16 8 h 00 C’est l’heure du petit-déjeuner
© Groupe Eyrolles
Bertrand : Un crédit limité, je le crains. Les scientifiques
sont unanimes pour dire que l’efficacité éventuelle des pro-
biotiques repose en partie sur le nombre de bactéries qu’ils
contiennent. Or 90 % des étiquettes restent muettes sur la
question. En outre, puisque les probiotiques font état
d’effets sur la santé, la moindre des choses serait de préciser
les doses à consommer pour obtenir ces effets. Mais sur ce
point aussi, la plupart des fabricants préfèrent garder le
silence. Autrement dit, même avec la plus grande attention,
il n’est pas évident de se faire une idée précise…
Catherine : Quelle conclusion faut-il tirer d’un tel flou ?
Bertrand : Que le décalage est immense entre la science des
probiotiques, encore récente et aux incertitudes nombreu-
ses, et les allégations publicitaires qui vendent la peau de
l’ours. Les bactéries en question sont prometteuses, chacun
l’admet, mais les études cliniques ne démontrent pas encore
de façon incontestable les bienfaits des probiotiques, à plus
forte raison sur le long terme. Alors, comme souvent en
pareil cas, le marketing a anticipé sur la science et joue sur
les ambiguïtés, les non-dits…
Xavier : Si je te suis bien, il n’y a plus qu’à attendre. C’est
l’avenir qui donnera raison ou tort au marketing…
Bertrand : Oui. Si dans quelques années, les médecins accré-
ditent définitivement les bienfaits attribués aux probiotiques,
tout ira pour le mieux. Si ces bienfaits ne sont pas confirmés,
on pourra alors parler d’arnaque commerciale. Et si par mal-
heur, des effets nocifs pour la santé sont constatés à poste-
riori, tu verras apparaître un énième scandale alimentaire.
Seule certitude aujourd’hui, à la caisse, les yaourts qui pré-
tendent s’occuper de notre santé sont plus chers que les
yaourts ordinaires. Et ça, tu as dû t’en apercevoir.