Une journée dans les laboratoires de recherche autour de la sclérose en plaques Encourager le dialogue direct entre les chercheurs et les malades Une journée nationale, organisée à deux dates, l’une en Ile de France le 4 novembre 2011, et l’autre le 25 novembre 2011 dans plusieurs sites de recherche en région, va ouvrir les laboratoires de l’Inserm ayant reçu le soutien de la Fondation Arsep, aux personnes malades et leur famille. L’ objectif est simple : faciliter la rencontre et le contact direct entre les chercheurs qui travaillent sur la sclérose en plaques et les malades. Pourquoi une telle initiative ? Parce que les malades ont besoin d’être informés sur l’évolution de la recherche. Leurs raisons sont doublement légitimes : la recherche représente pour eux l’espoir de bénéficier de thérapies efficaces, et nombre d’entre eux se sont mobilisés dans des associations pour soutenir la recherche sur leur maladie. C’est ainsi que la Fondation Arsep, grâce aux malades et à leurs donateurs, a réuni des fonds pour financer les équipes de recherche ainsi que les jeunes chercheurs, contribuant ainsi à assurer la relève de la recherche sur la maladie, et, au delà, pour informer le public en général. Ce lien entre les malades et la recherche est très important. L’Inserm a reconnu le rôle essentiel que jouent les associations et les fondations issues de l’engagement des malades en établissant un groupe permanent de réflexion avec les Associations de malades (GRAM). Construire un espace de savoir partagé avec les malades, reconnu par tous et d’où pourraient émerger des formes de partenariat nouvelles et enrichissantes est l’un des objectifs prioritaires de l’Inserm ; cette journée de rencontre chercheurs-patients en est la première brique. Les chercheurs ont préparé leur présentation, les délégués de la Fondation ARSEP et les chargés de communication régionaux ont organisé l’accueil, la mission Inserm Associations et le siège de la Fondation ARSEP ont coordonné l’ensemble. Cette journée est celle du dialogue, n’hésitez pas à poser vos questions, toutes vos questions ! La Fondation Arsep Fondation pour l'aide à la recherche sur la sclérose en plaques La Mission Inserm Associations Qu’est ce que la Sclérose en Plaques (SEP) ? La SEP est une maladie du système nerveux central (SNC), qui comprend le cerveau et la moelle épinière. Il est composé de neurones, qui véhiculent l’information entre le cerveau et le reste du corps. Ces neurones sont composés d’un corps cellulaire et d’un prolongement, l’axone, entouré d’une gaine protectrice, la myéline, qui a pour but de nourrir et de protéger le neurone et de permettre une conduction rapide de l’information. Dans la SEP, une réaction inflammatoire attaque la gaine de myéline. C’est la démyélinisation. Elle entraîne des perturbations dans la conduction de l’information élaborée par le cerveau et transmise aux différentes parties du corps, expliquant les signes de la maladie. Parallèlement à l’attaque de la myéline, une souffrance précoce de l’axone apparaît. La plupart du temps, l’inflammation disparaît et des mécanismes de réparation permettent la restauration, plus ou moins complète, de la myéline conduisant à une régression partielle ou complète des symptômes. C’est la remyélinisation. Malheureusement, au cours de l’évolution de la maladie ou lors d’attaques inflammatoires importantes, les mécanismes de remyélinisation sont insuffisants et des signes neurologiques persistants s’installent. Une souffrance peut également coexister. 30 ans). Il existe, beaucoup plus rarement, des cas de SEP chez l’enfant et l’adolescent. Les signes cliniques sont soit isolés, soit associés entre eux. Ils surviennent en quelques heures ou quelques jours pour disparaître totalement ou partiellement en quelques semaines. Il s’agit d’une poussée. Le diagnostic Neurone normal Corps cellulaire Myéline Axone Transmission de message le long de l’axone Démyélinisation dans la SEP Myéline endommagée (démyélinisation) Transmission altérée (poussée) Atteinte de la l’axone dans la SEP Destruction de la fibre nerveuse Plus de transmission (progression) La sclérose en plaques (SEP) Comment, pourquoi ? Activation des lymphocytes Cellules immunitaires SYSTÈME NERVEUX CENTRAL Barrière sang - cerveau SANG PÉRIPHÉRIQUE Amplification des lymphocytes actifs Libération de molécules toxiques Environnement Génétique Démyélinisation Perte axonale Une maladie auto-immune La SEP est considérée comme une maladie autoimmune. Normalement, les lymphocytes T (cellules du système immunitaire) ne franchissent pas la barrière qui sépare le sang du cerveau (barrière hématoencéphalique). Cependant, dans la SEP, le lymphocyte «normal au repos», présent dans le sang, se transforme en lymphocyte «activé agressif». Cette transformation lui permet d’entrer dans le SNC de proliférer, de se diviser, provoquant ainsi une réaction inflammatoire qui aboutit à la destruction de la myéline et de l’axone. Les symptômes Les troubles dans la SEP Les symptômes varient beaucoup d’une personne à l’autre et d’un moment à l’autre chez une même personne. Ils sont multiples et variés. Les signes observés au début de la maladie sont souvent transitoires et très variés car ils dépendent de la localisation des plaques dans le cerveau ou la moelle épinière rendant le diagnostic difficile. Ces symptômes sont évocateurs s’ils surviennent chez un adulte jeune (dans 2/3 des cas, la maladie débute entre 20 et • • • • • • moteurs : faiblesse musculaire. oculaires : de l’acuité visuelle d’un œil, vision double... sensitifs : perte de la sensibilité (engourdissements, fourmillements), brûlures. troubles de l’équilibre, troubles urinaires ou sexuels, etc. Lors des premiers troubles, il est souvent difficile d’évoquer le diagnostic de SEP. En revanche, la récurrence des signes neurologiques, témoin d’une dissémination dans le temps et dans l’espace permet de poser le diagnostic. L’examen clinique est primordial car il permet au neurologue d’exclure une autre affection et de confirmer la souffrance du système nerveux central. Des examens complémentaires, tels que l’IRM, seront proposés. Le diagnostic de SEP sera établi avec certitude, par l’analyse combinée des données cliniques et des examens complémentaires. Les différentes formes cliniques et leur évolution Plusieurs formes cliniques Il existe plusieurs formes cliniques de la maladie : les formes rémittentes qui évoluent par poussées Rémittentes RR et les formes progressives évoluant sans poussées (formes secondairement progressive Secondairement progressives et formes progressives d’emblée). SP Dans 85% des cas, la SEP débute par une Progressives primaires PP forme à poussées. Ces crises répétées seront espacées de façon variable dans le temps. Certains patients vont ensuite évoluer vers une forme secondairement progressive, lorsque les atteintes neurologiques vont s’aggraver progressivement. Dans les formes progressives d’emblée, qui débutent généralement plus tardivement (après 40 ans), il y a rarement des poussées surajoutées au début de la maladie et les signes neurologiques s’aggravent progressivement. L’évolution et l’expression de la maladie sont extrêmement imprévisibles et variables. Il n’existe pas de marqueurs prédictifs du handicap. Néanmoins, 20 à 40% des patients ne présentent pas de handicap dans leur vie quotidienne après 15 à 20 ans d’évolution (SEP bénigne). Les traitements Malgré les progrès thérapeutiques accomplis ces dernières années, il n’existe pas encore de traitement pour guérir la SEP. Néanmoins, certains médicaments ralentissent l’évolution de la maladie, d’autres permettent de soulager les symptômes associés (douleur, fatigue, incontinence urinaire, ...) : • Le traitement des poussées a pour but de diminuer l’intensité et la durée des signes neurologiques. Seuls les corticoïdes donnés en perfusion ont prouvé leur efficacité. • Les traitements symptomatiques ont pour objectif de réduire la gêne quotidienne provoquée par les symptômes cliniques. Ils sont proposés pour améliorer la qualité de vie du malade. • Les traitements de fond sont pris sur le long cours. Ils diminuent la fréquence des poussées et réduisent la progression du handicap. Ce sont des immunomodulateurs (qui limitent l’intensité de la réponse inflammatoire) ou des immunosuppresseurs (qui agissent directement sur les cellules immunitaires en bloquant la réponse immunitaire). Ces traitements sont principalement destinés aux patients ayant des formes rémittentes ou secondairement progressives avec poussées surajoutées. Qu’est-ce que la recherche médicale? Une définition ? La recherche scientifique définit l’ensemble des actions entreprises en vue de produire et de développer la connaissance, pour étudier, explorer et comprendre. C’est avant tout un travail d’équipe qui se déroule dans des organismes de recherche publics, (Inserm, CNRS, universités, hôpitaux) ou privés (entreprises). Essayons de définir la recherche médicale : quel en est le cadre, les domaines qu’elle aborde, qui sont ses acteurs et à quels principes obéissent-ils ? La chaîne de la recherche en sciences du vivant: de la molécule à l’homme Quelques grands domaines de recherche impliqués dans la SEP. - La biologie cellulaire s’intéresse à l’étude de des quelques 50 000 milliards de cellules du corps humain. - La génétique caractérise dans les cellules les gènes présents, incomplets, en double ou non fonctionnels et cherche surtout à comprendre pourquoi ces modifications sont souvent associées à une maladie. - L’épidémiologie étudie une maladie dans une population donnée et cherche ses causes quelles soient biologiques, médicales, environnementales ou autres, pour mieux la prendre en charge. - La physiologie analyse la communication entre les organes. Le corps humain est un système intégré très sophistiqué : les cellules sont regroupées en tissus qui vont composer les organes. - L’immunologie étudie le système immunitaire qui doit être parfaitement régulé. Certaines cellules sont là pour maintenir l’intégrité de l’organisme et le protéger des agressions. Parfois ce système se dérègle et l’organisme détruit ses propres cellules comme dans les maladies auto-immunes, la SEP en est un exemple. - La neurobiologie et les domaines de recherche qui en dérivent comme la neurophysiologie, vont s’intéresser au développement des cellules du cerveau. Ils peuvent aussi, dans le cas de la SEP, chercher à identifier les signaux qui régulent la fabrication de la myéline, qui normalement protège et permet aux neurones de communiquer. - L’endocrinologie étudie comment les hormones sont produites par un tissu et véhiculées par le sang pour influencer le développement d’un autre tissu. Ces exemples illustrent le type de questions auxquelles répond la recherche et soulignent le caractère imprévisible en termes de résultats et de temps nécessaire à leur obtention. • Etape 1 - La recherche fondamentale Absolument nécessaire, son objectif principal est de faire avancer les connaissances et pas directement de soigner. La quête du «comment ça marche?» contribue à l’élaboration de nouveaux médicaments et de nouvelles pistes de recherche, ou de nouveaux outils permettant de détecter plus tôt une maladie. Elle avance grâce à la curiosité et à la créativité des chercheurs: les cellules ne se regardent qu’au microscope; quant aux molécules, aux protéines et aux gènes ils ne se laissent deviner qu’en grande quantité au fond d’un tube. • Les acteurs et les métiers de la recherche : un travail d’équipe Les chercheurs statutaires, docteurs en sciences, médecins ou non, portent les projets. Ils ont pour mission de trouver les moyens humains, techniques et matériels, en répondant à des appels d’offres de l’état, de l’industrie, des associations ou des fondations. Ils expertisent les projets de leurs pairs dans leur spécialité, forment la relève, coordonnent les membres de leur équipe : chercheurs, ingénieurs, techniciens et étudiants, en lien avec les administratifs. • Etape 2 - La recherche pré-clinique Après la découverte d’une molécule pouvant avoir un potentiel effet diagnostique ou thérapeutique, il est nécessaire de tester son impact sur l’organisme entier et de vérifier les effets secondaires. Cette étape préalable réalisée sur des animaux de laboratoire est obligatoire avant de tester un éventuel traitement chez l’homme, d’où son nom de recherche pré-clinique. • Le temps de la recherche et le temps des malades: pourquoi est-ce si long ? Chaque étape en recherche nécessite des délais qui dépendent de la complexité de l’étude. Transposer rapidement les résultats obtenus chez l’animal à des espoirs de traitement chez l’homme est légitime pour les patients, mais le passage vers la recherche clinique jusqu’à l’accord des autorités de santé est long et indispensable. L’émergence de la recherche translationnelle devrait aider à raccourcir ce temps. • Etape 3 - La recherche clinique Cette étape permet de mettre en place un protocole à visée diagnostique (des machines IRM plus performantes) ou thérapeutiques (des médicaments ciblés, donc mieux tolérés et plus efficaces). Les essais cliniques se déroulent dans les hôpitaux, en quatre phases, évaluant successivement la sécurité du traitement, la dose optimale, l’efficacité du nouveau traitement par rapport à un traitement de référence déjà existant et enfin l’observation des interactions entre médicaments (plus d’informations sur www.notre-recherche-clinique.fr). La recherche est aussi un domaine de curiosité et de questionnement • La démarche scientifique c’est : - poser une question - énoncer une hypothèse qui permettrait de l’expliquer - proposer un protocole et des modèles expérimentaux sur lequel le tester. En général on part du modèle le plus simple (la cellule) vers le plus compliqué (l’organisme entier). Souvent les chercheurs utilisent des lignées cellulaires comme modèle simplifié d’une cellule spécialisée - tester tous les paramètres, observer et analyser les résultats - recommencer, reformuler, générer d’autres expériences jusqu’à obtenir des résultats reproductibles - utiliser les tests statistiques pour vérifier la probabilité que la conclusion a d’être juste La recherche translationnelle ou de transfert assure le lien entre les découvertes les plus récentes de la recherche fondamentale ou pré-clinique et la recherche clinique. Elle est bidirectionnelle, de la recherche fondamentale au patient, et inversement. Un domaine de collaboration, de synergie et de communication Pour faire avancer la recherche, les chercheurs et cliniciens doivent collaborer entre eux, à l’échelle mondiale, publier des articles scientifiques et partager les informations lors de congrès spécialisés. Pour avancer de manière encore plus ciblée, ils doivent aussi collaborer avec les malades et les associations qui les représentent. Conclusion La recherche en marche est le lien entre ce qui est déjà connu et ce qui ne l’est pas encore. Les malades ont une expérience à partager. Ce regard nouveau au sein de la communauté des chercheurs est un élément structurant pour les études qu’ils mènent, un regard qui pourrait orienter différemment leurs recherches. Résumés des projets de recherche des chercheurs Inserm soutenus financièrement par la fondation ARSEP Région Midi-Pyrénées - Toulouse Abdelhadi Saoudi - Comprendre les mécanismes d’action de VAV1 dans les fonctions des lymphocytes T et la susceptibilité à la sclérose en plaques. Jean-Charles Guery - Importance du récepteur aux oestrogènes dans les lymphocytes T dans l’effet antiinflammatoire des oestrogènes, Les facteurs génétiques qui prédisposent à la sclérose en plaques sont mal sur un modèle animal de SEP. connus. Leur recherche est difficile du fait des différences génétiques des populations humaines Des phases de rémission sont fréquemment et du rôle que joue l’environnement sur ces observées dans la SEP chez les femmes facteurs. Les études génétiques sont plus faciles enceintes, suggérant que les hormones sexuelles chez des animaux conditionnés pour développer et plus particulièrement les œstrogènes pourraient une maladie qui reproduit la sclérose en plaques, exercer un effet bénéfique sur la maladie. Les du fait de l’utilisation de lignées pures de souris oestrogènes agissent grâce à un récepteur, et de rats (tous les animaux d’une lignée sont molécule située dans les tissus. Dans un modèle génétiquement identiques) et du contrôle de animal de SEP, l’administration d’œstrogènes bloque le développement de la maladie. Cette l’environnement. Grace à ces études menées chez le rat, nous observation valide l’hypothèse d’un effet bénéfique avons découvert que le gène Vav1 détermine la de ces hormones. sensibilité à développer cette maladie et contrôle Par ailleurs, l’induction de la maladie sur un autre le fonctionnement d’une population de cellules modèle murin ne possédant plus ce récepteur (donc spécialisées dans la régulation du système plus aucun effet des œstrogènes n’est possible) immunitaire. Ce gène est associé chez l’Homme montre que l’administration d’œstrogènes ne à la susceptibilité à développer une sclérose en protège plus de la maladie soulignant le rôle capital du récepteur. Avec l’aide de ces deux modèles, plaques. Notre projet vise à élucider dans des modèles notre projet est de comprendre quels sont les animaux les mécanismes par lesquels Vav1 mécanismes d’action qui aboutissent à la réponse contrôle le fonctionnement du système immunitaire inflammatoire spécifique dans le système nerveux et le développement de la SEP. Les connaissances central et au développement de la maladie. ainsi acquises sur les mécanismes de la sclérose L’objectif est de confirmer le rôle protecteur en plaques pourraient à terme déboucher sur de des hormones sexuelles féminines qui pourrait nouveaux modes de diagnostic et de traitements servir de base au développement de nouvelles stratégies thérapeutiques dans le traitement de de cette maladie. cette maladie auto-immune. David Brassat - Intérêt des biomarqueurs liés à l’ARN dans la réponse thérapeutique au Natalizumab chez les patients atteints de SEP. Roland Liblau - Rôle des cytokines dans un nouveau modèle animal de cellules T « tueuses » médiées par la neuroinflammation. Il est hautement vraisemblable que la SEP résulte d’une attaque auto-immune du système nerveux central et qui est à l’origine de handicap. Les acteurs principaux d’une telle attaque sont les lymphocytes T, classés en 2 sous populations : les lymphocytes T auxiliaires et les lymphocytes T cytotoxiques. Les premiers sont largement étudiés grâce aux modèles animaux de la SEP actuellement disponibles. Cette connaissance a guidé le choix des cibles thérapeutiques. Cependant, il existe des différences entre le modèle animal et la maladie humaine. Alors que dans le modèle animal ce sont les lymphocytes T auxiliaires qui sont responsables de l’attaque du système nerveux, dans l’affection humaine, les lymphocytes T cytotoxiques prédominent dans le cerveau atteint et contribuent très probablement aux dégâts tissulaires, sources de handicap. Notre hypothèse est donc que la transposition des recherches sur la SEP à la prise en charge des patients atteints de SEP a partiellement échoué parce que nous devons d’abord comprendre comment les lymphocytes T cytotoxiques dirigés contre le système nerveux central sont régulés. Nous proposons donc d’étudier le rôle des cytokines impliquées dans l’inflammation du cerveau induite par les cellules T Daniel Gonzales Dunia - Analyse cytotoxiques. des mécanismes de la destruction neuronale et axonale provoquée par les lymphocytes T cytotoxiques : une cible alternative pour l’immunoLymphocytes T thérapie dans la sclérose en plaques ? La sclérose en plaques est une maladie qui peut entrainer un handicap sévère. Heureusement la recherche fait des progrès constants dans ce domaine. Cependant, il reste des améliorations possibles notamment concernant le choix du meilleur traitement à adopter. En effet, les médicaments actifs dans la sclérose en plaques ont de plus en plus un mécanisme d’action ciblé, c’est-à-dire qu’ils vont agir sur une molécule, une action spécifique à la maladie. Or les critères actuels ne tiennent pas compte de ces aspects, puisque le choix du traitement repose uniquement sur des données cliniques et radiologiques. Notre but est donc d’identifier des marqueurs spécifiques, afin de prendre en compte non seulement les critères clinique et radiologique mais aussi le mécanisme d’action que le traitement doit aller cibler. Pour cela, à l’aide d’une prise de sang faite juste avant la prescription, nous cherchons à déterminer quel traitement est le mieux adapté afin d’optimiser la prise en charge thérapeutique. La réponse inflammatoire auto-immune qui caractérise la SEP conduit à des atteintes des neurones et des axones. Ces atteintes participent aux déficits neurologiques et aux défauts de remyélinisation chez les patients. Les acteurs immunologiques impliqués sont mal connus, mais des résultats récents suggèrent que les lymphocytes T cytotoxiques, ou cellules tueuses, pourraient jouer un rôle majeur. Or, la capacité de ces cellules à tuer les neurones n’a jamais été démontrée formellement. Ici, nous utilisons des modèles animaux où certains antigènes peuvent être exprimés spécifiquement dans les neurones, combinés avec des modèles d’inflammation faisant intervenir les lymphocytes T cytotoxiques. Nous réaliserons des cultures de neurones à partir de ces modèles et nous analyserons les modalités de leur attaque par diverses sous-populations de lymphocytes T cytotoxiques. Notre objectif est de mieux comprendre les mécanismes à l’œuvre dans ces atteintes, permettant ensuite de rechercher des moyens d’empêcher la destruction neuronale. Ceci pourrait permettre d’identifier de nouvelles approches thérapeutiques pour un meilleur contrôle des lésions axonales et neuronales observées chez les patients atteints de SEP. Région PAYS DE LOIRE - Nantes David-Axel Laplaud Implication des sous-populations lymphocytaires dans la SEP. La cause de la maladie implique divers facteurs génétiques (une cinquantaine de gènes ont été découverts récemment) et des facteurs environnementaux, plus mal connus. La SEP se développe dans un contexte auto-immun où le système immunitaire se retourne contre les propres cellules nerveuses du malade. Dans notre équipe de recherche nous essayons de comprendre le rôle des différents composants du système immunitaire dans l’attaque orchestrée contre le système nerveux central. Nous travaillons sur différentes composantes du système immunitaire comme les lymphocytes T ou les lymphocytes B. Les expérimentations se font essentiellement à partir du sang de certains malades participants à ces recherches. récemment, nous avons développé des stratégies pour travailler directement sur le cerveau de malades décédés qui ont donné leurs organes à la recherche scientifique. Enfin, nous travaillons sur un modèle animal de SEP afin de mieux comprendre la relation entre le système immunitaire et le système nerveux. Ces travaux devraient nous permettre à terme de mieux comprendre les mécanismes conduisant à la maladie et contribuer au développement de nouvelles approches diagnostiques ou thérapeutiques . Région Aquitaine - Bordeaux Klaus Petry - Identification et caractérisation sur des cellules endothéliales de nouvelles cibles moléculaires à l’origine des événements neuroinflammatoires dans le modèle expérimental de SEP. Nos recherches visent à caractériser et suivre in vivo, c’est-à-dire dans le cerveau, les événements associés au processus neuroinflammatoire observé dans la SEP. Grace à une approche de décryptage, nommée «phage-display», nous avons isolé 81 nouvelles molécules qui permettent de définir très tôt les modifications que subit la barrière hémato-encéphalique. Il s’agit de caractériser ces molécules et d’identifier celles avec lesquelles elles se lient, les « molécules cibles » Notre démarche comporte plusieurs étapes: dans un 1er temps nous concentrons nos expériences sur une lignée de cellules cérébrales, la lignée hCMEC/D3. Nous analysons les gènes présents par des études de biologie moléculaire et les protéines présentes par des études de protéomique. Dans un 2ème temps nous étudierons ces interactions dans un modèle plus complexe, le modèle animal de la SEP. La perspective de ce projet est de définir des stratégies thérapeutiques spécifiques pour bloquer l’expression des molécules cibles et ainsi prévenir la rupture de la barrière hématoencéphalique et finalement interrompre les processus neuroinflammatoires de la SEP. Région Rhône-Alpes - Lyon Serge Nataf - Analyse de l’inflammation dans les méninges médullaires chez les patients présentant une forme progressive de SEP. Dans les formes les plus sévères de SEP, la moelle épinière est très souvent atteinte par un processus inflammatoire diffus. Comparé au cerveau, très peu d’études ont analysé la réaction inflammatoire dans la moelle épinière de patients atteints de SEP. Nous avons récemment montré que chez les patients, l’inflammation des méninges est prépondérante dans la molle épinière et qu’elle est corrélée à l’étendue des lésions neuronales. Ce projet vise à mieux caractériser l’inflammation méningée dans la moelle épinière des patients. Par ailleurs, il doit permettre l’identification de molécules qui sont impliquées dans l’atteinte neuronale potentiellement induite par cette inflammation méningée. Notre objectif est donc de mieux comprendre les mécanismes de l’inflammation méningée pour, à terme, pouvoir la contrer. Région Languedoc Roussillon - Montpellier Eric Thouvenot - Recherche de marqueurs de sclérose en plaques rémittente après un premier évènement démyélinisant par analyse protéomique quantitative du liquide céphalorachidien. La recherche de biomarqueurs de la SEP (des protéines qui sont caractéristiques de la maladie) est un enjeu majeur pour établir un diagnostic précoce de la maladie et offrir une meilleure prise en charge des patients. Le liquide céphalorachidien (LCR) est un fluide biologique de choix pour la découverte de molécules biologiques spécifiques de la SEP, car il est en contact avec le cerveau et la moelle épinière. Le programme proposé a pour objectif la recherche de biomarqueurs précoces grâce à la protéomique, approche récente et puissant d’analyse de protéines dans un échantillon biologique, comme le sang ou le LCR. Nous allons utiliser cette approche pour différencier parmi les patients ayant présenté des signes évocateurs de SEP, ceux qui ont un risque élevé de développer effectivement une SEP dans l’année. Cette étude permettra de traiter ces patients de manière très précoce et adaptée, afin de retarder l’apparition d’un handicap neurologique. Coupe du cerveau obtenu en IRM copyright inserm - Emmanuel-Alain Cabanis Jean-François Ghersi-Egea Déterminants moléculaires de la migration des lymphocytes T à travers l’interface sang-liquide céphalo-rachidien dans un contexte physiologique et neuroinflammatoire. Pour infiltrer le système nerveux central, les cellules immunes circulant dans le sang doivent franchir des interfaces cellulaires, sorte de barrières de cellules qui protègent le cerveau. Les plexus choroïdes forment l’une de ces interfaces, localisés entre le sang et le liquide céphalo-rachidien (LCR) qui circule dans les cavités du cerveau. Des travaux récents indiquent que les plexus choroïdes sont une voie d’entrée pour les lymphocytes T dans le cerveau, au cours de la surveillance immunitaire normale et également au cours de la sclérose en plaques, contribuant ainsi à la localisation préférentielle des plaques et des zones dégénératives à proximité des compartiments contenant le liquide céphalorachidien. Grâce à des modèles animaux de sclérose en plaques et à un modèle cellulaire de l’interface sang-liquide céphalo-rachidien que nous avons développé, nous proposons d’identifier, en situation normale et inflammatoire, les molécules impliquées dans la migration des lymphocytes T à travers cette barrière. Ces travaux permettront de comprendre le rôle des plexus choroïdes et du liquide céphalo-rachidien dans l’apparition de la maladie, et d’identifier de nouvelles cibles thérapeutiques permettant de réguler l’infiltration des lymphocytes dans le cerveau. Région Ile de France - Paris Catherine Lubetzki - Molécules de guidage et remyélinisation dans le système nerveux central. L’imagerie du système nerveux central, en particulier la résonance magnétique nucléaire (RMN), est utilisée couramment pour le diagnostic et le suivi des patients. Elle est aussi un outil indispensable à l’évaluation des nouvelles thérapeutiques dans le cadre de protocoles de recherche. Les techniques classiques d’imagerie ne permettent pas actuellement de visualiser l’ensemble des conséquences de la maladie sur le cerveau ou la moelle épinière. Leur valeur pronostique, c’est-à-dire les éléments qui permettent de prédire l’évolution de la maladie, reste donc limitée de même que leur aptitude à mesurer l’impact de nouvelles stratégies de traitement. Nous développons des méthodes d’imagerie plus précises et plus spécifiques des lésions de sclérose en plaques. Ces méthodes utilisent soit la résonnance magnétique nucléaire, grâce à l’application de séquences plus sophistiquées, soit l’imagerie moléculaire avec la scintigraphie par tomographie à émission de positon (TEP), technique de médecine nucléaire qui permet d’avoir une image du fonctionnement actif du cerveau. Les objectifs de ces projets d’imagerie sont de visualiser sélectivement et quantifier la démyélinisation et la remyélinisation, la souffrance des neurones, ainsi que la composante inflammatoire de la maladie. Une approche translationnelle, initiée sur des modèles expérimentaux animaux pour être appliquée ensuite à l’homme et chez les patients, est développée. Des résultats préliminaires prometteurs ont été récemment obtenus en imagerie de la démyélinisation et de la neurodégénérescence, dans le cadre de collaboration entre le CR-ICM (INSERM) et le CEA. Bernard Zalc - Développement des oligodendrocytes et des interactions neurovasculaires. Copyright Inserm/Etienne Begouen Bruno Stankoff - Imagerie et sclérose en plaques : vers des techniques plus spécifiques des lésions de SEP. Le groupe de Bernard Zalc s’intéresse au développement des oligodendrocytes dans le cerveau et notamment à la spécialisation et la migration des précurseurs d’oligodendrocytes qui permettent la myélinisation/ remyélinisation. Il a notamment pour objectif de comprendre les mécanismes physiopathologiques de la Sclérose en Plaques (SEP). En effet, chez les patients atteints de SEP, les tentatives de remyélinisation des lésions sont, à terme, fréquemment inefficaces. Une des raisons de cet échec serait qu’il existe des facteurs inhibiteurs du développement oligodendrocytaire s’opposant localement à la réparation des lésions démyélinisantes. Nous recherchons ces inhibiteurs locaux. Nous avons découvert qu’un gène exprimé dans le tronc cérébral, réprimait fortement la production des oligodendrocytes embryonnaires. Notre hypothèse est que ce gène bloquerait le développement oligodendrocytaire du tronc cérébral, et pourrait freiner la remyélinisation des lésions du cerveau postérieur chez les patients atteints de SEP. Révélant un des obstacles à la remyélinisation du cerveau postérieur, l’étude approfondie de ce gène permettrait d’enrichir la compréhension des mécanismes physiopathologiques de la SEP. Neurones et leurs prolongements copyright Inserm - Yasmina Saoudi Les oligodendrocytes jouent un rôle essentiel dans la formation de la myéline et proviennent de cellules progénitrices qui persistent dans le système nerveux central adulte et sont recrutées vers le lieu du cerveau où le besoin de remyélinisation se fait sentir. L’absence de recrutement des progéniteurs d’oligodendrocytes vers les lésions de SEP est l’un des facteurs qui expliquent l’insuffisance de remyélinisation. Nous avons détecté une surexpression de molécules appelées sémaphorines, dans le cerveau de patients atteints de SEP, ainsi que dans des modèles expérimentaux de démyélinisation. Ces molécules, appelées molécules de guidage influencent la migration des cellules progénitrices au cours du développement, mais leur rôle dans le système nerveux central adulte reste inconnu. Notre hypothèse est que le défaut de recrutement des cellules progénitrices vers les lésions de SEP pourrait être la conséquence d’une dérégulation de l’expression de ces molécules de guidage, résultant en un défaut d’attraction ou au contraire un excès de répulsion de ces cellules. Récemment, nous avons conforté cette hypothèse en démontrant l’influence de la surexpression de ces molécules de guidage, par transfert de gène, chez la souris. En effet, après induction d’une lésion démyélinisante de la moelle épinière chez la souris nous observons que ces molécules de guidage favorisent le recrutement des cellules progénitrices. Notre étude se poursuit, par l’analyse d’autres molécules de guidage, et par l’utilisation d’un agent pharmacologique qui pourrait bloquer les facteurs inhibiteurs de la migration des cellules précurseurs, et ainsi favoriser la remyélinisation. Neurones en culture copyright Inserm - Yasmina Saoudi Bertrand Fontaine – Génétique et sclérose en plaques De nombreuses études épidémiologiques ont permis de montrer le caractère multifactoriel de cette maladie qui ne s’exprime qu’après exposition à des facteurs environnementaux encore inconnus, chez des sujets génétiquement prédisposés. Ce caractère multifactoriel a rendu difficile l’identification de nouveaux gènes de prédisposition jusqu’à très récemment. En effet, depuis 1972, date d’identification du premier gène impliqué dans la SEP, les résultats des recherches génétiques n’ont été que peu concluants. Le développement de réseaux européens puis mondiaux a permis très récemment d’identifier plusieurs variants génétiques impliqués dans la susceptibilité à la maladie, et dont le rôle fonctionnel reste à identifier. L’équipe du Pr Bertrand Fontaine participe à l’effort international tant dans le domaine de la recherche que dans le domaine des Centres de Ressources Biologiques (CRB). Le Réseau Français d’Etude Génétique sur la Sclérose En Plaques (REFGENSEP) coordonné par le Pr B. Fontaine regroupe des cliniciens, des généticiens, des immunologistes et des biostatisticiens et a pour objectif de définir au niveau national les stratégies d’étude de cette pathologie. LE CRB-REFGENSEP a pour fonction la collecte, la conservation, la pérennisation et la distribution d’ADN de patients atteints de SEP et de leur famille. Il regroupe aujourd’hui les ADN annotés d’environ 3 000 patients et de leurs apparentés. Dans un souci de rigueur, de fiabilité du matériel biologique et des données transmises, ainsi que de la satisfaction des chercheurs, le CRB s’est engagé dans une démarche qualité vers l’obtention d’une certification NF S 96-900 planifiée pour début 2012. Fondation pour l'aide à la recherche sur la sclérose en plaques Fondation pour l’aide à la recherche sur la sclérose en plaques 14 rue Jules Vanzuppe 94200 Ivry sur Seine Tél : 01 43 90 39 39 Fax : 01 43 90 14 51 www.arsep.org La Fondation ARSEP est issue de l’Association pour la Recherche sur la Sclérose en Plaques, créée le 5 mars 1969, à l’initiative du Pr François Lhermitte, du Dr Jean Roux-Delimal et du Dr Edmond Schuller, pour soutenir la Recherche, seul espoir quant au traitement réel de la sclérose en plaques. Elle a une stratégie scientifique ciblée sur la compréhension de la maladie et sur le développement de nouvelles voies thérapeutiques avec une ouverture renforcée vers l’extérieur, tant sur le plan national qu’international. Elle finance également des programmes pilotés par de jeunes chercheurs au travers de ses nombreux partenaires institutionnels. Institut National de la santé et de la recherche médicale 101 rue de Tolbiac 75654 Paris Cedex 13 tel: 01 44 23 61 47 fax: 01 44 23 60 68 http://www.inserm.fr/ Créé en 1964, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale est un établissement public à caractère scientifique et technologique, placé sous la double tutelle du ministère de la Santé et du ministère de la Recherche. L’Inserm, seul organisme public de recherche français entièrement dédié à la santé humaine, s’est vu confier, en 2008, la responsabilité d’assurer la coordination stratégique, scientifique et opérationnelle de la recherche biomédicale. Ce rôle central de coordinateur lui revient naturellement par la qualité scientifique de ses équipes mais également par sa capacité à assurer une recherche translationnelle, du laboratoire au lit du patient. Remerciements La Fondation pour l’aide à la recherche sur la sclérose en plaques et la Mission Inserm Associations remercient chaleureusement, pour leur aide et leur implication : • • • • • Les malades et leurs proches Les donateurs Les délégués et bénévoles de la Fondation ARSEP Les équipes des laboratoires de recherche de l’Inserm Les équipes de communication de la Fondation ARSEP et de l’Inserm Centres de recherche : Centre de Physiopathologie Toulouse Purpan (CPTP) / Inserm UMR1043 - CNRS UMR5282 - Université Toulouse III Inserm U643 / CHU de Nantes Inserm U1049 Neuro-inflammation, Imagerie et Thérapie de la SEP / Université Bordeaux Ségalen Plateforme Protéomique Fonctionnelle, IGF CNRS UMR 5203, Inserm U661, Montpellier Inserm UMR-S842, Faculté de Médecine Laennec, Lyon CR-ICM / UPMC / Inserm UMR S 975; CNRS UMR 7225 Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris