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Ces turbulences proviennent de la
transformation d’une économie industrielle,
investie pendant des décennies dans des
infrastructures et capacités de production, vers
une économie développée, de consommation
et de services. Le surinvestissement en Chine a
généré des excès de capacités. Par conséquent,
le ralentissement actuel des investissements
manufacturiers a entraîné une baisse, depuis
plusieurs trimestres, du prix des matières
premières (pétrole, cuivre, nickel, zinc etc.)
impactant une majorité des pays en voie de
développement, producteurs et souvent
exportateurs de ces ressources : balance
commerciale et réserves monétaires « dans le
rouge », dépréciation de leurs devises. Dans ce
contexte, les autorités chinoises s’évertueront
de piloter un atterrissage en douceur de leur
économie à 5%-7% de croissance du PIB.
Les vents contraires qui soufflent en
provenance de l’Empire du milieu et des
pays émergents engendreront à nouveau
une volatilité accrue en 2016.
La croissance peut-elle être affectée par
la montée des tensions géopolitiques
autour du pétrole ?
L’évolution du prix du baril de pétrole est un
point clé de la santé économique mondiale
et de la conjoncture des pays en voie de
développement. Aujourd’hui, l’offre mondiale
de pétrole atteint près de 95 millions de
barils/jour alors que la demande avoisine 93,5
millions de barils/jour d’où un excédent de
près de 1,5 million.
Cette surproduction provient en partie
du pétrole et gaz de schiste exploité aux
Etats-Unis. Le Département à l’Energie
Américain a d’ailleurs dévoilé des stocks
d’essence et de produits distillés (gazole et
oul de chauffage) en hausse à n décembre.
De plus, l’Iran est sur le point de retrouver
son accès au marché (1million de baril/
jour à fin 2016) après la levée de sanctions
internationales. L’OPEP, cartel des pays
exportateurs de pétrole avec l’Arabie Saoudite
premier producteur mondial, n’envisage pas
pour l’instant de réduire sa production (32
millions de barils/jour).
Les tensions récentes entre
l’Arabie Saoudite et l’Iran n’ont
abouti à aucune inversion de la
tendance baissière des cours
du prix du baril de pétrole.
Cela montre à quel point le
fonctionnement du marché est
anormal. L’excès d’offre prime
sur les tensions géopolitiques et
les cours ne cessent de baisser.
Les stocks restent proches de
leur niveau le plus élevé, ce qui
n’était pas arrivé depuis 80 ans
au moins.
Dans un environnement de taux bas,
peut-on saisir des opportunités sur les
marchés obligataires ?
En 2015, ce sont les anticipations des politiques
monétaires, notamment aux Etats-Unis et en
zone euro, qui ont déterminés les mouvements
haussiers et baissiers du cours des actifs
obligataires. La volatilité connue sur l’année, a
démontré une fois de plus la corrélation entre
les anticipations d’ination et les niveaux de
taux.
Les taux souverains, surtout européens,
se sont inscrits à des niveaux très bas
suite aux mesures d’assouplissement
quantitatif : injections de liquidités dans les
marchés par la Banque centrale européenne
afin de relancer la croissance atone de nos
économies européennes.
Le chef économiste de la BCE, Peter Praet, a
laissé entendre que le programme de relance
de la Banque centrale pourrait être prolongé
au-delà de mars 2017. La date de fin du QE
(quantitative easing) avait déjà été repoussé par
Mario Draghi n 2015 en raison d’une ination
encore trop basse.
En revanche, l’annonce en décembre par la
Fed, d’une remontée à un rythme modéré des
taux d’intérêt directeurs est un signal d’une
santé économique meilleure outre-Atlantique.
Ces hausses mesurées interviendront
progressivement dans le temps si les
statistiques de l’emploi se maintiennent et que
des augmentations de salaires sont effectives.
Au sein de la classe d’actifs obligataires
et dans un environnement de taux bas,
les investisseurs doivent être sélectifs
L’évolution du prix
du baril de pétrole
est un point clé de
la santé économique
mondiale et de la
conjoncture des
pays en voie de
développement