4
Introduction
Nous vivons dans une société caractérisée par des changements psycho-sociaux liés au contexte actuel
de la postmodernité. La société d’aujourd’hui est en constante mutation. Nous baignons dans une époque
où la honte et l’humiliation sont légitimées. Les médias accentuent cette culture de la honte et par
conséquent le phénomène d’hyper-individualisation. À l’heure actuelle, le coût de l’excellence (de
Gaulejac, 1991) et la course aux diplômes imposent à l’individu d’être le meilleur, le plus performant
même si c’est au prix de l’écrasement de l’autre. Cet état de fait met en place un climat prédispositionnel
aux phénomènes de discrimination à l’école où « casser » l’autre est devenu une nécessité afin d’éviter
d’être soi-même « cassé ».
L’école a toujours été le foyer de phénomènes violents et de discrimination, voire de harcèlement.
Cependant, le contexte actuel n’arrange rien face à cette problématique. Les chiffres parlent d’ailleurs
d’eux-mêmes, « en Belgique, environ 100 000 jeunes seraient victimes de « schoolbullying », un
anglicisme utilisé pour désigner le « harcèlement scolaire ». Dans nos écoles, ce phénomène se répand
et est, bien trop souvent, passé sous silence » (cité par Couples et Familles, organisation d'éducation
permanente reconnue par le Ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles, 2009). Ainsi, « selon toutes
les études mondiales et belges consacrées à la violence scolaire, de 10 à 15% des élèves seraient
harcelés par leurs camarades » (Le vif express, 2009).
Le harcèlement moral est défini et réprimandé par la loi au niveau professionnel. Toutefois, celui-ci n’est
pas reconnu dans le milieu scolaire alors que l’école représente en quelque sorte le milieu professionnel
de l’élève. Il en va de même pour les faits de discrimination(s). Ainsi, la loi du 30 octobre 1998 introduit un
article 442bis dans le Code pénal :
« Quiconque aura harcelé une personne alors qu’il savait ou aurait dû savoir qu’il affecterait gravement
par ce comportement la tranquillité de la personne visée, sera puni d’une peine d’emprisonnement de
quinze jours à deux ans et d’une amende de […], ou de l’une de ces
peines seulement » (Note argumentaire sur l'article 442bis du Code pénal belge réprimant le
harcèlement).Le harcèlement à l’école n’est réprimandé par aucune loi belge, cependant, il existe un
décret de la Communauté française (Fédération Wallonie-Bruxelles), le décret « harcèlement » qui prévoit
de sanctionner les faits de discrimination(s), violence et/ou harcèlement dans l’enceinte de l’école.
L’intention de ce travail de recherche-action-participante n’est pas d’invalider l’école, mais plutôt de
conscientiser que les jeunes d’origine multiculturelle ou non doivent faire face à un certain nombre de
phénomènes de discrimination, de violence et/ou de harcèlement sur les bancs de l’école, dans la rue et