Patrick Gilbert
La gestion
prévisionnelle
des ressources
humaines
Remerciements. Cet ouvrage tire sa substance de cours orga-
nisés depuis le milieu des années 1990 dans le cadre du master
« Management avancé des ressources humaines » de l’Institut
d’administration des entreprises de Paris (université Paris-
Sorbonne) et du Certificat de gestion des ressources humaines
d’HEC Genève. Il est aussi le fruit d’interventions conduites
auprès des adhérents de l’association Entreprise et Personnel.
Aux uns et aux autres, je dédie spécialement cet ouvrage.
Je remercie très amicalement Dominique Bouteiller (HEC
Montréal), Bernard Galambaud (ESCP-EAP), Frédérique Pigeyre
(université Paris-XII) et Michel Parlier (ANACT) qui retrouveront
ici l’écho de nos échanges parfois passionnés, mais toujours fruc-
tueux. Ce livre est aussi un peu le leur.
Mes remerciements vont également à Claudine Gillot qui a
accepté de relire le manuscrit final malgré ses très nombreuses
occupations.
ISBN 2-7071-4695-1
Le logo qui figure au dos de la couverture de ce livre mérite une explication. Son
objet est d’alerter le lecteur sur la menace que représente pour l’avenir de l’écrit, tout
particulièrement dans le domaine des sciences humaines et sociales, le développement
massif du photocopillage.
Le code de la propriété intellectuelle du 1er juillet 1992 interdit en effet expressé-
ment la photocopie à usage collectif sans autorisation des ayants droit. Or, cette
pratique s’est généralisée dans les établissements d’enseignement supérieur, provo-
quant une baisse brutale des achats de livres, au point que la possibilité même pour les
auteurs de créer des œuvres nouvelles et de les faire éditer correctement est aujourd’hui
menacée.
Nous rappelons donc qu’en application des articles L. 122-10 à L. 122-12 du Code
de la propriété intellectuelle, toute reproduction à usage collectif par photocopie, inté-
gralement ou partiellement, du présent ouvrage est interdite sans autorisation du
Centre français d’exploitation du droit de copie (CFC, 20, rue des Grands-Augustins,
75006 Paris). Toute autre forme de reproduction, intégrale ou partielle, est également
interdite sans autorisation de l’éditeur.
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notre site www.editionsladecouverte.fr.
© Éditions La Découverte, Paris, 2006.
«Pour répondre àun besoin daujourdhui, quon navait pas su
prévoir avant-hier, on compromet alors et parfois définitive-
ment ce quil serait nécessaire davoir dans quelques années. »
Gaston Berger, extrait de Prospective,nº4, 1959.
«Si lon peut en finir du passéavec loubli, on nen finit pas de
lavenir avec limprévoyance. »
FélicitéRobert de LAMENNAIS,
Mélanges religieux et philosophiques.
Introduction
Toute gestion est (plus ou moins) prévisionnelle, dans la
mesure oùelle est située dans le temps et sinscrit dans la durée
pour une optimisation de ses choix. «Faire de la gestion prévi-
sionnelle »,cest donc simplement renforcer cette orientation,
tenter daccroître lambition de la gestion, en éclairant les choix.
Cette exigence simpose en gestion des ressources humaines
(GRH : voir Dietrich et Pigeyre [2005] 1), comme dans tout
domaine relatif àla mise en œuvre des ressources de lentre-
prise en vue datteindre ses objectifs. En pratique, cela revient à
mettre laccent sur la phase de préparation des décisions, quil
sagisse des options engageant le personnel àlong terme (choix
des niveaux de qualification àlembauche, politique de forma-
tion, etc.) ou de la prise de décision plus quotidienne (mettre sur
pied une action de formation, fixer le montant dune augmen-
tation individuelle, orienter un collaborateur, etc.).
Pour être traitéau fond, ce sujet suppose de dépasser son appa-
rence immédiate un ensemble de techniques et doutils
danalyse et de prévision et de prendre un peu de hauteur
de vue. Cette perspective nest-elle pas dailleurs celle de la
prévision ?
Depuis toujours, la connaissance du futur constitue lun des
principaux sujets de préoccupation du genre humain. Aussi
nest-il pas étonnant que lon ait imaginé,dèslaube de
1. Les références entre crochets renvoient àla bibliographie en fin douvrage.
lhumanité, des méthodes et techniques pour répondre àcette
préoccupation. Les premières approches (astrologie, divination
par l’écaille de tortue, géomancie), on le sait, n’étaient guère
rationnelles. Il ne sagissait pourtant pas de divertissements
anodins auxquels étaient soumis des individus oisifs car, aussi
loin que lon remonte dans le temps, la «science »prophétique
aétéassociéeàla décision et àlexercice du pouvoir.
Les modes archaïques de connaissance du futur ne peuvent
évidemment pas être confondus avec la prévision. Si, en
première approche, la prévision a quelque chose àvoir avec les
discours sur le futur, tous les discours sur le futur ne sont pas
de la prévision. En quoi la prévision, particulièrement celle qui
porte sur les ressources humaines, se démarque-t-elle des
discours passés sur le futur ?
Lapproche prévisionnelle nest pas lobjet mystérieux dune
science àpart. Il nest donc pas nécessaire de «croire »en la
gestion prévisionnelle des ressources humaines (GPRH) pour la
mettre en œuvre. En revanche, il est indispensable den avoir
la volonté.Gérer, cest préparer, organiser, mettre en œuvre et
contrôler des processus de décision, ce qui suppose àla fois un
dessein et une détermination. Ces phases successives concourent
àun même résultat : faire en sorte que lorganisation dispose en
temps voulu des ressources dont elle a besoin, en nombre et en
qualité, pour assurer sa mission.
En gestion comme en économie, la prévision est «une étude
relative àune période future, chiffrée ou non, dun phéno-
mène, dune grandeur ou dun ensemble de grandeurs »(Le Petit
Robert). Ce qui la distingue des autres tentatives de connais-
sance du futur, cest une forme de raisonnement instrumenté
fondésur des instruments qui sappuie sur un travail argu-
mentédanalyse. Plus précisément, la prévision désigne lappli-
cation àdes domaines déterminés (technologie, économie,
relations internationales) de méthodes systématiques dinterro-
gation de lavenir telles que les projections, extrapolations,
scénarios, etc.
La prévision est-elle nécessaire àlaction ? Lhomme daction
peut rechigner àsy engager, pour déplorer ensuite les effets de
son imprévoyance. Il ne manque pas de personnages illustres
pour affirmer lutilitéde la prévision. Selon la formule de
LA GESTION PRÉVISIONNELLE DES RESSOURCES HUMAINES4
Léonard de Vinci : «Ne pas prévoir, cest déjàgémir. »Autre-
ment dit, pour éviter demain de se plaindre de la situation du
moment, il faut se projeter dans lavenir. Plus prèsdenous,
Auguste Comte, en fixant àla sociologie un programme décou-
lant de son adage «Savoir pour prévoir, prévoir pour pouvoir »,
aurait tout aussi bien pu inspirer le projet dune gestion prévi-
sionnelle. Les sciences de gestion, en tant que sciences de
laction, ne peuvent se détourner de cette exigence. Ne dit-on
pas dailleurs : «gérer cest prévoir »?
Mais, dans un monde changeant, la connaissance du futur ne
peut être quimparfaite, vague et incertaine. Lexpérience nous
enseigne que l’évolution extrêmement rapide de lenvironne-
ment rend bien difficile de faire des prévisions, même àun
horizon limité. Les attentes sur les événements éloignésse
fondent sur des bases fragiles et incertaines. Il peut donc être
tentant de laisser les choses se faire, cest-à-dire de ne rien faire,
de naviguer entre les écueils du futur, optant, selon la formule
consacrée, pour la politique du «chien crevéau fil de leau »,
sans projet, en suivant le courant des événements.
Acte de volonté,àla fois indispensable et complexe, obli-
geant àprendre le temps de la réflexion pour mieux sengager
dans laction, la gestion prévisionnelle se présente demblée
comme paradoxale. Elle est relativement facile en période de
stabilitéet lorsque le temps de la réflexion ne fait pas défaut ;
mais son intérêt est alors limité.Àlinverse, quand lincertitude
gagne et que sexerce la pression de lurgence, elle devient indis-
pensable ; mais elle est alors un exercice bien difficile àmener.
Soumise aux exigences et aux préoccupations des époques
quelle a traversées, la GPRH a connu bien des métamorphoses
depuis ses balbutiements des années 1960. En sappuyant sur
elle, les entreprises ont progressivement mis en place un
ensemble de démarches et doutils visant la rationalisation de
leur GRH. En quoi consiste cette GPRH ? Quest-ce qui la légi-
time ? Comment et par qui se construit-elle ? Quels en sont les
effets ? Telles sont les questions au centre de cet ouvrage.
Pour avancer des réponses,nousnousefforçons, dans un
premier chapitre, de cerner précisément la GPRH dans
lensemble du système de ressources humaines, den expliciter
INTRODUCTION 5
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