Monsieur le Secrétaire Général, Mesdames, Messieurs, Je suis vraiment désolé de n’être pas présent ce matin avec vous, dans le cadre de cette réunion de solidarité organisée en faveur de mon pays, la République d’Haïti, durement touchée par un violent séisme, le 12 janvier dernier. L’ouverture de la session du 18 mai revêt pour nous Haïtiens une signification exceptionnelle, puisqu’elle coïncide avec la célébration de notre Drapeau national. Je voudrais remercier les organisateurs d’avoir organisé, dans un contexte européen marqué par de perspectives économiques assez sombres, cette manifestation. Mesdames, Messieurs, En 48 secondes, la vie s’est éteinte en Haïti, cet après-midi du 12 janvier 2010, entraînant près de 300 mille morts, un million de sans abris et la destruction de presque tous les bâtiments de la Capitale, Port-au-Prince, dont le Palais Présidentiel, le Palais législatif et le Palais de Justice. D’autres Villes comme, Léogane, Jacmel et Petit-Goâve, ont été aussi très touchées. La valeur totale des pertes est estimée à environ 8 milliards de dollars, ce qui représente selon les experts 120% du PIB du pays en 2009. Mesdames, Messieurs, Le séisme du 12 janvier par ses conséquences incalculables a anéanti tous les efforts consentis au cours des années antérieures par les autorités Haïtiennes en vue de placer de manière irréversible Haïti sur la voie du développement. Avant le 12 janvier, l’application de la Stratégie Nationale de développement, a produit des résultats encourageants : l’installation d’un climat politique stable, le rétablissement du climat sécuritaire, la stabilisation macro économique. Ainsi s’explique l’arrivée massive de nombreux investisseurs étrangers en Haïti au cours de 1 l’année 2009, en vue d’explorer les opportunités d’investissement. Et les autorités de la Grande-Bretagne avaient levé l’interdiction qui a été faite aux touristes Anglais de visiter Haïti. Apporter des éléments de réponse appropriés et assurer la Reconstruction, disons la Refondation de l’Etat, tels ont été et tels sont encore les principaux défis auxquels le Gouvernement doit faire face. Avec les maigres moyens humains, financiers et matériels qui étaient à sa disposition et grâce à la grande mobilisation internationale, notamment de la France, le Gouvernement a pu maitriser la situation. La Conférence de New York du 31 mars dernier marque un véritable tournant dans la nouvelle Haïti, de par non seulement la qualité du plan d’action pour le Relèvement et le Développement d’Haïti présenté par le Gouvernement, mais également de par la grande générosité des pays amis, des donateurs et des bailleurs de fonds, « plus de 5 milliards de dollars à court terme (jusqu’à fin 2011) et 9,9 milliards de dollars à moyen terme » ont été promis. La vision du Gouvernement se résume en quatre (4) axes stratégiques : La refondation institutionnelle, qui nécessite l’identification, la planification et la gestion des nouveaux pôles de développement, la stimulation du développement local, la reconstruction des zones affectées, la mise en place des infrastructures économiques nécessaires à la croissance, la gestion du foncier garantissant la protection de la propriété et facilitant l’avancement des grands projets. La Refondation économique qui valorise des secteurs clés de l’économie haïtienne et vise la modernisation du secteur agricole dans ses composantes offrant un potentiel exportable comme les fruits tubercules, l’élevage et la pêche avec comme objectif la sécurité alimentaire, le développement d’un secteur de la construction professionnel, doté de lois et règlements antisismiques et anticycloniques et des structures d’application et de contrôle, la poursuite des activités de l’Industrie manufacturière, l’organisation du développement touristique. 2 La Refondation Sociale qui garantisse l’accès à l’école à tous les enfants, qui offre une éducation professionnelle et universitaire en adéquation avec l’exigence de modernisation de l’économie du pays, un système de santé qui assure une large couverture sur tout le territoire, une protection sociale pour les salariés et les plus vulnérables. La Refondation institutionnelle qui garantisse la remise en fonctionnement des institutions étatiques, la redéfinition du cadre juridique, la mise en place de la structure qui aura pour mission de gérer la Reconstruction et établisse enfin une culture de transparence et reddition de comptes, élément important dans la lutte contre la corruption. Voilà Mesdames, Messieurs, Le cadre stratégique du Gouvernement, où toutes les forces vives de la nation Haïtienne devront converger pour atteindre cet idéal commun. Seuls, il nous sera difficile de l’atteindre, et pour y arriver, nous comptons sur la grande solidarité agissante de la communauté internationale, notamment des différents pays amis européens et leurs sociétés civiles, dont la Grande Bretagne. Je vous remercie et vous souhaite beaucoup de succès pour deux jours de réunion. Fritzner GASPARD Chargé d’Affaires AMBASSADE D’HAÏTI EN FRANCE 3