Les gladiateurs dans la publicité Orangina, star d'un mini-péplum Et si on pouvait, là, maintenant, tout secouer, tout agiter et réécrire l’Histoire ? Mettre le monde à l’envers pour mieux le remettre à l’endroit ? Le réinventer en plus frais ? C’est ce que propose Orangina. La marque a habitué les consommateurs à être secoués par des publicités audacieuses. Le but du spot de juin 2015 est de nous rappeler que consommer cette boisson gazeuse et pulpée rafraîchit et qu’elle apporte un zeste de folie et de gaieté. La pub, très cinématographique, met en scène des Romains assistant à des jeux – en l’occurrence, une mise à mort ! – dans un amphithéâtre, peut-être le Colisée. Peu de paroles. Tout passe par les gestes. Le public s’ennuie jusqu’à ce que la caméra fixe la fameuse bouteille ronde au contenu jaune. Ensuite, tout dégénère. Dans le Colisée, le sort d'un gladiateur est soumis à la décision de l'empereur. Sous une chaleur écrasante, la tension est à son comble. Mais, contre toute attente, l'empereur va défier les conventions pour offrir à tous les spectateurs un épilogue inattendu… une bouteille d'Orangina. L'ambiance devient alors à la fois délirante et rafraîchissante, puisque le public finit les pieds dans l'eau et en délire. Avec ce nouveau film publicitaire, la marque a voulu montrer qu'en secouant une bouteille d'Orangina, on pouvait faire changer le cours de l'Histoire. Elle a voulu un film transgénérationnel, rassembleur, à la façon d'un péplum. En réinventant le secouement, au cœur de son histoire depuis toujours, la marque élargit sa promesse avec une nouvelle signature : "Shake the world". Un secouement qui bouscule le quotidien, rafraîchit les esprits. Une invitation pour tous à bouger les choses, à réinventer le monde. On retrouve le ton déjanté des précédentes campagnes de publicité. Mais le spectacle tranche avec celui des animaux qui peuplaient les publicités depuis huit ans et qui visait surtout à séduire les jeunes. Orangina remet sa boisson star - et les effets qu'elle produit - au centre de sa communication. Britney Spears, Beyoncé, Pink et Enrique Iglesias - We will rock you (Pepsi) Diffusée en 2004, la publicité est servie par un casting de choix : Britney Spears, Beyoncé, Pink et Enrique Iglesias. Quatre des plus gros vendeurs de l’époque s’affrontent dans le Colisée à Rome. Le clip s’ouvre sur une vue du Colisée à Rome, au premier plan une statue romaine évoque celle d’un empereur, le bras levé. Dans la loge d’honneur, l’empereur ouvre une canette de Pepsi, le public trépigne. Dans les cellules de l’amphithéâtre, les téléspectateurs découvrent les trois chanteuses, enfermées séparément. Chaque chanteuse dispose d’un attribut particulier : Britney Spears possède un bouclier marqué d’une pieuvre, Beyoncé un trident (elle est clairement un rétiaire), Pink est accompagnée d’un protomé de lion (animal que l’on retrouve à la fin de la publicité). Les gladiatrices sont finalement libérées et se retrouvent au centre de l’arène. Au lieu de se battre pour le bon plaisir de l’empereur, les trois chanteuses jettent leurs armes au sol, provoquant la stupéfaction de l’empereur et du public, puis entonnent le titre de Queen “We will rock you”. Les vibrations provoquées par les voix des chanteuses et les applaudissements du public font chuter la caisse, marquée de l’aigle impérial, dans l’arène, et conséquence plus farfelue encore, font éjecter l’empereur au cœur de l’arène. Après s’être dûment désaltérées, les gladiatrices jettent les canettes restantes dans le public en folie : du coca et des jeux. Pendant ce temps l’empereur tente d’enlever la poussière de sa tenue, remarquant à peine le lion qui sort de sa cage derrière lui. Une fois de plus, la référence à l’Antiquité sert à mettre en avant des femmes sexy et fortes. Le seul acteur masculin est ridiculisé quand les trois chanteuses sont magnifiées par des tenues de gladiatrices très dénudées et un scénario tout à leur avantage. D’esclaves, elles passent au statut de stars et finissent adulées par un public fou, alors que l’empereur semble promis à servir de repas à un lion. La reconstitution se veut convaincante (le Colisée est reconstitué, le public porte des tenues vraisemblables…) ; les seuls éléments anachroniques sont la caisse de Pepsi et la musique. Le spectacle est malgré tout original : même s’il existait des femmes gladiatrices, il est peu probable que trois d’entre elles se soient retrouvées seules au centre de l’arène, et encore moins qu’elles y aient chanté. Les éléments antiques ont été réélaborés, dans un souci d’efficacité dans l’évocation : un temple fait son apparition devant l’amphithéâtre, une méduse s’étale sur le torse de l’empereur, etc. L’imaginaire des jeux romains est convoqué dans tous ses aspects, du public en folie au lion, en passant par la distribution au peuple (le pain est remplacé par les canettes). Les femmes gladiatrices C'est sous le règne d'Auguste qu'apparurent les premières femmes gladiatrices. Mais c'est Néron qui reprendra l'idée avec plus de ferveur encore. En effet, le jeune empereur, loin des préoccupations viriles et barbares des Romains de l'époque, est un artiste dans l'âme, et ne rêve que de beauté et de grâce. Il aura notamment fait peindre la voie lactée sur les vélums de l'amphithéâtre ou remplacer le sable de l'arène par des pierres semi-précieuses broyées. Les écrits attestant l’existence des gladiatrices sont peu nombreux, mais très précis. Ainsi, Juvénal nous livre son plus long poème, qui parle des gladiatrices à l'entraînement, et de leur acharnement à frapper le palus, le poteau symbolisant l'adversaire. Le Satyricon de Pétrone nous parle d'une femme sur un char, se battant contre des hommes. Dans la même optique, Tacite dans ses Annales mentionne que Néron fit même descendre des femmes de sénateurs dans l'arène. Martial et Cassius Dion nous précisent que les femmes prenaient également part aux venationes, les chasses aux bêtes sauvages. http://lsa-conso.fr/ http://lefigaro.fr/ http://ladn.eu/ http://gladiature-vae-victis.emonsite.com/ http://armae.com/ http://antiquipop.hypotheses.org/ L'empereur Domitien, en 88 de notre ère, instaura des combats de femmes gladiatrices nocturnes, à la lueur de flambeaux, qui selon les auteurs de l'époque, avaient beaucoup de succès. Il est intéressant de noter que le programme journalier d'un munus avait un effet de crescendo : le matin, c'étaient les venationes, les tueries de bêtes sauvages qui n'intéressaient pas grand monde ; à midi, c'était la mise à mort des condamnés à la peine capitale : quasiment personne ne les regardait, c'était l'heure du déjeuner, il faisait trop chaud, et le spectacle était réputé sordide ; en revanche, l'après-midi était réservé aux gladiateurs, et c'est à ce moment que l'amphithéâtre était plein. Si on considère que le programme gagnait en intensité et en popularité de la matinée à la fin de l'après-midi, il est tentant de penser que les nocturnes (avec les gladiatrices) constituaient le point d'orgue d'une journée de jeux, une sorte de final en apothéose artistiquement parlant. C'est l'Empereur Septime Sévère, en l'an 200 de notre ère, qui interdit définitivement aux femmes de pratiquer la gladiature.