narrat. Sed ipse ante omnes audiendus est de officio
esperoit le Seigneur luy devoir estre plus doux et
suo disserens, Sic Deus dilexit mundum, inquit, ut
amiable. Laquelle chose quand nous leur concederons
Filium suum unigenitum daret: ut quisquis credit in
en partie, toutesfois si aurons-nous tousiours cela,
eum non pereat, sed habeat vitam aeternam . Item,
veuillent-ils ou non, que Iob ne pouvoit parvenir à
Venit hora ut mortui audiant vocem Filii Dei, et qui
une si haute esperance, s'il se fust reposé en la
audierint vivant . Ego sum resurrectio et vita; qui
terre. Il nous faut donc confesser qu'il elevoit les
credit in me, quanvis sit mortuus, vivet . Item,
yeux en l'immortalité future, puis qu'il attendoit son
Filius hominis venit ad servandum quod perierat .
redempteur, estant comme au sepulchre. Car la mort
Item, Sanis non opus est medico . Nullus esset finis
est
si omnia referre vellem. Uno quidem consensu ad
pensent que de la vie presente: et toutesfois elle ne
hunc fontem nos revocant Apostoli: et certe nisi ad
luy a peu oster son espoir. Quand il me tueroit,
reconciliandum
honor
disoit-il, si ne laisseray-ie d'esperer en luy (Iob
sacerdotii, quando ad deprecandum medius statuitur
13, 15). Si quelque opiniastre murmure que ces
inter Deum et homines Sacerdos ; non esset iustitia
sentences ont esté de peu de gens, et que par cela
nostra, quia pro nobis victima factus est, ut nobis
on
peccata Deus non imputet. Denique omnibus elogiis,
communement telle entre les Iuifs: ie luy respondray
quibus eum ornat Scriptura, spoliabitur. Concidet
incontinent, que ce petit nombre de gens par telles
etiam illud Pauli, Quod impossibile erat Legi, Deum
sentences n'a pas voulu monstrer quelque sagesse
misisse Filium suum, ut in similitudine carnis peccati
occulte, laquelle ne peussent comprendre que les
pro nobis satisfaceret. Nec stabit quod alibi docet, in
excellens
hoc speculo apparuisse Dei bonitatem, et immensum
estoyent constituez docteurs du peuple par le sainct
amorem
est
Esprit: pourtant selon leur office, ils ont publié
redemptor. Denique non alium finem ubique assignat
ouvertement la doctrine qui devoit estre tenue de
Scriptura cur carnem nostram suscipere voluerit Dei
tout le peuple. Quand nous oyons donc les oracles
Filius et hoc etiam mandatum a patre acceperit, nisi
du sainct Esprit si evidens, par lesquels il a testifie
ut victima fieret ad Patrem nobis placandum. Ita
anciennement la vie spirituelle en l'Eglise des Iuifs,
scriptum est, atque ita oportuit Christum pati, et
et en a donné esperance indubitable, ce seroit une
praedicari in nomine eius poenitentiam. Propterea
obstination trop exorbitante, de ne laisser à ce
diligit me pater, quia animam meam pono pro ovibus:
peuple-là qu'une alliance charnelle, où il ne soit fait
hoc mandatum dedit mihi , Sicut exaltavit Moses
mention que de la terre et felicité mondaine.
erga
Sic
Iohannes,
Deum
homines,
antequam
venisset,
dum
concideret
Christus
datus
une
ne
desesperation
peut
prouver
esprits:
car
extreme
que
ceux
la
à
ceux
doctrine
qui
ont
qui
ait
ainsi
ne
esté
parlé
serpentem in deserto, ita oportet exaltari Filium
hominis. Alibi, Pater serva me ex hac hora: sed
propterea veni in hanc horam. Pater glorifica filium .
Ubi clare finem assumptae carnis assignat, ut victima
et piaculum fiat abolendis peccatis. Eadem ratione
pronuntiat Zacharias, secundum promissionem datam
patribus venisse: ut illuminet qui in umbra mortis
2.10.20.
sedebant. Haec omnia meminerimus de Filio Dei
Si ie descen aux Prophetes qui sont depuis
praedicari, in quo alibi Paulus omnes scientiae et
venus, i'auray encores matiere plus ample et facile
sapientiae thesauros absconditos esse testatur, et
de bien demener ceste cause. Car si la victoire ne
praeter quem nihil se scire gloriatur.
nous a pas esté trop difficile en David, Iob et
Samuel, elle nous sera là beaucoup plus aisée, veu
mesme que le Seigneur a tenu cest ordre de faire
en
dispensant
d'autant
que
l'alliance
le
iour
de
de
sa
misericorde,
la
pleine
que
revelation
approehoit, il a voulu de plus en plus augmenter la
clairté de sa doctrine. Parquoy quand la premiere
promesse fut au commencement donnée à Adam lors
il y eut seulement comme des petites estintîelles
allumées. Depuis petit à petit la lumiere est creue
et augmentée de iour en iour, iusques à ce que le
Seigneur Iesus Christ, qui est le Soleil de iustice,
faisant esvanouir toutes nuées, a pleinement illuminé
le monde. Il ne faut pas donc craindre, si nous nous
voulons ay der des tesmoignages des Prophetes pour
approuver nostre cause, qu'ils nous defaillent. Mais
pource que ie voy ceste matiere si ample, qu'il nous
y faudroit arrester plus que ne porte ce que i'ay
entrepris de faire (car il y auroit pour remplir un
gros volume): davantage, pource que ie pense avoir
fait ouverture cy dessus à tous lecteurs de moyen
entendement,
en
telle
sorte
qu'ils
pourront
d'eux-mesmes comprendre ce qui en est, ie me
garderay d'estre prolixe, sans qu'il en soit grand
2.12.5.
mestier. Seulement ie les admonnesteray qu'ils se
Siquis
excipiat, horum
quominus
souviennent d'user de la clef que ie leur ay baillée
idem Christus, qui damnatos redemit, testari etiam
pour se faire ouverture: c'est que toutes fois et
potuerit suum erga salvos et incolumes amorem,
quantes que les Prophetes font memoire de la
eorum carnem induendo: brevis responsio est, quum
beatitude des fideles (de laquelle à grand'peine il
pronuntiet Spiritus, aeterno Dei decreto coniuncta
apparoist une petite ombre en ce monde) qu'ils
simul haec duo fuisse, ut fieret nobis redemptor
reviennent
Christus, et eiusdem naturae particeps, fas non esse
Prophetes pour mieux demonstrer la bonté de Dieu,
longius inquirere. Nam quem titillat plus aliquid
l'ont
sciendi
non
quelques images: mais que cependant ils ont voulu
contentus, ostendit etiam ne hoc quidem Christo, qui
par ceste peincture eslever les coeurs par dessus
nobis
se
terre et les elemens de ce monde et ce siecle
recitat
corruptible, et les induire à, mediter la felicité de la
cupiditas,
in
esse.
quorsum
missus
praedestinationis
humani
immutabili
pretium
contentum
ingenii
nihil obstare
Dei
redemptionis
Nec
vero
fuerit,
lasciviam
datus
Paulus
sed
mysterium
ordinatione
est,
solum
ad
sublime
conscendens,
et
pruritum
omnem
opportune
à
figurée
vie spirituelle.
ceste
par
distinction:
benefices
assavoir
terriens,
que
comme
les
par
compescit. Elegit nos in Christo Pater ante mundi
creationem
ut
adoptaret
in
filios
secundum
propositum voluntatis suae, et acceptos habuit in
Filio dilecto, in quo habemus redemptionem per
sanguinem eius . Hic certe non praesupponitur Adae
lapsus quasi tempore superior: sed quid ante secula
2.10.21.
statuerit Deus ostenditur, quum mederi vellet humani
generis
miseriae.
Si
rursum
obiiciat
adversarius,
Nous serons contens d'en avoir un exemple.
Pource que le peuple d'Israel ayant esté transporté
consilium hoc Dei pependisse ex hominis ruina quam
en
praevidebat: mihi satis superque est, impia audacia
desolation où il estoit, semblable à une mort: on ne
ad fingendum novum Christum prorumpere, quicunque
luy pouvoit faire accroire que ce ne fust fable et
sibi de Christo plus inquirere permittunt vel scire
mensonge tout ce que luy promettoit Ezechiel de sa
appetunt,
restitution : car il pensoit que ce fust autant comme
quam
Deus
arcano
suo
decreto
Babylone,
estimoit
son
bannissement
et
la
praedestinavit. Ac merito Paulus, ubi de proprio
qui
Christi
ressusciter. Le Seigneur pour monstrer que ceste
officio
ita
disseruit,
precatur
Ephesiis
eust
dit
des
corps
tous
pourris
devoir
spiritum intelligentiae, ut comprehendant quae sit
difficulté
longitudo, sublimitas, latitudo et profunditas: nempe
n'accomplist sa grace en eux, monstre par vision au
charitas Christi quae omnem scientiam supereminet :
Prophete un champ plein d'oz: ausquels il rend esprit
acsi
nostris
et vigueur en une minute de temps, par la seule
tantillum
vertu de sa parolle (Ezech. 37, 4). Ceste vision
data
circundaret,
opera
ne
a
cancellos
gratia
mentibus
reconciliationis
mesmes
ne
l'empescheroit
pas
qu'il
declinent quoties fit Christi mentio. Quare quum
servoit
fidelis hic sermo sit, teste Paulo, Christum venisse
neantmoins cependant elle l'admonnestoit combien la
ut
libenter
puissance de Dieu s'estendoit outre la reduction qu'il
acquiesco. Et quum alibi doceat idem Apostolus
luy promettoit, veu qu'à son seul commandement il
gratiam quae nunc per Evangelium manifestata est,
luy estoit si facile de reduire en vie des ossemens
datam nobis fuisse in Christo ante tempora secularia
dispersez çà et là. Pourtant nous avons à comparer
: ad finem usque constanter in ea manendum statuo.
ceste sentence avec une autre semblable qui est en
Huic modestiae inique obstrepit Osiander, qui hanc
Isaie: où il est dit que les morts vivront, et
quaestionem a paucis ante leviter motam, rursus hoc
ressusciteront
tempore
eos
exhortation leur est addressée: Esveillez-vous, et
insimulat qui Filium Dei negant appariturum in carne
levez-vous, entre vous qui habitez en la poudre: car
fuisse, si non cecidisset Adam: quia nullo Scripturae
vostre rousee est comme la rousee d'un champ verd:
testimonio commentum hoc repudietur. Quasi vero
et la terre des Geans sera desolée. Va mon peuple,
perversae curiositati frenum non iniiciat Paulus, ubi
entre en tes tabernacles, ferme tes huis sur toy.
de redemptione per Christum parta loquutus, mox
Cache toy pour un petit de temps iusques à ce que
iubet stultas quaestiones fugere . Eousque erupit
la fureur soit passée: car voici, le Seigneur sortira
quorundam vaesania, dum praepostere acuti videri
pour visiter l'iniquité des habitans de la terre: et la
appetunt, ut quaererent an naturam asini assumere
terre revelera le sang qu'elle a receu, et ne cachera
potuerit Dei filius. Hoc portentum, quod pii omnes
point plus longuement les morts qu'on y a ensevelis
tanquam detestabile merito exhorrent, hoc praetextu
(Is. 26, 19-21).
peccatores
salvos
infoeliciter
faceret
agitavit.
:
in
eo
Confidentiae
excuset Osiander quod nusquam diserte in scriptura
bien
à
corriger
avec
l'incredulité
leurs
corps.
du
Puis
peuple:
ceste
refellitur. Quasi vero dum nihil pretiosum aut dignum
2.10.22.
cognitu Paulus ducit praeter Christum crucifixum ,
Combien que ie ne veuille pas dire qu'il faille
asinum salutis authorem admittat. Ergo qui alibi
rapporter tous les autres passages à ceste reigle.
Christum praedicat aeterno Patris consilio in caput
Car il y en a d'aucuns qui sans aucune figure ou
fuisse ordinatum ut omnia colligeret , nihilo magis
obscurité, demonstrent l'immortalité future, laquelle
alium agnoscet cui nullae redimendi partes iniunctae
est
sint.
comme nous en avons desia recité, et y en a
preparée
aux
fideles
au
royaume
de
Dieu:
plusieurs autres: mais principalement deux, don't l'un
est en Isaie, où il est dit, Comme ie feray consister
devant ma face les cieux nouveaux, et la terre
nouvelle que i'ay creée: ainsi sera vostre semence
permanente: et un mois suyvra l'autre, et un sabbath
suyvra continuellement l'autre sabbath. Toute chair
viendra pour adorer devant ma face, dit le Seigneur:
et on verra les corps des transgresseurs qui m'ont
contemné et mis en opprobre. Leur ver ne mourra
iamais, et leur feu ne s'esteindra point (Is. 66,
22-24). L'autre est en Daniel: En ce temps-là,
dit-il, se levera Michel Archange, lequel est deputé
pour garder les enfans de Dieu: et viendra un temps
de destresse, tel qu'il n'y en a iamais eu depuis que
le monde est creé. Lors sera sauvé tout le peuple
qui sera trouvé escrit au livre: et ceux qui reposent
en la terre se leveront, les uns en vie eternelle, les
autres en opprobre eternel (Dan. 12, 1. 2).
2.12.6.
Quod autem iactat principium prorsus frivolum
est. Hominem vult creatum esse ad imaginem Dei,
quia formatus fuerit ad exemplar futuri Christi, ut
illum
referret
decreverat.
quem
Unde
iam
colligit,
Pater
si
carne
nunquam
vestire
excidisset
Adam a prima sua et integra origine, Christum tamen
2.10.23.
futurum fuisse hominem. Quam istud et nugatorium
Des deux autres poincts, assavoir que les Peres
sit et contortum, per se intelligunt omnes sano
anciens ont eu Christ pour gage et asseurance des
iudicio praediti; interea primum se vidisse putat quid
promesses que Dieu leur avoit faites, et qu'ils ont
esset imago Dei, quod scilicet non solum in dotibus
remis en luy toute la fiance de leur benediction: ie
eximiis, quibus ornatus fuerat, relucebat Dei gloria,
ne mettray pas beaucoup de peine à les prouver,
sed essentialiter in eo habitabat Deus. Ego vero ut
pource qu'ils sont faciles à entendre, et qu'on n'en
concedam imaginem Dei Adam gestasse quatenus
fait pas tant de controversia Nous conclurrons donc,
Deo
que le vieil Testament, ou l'alliance que Dieu a faite
coniunctus
erat
(quae
vera
est
ac
summa
dignitatis perfectio) Dei tamen similitudinem non
au peuple d'Israel, n'a pas esté seulement contenue
alibi
en
quaerendam
esse
contendo
quam
in
illis
choses
terriennes:
mais
aussi
a
comprins
praestantiae notis quibus Adam Deus insigniverat
certaines promesses de la vie spirituelle et eternelle,
prae aliis animantibus. Ac Christum quidem iam tunc
de laquelle l'esperance devoit estre imprimée au
fuisse imaginem Dei uno consensu fatentur omnes:
coeur de tous ceux qui s'allioyent vrayement à ce
et proinde quicquid excellentiae insculptum ipsi Adae
Testament. Ceste resolution ne peut estre renversée
fuit, inde manasse quod per unigenitum filium ad
par aucunes machines du diable. Pourtant, que ceste
opificis sui gloriam accederet. Ad imaginem ergo Dei
opinion enragee et pernicieuse soit loin de nous:
conditus est homo , in quo suam gloriam creator
assavoir que Dieu n'a rien proposé aux Iuifs, ou
ipse conspici quasi in speculo voluit. In hunc gradum
qu'ils n'ont attendu autre chose de sa main, sinon de
honoris evectus fuit unigeniti fili beneficio, sed addo
repaistre leurs ventres, vivre en delices charnelles,
filium ipsum tam Angelis quam hominibus commune
estre
fuisse caput: ita ut quae in hominem collata fuerat
honneur, avoir grande lignée, et autres telles choses
dignitas, ad Angelos quoque pertineret. Neque enim
que desirent les hommes mondains. Car Iesus Christ
dum audimus vocari filios Dei , consentaneum esset
ne promet point auiourdhuy d'autre royaume des
negare
patrem
cieux à ses fideles, sinon auquel ils reposeront avec
referrent. Quod si tam in Angelis quam in hominibus
Abraham, Isaac et Iacob (Matth. 8, 11). Sainct
repraesentari suam gloriam et in utraque natura
Pierre remonstroit aux Iuifs de son temps, qu'ils
conspicuam esse voluit, inscite nugatur Osiander,
estoyent heritiers de la grace Evangelique, pource
Angelos fuisse tunc posthabitos hominibus, quia non
qu'ils estoyent successeurs des Prophetes, estans
gestarent Christi figuram. Neque enim praesenti Dei
comprins
intuitu assidue fruerentur, nisi ei essent similes; nec
anciennement avec Israel (Act. 3, 25). Et afin que
aliter docet Paulus renovari homines ad imaginem
cela ne fust pas seulement testifie de parolles, le
Dei , quam si Angelis socientur, ut simul inter se
Seigneur Ta aussi bien approuvé de fait. Car en la
cohaereant
Christo
mesme heure qu'il ressuscita, il fit plusieurs des
creditur, haec ultima erit nostra foelicitas, ubi in
saincts participans de sa resurrection, lesquels ont
caelos erimus recepti, conformes esse Angelis. Quod
vit en Ierusalem (Matth. 27, 52). En quoy il donna
si inferre Osiandro licet, primarium imaginis Dei
une certaine arre, que tout ce qu'il avoit fait ou
exemplar
iure
souffert
fieri
n'appartenoit
inditum
contendet
sub
fuisse
illis
uno
in
quispiam
fuisse
capite.
Christo
aliquid
Denique,
homine,
Christum
quo
si
eodem
oportuisse
abondans
en
pour
en
richesses,
l'alliance
acquerir
pas
moins
que
salut
aux
estre
Dieu
au
exaltez
avoit
genre
fideles
de
en
faite
humain,
l'ancien
Angelicae naturae consortem, quia ad illos quoque
Testament, qu'à nous. Et de fait, ils avoyent un
pertineat imago Dei.
mesme esprit que nous avons, par lequel Dieu
regenere les siens en vie eternelle. Puis que nous
voyons que l'esprit de Dieu, lequel est comme une
semence d'immortalité en nous, et pour ce est
appellé arre de nostre heritage, a habite en eux
(Ephes. 1, 14): comme leur oserions nous oster
l'heritage de vie? Pourtant un homme prudent ne se
pourra assez esmerveiller, comment il s'est fait que
les Sadduciens soyent anciennement tombez en si
grande stupidité, que de nier la resurrection et
2.12.7.
immortalité des ames, veu que l'un et l'autre est si
Non est igitur cur metuat Osiander Deum posse
mendacem
fuisset
deprehendi
nisi
in
de
Filio
incarnando
immutabile:
quia
si
eius
mente
tout le peuple des Iuifs, en ce qu'ils attendent
Adae
follement un royaume terrien de Christ, ne nous
integritas, similis fuisset Deo cum Angelis: neque
devroit pas moins esmerveiller, n'estoit qu'il a esté
tamen propterea necesse fuisset Filium Dei fieri vel
predit que telle punition leur adviendroit pour avoir
hominem vel Angelum. Frustra etiam absurdum illud
mesprisé Iesus Christ et son Evangile. Car c'estoit
metuit, nisi immutabili Dei consilio ante creatum
bien
hominem
ut
aveuglement, veu qu'en esteignant la lumiere qui leur
a
sua
estoit presentée, ils ont preferé les tenebres. Ils
nonnisi
per
lisent donc Moyse, et sont assiduellement à mediter
accidens natus esset, ut scilicet instauret perditum
ce qu'il a escrit: mais ils ont le voile qui les
genus
igitur
empesche de contempler la lumiere de son visage.
fuisse ad imaginem Adae. Cur enim horrebit quod
Lequel voile leur demeurera tousiours, iusques à ce
tam aperte docet Scriptura, similem nobis fuisse
qu'ils apprennent de le reduire à Christ: duquel ils le
factum per omnia, excepto peccato ? unde et Lucas
destournent maintenant tant qu'il leur est possible (2
filium Adae in genealogia censere non dubitat . Scire
Cor. 3, 14. 15).
Christus
redemptor,
sed
praerogativa
fuisset
ut
ut
homo,
quando
inde
fuisset
nasciturus,
primus
excideret:
humanum:
collapsa
fixum
L'ignorance brutale que nous voyons auiourdhuy en
et
non
decretum
prius
clairement demonstré en l'Escriture (Act. 23, 7. 8).
iam
inferat,
non
ne
creatum
raison
que
Dieu
les
frappast
d'un
tel
etiam velim cur a Paulo Christus vocetur secundus
Adam , nisi quia destinata ei fuit humana conditio, ut
ex ruina erigeret Adae posteros. Nam si creationem
ordine illa praecessit, dicendus fuit primus Adam.
2.11. De la difference entre les deux Testamens.
Secure affirmat Osiander, quia iam Christus homo
praecognitus erat in mente Dei, homines ad hoc
exemplar fuisse formatos. Paulus autem secundum
2.11.1.
Adam nominans, inter primam hominis originem et
restitutionem
mediam
pristinum
quam
statuit
per
Christum
defectionem,
ordinem
ex
reformandae
qua
consequimur,
naturae
necessitas;
in
unde
Quoy donc? dira quelcun: ne restera-il nulle
difference entre le vieil et nouveau Testament? Et
que dirons-nous à tant de passages de l'Escriture,
qui
les
opposent
ensemble
comme
choses
fort
sequitur, eandem Filio Dei nascendi fuisse causam,
diverses? Ie respon, que ie reçoy volontiers toutes
ut homo fieret. Interea male et insulse ratiocinatur
les
Osiander, Adam, quandiu integer stetisset, futurum
l'Escriture:
imaginem fuisse suiipsius, non Christi. Respondeo ex
deroguent rien à l'unité que nous avons desia mise,
opposito, quia etsi nunquam induisset carnem Dei
comme il sera aisé de voir quand nous les aurons
Filius, fulgebat nihilominus et in corpore et in anima
traitées par ordre. Or entant que i'ay peu observer
eius imago Dei: in cuius radiis semper apparuit,
en considerant diligemment l'Escriture, il y eir a
Christum esse vere caput, et primatum tenere in
quatre,
omnibus. Atque ita solvitur futilis argutia, quam
cinquieme, ie ne contrediray point. Ie me fay fort de
ventilat Osiander, carituros fuisse Angelos hoc capite
monstrer qu'elles appartiennent toutes, et se doyvent
nisi
Deo
vestire,
propositum
etiam
citra
fuisset
Adae
differences
que
nous
trouvons
couchées
en
à
telle
condition
qu'elles
ne
mais
ausquelles
si
quelcun
veut
adiouster
la
Filium
suum
carne
referer à. la maniere diverse que Dieu a tenue en
culpam.
Nimis
enim
dispensant sa doctrine, plustost qu'à la substance.
inconsiderate
arripit
quod
nemo
sanus
concedet,
Ainsi,
il
n'y
aura
nul
du
vieil
et
empeschement
que
les
Testament
ne
Christo non competere primatum in Angelos, ut
promesses
fruantur eo principe, nisi quatenus est homo. Atqui
demeurent semblables: et que Christ ne soit tenu
facile elicitur ex Pauli verbis, quatenus aeternus est
pour fondement unique des uns et des autres. La
Dei sermo, primogenitum esse omnis creaturae , non
premiere difference donc sera telle: Combien que
quod creatus sit, vel numerari inter creaturas debeat:
Dieu ait voulu tousiours que son peuple eslevast son
sed quia integer mundi status, qualis ab initio fuit
entendement en l'heritage celeste, et y eust son
summa pulchritudine insignis, non aliud principium
coeur arresté, toutesfois pour le mieux entretenir en
habuit:
est,
esperance des choses invisibles, il les luy faisoit
primogenitum esse ex mortuis. Utrunque enim uno et
contempler sous ses benefices terriens, et quasi luy
brevi contextu considerandum proponit Apostolus,
en donnoit quelque goust. Maintenant ayant plus
per Filium creata fuisse omnia, ut Angelis dominetur:
clairement revelé la grace de la vie future par
et
esse
l'Evangile, il guide et conduit nos entendemens tout
inciperet. Eiusdem inscitiae est quod homines dicit
droit à la meditation d'icelle, sans nous exerciter
carituros fuisse Christo rege, nisi homo fuisset.
aux
Quasi vero non potuerit constare regnum Dei, si
Israelites. Ceux qui ne considerent point ce conseil
aeternus Dei Filius, licet non indutus humana carne,
de Dieu, pensent que le peuple ancien n'ait iamais
Angelis et hominibus in societatem caelestis gloriae
monté plus haut, que d'attendre ce qui appartenoit à
suae et vitae collectis, primatum ipse tenuisset. Sed
l'aise du corps. Ils voyent que la terre de Canaan
in hoc falso principio semper hallucinatur, vel sibi
est tant souvent nommée, comme le souverain loyer
praestigias facit, Ecclesiam fuisse avkefalon futuram,
pour remunerer ceux qui observeroyent la loy de
nisi apparuisset in carne Christus. Quasi vero, sicuti
Dieu: d'autrepart ils voyent que Dieu ne fait point
eo capite fruebantur Angeli, non etiam divina sua
de plus grieves menaces aux Iuifs, que de les
virtute praeesse hominibus potuerit, et arcana virtute
exterminer de la terre qu'il leur avoit donnée, et les
Spiritus sui vegetare ipsos et fovere, instar corporis
espandre en nations estranges. Ils voyent finalement
sui, donec in caelum collecti eadem cum Angelis vita
que
fruerentur.
pro
Moyse reviennent quasi toutes à ce but: de là ils
firmissimis oraculis ducit Osiander, nempe ut suarum
concluent sans aucune doute, que Dieu avoit segregé
speculationum dulcedine inebriatus, ridiculos paeanas
les Iuifs des autres peuples, non pas pour leur
de nihilo efflare solet. Unum vero postea dicit longe
profit,
firmius se afferre, prophetiam Adae scilicet, qui
Chrestienne eust une image exterieure, en laquelle
uxore sua conspecta dixit, Hoc nunc os ex ossibus
elle peust contempler les choses spirituelles, Mais
meis,
autem
comme ainsi soit que l'Escriture demonstre que Dieu
eundem
par toutes les promesses terriennes qu'il leur faisoit,
deinde
hominem
et
quatenus
esse
Quas
caro
homo
factum
hactenus
de
carne
ut
factus
redemptor
refutavi
mea
.
prophetiam
esse
evincit?
nempe
sermonem
Christus
apud
Matthaeum
naenias,
Unde
quia
Deo
tribuit.
les
choses
les
a
inferieures,
benedictions
mais
voulu
nouveau
pour
le
conduire
comme
et
il
faisoit
maledictions
nostre,
comme
afin
par
que
que
la
les
recite
l'eglise
main
en
Quasi vero quicquid per homines loquutus est Deus,
l'esperance de ses graces celestes: de ne considerer
vaticinium aliquod contineat. Vaticinia
point ce moyen, c'est une trop grande rudesse, voire
Legis
praeceptis
quaerat
Osiander,
in singulis
quae
a
Deo
mesme bestise. Voila donc le poinct que nous avons
authore profecta esse constat. Adde quod rudis et
à debatre contre ceste maniere de gens: c'est qu'ils
terrenus fuisset Christus in literali sensu subsistens.
disent que la terre de Canaan ayant esté estimée du
Quia non de mystica unione qua Ecclesiam dignatus
peuple d'Israel pour sa beatitude souveraine, nous
est disserit, sed tantum de fide coniugali: ob hanc
figure nostre heritage celeste Nous maintenons au
causam Deum pronuntiasse docet, virum et uxorem
contraire, qu'en ceste possession terrienne don't il
fore
iouissoit, il a contemplé l'heritage futur qui luy
carnem
unam,
ne
insolubile
illud
vinculum
quisquam divortio violare tentet. Haec simplicitas si
Osiandro
sordet,
Christum
reprehendat,
estoit preparé au ciel.
quia
discipulos ad mysterium non traduxerit, Patris dictum
subtilius
interpretando.
Nec
vero
eius
delirio
suffragatur Paulus, qui ubi dixit nos esse carnem de
carne
Christi,
mox
adiungit,
magnum
hoc
esse
mysterium . Neque enim quo sensu hoc protulerit
Adam referre voluit, sed sub figura et similitudine
coniugii sacram coniunctionem proponere, quae nos
unum cum Christo facit; et hoc verba sonant: quia
2.11.2.
se de Christo et Ecclesia hoc dicere admonens,
Cela sera mieux esclaircy par la similitude que
correctionis loco a lege coniugii discernit spiritualem
met sainct Paul en l'Epistre aux Galates. Il compare
Christi
facile
le peuple des Iuifs à un heritier qui est encore petit
necesse
enfant, lequel n'estant point capable de se gouverner,
et
evanescit
arbitror
haec
hac
Haec
coniunctionem.
futilitas.
similes
brevissima
vanitas.
Ecclesiae
Nec
quisquilias
refutatione
mihi
discutere:
quia
deprehendetur
4,
1).
Il
est
bien
vray
qu'il
traite
là
pas que nous n'appliquions ceste sentence à nostre
temporum, missum fuisse Filium Dei factum ex
propos. Nous voyons donc qu'un mesme heritage leur
muliere, factum sub Lege, ut eos qui sub Lege erant
a esté assigné comme à nous: mais qu'ils n'ont pas
redimeret .
esté capables d'en iouir pleinement. Il y a eu une
quum
Dei
(Gal.
plenitudo
sufficiet,
filiis
omnium
est sous la main de son tuteur, ou de son pedagogue
principalement des ceremonies: mais cela n'empesche
abunde
sobrietas
ex
solide
pascendis
quidem
vero
Quare
venit
mesme Eglise entre eux, que la nostre: mais elle
estoit encores comme en aage puerile. Pourtant le
Seigneur les a entretenus en ceste pedagogie: c'est
de ne leur donner point clairement les promesses
spirituelles,
quelque
mais
image
de
et
leur
en
figure
presenter
sous
les
plustost
promesses
terriennes. Voulant donc recevoir Abraham, Isaac et
Iacob,
et
toute
leur
race
en
l'esperance
de
l'immortalité, il leur promettoit la terre de Canaan
en
heritage:
non
pas
afin
que
leur
affection
s'arrestast là, mais plustost afin que par le regard
d'icelle, ils se confermassent en certain espoir du
vray heritage qui ne leur apparoissoit point encore,
et afin qu'ils ne s'abusassent point, il leur adioustoit
aussi
une
promesse
plus
haute,
laquelle
leur
testifioit que ce n'estoit pas là le souverain et
principal bien qu'il leur vouloit faire. Ainsi Abraham
en recevant ceste promesse de posseder la terre de
Canaan, ne s'amuse point à ce qu'il voit, mais est
eslevé en haut par la promesse coniointe, entant
qu'il luy est dit, Abraham, ie suis ton protecteur, et
ton loyer tres-ample (Gen. 15, 1). Nous voyons
que la fin de son loyer luy est située en Dieu, afin
qu'il n'attende point
un loyer transitoire de
ce
2.13. Christum veram humanae carnis substantiam
monde, mais incorruptible au ciel. Nous voyons que
induisse.
la possession de la terre de Canaan luy est promise,
non à autre condition, sinon afin qu'elle luy soit une
2.13.1.
marque de la benevolence de Dieu, et figure de
De Christi divinitate, quae alibi claris et firmis
testimoniis
probata
supervacuum,
nisi
restat
quomodo
partes
impleverit.
est,
nunc
fallor,
carne
esset.
nostra
Videndum
indutus
sentences des fideles, qu'ils ont eu un tel sentiment.
igitur
En telle maniere David estoit incité des benedictions
Mediatoris
temporelles de Dieu, à mediter sa grace souveraine,
quand il disoit, Mon coeur et mon corps languissent
veritas olim tam a Manichaeis quam a Marcionitis
du desir de te voir, Seigneur. Le Seigneur est mon
impugnata
pro
heritage à iamais. Item, Le Seigneur est ma portion
Christi corpore sibi fingebant, illi autem caelesti
hereditaire, et tout mon bien. Item, I'ay crié au
carne praeditum somniabant. Sed utrisque Scripturae
Seigneur, disant, Tu es mon espoir et mon heritage
testimonia et multa et valida resistunt. Non enim vel
en la terre des vivans (Ps. 84, 3; 73, 26; 16, 5;
in caelesti semine, vel in hominis larva benedictio
142, 6). Certes tous ceux qui osent ainsi parler,
promittitur, sed in semine Abrahae et Iacob ; neque
monstrent qu'ils outrepassent ce monde et toutes
homini
sed
choses presentes. Neantmoins les Prophetes le plus
Davidis filio, et fructui ventris eius ; unde et in
souvent descrivent la beatitude du siecle futur sous
carne exhibitus, filius vocatur Davidis et Abrahae :
l'image et figure qu'ils en avoyent receu de Dieu.
non ideo tantum quod ex Virginis utero natus sit, in
Selon laquelle forme il nous faut entendre ces
aere autem creatus: sed quia (Paulo interprete)
sentences, où il est dit, Que les iustes poseederont
secundum carnem factus sit ex Davidis semine :
la
sicut alibi docet idem Apostolus eum descendisse ex
exterminez. Ierusalem abondera en richesses, et Sion
Iudaeis . Quamobrem Dominus ipse non contentus
en affluence de tous biens (Ps. 37, 9; Iob 18, 17;
hominis nomine, filium quoque hominis subinde se
Prov. 2, 21. 22; souvent en Isaie). Nous entendons
appellat, clarius exprimere volens se hominem esse
bien que cela ne compete point à ceste vie mortelle,
ex hominis semine vere progenitum. Quum Spiritus
qui est comme un pelerinage, et ne convenoit pas à
sanctus toties per tot organa, tantaque diligentia et
la cité terrestre de Ierusalem: mais il convient au
simplicitate rem per se non abstrusam enarraverit,
vray pays des fideles, et à la cité celeste, en
quis cogitasset tanta ullos mortales impudentia fore
laquelle
qui offucias adhuc spargere auderent? Et tamen alia
tousiours (Ps. 132, 13-15; 133, 3).
aereo
etiamnum
humanae
disserere
naturae
est:
Ac
iterum
l'heritage celeste. Et de fait, il appert par les
quorum
hi
promittitur
testimonia
ad
quidem
quidem
thronus
manum
spectrum
aeternus,
se
offerunt,
si
congerere plura libeat; quale est illud Pauli, Deum
misisse
Filium
suum
factum
ex
muliere
:
et
terre
en
Dieu
heritage,
a
et
preparé
les
iniques
benediction
en
et
seront
vie
à
innumera, quibus fami, siti, frigori, aliisque naturae
nostrae infirmitatibus obnoxium fuisse constat. At ex
2.11.3.
multis deligenda sunt ea potissime quae animis in
C'est la raison pourquoy les Saincts au vieil
vera fiducia aedificandis conducere queant: ut quum
Testament ont plus estimé ceste vie mortelle que
dicitur Angelis nequaquam tantum honoris detulisse,
nous ne devons auiourdhuy faire. Car combien qu'ils
ut
cogneussent tres-bien qu'ils ne se devoyent point
eorum
naturam
assumeret:
sed
nostram
assumpsisse, ut in carne et sanguine per mortem
arrester
destrueret eum qui potiebatur mortis imperio . Item,
neantmoins pource qu'ils reputoyent d'autrepart que
eius
eius
Dieu leur figuroit en icelle sa grace, pour les
censeri: Item, debuisse fratribus similem fieri, ut
confermer en espoir selon leur petitesse, ils y
misericors
esset
nos
avoyent plus grande affection que s'ils l'eussent
Pontificem
non
compati
considerée en elle-mesme. Or comme le Seigneur
infirmitatibus nostris : et similia. Eodem pertinet
en testifiant sa benevolence envers les fideles, par
quod paulo ante attigimus, oportuisse in carne nostra
benefices
terriens
expiari peccata mundi; quod a Paulo clare asseritur .
spirituelle
à
Ac certe ideo ad nos pertinet quicquid Christo
d'autrepart, les peines corporelles qu'il envoyoit sur
contulit Pater, quia caput est ex quo totum corpus
les malfaiteurs, estoyent enseignes de son iugement
per iuncturas connexum simul coalescit . Imo non
futur
aliter conveniet quod dicitur, Spiritum ei datum esse
benefices de Dieu estoyent lors plus manifestes en
absque mensura, ut de plenitudine eius hauriamus
choses temporelles, aussi estoyent les vengeances.
omnes : quando nihil absurdius quam Deum in sua
Les ignorans ne considerans point ceste similitude et
essentia
etiam
convenance entre les peines et remunerations qui ont
ratione dicit alibi Christus ipse, Ego propter eos
esté de ce temps-là, s'esmerveillent comment il y a
sanctifico meipsum.
une -telle varieté en Dieu: c'est puis qu'il a esté si
communicationis
beneficio
ac
fidelis
habere
qui
adventitio
dono
nos
fratres
intercessor
non
possit
locupletari.
Hac
:
à
icelle,
sur
prompt
comme
leur
laquelle
les
et
leur
ils
la
devoyent
hommes,
à
but:
beatitude
tendre,
Parquoy
anciennement
des
dernier
fìguroit
reprouvez.
subit
rigoureusement
à
aussi
comme
se
les
venger
incontinent
qu'ils
l'avoyent offensé: comment à present, comme ayant
moderé sa colere, fil punist plus doucement et peu
souvent.
Et
peu
s'en
n'imaginent
divers
Testament:
ce
faut
dieux
que
du
mesme
que
pour
vieil
est
et
cela
ils
nouveau
advenu
aux
Manichéens. Mais il nous sera aisé de nous delivrer
de
tous
ces
scrupules,
si
nous
pensons
à
la
dispensation de Dieu, que nous avons notée: assavoir
que pour le temps auquel il bailloit son alliance au
peuple d'Israel aucunement enveloppée, il a voulu
signifier et figurer d'une part la beatitude eternelle,
2.13.2.
Quos vero in erroris sui confirmationem locos
proferunt, nimis inepte contorquent: nec quicquam
frivolis argutiis proficiunt, ubi diluere conantur quae
qu'il leur promettoit sous ces benefices terriens: et
de l'autre l'horrible damnation que devoyent attendre
les iniques sous peines corporelles.
iam ex parte nostra adduxi. Marcion phantasma pro
corpore Christum induisse imaginatur: quia dicatur
alicubi in similitudinem hominis factus, et figura
2.11.4.
compertus ut homo . Sed ita minime expendit quid
illic
agat
Paulus;
non
enim
quale
sumpserit
Christus
vult
docere:
divinitatem
suam
exerere
sibi
Testament
difference
gist
aux
du
figures.
vieil
C'est
et
nouveau
que
le
vieil
Testament, du temps que la verité estoit encore
se
absente, la representoit par images, et a eu l'ombre
tulisse nisi quod erat abiecti contemptique hominis.
au lieu du corps. Le Nouveau contient la verité
Nam, ut eius exemplo nos hortetur ad submissionem,
presente et la substance: et à icelle se doyvent
ostendit, quum Deus esset, potuisse mundo gloriam
reduire quasi tous les passages, ausquels le vieil
suam conspicuam statim proponere: cessisse tamen
Testament est opposé au Nouveau par comparaison:
iure suo, et sponte seipsum exinanisse: quia scilicet
combien qu'il n'y ait point de passages où cela soit
imaginem servi induit, et ea humilitate contentus,
plus amplement traité qu'en l'Epistre aux Hebrieux.
carnis velamine suam divinitatem abscondi passus
L'Apostre dispute là contre ceux qui pensoyent toute
est. Hic certe non docet quid fuerit Christus, sed
la
qualiter se gesserit. Quinetiam ex toto contextu
ceremonies de Moyse. Pour refuter cest erreur, il
facile colligitur, in vera hominis natura exinanitum
prend en premier lieu ce qui avoit esté dit par le
fuisse Christum. Quid enim hoc sibi vult, figura
Prophete touchant la sacrificature de Iesus Christ.
repertum
Car puis que le Pere Pa constitué Sacrificateur
posset,
tanquam
quum
seconde
iure
fuisse
sed
corpus
La
nihil
hominem,
nisi
prae
quia
ad
religion
estre
ruinée,
si
on
abolissoit
les
tempus non resplenduit divina gloria, sed tantum in
eternel
vili et abiecta conditione apparuit humana species?
sacrificature Levitique est ostée, en laquelle les uns
Nec vero aliter constaret illud Petri, mortuum fuisse
succedoyent aux autres. Or que ceste prestrise
carne, vivificatum spiritu , nisi infirmus fuisset Filius
nouvelle
Dei in hominis natura. Quod Paulus clarius explicat,
prouve, entant qu'elle est establie par serment. Il
passum
.
adiouste puis apres, que quand la prestrise a esté
Atque huc pertinet exaltatio, quia diserte novam
ainsi transferée, il y a eu translation d'alliance.
gloriam adeptus fuisse dicitur Christus, postquam
Davantage,
seipsum exinanivit; quod apte non quadraret nisi in
necessaire, veu qu'il v avoit telle imbecillité en la
hominem
Loy, qu'elle ne pouvoit mener à perfection (Hebr. 7,
aereum
fuisse
asserens
carne
et
fabricatur
pro
anima
corpus,
carnis
praeditum.
quia
infirmitate
Manichaeus
vocetur
Christus
(Ps.
soit
il
110,
plus
4),
il
est
excellente
remonstré
que
certain
que
cela
que
l'autre,
aussi
il
la
le
estoit
18. 19). Consequemment il poursuit quelle estoit
secundus Adam de caelo caelestis . At neque illic
ceste
essentiam corporis caelestem inducit Apostolus, sed
iustices exterieures, lesquelles ne pouvoyent rendre
vim spiritualem, quae a Christo diffusa nos vivificat.
leurs, observateurs parfaits selon la conscience: veu
Porro eam, ut vidimus, Petrus et Paulus ab eius
que le sang des bestes brutes ne peut pas effacer
carne separant. Quin potius ex eo loco egregie
les pechez, n'acquerir
stabilitur quae inter orthodoxos de Christi carne
Il conclud donc qu'il y a eu en la Loy une ombre
viget doctrina. Nisi enim unam haberet nobiscum
des biens futurs, non pas une vive presence, laquelle
corporis naturam Christus, inanis esset ratiocinatio
nous est donnée en l'Evangile (Hebr. 10, 1). Nous
quam
Si
avons icy à considere en quel endroit c'est qu'il
Christus resurrexit, nos quoque resurrecturos: si non
confere l'alliance Legale avec l'alliance Evangelique:
resurgimus,
l'office de Moyse avec celuy de Christ. Car si ceste
tanta
vehementia
neque
Paulus
Christum
prosequitur,
resurrexisse
.
imbecillité,
c'est
pource
qu'elle
avoit
des
vraye saincteté (Hebr. 9, 9).
Quibuscunque cavillis elabi conentur sive Manichaei
comparaison
veteres,
se
promesses, il y auroit une grande repugnance entre
nugantur
les deux Testamens: mais puis que nous voyons que
Christum dici Filium hominis quatenus hominibus
l'Apostre tend ailleurs, il nous faut suyvre son
promissus est; siquidem palam est, Hebraico more
intention pour bien trouver la verité. Mettons donc
vocari filium hominis verum hominem. Christus vero
au milieu l'alliance de Dieu, laquelle il a une fois
haud dubie phrasin linguae suae retinuit. Quid etiam
faite
per
L'accomplissement
sive
expediunt.
recentes
Putidum
filios
eorum
est
Adam
discipuli,
effugium,
intelligi
non
quod
conveniat,
extra
pour
se
rapportoit
avoir
sa
à
la
substance
durée
auquel
elle
à
est
des
tousiours.
ratifiée
et
controversiam esse debet. Ac (ne longius abeamus)
confermee, c'est Iesus Christ: cependant qu'il le
locus Psalmi octavi, quem ad Christum Apostoli
falloit attendre, le Seigneur a ordonné par Moyse
accommodant, abunde sufficiet, Quid est homo, quod
des
memor es eius, aut filius hominis, quod visitas eum?
representations. Cela donc estoit en controversie :
Hac figura exprimitur vera Christi humanitas: quia
assavoir s'il falloit que les ceremonies commandées
etsi non fuerit ex patre mortali immediate genitus,
en la Loy cessassent pour donner lieu à Iesus
origo tamen eius ex Adam fluxit. Nec vero aliter
Christ. Or combien qu'elles ne fussent qu'accidens ou
staret
accessoires du vieil Testament: toutesfois pource
quod
iam
citavimus,
Christum
participem
ceremonies
lesquelles
en
fussent
signes
et
factum carnis et sanguinis, ut pueros sibi aggregaret
qu'elles
ad obsequium Dei ; quibus verbis aperte Christus
entretenoit son peuple en la doctrine d'iceluy, elles
eiusdem
nobiscum
en portent le nom: comme l'Escriture a coustume
statuitur.
Quo
naturae
ex
Dieu
representent. Parquoy en somme le vieil Testament
id
est
societatem
ex
uno
lesquels
authorem sanctitatis, et eos qui sanctificantur. Nam
naturae
dicit
consors
par
d'attribuer aux Sacremens le nom des choses qu'ils
ad
sensu
et
instrumens
esse
referri
etiam
socius
estoyent
contextu
icy
nommé
la
maniere
solennelle
dont
le
evincitur: quia mox subiicit, Ideo non erubescit eos
Testament du Seigneur estoit confermé aux Iuifs,
vocare fratres . Si enim prius dixisset fideles ex
laquelle estoit comprinse en sacrifices et autres
Deo
esset
ceremonies. Pource qu'en icelles il n'y a rien de
erubescentiae ratio? Sed quia pro immensa gratia ad
ferme ne solide, si on ne passe outre, l'Apostre
sordidos et ignobiles se aggregat Christus, ideo
maintient
dicitur
obiectant,
abroguées pour ceder à Iesus Christ, lequel est
impios hoc modo fore Christi fratres: quia scimus
pleige et Mediateur d'une meilleure alliance (Hebr.
filios Dei non ex carne et sanguine, sed ex Spiritu
7, 22): par lequel eternelle sanctification a une fois
nasci per fidem. Proinde fraternam coniunctionem
esté acquise aux eleus, et les transgressions abolies,
non facit sola caro. Tametsi autem Apostolus hunc
lesquelles demouroyent en l'ancien Testament. Ou
honorem assignat solis fidelibus, quod ex uno sint
bien si quelcun ayme mieux, nous mettrons ceste
cum Christo, non tamen sequitur quominus ex eodem
difíìnition, que le vieil Testament a esté la doctrine
fonte nascantur increduli; quemadmodum ubi dicimus
que Dieu a baillée au peuple Iudaique, enveloppée
Christum factum esse hominem ut nos faceret Dei
d'observation
filios, non extenditur haec loquutio ad quoslibet: quia
point d'efficace ne de fermeté; à ceste cause qu'il a
fides media interponitur, quae nos in Christi corpus
esté temporel, pource qu'il estoit comme en suspens
spiritualiter inserit. De primogeniti etiam nomine
iusques
rixam inscite movent. Causantur Christum debuisse
accomplissement, et confermé en sa substance: mais
ex Adam nasci statim ab initio, ut primogenitus
que lors il a esté fait nouveau et eternel, quand il a
esse,
non
in
tanta
erubescere.
dignitate
Frustra
quaenam
autem
qu'elles
à
de
ce
devoyent
ceremonies,
qu'il
fust
avoir
fin
lesquelles
appuyé
et
estre
n'avoyent
sur
son
esset inter fratres . Primogenitura enim non ad
esté consacré et establi au sang de Christ. Pour
aetatem,
laquelle cause Christ appelle le calice qu'il donnoit à
sed
ad
gradum
honoris
et
virtutis
eminentiam refertur. Nihilo etiam plus coloris habet
ses
quod garriunt Christum hominem assumpsisse, non
Testament (Matth. 26, 28): pour denoter que quand
Angelos , quia in gratiam receperit humanum genus.
l'alliance de Dieu est seellee en son sang, lors la
Nam
verité en est accomplie: et ainsi est faite alliance
ut
amplificet
honorem
quo
nos
Christus
dignatus est, Angelos nobis comparat, qui posthabiti
disciples
en
la
Cene,
Calice
du
nouveau
nouvelle et eternelle.
fuerunt hac in parte. Ac, si probe expenditur Mosis
testimonium, ubi semen mulieris dicit contriturum
caput serpentis , litem prorsus decidet. Neque enim
de uno duntaxat Christo illic sermo habetur, sed de
toto humano genere. Quoniam acquirenda nobis erat
a
Christo
pronuntiat
Deus
De là il appert en quel sens sainct Paul dit, que
fore
Diabolo.
Unde
les Iuifs ont esté conduits à Christ par la doctrine
humano
genere
esse
puerile de la Loy, devant que luy fust manifesté en
progenitum: quia consilium Dei est, Evam quam
chair (Gal. 3, 24). Il confesse bien qu'ils ont esté
alloquitur, bona spe erigere, ne moerori succumbat.
enfans et heritiers de Dieu: mais pource qu'ils
posteros
sequitur,
victoria,
mulieris
Christum
generaliter
2.11.5.
superiores
ex
estoyent comme en enfance, il dit qu'ils ont esté
sous la charge d'un pedagogue (Gal. 4, 1). Car
c'estoit une chose bien convenable, que devant que
le Soleil de iustice fust levé, il n'y eust pas si
grande clairté de revelation, ne si claire intelligence.
Le
Seigneur
donc
leur
a
tellement
dispensé
la
lumiere de sa parolle, qu'ils ne la voyoyent encore
que de loin et en obscureté. Pourtant sainct Paul
voulant noter une telle petitesse d'intelligence, a usé
du mot d'Enfance, disant que le Seigneur les a voulu
instruire en cest aage-là par ceremonies, comme
par rudimens ou elemens convenans à l'aage puerile,
iusques
à
ce
que
Christ
fust
manifesté
pour
accroistre la cognoissance des siens, les confermant
en telle sorte qu'ils ne fussent plus en enfance.
C'est la distinction que Iesus Christ a mise, en
disant que la Loy et les Prophetes ont esté iusques
à Iean Baptiste (Matth, 11, 13): que depuis, le
royaume de Dieu a esté publié. Qu'est-ce que
Moyse et les Prophetes ont enseigné en leur temps?
Ils ont donné quelque goust et saveur de la sagesse
2.13.3.
qui devoit estre une fois revelée: et l'ont monstrée
Testimonia ubi Christus semen Abrahae et fructus
ventris
Davidis
vocatur,
non
minus
stulte
quam
de loin: mais quand Iesus Christ peut estre monstré
au doigt, le regne de Dieu lors est ouvert; car en
improbe
allegoriis
allegorice
luy sont cachez tous les thresors de sagesse et
positum esset nomen seminis, Paulus certe hoc non
doctrine (Col. 2, 3), pour monter quasi iusques au
tacuisset, ubi clare et sine figura affirmat non esse
plus haut du ciel.
plures
Abrahae
involvunt.
filios
Nam
si
redemptores,
sed
unum
Christum . Eiusdem est farinae, quod obtendunt non
aliter
vocari
fuerat,
et
Davidis
filium
demum
enim
filium
digne d'estre accomparé à Abraham en fermeté de
continuo post subiiciens, Secundum carnem, naturam
foy. Item, que les Prophetes ont eu une si grande
certe designat. Sic et nono cap. Deum benedictum
intelligence,
praedicans,
illuminer le monde. Car nous ne regardons pas icy
ponit,
exhibitus
Or à cela ne contrevient point, qu'à grand' peine
Paulus,
Davidis
fuit
promissus
en trouveroit-on un en l'Eglise Chrestienne qui soit
seorsum
tempore
quia
.
Postquam
suo
nisi
2.11.6.
nominavit
secundum
carnem
ex
qu'elle
suffit
encores
de
present
à
Iudaeis descendere. Iam nisi vere genitus esset ex
quelles
semine Davidis, quid valebit ista locutio, fructum
d'aucuns, mais quel ordre il a tenu pour lors: lequel
esse ventris eius? Quid promissio ista? Ex lumbis
apparoist
tuis descendet qui manebit in solio tuo . Porro in
combien qu'ils ayent eu un singulier privilege par
Christi
Matthaeo,
dessus les autres. Car leur predication est obscure,
sophistice etsi enim non recenset Mariae parentes,
comme de chose lointaine, et est enclose en figures.
sed Iosephi: quia tamen de re tunc vulgo comperta
Davantage
verba
ex
receues, toutesfois pource qu'il leur estoit necessaire
Davidis semine ortum esse, quum satis constaret
de se submettre à la pedagogie commune de tout le
Mariam ex eadem esse familia. Magis etiam urget
peuple, ils estoyent comprins au nombre des enfans,
Lucas, salutem a Christo allatam toti generi humano
aussi bien que les autres. Finalement il n'y a iamais
communem esse docens: quia Christus author salutis
eu de ce temps-là si claire intelligence, laquelle ne
ex Adam communi omnium patre sit progenitus.
sentist aucunement l'obscurité du temps. O'est la
Fateor
cause pourquoy Iesus Christ disoit, Plusieurs Rois et
genealogia,
facit,
satis
equidem
Christum
habet
ex
refertur
ostendere
a
Iosephum
genealogia
non
aliter
Davidis,
nisi
quatenus
filium
colligi
mesme
nostre
en
quelques
Seigneur
la
doctrine
revelations
a
conferées
des
qu'ils
a
Prophetes,
eussent
ex
Prophetes ont desiré de voir les choses que vous
novi
voyez, et ne les ont point veuës : d'ouyr les choses
Marcionitae fucandi erroris sui causa, nempe ut
que vous oyez, et ne les ont point ouyes. Et
Christum
evincant,
pourtant bien-heureux sont voz yeux de les voir, et
mulieres contendunt esse avspo,rouj: atque ita evertunt
voz oreilles de les ouyr (Matth. 13, 17; Luc 10,
naturae elementa. Quoniam autem theologica non est
24). Et de fait, c'estoit bien raison que lá presence
haec disputatio, et rationum quas adducunt ea est
de Iesus Christ eust ce privilege d'apporter plus
futilitas
quae
ample intelligence des mysteres celestes au monde,
philosophiae sunt et artis medicae non attingam: ac
qu'il n'y avoit eu auparavant. A quoy tend ce que
diluere satis erit quae ex Scriptura obiiciunt, nempe
nous avons allegué cy dessus de la premiere Epistre
Aaron et Ioiadah duxisse uxores ex tribu Iehudah,
de sainct Pierre: c'est qu'il leur a esté notifìé que
atque ita confusam tunc fuisse tribuum discretionem,
leur labeur estoit principalement utile à nostre temps
si inesset mulieri generativum semen. Atqui qui satis
(1 Pierre 1, 6. 10-12).
Virgine
esse
qualis
graces
progenitus
de
quae
nihilo
nullo
est:
sed
corpus
negotio
nimis
superbe
sumpsisse
refelli
queat,
notum est, quantum ad politicum ordinem spectat,
censeri progeniem ex virili semine: neque tamen
praestantiam sexus obstare quominus in generando
coeat semen mulieris. Haec quoque solutio ad omnes
genealogias extenditur. Saepe ubi catalogum hominum
recenset Scriptura, solos viros nominat: an ideo
dicendum est mulieres nihil esse? Imo pueris ipsis
2.11.7.
Venons
maintenant
à
la
troisieme
difference,
notum est eas sub viris comprehendi. Hac ratione
laquelle est prise de Ieremie, duquel les parolles
dicuntur foeminae parere suis maritis, quia familiae
sont: Voicy les iours viendront, dit le Seigneur, que
nomen penes masculos semper residet. Iam sicuti
ie feray une alliance nouvelle avec la maison d'Israel
virilis
ex
et de Iuda: non pas selon celle que i'ai faite avec
vel
voz Peres, au iour que ie les prins par la main pour
sexus
patrum
conditione
ignobiles:
ita
sequitur,
licebit
praestantiae
nobiles
etiam
secundum
materno
in
conceditur
censeantur
ut
filii
servitute
partus
ventrem
les retirer de la terre d'Egypte: car ils Vont cassée
iurisconsultos.
Unde
colligere
et aneantie, combien qu'ils fussent en ma seigneurie:
et
mais T alliance que ie feray avec la maison d'Israel
communi gentium usu pridem receptum fuit matres
sera telle: l'escriray ma Loy en leurs entrailles, et
vocari genitrices: cui et Lex Dei consentit, quae
Tengraveray en leur coeur, et leur seray propice à,
perperam alioqui coniugium avunculi cum nepte sua
remettre leurs offenses. Lors un chacun n'enseignera
vetaret: quia nulla esset consanguinitas. Viro etiam
point son prochain: car tous me cogndïstront depuis
fas esset sororem uterinam in coniugium accipere,
le plus grand iusques au plus petit (Ier. 31, 31-34).
modo ex altero patre esset genita. Sicuti autem
De ce passage, sainct Paul a pris occasion de faire
fateor
ita
la comparaison qu'il fait entre la Loy et l'Evangile,
respondeo de illis promiscue idem praedicari quod de
en appellant la Loy, Doctrine literale, predication de
viris. Neque enim Christus ipse dicitur factus per
mort et de damnation, escrite en Tables de pierre:
mulierem, sed ex muliere . Ac quidam ex eorum
l'Evangile, Doetrine spirituelle de vie et de iustice,
caterva, excusso pudore, nimis proterve quaerunt an
engravée aux coeurs (2 Cor. 3, 6. 7). Davantage,
dicere
Virginis
que la Loy doit estre abolie, et que l'Evangile sera
procreatum esse Christum; quia vicissim excipiam,
tousiours permanent. Veu que l'intention de sainct
annon
fateri
Paul a esté d'exposer le sens du Prophete, il nous
cogentur. Apte ergo ex Matthaei verbis conficitur,
suffira de considerer les parolles de l'un, pour les
quia ex Maria genitus est Christus, procreatum esse
entendre
ex eius semine, sicuti quum dicitur Booz genitus ex
aucunement
Rahab
vero
odieusement de la Loy que le Prophete. Ce qu'il fait,
Matthaeus hic Virginem quasi canalem describit, per
non pas regardant simplement la nature d'ieelle: mais
quem fluxerit Christus: sed hunc mirificum generandi
pource qu'il y avoit d'aucuns brouillons qui par un
morem a vulgari discernit, quod per eam ex semine
zele
Davidis genitus fuerit Christus. Eadem enim ratione
s'efforçoyent d'obscurcir la clairté de l'Evangile, il
qua Isaac ex Abraham, Solomo ex Davide, Ioseph ex
est contraint d'en disputer selon leur erreur et folle
Iacob,
esse
affection. Il nous faut donc noter cela de particulier
Evangelista
en sainct Paul. Quant est de la convenance qu'il a
contexit: t probare volens Christum originem ducere
avec Ieremie, pource que l'un et l'autre opposoit le
a Davide, hoc uno contentus est, ex Maria esse
vieil Testament au nouveau, ils ne considerent rien
genitum. Unde sequitur, pro confesso sumpsisse,
tous deux en la Loy, sinon ce qui est du propre
Mariam fuisse consanguineam Ioseph.
d'icelle.
dicitur.
ex
hoc
vim
passivam
velimus
ex
coaluerit
,
semine
in
similis
similiter
adscribi
semine
matris
notatur
Christus
Sermonis
foetum
enim
mulieribus,
menstruali
sanguine,
generatio.
ex
procreari;
matre
seriem
ita
quod
Nec
genitus
tous
deux:
ensemble.
desordonné
Exemple:
qu'ils
La
combien
Car
l'Apostre
avoyent
Loy
qu'ils
aux
contient
different
parle
plus
ceremonies,
çà
et
là
promesses de la misericorde de Dieu: mais pource
qu'elles sont prinses d'ailleurs, elles ne viennent
point en conte, quand il est question de la nature de
la Loy; seulement ils luy attribuent de commander
les choses qui sont bonnes et iustes, defendre toute
meschanceté,
promettre
remuneration
aux
observateurs de iustice, menacer les pecheurs de la
vengeance de Dieu sans qu'elle puisse changer ou
corriger la perversité qui est naturellement en tous
hommes.
2.11.8.
Maintenant
exposons
membre
à
membre
la
comparaison que met l'Apostre: Le vieil Testament,
2.13.4.
selon son dict, est literal, pource qu'il a esté publié
Absurda quibus nos gravare volunt, puerilibus
sans l'efficace du sainct Esprit: Le nouveau est
calumniis sunt referta. Turpe et probrosum Christo
spirituel pource que le Seigneur l'a engravé au coeur
esse ducunt si ex hominibus originem traxerit: quia
des siens. Pourtant la seconde opposition qu'il fait,
non potuerit a communi lege eximi, quae totam Adae
est pour declairer la premiere: c'est que le vieil
sobolem
includit.
Testament est mortel, d'autant qu'il ne peut sinon
Atqui hunc nodum facile solvit antithesis quae apud
envelopper en malediction tout le genre humain: le
Paulum legitur, Sicuti per unum hominem peccatum,
nouveau est instrument de vie, pource qu'en nous
et
unius
delivrant de malediction, il nous remet en la grace
hominis abundavit gratia . Cui et altera respondet,
de Dieu. A une mesme fin tend ce qu'il dit apres,
Prior Adam e terra terrenus et animalis, secundus e
que le premier est ministere de damnation: pource
caelo
qu'il
per
absque
exceptione
peccatum
caelestis
mors:
.
sub
ita
Itaque
peccato
per
alibi
iustitiam
idem
Apostolus
monstre
tous
les
enfans
d'Adam
estre
Christum in similitudine carnis peccati missum fuisse
coulpables d'iniquité: le second est ministere de
docens, ut Legi satisfaceret , eum diserte a communi
iustice, pource qu'il nous revele la misericorde de
sorte separat, ut sit absque vitio et corruptela verus
Dieu, en laquelle nous sommes iustifiez. Le dernier
homo. Pueriliter autem nugantur, si ab omni macula
membre
se
immunis
pource
qu'elles
est
Christus,
ac
per
arcanam
Spiritus
doit
rapporter
aux
ceremonies:
estoyent
images
des
car
choses
operationem genitus fuit ex semine Mariae, non esse
absentes, il a fallu qu'elles se soyent esvanouyes
igitur impurum semen mulieris, sed viri duntaxat.
avec le temps: pource que l'Evangile contient le
Neque
corps, sa fermeté dure à tousiours. Ieremie appelle
enim
immunem
ab
omni
labe
facimus
Christum, quia tantum ex matre sit genitus absque
bien aussi la Loy morale une alliance infirme et
viri concubitu, sed quia sanctificatus est a Spiritu, ut
fragile: mais c'est pour autre raison, assavoir pource
pura esset generatio et integra, qualis futura erat
que
ante Adae lapsum. Ac omnino fixum hoc nobis
incontinent rompue et cassée: mais pource que ceste
manet,
violation vient d'un vice de dehors, il ne se doit
quoties
Scriptura,
notari
supervacuum
de
Christi
puritate
veram
esset
hominis
dicere
purum
nos
admonet
naturam:
esse
par
l'ingratitude
du
peuple
elle
a
esté
quia
point proprement attribuer à la Loy. Aussi pource
Deum.
que les ceremonies par leur propre infirmité ont
Sanctificatio etiam de qua loquitur Iohannis 17, in
esté
natura divina locum non haberet. Nec vero duplex
contiennent en soy la cause de leur abrogation. Or
fingitur Adae semen, quanvis
Christum
ceste difference qui est mise de la lettre et de
contagio pervenerit: quia hominis generatio per se
l'esprit, ne se doit pas entendre comme si le
immunda aut vitiosa non est, sed accidentalis ex
Seigneur eust anciennement baillé sa Loy aux Iuifs
lapsu. Proinde nihil mirum si Christus, per quem
sans fruit ny utilité, ne convertissant personne à
restituenda
soy: mais cela est dit par comparaison, pour plus
exemptus
erat
fuerit.
integritas,
ad
vulgari
Christ,
elles
au mesme Legislateur, comme s'il se fust revestu
angusto terreni corporis ergastulo inclusum, mera est
d'une nouvelle personne, orner la predication de
procacitas;
coaluit
l'Evangile, pour honnorer le regne de son Christ. Car
immensa Verbi essentia cum natura hominis, nullam
si nous reputous la multitude laquelle il a recueillie
tamen inclusionem fingimus. Mirabiliter enim e caelo
de
descendit
non
Evangile, en la regenerant par son Esprit, nous
relinqueret: mirabiliter in utero Virginis gestari, in
trouverons que le nombre de ceux qui ont receu la
terris versari, et in cruce pendere voluit, ut semper
doctrine de la Loy en vraye affection de coeur,
mundum impleret, sicut ab initio.
estoit
Filius
Dei,
unam
ut
absurdo
de
obtrudunt, si Sermo Dei carnem induit, fuisse igitur
in
pro
l'advenement
magnifier l'affluence de grace, de laquelle il a pleu
etsi
etiam
corruptione
à
nobis
quia
Quod
a
nulla
abroguées
personam
caelum
tamen
diverses
si
nations
petit
au
par
pris,
la
predication
qu'il
n'y
a
de
point
son
de
comparaison; combien qu'à la verité si on regarde le
peuple d'Israel sans considerer l'Eglise Chrestienne,
il y a eu lors beaucoup de vrais fideles.
2.11.9.
La quatrieme difference depend et sort de la
tierce: car l'Escriture appelle le vieil Testament,
Alliance de servitude, pource qu'il engendre crainte
et terreur aux coeurs des hommes: le nouveau, de
liberté, pource qu'il les conferme en seurete et
fiance.
En
ceste
maniere
parle
sainct
Paul
en
l'Epistre aux Romains, disant, Vous n'avez point
2.14. Quomodo duae naturae Mediatoris efficiant
receu derechef l'Esprit de servitude en crainte: mais
personam.
l'Esprit d'adoption par lequel nous crions Abba, Pere
(Rom. 8, 15). C'est aussi ce que veut signifier
2.14.1.
Porro quod dicitur Verbum carnem esse factum ,
l'autheur de l'epistre aux Hebrieux, quand il dit que
les fideles ne sont point venus maintenant à la
non
sic
intelligendum
est
quasi
vel
in
carnem
montagne visible de Sinai, où on ne voye que feu,
versum, vel carni confuse permixtum fuerit: sed quia
tonnerre,
e
quo
d'Israel n'y voyoit rien qui ne luy causast horreur et
habitaret, et qui Filius erat Dei, filius hominis factus
estonnement, en telle sorte que Moyse mesme en
est:
unitate
estoit espovanté: et que Dieu ne parle point à. eux
unitamque
d'une voix terrible, comme il faisoit lors: mais qu'ils
Virginis
non
utero
templum
confusione
personae.
Siquidem
humanitati
divinitatem
naturae
solida
sibi
delegit
substantiae,
ita
sed
coniunctam
asserimus,
proprietas
ut
utrique
le
peuple
sont venus en la montagne celeste de Sion, et en
duabus illis unus Christus constituatur. Siquid in
compagnie des Anges (Hebr. 12, 18-22), etc. Ceste
rebus humanis tanto mysterio simile potest reperiri,
sentence, laquelle est brievement touchée au lieu
hominis similitudo appositissima videtur, quem ex
que nous avons allegué de l'Epistre aux Romains, est
duabus
quarum
plus amplement exposée en l'Epistre aux G-alatiens,
neutra tamen sic alteri permixta est, ut non retineat
où sainct Paul fait une allegorie des deux enfans
naturae suae proprietatem. Neque enim aut anima
d'Abraham
corpus, aut corpus anima est. Quare et de anima
chambriere est figure de la montagne de Sinai, où le
seorsum dicitur quod in corpus nullo modo cadere
peuple d'Israel a receu la Loy: Sara maistresse, est
potest: et de corpore rursus, quod nulla ratione
figure de Ierusalem, dont procede l'Evangile. Comme
animae conveniat: de toto homine, quod nec de
la lignée de Hagar est serve et ne peut venir à
anima seorsum, nec de corpore, nisi inepte, accipi
l'heritage: au contraire la lignée de Sara est libre, et
possit.
ad
doit venir à heriter, ainsi que la Loy ne peut
corpus, et propria corporis ad animam; qui tamen iis
engendrer en nous que servitude, qu'il n'y a que
constat, unus homo est, non plures. Huiusmodi vero
l'Evangile qui nous regenere en liberté (Gal. 4, 22).
loquendi formulae et unam esse in homine personam
La somme revient là, que le vieil Testament a esté
ex duabus connexis compositam significant, et duas
pour estonner les consciences, et que par le nouveau
subesse diversas naturas quae hac constituant. Ita et
ioye et liesse leur est donnée: que le premier a
de
illi
tenu les consciences estraintes et enserrées au ioug
interdum quae ad humanitatem singulariter referri
de servitude, le second les delivre et affranchist en
oporteat:
liberté.
Postremo
Christo
competant:
animi
Scripturae
interdum
propria
constare:
transferuntur
loquuntur;
quae
nonnunquam
attribuunt
divinitati
peculiariter
on
ceste
maniere:
obiecte
les
c'est
Peres
que
de
Hagar
l'ancien
Testament, en allegant que puis qu'ils ont eu un
conveniant.
mesme Esprit de foy que nous, il s'ensuyt qu'ils ont
Atque istam quidem duplicis naturae coniunctionem,
esté participans d'une mesme liberté et ioye: à cela
quae in Christo subest, tanta religione exprimunt, ut
nous respondons qu'ils n'ont eu ne l'un ne l'autre par
eas quandoque inter se communicent; qui tropus
le benefice de la Loy, mais plustost se voyans estre
veteribus ivdiwma,twn koinwni,a dictus est.
par icelle tenus captifs en servitude et trouble de
neutri
seorsum
utranque
Si
en
naturam
complectantur,
quae
tamen
comme
Ierusalem cité de Dieu vivant, pour estre en la
conspicimus
et
sua
esclairs:
ex
substantiis
maneat,
in
tempeste,
satis
conscience, ils ont eu leur recours en l'Evangile.
Dont il appert que ç'a esté un fruit particulier du
nouveau Testament, qu'ils ont esté exempts de ceste
misere. Davantage, nous nierons qu'ils ayent eu si
grande liberté ou asseurance, qu'ils n'ayent gousté
aucunement la crainte et
servitude que
la
Loy
causoit. Oar combien qu'ils iouissent du privilege
qu'ils avoyent obtenu par l'Evangile, si estoyent-ils
2.14.2.
suiets communement avec les autres à toutes les
Haec parum firma essent nisi plurimae et passim
obviae
Scripturae
fuisse
humanitus
eorum
Puis donc qu'ainsi est qu'ils estoyent contraints
ipse
d'observer les ceremonies lesquelles estoyent comme
dicebat Christus, Antequam Abraham fieret, ego sum
enseignes de la pedagogie, que sainct Paul dit estre
, longe ab humanitate alienum erat. Nec me latet
semblable
à
quo cavillo depravent locum hunc erronei spiritus,
lesquelles
ils
nempe superiorem fuisse omnibus seculis, quia iam
devant Dieu, sans s'acquitter de leurs dettes: c'est à
tunc
Patris
bon droit qu'au pris de nous ils sont dits avoir esté
consilio, quam in mentibus piorum. Sed quum aperte
sous le Testament de servitude, quand on regarde
diem manifestationis ad aeterna essentia distinguat,
l'ordre
et ex professo ab antiquitate imperium sibi conciliet,
Seigneur envers le peuple d'Israel.
praecognitus
phrases
probarent
excogitatum.
fuit
Quod
Redemptor
nihil
observations, charges et liens qui estoyent pour lors.
de
tam
se
in
et
servitude, pareillement
se
confessoyent
maniere
de
faire
scedules
estre
que
par
coulpables
tenoit
lors
le
quo excellat supra Abraham, sibi haud dubie vendicat
quod divinitatis est proprium. Quod primogenitum
Paulus asserit universae creaturae, qui ante omnia
extiterit, et per quem omnia consistant : quod etiam
se praedicat gloriosum fuisse apud Patrem ante
mundum conditum , seque una cum Patre operari ,
nihilo magis homini competit. Haec igitur et similia
peculiariter divinitati attribui certum est. Quod autem
servus Patris vocatur , quod crevisse narratur aetate
2.11.10.
et sapientia apud Deum et homines , quod gloriam
Les trois comparaisons dernieres sont de la Loy
suam non quaerere , nescire diem ultimum , a seipso
et de l'Evangile. Parquoy en icelles, sous le nom du
non loqui, non facere voluntatem suam , visus et
vieil Testament il nous faut entendre la Loy, comme
palpatus fuisse dicitur , solius humanitatis id totum
par le nouveau Testament est signifié l'Evangile. La
est. Siquidem quatenus Deus est, nec augeri ulla re
premiere que nous avons mise s'estendoit plus loin:
potest, et omnia propter se operatur, nec quicquam
car elle comprenoit en soy aussi bien l'estat des
eum latet: agit omnia pro suae voluntatis arbitrio, et
Peres anciens qui a esté devant la Loy. Or ce que
est invisibilis ac impalpabilis. Neque tamen haec
sainct
humanae tantum suae naturae seorsum adscribit, sed
temps-là
in
Testament, son opinion est en cela bonne. Et n'a
seipsum
conveniant.
recipit
quasi
Communicatio
Mediatoris
soyent
que
les
comprinses
promesses
sous
de
ce
l'ancien
voulu autre chose dire, que ce que nous enseignons.
suo
Car il regardoit à ces sentences que nous avons
sanguine acquisivisse sibi Ecclesiam , et Dominum
alleguées de Ieremie et de sainct Paul, ausquelles le
gloriae
Iohannes,
vieil Testament est opposé à la doctrine de grace et
palpatum fuisse sermonem vitae . Deus certe nec
de misericorde. C'est aussi tresbien parlé à lay,
sanguinem habet, nec patitur, nec manibus tangi
quand il adiouste
potest, sed quoniam is qui verus erat Deus et homo
regenerez de Dieu dés le commencement du monde,
Christus sanguinem suum pro nobis crucifixus fudit,
et ont suyvi sa volonté en foy et en charité,
quae
appartiennent au nouveau Testament: et qu'ils ont eu
est
crucifixum
in
humana
quod
.
eius
dicit
Item
idiomatum
nie,
sive
proprietatum
autem
personae
Augustin
Paulus
quod
natura
dicit
peracta
Deum
sunt,
ad
que tous les fideles qui ont esté
divinitatem
improprie,
ratione,
leur esperance fichee, non pas en biens charnels,
transferuntur. Simile est exemplum, ubi Iohannes
terriens et temporels: mais spirituels, celestes et
docet Deum posuisse animam suam pro nobis . Ergo
eternels.
et illic humanitatis proprietas cum altera natura
Mediateur, par lequel ils ne doutoyent pas que le
communicatur. Rursum quum diceret Christus adhuc
sainct Esprit ne leur fust donné pour bien vivre, et
in terris agens, neminem in caelum ascendisse nisi
qu'ils n'obtinssent pardon toutes fois et quantes
Filium
qu'ils
hominis
qui
licet
in
non
caelo
sine
erat
,
certe
tunc
Singulierement
auroyent
peché.
qu'ils
C'est
ont
ce
que
creu
i'ay
au
voulu
secundum hominem et in carne quam induerat non
pretendre: assavoir que tous les saincts, lesquels
erat in caelo, sed quia ipse idem erat Deus et homo,
nous lisons en l'Escriture avoir esté esleus de Dieu
propter duplicis naturae unionem alteri dabat quod
depuis
erat alterius.
participans avec nous des mesmes benedictions qui
le
commencement
du
monde,
ont
esté
nous sont données en salut eternel. Il y a seulement
ceste difference entre la division que i'ay mise et
celle de sainct Augustin: que i'ay voulu distinguer
entre la clairté de l'Evangile, et l'obscurité qui avoit
esté auparavant, suyvant ceste sentence de Christ,
où il dit que la Loy et les Prophetes ont esté
iusqu'à Iean Baptiste et que de là le Royaume de
Dieu a commencé à estre presché (Matth, 11, 13).
Luy s'est contenté de distinguer entre l'infirmité de
la Loy et la fermeté de l'Evangile. Il nous faut aussi
2.14.3.
noter cela des anciens Peres, qu'ils ont tellement
Sed omnium clarissime veram Christi substantiam
enarrant
naturam
point arrestez, mais ont tousiours aspire au nouveau:
comprehendunt, quales in Evangelio Iohannis extant
et mesme y ont participé en vraye affection de
quamplurimi; siquidem nec deitatis singulare, nec
coeur. Car tous ceux qui se contentans des ombres
humanitatis
exterieures, n'ont point eslevé leur entendement à
legitur,
loci
fuit,
qui
utranque
sed
potestatem
utriusque
accepisse
a
simul
vescu sous l'ancien Testament, qu'ils ne s'y sont
simul
quod
illic
Patre
remittendi
Christ,
sont
condamnez
d'aveuglement
et
de
peccata , suscitandi quos velit, iustitiam, sanctitatem,
malediction
salutem largiendi: praefectum esse iudicem vivis et
aveuglement plus grand pourroit-on imaginer, que
mortuis,
.
d'esperer purgation de ses pechez de la mort d'une
Denique quod lux mundi , pastor bonus, unicum
beste brute? ou chercher le lavement de son ame en
ostium , vitis vera
nuncupatur. Huiusmodi enim
l'aspersion corporelle d'eau? que de vouloir appaiser
praerogativis Dei Filius, quum in carne manifestatus
Dieu en ceremonies qui sont de nulle importance,
est, praeditus fuit: quas etsi ipse una cum Patre
comme s'il s'y delectoit beaucoup? encore que nous
ante mundum conditum obtinebat, non tamen eodem
nous
modo vel respectu: et quae homini qui nihil quam
semblables. Or tous ceux qui sans regarder Christ,
homo esset, dari non poterant. In eundem quoque
s'amusent en observations exterieures de la Loy,
sensum accipere convenit quod apud Paulum habetur,
tombent en telle absurdité.
ut
honoretur
quemadmodum
et
Pater
Christum peracto iudicio redditurum esse regnum
Deo et Patri . Regnum sane Filii Dei quod initium
par
taisions
l'Apostre.
de
Et
beaucoup
de
fait,
d'autres
quel
choses
nullum habuit, neque finem habiturum est: sed quo
modo
sub
delituit,
et
forma,
depositaque
La cinquieme difference que nous avons dite
maiestatis specie, Patri se obedientem praestitit , ac
pouvoir estre adioustee, gist en ce que iusques à
eiusmodi subiectione defunctus, tandem gloria et
l'advenement
honore coronatus est , atque evectus in summum
peuple, auquel il avoit commis l'alliance de sa grace.
imperium, ut coram ipso flectatur omne genu : ita
Quand le Dieu tout puissant distribuoit les peuples,
tunc et nomen ipsum et coronam gloriae, et quicquid
dit Moyse, quand il divisoit les enfans d'Adam, son
a Patre accepit Patri subiiciet, ut sit Deus omnia in
peuple luy est escheu en partage: Iacob a esté son
omnibus . Quorsum enim data ei potestas est, ac
heritage (Deut. 32, 8, 9). En un autre lieu il parle
imperium,
nisi
nos
ainsi au peuple, Voicy le ciel et la terre, et toutes
gubernet?
Quo
Patris
choses qui y sont contenues appartiennent à ton
dexteram sedere. Hoc vero temporale est, donec
Dieu. Et neantmoins il s'est conioint avec tes Peres,
praesenti
hic
et les a aymez, pour eslire leur semence apres eux
excusari non potest veterum error, qui dum ad
d'entre tous les autres peuples (Deut. 10, 14. 15).
Mediatoris
fere
Nostre Seigneur donc a fait cest honneur à ce
legitur,
peuple- là seul, de se donner à cognoistre à luy,
genuinum obscurant sensum, seque implicant multis
comme s'il luy eust plus appartenu que les
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