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Le talon d'Achille des bactéries
22/01/09
Avec l'apparition d'un nombre sans cesse croissant de souches bactériennes résistantes aux antibiotiques, la
recherche de nouvelles cibles pour en venir à bout est une priorité en termes de santé publique. Au Centre
d'Ingénierie des Protéines de l'ULg, Mohammed Terrak et son équipe ont mis au jour le rôle d'une série de
«motifs protéiques» d'une enzyme essentielle dans la formation de la paroi des bactéries. Cette découverte
ouvre de nouvelles pistes pour la recherche de molécules antibactériennes.
L'utilisation toujours plus large des antibiotiques pour traiter les maladies d'origine bactérienne favorise le
phénomène de résistance de ces micro-organismes. En effet, si toutes les espèces vivantes sont caractérisées
par leur capacité d'adaptation à leur environnement, les bactéries sont particulièrement performantes dans
ce domaine (lire aussi Antibiotiques contre bactéries). Au fil de leur multiplication, les bactéries mutent
et certaines acquièrent les armes génétiques nécessaires pour résister aux produits destinés à les détruire.
Les bactéries mutantes sont alors sélectionnées puisqu'elles sont les seules à survivre au traitement. De
plus, ces «élues» peuvent transmettre leur pouvoir de résistance par transfert de leur matériel génétique à
leurs congénères. Suite à cette dissémination des gènes de résistance, les traitements habituels deviennent
rapidement inefficaces pour soigner les maladies provoquées par ces bactéries. D'où l'intérêt de chercher de
nouveaux «talons d'Achille» chez ces être microscopiques.
La paroi bactérienne, une armure pas infaillible
Une des particularités de la plupart des bactéries est qu'elles sont pourvues d'une paroi cellulaire
caractéristique que l'on ne retrouve pas chez les Eucaryotes. «Cette différence fondamentale représente une
aubaine en termes de lutte contre ces microbes car en visant la destruction de la paroi des bactéries, les
antibiotiques ne risquent pas de nuire aux patients», indique Mohammed Terrak, chercheur qualifié FNRS
au Centre d'Ingénierie des Protéines de l'ULg. Au vu de cette caractéristique particulière, les scientifiques
se sont donc penchés sur des antibiotiques dont le mode d'action empêcherait la formation de cette fameuse
armure.
La paroi des bactéries est composée de longues chaînes de sucres reliées entre elles par des peptides pour
former un réseau tridimensionnel rigide, tel une sorte de sac qui entoure et protège le micro-organisme. Sans
cette protection, et sous l'effet de la pression osmotique qui règne à l'intérieur de son cytoplasme, la bactérie
éclate.
Une fois synthétisés à l'intérieur de la bactérie, les précurseurs nécessaires à la construction de la paroi
traversent la membrane plasmique. Ils sont ensuite pris en charge par une protéine dont la mission est double :
fabriquer les longues chaînes de sucre et les assembler en réseau, des activités respectivement appelées
glycosyltransférase et transpeptidase.
Une protéine, deux actions, deux cibles
Cette enzyme bifonctionnelle fait partie de la famille des Penicillin-Binding Proteins (PBP). S'il en existe
différentes formes au sein du monde bactérien, toutes présentent une structure fort semblable. Comme