Maroc
L’activité économique a rebondi en 2015 après des résultats mitigés en 2014. La croissance économique
s’est accélérée, à la faveur d’une bonne campagne agricole, passant de 2,4 % en 2014 à 4,4 % en 2015. La
croissance hors agriculture a été toutefois faible, se situant en dessous de 2 % ; les bons résultats affichés par
les « nouvelles » industries (automobile, aéronautique et électronique) n’ont pas pu compenser le déclin des
secteurs traditionnels (tels que le textile et l’habillement) et du tourisme. L’inflation a été maintenue en
dessous de 2 %, ce qui traduit une politique monétaire prudente et la baisse des prix internationaux des
matières premières. Le taux de chômage total a reculé à 9,7 %. Pourtant, les taux de chômage parmi les
jeunes des zones urbaines et les personnes instruites sont restés élevés de manière disproportionnée,
s’établissant à environ 40 % et 20 %, respectivement. Le déficit budgétaire s’est réduit, passant de 7,2 % du
PIB en 2012 à 4,3 % en 2015, par suite des mesures prises par les autorités pour consolider l’assiette fiscale et
réduire sensiblement les dépenses consacrées aux subventions à l’énergie. La dette de l’État s’est stabilisée
autour de 64 % du PIB en 2015. Le déficit du compte courant a également été ramené de 9,2 % du PIB en
2012 à 2,3 % en 2015. Le compte courant a été soutenu par les bons résultats des exportations des nouvelles
industries du Maroc, l’effondrement des prix internationaux du pétrole et une augmentation de 3 % des
envois de fonds par des personnes travaillant à l’étranger. Les recettes touristiques ont pâti de la situation
actuelle de la sécurité régionale et se sont contractées de 1,3 % en 2015. Le compte de capital a aussi été
renforcé par des afflux réguliers d’IDE, l’accès aux marchés obligataires internationaux et le soutien financier
continu des partenaires de développement. Les réserves internationales ont augmenté de près de 13 % en fin
de 2015 pour atteindre 22,7 milliards de dollars, soit l’équivalent de 6,9 mois d’importations.
En 2016, la croissance économique devrait ralentir à 1,7 %, sur la base de l’hypothèse d’une production
céréalière inférieure à la moyenne et d’une augmentation limitée du PIB non agricole. L’économie a été
durement touchée par la sécheresse à l’automne de 2015, qui a compromis la production céréalière de 2016.
Le plan d’urgence établi par les autorités pour préserver le bétail, protéger les ressources végétales et
soutenir les revenus ruraux devrait toutefois aider à maîtriser le fléchissement du PIB agricole en dessous de
10 % en 2016. La croissance du PIB non agricole devrait se maintenir autour de 2,5 % en l’absence de
réformes structurelles plus décisives. Aux termes de la loi de finances 2016, le déficit budgétaire devrait
baisser davantage, à 3,6 % du PIB, dans le droit fil de l’engagement du gouvernement à le ramener à 3 % en
2017. Les prix du pétrole ayant chuté, le déficit du compte courant devrait encore baisser à 1,4 % du PIB en
2016.
Les perspectives économiques à moyen terme dépendent de la poursuite de politiques macroéconomiques
saines et d’une accélération des réformes structurelles. Il est possible que l’émergence de nouveaux relais de
croissance dans les secteurs d’exportation à plus forte valeur ajoutée et le développement des activités des
entreprises marocaines en Afrique de l’Ouest créent les conditions permettant au Maroc de devenir une
plaque tournante entre l’Europe et l’Afrique pour le commerce et l’investissement, et renforcent sa position
dans les chaînes de valeur mondiales. Si un programme de réformes globales était pleinement mis en œuvre
après les élections législatives de l’automne 2016, la croissance économique pourrait s’accélérer et dépasser
durablement les 3,5 % à moyen terme. Au nombre des principaux défis figurent l’orientation structurelle vers
des activités non échangeables, une agriculture instable et peu productive et la nécessité d’accroître la
productivité et la compétitivité grâce à des réformes globales visant à donner des moyens d’action aux
institutions responsables du marché (règles de concurrence, code du travail et régimes de commerce et
d’investissement), le renforcement de l’état de droit et de la gouvernance globale de l’administration et des
services publics, et le renforcement du capital humain, notamment l’enseignement primaire et secondaire.