UNIVERSITE PARIS VAL- DE- MARNE FACULTE DE MEDECINE DE CRETEIL ANNEE 2005 THESE POUR LE DIPLOME D’ETAT DE DOCTEUR EN MEDECINE Discipline : Médecine Générale -------------Présentée et soutenue publiquement le à CRETEIL ( PARIS XII ) -------------Par OUDDANE Rania Née le 28 Novembre 1976 à Coulommiers -------------TITRE : MOTIFS ET FACTEURS PREDICTIFS D’HOSPITALISATION DES PATIENTS PRESENTANT UNE LOMBORADICULALGIE D ’ALLURE MECANIQUE DIRECTEUR DE THESE : LE CONSERVATEUR DE LA Mme Stéphanie Durieux BIBLIOTHEQUE UNIVERSITAIRE Signature du Directeur de thèse Cachet de la bibliothèque universitaire 1 UNIVERSITE PARIS VAL- DE- MARNE FACULTE DE MEDECINE DE CRETEIL ********************* ANNEE 2005 THESE POUR LE DIPLOME D’ETAT DE DOCTEUR EN MEDECINE Discipline : Médecine Générale -------------Présentée et soutenue publiquement le à CRETEIL ( PARIS XII ) -------------Par OUDDANE Rania Née le 28 Novembre 1976 à Coulommiers -------------TITRE : MOTIFS ET FACTEURS PREDICTIFS D’HOSPITALISATION DES PATIENTS PRESENTANT UNE LOMBORADICULALGIE D ’ALLURE MECANIQUE DIRECTEUR DE THESE : LE CONSERVATEUR DE LA Mme Stéphanie Durieux BIBLIOTHEQUE UNIVERSITAIRE Signature du Directeur de thèse Cachet de la bibliothèque universitaire 2 Remerciements A mon père qui m’a transmis son amour pour la médecine A ma mère qui m’a toujours épaulée A mon frère Nabil qui a su rester patient A Anne -Sophie, Maryam et Ingrid avec lesquelles j’ai passé d’excellents moments durant ces 9 années d’études A Ariane et Karine qui me sont chères A Steffi, Emma, Tarik, et Sam pour leur aide A Ayden pour son aide statistique 3 A Monsieur le Président et les membres du jury Je suis sensible à l’honneur que vous me faites de juger ce travail. Veuillez trouver ici l’expression de mon profond respect. 4 A ma directrice de thèse le Dr Stéphanie Durieux Tu as accepté de diriger cette thèse avec un entrain et une patience toujours soutenus. Je te remercie pour ton aide précieuse, tes remarques pertinentes et ta disponibilité. 5 Au Pr Rouveix et au Pr Raffin-Sanson Au Dr Bompard Au Dr Baudouy Au Dr Cazalis Au Dr Demoucron mon maître de stage Merci pour toutes les connaissances que vous m’avez apportées et pour les bons moments passés à vos côtés. 6 A toute l’équipe de rhumatologie, de pédiatrie et de cardiologie de l’hôpital Saint Michel Cela a été très agréable de travailler avec vous. 7 TABLES DES MATIERES 8 INTRODUCTION ……………………………………………………………p 11 ETAT DES CONNAISSANCES ........................................................p 13 1. Epidémiologie de la lomboradiculalgie ……………………….p 14 1.1 Prévalence ……………………………………………………...p 14 1.2 Incidence ………………………………………………………..p 15 1.3 Facteurs favorisants …………………………………………...p 15 1.3.1 Facteurs professionnels 1.3.2 Facteurs sociaux 1.3.3 Facteurs psychologiques 1.3.4 Facteurs génétiques 1.3.5 Facteurs constitutionnels 1.3.6 Facteurs acquis 1.4 Le coût des lomboradiculalgies ………………………………p 19 2. Physiopathologie …………………………………………………p 21 2.1 Rappel clinique …………………………………………………p 21 2.1.1 Lombosciatique discale 2.1.2 Lombocruralgies 2.1.3 Lomboradiculalgies arthrosiques 2.2 Physiopathologie de la souffrance radiculaire ………………p 23 2.2.1 Lomboradiculalgies discales 2.2.2 Lomboradiculalgies arthrosiques 3. Prise en charge ……………………………………………………p 25 3.1 Traitement conservateur ………………………………………p 25 3.2 Traitement radicaux ……………………………………………p 26 3.2.1 Techniques percutanées 3 .2.2 Traitement chirurgical 3.3 Stratégies des examens complémentaires ………………….p 27 3.3.1 Radiographies standards 3.3.2 Scanner du rachis lombaire 3.3.3 Imagerie par résonance magnétique 9 3.3.4 Saccoradiculographie 4. Les motifs d’hospitalisation …………………………………….p 29 4.1 L’urgence ………………………………………………………..p 29 4.1.1 La lomboradiculalgie hyperalgique 4.1.2 La lomboradiculalgie associée au syndrome de la queue de cheval 4.1.3 La lomboradiculalgie paralysante 4.2 Les autres motifs d’hospitalisation …………………………...p 30 4.2.1 Les raisons médicales 4.2.2 Les raisons non médicales 4.3 les facteurs de risque d’hospitalisation ………………………p 32 5. Rôle des facteurs socio-économiques sur le pronostic des lomboradiculalgies ……………………………………………….p 33 5.1 Evolution naturelle des lomboradiculalgies ………………....p 33 5.2 Rôle des facteurs socio-économiques sur l’évolution des lomboradiculalgies ……………………………………………. p 33 6. Retentissement sur la qualité de vie des patients ………….p 35 6.1 Evaluation de la douleur ………………………………………p 35 6.2 Evaluation de l’incapacité ……………………………………..p 36 6.3 Evaluation générique de la qualité de vie …………………...p 36 6.4 Indices de qualité de vie dans les lomboradiculalgies ……..p 37 BUT DE L’ETUDE …………………………………………………………p 39 METHODE DE L’ETUDE ………………………………………………...p 41 1. Type de l’étude …………………………………………………….p 42 2. Méthode de sélection des patients …………………………….p 42 3. Méthode de l’intervention ………………………………………..p 43 3.1 Données recueillies par le médecin ……………………….....p 43 3.2 Données recueillies par le patient …………………………….p 45 10 3.2.1 Questionnaire patient 3.2.2 Questionnaire Dallas Pain 3.2.3 Questionnaire Eifel 3.2.4 Questionnaire SF 36 4. Méthode d’évaluation ………………………………………….....p 47 RESULTATS ………………………………………………………………...p 48 1. Données descriptives ……………………………………………p 49 1.1 Les caractéristiques morphologiques des patients ………...p 49 1.2 Antécédents …………………………………………………….p 50 1.3 Traitements déjà reçus pour la douleur …............................p 52 1.4 Caractéristique de la douleur …………………………………p 52 1.5 Caractéristiques radiologiques …………………………….....p 53 1.6 Données socio-professionnelles …………………………......p 55 1.7 Motifs d’hospitalisation ………………………………………...p 56 2. Evaluation du retentissement de la lomboradiculalgie sur la qualité de vie……………… ………………………………p 59 3. Analyse des variables discrètes ……………………………….p 61 DISCUSSION ………………………………………………………………..p 62 CONCLUSION ……………………………………………………………....p 68 BIBLIOGRAPHIE …………………………………………………………..p 70 11 INTRODUCTION 12 En 1985, 30 000 patients ont été hospitalisés dans les hôpitaux de Paris pour pathologie ostéo-articulaire non traumatique dont 6 643 malades pour lombalgie ou lomboradiculalgie (13). Le coût de leur hospitalisation s’élevait à 121 millions de francs soit 18 millions d’euros. L’hospitalisation des patients pour une lomboradiculalgie d’origine mécanique, qu’il s’agisse d’une lombosciatique ou d’une lombocruralgie n’est pas toujours sollicitée par les praticiens ou par les patients pour un motif médical (4). Les facteurs socio-professionnels entrent probablement en jeu. De plus, ces patients subissent un retentissement sur leur qualité de vie, souhaitent guérir plus rapidement et ont donc des exigences pour récupérer leur qualité de vie antérieure. Une étude française en 1999 a montré que les motivations d’hospitalisation étaient un amalgame de problèmes somatiques, psychologiques et sociaux (4).Cependant il n’a pas été tenu compte des indices de qualité de vie. Dans cette étude, nous avons essayé de déterminer les facteurs prédictifs et les motifs d’hospitalisation des patients ayant eu une lomboradiculalgie en appréciant les facteurs médicaux et socio-professionnels ainsi que la qualité de vie. 13 ETAT DES CONNAISSANCES 14 1. EPIDEMIOLOGIE DE LA LOMBORADICULALGIE 1.1 Prévalence Il n’est pas facile d’évaluer la prévalence de la lomboradiculalgie car peu d’études existent dans la littérature à ce sujet. La plupart d’entre elles analysent la prévalence de la lombalgie seule ou d’autres celle de la pathologie lombaire incluant les lombalgies et lomboradiculalgies sans discernement. En 1975, la fréquence des sciatiques a été étudiée à partir d’une enquête réalisée par l’INSERM auprès d’un échantillon de 2012 médecins généralistes et spécialistes, représentatif des médecins libéraux en France. Seulement 0,7 % des patients a fait l’objet d’une notification de sciatique soit 1,5 millions de recours à la médecine libérale (7). La prévalence des sciatiques a été estimée à 8,3 pour mille. Soixante quinze pour cent des consultations concernaient des sujets âgés de 35 à 65 ans. Compte tenu de la méthode employée pour estimer la prévalence des sciatiques, on ne peut parler que d’un ordre de grandeur. Cependant, ce dernier était assez proche de ce que l’on pouvait observer à l’étranger (Etats-Unis et Royaume-Uni) (7). En 1984, une enquête a été réalisée auprès des rhumatologues et des médecins généralistes membres du réseau épidémiologique de la société française de rhumatologie (RESFR), afin de déterminer la fréquence des lombalgies et des lomboradiculalgies en consultation (13). La fréquence de ces deux pathologies représentait 23,5 % des 5600 consultants auprès des rhumatologues et 2 % des 11000 consultants auprès des médecins généralistes. En 1994, le Haut Comité de la Santé Publique a conclu dans un rapport, grâce à une enquête du Credes réalisée en 1992 sur un échantillon de 21000 personnes représentatives de la population générale, que plus de 9 % de patients souffraient de pathologies discales, de lombalgies ou de sciatiques. L’enquête similaire réalisée 10 ans plutôt révélait une prévalence égale à 5,7 % (26). A l’étranger, dans une étude finlandaise incluant 3322 hommes et 3895 femmes âgés de 30 à 75 ans, en 1988, Héliövaara retrouve une prévalence de lombosciatiques de 5,1 % pour les hommes et de 3,7 % pour les femmes à l’issue d’un examen médical (30). 15 Les données descriptives disponibles dans la littérature permettent de conclure à une prévalence des lomboradiculalgies variant de 0,8% à 9% avec une augmentation de ce chiffre au cours des 30 dernières années. 1.2 Incidence En France, Caillard et al. ont montré une incidence annuelle de 10,7 % sur une population de 2547 travailleurs de 5 secteurs à risque : transport ferroviaire, industrie automobile, métallurgie, bâtiment - travaux publiques et hôpital (9). Dans 81,9% des cas, il s’agissait d’une lombalgie simple et dans 18,1 % des cas d’une lomboradiculalgie . Quant à Riihimäki et al. , ils ont calculé l’incidence des lomboradiculalgies dans une étude longitudinale finlandaise faite sur un suivi de 3 ans de 3 populations professionnelles masculines (opérateurs sur machines-outils, charpentiers, employés de bureau) (57). Les auteurs trouvent des incidences à 3 ans très élevées avec 24 % pour les charpentiers, 22 % pour les opérateurs machines-outils et 14 % pour les employés de bureau. Ils se sont interrogés sur l’importance de ces chiffres et pensent qu’il ne faut pas exclure des erreurs de mémorisation parmi les personnes interrogées, certaines se déclarant à tort indemnes de lomboradiculalgie avant la période de suivi (57). L’incidence paraît donc plus élevée dans certaines populations à risque. 1.3 Facteurs favorisants 1.3.1 Facteurs professionnels Une revue de qualité méthodologique correcte a permis d’identifier 35 articles disposant de données quantitatives sur les facteurs de risque de pathologies rachidiennes au travail (8). Seize études évaluant les facteurs de risques physiques ont montré une association entre le port de charge et la pathologie rachidienne (lombalgies et lomboradiculalgies). L’odds ratio, utilisé dans les études cas-témoins pour appréhender le risque relatif qui ne peut pas être calculé directement, variait de 1,12 à 3,07. Neuf des 10 études qui évaluaient l’association entre mouvements en flexion, rotation, torsion et la pathologie rachidienne ont montré une forte association avec des odds ratio variant entre 1,29 et 8,09. L’exposition du corps aux vibrations 16 était également un facteur de risque fréquemment observé chez les utilisateurs de pelleteuses, de chariot élévateurs, de conducteurs de grue… (12 études sur 13 qui l’étudiaient retrouvaient une association positive) (8). Concernant ce dernier point, une méta- analyse bien conduite, réunissant 45 articles parus entre 1986 et 1997, a été publiée en 1998 (6). Dix sept études étaient de bonne qualité et ont évalué les emplois de conducteurs de bus, tracteurs, grues et camions. La prévalence était augmentée de façon significative chez les personnes exposées aux vibrations d’un facteur 2,3 pour les lombalgies et d’un facteur 2 pour les lomboradiculalgies. La position assise prolongée pouvait être évoquée comme un facteur associé chez ces conducteurs (50). Kelsey et al. ont d’ailleurs démontré le rôle de la conduite automobile (exposition à des vibrations associée à des postures prolongées) dans la survenue de hernies discales responsables de lomboradiculalgie (35). Désormais, depuis le 15 février 1999, deux nouveaux tableaux de maladies professionnelles ont été annexés au livre IV du code de la sécurité sociale (tableau n° 97 et 98) .Ils concernent les affections chroniques du rachis provoquées par les travaux exposant soit aux vibrations transmises au corps entier, soit au port de charges. Les patients ayant une sciatique par hernie discale L4L5 ou L5S1 avec une atteinte radiculaire, ou une radiculalgie crurale par hernie discale L2L3, L3L4 ou L4L5 avec atteinte radiculaire de topographie concordante, exposés pendant au moins 5 ans à l’agent causal professionnel, peuvent prétendre à une reconnaissance en maladie professionnelle. Le tableau n° 97 se rapporte aux affections chroniques du rachis lombaire, provoquées par des vibrations de basses et moyennes fréquences transmises au corps entier et le tableau n° 98 se rapporte à celles provoquées par la manutention manuelle de charges lourdes (voir tableau 1). La colonne de gauche désigne les pathologies. Dans la colonne centrale, le délai de prise en charge est indiqué : il s’agit du temps pendant lequel la présomption d’origine sera encore retenue après la cessation de l’exposition au risque. La colonne de droite donne la liste des travaux retenus susceptibles de provoquer les lomboradiculalgies (25). 17 Tableau 1 : Tableaux des maladies professionnelles n° 97 et 98 relatifs aux affections chroniques du rachis lombaire Tableau n° 97 : Affections chroniques du rachis lombaire provoquées par des vibrations de basses et moyennes fréquences transmises au corps entier DÉLAI de prise en charge DÉSIGNATION DES MALADIES Sciatique par hernie discale L4L5 ou L5-S1 avec atteinte radiculaire de topographie concordante. Radiculalgie crurale par hernie discale L2-L3 ou L3-L4 ou L4L5, avec atteinte radiculaire de topographie concordante. LISTE LIMITATIVE DES TRAVAUX susceptibles de provoquer ces maladies Travaux exposant habituellement aux vibrations de basses et moyennes fréquences transmises au corps entier : - par l'utilisation ou la conduite des engins et véhicules tout terrain : chargeuse, pelleteuse, 6 mois chargeuse-pelleteuse, niveleuse, rouleau vibrant, (sous réserve camion tombereau, décapeuse, chariot élévateur, d'une durée chargeuse sur pneus ou chenilleuse, bouteur, tracteur d'exposition de 5 agricole ou forestier ; ans). - par l'utilisation ou la conduite des engins et matériels industriels : chariot automoteur à conducteur porté, portique, pont roulant, grue de chantier, crible, concasseur, broyeur ; - par la conduite de tracteur routier et de camion monobloc. Tableau n° 98 : Affections chroniques du rachis lombaire provoquées par la manutention manuelle de charges lourdes DÉSIGNATION DES MALADIES Sciatique par hernie discale L4-L5 ou L5-S1 avec atteinte radiculaire de topographie concordante. Radiculalgie crurale par hernie discale L2-L3 ou L3-L4 ou L4-L5, avec atteinte radiculaire de topographie concordante. DÉLAI de prise en charge 6 mois (sous réserve d'une durée d'exposition de 5 ans). LISTE LIMITATIVE DES TRAVAUX susceptibles de provoquer ces maladies Travaux de manutention manuelle habituelle de charges lourdes effectués : - dans le fret routier, maritime, ferroviaire, aérien ; - dans le bâtiment, le gros oeuvre, les travaux publics ; - dans les mines et carrières ; - dans le ramassage d'ordures ménagères et de déchets industriels ; - dans le déménagement, les garde-meubles ; - dans les abattoirs et les entreprises d'équarissage ; - dans le chargement et le déchargement en cours de fabrication, dans la livraison, y compris pour le compte d'autrui, le stockage et la répartition des produits industriels et alimentaires, agricoles et forestiers ; - dans le cadre des soins médicaux et paramédicaux incluant la manutention de personnes ; - dans le cadre du brancardage et du transport des malades ; - dans les travaux funéraires. 18 1.3.2 Facteurs sociaux Certains paramètres socio-démographiques et économiques ont été étudiés . Un niveau d’études bas et des revenus modestes sont apparus plus fréquents chez les sujets présentant une lombalgie ou une lomboradiculalgie, même après la prise en compte de la profession exercée et des conditions de travail (18). Le célibat, le divorce, l’alcoolisme, l’association à d’autres douleurs chroniques (migraine …) et un temps de transport élevée ont été également trouvés associés à la pathologie lombaire (5). 1.3.3 Facteurs psychologiques Une étude finlandaise a évalué l’influence de plusieurs facteurs sur la prévalence des lombalgies et des radiculalgies chez environ 8000 sujets âgés de 30 à 64 ans (29). Une radiculalgie est retrouvée chez 5,6 % d’entre eux. La somme des indices de stress physique et mental (travail inintéressant, peur de faire des erreurs, emploi du temps chargé) est directement proportionnelle à la prévalence des radiculalgies. Héliövaara et al. ont montré au cours d’une étude prospective sur 11 ans, incluant 57 000 patients, que la détresse psychologique et les troubles psychosomatiques (palpitations, sueurs excessives, nervosité, fatigue) constituaient des facteurs de risques d’apparition de radiculalgie surtout chez les femmes (28). 1.3.4 Facteurs génétiques Une étude finlandaise étudiant un panel de 9365 jumeaux entre 1972 et 1985 a montré que les facteurs génétiques étaient responsables pour 20 % des sciatiques et les facteurs environnementaux pour 80 % (27). 1.3.5 Facteurs constitutionnels Dans une étude de l’armée américaine et dans une étude finlandaise il a été montré qu’une grande taille était un facteur prédictif de hernie discale avec un risque relatif égal à 2,3 chez les hommes mesurant plus de 180 cm et égal à 3,7 chez les femmes de plus de 169 cm dans l’étude finlandaise (30,32). Quant à l’obésité, son rôle n’est pas clairement démontré dans la survenue des hernies discales. Une méta-analyse réunissant 65 études à propos du lien entre le surpoids et les lombalgies ou les radiculagies, parus entre 1965 et 1997, a été 19 publiée en 2000 (38). Seulement 32 % des études ont trouvé une association entre le surpoids et la pathologie lombaire. La prévalence d’une radiculalgie est plus élevée dans la tranche d’âge 45-64 ans (7, 29, 30). Il existe une prédominance masculine (29,30). Cependant en 1975, une enquête de l’INSERM réalisée sur 21 000 patients ne mettait pas en évidence de différence significative entre les hommes et les femmes (7). Ceci peut s’expliquer par le fait que certaines études évaluent une population générale et d’autres une population professionnelle ciblée. 1.3.6 Facteurs acquis La grossesse pourrait précipiter ou aggraver l’apparition de lombalgies ou de lomboradiculalgies (29). La fréquence des lombalgies est très grande pendant la grossesse : 56 % dont la moitié s’accompagne de sciatique (20). Des antécédents de lombalgies ou de sciatiques avant la grossesse contribuent à la présence de lombalgies ou lomboradicualgies chez la femme enceinte (47). 1.4 Le coût des lomboradiculalgies En 1987, la Caisse Primaire de l’Assurance Maladie de la Haute-Vienne a répertorié 4 500 dossiers de sciatiques dont 583 traités chirurgicalement ce qui représente hors indemnités et versements de pensions d’invalidité un coût total de 35 millions de francs (plus de 5 millions d’euros), les arrêts de travail en grèvent largement le coût (65). En ambulatoire, le traitement médical revient à 443 francs (68 euros) pour une durée de 3 semaines auquel il faut rajouter éventuellement les indemnités journalières, la prescription d’un lombostat (1 700 francs soit 260 euros) et les radiographies du rachis lombaire face et profil (360 francs soit 55 euros) (65) . Concernant l’hospitalisation, dans le cadre d’une étude intéressant 253 patients atteints de lombalgies, sciatiques et cruralgies en 1980, Deshayes et al. ont noté que le prix global moyen était de 10 996 francs (1679 euros), représentant les frais de séjour (16).Les frais d’actes médicaux correspondaient à 3 à 4 % de l’ensemble. Les frais de séjour ont été calculés sur la base d’un prix de journée forfaitaire qui était en 1980 de 626 francs (95,5 euros) multiplié par le nombre de journées d’hospitalisation, auxquels il fallait rajouter le prix des actes médicaux pour obtenir le prix global moyen. Pour ces auteurs, les seules mesures d’économie possibles 20 étaient de favoriser l’hospitalisation de jour et la réduction de la durée d’hospitalisation (16). En 1985, le coût de l’hospitalisation traditionnelle concernant les patients atteints de lombalgies et de lomboradiculalgies en Ile de France représentait 1,2 % du budget global de l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris, soit un peu plus de 121 millions de francs (plus de 18 millions d’euros)(13). Cependant, il n’est pas possible d’extrapoler ces coûts à la France entière et la littérature ne compte pas, à ma connaissance, d’étude sur le coût des lomboradiculalgies à l’échelle nationale. A titre informatif, en 2003, le prix de journée en médecine équivaut désormais à 519,95 euros et le prix d’une hospitalisation de jour est égal à 362 euros. Mais ces prix englobent les divers actes medicaux (biologie, radiographies, corsets plâtrés…). Concernant les lombalgies simples, le coût financier de la prise en charge médicale excède 8 milliards de francs par an (21). Dans le cadre de l’assurance accident du travail, 13% des 830 000 accidents annuels avec arrêt d’activité sont liés à la survenue d’une lombalgie. Le coût annuel dans ce contexte est de 3,8 milliards de francs (21). Dans le cadre de l’assurance maladie, 7 % des arrêts de travail sont la conséquence d’une lombalgie avec 12 millions de journées de travail indemnisés chaque année pour ce motif (21). 21 2. PHYSIOPATHOLOGIE 2.1 Rappel clinique Les lomboradiculalgies de type mécanique comprennent les lombosciatiques d’origine discales et / ou arthrosiques ainsi que les lombocruralgies d’origine discales et / ou arthrosiques. Elles s’opposent aux lomboradiculalgies symptomatiques révélatrices d’affections rachidiennes et extra rachidiennes diverses (inflammatoires, infectieuses, tumorales…). 2.1.1 Lombosciatique discale La lombosciatique discale est généralement unilatérale, monoradiculaire de type L5 ou S1, précédée habituellement de lombalgies aiguës. La radiculalgie de type L5 démarre à la fesse, passe par la partie postéro-externe de la cuisse, la face externe du genou et de la malléole externe, le dos du pied, le gros ou les 2 ou 3 premiers orteils. Il peut exister un déficit des muscles des loges antéro -externes de la jambe (releveur du gros orteil, péroniers latéraux) (24). La radiculalgie de type S1 commence son trajet au niveau de la fesse, passe par la face postérieure de la cuisse, le creux poplité, le mollet, le talon, la plante ou le bord externe du pied jusqu’au 5ème orteil. L’atteinte du réflexe achilléen traduit avec certitude une souffrance S1. Il peut exister un déficit des muscles de la loge postérieure (triceps sural, fléchisseur des orteils) (24). L’irradiation radiculaire est généralement accompagnée d’un syndrome lombaire qui se manifeste par une douleur lombosacrée, une raideur segmentaire liée à la contracture des muscles paravertébraux et à une attitude antalgique. L’absence totale de syndrome rachidien peut faire discuter une sciatique tronculaire ou une hernie rompue et migrée. Cependant, au moment de l’examen clinique, ce syndrome peut être absent mais l’interrogatoire révèlera sa présence dans les antécédents récents. La sciatalgie peut être bilatérale en cas de hernie médiane volumineuse et lorsque le canal lombaire est un peu étroit. Elle peut passer d’un membre à l’autre lorsqu’il 22 s’agit de la migration d’une hernie exclue. Le trajet de la sciatique peut être biradiculaire en cas de volumineuse hernie L4L5 ou L5S1 (24). L’impulsivité de la douleur sciatique aux efforts de toux, d’éternuement et de défécation est un caractère significatif du conflit disco-radiculaire ainsi que le signe de Lasègue. Lorsque ce signe est controlatéral, il témoigne d’une hernie de gros volume. 2.1.2 Lombocruralgies Il s’agit de lomboradiculalgies affectant une des racines du nerf crural. Elles sont nettement moins fréquentes que les lombosciatiques (2 à 5% des lomboradiculalgies). Le syndrome rachidien est moins net que dans la sciatique. On note fréquemment des antécédents de lombalgies (53). Dans la radiculalgie L3, la douleur née à la partie supéro-externe de la fesse, croise la région trochantérienne, irradie au tiers inférieur de la face antérieure de la cuisse et à la face interne du genou. Dans la radiculalgie L4, la douleur un peu plus externe suit la partie moyenne de la fesse, la face externe de la cuisse à sa partie moyenne, puis la face antérieur au tiers inférieur, passe sur la face antérieur du genou et longe la face antéro-interne de la jambe jusqu’au cou de pied. La cruralgie s’associe plus souvent à des dyesthésies à type de brûlure et à une recrudescence nocturne par rapport à la sciatique. L’abolition du réflexe rotulien ne permet pas de distinguer une atteinte radiculaire L4 ou L3 (53). 2.1.3 Lomboradiculalgies arthrosiques L’arthrose lombaire est parfois responsable de lomboradiculalgies dans le cadre d’un rétrécissement du canal lombaire. Cliniquement, il existe une claudication neurogène pouvant se manifester par des paresthésies des membres inférieurs, le plus souvent bilatérales selon une topographie pluriradiculaire sciatique et/ou crurale. La symptomatologie apparaît quasi constamment à la marche et peut apparaître dès la mise en station debout ou lors des redressements du tronc. L’arrêt de la marche entraîne en quelques minutes la disparition des douleurs et la mise en cyphose du rachis lombaire soulage la claudication (34). 23 2.2 Physiopathologie de la souffrance radiculaire 2.2.1 Lomboradiculalgies discales Les mécanismes de la souffrance radiculaire sont le résultat d’agressions diverses, le plus souvent intriquées, mécaniques et chimiques, avec une prédominance de la déformation mécanique radiculaire par compressions ou tractions provoquées par les détériorations discales ou osseuses (53). L’irritation mécanique par compression ou traction entraîne la formation d’un œdème puis l’apparition de fibroblastes et d’une fibrose dans le tissu nerveux responsables d’une réduction de la vascularisation intraneurale et d’une accumulation de déchets métaboliques. L’irritation radiculaire est due à la mise en contact du nucleus pulposus avec les tissus méningo-radiculaire, après déchirure de l’anneau fibreux. Il a été retrouvé une activité phospholipase A2 dans les fragments de disques humains provenant de discectomie chirurgicale 20 à 100 000 fois supérieure à celle retrouvée dans d’autres tissus inflammatoires (61). La phospholipase A2 est un élément primordial dans la cascade de production des médiateurs de l’inflammation tels que les thromboxanes B2 et les leucotriènes B4 ce qui expliquerait l’amélioration des symptômes sous antiinflammatoires agissant sur l’inhibition de la phospholipase A2. Cependant, son rôle n’est pas encore parfaitement démontré (22). 2.2.2 Lomboradiculalgies arthrosiques Les lomboradiculalgies d’origine arthrosiques peuvent être dues à de l’arhrose interapophysaire postérieure, à une discarthrose ou à une sténose du canal rachidien lombaire. Celle-ci peut être constitutionnelle dans 5 % des cas (idiopathique ou accompagnant un désordre congénital type trisomie 21) ou acquise (3). Les sténoses acquises sont composées d’une part des sténoses centrales caractérisées par une diminution du diamètre antéro-postérieur du canal lombaire, favorisée par un bombement discal, une hypertrophie des ligaments jaunes, une arthrose interapophysaire postérieur ou un kyste articulaire, et d’autre part par des sténoses latérales caractérisées par une diminution de l’espacement entre les massifs interapophysaires postérieurs réalisant un canal dit en « trèfle » (3). 24 La souffrance radiculaire est probablement liée à la déformation mécanique radiculaire provoquée par des compressions ou des tractions dues à la détérioration osseuse ainsi qu’à des souffrances vasculaires par des mécanismes de congestion veineuse (52). 25 3. PRISE EN CHARGE 3.1 Traitement conservateur Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont volontiers utilisés à la phase aiguë et compte tenu de la composante inflammatoire probablement présente dans le conflit discoradiculaire, il est logique de prescrire un anti-inflammatoire non stéroïdien à doses d’attaque seul ou associé à un antalgique pendant 15 jours. Au delà, les antalgiques sont généralement suffisants. Une réévaluation clinique est nécessaire avant de prolonger le traitement (1). Les décontracturants musculaires sont prescrits en thérapeutique d’appoint. Concernant le repos, sa durée initiale n’est pas définie et n’a été étudiée que dans la lombalgie aiguë où 2 jours de repos sont aussi efficaces que 7 jours (17). En France, en milieu hospitalier, la plupart des rhumatologues prescrivent un repos au lit de moins de 10 jours (39). Cependant, un essai randomisé incluant 183 patients a montré que le repos au lit n’apportait pas d’amélioration significative sur les symptômes (69). Le lombostat rigide en plâtre, résine ou matériau thermoformable permet de mettre au repos le rachis lombaire. A la fin de l’hospitalisation, la prescription d’un lombostat est quasi systématique si le patient souffre encore (39). Il est prescrit pour une durée de 4 à 6 semaines. Cependant son action thérapeutique n’a jamais été démontrée. Les infiltrations de glucocorticoïdes sont largement utilisées pour le traitement médical de la lomboradiculalgie, le mécanisme pouvant être discal, osseux ou cicatriciel en post-opératoire. Elles sont indiquées après l’échec du traitement associant antalgiques, AINS et repos minimum. En France, le nombre d’injections de glucorticoïdes varient de 1 à 4 et l’intervalle entre chaque infiltration varie entre 2 et 7 jours(39). Les infiltrations épidurales de glucorticoïdes dans la lomboradiculalgie par hernie discale attestent d’une efficacité dans 65 % des cas (63). Koes et al. ont analysé 12 études dont la moitié montrait une efficacité supérieure au produit de comparaison (sérum physiologique ou produit anesthésique). Les effets positifs étaient observés à court terme (36). Les infiltrations épidurales dans le canal lombaire étroit bénéficient de peu d’études 26 mais Ciocon et al. ont étudié le devenir à 10 mois de 30 patients d’âge moyen 76 ans, infiltrés à trois reprises en 2 mois par le trou sacré et ont observé une amélioration de la douleur supérieure à 50 %, chez 30 patients (14). Il est aussi possible de pratiquer des infiltrations interapophysaires postérieures chez les patients présentant une arthrose interapophysaire postérieure (60). Les tractions permettent de réduire la pression intradiscale et même quelquefois une diminution du volume de la hernie mais leur efficacité clinique n’a pu être démontrée (55). Les complications sont très rares mais il peut être observé la rupture et l’exclusion d’une hernie, surtout avec des tractions de forte intensité. Les tractions sont contre-indiquées en cas de suspicion de hernie rompue (55). La kinésithérapie n’a pas sa place dans le traitement de la lomboradiculalgie mais après disparition de la radiculalgie pour tenter de prévenir les récidives en développant la musculature para-vertébrale et les capacités de contrôle lombopelvien (55). 3.2 Traitement radicaux 3.2.1 Techniques percutanées Elles sont réservées aux patients qui n’ont pas été soulagés après 4 à 8 semaines de traitement conservateur. La chimionucléolyse consiste en une dégradation du nucleus pulposus par hydrolyse des protéoglycanes par la chymopapaïne. Elle est contre-indiquée en cas de grossesse, de hernie discale migrée et exclue, de canal lombaire rétréci, d’un traitement antérieur à la chymopapaïne, d’antécédent de chirurgie au même étage et de déficit neurologique. Le taux moyen de succès variait de 65 à70 % (55). Cependant, depuis l’année 2002, la chimionucléolyse ne se pratique plus en raison d’une rupture de stock de la chymopapaïne . La nucléotomie percutanée a pour but de réduire la pression exercée par la hernie sur la racine en retirant un peu de nucleus pulposus par la voie postérolatérale extracanalaire. Cependant, cette méthode a été abandonnée par la plupart car trop constamment inefficace (55). 27 3.2.2 Traitement chirurgical La discectomie chirurgicale se pose en urgence devant l’apparition d’un déficit moteur neurologique, d’un syndrome de la queue de cheval avec des troubles génitosphinctériens ou d’une sciatique hyperalgique rebelle à tout traitement antalgiques (56). Lors de la persistance et de l’importance du handicap lié à la douleur, le geste chirurgical peut être envisagé après 2 à 3 mois de traitement conservateur. Le taux de succès varie de 80 à 90 % (55). La chirurgie décompressive du canal lombaire étroit est envisagée devant l’importance de la symptomatologie radiculaire claudicante, radiculalgique ou déficitaire, après échec du traitement conservateur. Dans une méta-analyse de 74 articles publiés entre 1969 et 1991, Turner et al. concluent à la présence d’un bon voire très bon résultat de la chirurgie à 4 ans dans 2/3 des cas (66). L’arthrodèse est indiquée en cas d’échec d’une intervention décompressive du canal lombaire étroit. 3.3 Stratégie des examens complémentaires Les examens d’imagerie permettant la mise en évidence du conflit disco- radiculaire (IRM ou scanner) ne doivent être prescrits que dans le bilan précédant la réalisation d’un traitement chirurgical, qui ne sera pas réalisé au cours des 7 premières semaines d ‘évolution sauf en cas d’urgence ou lors d’un traitement par infiltration nécessitant l’élimination formelle d’une lomboradiculalgie spécifique (infections, tumeurs…). Le bilan radiographique standard peut être réalisé dés 15 jours d’évolution (1). 3.3.1 Radiographies standards Les radiographies simples reposent sur un cliché dorso-lombo-pelvi-bifémoral debout de face et un cliché dorso-lomaire de profil. Il faut rechercher des lésions de la charpente osseuse ou des parties molles pouvant faire évoquer le diagnostic de radiculalgie symptomatique. En cas de hernie discale, on peut observer un pincement discal (24). Lors d’un canal lombaire rétréci, on remarquera une nette visibilité des interlignes interapophysaires postérieures et une diminution de l’espace interlamellaire de face, ainsi qu’une brièveté des pédicules et une réduction du diamètre antéropostérieur de profil (44). 28 3.3.2 Scanner du rachis lombaire En cas de hernie discale, le scanner permet de localiser la hernie et de préciser le conflit discoradiculaire. Plus de 80 % des hernies sont postérolatérales, 10% médianes et 9% foraminales ou extraforaminales (62,70). Le conflit discoradiculaire se manifeste par une racine nerveuse effacée alors que la racine controlatérale est visible et le calibre de la racine peut apparaître augmenté sur les coupes sous-jacentes. En cas de canal lombaire rétréci, on apprécie la forme et la taille du canal rachidien et il est possible de distinguer une cause discale, ligamentaire, arthrosique ou graisseuse. On parle de sténose absolue en cas de diamètre antéropostérieur inférieur à 10 mm, de sténose relative en cas de diamètre compris entre 10 et 12 mm, les valeurs normales étant supérieures à 15 mm (3). 3.3.3 Imagerie par résonance magnétique (IRM) Dans le cadre d’une hernie discale, l’IRM permet de mettre en évidence une hernie exclue passée inaperçue au scanner (71). Concernant le canal lombaire rétréci, l’IRM quantifie l’étroitesse canalaire mais les mesures sont plus imprécises qu’au scanner du fait de l’hyposignal des corticales osseuses et des ligaments vertébraux (44). 3.3.3 Saccoradiculographie Les indications de la saccoradiculographie sont actuellement restreintes à cause de la concurrence du scanner. De plus, il s’agit d’un examen invasif (nécessité d’une ponction lombaire associée à l’injection de produit de contraste dans le canal vertébral). Il permet cependant de réaliser des clichés dynamiques et de montrer un conflit discoradiculaire passé inaperçu au scanner. Si le scanner ne montre rien, cet examen peut aussi démasquer des hernies qui se majorent en position debout (71). En cas de rétrécissement canalaire, cet examen est utile s’il existe une discordance entre la clinique et le scanner. Il objective les rétrécissements du sac dural en position debout, apprécie l’étendue en hauteur (44). 29 4. LES MOTIFS D’HOSPITALISATION 4.1 L’urgence Trois situations nécessitent une vigilance particulière et peuvent justifier d ‘un traitement chirurgical urgent, c’est-à-dire dans un délai de quelques heures à 2 ou 3 jours : les radiculalgies ou lomboradiculalgies hyperalgiques, paralysantes ou associées à un syndrome de la queue de cheval (56). 4.1.1 La lomboradiculalgie hyperalgique Cette définition repose sur une appréciation subjective de l’intensité de la douleur. Le qualificatif d’hyperalgique ne doit pas être seulement synonyme de très douloureux mais refléter le caractère intolérable de la douleur clouant le patient au lit et lui interdisant tout mouvement, tout effort de toux, d’éternuement et de défécation. Cette douleur doit être rebelle à des traitements antalgiques et anti-inflammatoires lourds et le recours à la chirurgie sera alors justifié (56). 4.1.2 La lomboradiculalgie associée au syndrome de la queue de cheval L’installation brusque d’une parésie flasque des membres inférieurs associée à des troubles sphinctériens et à une anesthésie périnéale en selle réalise le syndrome de la queue de cheval, pouvant être provoqué par une grosse hernie exclue, qui doit être opérée en urgence pour donner un maximum de chance de récupération motrice et sensitive (56). 4.1.3 La lomboradiculalgie paralysante Elle est définie par l’existence d’un déficit moteur égal ou inférieur à 3 au testing musculaire. Concernant les lombosciatiques, la simple parésie de l’extenseur du gros orteil au cours de la topographie L5 est très fréquente et ne justifie aucune mesure particulière. Cependant, le déficit moteur intéressant l’ensemble des muscles du territoire L5, c’est-à-dire les extenseurs des orteil, les péroniers latéraux et à un moindre degré le moyen fessier, entre dans le cadre de la sciatique paralysante. 30 Les déficits dans le territoire S1 sont généralement moins intenses et se traduisent par un déficit de la flexion plantaire et une diminution ou une abolition du réflexe achilléen. Concernant les lombocruralgies, un déficit moteur du quadriceps inférieur à 3 est responsable de dérobements du membre inférieur à la marche ou lors de la descente d’escaliers. Un déficit à la flexion de la hanche en position assise est attribuable au psoas et oriente vers une atteinte L3. Un déficit du jambier antérieur lors de la flexion dorsale constitue un élément en faveur d’une topographie L4 (56). 4.2 Les autres motifs d’hospitalisation 4.2.1 Les raisons médicales Les raisons médicales qui motivent une hospitalisation chez un patient ayant une lomboradiculalgie peuvent être : un bilan étiologique de la lomboradiculalgie avec réalisation d’imagerie, l’échec d’un traitement médical en ambulatoire, la réalisation d’infiltrations de glucocorticoïdes du rachis lombaire, le souhait d’un chirurgien ou d’un médecin d’éviter une chirurgie d’impulsion chez un patient ayant consulté d’emblée pour se faire opérer et le souhait d’un chirurgien ou d’un médecin de tenter un dernier traitement médical avant un traitement chirurgical (4,12,39,45). 4.2.2 Les raisons non médicales Les motifs médicaux pourraient ne pas être les seuls à inciter les praticiens et/ou les patients français à solliciter une hospitalisation pour sciatique discale en service de médecine. Certains des séjours hospitaliers pourraient résulter d’une problématique plus socio-professionnelle et familiale que médico-chirugicale. A notre connaissance, une seule étude en France a essayé de dégager les principaux motifs d’hospitalisation en interrogeant 125 patients atteints de sciatique discale, sans tenir compte de leur qualité de vie (4). Dès leur admission dans le service de rhumatologie, les patients ont répondu à une même série de questions regroupées en cinq rubriques totalisant 25 motifs théoriques : motifs médicaux, motifs psychologiques, motifs professionnels, motifs socio-familiaux et autres motifs. Les patients pouvaient répondre à autant de questions que leur situation le leur suggérait. Le questionnaire a été construit empiriquement à partir de l’expérience de plusieurs praticiens du service. 31 Seulement 55% des patients avaient un motif médical (sciatique et lombalgie hyperalgique avec dolorimètre supérieur ou égal à 7/10, déficit moteur, atypies cliniques, syndrome de la queue de cheval) ;75 % des patients admettaient la présence d’au moins un motif psychologique (irritabilité, lassitude, anxiété, dépression, panique) ; 50 % étaient hospitalisés pour un motif professionnel (assuétude, emploi en perspective, crainte d’un licenciement) et 66% pour des motifs socio-familiaux ( solitude, enfant à charge, excès de sollicitation par l’entourage). Cinquante cinq pour cent des patients étant hospitalisés pour un motif médical, 45 % des patients restants ont donc pu être hospitalisés du fait de l’amalgame de motifs d’autant plus contestables que ces séjours hospitaliers ne sont peut être pas plus efficaces que d’autres modalités de prise en charge moins onéreuses, y compris des aides à domicile pour les patients confrontés à des difficultés d’ordre social ou familial. Cependant, seuls les patients ont été interrogés, alors que certaines hospitalisations ont pu être le fait de la conviction des médecins de la nécessité de ces séjours, pour des motifs qui restent à analyser, que d’un souhait des patients d’être hospitalisés. Dans cette étude, il paraîtrait plus juste de parler de facteurs descriptifs associés à la sciatique favorisant l’hospitalisation que de motifs d’hospitalisation (4). Une étude américaine rétrospective a montré que de nombreuses hospitalisations aux Etats-Unis en 1988, pour des douleurs du rachis lombaire (accompagnées ou non de douleurs radiculaires), n’étaient pas nécessaires car la plupart des traitements mis en œuvre à l’hôpital aurait pu l’être en ambulatoire. La moitié des patients étaient admis pour un bilan radiologique et l’autre moitié pour un traitement de la douleur. D’après les auteurs, des doses suffisantes d’antalgiques per os équivalentes à des doses parentérales auraient pu permettre d’éviter certaines hospitalisations. Les facteurs psycho-sociaux jouaient un rôle concernant le motif d’hospitalisation. Vingt-huit pour cent des patients n’avaient personne à leur domicile pour les aider dans leur tâche quotidienne, 20 % avaient des problèmes psychologiques, 29 % étaient obèses et 6 % avaient des antécédents de toxicomanie ou d’alcoolisme. Un facteur de risque psycho-social était retrouvé chez 70 % des patients hospitalisés. Il serait nécessaire d’après les auteurs d’améliorer les conditions de prise en charge des patients en externe (12). 32 4.3 Les facteurs de risque d’hospitalisation Une étude finlandaise a suivi durant 11 années les hospitalisations en Finlande concernant les patients atteints de hernies discales et les sciatiques afin de pouvoir déterminer des facteurs prédictifs d’hospitalisation (28). Ces patients faisaient parti d’une cohorte de 57 000 personnes. Un questionnaire leur a été remis au début de l’étude. Il leur était demandé leur situation familiale, leur profession, leur charge de travail, leurs antécédents médicaux, la prise éventuelle de d’antalgiques, leur tabagisme et s’ils souffraient de stress ou de fatigue. Sur les 11 années, 1537 personnes ont été hospitalisées pour des pathologies du rachis dont 24 % pour sciatique et 30 % pour hernie discale. Les hommes ont un risque relatif de 1, 3 par rapport aux femmes d’être hospitalisés pour sciatique. Le risque d’être hospitalisé augmente jusqu’à l’âge de 49 ans puis diminue. Ce risque est de 1,9 chez les ouvriers par rapport aux cadres et la classe moyenne a 4 fois plus de risque d’être hospitalisée. Le stress et la nervosité chez les femmes augmentent leur risque d’être hospitalisées de 2 et la prise fréquente d’antalgiques multiplie ce risque par 2,1 (28). 33 5. RÔLE DES FACTEURS SOCIO-ECONOMIQUES SUR LE PRONOSTIC DES LOMBORADICULALGIES 5.1 Evolution naturelle des lomboradiculalgies Au cours des deux premiers mois de l’histoire de la lomboradiculalgie, une diminution importante de la douleur lombaire et radiculaire est observée chez environ 60% des patients. A un an, la lombosciatique persiste chez 20 à 30 % des patients (2) Les hernies volumineuses et migrées régressent ou disparaissent plus souvent que les protrusions ou que les petites hernies sous ligamentaires. Les changements morphologiques de la hernie sont habituellement visibles après six mois. Ils correspondent à une amélioration clinique qui précède souvent l’amélioration de l’imagerie. Cependant, le mécanisme conduisant à la résorption de la hernie discale n’est pas clairement démontré (2). Concernant le canal lombaire rétréci, il existe peu d’études sur son histoire naturelle. Johnsson et al. ont suivi pendant 4 ans 32 patients non opérés présentant un canal lombaire rétréci. Sur les données de l’interrogatoire, 15 % seulement des cas s’étaient aggravés, 15 % s’étaient au contraire améliorés, les 70% restants étant inchangés ; d’ailleurs 41 % seulement des patients consommaient encore des antalgiques contre 100 % au départ (33). Il paraît presque toujours possible grâce au traitement médical de différer le geste chirugical chez les patients atteints de canal lombaire rétréci, qui n’est pas une urgence en l’absence de déficit neurologique (3) 5.2 Rôle des facteurs socio-économiques sur l’évolution des lomboradiculalgies A propos des radiculalgies, une insatisfaction professionnelle, un âge avancé et un stress mental constituent des facteurs de risques de chronicité de la douleur (43). 34 Une étude finlandaise prospective incluant 276 patients atteints de sciatiques opérées ou non opérées a étudié la relation entre les facteurs sociaux et l’évolution clinique (46). Parmi les hommes, les facteurs prédictifs d’une évolution défavorable à 5 ans étaient chez les patients opérés : la co-morbidité, l’incapacité subjective à travailler, l’insatisfaction professionnelle et le congé maladie supérieur à 2 mois et chez les patients non opérés : un travail fatiguant et une augmentation des facteurs nuisibles au travail (bruit, chaleur, froid, poussière, travail monotone et emploi du temps surchargé) (46). Parmi les femmes, l’âge élevé et l’incapacité subjective de travailler pour les patientes opérées ainsi que la co-morbidité, des congés maladie supérieurs à 2 mois et un travail épuisant chez les patientes non opérées indiquaient une évolution défavorable (46). A propos des lombalgies, plusieurs facteurs de risque exposant à la chronicité sont à distinguer. Les facteurs socio-économiques corrélés au risque d’évolution chronique sont : un bas niveau éducatif, des difficultés linguistiques, un bas niveau de ressources et le fait de vivre seul (68). Les facteurs professionnels sont eux aussi d’une importance majeure dans la chronicité des lombalgies : travaux pénibles, insatisfaction et faible qualification professionnelle, inadaptation physique aux contraintes professionnelle, faible ancienneté au poste de travail (31,68). Les facteurs psychologiques semblent corrélés au début de la lombalgie et favorisent son évolution vers la chronicité : il s’agit du stress, de l’anxiété, et de la dépression (64). Les facteurs médico-légaux sont eux aussi incriminés : antécédents d’indemnisation pour une affection rachidienne, prise en charge au titre d’un accident du travail et litiges avec les organismes sociaux (23). 35 6. RETENTISSEMENT SUR LA QUALITE DE VIE DES PATIENTS La sévérité d’une maladie est évaluée en fonction du diagnostic en terme de survie, de déficience, de qualité de vie ou d’incapacité fonctionnelle. Les critères d’évaluation mesurés par le médecin (douleur, mobilité…) sont ceux habituellement retenus lors de l’évaluation des lombalgies ou lomboradiculalgies. Cependant leur sensibilité est très variable et ne reflètent pas le vécu du malade et la perception de la maladie quoique subjective. Des instruments ont été élaborés permettant d’apprécier la déficience, l’incapacité, le handicap et la qualité de vie. Les indices de qualité de vie sont en général des auto-questionnaires remplis par le patient qui permet de dégager l’impression qu’il perçoit de sa santé (19). La qualité de vie représente la perception par le patient de son handicap. Evaluer la qualité de vie, c’est prendre en compte les dimensions physiques, psychiques, sociales et cognitives de l’individu et chercher à établir les relations entre ces dimensions et l’environnement du patient. La déficience correspond à l’altération d’une structure ou d’une fonction qu’elle soit anatomique, physiologique ou psychologique. L’incapacité est la réduction partielle ou totale de la capacité à accomplir certains gestes de la vie quotidienne. Le handicap représente le désavantage résultant d’une déficience et/ou d’une incapacité qui limite voire interdit l’accomplissement social normal. 6.1 Evaluation de la douleur Plusieurs auto-questionnaires ont été développés pour évaluer la dimension douloureuse. Ils ont pour but d’affiner le vécu qualitatif de la douleur auquel ne peut répondre l’échelle visuelle analogique (19) Le Mac Gill Questionnaire est un questionnaire générique consistant en une liste de 20 adjectifs qualifiant la douleur dans ses aspects sensitifs, affectifs et estimatifs. Cet outil est adapté aux douleurs chroniques et a été utilisé dans les lumbagos et sciatiques. 36 Le Dallas Pain questionnaire est un auto-questionnaire spécifique des lombalgies chroniques. Il explore la douleur dans quatre dimensions (activités quotidiennes, travail-loisirs, anxiété-dépression, activités sociales) et permet de suivre l’impact de la douleur sur le comportement. Cette échelle mélange des questions portant sur la déficience, l’incapacité et le handicap. Il a été traduit et validé en français dans une population de lombalgique chronique avec une sensibilité au changement significative (42). Un des intérêts du Dallas Pain est la validité prédictive des scores. Si les facteurs 1 et 2 (travail-loisirs/activités quotidiennes) ont un score supérieur à 50% et les facteurs 3 et 4 (anxiétédépression/activité sociale) ont un score inférieur à 50%, alors l’intervention médicale sera efficace (37). 6.2 Evaluation de l’incapacité Le Owestry Low Back Pain Disability Questionnaire est un instrument spécifique pour quantifier la déficience fonctionnelle chez les lombalgiques. Il a été utilisé comme instrument de suivi des traitements. Cependant, il n’a pas été traduit et validé en français (19). Le Disability Questionnaire de Roland et Morris a été développé en 1982 (59). Il comporte 24 items s’intéressant à la répercussion des douleurs lombaires sur les activités quotidiennes. Une version en français a été validé dans la lombalgie aiguë (Questionnaire Eifel). Ce questionnaire est fiable, sensible et d’exécution rapide (15). 6.3 Evaluation générique de la qualité de vie Ces outils élargissent encore le champ des dimensions abordées. Ils détectent des modifications dans des dimensions variées, ils permettent les comparaisons de plusieurs maladies. Le SF 36 a été développé pour mesurer les concepts de santé générique qui sont en rapport avec l’âge, les maladies et les traitements. Il se compose de 36 questions et représente un moyen efficace pour mesurer la santé du point de vue des patients. Le SF 36 est construit pour représenter 8 des plus importants concept de santé : la fonction, l’état et la douleur physique, la santé morale et générale, la 37 vitalité, la fonction sociale et le rôle émotionnel. Cette échelle a été validée en français (19,49). Le Health Assessment Questionnaire a été mis au point pour les affections rhumatismales .Il explore la douleur, la fonction physique, l’aide et quelques fonctions sociales. Il s’agit d’un outil assez sensible aux effets d’un traitement dans une maladie chronique et souvent utilisé dans les essais cliniques. Sa version française a été validée (19). L’indicateur de santé perceptuel de Nottingham est un instrument générique de langue française à partir d’une adaptation du Nottingham Health Profile. Il comprend 45 questions qui explorent 6 domaines (douleur, mobilité, sommeil, énergie, émotions et isolement social). Cependant, il paraît peu sensible au changement (19). Le Sickness Impact Profil est un indice générique de 136 items à réponse binaire. Il est donc lourd car il explore de nombreux domaines (19). 6.4 Indices de qualité de vie dans les lomboradiculalgies Il n’existe aucune échelle spécifique pour les lomboradiculalgies. Cependant, une étude incluant 427 patients présentant une sciatique a étudié l’évolution de leur qualité de vie en utilisant le questionnaire SF 36 et le questionnaire Eifel. Cette étude a montré que les mesures changeaient à travers le temps, témoin d’une bonne reproductibilité et que ces outils pouvaient être utilisés au cours d’évaluations prospectives (48). Une autre étude incluant 394 patients, présentant une sciatique avec ou sans lombalgie, a évalué leur qualité de vie par l’intermédiaire du SF 36 et du Disability Questionnaire de Roland et Morris (questionnaire Eifel en français) et a permis de montrer une corrélation entre la clinique, le handicap et la sévérité de la pathologie discale (51). Certains outils d’évaluation de qualité de vie peuvent être utilisé afin de comparer plusieurs pathologies. Une étude anglaise a évalué la qualité de vie de 11 groupes de patients atteint chacun d’une pathologie différente (1200 patients au total) : asthme, diabète, arthrose, lombalgie, sciatique, hypertension, anxiété, dépression, accident vasculaire cérébral, infarctus du myocarde et angine. Il a été utilisé le questionnaire SF 36. Les patients souffrant de lombosciatique avaient les 38 plus mauvais résultats en ce qui concerne deux des huit concepts de santé du SF36 : la douleur et l’état physique. Quant aux patients atteints de dépression et d’anxiété, ils obtenaient les plus mauvais résultats dans deux des huit concepts de santé : le rôle émotionnel et la santé moral. Cette étude montre donc que chaque maladie a un profil distinct (41). Taylor et al. ont de plus montré que par rapport à la population générale, les patients affectés par une lombalgie ou une lombosciatique subissaient un retentissement sur leur qualité de vie, surtout pour quatre des huit concepts de santé du questionnaire SF 36 : la capacité, la douleur et l’état physique ainsi que la fonction sociale. 39 BUT DE L’ETUDE 40 L’objectif principal de cette étude était de déterminer les motifs d’hospitalisation et les caractéristiques des patients ayant une lomboradiculalgie, hospitalisés et non hospitalisés. Un objectif secondaire était d’essayer de déterminer des facteurs prédictifs d’hospitalisation des patients ayant une lomboradiculalgie. . 41 METHODE DE L’ETUDE 42 1. Type de l’étude Il s’agit d’une étude épidémiologique transversale avec recueil des données prospectives. 2. Méthodes de sélection des patients Du 09/12/2002 au 04/05/2003, nous avons inclus consécutivement tous les malades ayant une lomboradiculalgie d’allure mécanique hospitalisés dans le service de rhumatologie de l’hôpital Saint Michel dans le 15ème arrondissement de Paris ainsi que des patients ambulatoires se présentant soit aux consultations de rhumatologie de l’hôpital Saint Michel, soit en hospitalisation de jour de rhumatologie dans cet hôpital, soit aux urgences de cet hôpital ,soit chez un rhumatologue de ville dans le 15ème arrondissement de Paris. Les critères d’inclusion étaient les suivants : − patients majeurs d’âge supérieur à 18 ans − patients ayant une lomboradiculalgie (lombosciatique ou lombocruralgie) d’allure mécanique, soit d’origine discale, soit par canal lombaire rétréci − lomboradiculalgies aiguës ou d’évolution chronique Les critères d’exclusion étaient les suivants : − patients mineurs d’âge inférieur à 18 ans − patients ne comprenant pas et ne lisant pas bien le français − patients présentant des troubles des fonctions supérieures − patients atteints de lomboradiculalgies symptomatiques révélatrices d’affections rachidiennes ou extrarachidiennes (inflammatoires, tumorales, infectieuses…) − refus du patient de participer à l’étude 43 3. Méthodes de l’intervention Le recueil des données comporte deux questionnaires : un questionnaire à remplir par le médecin et l’autre par le patient. Il est demandé à chaque patient correspondant aux critères d’inclusion, leur consentement par voie orale pour participer à cette étude. Les patients hospitalisés répondront aux mêmes questionnaires que les patients examinés en ambulatoire avec une question supplémentaire pour les patients hospitalisés concernant leur attente de cette hospitalisation. 3.1 Données recueillies par le médecin Ces données sont recueillies sur un questionnaire intitulé « QUESTIONNAIRE MEDECIN » : − médecin adressant le patient : généraliste, rhumatologue, orthopédiste ou autre − données cliniques : poids, taille, indice de masse corporelle, âge, présence d’une lomboradiculalgie, d’une radiculalgie de type sciatique ou cruralgie avec topographie, d’une claudication neurologique, mesure de la flexion lombaire pour apprécier la raideur du rachis, mesure du Lasègue, présence ou non d’un déficit moteur avec cotation du déficit de 1 à 5 selon le groupe musculaire atteint, présence de troubles sphinctériens ou non − antécédents médicaux et chirurgicaux −données radiologiques sur imagerie récente inférieure à 6 mois précisant la présence du conflit radiculaire au scanner du rachis lombaire, son origine : discale( saillie ou hernie) ou osseuse (arthrose inter-apophysaire postérieure, discarthrose, canal lombaire rétréci ou congénital, kyste articulaire postérieur), l’étage du conflit, le lieu de l’origine discale : médiane, postéro-latérale, foraminale, extra-foraminale, présence d’une hernie migrée ou exclue − maladies associées en utilisant le score de co-morbidité de Charlson (11) : cet indice prend en compte 17 pathologies associées, dépendant du jugement propre du médecin, un score est attribué à chaque pathologie présentée par le patient. 44 Tableau 2 : Indice de co-morbidité de Charlson Diagnostic Maladies coronaires Insuffisance cardiaque congestive Pathologies vasculaires périphériques maladies vascualires cérébrales Démence Pathologie pulmonaire chronique Connectivites Ulcère gastro-duodénal Pathologies hépatiques modérées Diabète Diabète avec des complications chroniques Hémiplégie ou paraplégie Pathologies rénales Néoplasies dont leucémies et lymphomes pathologies hépatiques sévères Métastases des tumeurs solides SIDA Autres (précisez) Description Infarctus aigü du myocarde Infarctus ancien du myocarde Maladies coronariennes avec ou sans infarctus Insuffisance cardiaque Claudication intermittente, anévrysme aortique, gangrène, prothèses vasculaires, résection ou remplacement des artères des membres inférieurs Maladies vasculaires cérébrales Démences séniles et pré-séniles Pathologie chronique obstructive Pneumoconioses pathologies respiratoires chroniques dues aux fumées ou aux vapeurs toxiques Lupus érythémateux aigü disséminé Sclérodermie Polymyosite Pseudopolyarthrite rhizomélique ulcère gastrique, duodénal et gastrojéjunal Formes chroniques d’ulcère peptique Cirrhose alcoolique Cirrhose non alcoolique Cirrhose biliaire Hépatite chronique Diabète avec ou sans pertubation métabolique aigüe Diabète avec anomalies circulatoires périphériques Diabète avec manifestations rénales, ophtalmiques ou neurologiques Hémiplégie Paraplégie Glomérulonéphrites chroniques Néphropathies Insuffisance rénale chronique Insuffisance rénale d’origine non précisée Anomalie résultant d’une dysfonction rénale Néoplasies Leucémies et lymphomes datant de moins de 5 ans Coma hépatique, hypertension portale, autres séquelles de pathologies hépatiques chroniques Varices oesophagiennes Néoplasies malignes secondaires des ganglions ou d’autres organes Infection du VIH Score 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 2 2 2 2 3 6 6 45 3.2 Données recueillies par le patient Le patient répond à un questionnaire intitulé « QUESTIONNAIRE PATIENT » concernant les caractéristiques cliniques de sa douleur, les traitements reçus et sa situation socio-professionnelle (voir ci-dessous) ainsi qu’à trois autres questionnaires en rapport avec le retentissement de la lomboradiculalgie sur sa qualité de vie : le Dallas pain questionnaire, le questionnaire Eifel et le SF 36 qui sont des questionnaires validés en français les plus couramment utilisés pour cette pathologie. 3.2.1 Questionnaire patient − données cliniques : évolution de la douleur en jours, appréciation globale de la maladie par le patient sur une échelle visuelle analogique de 100 mm, différents traitements reçus pour la douleur : médicaments, infiltration du rachis, kinésithérapie, manipulation du dos, antécédents de chirurgie au niveau du rachis − données professionnelles : activité professionnelle ou non, à temps complet ou partiel ; profession, si le patient est inactif il précisera sa situation : demandeur d’emploi , étudiant, retraité, femme au foyer . La profession sera codée au moment de la saisie des données en utilisant la classification de l’INSEE suivante : (1) Agriculteur exploitant ; (2) Chef d’entreprise, artisan, commerçant ; (3) Cadre, professions intellectuelles ingénieurs…) ; (4) Cadres supérieures moyens, (professions professions libérales, intermédiaires professeurs, (instituteurs, techniciens…) ; (5) Employés ; (6) Ouvriers et personnels de service ; (7) Retraités ; (8) Autres inactifs (autre personne sans activité professionnelle) − données socio-économiques : arrêt de travail actuel (durée, longue maladie), accident du travail et durée totale d’arrêt de travail au cours des 12 derniers mois liés à la lomboradiculalgie, reclassement professionnel, arrêt définitif de l’activité professionnelle − données sociales : conditions de vie (patient vivant seul, en famille ou en institution) ; nombre d’enfants à charge d’âge inférieur à 18 ans − logement adapté ou non à leur état de santé actuelle − si le patient est hospitalisé, il lui est demandé ce qu’il attend de son hospitalisation (il peut cocher plusieurs cases ): une guérison rapide, éviter une chirurgie, un arrêt 46 des activités ou un repos plus complet qu’à son domicile, s’il pense que le traitement de sa pathologie lombaire est plus efficace s’il est réalisé à l’hôpital, s’il pense que le jugement de son employeur ou de ses proches sera modifié après son hospitalisation et enfin si il a une autre opinion. 3.2.2 Questionnaire Dallas Pain Il s’agit d’un questionnaire spécifique des lombalgies chroniques subdivisé en quatre rubriques (42). La première rubrique concerne les répercussions sur les activités quotidiennes et comporte sept questions. Elle explore la douleur et son intensité, les soins personnels, la possibilité de soulever, la marche, la position assise et debout et le sommeil. La deuxième concerne les répercussions sur les activités professionnelles et les loisirs, elle comporte trois questions. Elle explore la vie sociale, les déplacements en voiture et les activités professionnelles. La troisième rubrique permet l’analyse des conséquences sur le rapport anxiété/dépression, elle comporte trois questions. Elle explore l’anxiété, le moral, la maîtrise de soi et la dépression. La dernière concerne les répercussions sur la sociabilité et comprend trois questions. Elle explore les relations avec les autres, le soutien dans la vie de tous les jours et les réactions défavorables des proches. Au total, le patient répond à 16 questions. Chacune des réponses est cotée par le patient sur une échelle analogique visuelle subdivisée en cinq à huit segments allant de 0 à 100 %. Le premier segment sera coté à 0, le deuxième à 1, le troisième à 2 et ainsi de suite. Chaque rubrique est affectée d’un score obtenu en additionnant les valeurs obtenues pour chaque question et en multipliant le total par un coefficient de pondération. Ainsi, on obtient un pourcentage d’impact de la lomboradiculalgie sur chacune des quatre des composantes. 47 3.2.3 Questionnaire Eifel Ce questionnaire simple mesure l’incapacité fonctionnelle des patients lombalgiques. Il se compose de 24 questions à réponse binaire. Il est attribué un point chaque réponse cochée avec donc un maximum de 24/24 points. 3.2.4 Questionnaire SF 36 Il mesure les concepts de santé générique. Le patient doit répondre à 36 questions ayant un choix de réponse prédéterminée et étalonnée. Ce questionnaire est construit pour représenter huit des plus importants concepts de santé :la capacité, la douleur et l’état physique, la santé morale et générale, la vitalité, la fonction sociale et le rôle émotionnel. Chacun de ces huit domaines comporte un score allant de 0 à 100 % (santé optimale) après établissement et étalonnage des scores (40). 4. Méthodes d’évaluation Les données ont toutes été traitées de façon anonyme sur informatique. Une analyse descriptive qualitative des caractéristiques des patients a été réalisée. Les moyennes et les extrêmes (minimum et maximum) ont été calculés pour les variables quantitatives. La distribution des patients ne suivant pas une loi normale (nombre de patients non hospitalisés inférieure à 30), les données quantitatives ont été comparées en utilisant le test de Wilcoxon à. Le seuil de significativité utilisé est p< 0,05. Afin de rechercher des facteurs de risque d’hospitalisation, des odds ratio et leur intervalle de confiance ont été calculés pour les caractéristiques cliniques et démographiques à l’aide du logiciel SPSS 11.5.1 for windows. 48 RESULTATS 49 1. Données descriptives Durant les cinq mois de l’étude, 194 patients ont été hospitalisés dans le service de rhumatologie de l’hôpital Saint Michel. Cinquante-deux patients ont été inclus dans l’étude : 31 patients ont été hospitalisés et 21 vus en ambulatoire. Trois patients hospitalisés ont été exclus devant la découverte de pathologies inflammatoires et tumorales responsables de leur lombosciatique. Le sexe ratio était de 17 hommes pour 14 femmes chez les patients hospitalisés et de 13 femmes pour 8 hommes chez les non hospitalisés. 1.1 Caractéristiques morphologiques des patients Les patients hospitalisés sont plus âgés que les patients non hospitalisés et ont un indice de masse corporelle (IMC) plus élevé sans pour autant que la différence ne soit significative. Tableau 3 : Caractéristiques des variables âge, poids, taille, IMC Test de Hospitalisés Non hospitalisés Wilcoxon p Moyenne Médiane Extrême Moyenne Médiane Extrême Age (ans) 56,6 56 21 - 88 50,1 49 25 - 88 0,164 Poids (kgs) 72 74 47 - 107 67 67 40 - 91 0,208 Taille (cm) 170,6 171 157 - 180 170,3 170 156 - 182 0,985 IMC (kg/m²) 24,8 24,7 17,6 - 36,1 23 22,8 16,4 - 31,5 0,138 IMC : indice de masse corporelle ; p : degré de signification 50 1.2 Antécédents Douze patients parmi les 31 hospitalisés et 7 parmi les 21 non hospitalisés avaient des antécédents de pathologies lombaires. Deux patients dans chaque groupe avaient été opérés au niveau du rachis lombaire. Onze patients hospitalisés présentaient des facteurs de risque cardiovasculaire (Hypertension artérielle, dyslipidémie, diabète) contre 3 patients dans l’autre groupe. La moyenne du score de co-morbidité de Charlson qui prend en compte 17 pathologies associées est de 0,45 chez les patients hospitalisés et de 0,05 chez les patients non hospitalisés (p= 0,044). Les autres antécédents sont décrits dans le tableau 4. 51 Tableau 4 : Antécédents médicaux-chirurgicaux des 2 groupes de patients Antécédents Patients hospitalisés Patients non hospitalisés n = 31 Rhumatologiques Cardiologiques 10 (32,3%) 4 (19%) Lombosciatique 2 (6,4%) 3 (14,3%) Chirurgie du rachis lombaire 2 (6,4%) 2 (9,5%) Hypertension artérielle 6 (19,3%) 3 (14,3%) Cardiopathie ischémique 6 (19,3%) 0 Embolie pulmonaire 1 (3,2%) 0 AOMI 2 (6,4%) 0 ACFA 2 (6,4%) 0 2 (6,4%) 0 Endocrinologiques Diabète Pulmonaires Neurologiques Autres n = 21 Lombalgie 1 (4,8%) Insuffisance surrénalienne 0 Dyslipidémie 3 (9,7%) 0 Apnée du sommeil 2 (6,4%) 1 BPCO 1 (3,2%) 0 Asthme 0 3 (14,3%) Maladie de Parkinson 0 1 (4,8%) Accident vasculaire cérébral 1 (3,2%) 0 Dépression 4 (12,9%) 0 Cancer 2 (6,4%) 0 Pathologies gastriques 4 (12,9%) 0 (4,8%) AOMI : artérite oblitérante des membres inférieurs ; BPCO : broncho-pneumopathie chronique obstructive ; ACFA : arythmie cardiaque par fibrillation auriculaire 52 1.3 Traitements déjà reçus pour la douleur Il a été demandé aux patients ce qu’ils avaient reçu comme traitement pour la douleur lomboradiculaire. Tous les patients hospitalisés avaient déjà reçu des antalgiques ainsi que la totalité des 21 patients non hospitalisés. Des antiinflammatoires non stéroïdiens avaient été prescrits chez 27 des 31 patients hospitalisés et chez 17 des 21 patients non hospitalisés. Huit patients de chaque groupe avaient eu des infiltrations de corticoïdes au niveau du rachis lombaire. Des séances de kinésithérapie avaient été prescrites chez 10 des patients hospitalisés et chez 6 des patients vus en ambulatoire. Il n’existe pas de différence significative concernant le nombre d’infiltrations et de séances de kinésithérapie reçus par les 2 groupes (respectivement p=0,486 et p=0,640). Trois des patients dans chaque groupe étaient allés consulter un ostéopathe. 1.4 Caractéristiques de la douleur Parmi les patients hospitalisés, 19 patients avaient une topographie radiculaire L5, 5 une topographie S1, un seul une topographie L3 et 4 une topographie L4. Seuls 2 patients avaient une topographie atypique de la radiculalgie. Parmi les patients non hospitalisés, 10 avaient une topographie radiculaire L5, 8 une topographie S1 et 3 une topographie L4. La douleur était latéralisée à droite pour 10 des patients hospitalisés, à gauche pour 19 d’entre eux et elle était bilatérale chez 2 patients. Dans l’autre groupe, la douleur était latéralisée à droite chez 9 patients, à gauche chez 11 d’entre eux et elle était bilatérale chez un patient. Sept patients du groupe hospitalisé avaient une claudication neurologique associée, contre 2 patients dans le groupe des non hospitalisés. Trois patients du groupe 1 avaient un déficit moteur côté à 4 et un seul présentait des troubles sphinctériens. Dans l’autre groupe, un seul patient était déficitaire (déficit côté à 4). Les patients hospitalisés sont significativement plus algiques que les patients non hospitalisés (Echelle visuelle analogique p= 0,019). Les autres caractéristiques de la douleur sont résumées dans le tableau 5. 53 Tableau 5 : Caractéristiques des variables liées à la douleur Test Hospitalisés Non hospitalisés de Wilcoxon p Moyenne Mediane Extrême Moyenne Mediane Extrême Lasègue gauche(°) 52,7 55 30 - 75 62,9 60 45 - 90 0,161 Lasègue droit (°) 56 57,5 10 - 80 71,7 77,5 45 - 80 0,169 Indice de Shober 1,6 2 0-5 2,8 3 1-5 0,004 346,1 40 1 -3650 115,8 90 4 - 365 0,772 7,1 7 2 -10 5,7 6 2 - 10 0,019 (cm) Evolution de la douleur (j) Echelle visuelle analogique 1.5 Caractéristiques radiologiques Parmi les patients hospitalisés, tous avaient eu un scanner du rachis lombaire dont 13 avaient été réalisés avant leur hospitalisation et 18 au cours de celle-ci. Et seulement 13 des 21 patients vus en ambulatoire avaient eu un scanner du rachis lombaire. Un conflit radiculaire était retrouvé chez 26 des patients hospitalisés et chez 10 des patients non hospitalisés parmi les 13 ayant passé un scanner du rachis lombaire. Le conflit radiculaire était soit d’origine discale, soit d’origine arthrosique. Parmi les patients hospitalisés, 8 présentaient un canal lombaire rétréci responsable chez 7 d’entre eux d’un conflit radiculaire et 2 patients présentaient un canal lombaire constitutionnel responsable chacun d’un conflit radiculaire, alors que dans l’autre groupe, un canal lombaire rétréci était retrouvé chez 5 patients, un conflit radiculaire étant présent au scanner chez 2 de ces 5 patients. La plupart des patients ayant une arthrose pouvaient cumuler plusieurs types d’arthrose : − Cinq des patients hospitalisés et 3 des patients non hospitalisés avaient de l’arthrose inter- apophysaire postérieure (AIAP) associée à de la discarthrose et à une sténose latérale. 54 − Deux patients hospitalisés additionnaient l’AIAP, à de la discarthrose, à une sténose latérale et à une sténose antéro-postérieure. − Parmi 2 patients hospitalisés, l’un cumulait de l’AIAP et de la discarthrose et l’ autre de l’AIAP, de la discarthrose et un sténose antéro-postérieure. − Deux des patients non hospitalisés additionnaient de l’AIAP à une sténose latérale. Le tableau 6 résume les différentes caractéristiques radiologiques retrouvées chez les patients ayant passé un scanner Tableau 6 : Caractéristiques radiologiques chez les patients ayant eu un scanner du rachis lombaire Hospitalisés (%) Non hospitalisés (%) n = 31 n = 13 conflit radiculaire au TDM 26 (83,9%) 10 (76,9%) origine du conflit discale 18 (58%) 8 (61,5%) arthrosique 4 (12,9%) 2 (15,4%) discale et 4 (12,9%) 0 8 (25,8%) 5 (38,5%) 2 (6,45%) 14 (45,2%) 7 (53,8%) L5S1 9 (29%) 3 (23,07%) L3L4 3 (9,7%) 0 Hernie 19 participant au conflit 8 (61,5%) Hernie migrée 3 2 (15,4%) Hernie exclue 0 0 Protrusion 5 dont 3 participant au conflit 0 lieu de la Foraminale 5 2 discopathie Extra-foraminale 0 Postéro-latérale( PL) 14 (45,2%) 6 Médiane (M) 1 (3,2%) 0 PL+M 2 (6,45%) 0 10 (32,2%) 5 (38,5%) Discarthrose 9 (29%) 3 (23,07%) Sténose latérale 7 (22,6%) 5 (38,5%) Sténose AP 6 (19,35%) 0 arthrosique canal lombaire rétréci constitutionnel étage du conflit L4L5 discopathie type d’arthrose AIAP (9,7%) (16,1%) (15,4%) 0 (46,15%) TDM : tomodensitométrie ; AIAP : arthrose inter- apophysaire postérieure ; AP : antéro-postérieure 55 Quatre patients du groupe 1 présentaient un conflit associant une origine discale et arthrosique. Le bombement discal (qu’il s’agisse d’une hernie ou d’une protrusion) peut en effet rétrécir par l’avant le diamètre antéro-postérieur du canal vertébral et ainsi contribuer au conflit radiculaire. Concernant les étiologies responsables d’un canal lombaire rétréci ou pouvant décompenser un canal lombaire constitutionnel, une arthrose inter-apophysaire postérieure avec ostéophytose ou une hypertrophie des massifs articulaires étaient retrouvées dans les sténoses latérales. Quant aux sténoses centrales ou antéro-postérieure, une composante discale et / ou une hypertrophie des ligaments jaunes intervenaient dans leur constitution. 1.6 Données socio-professionnelles A peu près la moitié des patients hospitalisés et un peu plus de la moitié des patients non hospitalisés avaient une activité professionnelle. Concernant les différentes catégories socio-professionnelles classées selon l’INSEE, la proportion d’ouvriers était quasi la même dans les 2 groupes. La proportion de cadres était légèrement plus élevées dans le groupe des hospitalisés et inversement concernant la catégorie des professions intermédiaires. Les employés représentaient 19% des patients non hospitalisés alors qu’on n’en comptait aucun parmi le groupe des hospitalisés (voir figure 1). Les retraités constituaient un tiers des patients du groupe des hospitalisés et environ 1/5ème des patients du groupe des non hospitalisés (voir tableau 7). La situation de famille des 2 groupes est la même (odds ratio =0,93 et p=0,494). Concernant le nombre d’enfants à charge mineurs, la différence n’est pas significative (p=0,62). Le tableau 6 résume les différentes données socio-économiques et professionnelles de nos 2 groupes de patients. 56 Tableau 7 : Données socio-économiques et professionnelles Hospitalisés ( %) Non hospitalisés ( %) n sur 31 n sur 21 Activité professionnelle 15 ( 48,4%) 13 ( 61,9%) Arrêt de travail actuel 9 ( 29%) 6 ( 28,6%) Arrêt longue maladie 2 ( 6,45%) 0 Reclassement professionnel 0 0 Arrêt définitif de l’activité 0 0 Accident de travail 4 ( 12,9%) 1 ( 4,75%) chômeur 4 ( 12,9%) 2 ( 9,5%) étudiant 1 ( 3,2%) 2 ( 9,5%) retraité 10 ( 32,25%) 4 ( 19%) mère au foyer 1 ( 3,2%) 0 vit seul 12 ( 38,7%) 9 ( 42,85%) vit en famille 18 ( 58,05%) 12 ( 57,1%) vit en maison de retraite 1 ( 3,2%) 0 Sans activité : Situation familiale : La moyenne de la durée de l’arrêt de travail actuel était chez les hospitalisés de 228,4 jours contre 60,2 jours chez les patients non hospitalisés. La différence n’est pas significative (p=0,758). Sur les 12 mois ayant précédés la date d’inclusion des patients dans l’étude, la moyenne de la durée totale d’arrêt de travail lié à la douleur de la lomboradiculalgie était chez les hospitalisés de 37,8 jours contre 18,1 jours dans l’autre groupe. La différence n’est pas significative (p=0,297). 1.7 Les motifs d’hospitalisation Concernant les motifs d’hospitalisation, 9 (29%) patients ont été hospitalisés devant une hyperalgie, 7 (22,6%) pour un bilan devant des douleurs lomboradiculaires, 5 (16,1%) pour bénéficier d’infiltration au lit du patient et 10 (32,3) pour infiltration sous scopie. Le tableau 8 rapporte le motif d’hospitalisation selon l’activité professionnelle ou non du patient. 57 Parmi ces patients, 21 ont été adressés par un rhumatologue, 2 par un médecin généraliste, 4 par les urgences et 4 par d’autres spécialistes médicaux. Tableau 8 : Motifs d’hospitalisation selon activité professionnelle ou non du patient Infiltration Hyperalgie Prise en charge pluridisciplinaire Retraités 6 2 2 Autres inactifs 3 1 2 Actifs 6 5 4 A la question « Qu’attendez-vous de votre hospitalisation ? », 25 patients souhaitaient une guérison rapide, 21 voulaient éviter une chirurgie du rachis lombaire, 6 attendaient un repos plus complet à l’hôpital plutôt qu’à leur domicile, 22 pensaient que la guérison serait plus efficace à l’hôpital, 4 espéraient une modification du jugement de leur employeur vis-à-vis de leur maladie et 3 attendaient une modification du jugement de leurs proches. La durée moyenne d’hospitalisation était de 5,2 jours , la durée minimum étant de 2 jours et la durée maximum de 22 jours. 58 Figure 1 : Catégories socio-professionnelles selon l’INSEE Catégories socio-professionnelles des patients hospitalisés 32% 35% 30% 26% 25% 20% 16% 13% 15% 13% 10% 5% 0% 0% ag r 0% ic ul te ur s 0% ar tis an s, co m ca dr es ,p ro m er ça nt s et pr of es si on fe ss io ns ch ... em s in te r in te lle ct ... ou pl oy és vr ie rs re tr ai té s au tr es in a ct ifs m éd ia ire s Catégories socio-professionnelles des patients non hospitalisés 33% 35% 30% 25% 19% 20% 14% 15% 10% 5% 0% 14% 10% 0% ag 10% 0% ric ul ar t te ur s is an s, co m ca dr es , m er ça nt s pr pr et of es si ch ef s of es on s d' ... em si o in ns in te r te lle ct ue pl oy m éd lle ou és ia ire vr ie rs re tr ai té s au t re s in ac tif s s ... Les chômeurs sont codés dans leur ancienne profession. La catégorie « autres inactifs » comprend les chômeurs n’ayant jamais travaillé ainsi que les autres personnes sans activité professionnelle. 59 2. Evaluation du retentissement de la lomboradiculagie sur la qualité de vie Les pourcentages cités ci-dessous le seront respectivement pour le groupe des patients non hospitalisés versus (vs) le groupe des patients hospitalisés. L’analyse comparative des différentes variables continues numériques concernant les différentes échelles de qualité de vie a été réalisée en utilisant le test de Wilcoxon. L’analyse est reproduite dans le tableau 9. D’après le questionnaire SF 36, les patients vus en ambulatoire sont significativement moins limités dans les efforts physiques importants ou modérés (capacité physique : p= 0,001), ont une vitalité plus importante (p= 0,05), éprouvent significativement moins de douleurs physiques lors des activités de la vie quotidienne (p=0,005). Les 2 groupes de patients ont une bonne estime de leur état de santé général (64,1% vs 61,8%) et moral (63,9% vs 58,6%). Ils sont tous deux limités dans certaines activités de la vie quotidienne à cause de leur état de santé physique (SF36 état physique 23,8% vs 23,4%) mais sont moins limités dans leurs activités à cause de l’état de leur moral (rôle émotionnel 60% vs 53,7%). D’après le questionnaire Dallas Pain, il existe de plus une répercussion de la douleur des patients hospitalisés sur leur vie quotidienne (p = 0,009), sur leur travail et leurs loisirs (p =0,027) ainsi que sur leur vie sociale (p =0,028) significative. Concernant le score d’Eifel, celui-ci est significativement plus important chez les patients hospitalisés (p=0,001) ce qui traduit une incapacité fonctionnelle plus importante dans ce groupe. 60 Tableau 9 : Retentissement de la douleur sur la qualité de vie Echelle de qualité de vie Hospitalisés Non hospitalisés Test de Wilcoxon p Moy Maxi Mini Moy Maxi Mini Capacité physique 31,1 80 0 56 100 25 0,001 Etat physique 23,4 100 0 23,8 75 0 0,469 Douleur physique 29,3 84 0 40,4 62 22 0,005 Santé générale 61,8 100 15 64,1 92 30 0,779 Vitalité 45,1 90 0 55,5 80 25 0,05 Fonction sociale 55,2 100 0 64,9 100 25 0,206 Rôle émotionnel 53,7 100 0 60 100 0 0,663 Santé morale 58,6 100 0 63,9 88 32 0,529 Répercussion vie quotidienne 65,8 100 21 49,1 84 6 0,009 Répercussion travail et loisirs 42,6 75 0 28,5 65 0 0,027 anxiété/dépression 27,7 75 0 19,8 60 0 0,174 Répercussion sociabilité 24 60 0 13 45 0 0,028 SCORE EIFEL sur 24 13,7 24 0 8,4 15 1 0,001 SF 36 (%) DALLAS PAIN (%) Répercussion Moy : moyenne ; Maxi : maximum ; Mini : minimum 61 3. Analyse des variables discrètes Il a été calculé le risque chez les patients atteints d’une lomboradiculalgie, d’être hospitalisés, par rapport aux données qualitatives de l’étude associé au calcul de l’intervalle de confiance à 95%. La plupart des odds ratio supérieurs à 1 sont non significatifs. Le manque de puissance de l’étude est probablement responsable de cette non significativité. Les patients dont l’échelle visuelle analogique est supérieure à 6 ont un risque d’être hospitalisés de 2,8 (cf. tableau 10). Tableau 10 : Calcul du risque d’être hospitalisé selon les variables quantitatives cliniques et démographiques Odds Ratio Intervalle de confiance à 95% Echelle visuelle analogique > 6 2,8 1,56 – 5,02 ATCD lombalgie 2,02 0,53 – 7,5 ATCD lombosciatique 0,63 0,1– 4,2 Topographie L5 1,74 0,98 – 3,07 Homme 1,97 0,63 – 6,04 Conflit radiculaire au scanner 1,56 0,4 – 5,75 Canal lombaire au scanner 0,76 0,2–2,88 Présence d’une hernie 0,98 0,26– 3,69 Etage L5S1 de la hernie 1,36 0,3 – 6,1 Vivre seul 0,84 0,27 – 2,6 Inactif 1,02 0,25 – 4,1 Retraité 2,02 0,5 – 7 Cadre 1,82 0,3 – 10 Profession intermédiaire 0,69 0,2– 2,3 Employé 0 NC Ouvrier 0,88 0,17 – 4,4 Arrêt de travail 1,02 0,3 – 3,45 Accident de travail 2,96 0,3 –27,9 62 DISCUSSION 63 L’intérêt de notre étude était de préciser les motifs principaux d’hospitalisation chez les patients souffrant de lomboradiculalgie d’allure mécanique ainsi que d’évaluer le retentissement de leur lomboradiculalgie sur leur qualité de vie et les facteurs associés pouvant conduire à une hospitalisation. L’hospitalisation en service de médecine pour lomboradiculalgie reste une éventualité fréquente en France (39). Une étude française a montré que les motifs d’hospitalisation n’étaient pas pour la plupart d’origine médicale mais résultaient de l’association de problèmes somatiques, psychologiques et sociaux. Cette étude n’avait pas été complétée par le recueil des indices de qualité de vie (4). Les caractéristiques des patients ont donc été analysées dans cette étude. Il n’y a pas de différence significative concernant les caractères morphologiques des deux groupes de patients (âge : p=0,164 ; poids : p=0,208 ; taille :p=0,985 ;indice de masse corporelle : p= 0,138). Les 2 groupes de patients étaient donc comparables. Le sexe masculin pourrait être un facteur prédictif d’hospitalisation (odds ratio égal à 1,97 non significatif). Cependant le manque de puissance explique cette non significativité. Les retraités constituent la catégorie socio-professionnelle la plus hospitalisée. Les retraités sont plus âgés, ont plus de pathologies dégénératives du rachis dorsolombaire, plus d’antécédents médicaux et ne sont pas en activité professionnelle. La majorité est hospitalisée pour bénéficier d’infiltrations, gestes non dénués de risque chez des patients poly médicamentés. Les cadres ont un risque d’être hospitalisés de 1,82 non statistiquement significatif. Quant à la classe moyenne (professions intermédiaires, employés, ouvriers), elle est moins hospitalisée (61% de patients non hospitalisés contre 39% de patients hospitalisés). Ceci peut s’expliquer par le fait que notre étude ait eu lieu dans un quartier favorisé de Paris. Quatre patients (dont trois ouvriers) ont été hospitalisés dans le cadre d’un accident de travail alors qu’un seul patient examiné en ambulatoire était victime d’un accident du travail. De nombreuses études prospectives reprises par Riihimaki dans une revue montrent que les ouvriers ont une plus grande fréquence de lombalgies et d’hospitalisations pour cette pathologie que les employés ce qui confortent nos résultats malgré notre manque de puissance (58). Les patients hospitalisés ont plus d’antécédents médicaux chirurgicaux que les patients non hospitalisés, un index de co-morbidité de Charlson plus élevé 64 (p=0,004) et 33% des patients hospitalisés ont des facteurs de risques cardio- vasculaire contre 14,3% chez les patients non hospitalisés. En effet, les patients sont amenés à être hospitalisés plus facilement devant un déséquilibre de leurs facteurs de risque cardio-vasculaire sous traitement anti-inflammatoire, un relais des anti vitamine K par héparine sous cutané ou encore un relais aspégic-cébutid avant une infiltration afin d’éviter toute complication hémorragique. Cliniquement, les patients hospitalisés sont significativement plus algiques (Echelle visuelle analogique : p=0,019) et plus raides (indice de Schober : p=0,004) que les patients non hospitalisés. Quant à la topographie de la radiculalgie, il s’agit le plus souvent dans les 2 groupes d’une sciatique de type L5 ou S1, topographie le plus souvent rencontrée chez les patients souffrant de lomboradiculalgie (53). La comparaison des clichés scanographiques n’est donnée qu’à titre informatif. Les patients non hospitalisés n’ont pas tous eu de scanner du rachis lombaire. Cet examen n’est prescrit qu’en cas d’urgence, d’inefficacité du traitement médical ou avant une infiltration épidurale et au plus tôt au bout de 7 semaines d’un traitement médical bien conduit (1). Un conflit radiculaire d’origine discale était souvent retrouvé permettant d’expliquer la symptomatologie (conflit discale retrouvé chez 58% des patients hospitalisés et chez 61,5% des patients non hospitalisés). Une hernie postéro latérale à l’étage L4L5 était le plus fréquemment rencontrée, présente chez 45,2% des patients hospitalisés et chez 53,8% des patients non hospitalisés. Un conflit radiculaire d’origine arthrosique était présent chez 12,9% des patients hospitalisés et chez 15,4% des patients non hospitalisés, patient présentant ou non un canal lombaire rétréci ou constitutionnel. Dans notre étude, quarante huit pour cent des patients étaient hospitalisés pour bénéficier d’infiltrations au lit ou sous scopie. Ce chiffre s’explique par le fait que ces hospitalisations étaient programmées en hôpital de semaine. Dans la littérature, il n’existe pas d’arguments formels pour affirmer que les infiltrations épidurales sont un traitement efficace de la lomboradiculalgie par rapport au placebo mais il n’existe pas non plus d’arguments pour affirmer que ce traitement est inefficace. (10, 60). Vingt neuf pour cent des patients étaient hospitalisés en urgence devant une hyperalgie et 22,6% des patients pour un bilan étiologique de la lomboradiculalgie avec réalisation d’imagerie. 65 Tous les patients hospitalisés l’étaient pour des problèmes médicaux. Cependant, du fait que notre étude se soit déroulée dans une unité de semaine, certains examens médicaux étaient programmés à l’avance. Il n’est donc pas possible d’extrapoler nos résultats à l’ensemble des hospitalisations pour lomboradiculalgie. Afin de connaître le jugement des patients par rapport à leur hospitalisation, des réponses arbitraires leur avaient été proposées concernant le motif de leur hospitalisation. Les motifs non médicaux ressortent peu et le fait de ne pas attendre de leur hospitalisation une modification de jugement de leur employeur ou de leurs proches peut traduire l’absence de difficultés socio-professionnelles. Un des facteurs pouvant conduire à une hospitalisation est le retentissement de la lomboradiculalgie sur la qualité de vie des patients. Les patients hospitalisés sont significativement plus handicapés dans leurs gestes de la vie quotidienne (SF 36 capacité physique :p=0,001) et plus douloureux (SF 36 douleur physique :p=0,005, EVA :p=0,019) sur le plan de la santé en général ainsi que d’un point de vue spécifique par rapport à la lomboradiculalgie (Eifel :p= 0,001, Dallas Pain répercussion sur la vie quotidienne :p= 0,009, Dallas Pain répercussion sur le travail et les loisirs :p=0,027). Berthelot et al. ont montré dans une étude concernant les motifs d’hospitalisation de 125 patients souffrant de sciatique discale que 75% d’entre eux admettaient la présence d’au moins un motif psychologique (irritabilité, anxiété, dépression, panique) (4). Une étude américaine a montré que les facteurs psycho-sociaux (problèmes psychologiques, obésité, patients vivant seuls à leur domicile ou ayant des enfants à charge) jouaient un rôle concernant le motif d’hospitalisation (12). Cependant les patients inclus dans ces 2 études n’étaient pas comparés à des patients non hospitalisés souffrant de la même pathologie. Dans notre étude, il n’a pas été montré de différence significative concernant la répercussion de leur douleur sur leur état de santé moral et concernant leur situation de famille ou le nombre d’enfants à charge mineurs. Cependant, les patients hospitalisés sont significativement moins sociables et nécessitent le soutien de leurs proches pour effectuer les taches quotidiennes (Dallas Pain répercussion sur la sociabilité : p=0,028). Les résultats de notre étude concernant l’impact de la douleur lié à la lomboradiculalgie sur la qualité de vie des patients confortent notre idée sur le motif 66 principal justifiant leur hospitalisation. Cependant, nous ne pouvons pas affirmer que leur qualité de vie s’améliorera à la fin de leur séjour hospitalier. Il aurait fallu soumettre de nouveau à nos patients les différents questionnaires de qualité de vie. Une étude a évalué la qualité de vie des patients atteints de sciatique avant traitement puis 3 mois après le début du traitement avec l’aide du SF 36. Elle a montré que chez ces patients 3 items s’amélioraient au cours du temps : la capacité physique, la douleur et l’état physique et que 4 items évoluaient peu dans le temps : santé morale, rôle émotionnel, fonction sociale et vitalité (48). De plus le score d’Eifel soumis aux patients s’améliorait en 3 mois passant de 15,8 à 9,2. Dans notre étude, la capacité et la douleur physique étaient altérées significativement chez les patients hospitalisés par rapport aux patients non hospitalisés. Il serait donc intéressant de soumettre aux patients non hospitalisés souffrant de lomboradiculalgie, le questionnaire SF36 et le questionnaire Eifel , avant et après traitement afin d’envisager ou non une hospitalisation devant une non amélioration des scores. Tenir compte de l’impact de la douleur causée par la lomboradiculalgie sur la qualité de vie et le comportement des patients permettrait de mieux cerner les motivations des patients à être hospitalisés et permettrait probablement un meilleur suivi médical. Notre étude avait aussi pour but de tenter de rechercher les facteurs prédictifs pouvant conduire à une hospitalisation chez des patients souffrant de lomboradiculalgie d’allure mécanique. Seule l’échelle visuelle analogique supérieure à 6 constitue un facteur prédictif d’hospitalisation. Les autres items étudiés ne sont pas prédictifs par manque de puissance. En effet, notre étude a ses limites : le mode de recrutement (monocentrique) et le manque de puissance responsable de ces chiffres non significatifs. Les facteurs qui auraient pu être considérés comme prédictifs selon leur odds ratio étaient : un antécédent de lombalgie (OR=2,02), une topographie L5 de la lomboradiculalgie (OR=1,74), le sexe masculin (OR=1,97), la présence d’un conflit radiculaire au scanner (OR=1,56), être cadre (OR=1,82), retraité (OR=2,02), être en accident de travail (OR=2,96). Cependant ces risques n’étaient pas significatifs statistiquement car l’intervalle de confiance comprenait la valeur 1. 67 Nos résultats ont donc montré que les motifs d’hospitalisation principaux étaient la douleur et l’altération de la qualité de vie des patients. Cependant, d’autres études sont nécessaires, incluant un plus grand nombre de patients afin de confirmer ces résultats et pour préciser si après une hospitalisation, leur qualité de vie s’améliore ou non. 68 CONCLUSION 69 L’objectif principal de cette étude était de déterminer les motifs d’hospitalisation et les caractéristiques des patients hospitalisés et non hospitalisés, ayant une lomboradiculalgie. L’objectif secondaire était d’essayer de déterminer des facteurs prédictifs d’hospitalisation des patients ayant une lomboradiculalgie. Cette étude transversale avec recueil prospectif des données a inclus 31 patients hospitalisés et 21 patients non hospitalisés, souffrant de lombosciatique ou lombocruralgie d’allure mécanique. Tous les patients hospitalisés l’ont été devant des motifs médicaux (48,4% pour bénéficier d’infiltrations épidurales, 29% devant une hyperalgie et 22,6% pour la réalisation d’un bilan étiologique). Les retraités constituaient la catégorie socio- professionnelle la plus hospitalisée. Les patients hospitalisés étaient significativement plus algiques (EVA : p=0,019). De plus, l’EVA supérieure à 6 constituait un facteur prédictif d’hospitalisation. Nous n’avons pas pu dégager d’autres facteurs prédictifs, probablement par manque de puissance de l’étude. Cette étude montre une répercussion physique significative de la lomboradiculalgie sur la qualité de vie des patients hospitalisés, sur le plan de la santé en général évaluée par le questionnaire SF36 et plus spécifiquement par rapport à la lomboradiculalgie évaluée par 2 autres questionnaires (Eifel et Dallas Pain). Il n’a pas été retrouvé de répercussion psychologique. Nos résultats ont donc montré que les motifs d’hospitalisation principaux étaient la douleur et l’altération de la qualité de vie des patients. Cependant, notre étude a ses limites : le mode de recrutement monocentrique et le manque de puissance. D’autres études sont nécessaires incluant un plus grand nombre de patients afin de confirmer ces résultats. 70 BIBLIOGRAPHIE 71 1. ANAES. Prise en charge diagnostique et thérapeutique des lombalgies et lombosciatiques communes de moins de trois mois d’évolution. Recommandations de l’ ANAES. Agence Nationale d' Accreditation et d' Evaluation de la Santé. J Radiol. 2000 Nov; 81(11):1665-6. 2. Benoist M. The natural history of lumbar disc herniation and radiculopathy. Joint Bone Spine. 2002 Mar; 69(2):155-60. 3. Berthelot JM, Bertrand-Vasseur A, Rodet D, Maugars Y, Prost A. Lumbar spinal stenosis: a review. Rev Rhum Engl Ed. 1997 May; 64(5):315-25. 4. Berthelot JM, Glemarec J, Laborie Y, Varin S, Maugars Y. Reasons for rheumatology department admission in 125 patients with disk-related sciatica. Rev Rhum Engl Ed. 1999 May; 66(5):267-70. 5. Biering-Sorensen F, Thomsen C. Medical, social and occupational history as risk indicators for low-back trouble in a general population. 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Les patients hospitalisés étaient significativement plus algiques que les patients non hospitalisés (EVA : p= 0,019).Une répercussion physique significative de la lomboradiculalgie sur la qualité de vie des patients hospitalisés a été montrée (questionnaire SF36, Eifel et Dallas Pain) associée à l’absence de répercussion psychologique. Par ailleurs, une EVA supérieure à 6 constituait un facteur prédictif d’hospitalisation. Nous n’avons pas pu dégager d’autres facteurs prédictifs, probablement par manque de puissance de l’étude. Les motifs d’hospitalisation principaux retrouvés sont donc la douleur et l’altération de la qualité de vie. D’autres études sont nécessaires incluant un plus grand nombre de patients afin de confirmer ces résultats. Mots clés : Lombalgie Sciatique Qualité vie 78 Reasons and factors determining admission in patients suffering from typical lumboradiculalgia A French study carried out in 1999 showed that reasons for admission of patients with disk-related sciatica constituted an amalgam of physical, psychological and social problems. However, indicators of the quality of life were not covered. The aim of this study was to determine the reasons for admission in patients with typical lumboradiculalgia and to attempt to determine predictive factors for admission. The study covered 31 hospitalized patients and 21 non-hospitalized patients presenting typical lumbar sciatica or cruralgia. All hospitalized patients were so for medical reasons (epidural injections, an aetiological assessment and severe pain ).Patients that were hospitalised were in significantly more pain than those not hospitalized (Visual analogic scale p = 0,019).The study shows a significant physical repercussion of lumboradiculalgia on the quality of life of hospitalized patients (SF36, Dallas Pain and Eifel questionnaire). No psychological repercussions were mentioned. More over, a visual analogic scale above 6 constituted an additional factor determining hospitalization. We did not uncover other predictive factors, most likely due to the small scale of the study. Therefore, the main reasons underlining hospitalisation were found to be pain and damages in the quality of life. In order to confirm these results, further surveys based on a broader population of patients are necessary. Key words: Low back pain Sciatica Quality life