Elle est ferme, courageuse et optimiste. Pourtant, elle ne se rend que trop bien compte de ce
dans quoi elle s’est lancée. « Je saurai quoi faire durant les quatre prochaines années », plaisante
Maggie De Block. « J’ai du pain sur la planche ». En tant que ministre de la Santé publique et des
A aires sociales dans le gouvernement fédéral Michel, elle gère un super département. « Mais en
tant que médecin généraliste, je devais prendre toutes les décisions toute seule. Ici, je travaille
avec une magni que équipe polyvalente ».
>> Interview avec la
ministre de la Santé
Maggie De Block
« Il y a de la place pour les nouvelles techniques et les nou-
veaux remboursements. Mais nous devons également avoir le
courage de veiller à l’utilisation abusive, double et ine cace.
Quels sont pour vous les trois principaux
dé s dans les soins de santé ?
Maggie De Block : Préserver la qualité, as-
surer l’accessibilité ainsi que garantir des
prix abordables, tant pour les personnes
que pour le gouvernement. Le l conduc-
teur est que les soins de santé doivent être
entièrement au service du patient. C’est le
noyau de notre système et non tout ce qui
tourne autour.
En outre, il doit y avoir des objectifs en ma-
tière de santé. Les soins de santé ne peu-
vent pas être un navire avançant sans gou-
vernail. Il y aura un trajet pluriannuel dans
lequel chacun, et je cite l’exemple du sec-
teur pharmaceutique, saura où il se situe
dans une perspective un peu plus large. La
norme de croissance est de 1,5 pour cent.
Cela signi e que, dans les cinq prochaines
années, seulement 2,188 milliards d’euros
supplémentaires devront être investis. Il y
a de la place pour les nouvelles techniques
et les nouveaux remboursements. Mais
nous devons également avoir le courage
de veiller à l’utilisation abusive, double
et ine cace. C’est pourquoi nous voulons
la preuve scienti que que la technique,
l’examen, l’opération que vous subissez
amélioreront vos chances de survie ou la
qualité de votre vie.
Comment voyez-vous le rôle des mutuali-
tés dans la politique de santé ?
Les mutualités ont en grande partie auto-
matisé et informatisé leur pure fonction de
remboursement de sorte qu’il y a de l’espa-
ce pour d’autres tâches. Elles peuvent dé-
sormais mettre l’accent sur les explications
et les conseils, et sur l’octroi automatique
de droits à leurs membres. Les mutualités
seront également amenées à collaborer da-
vantage, a n que des données anonymes
puissent être échangées plus facilement
aussi bien entre elles qu’avec l’INAMI.
Nous souhaitons que les mutualités moti-
vent plus leurs membres à transmettre plus
vite des plaintes, de sorte qu’elles puissent
être communiquées au service de média-
tion de l’hôpital, ou qu’il soit possible
d’intervenir contre les médecins ou les
hôpitaux qui dépassent les bornes en cas
de fautes légales ou déontologiques, car
chaque patient a droit à la même qualité
de soins. Nous désirons également que
les patients aient un rôle plus actif. Mais,
rien qu’en Flandre, il y a déjà plus de 500
organisations de patients. Elles devront
s’organiser et désigner un porte-parole.
La prévention et la promotion de la
santé restent également des missions
importantes des mutualités. Elles les
exécutent déjà. Je pense à la conscienti-
sation autour d’une alimentation saine,
de l’exercice physique, de l’utilisation
responsable des médicaments, etc.
La communication est importante pour
le patient.
Terriblement importante. Les personnes
attendent des heures et des jours dans les
hôpitaux avant de voir une porte s’ouvrir.
Souvent, elles reçoivent une réponse
incomplète ou vide de sens, fréquemment
dans une langue qu’elles ne comprennent
pas. Parfois, elles n’osent plus monter
dans leur voiture par la suite tellement
elles sont émues. Il y aura évidemment
toujours des médecins qui communique-
ront mieux que d’autres. Heureusement,
on travaille aussi à cela dans la formation.
Le dossier médical électronique avec un
médecin généraliste et même un pharmacien
xes peut aider dans ce domaine. Ils connais-
sent vos antécédents médicaux et pharma-
ceutiques. Votre dentiste ou un spécialiste à
l’hôpital peuvent aussi véri er dans celui-ci si
vous prenez des anticoagulants, par exemple.
D’ici 2019, nous devrons convaincre beau-
coup plus de gens de donner leur consente-
ment pour le dossier médical électronique.
« Tout doit être mis
au service du patient »