H‚ - LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE Š L’EXPÉRIENCE COMBATTANTE DANS UNE GUERRE TOTALE Introduction Frise page 87 : « La Première Guerre mondiale (1914-1918) » Doc. 5 page 89 : « Les fronts européens en 1918 » Point méthode : Organiser l’introduction d’une composition : - la phrase d’accroche ou d’amorce : il s’agit d’une phrase générale qui « lance » le sujet. Le plus simple consiste à partir d’une idée reçue, un peu « cliché », sur le sujet ; - la définition des termes du sujet : cette étape permet de cerner les contours du sujet donc d’éviter le hors-sujet : il s’agit d’expliciter le cadre temporel, le cadre spatial et de donner une définition des mots ou expression qui composent l’intitulé du sujet ; - la formulation d’une problématique : il faut poser une question qui pose un problème (c’est-à-dire une question à laquelle on ne peut pas répondre avant d’avoir traité le sujet) : elle doit reprendre les thèmes, lieux et dates mentionnés par le sujet ; - l’annonce du plan : il s’agit d’annoncer la démarche que vous allez suivre pour traiter le sujet, c’est-à-dire l’ordre et le contenu des parties de votre développement. La Première Guerre mondiale constitue un événement bouleversant pour toutes les sociétés qui l’ont vécue. Débutant en 1914 et s’achevant en 1918 (au plus tard), elle est la première guerre mondiale de l’histoire : les combats ont lieu sur deux fronts en Europe (sur le front de l’ouest et sur le front de l’est) mais le conflit mobilise aussi des États extra-européens (comme les Etats-Unis à partir d’avril 1917) et l’ensemble des colonies des pays européens engagés dans le conflit. C’est une guerre totale (conflit qui mobilise la totalité des forces disponibles d’une nation afin de vaincre l’ennemi). Dans ce contexte, l’expérience combattante (expression désignant la façon dont les populations ont vécu et ressenti la guerre) ne se limite pas aux combats des soldats sur le front. Elle englobe également celle des civils restés à l’arrière, qui combattent – eux aussi à leur façon – pour la victoire de leur pays. Problématique : Comment la première guerre mondiale et totale de l’histoire bouleverset-elle durablement la vie des soldats au front et des civils à l’arrière ? I. Une expérience combattante nouvelle A. Une étendue nouvelle Š la première guerre mondiale Doc. 4 page 89 : « Les phases de la Première Guerre mondiale » Doc. 2 page 126 : « Le Président Poincaré et le général Mangin passent en revue les… » Consigne : Analysez les documents pour montrer que la Première Guerre mondiale est devenue un conflit planétaire. La Première Guerre mondiale ne concerne, au début, que des nations européennes. Elle naît en juin 1914 d’une crise survenant entre la Serbie et l’Autriche-Hongrie et qui, par le jeu des alliances diplomatiques, entraîne tous les États européens dans la guerre en juillet-août 1914. En 1917, année où la Russie se retire de la guerre, les États-Unis viennent se battre aux côtés de la France et du Royaume-Uni pour composer le départ de leur allié russe (et parce que des citoyens états-uniens sont morts lors du torpillage du paquebot Lusitania par la flotte allemande en mai 1915). De plus, les colonies des États européens sont mobilisées pour l’effort de guerre (mobilisation de toutes les forces d’une nation pour satisfaire ses besoins militaires en temps de guerre) : des soldats issus des colonies sont amenés pour se battre sur le front (ligne – mobile – de contact entre deux forces militaires ennemies). C’est le cas des « tirailleurs sénégalais », incorporés dans l’armée française. 1 B. Un type de conflit nouveau Š la première guerre totale Doc. 4 page 97 : « Appel aux femmes françaises du président du Conseil René Viviani » Document vidéoprojeté : « Affiche du 4ème emprunt national, 1918 » Consigne : Confrontez les documents afin de montrer que la Première guerre mondiale constitue une guerre totale, mobilisant toutes les forces des nations en guerre. Lors de la Première Guerre mondiale, les populations sont mobilisées : - pour se battre : des millions d’hommes ont été mobilisés afin d’aller se battre au front : en France, sur près de 40 millions d’habitants, plus de 8 millions d’hommes ont été mobilisés (soit une personne sur cinq). À l’échelle mondiale, ce sont plus de 70 millions d’hommes qui ont été mobilisés ; - pour travailler : certains hommes ne sont pas mobilisés parce qu’ils ont un savoir-faire dont on ne peut pas se passer à l’arrière. Ce sont les femmes qui, en grande majorité, travaillent à l’arrière (zone située hors des combats, dans laquelle vivent les non-mobilisés) pour soutenir l’effort de guerre : elles remplacent les hommes partis au front dans les champs ou dans les usines ; La mobilisation concerne aussi les ressources économiques et financière des États impliqués dans le conflit. Les gouvernements n’hésitent pas à faire appel à l’épargne des populations en lançant des emprunts afin de financer la guerre : en France, le quatrième emprunt national a mobilisé 55 milliards de francs en 1918. Le succès de cet emprunt s’explique par les actions de propagande. Sur l’affiche du quatrième emprunt national, on voit un soldat français arracher le drapeau tricolore du bec d’un aigle hargneux (symbolisant l’Allemagne) : le dessin appelle les Français à souscrire à l’emprunt pour vaincre l’ennemi. Dans les documents de propagande, sa propre nation est toujours victimisée ou grandie (ici, elle est grandie car le soldat attaque l’aigle seul) alors que l’ennemi est systématiquement diabolisé. C. Une tactique militaire nouvelle Š la guerre de tranchées Doc. 2 page 103 : « Les réseaux de tranchées de la Somme aux Vosges » Doc. 4 page 89 : « Les phases de la Première Guerre mondiale » Consigne : Après avoir expliqué en quoi consiste la guerre de tranchées (ou guerre de position), vous avancerez les raisons pour lesquelles cette tactique a été employée. Dès l’autonome 1914, la guerre de tranchées (ou guerre de position) apparaît : il s’agit d’une guerre défensive où chaque armée campe sur ses positions – au fond des tranchées – et bouge finalement très peu. La guerre de tranchées oppose deux séries de lignes de tranchées (excavations longues et étroites pratiquées dans le sol, dans lesquelles les armées se terrent) ennemies parallèles les unes aux autres, séparées par un no man’s land (expression anglaise désignant l’espace situé entre deux tranchées ennemies). C’est là que se passent les combats quand les soldats sortent des tranchées. Cette tactique militaire fait son apparition très tôt, dès le mois de septembre 1914 sur le front de l’ouest, après la victoire française sur la Marne. Les armées s’enterrent dans des tranchées et cessent de bouger (c’est donc la fin de la guerre de mouvement) parce que la puissance de feu respective des armées empêche les mouvements de grande ampleur. Dès lors, les offensives menées par les armées lorsqu’elles sortent de leurs tranchées sont extrêmement meurtrières (du fait des bombardements et des mitraillages sur le no man’s land) et ne se traduisent pas par des gains territoriaux importants (la plupart du temps, la ligne de front bouge de quelques centaines de mètres ou de quelques kilomètres en avant puis en arrière, sans réels résultats). ⇒ La Première Guerre mondiale présente trois originalités : c’est le premier conflit mondial ; c’est le premier conflit qui mobilise toutes les forces disponibles dans les États engagés ; c’est le premier conflit où on se bat au fond de tranchées. C’est dans ce triple contexte que l’expérience combattante a lieu. 2 II. Une expérience combattante effroyable A. L’expérience combattante pour les soldats au front Dossier : « L’expérience combattante d’André B., combattant dans les tranchées » Consigne : Confrontez les documents afin de montrer que l’expérience des soldats au front se traduit par une dégradation de leurs conditions de vie et par une violence inouïe. Les conditions de vie des « poilus » (nom que se sont donné les soldats français en raison du fait qu’ils ne se rasaient pas souvent) au front sont particulièrement dégradées au front. Les soldats sont occupés de jour comme de nuit, ils sont exposés à tous les temps, en plein air et ne bénéficient d’aucun confort. D’autre part, les conditions d’hygiène sont déplorables : la présence des rats s’explique par la présence des rations alimentaires et des cadavres ; ils peuvent être des vecteurs de maladies. L’expérience des soldats au front se caractérise aussi par une violence inouïe. Pendant les combats sur le no man’s land, ils sont exposés aux tirs d’obus et de mitraillettes, « dans un bruit infernal ». Les armes employées (« des caisses de grenades, des canons de tranchées, fusils, mitrailleuses ») touchent les soldats dans leur chair : - certains soldats sont blessés : ils peuvent être défigurés (on appelle ces soldats les « gueules cassées ») ou parfois amputés d’un membre. Au total, 21 millions de soldats qui ont été blessés au cours de la Première Guerre mondiale ; - certains soldats meurent directement ou des suites de leurs blessures : ils peuvent être pulvérisés ou éventrés par des obus, tués par des balles… Au total, 10 millions de soldats ont été tués pendant la Première Guerre mondiale. B. L’expérience combattante pour les civils à l’arrière Doc. 4 page 97 : « Appel aux femmes françaises du président du Conseil René Viviani » Doc. 1 page 100 : « Crime de guerre à l’encontre des civils » Doc. 2 page 100 : « L’exode des civils. Des réfugiés belges fuyant devant Ypres » Doc. 4 page 101 : « La faim dans l’Allemagne en guerre » Doc. 4 page 103 : « Un effort militaire sans précédent » Consigne : Complétez le tableau à partir des documents mentionnés pour montrer que les civils sont des victimes mais aussi des acteurs de la Première Guerre mondiale. Les civils sont à la fois des victimes et des acteurs de la Première Guerre mondiale. Les civils, victimes de la guerre Les civils, acteurs de la guerre - les femmes se retrouvent éloignées - les femmes travaillent dans les Doc. 4 de leur mari et doivent assumer champs ou les usines pour remplacer page 97 seules leur famille et leur travail les hommes mobilisés pour se battre Doc. 1 page 100 Doc. 2 page 100 Doc. 3 page 100 Doc. 4 page 101 Doc. 3 page 103 - des civils ont parfois été exécutés par des armées : c’est un crime de guerre (violation grave des lois de la guerre) - les civils fuient devant l’avancée des armées pour échapper à la violence : ils perdent leurs biens - l’ennemi réquisitionne parfois des - par ces réquisitions, les civils vivres, de la main-d’œuvre et des contribuent indirectement à l’effort soldats parmi les civils de guerre de l’ennemi - les civils, du fait des réquisitions et de la baisse de la production alimentaire, souffrent de la faim - les civils perdent des proches : au total, on compte 3 millions de veuves et 6 millions d’orphelins 3 Doc. 5 page 101 : « Témoignages sur le génocide des Arméniens » (devoir maison) Doc. 6 page 101 : « Les lieux du génocide des Arméniens » Consigne : Confrontez les deux documents afin de montrer que les Arméniens ont été victimes d’un génocide dans l’Empire ottoman entre avril 1915 et juillet 1916. Point méthode : Choisir un exemple pour illustrer un argument : - un exemple peut être un événement : il faut préciser ce qui s’est passé, l’endroit où il a eu lieu et la date à laquelle il s’est produit ; - un exemple peut être un chiffre : il faut penser à préciser l’unité et la date ; - un exemple peut être associé à une personne : il faut préciser le nom de cette personne, sa fonction et ce que cette personne a fait ou a dit. Un génocide désigne l’élimination physique intentionnelle, totale ou partielle, d’un groupe pour des motifs nationaux, ethniques ou religieux. Les massacres perpétrés à l’encontre des Arméniens dans l’Empire ottoman entre avril 1915 et juillet 1916 constituent un génocide parce que : - l’élimination a été intentionnelle : « un plan général et uniforme, provenant d’une seule volonté centrale a été suivi » (doc. 5). Le génocide a été décidé et planifié par le régime Jeune-Turc, au pouvoir depuis 1908 ; - l’élimination a concerné une grande partie des Arméniens : « arrestation en masse de toute une population masculine » (doc. 5). Les régions peuplées par les Arméniens avant le génocide ont été concernées par les massacres et les marches de la mort. Au total, 1,2 millions de personnes sont mortes ; - l’élimination a été justifiée par des motifs ethniques et religieux : « on promet à ceux qui se feront musulmans qu’ils seront exemptés de la déportation » (doc. 5). Les Arméniens sont chrétiens ; leur élimination s’explique par des motifs religieux mais aussi par des motifs ethniques : les Jeunes-Turcs cherchent à rendre la population ottomane ethniquement homogène. Ils considèrent que les Arméniens sont des traitres à la patrie, responsables des difficultés militaires. C. Des sociétés qui ont été traumatisées par la guerre Doc. 2 page 118 : « 1914, une voix isolée contre la guerre » Doc. 4 page 119 : « La paix pour la Société des nations » Consigne : Analysez les documents pour mettre en évidence ce que dénoncent les pacifistes, les actions qu’ils proposent et les difficultés auxquelles ils ont été confrontés. Avant même le début du conflit, les pacifistes (militants qui refusent la guerre, quel qu’en soit le motif) font entendre leur voix. Ils dénoncent une guerre montrant une Europe « suicidaire », pour laquelle la vie n’a plus aucun prix. Ils craignent également que la guerre sape les fondements de la civilisation européenne (fondées sur les grandes valeurs hérités du siècle des Lumières et la Révolution française). Or, avec cette guerre, les nations européennes ne seraient plus capables que d’égoïsme. Les pacifistes appellent au rejet de la guerre (avant qu’elle n’éclate), à son arrêt (pendant le conflit) et à l’impossibilité de son retour (après celle-ci). Ils s’organisent en associations politiques après-guerre (comme la League of Nations Union au RoyaumeUni) et soutiennent la Société des nations (organisation internationale fondée en 1919, basée à Genève, chargée de maintenir la paix). Mais le discours des pacifistes n’a pas porté ses fruits : il n’a empêché ni la Première ni la Seconde Guerre mondiale car les populations n’ont pas massivement adhéré à leur message. D’ailleurs, certains pacifistes sont même assassinés : c’est le cas du leader socialiste français Jean Jaurès, assassiné à Paris le 31 juillet 1914. ⇒ La Première Guerre mondiale constitue une expérience traumatisante pour les soldats envoyés se battre au front, pour les populations restées à l’arrière. Mais elle traumatise aussi les sociétés après le conflit (nombre élevé de morts, pacifisme). 4 Conclusion La Première Guerre mondiale éclate et se déroule dans un contexte nouveau. C’est le premier conflit mondial (c’est-a-dire qu’il met en confrontation des nations et des colonies de tous les continents). C’est aussi le premier conflit total, qui mobilise autant de forces pour vaincre l’ennemi (pas seulement militairement). Enfin, c’est le premier conflit où la tactique de la tranchée est employée. C’est dans ce contexte qu’a lieu l’expérience combattante. Cette expérience combattante concerne au premier chef les hommes mobilisés pour se battre au front. Ce sont les premiers acteurs et les premières victimes de la guerre. Les civils, restés à l’arrière, ont eux aussi une expérience combattante, étant à la fois des acteurs et des victimes de la guerre. En fin de compte, c’est l’ensemble des sociétés impliquées dans la guerre qui ont été traumatisées par ce conflit ; le pacifisme en est une des expressions. 5