SRC1 – Communication Interpersonnelle – UE1 S2 – DM Santini – 6 février 2013
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1 Interaction et communication
Contexte
Deux footballeurs jouant dans la même équipe se mettent en situation de marquer un
but par une action collective. Le premier, Jean, du milieu du terrain fait une passe au second,
Michel, qui s’est démarqué. Michel ajuste, tire et marque. Les spectateurs sont ravis car
l’action de jeu est magnifique avec une grande complicité entre les deux hommes. Ils ont en
effet très bien interagi, mais peut-on dire qu’ils ont communiqué ?
Après le match, Jean rentre chez lui. Arrivé au pied de son immeuble, une fille est là,
de dos, qui attend l’ascenseur. Elle ne l’a pas entendu arriver mais lui en un dixième de
seconde sait déjà plusieurs choses d’elle :
1. il ne l’a jamais vue dans l’immeuble,
2. elle a une silhouette agréable,
3. elle porte des habits à la mode,
4. elle est grande,
5. elle a les cheveux bruns et longs
6. etc.
Peut-on dire qu’ils ont interagi ? Qu’ils ont communiqué ?
L’ascenseur arrive. Jean et la fille y entrent. En une seconde, de nouvelles
informations parviennent à Jean. En pénétrant dans l’ascenseur, il est passé très près de la
fille, ce qui lui a permis de sentir son parfum. Il a tourné la tête pour voir la fille et ses yeux
se sont agrandis. La fille a souri. De suite après, ils ont baissé le regard, génés par cette
situation de proximité. Mais pendant un court instant, Jean et la fille ont échangé leurs
sentiments, de manière réciproque, par l’expression de leur visage : une communication
interpersonnelle s’est produite.
La communication et les interactions
Pour qu’une communication existe, il faut qu’il y ait échange et que l’objet de cet
échange soit une information qui se présente sous la forme de signes qui composent un
message. Autrement dit, l’idée de communication suppose le transfert d’un message, un
message qui est transmis d’un émetteur à un récepteur.
Lorsque Jean fait une passe à Michel, à première vue, c’est le ballon qu’ils échangent.
Ils interagissent en se transmettant le ballon, mais le ballon ne porte en lui aucun message.
Pour affirmer que Jean et Michel ont communiqué entre eux, il faut qu’un message ou une
information ait pu circuler de l’un à l’autre. Or, quand on regarde la vidéo, on constate que
Jean a aperçu Michel, puis lui a fait la passe. Michel lui a-t-il communiqué un message à ce
moment précis ? Au premier coup d’œil, rien ne le laisse supposer. Mais une des règles
implicites du football stipule que l’on passe le ballon à un joueur démarqué, le plus près du
but adverse. La position de Michel sur le stade constitue à elle seule un message, elle est un
signe implicite que le cerveau de Jean décode comme voulant dire : il va se démarquer en
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s’approchant du but en s’engageant dans un couloir (entre deux joueurs vers une zone non
défendue), je lui passe le ballon. La connaissance du terrain comme espace se réalisent des
circulations permet aux deux joueurs, malgré l’adversité de défenseurs ayant également cette
connaissance, de parvenir (parfois) à marquer.
La position des joueurs sur le stade constitue un répertoire de signes non-verbaux que les
joueurs et les amateurs de football savent décoder. Ce répertoire de signes constitue un
langage non-verbal. Un langage est un système de signes que nous partageons avec les autres.
Dans le mot interaction, « inter » veut dire « entre », ce qui signifie que l’échange
s’effectue dans les deux sens. Lorsque Jean voit la fille devant l’ascenseur, celle-ci n’est pas
consciente de sa présence (elle est de dos), pourtant la communication a néanmoins
commencé. Chaque fois qu’une communication s’effectue dans un seul sens, on dit qu’il
s’agit d’une communication unilatérale. Exemples : radio, télévision, cinéma
(communication de masse). Il n’y a alors pas d’interaction entre les personnes qui produisent
le message et la ou les personnes qui le reçoivent.
Une interaction se produit lors d’une communication publique, c’est à dire quand un
orateur s’exprime devant un auditoire (applaudissements, rires, indifférence), une
communication entre deux personnes, c’est-à-dire une communication interpersonnelle
(type de communication entre deux personnes ou au sein d’un petit groupe les échanges
sont de nature plutôt personnelle qu’impersonnelle), ou une communication en petits
groupes (tout éhange au sein d’un ensemble de personnes qui sont liées les unes aux autres
par un objectif commun et par une structure élémentaire).
Les modèles de communication
Le modèle linéaire
En 1948, Claude E. Shannon et Warren Weaver formulent une théorie mathématique
du transfert de l’information qui a servi par la suite à établir le modèle classique de la
communication .
Source Emetteur Canal Récepteur Destinataire
Message Signaux Signaux Message
Bruits
Exemple du téléphone. C’est un processus linéaire (processus de communication
dans lequel chacun des messages est transmis de façon unidirectionnelle entre un émetteur et
un récepteur).
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Ce modèle s’applique très bien à la communication unilatérale de la communication de
masse. Mais il ne tient pas compte de ce qui se passe vraiment lors d’une relation
interpersonnelle dans laquelle la communication est bilatérale.
Le modèle circulaire
Il faut donc dédoubler le processus pour établir un processus circulaire (processus de
communication dans lequel les personnes émettent et reçoivent des messages de façon
simultanée.
Source Emetteur Canal Récepteur Destination
Destination Récepteur Canal Emetteur Source
Mais ce modèle reflète mal ce qui se passe réellement dans une communication
interpersonnelle. Lorsque deux personnes sont en contact, elles échangent plusieurs messages
simultanément.
Par exemple, lorsqu’une personne dit « bonjour » à une autre, cette dernière ne reçoit
pas seulement son signal verbal, elle détecte également la tonalité de sa voix, l’expression de
son visage, sa posture, etc. Autant de signes qu’elle interprète inconsciemment. La
communication est simultanément à double sens et s’accompagne, ce qui est fondamental,
d’encodage et de décodage de l’information, éminemment symbolique.
Si on demande à un enfant hyperactif s’il a mangé du lion, il comprendra peut-être la
question au premier degré. Autrement dit, la communication consiste à échanger des signes
qui ne recouvrent pas forcément les mêmes représentations entre l’émetteur et le récepteur.
Le processus de communication exige de nombreux ajustements.
Le modèle transactionnel
Wilbur Schramm (1970) est l’un des premiers à avoir émis l’idée que les personnes
agissent simultanément à titre d’émetteurs et de récepteurs. Schramm a forgé la notion de
transceiver, résultat de la contraction des mots transmetter et receiver.
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Le nouveau schéma n’identifie plus une personne comme la source d’un message et
une autre comme la destination. Toute personne est à la fois source et destination dans la
communication. En fait, la communication interpersonnelle est considérée comme un
processus transactionnel (processus qui fait intervenir tous les éléments de la
communication de telle manière qu’ils influent tous les uns sur les autres de façon
simultanée). Le processus suppose que les personnes encodent et décodent les messages
simultanément, mais aussi que, ce faisant, elles effectuent des ajustements, qu’elles
s’efforcent de faire peu à peu coïncider avec les représentations associées aux renseignements
qu’elles échangent. De cette façon, les personnes transigent, c’est-à-dire qu’elles font des
concessions mutuelles.
Selon cette interprétation, chacun des éléments du message peut nuancer les autres tout
au long du processus et ainsi modifier complètement la communication.
Les éléments de la communication interpersonnelle
Si on reprend le schéma du processus de la communication transactionnelle, on a :
Les significations cognitives et affectives qui résident en notre esprit
Ces significations sont encodées en signes formant un message
Ce message est véhiculé, sous l’influence de plus ou moins de bruit
Par l’intermédiaire d’un canal de communication
Le message est reçu et décodé en fonction du contexte dans lequel s’opère la
communication.
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Les significations
Lorsque nous communiquons, nous échangeons des idées, des sentiments, des
sensations et des intentions dont les significations justifient le message.
Exemple : Jean, engage la conversation avec la fille dans l’ascenseur. IL découvre que c’est
sa nouvelle voisine. Il lui propose de prendre un café ensemble à l’occasion. Elle accepte.
L’émission de cette proposition est associée à une série d’idées qui ont germées dans la tête
de Jean et de Saveria (il se sont présentés): l’image mentale d’un café et certaines
représentations internes d’actions associées à cette image mentale (aller dans un bar, choisir
une table, commander les consommations, etc)
De plus, ces idées reposent sur un plan affectif où cohabitent
une intention (celle de faire connaissance, discuter , etc.),
des sensations : chaleur de la tasse (cest l’hiver), douceur de l’arabica, moment
agréable, …
des sentiments (plaisir de partager ce bon moment, curiosité, séduction amicale ou
amoureuse)
Il va sans dire que cet exemple pourrait prendre en considération des messages différents d’un
point de vue affectif (énervement, ennui, déception, …). Les messages sont toujours porteurs
d’une signification de nature cognitive, affective ou les deux.
Lorsqu’un professeur de géométrie enseigne à ses élèves que pour mesurer le volume
d’un cube, on multiplie les trois dimensions, il n’introduit pas de signification
affective.
Lorsque Jean rencontre pour la seconde fois Saveria et qu’il lui sourit, il lui transmet
un message exprimant le sentiment positif qu’il éprouve envers elle, et le besoin qu’il
a de lui parler et de faire mieux connaissance.
Les significations ne résident pas dans le message lui-même. Si Jean commande un café-
verre, quelle signification prend ce message ? Pour celui qui ne connaît pas le langage du
café, cela peut sembler incongru, car il peut comprendre un café « vert » (c’est un classique
pour les néo-serveurs). S’il commande une noisette ou un crème ? Un serveur doit connaître
le répertoire de mots qui concerne son métier. Il doit connaître les codes (une main levée pour
une demande de service, un signe de la main pour l’addition, etc).
La signification est en chacun de nous. En cela, la communication est essentiellement un
processus personnel car, elle se produit toujours dans la conscience des personnes engagées
dans le processus. Le même mot entendu par plusieurs personnes n’évoquera pas dans leur
esprit les mêmes choses : par exemple, le mot « voiture» aura une représentation mentale
propre à chaque individu.
Personne ne partage tout à fait les mêmes significations car personne n’a vécu tout a fait les
mêmes événements et donc les mêmes expériences. Les expériences personnelles sont
déterminantes dans l’élaboration des significations.
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