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un « jeu » (
• p. 139
),
terme équivoque (jeu des comédiens et
jeu de la dénonciation indirecte).
– Texte écrit en alexandrins ; images et références mytho-
logiques (•
p. 136
,
• p. 139
) ; emphase peu naturelle (cf. le
serment de la reine de comédie qui précède l’entrée de
Lucianus,
• p. 138
) ; langage alambiqué (« trente fois douze
lunes », « douze fois trente tours », •
p. 136
).
– Double énonciation : ressort de l’accusation. Ex : tirade
du roi (
• p. 137-138
) = réquisitoire d’outre-tombe dirigé
contre la reine.
2. Dénonciation de l’inconstance, la duplicité et la concu-
piscence de la reine :
– Répétition suspecte du mot « amour » comme si elle
avait besoin de se convaincre elle-même des sentiments
qu’elle porte à son époux.
– Le personnage qui la représente prononce des serments
qui jurent avec la situation (« La lune et le soleil fassent
autant de voyages/Avant que notre amour quitte ce rivage » ;
« Or, malgré mon tourment/il ne faut, monseigneur douter
aucunement », •
p. 136
). Peu de crédibilité des serments mis
en évidence par la comparaison avec un « fruit vert »
(•
p. 137
).
– La reine de comédie est comme un miroir accusateur
tendu par Hamlet à sa mère coupable de trahison (« Qui en
prend un second a occis le premier » : ce dernier vers sonne
comme une accusation sans appel). Écho dans la suite de la
réplique : remariage de nouveau assimilé à un crime (« et je
tue mon mari une seconde fois/Lorsqu’un second mari
m’embrasse entre les draps », •
p. 137
).
– Oxymores : écart entre les paroles et les actes, l’incons-
tance du caractère : « Peine se réjouit, Joie pleure dès qu’il
vente » (•
p. 138
).
– « Mariage » rime avec « avantage » (•
p. 137
) ; écho
dans la tirade du roi à travers un chiasme : « amour mène-t-il
Fortune, ou bien Fortune Amour ? » : thème de la cupidité.
– Invocation finale de la reine de comédie, qui fait réfé-
rence à la situation au moment de l’énonciation : rappel inso-
lent de ce qui menace la mère d’Hamlet : « Ici et en tout lieu,
suivez-moi, maux sans fin,/Si veuve devenue, épouse je
redeviens » (•
p. 138
).