Haïti dans l`impasse des politiques de libéralisation

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Haïti dans l’impasse
des politiques de libéralisation commerciale
L'opportunité d'un Moratoire aujourd'hui
Campagne pour un Moratoire sur les accords de libéralisation commerciale en Haïti
Décembre 2011
1
Table Des Matières
1.
Introduction ...................................................................................................................... 3
2.
Caractéristiques Sociales, politiques et économiques du pays......................................... 5
2.1.
Profil Economique du Pays ........................................................................................... 5
2.2.
Profil social et politique ................................................................................................ 6
2.3.
3.
Profil environnemental ..................................................................................................7
Evolution de notre économie sous le poids du libéralisme ............................................... 7
3.1.
Les réformes de 1983 à 1995 ........................................................................................8
3.1.1.
Les mesures de stabilisation et d’assainissement des finances publiques ....................8
3.1.2.
Les mesures de stabilisation de l’économie ................................................................8
3.1.3.
Les mesures de démantèlement du système tarifaire ..................................................8
3.2.
Les effets de ces mesures de libéralisation .....................................................................9
3.2.1.
Un déficit commercial croissant .................................................................................9
3.2.2.
Une augmentation disproportionnée des marges des commerçants ........................... 11
3.2.3.
Une baisse relative des recettes publiques et une pression sur les taxes internes ....... 12
3.2.4.
Une paupérisation des producteurs........................................................................... 13
3.2.5.
Une réduction de l’accès au crédit ........................................................................... 14
3.2.6.
Une menace pour les droits économiques, sociaux et culturels (DESC).................... 14
4.
Aggravation de la situation avec le séisme du 12 janvier................................................16
4.1.
En terme de gouvernance économique ........................................................................ 16
4.2.
Un secteur productif affecté et des emplois durables perdus ........................................ 16
4.3.
Aggravation de l’insécurité alimentaire ....................................................................... 17
4.4.
Un secteur des Services atrophié ................................................................................. 17
4.5.
Des ressources humaines drainées ou en fuite .................................................................. 17
5.
Un moratoire aux mesures de libéralisation, une nécessité de l’heure .............................. 18
2
1. Introduction
Le processus de libéralisation de l’économie, dans lequel le pays s’est engagé depuis une
trentaine d’années, a fortement contribué au démantèlement de notre système productif. Il est
clair que les dirigeants de ce pays se sont lancés dans ce processus sans aucune vision de
développement nationale et en l’absence d’un débat public qui permettrait aux acteurs de se
positionner sur une stratégie de développement et donc sur des choix nationaux à même de porter
cette stratégie. En dépit de tout, les autorités continuent d’enfoncer le pays davantage dans cette
spirale qui déstructure notre économie.
La libéralisation de l’économie haïtienne a démarré en 1983 pour se poursuivre avec les coupes
tarifaires de 1987 et de 1995. Et, dans ce même contexte, le pays se trouve, à partir de la
deuxième moitié de la décennie 90, impliqué dans un enchevêtrement d’accords et de
négociations d’accords commerciaux internationaux : Haïti devient membre de l’Organisation
mondiale du commerce le 31 janvier 1996, membre de la Communauté caribéenne (CARICOM)
en juillet 2002, participe au processus d’établissement du Marché économique unique de la
Caraïbe. Et, en tant que partie à la 4ème Convention de Lomé en 1990 et signataire de l’accord de
Cotonou en juin 2000, le pays a pris part au processus ayant conduit, le 15 décembre 2007, à la
conclusion d’un accord de libre-échange, dénommé Accord de partenariat économique (APE),
entre l’Union Européenne et le CARIFORUM, qui regroupe les pays de la Communauté
caribéenne (CARICOM) et la République Dominicaine. La signature de l’APE, après diverses
tergiversations, a eu lieu le 15 octobre 2008 entre l’UE et le CARIFORUM, à l’exception d’Haïti
et Guyana qui a rejoint le groupe une semaine plus tard. Après plus d’une année d’hésitation,
Haïti signe l’APE le 10 décembre 2009, soit un mois avant le séisme dévastateur du 12 janvier
2010 dont les conséquences seront ci-après exposées.
Or, parallèlement l’intégration d’Haïti à la CARICOM offre des opportunités au pays, jusque là
non exploitées, qui permettraient de réviser le système tarifaire national. D’autre part, le statut de
PMA donne droit à des avantages quoique décidés unilatéralement qui permettraient de continuer
à échanger avec les pays partenaires moyennant l’existence d’une production nationale
suffisante.
Fort de ce constat d’aucuns se posent la question à savoir: qu’est ce qui a motivé nos dirigeants à
signer ces accords dans ces conditions ? En sachant que les conditions dans lesquelles ces
accords ont été négociés ou mis en œuvre ne s’y prêtaient pas. Les négociations ayant donné lieu
à l’OMC se sont tenues de 1986 à 1994 période à laquelle Haïti, en proie à une crise politique
chronique, n’as pas su participer véritablement à ces négociations. Il en est de même pour les
APE, cet accord a été négocié par une entité régionale en l’occurrence le CRNM (dont fait partie
le CARICOM qui négociait pour le compte d’Haïti) alors que la CARICOM ne reconnaissait pas
3
les autorités haïtiennes de l’époque et en conséquence ne prenait pas en compte les désidératas
du pays. Pourquoi les nouveaux dirigeants doivent-ils maintenir ces engagements ?
Des engagements dont les mesures qui en découlent ont contribué à détériorer les conditions
sociales et économiques de la grande majorité de la population. Le séisme du 12 janvier a
retrouvé un pays totalement en crise, un pouvoir public affaibli et en butte à une crise structurelle
et multidimensionnelle. L’ampleur de la catastrophe jointe à la crise de la société haïtienne
soulèvent bien des questions et ont suscité des débats intenses sur les voies de relance de
l’économie haïtienne.
Ce rapport est commandité par la Coalition Nationale pour un Moratoire sur les Accords
Internationaux1 dans la perspective de construire un argumentaire solide pour influencer les
décideurs tant nationaux qu’internationaux, les partenaires de la société civile en prenant en
compte l’urgence d’une remise en question de ces engagements et la nécessité de négocier un
moratoire auprès des institutions internationales, blocs régionaux et ou pays du Nord. Un
moratoire qui permettrait au pays de se retrouver dans des conditions non désavantagées en vue
de pouvoir tirer avantage de ces accords.
Ce rapport tente de montrer aux uns et aux autres les effets des politiques de libéralisation sur
notre économie, tout en relevant leur accentuation après le séisme du 12 janvier 2010. Il sera
présenté en trois parties. Tout d’abord, nous exposerons le profil du pays au niveau social et
économique, dans un second temps, les mesures de libéralisation et leurs impacts sur notre
économie et en dernier lieu, nous développerons les raisons pour une remise en question de ces
politiques et un argumentaire pour la négociation d’un moratoire qui permettrait au pays de
définir une politique d’intégration plus cohérente.
1
La coalition est composée des organisations suivantes : GARR – MODEP – KRD – FRAKKA – SAKS –
PAPDA – CEAAL-Haïti, CRAD, Fondation Zanmi Timoun – POHDH – JILAP – CATH - REPT
4
2. Caractéristiques Sociales, politiques et économiques du pays
2.1.
Profil Economique du Pays
Les conditions socioéconomiques de la population haïtienne n’ont pas cessé de se détériorer au
cours des 30 dernières années. Pour plus d’un, Haïti n’a jamais pu se relever de la crise du prix
des matières premières de la fin des années 1970, particulièrement de la chute du prix du café qui
représentait, avec la canne à sucre au début du XXème siècle, plus de 75% du Produit intérieur
brut (PIB), dont plus de 50 % provenaient du café. Les difficultés du pays à honorer ses
engagements avec ses créanciers internationaux nous ont amené à la signature du premier accord
Standby avec le Fonds monétaire international en 1983. Le PIB réel de 1980 à 1986 a diminué de
0.6% annuellement et au cours de la même période, le PIB par habitant a non seulement décru de
10% mais encore ne cesse de décroître depuis.
De 1996 à 2010, comme il est ressorti dans le graphe précédent, le PIB constant (au prix de
1987) est passé de 755 $Us/habitant à 330 $Us/habitant après avoir connu son niveau le plus bas
en 2003 de 315 $Us/habitant. Pourtant en 2005, la reprise observée, selon les données fournies
par la BRH, annonçait la fin d’une croissance négative avec des taux de croissance de 1.8, 3,3%
et 2,9% pour les années 2006, 2007 et 2008 respectivement. Une amorce, cependant,
interrompue avec les effets de la crise alimentaire et de la crise économique mondiale, avec les
cyclones de 2008 et surtout avec le séisme du 12 janvier 2010 considérés dévastateurs pour le
pays. Ces facteurs associés à d’autres plus structurels caractérisés par le désengagement de l’État
5
à accompagner le développement économique et l’absence d’investissements productifs ont
conduit le pays à connaître le taux de croissance le plus bas de son histoire ; en dessous de -5%.
Nous avons assisté au déclin du secteur productif où la part du secteur agricole au PIB est passée
au cours de la période allant de 1998 à 2010 de 31% à 27%, et celle de l‘industrie manufacturière
qui a vu sa contribution diminuer de 8,6 à 7,4% au profit du secteur des Services en totale hausse
atteignant le niveau de 51.42% en 2010.
Le secteur d’assemblage a pris un sacré coup avec l’embargo en perdant près de 30 mille
emplois. Bon nombre d’entreprises, environ 20% des usines d’assemblage ont fermé leurs portes,
en raison de l’instabilité politique pour se délocaliser.
Il s’est produit une ouverture de notre économie au commerce extérieur qui porte les empreintes
de la période coloniale (commerce de produits primaires) avec un déficit commercial de plus
d’1,7 milliards de dollars US en 2008. Nous nous retrouvons avec un déficit public marquant car
le pays consomme plus de richesses qu’il n’en produise et un déficit budgétaire croissant
compensé en grande partie par «l’aide externe ». Au cours des exercices 2006-2007 et 20102011, le poids des ressources externes a dépassé les 2/3 du budget national.
2.2.
Profil social et politique
Haïti en 2008, le seul pays de la région figurant sur la liste des Pays Moins Avancés (PMA), se
retrouve au 153ème rang parmi les 177 nations classées sur la base de l’Indice de Développement
Humain (IDH). La population haïtienne, évaluée, selon les dernières estimations de l’IHSI de
2010 à 10 millions d’habitants avec un taux de croissance annuel avoisinant les 2,2%, se
concentre de plus en plus dans les zones urbaines. Elle a cru plus fortement que la richesse
nationale au cours des dernières décennies et il s’en suit une dégradation considérable de la
situation socio-économique de la population caractérisée par une baisse de revenus et sa
mauvaise répartition.
Le pays s’éloigne de plus en plus de sa capacité à transformer cette réalité, caractérisée par un
niveau d’analphabétisme et un accès très limité aux soins de santé primaires et aux services
sociaux de base. Environ 52% de la population n’ont pas accès à l’éducation. Moins de 50% des
femmes ont accès à l’éducation et pour les hommes moins de 40%. Près de 25% des enfants non
scolarisés le sont en raison de la quasi inexistence d’écoles publiques, l’éloignement des écoles
et de la précarité financière des parents. Plus de 50% des enfants abandonnent le circuit scolaire
au bout de la cinquième année. Il est ressorti que les enfants des zones rurales ont encore moins
accès à l’éducation avec une plus forte concentration des écoles dans les zones urbaines.
Au niveau de la santé, la situation reste préoccupante avec un taux de mortalité maternelle de
630 pour 100 000 en 2009, un taux de mortalité infantile de 57 pour 1000 pour la même année et
une couverture vaccinale pour les enfants de 12 à 23 mois avoisinant les 43%.
6
Avec une répartition aussi inégale des ressources, où 4 % de la population détient 66% de la
richesse nationale et où 70 % de la population ont accès à seulement 20 % des richesses
nationales, les chances d’accéder aux services sociaux de base, en particulier à l’éducation,
l'habitat, l'éducation, l'alimentation sont compromises.
Face à une population fortement appauvrie et confrontée aux difficultés d’accès aux services
sociaux de base dont les coûts sont de plus en plus élevés, les conditions sont réunies pour
connaître le niveau d’instabilité politique que nous avons vécu au cours des 20 dernières années.
Elle n’est autre que le résultat d’une remise en question par la population du système politique et
du pouvoir en place de plus en plus incapable de répondre à ses besoins fondamentaux et plus
globalement de définir des politiques publiques autonomes adéquates prenant en compte les réels
problèmes du pays.
2.3.Profil environnemental
Les signaux d’un niveau de dégradation avancé de l’environnement n’ont cessé de clignoter à
travers les dégâts enregistrés par les catastrophes engendrées tant par les inondations naturelles
aux Gonaïves, à Fonds Verrettes et Mapou que par le séisme du 12 janvier à Port-au-Prince et
d'autres villes de provinces (Léogane, Jacmel, etc). Dans un pays ayant une couverture forestière
en dessous des 2%, où le bois est (avec une consommation annuelle de 2 millions de tonnes) et
reste aujourd’hui encore la principale source d’énergie (71%) à coté des produits pétroliers
(20%), de la bagasse (4%) et de l’hydro-électricité (5%), la situation est inquiétante. Elle l’est
encore davantage au regard de la situation topographique du pays, marquée par des reliefs
accidentés avec des massifs montagneux et des terres (60% du territoire) disposant des pentes de
plus de 20% et de la disparition vertigineuse de la couverture boisée entrainant l’érosion des sols.
Il est estimé à 2 mille tonnes la quantité de terre arabe qui est emportée annuellement par les
eaux irréversiblement jusqu’à la mer.
3. Evolution de notre économie sous le poids du libéralisme
Depuis environ une vingtaine d’années, le pays s’est lancé dans un mouvement d’intégration qui
l’a amené à signer et à négocier une série d’accords commerciaux et d’intégration traversée par
des idées diverses. Nous avons retrouvé le groupe des ACP en signant l’accord de Lomé qui va
devenir plus tard l’accord de Cotonou, négocié notre intégration dans l’ALBA et intégré la
CARICOM. Parallèlement, nous avons ratifié les accords donnant naissance à l’Organisation
Mondiale du Commerce (OMC) et signé les Accords de Partenariat Economique (APE). Si dans
les premiers cas, il y a eu une certaine préoccupation d’intégration, de développement
économique des pays, comme c’est le cas notamment avec l’ALBA où la question d’une
stratégie de développement et de solidarité régionale est au cœur du mouvement dans les derniers
accords signés tant avec l’OMC qu’avec l’Union Européenne, la question commerciale est au
7
centre. Ces accords visent fondamentalement le développement du capitalisme sans
préoccupation aucune des réalités des pays partie et de leur niveau de développement. Ils sont
orientés et dominés par les intérêts des grandes puissances capitalistes et des multinationales.
Globalement, les mesures de politiques que le pays a eu à prendre ont porté les empreintes de
ces accords et ont cherché à libéraliser, et de fait libéralise à outrance, le commerce et
l’économie nationale.
3.1.Les réformes de 1983 à 1995
La situation étant ce qu’elle est, les institutions financières internationales vont imposer
au pays des mesures de « redressement » au cours de la période de 1983 à 1995, qui peuvent être
décomposées en trois groupes i) le mesures de stabilisation, d’assainissement des dépenses
publiques, ii) les mesures de libéralisation de l’économie iii) et enfin les mesures de
démantèlement du système tarifaire liées au commerce .
3.1.1. Les mesures de stabilisation et d’assainissement des finances publiques
Les mesures de stabilisation ont porté sur l’administration publique et les entreprises publiques,
la construction et l’entretien des ouvrages publics comme les systèmes d’irrigation, le crédit
agricole, la réduction des dépenses publiques, particulièrement les dépenses de fonctionnement,
la réduction du crédit interne. Bon nombre d’entreprises publiques comme l’Usine Enarol et
l’Usine sucrière de Darbone ont fermé leurs portes livrant au chômage une bonne partie de la
main d’œuvre agricole et aussi la liquidation de la Minoterie, de la Cimenterie nationale, de la
TELECO. Car ces usines représentaient un réel débouché pour les produits agricoles, une source
d’emplois pour la main d’œuvre rurale. Elles constituaient une composante du secteur productif
national et en tant que tel répondaient à une bonne partie de la demande alimentaire nationale.
3.1.2. Les mesures de stabilisation de l’économie
Les principales mesures de stabilisation de l’économie adoptées se résument à la libéralisation du
taux de conversion de la Gourde par rapport au Dollar en éliminant la parité de 5 gourdes pour 1
dollar et en adoptant le change flottant, à la libéralisation des taux d’intérêt et l’application d’une
politique monétaire restrictive en vue de contrôler l’inflation et le taux de change au détriment de
la croissance et/ou de la relance économique. Il s’en suit depuis un affaiblissement de la gourde
par rapport au dollar et donc de tous les secteurs dont les transactions se font majoritairement en
gourde.
3.1.3. Les mesures de démantèlement du système tarifaire
Entre 1983 et 1995, les dirigeants du pays ont opté pour le démantèlement du système de
protection commerciale avec l’élimination des barrières non tarifaires à l’importation, comme le
contingentement, les interdictions d’importation et l’ouverture de tous les ports au commerce
8
extérieur. Les échanges commerciaux, à partir des ports des principales villes du pays, se
faisaient sur fond de contrebande. D’autres mesures ont ciblé les tarifs sur les produits agricoles
qui sont passés de 200% à moins de 50% avant de connaitre son niveau de démantèlement accru,
caractérisé par la réduction de manière sévère des droits de douane au milieu des années ‘90. Les
tarifs ont été réduits et simplifiés à six taux, 0%, 3,%, 5%, 10% 15% et un pic de 57,85 sur la
gazoline. Dans la liste des concessions tarifaires soumises à l’OMC, les droits de douane ont été
consolidés à des taux relativement bas, variant de 0 à 50%. La consolidation à zéro concerne
plusieurs produits provenant de l’agriculture et de l’élevage en particulier le lait et le yogourt,
une preuve de plus du réel mépris des dirigeants pour le secteur agricole.
En septembre 2009, le gouvernement, en butte à des difficultés d’ordre budgétaire, a
procédé à un léger relèvement des droits de douane sur certains biens : bon nombre de produits
alimentaires accusant un taux de 0% ont été révisés à la hausse. Les différents taux sont passés à
3% pour certains et à 5% pour d’autres. Cette hausse a été enregistrée pour les produits dont les
taux variaient entre 3 et 15% malheureusement pas pour le riz qui se trouve dans cette même
catégorie. Cette mesure ne s’inscrit nullement dans une dynamique de correction de la politique
de libéralisation dévastatrice pour l’économie nationale et l’exception concernant le riz ne fait
qu’exprimer la nature du régime assurant la gestion du pouvoir plus enclin à défendre les intérêts
des producteurs américains au détriment des producteurs locaux.
3.2.Les effets de ces mesures de libéralisation
Le premier accord de Standby, signé par le régime dictatorial des Duvalier sous la pression
des institutions internationales, a lancé le pays sur la voie d’un libéralisme auquel les différents
régimes qui se sont succédé au pouvoir n’ont pas renoncé. Ils ont au contraire enfoncé le pays
dans une crise en démantelant le système de protection commerciale et en ouvrant ainsi le
marché national à la concurrence de produits importés de pays disposant d’un niveau de
productivité nettement supérieure à Haïti et qui, en plus, pratique dans certains cas le dumping et
la subvention aux importations. Ces mesures ont affaibli l’Etat et aggravé le système d’exclusion
provoqué par l’appauvrissement des producteurs et renforcé la concentration de ce qui existe
comme revenu national aux mains d’un groupe restreint de commerçants.
3.2.1. Un déficit commercial croissant
La réduction des tarifs douaniers et l’ouverture de nos ports au commerce extérieur ont
entrainé l’accès incontrôlé sur nos marchés de produits importés et provoqué ainsi une
augmentation constante des importations. Celles-ci sont passées de 325 millions de dollars en
1983 à 2,266 milliards en 2008. Parallèlement, les exportations ont faiblement cru pour la même
période passant de 266 millions de dollars à 490 millions. Le déficit commercial déjà amorcé à la
fin des années 1970 par la lourdeur de la facture pétrolière, s’est aggravé et tend à devenir
9
chronique aujourd’hui avec une facture d’importation alourdie de plus en plus par les besoins
alimentaires sans cesse croissants en raison de la croissance démographique et du déclin de la
production agricole.
Si avant 1986 le pays pouvait compenser les importations alimentaires par les
exportations, en 2008 la situation s’est détériorée car les importations alimentaires au cours de
cette année dépassent les exportations totales.
En prenant en exemple la filière rizicole et la filière avicole la production nationale a
fortement chuté au profit des exportations. La consommation annuelle de riz estimée en 2007 à
564 843 TM2 est assurée à 20% par la production nationale (105 100 tonnes métriques) et à 80%
par les importations (440 268 TM d’équivalent en paddy). Alors qu’en 1985 les importations de
riz étaient en dessous de 10 000 tonnes.
Aujourd’hui, la quasi totalité de la consommation de poulets et de produits avicoles assurée
avant 1986 par la production locale est reprise par les importations. Selon LARHEDO, les
importations d’œufs sont estimées à 33 millions d’œufs par mois, coutant au pays plus de 2
millions de dollars US mensuellement, fournis à 90% par la République Dominicaine. Ce qui
signifie une fuite nette de capitaux et de devises.
2
Bayard Budry La filière agricole en Haïti Diagnostic et Perspectives, ANDAH 2007
10
3.2.2. Une augmentation disproportionnée des marges des commerçants
Une analyse de l’évolution des prix de certains produits agricoles comme le sucre, la
farine et l’huile, évoquée par Baris dans le rapport sur la tarification des produits agricoles, pour
la période succédant la réduction des tarifs, après février 1995, nous permet de constater que la
réduction des tarifs n’a pas eu les effets escomptés sur le prix de détail. Les prix sont restés
globalement stables avec une tendance à la hausse. En d’autres termes, ces mesures, en raison de
la faible concurrence existant sur le marché des importations, n’ont nullement aidé à baisser les
prix et augmenter la consommation des ménages, mais ont été plutôt favorables aux
commerçants qui en ont profité pour augmenter leur marge de profit.
Tableau 1 Répartition de la marge par acteur au niveau de la filière
1990
1990
Riz local
Offre
(000 tonnes)
Prix en $/tonne
Coût moyen de
production
Coût moyen
importation
Coût + marge
des
commerçants
Marge/KG des
producteurs
Marge/KG des
importateur
2005
Riz
Importé
%
129,000
%
Riz local
114,000
580
100
130
22.4
310
53.4
140
24.2
573
%
80,000
100
500
87.2
33
5.8
40
2005
7
Riz Importé
%
356,000
920
1.00
403
43.8
346
37.6
171
18.6
1,090
1.00
853
78.2
149
13.7
88
8.1
Il est ressorti du tableau 1 qu’au niveau du secteur agricole, les coûts d’opération et de
production ont augmenté. Si en 1990 les coûts de production représentaient moins de 25% de la
valeur du riz sur le marché de détail, en 2005 leurs poids ont quasiment doublé (43,8%). Cette
hausse de coût, due à l’augmentation du prix des intrants, se répercute sur la marge de profit des
producteurs qui a connu une baisse. Au niveau de la commercialisation du riz, on a observé une
nette augmentation dans la marge des commerçants de riz importé et particulièrement les
importateurs. Ils sont doublement bénéficiaires pour avoir connu une augmentation de marge sur
le Kg et sur le volume de riz commercialisé. Le marché, avant les réformes, était approvisionné
par 100 mille exploitants agricoles haïtiens alors qu’à présent plus de deux tiers de l’offre
alimentaire de riz sont fournis par six (6) gros importateurs de la place ; ce que l’on appelle
couramment « les commerçants du bord de mer », un mouvement qui tend à favoriser le
monopole.
11
3.2.3. Une baisse relative des recettes publiques et une pression sur les taxes
internes
Avec la libéralisation des échanges et la réduction des tarifs douaniers, deux phénomènes
se sont produits dans les recettes publiques. On a observé tout d’abord une augmentation du
déficit budgétaire et une réduction du poids des recettes douanières dans les recettes totales qui
sont passées de 37% à 29% de 1983 à 2007. Le déficit public basé sur les recettes courantes et
les dépenses courantes de l’Etat est passé de 986,1 millions de gourdes en 1995 (67 Millions
$US) à 4 milliards de gourdes (115 millions $US) en 2007, soit une augmentation de 171%.
Cette augmentation du poids des recettes internes, particulièrement la TCA (Taxe sur Chiffre
d’Affaires) en raison de son caractère non discriminatoire contribue à contracter l’activité
économique interne, une contraction beaucoup plus forte sur les ménages à faible revenu.
En prenant en compte les dépenses d’investissement, nous pouvons observer pour les
trois derniers exercices 2006-2007, 2007-2008 et 2008- 2009, les recettes publiques ont avoisiné
les 35 % du budget national et représente environ 20% du PIB pour ces périodes.
Importance du déficit public dans les derniers exercices
(en millions de gourdes)
2006-2007
2007-2008 2009-2010
Recettes Totales
21 944,00
26 017,00
34 925,00
Dépenses totales
60 675,00
77 159,00
88 197,00
déficit
38 731,00
51 142,00
53 272,00
PIB Totale
220 110
250 590
256 019
Déficit/PIB
0,18
0,20
0,21
12
Cette situation fragilise notre économie et la rend très dépendante de l’aide externe. Une
aide qui tend à se raréfier sur le marché international avec la crise financière et économique
internationale.
3.2.4. La paupérisation des producteurs
Les politiques d’ajustement structurel prônant un État minimal, renforcées avec les
mesures de libéralisation réduisant les recettes de l’Etat qui ont suivi, ont contribué à un
affaiblissement de l’État devenu incapable d’offrir le moindre appui au secteur agricole et de
fournir le moindre service de base aux producteurs et à la population contribuent à aggraver la
crise du secteur agricole. Nous avons en face de nous un pouvoir public de moins en moins
capable de réhabiliter les systèmes d’irrigation défectueux, les routes nationales et secondaires
défoncées et impraticables, dans un pays où les pauvres représentent une majorité écrasante et
surtout grandissante. Dans un tel contexte, les chances de retrouver à nouveau un secteur
productif compétitif sont compromises.
Les réformes sont intervenues à un moment où les agriculteurs connaissaient un niveau de
paupérisation sauvage, leurs revenus au moment des réformes étant déjà bas. Le choc provoqué
par l’abaissement des tarifs et l’augmentation des importations de produits à bon marché, ont
davantage porté à la baisse les revenus des exploitants.
L'abattage systématique de tous les porcs créoles au début des années quatre vingt, en raison
d'une soi-disant épidémie de peste porcine africaine, a constitué aussi un coup dur porté à la
paysannerie et constitué sans nul doute l'un des facteurs de l’appauvrissement de la paysannerie
et de la population en générale. L’élevage de porcs représentait une source de richesse
importante pour les paysans, ainsi que la forme principale d'épargne en milieu rural. L’élevage
de porc jouait d'autre part le rôle d’amortisseur de crise, en permettant à la paysannerie de
pouvoir absorber les chocs internes et externes s’attaquant à leur unité de production.
Tous ces éléments ont eu des répercussions sur la productivité du secteur et sur la production
globalement. La paupérisation des producteurs agricoles va de ce fait s’accentuer et
compromettre les chances de modernisation du secteur. En plus de limiter la capacité du pays à
s’intégrer dans l’environnement économique international, ces reformes vont entrainer la
déstructuration du secteur agricole et le démantèlement du sous secteur agro-industriel
embryonnaire avec comme corollaire le développement du chômage urbain et l’essor du secteur
informel dans les grandes villes. Cela va aussi accélérer le démantèlement des structures
économiques du pays et déconnecter les secteurs entre eux. Elles vont aussi augmenter la
pression sur les ressources naturelles, la migration des paysans vers les villes en quête d’un
avenir meilleur. Ils vont s’installer dans les bidonvilles dans des conditions très précaires
contribuant à augmenter l’ampleur des dégâts provoqués par le séisme du 12 janvier 2010.
13
3.2.5. Une réduction de l’accès au crédit
La libéralisation du système financier a conduit à une hausse en moyenne des taux d’intérêt,
hausse plus élevée que l’indice moyen des prix à la consommation, entrainant une baisse de
crédit au secteur productif dont le secteur agricole. Sur la période allant de 2000 à 2006, environ
63% du crédit était alloué au commerce de gros et de détail, aux services et à l’industrie
manufacturière. La tendance est restée la même avec une baisse due à la réduction du montant de
crédit investi dans l’industrie manufacturière qui est passé au cours de la période de 21.7% à
14.4%.. Un crédit utilisé surtout pour le commerce des produits importés et la consommation de
bien de luxe.
La révision ou les modifications apportées dans la stratégie du Bureau de Crédit Agricole
(BCA), la seule institution de crédit finançant le secteur agricole, a constitué un coup dur porté à
l’agriculture paysanne. Le BCA a suspendu ses opérations de financement direct de l’agriculture
pour s’orienter vers une fonction de grossiste financier , redistribuant du crédit à des opérateurs
financiers et à des ONGs, laissant libre choix à ces opérateurs financiers de financer les activités
de court terme et celles considérées comme plus rémunératrices. En 1995, correspondant à la
période de révision de la politique du BCA, les fonds d’investissement du BCA investis dans le
secteur agricole dépassaient les 256 millions de gourdes3 et ont chuté pour l’exercice 2004-2005
à moins de 23 millions de gourdes et à moins de 17 millions pour celui de 2005-2006. Ainsi, la
part du crédit venant des fonds du BCA alloué au secteur agricole est-elle passée de 100% à
9%. Pour l’exercice 2006-2007, moins de 1% du total du crédit formel (soit 5,8 millions de
Gourdes) est dédié aux activités d’agriculture, de sylviculture et de pêche.
3.2.6. Une menace pour les droits économiques, sociaux et culturels (DESC)
Selon les dernières statistiques de l’IHSI, de 1997 à 2003, correspondant au début de
l’aggravation du déficit public, près de 90% des écoles sont des écoles privées, plus de 60% des
établissements scolaires sont logés dans des bâtiments inadéquats (église, abris). Un accès
différencié selon le sexe et le milieu. En effet, le taux d’alphabétisme de la population de plus de
15 ans est estimé par IHSI en 2003 à 54.1%, avec 60.1% pour les hommes et 48% pour les
femmes. L’accès est quasiment le double selon que l’on soit en milieu urbain (71.8%) ou en
milieu rural (38.6 %). Dans une économie où plus de 55% de la main d’œuvre active vivent dans
le chômage, avec une prédominance des écoles privées, nous nous éloignons des objectifs du
pouvoir public à assumer ses obligations envers les citoyens. La politique de marchandisation
des services sociaux, renchérissant davantage le coût d’accès à l’éducation avec un doublement
des prix en moins de 5 ans (de 1996 à 2000), le coût moyen est passé de 6,670 gourdes à 15,3434
3
256.207.708 gourdes repartis ainsi : i)Fonds de roulement 147.159.071 gourdes, ii) Fonds de garantie
: 50.253.205 gourdes et iii) Fonds de participation : 60.795.432 gourdes
4
Moisset et Mérisier (juin 2001). ibid. p. 115
14
gourdes pour un ménage de trois enfants 5), contribue énormément à exclure la population à
faible revenu du système éducatif. Une éducation de plus en plus coûteuse dont la qualité laisse à
désirer avec une moyenne de 78 élèves par salle de classe et 1.87 classes par enseignant ce qui
sous-entend que les enseignants interviennent en moyenne dans plus d’une salle de clase à la fois
ou encore il y a environ une salle de classe qui ne dispose pas d’enseignant à plein temps. La
situation est encore plus dramatique quand on sait que ce système fonctionne sans inspection
scolaire puisque chaque conseiller pédagogique rayonne sur plus de 200 écoles.
S’agissant de la santé, les statistiques affichent la même tendance avec une faible couverture
sanitaire de 2 médecins, une infirmière, 2.5 auxiliaires pour 10000 habitants, un taux de mortalité
infantile le plus élevé dans la caraïbe (59.7 pour 1000), une espérance de vie à la naissance 62.5,
un taux de moralité maternelle 630 pour 100 000 habitants. Globalement, nous pouvons retenir
un désengagement du pouvoir public à prendre en charge des soins médicaux qui demeurent de
plus en plus chers pour les ménages. De 1996 à 2000, les dépenses globales de santé du pays ont
augmenté et parallèlement, la part des dépenses consenties par les ménages a presque doublé.
Elles sont passées de 21 % à 48%6 de leurs revenus. Ce qui implique une exclusion quant à
l’accès aux soins de santé des catégories à faible revenu. Dans les zones rurales où vivent plus de
65 % de la population, seulement 10 % des médecins sont présents. Il est aussi remarqué que
près de 90 % des médecins résident dans le département de l’Ouest principalement la zone
métropolitaine.
Les stratégies néolibérales conduites ont affaibli l’État et les Gouvernements, privant ces
derniers des ressources nécessaires à la prise en charge du social. Nous nous retrouvons dirigés
par des Gouvernements réduits et affaiblis et dépendants. L’Etat a ainsi hypothéqué toute son
autonomie et sa souveraineté dans la définition des politiques publiques. Les dirigeants se
retrouvent dans une situation d’attentisme, en incapacité de satisfaire les besoins fondamentaux
de la population et surtout de propulser le développement social et économique.
La capacité de l’Etat à intégrer les DESC dans la politique nationale s’est détériorée avec la
libéralisation de notre économie. La prise en charge de ces droits par la mise en place des
mécanismes de financement répondant aux exigences de justice sociale et de répartition équitable
des richesses tend à être supplantée par l’établissement de "filets de sécurité sociale" dans un
espace réglé par la marchandisation des services. Cet exercice devient de plus en plus difficile
dans un Etat caractérisé par une politique de mépris et d’exclusion où la domination du pouvoir
par une oligarchie n’ayant aucun souci quant aux besoins sociaux fondamentaux de la
population.
5
Pour un ménage ayant trois enfants, un enfant par cycle ( 3000, 600 et 3070gourdes) en 1996 ( 2514, 3605,
7224) pour les cycles préscolaire, primaire et secondaire
6
MSPP, ibid. (p.87)
15
4. Aggravation de la situation avec le séisme du 12 janvier
Le séisme du 12 janvier 2010, outre qu’il est la catastrophe la plus meurtrière de
l’histoire du pays, a entrainé des pertes et dommages substantiels au pays évalués à 7.9 milliards
de dollars, représentant 120% du PIB national de l’année 2009 et a touché divers secteurs,
particulièrement les infrastructures à 39.5%, le secteur social à 19.8%. Les impacts sociaux et
économiques sont énormes et contribuent à entraver le développement du pays.
4.1.En terme de Capacité institutionnelle de l’Etat
Le séisme du 12 janvier a mis à nu le niveau de centralisation du développement du pays
autour de la capitale car les dégâts sur deux des dix départements du pays ont paralysé toutes les
activités économiques. La fermeture momentanée des ports et de l’aéroport de la capitale a
bloqué les exportations des produits manufacturiers représentant 75% des exportations totales et
réduit fortement les recettes du pays. Pour l’exercice 2009 -2010, le niveau de recette n’a pas
dépassé les 60% des prévisions budgétaires. Une situation qui renforce le niveau de dépendance
du pays par rapport à l’aide internationale et qui l’éloigne de sa capacité à prendre en main son
propre développement, ajouté à cela le manque de vision claire et l’absence d’une politique
globale capable de lancer le pays sur la voie d’un développement durable et endogène. Avec la
création de la Commission Intérimaire pour la Reconstruction d'Haïti (CIRH) et le dispositif mis
en place permettant aux ONG internationales d’évoluer sans aucun contrôle, nous avons assisté
au renforcement du système de domination et à l’exclusion tant des institutions publiques que
celles de la société civile de la chose publique. La CIRH et les ONG participent d’un seul et
même projet qui est celui d’un affaiblissement de l’Etat prôné par les institutions internationales
et la pénétration du capital international au mépris des intérêts fondamentaux de la population.
Les témoignages des uns et des autres sont nombreux à évoquer que les milliards de dollars
dépensés au cours des 18 mois suivant le tremblement de terre n’ont apporté aucune réponse
concrète aux problèmes sociaux les plus urgents de la population, ils ont aussi signalé la précarité
des personnes déplacées vivant dans les tentes, et les expulsions forcées des gens de bon
nombres de tentes.
4.2.Un secteur productif affecté et des emplois durables perdus
Les enquêtes menées dans les centres de réfugiés (couramment appelé à tort les "camps")
ont fait ressortir que plus de 50% des gens qui s’y retrouvent menaient une activité économique
avant le séisme. Ils étaient répartis dans des secteurs divers particulièrement l’agro-industrie
affectés par le séisme. Nous pouvons, à titre d’exemple, citer la destruction à 50% des
guildiveries de Léogâne et la perte de plus de 30% de la capacité productive de l’entreprise
Rhum Barbancourt de renommée internationale et les différents bâtiments détruits au centre ville
ou étaient logés un grand nombre de commerce de gros et de détail.
16
4.3.Aggravation de l’insécurité alimentaire
Le MARNDR7 a fait ressortir comment les plaines irriguées autour de Léogâne, de Petit
Goâve, de Grand-Goâve ont été affectées par le séisme avec la destruction des systèmes
d’irrigation. Dans ce rapport, comme dans celui de la CNSA, il est fait aussi mention des pertes
d’outils enregistrées, de la consommation des réserves alimentaires et des semences par les
familles accueillant les déplacés et de leurs impacts sur la diminution de la capacité de
production des exploitations agricoles. Il y a eu environ 600 000 déplacés abandonnant les zones
touchées par le séisme qui se sont réfugiées dans les autres départements du pays l’Artibonite, le
Nord, le centre et le Nord-Ouest pour ne citer que ceux là. Environ 100 000 ménages des zones
rurales touchées par le séisme ont perdu leur stock. Certains ont du vendre leur bétail pour faire
face aux besoins alimentaires de leurs ménages. Il y est indiqué que les besoins en ressources
liées au remplacement, à la réparation des biens perdus vont entraîner des ponctions sur les
revenus agricoles, induire des difficultés à financer les prochaines saisons agricoles, de surcroît
affecter défavorablement la production et ainsi aggraver le niveau de déficit alimentaire.
Outre les effets du séisme du 12 janvier, il convient aussi de relever ceux provoqués par
le cholera et par le cyclone Thomas dont les impacts sont énormes sur le secteur agricole et sur la
sécurité alimentaire de la population. Avec Thomas, certaines zones comme le Nord-Ouest, le
Sud et la Grande Anse ont perdu une bonne partie de la récole (c’est le cas pour la banane, le
pois congo et le bétail) entrainant une baisse de revenu au niveau des exploitations.
4.4.Un secteur des Services atrophié
Le secteur des services représentant actuellement 61% du PIB, selon les chiffres officiels,
n’est l’objet d’aucune réflexion portant sur son insertion dans une politique globale de
développement. Des filières porteuses ont certes été identifiées dans le domaine de la
communication, des assurances, de la gestion de documents et les industries créatives. Les
quelques initiatives se sont limitées au tourisme et la communication de façon plus récente qui
font face à des contraintes de taille comme l’absence de programme d’assistance technique et de
crédit et la faible disponibilité de main d’œuvre qualifiée. Les efforts consentis en dépit de tout
au cours de ces dernières années pour refaire l’image du pays et en faire une destination
touristique ont pris un coup avec le séisme. Le pays a perdu plus de 300 chambres d’hôtel et a vu
ainsi sa capacité d’accueil fortement réduite. Le risque-pays a augmenté d’un cran car le risque
sismique s’ajoute aux autres risques sanitaire et sécuritaire contre lesquels le pays se démène
déjà non sans difficultés.
4.5.Des ressources humaines drainées ou en fuite
Outre les pertes en vie humaine, le séisme du 12 janvier a détruit la capacité installée
d’enseignement aux niveaux primaire, secondaire et universitaire et occasionné des départs
7
Plan d’investissement agricole, mars 2010
17
importants de professionnels haïtiens migrant vers l’étranger; la fuite des cerveaux étant une
conséquences directes des effets pervers de la libéralisation. Bon nombres d’entre eux ont migré
avec toute leur famille privant ainsi le pays d’une bonne partie de cadres du système éducatif
haïtien et entravant fortement la capacité du pays à se lancer dans la voie de la modernisation de
son système éducatif et de son économie.
5. Un moratoire sur les mesures de libéralisation: une nécessité de l’heure
Les principaux constats faits antérieurement confirment les conclusions des
différents rapports d’organismes internationaux tels que l’OCDE, évoquant que les pays
qui ont signé des accords prônant des mesures d’ouverture drastiques ne sont pas
nécessairement ceux qui ont connu des progrès considérables en matière de croissance et de
développement. Ces accords, visant à instaurer des régimes commerciaux basés sur la
réciprocité tels que les Accords de Partenariat Economique (APE), ont grandement limité les
possibilités de ces pays à disposer de stratégies de développement propres.
Le statut de PMA d’Haïti, joint aux effets des mesures de libéralisation et combiné à la
situation post-séisme, devraient nous guider pour engager des négociations avec les pays et
Institutions financières internationales autour d’un Moratoire concernant la mise en œuvre de
nos engagements de réciprocité liés aux accords commerciaux internationaux. La demande de
moratoire ne constituera pas une innovation haïtienne car, dans le cadre du Système
commercial multilatéral géré par l’OMC, représentant la référence aujourd’hui en matière
d’accords commerciaux internationaux, il existe dans presque tous les accords des
moratoires en faveur des PMA concernant la mise en œuvre. Ces moratoires se basent sur
deux facteurs essentiels : les effets d’une brusque libéralisation de l’économie de ces pays et
leurs faibles capacités d’administration de ces accords.
C’est dans ce contexte qu’une initiative en faveur de ces pays en matière d’assistance
technique portant sur le commerce a été adoptée en 1997. Cette initiative ayant débouché sur le
Cadre intégré vise non seulement le renforcement de la capacité de production de ces pays mais
aussi leurs capacités de gestion des accords commerciaux internationaux. Les résultats de cette
initiative s’avèrent globalement mitigés et ceci particulièrement dans le cas d’Haïti pays pilote
du processus.
En plus de l’initiative Cadre intégré, bien des préférences commerciales ont été octroyées
aux PMA. Parmi ces initiatives, nous pouvons citer celles dont Haïti est bénéficiaire : le TSA
(Tout Sauf les Armes) autorisant les PMA à tout exporter, sauf les armes, en exemption de droits
de douane sur le marché européen sans obligation de réciprocité. Aucun PMA ne saurait se
targuer d’avoir su exploiter cette préférence. Dans le cas particulier d’Haïti, cette préférence n’a
18
su aucunement favoriser l’augmentation de ses exportations sur le marché européen. Si dans la
situation d’avant le séisme le pays n’a pas su exploiter cette préférence unilatérale d’une portée
aussi grande, on comprend très mal qu’il puisse, dans le contexte actuel marqué par les
conséquences du séisme du 12 janvier 2010, envisager tirer avantage de la préférence réciproque
que constitue l’APE entre l’Union Européenne et le CARIFORUM.
Le développement inégal et les asymétries brutales, caractérisés par les déséquilibres
entre les structures sociales et économiques des pays et par les contraintes financières et
technologiques, constituent une véritable entrave au redressement des secteurs productifs et à la
modernisation des pays à faibles revenus en vue de satisfaire les exigences sanitaires et
techniques du système commercial international. Or, les dégâts provoqués par le séisme tant au
niveau structurel qu’infrastructurel, les pertes en vies humaines, les pertes économiques (près de
120% du PIB), accentuant l’affaiblissement de l’Etat, exigé par les Institutions Financières
Internationales, exacerbent le niveau de vulnérabilité et entravent ainsi les possibilités de
redressement si des mesures drastiques ne sont pas prises en toute autonomie tant au niveau
global que sectoriel.
Le séisme du 12 janvier, suivi des déclarations de bonnes intentions de la part de la dite
"Communauté internationale", en dépit de la meurtrissure de l'âme des Haïtiens, devrait être saisi
comme une opportunité pour plaider en faveur d’un moratoire d’au moins une vingtaine
d’années tout en renégociant ces accords, accompagné d’un vaste programme de
refondation du pays par le remembrement et le renforcement des structures économiques
et sociales. Le pays utilisera ce moratoire pour repenser les politiques économiques et sociales et
mettre en place un ensemble de mécanismes devant lui permettre de pouvoir répondre aux défis
de souveraineté de toutes sortes. Ce serait aussi le moment de définir d’autres stratégies
d’intégration plus inclusive basée sur l’implication réelle des citoyens dans la définition,
l’évaluation, le contrôle, le suivi des politiques nationales de développement.
Il est aujourd’hui plus qu’impératif pour l’Etat de se lancer dans ce vaste chantier de refondation
réelle du pays passant par l’élaboration de stratégies souveraines viables visant la relance de la
production nationale, la construction d’infrastructures économiques, sociales (éducatives,
sanitaires, environnementales…..). Ce vaste chantier doit aussi s’atteler à moderniser le secteur
productif, lever son niveau de compétitivité et le placer dans des conditions techniques et
sanitaires en vue de répondre aux besoins alimentaires de la population et faire face aux
exigences d’un marché mondial de plus en plus contraignant. La priorité n’est pas à la
stabilisation, au contrôle de l’inflation et du taux de change. L’heure est à au redressement de
notre système productif voire de notre économie en vue de la transformation des conditions de
vie de la population et des couches défavorisées en particulier.
19
6. Piste de Plaidoyer
L’argumentaire pour un moratoire aux accords de commerce développé n’est autre qu’une action
de portée limitée dans le temps qui doit s’inscrire dans une réflexion plus globale sur quelle
politique publique qui pourrait redynamiser notre économie et qui garantirait un développement
durable au service de la population. Enfin, nous avons jugé bon de compléter notre analyse en
proposant un ensemble de mesures de nature à guider l’action des autorités et de la société. Ces
mesures peuvent être sériées en cinq grands axes :
6.1. L’heure est au bilan et à la réflexion sur les accords commerciaux
Dans les différents rapports des organismes internationaux tels que l’OCDE, il est mentionné que
les pays qui connaissent un bond considérable en matière de croissance et de développement ne
sont nullement ceux qui auraient adopté des mesures d’ouverture commerciale les plus radicales.
Le cas d’Haïti peut être pris en exemple comme étant le pays le plus ouvert de la zone Caraïbe et
pour lequel il est enregistré des indices de développement humains et des indicateurs
macroéconomiques les plus faibles. Le Gouvernement haïtien devrait saisir l’opportunité post 12
janvier 2010 pour définitivement évaluer les 20 dernières années dominées par des politiques
néolibérales et repenser l’orientation générale des accords commerciaux qui mettent trop l’accent
sur la libéralisation commerciale et qui menacent la souveraineté alimentaire de la population
haïtienne.
6.2. A la définition d’une stratégie de développement national
Le Gouvernement haïtien devrait s’engager au plus vite dans un processus d’élaboration d’une
stratégie nationale de relèvement et de développement définissant clairement ses choix en termes
de politique, ses priorités, présentant les secteurs économiques sur les quels le pays pourrait se
reposer pour la relance de la production nationale. Cette stratégie devrait être articulée autour
d’une vision d’éradication de la pauvreté, de combat contre la polarisation des richesses et contre
l’exclusion, marquée d’une volonté manifeste de prioriser le développement du marché interne
avec comme boussole la défense de la production nationale et de la souveraineté alimentaire.
Cette nouvelle stratégie doit chercher à tout prix à augmenter les recettes publiques, à augmenter
les investissements dans le secteur productif dans la perspective de construction d’un Etat
stratège à même de prendre en main la destinée de la nation. Elle aura aussi à œuvrer pour une
meilleure protection des services sociaux en les préservant de tout processus de marchandisation
en vue de garantir l’accessibilité et l’universalité de ces biens et services publics.
20
6.3. À la redéfinition des accords commerciaux par :
6.3.1. La négociation d’un MORATOIRE sur les Accords de libéralisation
commerciale
Le séisme du 12 janvier 2010 a mis en relief les conséquences néfastes de l’application des
politiques néolibérales en Haïti. Pour répondre aux défis de la «construction alternative» du pays,
mettre en place des politiques publiques viables de nature à renforcer les structures économiques
et sociales et s’assurer de la remise en marche de l’Etat vis-à-vis de ses responsabilités, il y a
urgence d’introduire un moratoire auprès des institutions financières internationales.
C’est un momentum à saisir pour repenser les politiques économiques et sociales en vigueur et
mettre en place un ensemble de mécanismes visant à renforcer les capacités du pays à répondre
aux défis de la souveraineté alimentaire et à donner aux populations l’accès aux Droits
Economiques, Sociaux et Culturels (DESC), en particulier, le droit à l'éducation, droit au
logement, à un emploi décent, à l'alimentation, à la santé, à un environnement sain. Ce serait
aussi le moment de définir d’autres stratégies d’intégration alternative du pays au niveau de la
région et dans d’autres espaces économiques.
6.3.2. En sauvegardant à tout prix les avantages de PMA
Le statut de PMA n'a rien de fierté, les mesures proposées tout au long de ce document sont de
nature à sortir Haïti de cette classification. Cependant, chemin faisant, en tant que PMA, Haïti
n’a aucun intérêt à signer et ratifier des accords qui mettent en cause partiellement ou totalement
des avantages que le statut de PMA lui a conférés. Ces avantages lui ont permis de disposer d’un
cadre normatif pour la mise en place de politiques tarifaires et douaniers en conformité avec sa
politique globale en matière de production, de souveraineté alimentaire, ou de protection des
secteurs les plus dynamiques de son économie. Beaucoup d'instruments internationaux, tant dans
les accords qu'au niveau des Institutions financières internationales en particulier l'OMC, sont
susceptibles de soutenir cette demande de moratoire en sauvegardant pour le moment le statut de
PMA.
6.3.3. En révisant les Tarifs Appliqués à l’OMC et certains tarifs consolidés sur les
produits agricoles
Au niveau de l’OMC, Haïti dispose d’un Tarif Consolidé de 40% sur certains produits, alors que
le Tarif appliqué est en moyenne 3%. En augmentant ce dernier d'au moins 30%, Haïti pourrait
utiliser cette marge pour i) d’une part protéger les producteurs haïtiens dépourvus d’appui contre
la concurrence déloyale des producteurs internationaux largement subventionnés. ii) ; d’autre
part élargir l’assiette fiscale par l’imposition de taxes sur certains produits importés
particulièrement les produits agricoles et laitiers. Enfin, le relèvement du Tarif appliqué
permettrait au pays d’adresser la question du TEC (Tarif Extérieur Commun) au niveau du
CARICOM, point qui pose problème pour l'intégration véritable d'Haïti au niveau de ce
mécanisme régional
21
6.3.4. En négociant des périodes de transition plus longues
Pour la remise à niveau de notre économie, on devrait profiter de ce moratoire pour négocier des
périodes de transition plus longue à l’image de l’Afrique du Sud qui a pu obtenir une période de
grâce de 18 ans au moment de rejoindre le forum des OMC. Ainsi, Haïti devrait négocier des
périodes de transition allant jusqu'à 20 ans, le temps nécessaire pour rattraper le retard de
développement occasionné par la mise en oeuvre des politiques d'ajustement structurel.
6.4. Une alliance entre les pays du SUD est incontournable
Le Gouvernement haïtien devrait intensifier ses rapports avec les blocs de pays du SUD
remettant en question le système libéral à outrance et proposant une vision alternative
d’intégration basée sur le respect de notre histoire et sur la construction des avantages coopératifs
et non sur des avantages comparatifs prônant la compétition à tout prix . L'ALBA, le CELAC
sont entre autres blocs pouvant contribuer positivement à la nouvelle vision de développement
du pays.
6.5. Sous contrôle du citoyen
Le citoyen haïtien doit être l’acteur principal de son développement. En ce sens, il est impératif
que l’Etat haïtien mette en place des dispositions légales et pratiques visant à garantir le contrôle
et la participation effective des structures de la société civile haïtienne dans la définition,
l’évaluation, le contrôle, le suivi des politiques publiques. Cela doit s'organiser de façon à
permettre le renforcement des communautés locales, les collectivités territoriales et le
développement intégré du pays par un processus de décentralisation réelle.
22
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