Mise en scène et scénographie
Márcia de Castro
Interprété par
André Salzet
Visuel
Guy Maurette
Lumières
Ydir Acef
Photos
Michel Paret
Réalisation décor
Roger Ramery
Création du Théâtre Carpe Diem Argenteuil
Cie subventionnée par la Ville d’Argenteuil
Création en résidence au Théâtre de Muret (31)
Partenariat La Traversée des Arts (Paris)
Production Théâtre Carpe Diem 12 rue des Chasseurs 95100 ARGENTEUIL - direction André Salzet
Association loi 1901 SIRET 482 867 025 00025 APE 9001Z Licence Drac N° 2-1001429
contact Théâtre Carpe Diem 01 34 10 21 21 // 06 86 91 55 62
mail [email protected] site http://theatre.carpediem.free.fr/
EFFROYABLES JARDINS Résumé de la pièce
EFFROYABLES JARDINS est paru en septembre 2000.
Le narrateur, jeune enfant, détestait les clowns et trouvait particulièrement ridicules et embarassantes les pitreries
auxquelles s'adonnait son père, instituteur, qui passait tout son temps libre habillé en auguste, allant jusqu'à délaisser sa
vie familiale.
Un jour, son oncle Gaston lui raconte comment ce père et lui sont entrés dans la
résistance à la fin de la II ème guerre mondiale, comment ils se sont faits arrêter et retenus
comme otages par les allemands, comment ils sont gardés par un soldat clown qui refuse
de perdre son humanité, et comment ils ont été sauvés in extrémis par le sacrifice
extraordinaire d’un inconnu.
Ce passé mouvementé mêlant quiproquo, humour, peur, et amour éclaire l'esprit de
l'adolescent sur les faits et gestes de son entourage marqués par la guerre. Il comprend
alors la complicité muette de sa mère vis à vis de son père, les pirouettes clownesques de
celui-ci et aussi sûrement le plus important la grandeur de l’homme et le devoir de mémoire
que tout individu doit assumer durant sa vie.
En hommage au père disparu, le jeune garçon devenu adulte se rend sous le déguisement d’un clown, à Bordeaux au
procès de Maurice Papon, l’ancien fonctionnaire du régime vichyste.
EFFROYABLES JARDINS, une histoire toute simple racontée avec beaucoup de
pudeur, des personnages d’une rare humanité, un texte d’une grande sensibilité.
extraits
- À mon avis, quelles que soient vos responsabilités dans le sabotage, vous avez tort de marcher dans la combine du
Herr Oberst... L’idéal est de l'obliger à vous fusiller tous ou aucun... Si vous lui offrez une victime expiatoire, vous
collaborez, vous le justifiez, sa proposition de choix inhumain devient raisonnable, presque
charitable...
Tous ces mots, tellement beaux, recherchés, que je m'en souviens comme des étoiles,
c'était Bernd, assis à nouveau au bord du trou. «Victime expiatoire, choix inhumain...»
- T'en parles à ton aise, a dit Henri. Vaut mieux en sacrifier un pour en sauver trois que
faire les fiers et y passer tous les quatre !
- Consentir à autrui le pouvoir de vie et de mort sur soi, ou se croire si au-dessus de tout
qu'on puisse décider du prix de telle ou telle vie, c'est quitter toute dignité et laisser le mal
devenir une valeur. Pardon d’être avec cet uniforme, du côté du mal !
EFFROYABLES JARDINS Note d’intention
Quand André Salzet m’a proposé de mettre en scène le texte de Michel Quint, EFFROYABLES JARDINS, je
me suis demandée en quoi ce récit pourrait avoir un écho suffisamment profond en moi pour que je puisse
l’offrir au public.
D’origine brésilienne, j’ai vécu, quand j’étais adolescente dans les années 70, la dictature militaire au Brésil.
L’interdit, là-bas non plus, n’avait pas de limites comme la violence d’ailleurs : interdits de se réunir, de parler,
d’écrire, de lire certains ouvrages. La censure et le silence étaient la règle ; la peur était vécue au quotidien
par tous, peur la nuit d’entendre les pas des paramilitaires venir vous enlever, peur le jour du regard du
policier ou du voisin, de l’autre qui pouvait, aussi, être du côté du mal...
EFFROYABLES JARDINS fait surgir en moi tout d’abord, les
bribes de la mémoire oubliée, les réminiscences de
l’adolescence, ce « réveil fortuit de traces anciennes dont l'esprit
n'a pas la conscience nette et distincte » dont parle Sainte-
Beuve.
Le narrateur, haut fonctionnaire à la Commission Européenne se
souvient et « conte » son histoire : le rendez-vous manqué avec
son père sur le quai de la gare de Lille en partance vers
Bordeaux doit se dérouler le procès Papon. La mort sur ce
quai de ce père instituteur, pitre, clown triste et ridicule déclenche cet insoutenable besoin de raconter et de
susciter l’image de celui qui fut la cause de toutes ses douleurs et de toutes ses hontes. Il comprend enfin, la
bravoure et la fraternité que son père, résistant, dissimule derrière son humilité.
Ce fils qui, à la mort du père tellement rejeté, est capable de faire cet effort de résurgence de la compassion
rejoint notre histoire à tous.
Ombres et lumières !
Un couloir de lumière dans la vie étriquée de ce haut fonctionnaire les ombres surgissent et s’imposent
dans son présent, si soudaines et si réelles. Il lui est impératif de se souvenir et de se raconter. Une mémoire
oubliée qui se veut perdue dans le trop plein de sentiments contradictoires, la mesquinerie de l’adolescent
face à la présence de ce père au passé dérisoire de résistant.
Sur la scène, face à un mannequin, peut être à une marionnette qui, tour à tour, représente le père, l’oncle
Gaston, le « conteur » peut, enfin se livrer sans retenue : « J’ai tout ressorti, tout épousseté » avoue-t-il.
Ombres et lumières !
Un brouhaha de hall de gare, celle aussi d’une salle des pas perdus de palais de justice. Des images
fugitives et subliminales d’une foule traversant l’espace.
Autant de fantômes évoqués par le souvenir de l’homme conteur
Autant de fantômes surgissant dans les plaidoiries du procès Papon …
Autant de fantômes enfouis dans nos vies…
Márcia de Castro
André Salzet
Formé à l'Ecole Dullin, André Salzet a joué dans La Nuit Miraculeuse, film du Théâtre du Soleil réalisé par
Ariane Mnouchkine en 1989, ainsi qu’au théâtre de l’Epée de Bois aux côtés d'Antonio Diaz Florian de 1987 à 1989
(« Volpone » de Ben Jonson, « Tamerlan » de Marlowe).
Depuis 2003, il dirige le Théâtre Carpe Diem d’Argenteuil ses activités de comédien, de metteur en scène et
d'adaptateur l'amènent à côtoyer les textes et les auteurs les plus divers ( Vaclav Havel, Cocteau, Marivaux, Boris
Vian, Prévert, Maupassant, Stefan Zweig, Thomas Bernhard ) dans une démarche volontairement ouverte et
éclectique.
Il a adapté et interprété Le Joueur d'Echecs de Stefan Zweig (1000ème) mise en scène d’Yves Kerboul et
La Colonie Pénitentiaire de Franz Kafka mise en scène de Laurent Caruana .
Poursuivant son travail sur le cit et la narration, il a décidé d’interpréter EFFROYABLES JARDINS et de monter ce
spectacle avec Márcia de Castro qui a travaillé, comme lui, sous la direction d’Yves Kerboul.
Márcia de Castro
Metteuse en scène associée au Théâtre Carpe Diem. Formée à l’Ecole Dullin et au Conservatoire National
Supérieur d’Art Dramatique de Paris, elle a joué dans plusieurs pièces dont Veillée Irlandaise de Bob Maguire au
Théâtre de l'Odéon, mise en scène de Philippe Mercier, Les Acteurs de Bonne Fois de Marivaux, mise en scène
de Philippe Adrien au théâtre de l’Athénée, Le Misanthrope de Molière mise en scène de Jean Luc Jeener
(tournée dans différents pays d’Afrique, d’Europe et du Moyen Orient).
Dans sa découverte du monde, elle poursuit sa recherche et se retrouve à Dakar elle crée la Troupe Côté
Jardin, avec des clowns sénégalais, elle y assure la mise en scène pendant 5 ans. Elle a également mis en scène
Mille francs de compense de Victor Hugo, Monsieur de Pourceaugnac de Molière. Elle vient de mettre en scène
et jouer Médée, où les apprentis marmitons… d’Emmanuel Mazauric.
Biographie de Michel Quint
Michel Quint est né en 1949 dans le Nord-Pas-de-Calais. Il est titulaire d'une licence de lettres classiques et d'une
maîtrise d'études théâtrales. L'auteur commença par écrire du théâtre pour Théâtre Ouvert, puis pour France
Culture qui diffusa ses feuilletons radiophoniques. Il obtient le Grand Prix de la littérature policière en 1989 pour
Billard à l'étage. Mais son plus grand succès est Effroyables Jardins, paru en septembre 2000. L'auteur enseigne
le théâtre au Lycée Baudelaire à Roubaix.
Oeuvres : Max (2008), Et mon mal est délicieux (2005), Aimer à peine (2002), Billard à l'étage (2002), Le Bélier
noir (1999), Sanctus (1990), A l'encre rouge, Cadavres au petit matin (1985)
MICHEL QUINT est un écrivain né en 1949 dans le Nord-Pas-de-Calais.
EFFROYABLES JARDINS Note de 1’auteur
« Je ne sais pas si j'ai bien fait de tout déballer cette vieille affaire de famille Une anecdote de la seconde guerre
comme il y en a en mille, et même pas héroïque D'abord vous avez les vôtres, d'affaires, et puis vous allez peut-être
m'en vouloir parce que c'est quand même plus confortable, je le sais d'expérience, vu qu'avant d'écrire ce bazar, j'avais
ma tranquillité, c'était plus confortable d'ignorer, d'avoir oublié complètement. Je veux dire : de plus faire le lien entre les
effroyables jardins de nos mémoires et les autres, qui continuent à fleurir sauvage, partout et sans cesse. Parce que la
barbarie c'est pas que de l'autrefois, une vieille maladie circonscrite dans l'Histoire et vaccinable à coups de dépôts de
gerbes et de commémorations. C'est du passé vivant. Evidemment, malgré tout, vécue, racontée par un clown à trois
ronds, cette affaire prend tout de suite une tournure officielle ! D'ailleurs au fond, le problème est là: est-ce que vous
pouvez, vous spectateurs, nous faire confiance ? Croire que le pire n'arrête pas de survenir et qu'on peut quand même
croire en l'humanité ? C'est donc à cela qu'on vous convie : mettez un nez rouge, ce soir, et sûrement que le monde
sera pas moins cruel mais peut-être qu'on sera un petit peu plus des hommes qui n'en détournent pas le regard. »
Michel Quint
Michel Quint a vu le spectacle le 23/01/09 et a dit :
André Salzet a bien semé, raclé, planté dans les 'Effroyables Jardins'.
Ce fut un de ces moments rares qui vous aident à aller de l'avant avec le sourire.
Le Quotidien du Spectacle Vivant en Europe, depuis 2003.
EFFROYABLES JARDINS PROLONGATIONS JUSQUAU 22 MARS 09
UN SACRÉ COMEDIEN !
Avec la même fougue que pour « Le Joueur d’Echecs » qu’il interprète en alternance avec
« Effroyables jardins », André Salzet s’empare du texte de Michel Quint sur la scène du théâtre
Saint-Martin. Une performance incandescente.
Michel Quint, présent ce soir-là, fut catégorique : « C’est un texte très difficile à mémoriser ».
Tournures de phrases, pluralité des registres de langues, multiplicité des personnages auxquels il
faut, sur la scène, insuffler corps, vie et identité : autant d’éléments qui compliquent plus encore le
« simple » travail de la mémorisation. André Salzet relève ce défi. Ce double défi même, puisqu’il
joue ce texte en alternance une semaine sur deux avec « Le Joueur d’Echecs » de Zweig sur cette
même scène immense du théâtre Saint-Martin.
Ecrits avec plus de 50 ans de distance, ces deux textes révèlent de
troublantes ressemblances qui éclairent le pari du comédien. Même
construction en abîme, même puissance narrative romanesque d’un sujet à
fort ancrage historique, potentiellement lacrymogène mais traité avec dignité,
sans pathos ni démagogie et plaçant l’Homme au cœur du débat.
Romanesque et historique
Le narrateur se souvient de son père, l’instituteur de la commune, et
de son incoercible propension à se faire remarquer de ses co-
villageois en se déguisant en clown à la moindre occasion, sans se
soucier du qu’en-dira-t-on populaire mais surtout du « qu’en-rira-t-
on » des camarades d’école du fiston. Qu’est-ce qui poussait cet
homme à ainsi se grimer et amuser la galerie ? C’est le cousin
Gaston qui prend la parole et explique ce clownesque credo de l’instit’
que son fils prenait pour l’idiot du village.
Photo Michel Paret
« Ce texte, c’est quatre-vingts pour cent de fiction » affirme l’auteur. Le faible reliquat suffit
pourtant à ancrer ce récit magnifique dans une réalité historique prégnante et un sujet brûlant. Au-
delà du devoir de mémoire, c’est l’Homme qui intéresse Michel Quint comme il habite toute
l’œuvre de Zweig. Il est exploré ici sous la forme la plus romanesque, ce que Quint revendique
haut et fort : il est romancier avant tout, pas homme de théâtre.
Pourtant, sur la scène, le travail d’André Salzet nous en ferait presque douter. S’accaparant ce
noble terreau, le comédien y fait pousser des champs émotionnels rares. Avec la même aisance
que chez Zweig à se fondre dans tous les personnages, il est magistral. Aussi bouleversant dans
la peau de ce Gaston qui se délivre d’un secret pour rendre sa dignité à un homme qui l’a perdue
aux yeux de son fils que drôle et touchant en garde SS un peu lunaire, il livre une performance à
mi-chemin entre un réalisme induit par les situations et un soupçon de mystère propre à l’univers
du conte. Ce juste équilibre souligne les formes et la richesse de ce texte mis en scène avec
sobriété par Márcia de Castro et auquel le comédien transmet toute la générosité, l’humour, la
tendresse et, précisons-le, toute la force ludique et pédagogique à la fois.
Franck BORTELLE (Paris) - http://www.ruedutheatre.info/ - Vendredi 30 janvier 2009
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