PHILIPPE SKOLLE 21 rue des Mathias 17000 LA ROCHELLE 06 23 67 14 96 [email protected] Éco-responsabilité : Comment amener le changement comportemental au sein d’un organisme ? STEGE ENVIRONNEMENT – DEC. 08 - JUIN 09 Directeur scientifique du STEGE : François PETIT Mémoire mineur 1 2 Table des matières Remerciements………………………………………………………....P.4 INTRODUCTION………………………………………………………….P.5 PARTIE I – LE L’ÉGO À L’ÉCO……………………….………………….P.7 TRENTE ANS D’INERTIE………………………….……………………P.7 CONSCIENCE ET ACTION : DEUX CHAMPS PARFOIS ÉLOIGNÉS…….P.8 LES COMPORTEMENTS……………………….……………………...P.14 PARTIE II – ANIMER LES INDIVIDUS……………………….…………...P.18 LES ENTRETIENS……………………….……………………………...P.19 LES RÉSISTANCES……………………….……………………………P.25 DE L’ÉDUCATION À L’ACTION : LES PERSPECTIVES………………….P.27 CONCLUSION……………………….…………………………….……..P.30 Annexes……………………….…………………………….……………P.32 Sources et Bibliographie……………………….……………………...P.35 3 Quelques sigles utilisés dans ce mémoire SME (Stratégie de Management de l’Environnement = Politique environnementale interne) RE (Responsable Environnement) DD : Développement durable PDE : Plan de Déplacement Entreprise (transports alternatifs en interne/externe) Remerciements Je suis très reconnaissant aux personnes suivantes pour leur aimable contribution dans ma démarche de recherche : François Petit, mon maître de STEGE, Geneviève Desprées, IFREE, ma tutrice pour ce mémoire, Olivier Naccache et Benjamin Grosbois, spécialistes en Environnement, pour les conseils et les échanges d’idées enrichissants. Pour les entretiens qualitatifs : Jean-Robert Lebrun, EDF M. Rouch, Rhodia Sophie Lecor/Damien Chaubit, Wartsila Odile Blanchard, CNRS/Université Pierre Mendès-France, Grenoble Valérie Prévost, ESCEM Tours-Poitiers Jeoffrey Amiot, UCO d’Angers Raphaël Romi, Université de Nantes Alban Bourcier, Université du Havre J.-C. Brianceau, Sèvres Environnement J.-L. Jamet , CDA-La Rochelle 4 INTRODUCTION L orsqu’on écoute autour de soi, force est de constater que tout le monde parle d’environnement. Les médias se sont fait l’écho de ce qui ressemble à un éveil des mentalités. Mais vient le moment de regarder si ce discours ambiant est suivi d’effet. Et là, une sorte d’ambiguïté se fait jour. Les gens trient leurs déchets, en effet, mais les quantités produites restent faramineuses. Les entreprises y vont toutes de leurs annonces vertes, mais le pillage des ressources perdure plus que jamais. Les voitures hybrides se multiplient, mais les forages pour le pétrole continuent. Les enfants sont éduqués dans le sens du respect de la Terre, mais personne ne songe à les désintoxiquer de l’hyperconsommation. Dès lors, comment espérer que l’écoresponsabilité (ou éco-citoyenneté) devienne une seconde nature ? Pour mener mon étude, j’ai opté pour un microcosme ─ en principe miroir de la société ─ et j’ai replacé ma question dans le cadre d’organismes, tels que les écoles, les entreprises ou les collectivités. Ma question centrale s’est donc imposée : “Eco-responsabilité : Comment amener le changement comportemental au sein d’un organisme ? ” J’ai d’abord tenté de comprendre les mécanismes psychosociologiques par lesquels un groupe de personnes adopte ou résiste au geste éco-citoyen. Puis une série d’entretiens avec des acteurs – RE pour la plupart – de la démarche environnementale, m’a permis de détailler et de confirmer l’observation et la perception générale que j’en avais. Pour ces deux parties de mon travail je me suis livré à une analyse des causes de tel ou tel comportement et j’ai pu dégager quelques éléments de réponse utiles à qui souhaite s’engager dans une SME, soit en tant que responsable, soit en tant que « résident » d’un organisme. Il existe peu de littérature sur cette question, peut-être parce qu’elle est au confluent de l’économie, de la sociologie et de l’environnement. Et parce qu’elle concerne le facteur humain, encore peu abordé dans le domaine de l’environnement, lequel est souvent approché par ses aspects techniques. J’ai néanmoins pu trouver des éléments épars émanant d’organismes tels que des universités, souvent noyé dans d’autres propos, la question au cœur de mon interrogation étant, la plupart du temps, frôlée de manière anecdotique. La question était donc immédiate : pourquoi le “ Comment… ? ”, pourtant primordial pour appréhender l’immense problème de l’environnement et de notre survie, est-il si peu analysé ? 5 La réponse a fini par poindre au fil de mes entretiens : parce que les acteurs du changement des mentalités avancent dans ce domaine de manière empirique. La réponse au “ Comment… ? ” vient avec la pratique du terrain. Aucune étude préalable n’est là pour assister les agissants, inscrite sur un mode d’emploi tenu en main tandis qu’ils progressent dans leur politique d’éco-responsabilité. Pour autant, cela signifie-t-il qu’aucune forme d’étude n’a jamais été mise à contribution ? Certes non. En effet, les études socio-psychologiques, connues depuis longtemps, servent d’appui à tous ceux et celles qui sont chargés d’animer des populations internes. Néanmoins, ces études n’ont jamais été mentionnées par mes interlocuteurs lors des entretiens. Si la méthode idéale, et son efficacité, sont loin d’être une évidence, il ressort toutefois de cette étude quelques pistes pratiques propres à approcher au plus près de la réalité intime de toutes les parties prenantes. Tel est le but ultime de ce travail : avoir un outil concret pour agir sur une réalité assez abstraite. Car le geste écologique dans un organisme dépend avant tout du cheminement de la psyché de chacun. Parvenir à relier la tête à la main dans ce vaste et écrasant territoire qu’est la sphère environnementale est une première étape vers un salutaire changement de société. 6 P A R T IE I D E L ’E G O A L ’E C O ‘‘Mieux vaut prendre le changement par la main avant qu’il nous prenne par la gorge.’’ Winston Churchill TRENTE ANS D’INERTIE S i l’on se réfère au Chef Seattle, s’adressant au Congrès américain en 1854 : ‘‘Quand le dernier brin d’herbe aura disparu, quand le dernier arbre aura été coupé, quand le dernier poisson aura été pêché, quand la dernière rivière aura été empoisonnée, alors seulement l’homme réalisera que l’argent ne se mange pas.’’, on réalise combien la conscience écologique n’est pas une idée neuve. Le Sierra Club et Cowles, aux Etats-Unis à la fin du 19e siècle, l’apparition du concept d’« écologie humaine » en 1920 à Chicago, le Britannique Tamsley avec la notion d’écosytèmes en 1935, avaient posé les bases de la proto-écologie. Au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, Edgar Morin avait déjà introduit une appréhension du monde propre à inclure la nature dans le développement, laquelle a débouché dans les années 60 puis 70 sur l’écologie moderne. La prise de conscience a eu, dans les 40 dernières années, plusieurs vecteurs : les scientifiques, les mouvements contestataires des années 60 et 70, les mouvements alter-mondialistes des années 90, certaines instances gouvernementales (Ministère de l’Environnement, créé en 1971), les associations (Combat Nature, dans les années 70, Que Choisir, Les Amis de la Terre), les organismes « conférences » tels que le Club de Rome (1972). La mouvance écologique émerge en 1968 (je me souviens en 1970 d’un étudiant américain parlant de « pollution » : ce mot était totalement nouveau pour nos oreilles.), et avec elle l’idée que le productivisme ne menait à rien de bon pour l’homme, d’où la critique de la société de consommation, laquelle société de consommation n’a cessé de s’imposer comme mode unique à travers le monde depuis lors. Les alertes exprimées par les scientifiques – Haroun Tazieff, P.E. Victor, Cousteau, H. Reeves – ignorées à l’époque, étaient incompatibles avec les intérêts économiques, incompatibles avec l’esprit du temps, qui n’appréhendait le monde qu’en termes de conquête, et incompatibles avec l’image de doux rêveurs colportée par les écolo-gauchistes. La première question à se poser est celle-ci : pourquoi notre quasi inertie a-t-elle duré 30 ans ? Si l’on fait abstraction d’une évolution naturelle vers les questions environnementales, nous avons continué à consommer, donc à piller la Terre, alors même que des voix s’élevaient déjà dans les années 50 et 60 pour nous mettre en garde ! Pourquoi n’avons-nous pas réagi 7 en masse plus tôt ? La réponse est d’une implacable simplicité : d’abord, parce que le confort acquis à l’issue des « trente glorieuses » était pratiquement impossible à remettre en question, le monde étant infini et la notion de responsabilisation absente. La Terre était une vaste marmite dans laquelle il suffisait de se servir. Ensuite, parce que les effets de la dégradation environnante n’étaient pas visibles. Certes on mesurait bien, dans les années 80, les résultats des pluies acides – lesquelles ont disparu depuis, remplacées par d’autres périls, comme le réchauffement climatique –, mais seuls les experts en avaient une perception tangible . Bref, tout allait (à peu près) pour le mieux dans le (presque) meilleur des mondes, le tout couronné par les diktats de l’économie et les financiers : pas touche au business, pas touche à la croissance, pas touche aux bénéfices et aux dividendes des actionnaires. Enfin, parce que ces dispositions mentales nous ont confortés dans des stratégies de court terme. La notion même d’avenir n’étant à l’ordre du jour qu’en regard du gain, jamais de la perte. Or, c’est à la réalité de perte que nous sommes désormais confrontés. Il ne s’agit pas ici de condamner aveuglément ces trois décennies de développement, car elles nous ont apporté beaucoup sur le plan des conquêtes sociales et médicales. Il s’agit de faire le bilan de ce qu’elles ont forgé en nous en termes de « dû ». Et maintenant, ce bilan positif est entaché par l’addition qui sanctionne ce que nous avons prélevé. Et c’est là que le réveil est douloureux. Il n’est pas dans mes habitudes de citer les Ecritures Saintes, mais je ne peux m’empêcher de penser à Jésus disant “ Ils ont des yeux mais ne veulent pas voir ; ils ont des oreilles mais ne veulent pas entendre. ” CONSCIENCE ET ACTION : DEUX CHAMPS PARFOIS ÉLOIGNÉS O n pourrait penser qu’en quelques décennies, la conscience s’est néanmoins éveillée de façon progressive. Or, en réalité, elle a fluctué en fonction des priorités : au sortir des « trente glorieuses », l’intérêt pour la nature a bien trouvé un ancrage dans les esprits, mais avec une connotation politique forte, et limité à une certaine population marquée par les années du Flower Power. Mais dans les années 80, la crise efface pendant quelques temps les préoccupations écologiques, qui ne réapparaissent "Le pire n’est pas ce que qu’au fil des années 90 avec la nous avons fait à la réaction anti-mondialisation et la révolte devant les catastrophes planète : c’est ce que écologiques qui ont émaillé la nous ne faisons pas période 1979-1999, dont Three Mile maintenant." Island, Bhopal (+ de 2000 victimes), Tchernobyl, les tankers éventrés et les marées noires, le mercure de Sandoz dans le Rhin, les CFC dans Trou dans la couche la couche d’ozone… d’ozone en Antarctique 8 Les années 2000 voient l’avènement d’une conscience écologique à l’échelle planétaire, ce qui ne signifie pas pour autant des actes multilatéraux suivis d’effet. On se souvient du blocage des Etats-Unis et de la Chine lors des Accords de Kyoto. Mais l’information circule à grande échelle et rien ne pourra l’arrêter. Rien d’étonnant à cela : premièrement, les moyens de communication (télévision et internet) se sont multipliés, et avec eux les associations écologiques, qui ont relayé l’information auprès du public ; deuxièmement, les effets de la dégradation de la terre sont devenus évidents : fonte des glaces, trou de la couche d’ozone, catastrophes climatiques… Pour la première fois, le résultat du développement des activités humaines saute aux yeux. Le discours scientifique trouve donc ─ enfin ─ un écho à l’échelle mondiale. Suivent nombre de gouvernements et les partis politiques, bien obligés de « répondre » à leurs populations et aux relais de l’information en matière de dispositifs écologiques. Non qu’ils aient été totalement inactifs pendant trente ans. Mais assez peu réactifs, notamment quand il s’agissait de mettre au pas les pollueurs. Rappelons que ce sont les associations de défense de la nature qui ont souvent attaqué les multinationales responsables de catastrophes. Une exception, les pays nordiques, toujours en avance dans ce domaine, et ce, pour des raisons simples : ce sont des sociétés avancées, en mesure de se « payer le luxe » de l’écologie, favorisées par une population limitée dont le sens civique n’est plus à démontrer. Trois atouts majeurs qui leur ont permis de mettre en place au plus haut niveau de l’Etat des politiques environnementales avec les moyens idoines. Quoi qu’il en soit, l’éveil des consciences est un phénomène de fond, et non un effet de mode, comme on pourrait le penser. En effet, de nombreux sondages réalisés dans les années 90 révèlent que les préoccupations écologiques sont prises au sérieux par les populations, quel que soit le pays où ces études ont été menées [V. TAB 1 ET 2 page suivante]. Il ne s’agit donc pas d’un éveil réservé aux pays occidentaux développés. Pour exemple, en 1992, avant le Sommet de la Terre à Rio, une enquête Gallup intitulée Health of the Planet Survey fut menée sur un échantillon de 1000 personnes dans 22 pays. Les questions étaient axées de telle sorte que les gens interrogés ne sachent pas qu’il s’agissait d’un sondage sur l’environnement. Or, la plupart ont répondu spontanément que l’état de la planète était à leurs yeux une préoccupation. Mieux : dans 20 pays sur 22, l’environnement passait en priorité devant l’économie. Enfin, cet intérêt pour l’environnement n’était pas circonscrit à l’Amérique du Nord et à l’Europe, mais concernait également l’Asie, l’Europe de l’Est et l’Amérique Latine. Par conséquent, croire que seuls les pays nantis peuvent développer une 9 conscience écologique est une idée reçue, démentie par les chiffres. En tout cas en termes d’opinion, car il n’en demeure pas moins qu’en termes de moyens, les pays en développement consacrent leur budget à la croissance de leur économie davantage qu’à la préservation de leur patrimoine naturel. TAB 1 Dans 24 pays, avancés ou en développement, la question posée était : “ Les problèmes d’environnement représentent-ils un problème très grave dans votre pays ? ” TAB 2 Dans 24 pays, avancés ou en développement, la question posée était : “Vous sentez-vous assez concerné par les problèmes d’environnement?” % totaux Pays industrialisés en 1993 Allemagne 67 Suisse 63 Canada 53 USA 51 Portugal 51 Japon 42 Norvège 40 GB 36 Irlande 32 Pays-Bas 27 Danemark 26 Finlande 21 Pays en développement en 1993 % totaux Corée Sud 67 Pologne 66 Mexique 66 Russie 62 Turquie 61 Chili 56 Hongrie 52 Inde 51 Brésil 50 Nigéria 45 Uruguay 44 Philippines 37 % totaux Pays industrialisés en 1993 Allemagne 63 Suisse 42 Canada 89 USA 85 Portugal 90 Japon 66 Norvège 77 GB 81 Irlande 73 Pays-Bas 71 Danemark 53 Finlande 63 Pays en développement en 1993 % totaux Corée Sud 80 Pologne 25 Mexique 83 Russie 78 Turquie 40 Chili 70 Hongrie 79 Inde 77 Brésil 80 Nigéria 87 Uruguay 82 Philippines 94 Source : Health of the Planet Survey, Gallup Ces sondages qui datent sont intéressants malgré tout, car ils indiquent que la prise de conscience écologique n’est pas née de la dernière pluie. Elle est ancrée depuis plus de 15 ans. A mi-chemin des trente ans qu’il a fallu pour que « tout le monde en parle ». Ils indiquent surtout le gouffre qui sépare le moment M où l’homme admet son souci pour l’état de la planète et le moment M’ que nous vivons actuellement où le cerveau commande enfin à la main, c'est-à-dire où un certain nombre de nos contemporains ─ notamment dans les pays occidentaux et dans quelques pays émergents ─ transforment l’idée en action. Par la demande clairement exprimée de concrétisation des gestes éco-responsables. Un exemple pour illustrer ce 10 changement : un client lambda qui se présente dans un Leroy-Merlin pour acheter un ensemble de jardin en bois exige que ce bois soit certifié « forêt gérée selon les principes du développement durable », et n’achète plus en aveugle un joli bois exotique de provenance incontrôlée. Si, dans ce domaine, nous sommes encore loin de la certitude absolue de provenance écologique, nous avançons néanmoins vers l’exigence exprimée à l’échelon du consommateur. Bref, celui par qui tout peut enfin arriver. Le principe de base de toute économie étant que la demande crée l’offre (même si selon les lois artificielles du marketing on sait que l’inverse est vrai), on peut alors espérer à ce niveau un début d’inflexion. Il est donc primordial que le consommateur soit bel et bien un consommacteur. Toutefois, cet éveil se manifeste en tant que prise de conscience lente et en aucun cas comme un sursaut brutal face à la réalité de la dégradation ambiante. Là où l’on pourrait espérer une révolution radicale des esprits, nous assistons à une gradation pas à pas vers un constat global négatif. Mais l’inertie est encore prégnante. Rien de massif, rien de spectaculaire. On sait, mais on fait peu. La représentation graphique ci-dessous illustre ce décalage entre l’évolution cognitive du problème (A’) et celle de l’action réelle (B’) au lieu d’une évolution présumée qui n’a pas eu lieu (AB). Urgence (2030 ?) AB A’ B’ 1970 1985 2000 Changement Ce constat, confirmé par un sondage de l’ADEME en 2008 sur l’attitude des Français face au réchauffement climatique, est la sanction d’une attitude mentale résultant de l’histoire du développement qui s’est accéléré à partir de la Révolution Industrielle de 1850. Le cheminement est donc ardu vers un revirement. Pierre Rabhi dans Consience et environnement (éd. du Relié, 2006) l’exprime parfaitement : “ Le problème n’est pas de changer notre organisation matérielle, nos structures ou nos outils. Ce qui sauvera l’humanité, c’est une conscience. Il faut que chaque être humain prenne conscience de ses responsabilités. ” Il va plus loin encore : “ Du cursus scolaire en l’entrée en fonction, ils [les enfants] évoluent dans le canal hermétique de 11 leur conditionnement et s’imaginent que leur construction théorique et l’élégance de leurs propos sont valeur de changement. (…) L’enfant se trouve prisonnier d’un monde tétanisé par la compétition et dont la finalité est de porter cette compétition au plan international pour le plus grand échec de l’humanisme planétaire. ” La question de la compétition est primordiale pour comprendre les difficultés qui sous-tendent la révolution des esprits. Tout simplement parce que la notion même de compétition est incompatible avec celle de mesure. Produire et conquérir des marchés implique une forme d’économie fondée sur l’effet bulldozer. Or, cet effet bulldozer est destructeur et ne comprend pas la nécessité de préservation. Elle lui est non seulement opposée, mais totalement étrangère. Comment, dès lors que des générations d’humains ont été élevés dans l’idée que le bien-être matériel, exploiteur de ressources naturelles, se posait en nec plus ultra de la civilisation, pourrions-nous maintenant remettre en cause ce modèle de pensée, donc de société ? Au point où nous en sommes, c’est pourtant cette question-là qui "L’un des pires maux de prime : la planète a atteint les limites de ses capacités de fourniture, la civilisation technologique surtout à une époque où les pays est la soif de croissance." émergents, réclamant leur part du René Dubos gâteau, ce gâteau se révèle restreint. En d’autres termes, c’est non seulement tout un processus mental qui est à réviser, mais partant de là, tout un système économique qui est à repenser. Et cependant, qu’entend-on actuellement si ce n’est un discours économique entièrement axé sur la compétitivité ? L’équation est donc claire : s’entêter à promouvoir l’idée que la course profite à tous, c’est entériner celle que nous pouvons continuer à piller les ressources naturelles pour produire toujours plus pour avoir toujours mieux. Or, cela est une illusion que nous mesurons en constatant la dégradation ambiante. Il est donc prioritaire, sinon de tourner le dos à la notion de compétition, du moins de la déplacer vers une autre forme de développement orienté vers le partage global. Pourquoi ne pas se diriger vers une compétition créative, soucieuse de l’environnement ? Mon propos ici n’a d’autre raison d’être sinon celle de mettre en relation le contexte général, qu’il soit tourné vers le développement durable ou non (selon les pays qui l’appliquent), avec l’obstacle que constituent les comportements des populations. Ces comportements demeurent, à l’heure actuelle, très malaisés à bouleverser. En résumé, la prise de conscience est déjà là, mais les actes sont encore hors de portée. Une forme de passivité persiste. Alors que la panique devrait saisir chacun, un paradoxe surgit, corollaire du risque de dévastation : une banalisation de ces effets et une 12 baisse de leur impact dans les esprits. Bref, on s’habituerait presque à l’idée de cette épée de Damoclès climatique et planétaire. C’est, à mon sens, la masse d’information qui circule à cet égard qui en est responsable. Et pourtant, ce sont les mêmes médias qui, à force de marteler les avertissements sur l’urgence à se préoccuper, puis à s’occuper du sort de la planète, sont parvenus à imprimer les mentalités pour la bonne cause. D’un côté, la banalisation et l’affaiblissement qu’elle implique dans les esprits ; de l’autre, l’effet répétition qui conforte la prise de conscience généralisée. Les médias suscitent une réflexion sur le plan personnel et déclenchent aussi des échanges entre les personnes. Cette combinaison semble être moteur d’évolution à défaut de changement véritable. Deux exemples récents illustrent très bien ce phénomène : Une vérité qui dérange d’Al Gore et Home de Yann Arthus-Bertand. Deux approches, l’une « catastrophiste », l’autre « intimiste » vont au cœur des débats et font battre les cœurs. Les deux ont fait consensus ; c’est peut-être là le signe que l’humanité est en partie prête à voir et à écouter. En partie seulement, parce que nous ne devons pas oublier que, même si l’ensemble de la planète a pris connaissance des enjeux écologiques, les deux tiers ont pour priorité de développer leur économie afin de survivre sur la plan des besoins élémentaires : manger, se loger, avoir un emploi… Développer une conscience parmi ces populations, puis les amener à l’action quotidienne en éco-responsabilité prendra encore du temps. C’est tout le défi de la révolution économique espérée par ceux d’entre nous qui peuvent se payer le luxe d’avoir un regard critique. L’ouvrier chinois ou le paysan africain, qui auraient pourtant tout à gagner si les fruits de la mondialisation étaient mieux répartis et si l’économie globalisée prenait davantage en compte des stratégies de long terme bénéfiques à sa santé financière, sociale et environnementale, cet ouvrier et ce paysan, donc, sont pour l’instant très loin de ces préoccupations. L’urgence étant pour eux de « faire tourner la boutique », fût-ce au prix de leur environnement immédiat. On comprendra donc pourquoi nous sommes encore à bonne distance d’un consensus généralisé sur l’échéance écologique planétaire qui se traduise en actes. Peut-on reprocher au reste du monde de ne pas s’activer davantage en faveur de la planète quand nous, Occidentaux, avons traîné en chemin ? Non. Il n’est plus temps de faire la morale quand nous avons profité des largesses naturelles de manière égoïste. Nos tentatives de rattrapage du temps perdu ne nous affranchissent pas. Si le reste du monde est désormais dans la même galère, c’est pour que nous ramions ensemble. A cet égard, nous devons donc les guider et être exemplaires. Ils suivront le mouvement parce qu’ils n’auront pas le choix. En aucun cas parce que nous aurons brandi sous leur nez la menace que nous avons nous-mêmes mise en mouvement et qui s’est emballée. Passer du mode « égo » au mode « éco » sera un moteur des changements à venir, et les nations émergentes prendront le train en marche, et nous surprendront sans doute. Je ne serais pas étonné que l’Inde et la Chine nous dépassent dans les vingt années à venir en termes de solutions écologiques tant elles seront confrontées à 13 l’urgence. Ce sera d’ailleurs pour elles, comme pour nous, un champ d’innovations propres à stimuler l’économie du futur. Mais c’est un leurre de croire que notre salut viendra exclusivement de la technologie ! En attendant, nous échoît le rôle de pionniers dans l’exemplarité en question. Reste donc à déterminer lesquels d’entre nous seront les acteurs les plus crédibles, c'est-à-dire les plus éco-responsables. LES COMPORTEMENTS Q uels individus sont sensibles à la question écologique ? Les sondages prennent en compte le quantitatif. Or, il est important de préciser les typologies des sujets concernés. Catégorie sociale, niveau d’éducation, niveau de vie, entrent également en ligne de compte. Enfin, le type de question posée influe sur l’image finale qui en résulte. Par exemple, « Seriezvous prêt à voir votre niveau de vie baisser pour protéger l’environnement ? » ne recueille pas le même score positif qu’elle s’adresse à un professeur d’université au sommet de sa carrière, ancien combattant du Larzac, ou bien à un jeune artisan peu instruit qui débute au sortir d’un lycée technique… C’est donc le traitement de ces paramètres : sondage quantitatif, catégorie sociale, typologie « socio-psychologique », qui vont fournir une radiographie précise permettant d’appréhender le « Qui est concerné par quoi » en matière de défense de la planète. Ce n’est pas l’objet de mon étude, mais je présenterai néanmoins ici quelques typologies et outils existants, de façon très schématique. Les écotypologies et les outils socio-psychologiques Dans la décennie passée, la SOFRES avait établi la typologie suivante : Les radicaux : souvent caricaturés, car présentés comme des intégristes de l’écologie. Proches de la nature, ils ne font aucune concession au consumérisme. Les impliqués : critiques de la société, ils ne la rejettent pourtant pas. Leur cible : les errements de celle-ci. Ils sont plus réalistes que les radicaux et agissent avec pragmatisme. Les terre-à-terre : matérialistes, mais positifs, ils cherchent à profiter du monde mais sans lui être nuisible. Les détachés : en retrait par rapport aux problèmes environnementaux, ils restent neutres et s’engagent peu. On peut les qualifier de « masse inerte ». Les productifs : combinés de détachés et d’efficacité rigoureuse, ils fonctionnent à l’autorité. 14 Parallèlement à la typologie de la SOFRES, la SECODIP avait identifié des catégories sous l’appellation « euro-sociostyles » : Les planétaires utopistes : l’environnement est leur dada. Ils agissent en tout en fonction de cela. Les conservateurs : c’est le progrès qui est cause de trouble écologique. Ne changeons pas le monde afin de lui garder son équilibre ancien. Les égotistes : seul les intéresse leur propre environnement, à préserver avant tout le reste. Ils ont une vision individualiste de ce qu’il faut protéger. Les autruches : l’environnement est certes présent, mais faisons comme si de rien n’était afin de ne pas remettre en question le confort acquis. Les confiants : l’environnement est à considérer au même titre que d’autres valeurs, comme la religion, la famille, la morale. Les institutions sont là pour y pourvoir. Ils acceptent de participer à sa sauvegarde, dans un cadre contrôlé. Une troisième sorte de typologie a été mise en avant par Odile Blanchard, Maître de Conférences en économie pour le CNRS/Université Mendès-France de Grenoble, dans un rapport de 2008 intitulé Des attitudes aux comportements : une recherche interdisciplinaire en sciences sociales. Il y est question du « comportement pro-social », défini comme « volontaire, intentionnel, visant à aider l’autre ; c’est donc un comportement qui dépasse l’intérêt égoïste… » Dans le cadre de ce comportement pro-social, une autre typologie apparaît : l’altruisme pur et l’altruisme impur. Le premier correspond à des individus dont le comportement bénéficie au bien public exclusivement, tandis que le second décrit des individus dont le comportement altruiste renvoie une satisfaction personnelle d’estime de soi ou de déculpabilisation. Dans ces comportements, la notion de réciprocité tient un rôle : je contribue au bien public si les autres agissent de même ; ma contribution doit être proportionnelle à celle des autres. Cette typologie est intéressante, car appliquée à l’éco-responsabilité elle explique bien pourquoi il est si difficile de mouvoir les masses. En effet, une population étant constituée d’une multitude d’individus de caractères, d’éducations, de capacités morales, d’expériences, d’ouvertures mentales, très diverses, il devient quasiment impossible de les faire adhérer « comme un seul homme » à des habitudes nouvelles en termes de consommation et de mode de vie. Il existe une manière d’aborder la mise en mouvement d’une population donnée en ayant recours au management situationnel, par exemple. Dresser le graphique ci-après permet, dans un organisme maîtrisable sur le plan du nombre, de dégager quelques personnalités que 15 l’on mettra à contribution selon leur place optimale(). C’est une approche limitée à l’équipe centrale d’une SME, mais réaliste et pointue si tant est qu’on l’applique véritablement. MANAGEMENT SITUATIONNEL MOTIVATION Apprenti Mobilisateur + Informatif Délégatif COMPÉTENCE Directif Participatif Boulet Mobilisateur ─ A bien considérer ces typologies diverses, plusieurs difficultés apparaissent. Premièrement, elles ne sont pas figées et tendent à évoluer avec le temps et les bouleversements sociologiques. Deuxièmement, ont peut en inventer presque autant qu’il y a de caractères et certaines vont s’interpénétrer. La frontière devient floue. Troisièmement, sur laquelle va-t-on fonder une étude fiable des « personnalités » face au problème de l’environnement ? Quatrièmement, aucune de ces catégories ne semble prise en compte sur le terrain. D’abord par ignorance. En effet, qui, dans une école, une entreprise, une collectivité, connaît les typologies ? Elles seraient pourtant utiles, et permettraient de cibler les parties prenantes et feraient gagner en efficacité toute SME digne de ce nom. Ensuite, ces catégories exigent de se pencher sur la question en détail et, lors de la mise en place d’une SME, il semble que personne n’ait les outils ni la volonté d’optimiser son application en décortiquant le type de chacun. Il en résulte que la méthode employée est du genre massif plutôt que sélectif. On jette les filets à la mer et on ratisse large. Les poissons se trieront d’euxmêmes : les actifs des passifs, les bonnes volontés des exécutants,… Enfin, une autre approche, l’autodétermination des comportements éco-citoyens , me semble intéressante. Elle émane de Luc Pelletier, de l’Ecole 16 de Psychologie de l’Université d’Ottawa, et prend appui sur la « Théorie de l’autodétermination » de Deci et Ryan (1985-2001). Le postulat fondateur est qu’une personne équilibre sa psychologie en société sur l’autonomie, la compétence et la relation. Vient se greffer sur cette base une gradation dans la motivation : 1 L’amotivation (« Je ne fais aucun lien entre mes actes et leurs conséquences, donc à quoi bon ? »), 2 La motivation extrinsèque (« j’agis pour éviter ou obtenir quelque chose. »), 3 La motivation intrinsèque (« j’agis pour la satisfaction procurée par le geste en soi. ») L’automotivation consiste donc à évoluer de 1 vers 3. (V. Annexe 1) Une manière de s’auto-éduquer, en quelque sorte. Un véritable cheminement mental vers l’acte éco-responsable. A ce stade de ma recherche, quel est donc l’intérêt de mentionner les typologies ou une théorie psycho-sociologique ? J’avancerais une réponse prudente : en avoir connaissance ouvre des pistes pour comprendre pourquoi et comment les personnes réagissent au sein d’un groupe. On peut ainsi mieux cerner ses interlocuteurs lors de la mise en œuvre d’une SME. Il ne sert à rien de tenter de mobiliser une « autruche boulet » pour une opération de sensibilisation si l’on peut faire appel à un « impliqué mobilisateur + ». J’ai, dans mon expérience récente, l’exemple d’une fausse route lors d’une tentative de motivation auprès d’une personne dont le statut et les intentions affichées laissaient entendre qu’elle pouvait promouvoir une SME. Cette personne s’est révélée être l’inverse, et la SME en question a calé après la phase d’élan. Il faudrait déjà connaître les gens avant de les positionner sur de quelconques missions Environnement, chose parfois malaisée, car ils se révèlent souvent lorsqu’on les place devant la tâche à accomplir. Je préconiserais donc de mettre les candidats à l’épreuve sur des tentatives d’actions légères afin de déterminer à qui l’on a affaire, et, dans la mesure du possible, de passer ces bonnes volontés au tamis des typologie. Ainsi, les risques de se tromper en seraient diminués et le lancement d’une SME y gagnerait en efficacité. Toutefois, les typologies, outil fluctuant, ne peuvent constituer qu’un apport à d’autres méthodes d’appréhension du comportement humain dans le cadre d’une vaste politique environnementale. Pour un éclairage réaliste de la question, il convient d’en savoir plus sur l’expérience-terrain… 17 P A R T IE II A N IM E R L E S IN D IV ID U S ‘‘L’exemplarité n’est pas une façon d’influencer. C’est la seule.’’ Dr. Albert Schweitzer A fin de répondre à la question centrale de ce mémoire, et puisque la littérature spécialisée était peu prolixe en la matière, j’ai opté pour une série d’entretiens sur le terrain, à laquelle j’ai adjoint quelques éléments statistiques, notamment un questionnaire interne de Sup de Co-LR. A du quantitatif, j’ai préféré du qualitatif. En effet, la question du comportement exige une approche psychologique, donc un dialogue ouvert. Les chiffres sont de peu de secours à qui veut comprendre le pourquoi et le comment – et d’ailleurs, mes interlocuteurs ont été souvent dans l’incapacité de me donner des chiffres quant aux pratiques éco-responsables dans leurs organismes. Il ressort généralement toutefois que c’est une minorité active qui tire le train du changement dans un organisme de plusieurs milliers de personnes. Mes interlocuteurs sur le terrain, sélectionnés pour leur exemplarité en termes de SME, labellisés ‘Campus Responsable’ pour la plupart, ont donc été les suivants : Ecoles & Universités : ESCEM Tours-Poitiers UCO d’Angers CNRS-Université de Grenoble Université de Nantes Université du Havre Organismes en charge de collectivités locales : Sèvres Environnement Réseau Grand Ouest (Angers) CDA de La Rochelle Entreprises : EDF-Région Rhodia-La Rochelle Wartsila-Surgères Par ailleurs, j’ai pu consulter des rapports sur la SME des universités étrangères suivantes : Oxford Stanford Berkeley 18 Mon questionnaire se limitait à quelques ouvertures (5 au total) dans lesquelles mes interlocuteurs pouvaient s’engouffrer et s’exprimer librement : 1/ Dans quels domaines avez-vous mis en place une SME ? (Déchets, Eau, Energie, Transport, Achats Responsables, etc.) 2/ Pouvez-vous évaluer le nombre de personnes concernées et le nombre de personnes impliquées ? 3/ Comment parvenez-vous à impliquer votre population interne dans le sens de l’éco-responsabilité ? (Education, Persuasion, Coercition) 4/ Avez-vous constaté des résistances ? Lesquelles ? A quoi les attribuezvous ? 5/ Etes-vous optimiste quant à l’éco-responsabilité au sein de votre organisme en particulier et dans la société en général ? LES ENTRETIENS P lutôt que de lister chaque organisme et les résultats qui le concernent, ce qui serait d’une lecture fastidieuse, j’ai préféré passer en revue chacune des 5 questions larges et en donner le bilan. Ce bilan est suivi d’une analyse générale, cœur de la question posée par ce mémoire. 1/ Dans quels domaines avez-vous mis en place une SME ? (Déchets, Eau, Energie, Transport, Achats Responsables, etc.) De manière générale, tous les organismes ont mis en place une SME pour les déchets et les économies d’énergie. L’eau n’est pas partout l’objet d’une politique d’économie. Ce sont les entreprises qui la prennent en compte pour des questions de coûts évidents. Les transports sont traités principalement par les universités puisque les populations jeunes habitent en majorité à proximité. Les achats responsables sont aussi surtout l’affaire des écoles. On constate que les organismes privilégient donc ce qui est le plus pertinent au regard de leur population interne. Universités : Nantes traite tous les domaines pré-cités, avec effort sur les déplacements à vélo, mais assez peu la question de l’eau. Bilan carbone en projet. Le Havre mène des actions multiples, avec achats responsables et prise en compte de la consommation d’eau. Ce campus a inauguré une originalité : des ruches sur les toits, avec récolte du miel. PDE et Bilan Carbone sont au programme. L’UCO d’Angers travaille sur le problème de l’eau avec des solutions techniques associées à une sensibilisation. Le compostage des déchets verts et l’utilisation massive de produits à base de papier recyclé sont affaire courante. La solution « vélos » y a été adoptée avec un dispositif très large. Sup de Co-La Rochelle a lancé une consultation pour un projet « vélos » (V. Annexe 2). La gestion du papier et le recyclage sont des projets avancés. L’eau y est à l’étude. L’ESCEM Tours-Poitiers pratique les achats responsables, et mène une action solide en matière d’énergie et de maîtrise 19 de l’eau utilisée. Un PDE y est engagé. A Oxford, Par ailleurs, on encourage l’usage des verres et des tasses à la place des gobelets en plastique, et l’usage des emballages non biodégradable est limité à l’extrême. Collectivités : La CDA de La Rochelle travaille avec l’ADEME pour l’énergie, puis a mis en place un Agenda 21. Les déchets sont un gros poste de progrès. Les vélos, Après les voitures Lisélec sont apparus de nouvelles générations de vélos en libre-service et de passeurs électriques pour traverser le chenal du port, sous l’appellation Yélo. Sèvres Environnement a mis en place des dispositifs dans les communes pour tous les domaines cités, notamment les déchets, les économies d’énergie, la gestion écologique des espaces verts et des espaces publics. Entreprises : Rhodia-La Rochelle applique une politique HSE cadrée ainsi qu’un « Plan de Progrès » annuel, sorte d’Agenda 21 maison, par thème, avec mesures adéquates. L’eau, l’énergie et les déchets sont prioritaires. Un plan de déplacement interne est opérationnel avec des vélos (le site est immense). EDF a beaucoup communiqué, mais en interne, la révolution verte ne semble pas appliquée partout. Toutefois, EDF avance depuis peu grâce à sa nouvelle fondation pour l’environnement. Wartsila pratique le tri à la source, une politique de réduction de la consommation d’eau (moyen technique) pour un résultat de – 50%. L’électricité pose encore problème du fait que les bureaux sont en open space, rendant impossible la gestion individuelle de la consommation en éclairage. Pas de PDE car l’usine est isolée en campagne. 2/ Pouvez-vous évaluer le nombre de personnes concernées et le nombre de personnes impliquées ? Les interlocuteurs n’ont pas toujours su me dire le nombre total des personnes de leur organisme (je n’ai donc pas indiqué de chiffres approximatifs). Cependant, tous les organismes contactés ont sous leur gouverne des volumes de populations élevés. Et toutes sans exception fonctionnent avec la même contrainte : une poignée d’individus convaincus et persévérants qui tiennent les SME à bout de bras. Universités : Pour exemple, l’Université de Nantes compte 33 000 étudiants. Le nombre de personnes qui viennent aux réunions d’environnement : 100 à 150, dont des associations. Les « impliqués » sont quelques dizaines. On le voit, le ratio n’est pas spectaculaire… A contrario, au Havre, sur 238 membres du personnel concernés par le recyclage, seules 2 ont opposé une résistance de principe. L’UCO compte 6200 étudiants sur site, 280 salariés pour 25 services. Moins de 30 personnes animent la SME, sous forme de groupes de travail qui font office de relais. Sup de Co-LR a vu naître sa Charte Environnement et DD et sa SME grâce à un projet associatif interne, Le Défi Citoyen. Cette initiative est entièrement issue d’un petit groupe de 5 étudiants, avec prise de relais par des responsables de l’école. Collectivités : Pour les collectivités ce sont les moyens techniques plus que les ressources humaines qui font force de loi. Leur population-cible est plus variée que celle des lieux d’enseignement, et plus homogène. Une CDA doit 20 amener quelques 100 000 à 300 000 personnes à l’éco-citoyenneté ; l’approche est donc plus massive. Entreprises : Chez Rhodia, quelques personnes isolées sont parfois à l’origine d’une initiative écologique : tri sélectif des plastiques et des bouchons, projet de panneaux photovoltaïques… Une forme de volontariat spontané qui mène à des réalisations très positives. Wartsila compte une centaine de salariés dont la moitié participe au tri sélectif. 3/ Comment parvenez-vous à impliquer votre population interne dans le sens de l’éco-responsabilité ? (Education, Persuasion, Coercition) Voilà la question au cœur de l’éco-responsabilité : « Comment ? ». Tous les organismes interrogés sont unanimes : il n’y a pas de recette miracle, mais un mélange de plusieurs approches du public concerné. Universités : L’UCO lance des campagnes internes par thème, via intranet, des expositions, des stands. C’est une pratique courante en milieu éducatif, car elle permet de fédérer quelques bonnes volontés chez les étudiants, ce qui est bien perçu. Nantes semble tout miser sur les étudiants, car le répondant parmi les personnels est très faible. Chez eux, en privé, ils seront un peu actifs. Sur leur lieu de travail, il y a peu à espérer. L’explication tient peutêtre au fait que les campus sont sans vie, sauf en centre ville. Le Havre a mis en place un Comité de Pilotage avec des programmes d’actions proposés aux personnels. On y fait appel à la bonne volonté, en faisant valoir que les besoins et la visibilité en seront bénéficiaires. C’est donc une approche de séduction qui stimule le volontariat et permet aux gens de venir à l’écoresponsabilité. En revanche, là comme dans d’autres écoles, on constate que ce sont les étudiants qui se sentent les moins concernés par une politique environnementale interne. Bref, ils ne sont ni demandeurs, ni acteurs. Par ailleurs, l’Université du Havre prône d’inclure le DD dans tous les cursus au même titre qu’une matière classique. Dans ce microcosme éducatif, la concertation reste un point fort, car rien n’est plus démotivant que de se voir ordonner telle pratique quand on a l’âge de ruer dans les brancards. Il faut caresser (parfois à tort) le jeune dans le sens du poil. Et surtout, faire appel à une force interne : les associations d’étudiants, qui ont une crédibilité et une justification utiles. Mais cela vaut aussi pour convaincre ses pairs de monter au front de l’environnement. Donc, en milieu universitaire, négocier, échanger, proposer, et déculpabiliser. Les susceptibilités y sont parfois proportionnelles aux égos… Là aussi, communiquer ses actions et ses résultats est capital. Ce sont ces retours d’information qui ont valeur de récompense. Les universités anglo-américaines ont innové dans le domaine de l’incitation et de l’émulation. Oxford a réussi à motiver les étudiants et personnels au covoiturage (Programme Oxshare). Les propriétaires de ces voitures mises en commun ont droit à du stationnement – gratuit – sur un campus quasiment interdit aux véhicules motorisés (tout le monde s’y déplace à vélo ou à pied). Berkeley joue l’émulation avec le « Green Room Tour », où chacun peut visiter des chambres d’étudiants aménagées avec des produits issus du DD, vitrines des bonnes pratiques ; les « Blackout Battles » 21 sont des compétitions entre bâtiments sur la réduction de consommation énergétique. Les gains y sont économiques, mais surtout d’ordre moral. On imagine peu cette sorte de disposition d’esprit en France… Stanford, qui a payé une facture d’eau et d’électricité de 4 millions de dollars en 2004, fait de même en jouant la carte de l’émulation et de l’incitation. Les bâtiments les moins consommateurs sont récompensés par un prix financé grâce à l’argent économisé. Il y a là une touche de vénalité, mais ça responsabilise les usagers de ces bâtiments. Idem avec les photocopies, dont l’usage systématique en recto/verso se traduit en tarifs réduits. Collectivités : Sèvres Environnement couvre deux populations distinctes : les employés municipaux des communes couvertes par l’organisme et les populations publiques. Le recours à la politique de « la carotte et du bâton » est de rigueur : on incite, puis, le cas échéant, on oblige. Face à une cible massive, convaincre chacun et chacune est illusoire. Cela ne signifie pas pour autant que Sèvres Environnement impose des pratiques. L’éducation est le fer de lance auprès des écoles, des mairies, des associations… La coercition n’est qu’une ultime option quand l’approche douce a échoué. A ce stade, on met la population visée devant le fait accompli, c'est-à-dire face à des dispositifs d’économie, de recyclage ou d’usage qui ont valeur de règlement ou d’obligation. Le tri sélectif – les sacs poubelles jaunes – sont l’exemple type de « l’état de fait ». Les populations ont été informées du bienfondé de recycler et, dans la foulée, priées de bien vouloir obtempérer. L’avantage évident de ce genre de mise en route d’une pratique, c’est qu’en quelques mois une large population y adhère de facto. Et c’est l’autorité municipale ou départementale qui permet cela : le citoyen comprend vite qu’une disposition officielle devient incontournable. La CDA de La Rochelle a eu recours à ce type de coercition par le fait accompli. Par ailleurs, elle a mis en place une « Administration Eco-Responsable » avec éducation interne à la clé, et une stratégie structurée : transversalité de l’info et des projets d’un service à l’autre et synchronisation ad hoc, soutien des instances d’en haut et communication externe. Cette triple combinaison couvre bien le terrain de l’éco-citoyenneté en interne. Et celle-ci rejaillit en externe vers le public. La gestion des déchets a été efficace, à tel point que les directions et les employés des sites de retraitement étaient déstabilisés lorsqu’ils ont constaté une baisse spectaculaire des volumes traités. Ils avaient l’impression que les usines tournaient à perte et qu’il en résultait une sous-rentabilité ! Il a fallu leur expliquer que c’était, sur le plan écologique, un excellent signe au contraire ! Enfin, la CDA a œuvré dans le sens d’une appropriation de la démarche environnementale en interne par ses salariés plutôt que de se poser en donneur de leçon. C’est la consultation de la base qui permet cela. Entreprises : EDF a mis en place le minimum, semble-t-il assez peu suivi sur le site régional. Un employé m’a même dit : “La com’ externe, ça marche à fond, mais en interne, il n’y a rien”. Difficile à croire et il s’agit d’un seul regard. Mais si la SME n’est pas plus visible, on peut s’interroger. EDF ferait-elle du greenwashing ? Mon propos n’est pas de trancher ici. Rhodia-LR a recours à des réunions-formation qui sont en fait des modules de sensibilisation. Le suivi 22 consiste à contrôler que les règles de HSE sont respectées, avec rappels réguliers, pression et vigilance. Parfois, un dérapage ou un manquement survient, sans logique apparente. “L’humain, ça ne se règle pas comme une machine.” m’a dit le Responsable HSE. Les incitations sont d’ordre « responsabilisant » : ne pas respecter le dispositif SME a un coût pour la communauté. Wartsila procède à des échanges éducatifs et informatifs (notamment sur la Norme 14001), pour les nouveaux arrivants en particulier. Nous sommes en milieu industriel et, malgré la lourdeur des réglementations, la population interne suit. 4/ Avez-vous constaté des résistances ? Lesquelles ? A quoi les attribuezvous ? Dans son acception étymologique, « animer » signifie « donner une âme », et selon le sens ancien, c’est l’âme qui donne la vie, et donc anime. Cette définition est importante parce qu’elle indique bien combien la tête et la main sont liées. Sans âme, sans esprit, il n’y a pas d’action de valeur qui tienne. La pensée préside à l’acte. C’est pourquoi il n’est pas de politique éco-responsable sans une adhésion réfléchie. Et c’est cette adhésion qui pose problème : atteindre les esprits avant tout, c’est donner une chance aux actes de suivre. Or, remuer les mentalités et les transformer de telle sorte qu’elles traduisent ensuite leur cheminement en actes concrets est un défi de taille. La première épreuve consiste donc à passer les résistances. Universités : Pour l’Université de Nantes, une forme de résistance s’est exprimée lors de la mise en place d’un traiteur bio. L’argument massue opposé à cette option était que « le bio est trop cher ». C’est le cas typique d’une réalité économique immédiate qui prime sur le gain ultérieur. Là où l’on pourrait estimer que le bio est un investissement sur le long terme, au bénéfice de la santé publique, on préfère le voir comme un obstacle d’ordre budgétaire. Certes, il s’agit des finances de l’université, différentes de celles de la santé des particuliers. Mais jamais on ne semble réaliser qu’en devenant client du bio sur des volumes importants, on permet son développement et donc la baisse des prix. Les autres résistances sont classiques : confort ou incompréhension. Bref, pourquoi sacrifier les habitudes ? Et pourquoi utiliser moins d’énergie ? Là encore, il faut expliquer, démontrer que l’écoresponsabilité est l’instrument d’un gain. Au Havre, on a compris aussi que les concertés doivent devenir les acteurs de leurs idées. Vous proposez une solution alternative ? Mettez-la en application. Soyez des exemples. Et, comme ailleurs, toujours cette nécessité de justifier les choix de la SME mise en place. Collectivités : “La remise en cause personnelle est difficile.” (CDA-LR). Voilà, exprimé de façon claire, ce que chaque RE vit au sein de son organisme. Sèvres Environnement confirme ce constat. Les anciennes générations (c'està-dire celles qui approchent de la retraite actuellement) ne peuvent pas opérer un revirement de mentalité. Pour nombre d’entre eux, les « écolos » portent toujours l’étiquette de doux rêveurs et de casse-pieds. Bref, d’empêcheurs de polluer en rond. Pour ces rétifs au changement, l’écologie 23 va encore dans le sens inverse de l’histoire, et notamment du Saint Progrès. Les mettre devant la réalité planétaire ne sert à rien. Pour vaincre les résistances, une seule solution : leur expliquer et leur expliquer encore que l’environnement est régi par la loi et qu’à ce titre ils doivent s’y conformer. Les maires, les préfets « réactionnaires » (dans le sens non politique) ne se plient aux exigences environnementales que sous la pression réglementaire. Lorsqu’ils quitteront la scène, une nouvelle génération prendra le relais, plus ouverte, mais pas forcément plus active. Il y a encore de l’inertie entre la tête et la main. Mais en tout état de cause, expliquer semble le maître-mot. Donner du sens à ce qui est exigé. Après quoi « ça bouge ». Entreprises : La personne d’EDF m’a dit : “Les esprits sont vieux, et chez les jeunes, ce n’est pas évident.” Le sous-entendu est assez pessimiste, indicateur d’une désintérêt générationnel : les uns sont trop marqués au fer par une vie passée au service du progrès et ont du mal à s’extraire d’une vision utilitariste du monde, tandis que les autres, imprégnés par vingt années de consumérisme technologique, n’ont pas la capacité à bifurquer mentalement vers un modus vivendi économe. Cependant, loin d’entériner ce retour négatif à l’emporte-pièce, j’aurais tendance à donner quelque crédit à la SME d’EDF, même si nombre de salariés laissent à désirer sur le plan de l’engagement éco-citoyen. EDF n’est peut-être pas exemplaire en interne, mais l’entreprise semble s’être engagée dans la voie du DD. J’en veux pour preuve un souvenir personnel, celui d’avoir vu des employés d’EDF venir assister à Sup de Co-LR à une conférence sur le DD. C’était en soi un geste éco-citoyen. Chez Wartsila, on pointe cet esprit de contradiction parfois systématique (nous sommes en territoire gaulois, rappelons-le), assorti du « A quoi ça sert ? » qu’il faut contrer de façon permanente par de l’explication. Cet esprit de frein à la nouveauté, peut-être plus proche du râlage français que de l’opposition raisonnée, se retrouve toutes générations confondues, ce qui tend à contredire l’expérience vécue par Sèvres Environnement. Une étude pourrait être lancée sur cette question du facteur « génération » devant l’éco-citoyenneté. Une autre forme de résistance vient de la direction, soucieuse d’un retour sur investissement rapide. Les projets de panneaux solaires sont donc reportés, car ils impliquent une vision à long terme. “A 2 ans, ça coince déjà. Alors sur 5 ans, le retour est trop loin !” Et pourtant l’entreprise a bénéficié d’aides de l’ADEME pour tous ses dispositifs ! Mais ce n’est pas encore assez. 5/ Etes-vous optimiste quant à l’éco-responsabilité au sein de votre organisme en particulier et dans la société en général ? Chez l’ensemble des interlocuteurs l’optimisme est tempéré par la lourdeur massive des états d’esprit. Universités : J’ai senti les RE assez découragés. Dans un milieu intellectuel, on s’attendrait à une assimilation rapide et dynamique de l’éco-responsabilité. Or, il règne là souvent une immobilité – voire une indifférence – suspecte. Pas d’optimisme béat chez les RE, mais une volonté de se battre. 24 Collectivités : Les personnes interrogées soulignent surtout la lenteur, doublée de la difficulté, de faire pénétrer dans les esprits l’utilité et la nécessité des pratiques éco-citoyennes. Ni optimisme, ni pessimisme, mais du réalisme. Entreprises : Chez Wartsila l’optimisme est là, sous condition de patience. Chez Rhodia également, sous condition de vigilance et de répétition du message. LES RÉSISTANCES C ependant, les résistances demeurent et présentent deux inconvénients majeurs : elles sont polymorphes et elles sont profondément installées. Les principales sont les suivantes : Devant les moyens de réduire son impact sur l’environnement des attitudes primaires telles que la flemme, le je-m’en-foutisme, seront toujours l’apanage d’une frange de population plus « brute » avec laquelle, sans doute, la persuasion reste peine perdue. Pour ces clients-là, le « Je ne savais pas que… », « Je n’y ai pas pensé… », « Je n’avais pas vu que… » ne peut être combattu que par l’obligation quand le contexte matériel le permet. Ces gens doivent être, hélas, non seulement supportés, mais portés par les autres. De la part des directions, réticence à financer un dispositif écologique non rentable sur le court-terme, d’où la démonstration que sur le long terme, le bénéfice sera plus grand, en termes de santé comme en budget. Les décideurs ne comprennent que les chiffres et les gains : toute SME peut être source d’économies budgétaires substantielles. On peut appuyer aussi sur l’image positive qui découle d’une exemplarité écoresponsable… à condition de ne pas tomber dans le piège facile du greenwashing. De la part des populations internes, (étudiants, employés, citoyens) on s’attend à peu de volontaires actifs rapporté au nombre total alors qu’on souhaiterait qu’au moins 80% d’entre eux « se réveillent » ! Elles nourrissent inertie et désintérêt pour des pratiques qui semblent inutiles ou insuffisantes, le sentiment d’être « seul à faire quelque chose ». D’où l’impérative nécessité de démontrer que mille gestes individuels font une somme d’effets réels et mesurables (comme d’éteindre les voyants et les lumières, fermer les robinets, recycler tout ce qui peut l’être, optimiser les trajets en voiture, etc.). Ce paramètre est primordial : l’individu de nos sociétés, qui a déjà bien du mal à remettre en cause son mode de vie fondé sur l’acquis, se sent impuissant face au défi environnemental planétaire. Il a le sentiment que seul contre tous, son effort est négligeable dans la masse inactive. C’est pourquoi on ne peut exiger d’une personne que des petits pas, de petites initiatives à son échelle, en lui expliquant bien qu’au final, « ça paye » et qu’il en sera le premier bénéficiaire. Et surtout le conforter dans le lien social que constitue la 25 pratique éco-responsable, considérée comme norme : « Tout le monde le fait, donc je le fais. » Dans ces mêmes populations, le corollaire du faible retour sur investissement décrié par la Direction, est le manque d’incitations, en clair, le manque de récompense. La vénalité étant un moteur de l’âme humaine, on ne s’étonnera pas de voir le citoyen, l’étudiant ou l’employé s’ébrouer devant un gain pécuniaire ou un avantage en nature s’il souscrit au geste éco-responsable. Ainsi des PDE dont les usagers tirent quelque intéressement (cartes de transport gratuites,…), ou des gobelets à café recyclés dont la machine rend 10 centimes… Ce point n’est pas anodin, car il s’ajoute à la longue liste des avantages financiers qui stimulent le futur éco-citoyen, qu’il soit PDG ou subalterne. Le déclenchement du geste éco-responsable est tributaire de l’argument « argent ». Il ne viendrait pas à l’idée de l’un ou de l’autre que le geste en question est en soi un gain pour l’environnement, donc pour lui, pour sa vie, pour ses enfants, pour son avenir. Je suis donc toujours chagriné de voir quelqu’un s’engager dans la bonne voie parce qu’il y a un profit monétaire à la clé. C’est, à mon sens, une perversion de l’écoresponsabilité. Le récompense devrait se mesurer en termes de vie future. Par ailleurs, pour tout subalterne, un ordre venu d’en haut de se mettre au pas éco-citoyen est perçu comme une obligation hiérarchique supplémentaire. Cette coercition n’est qu’un ultime recours dans un contexte de résistance injustifiable. Quand l’alternative « Déclic ou des claques » survient, privilégier la remontée des initiatives par la base s’avère infiniment plus efficace, couplée avec l’éternelle nécessité d’expliquer le pourquoi. Mais on sait que parfois il faut passer en force. Les idées reçues constituent aussi parfois un frein à la réussite d’une SME, comme de croire, par exemple, que les populations jeunes sont les plus sensibles aux questions écologiques. Cette idée reçue est peut-être vraie statistiquement dans la société en général, mais elle tombe quand on observe l’attitude des étudiants en particulier. Ils se révèlent en réalité les moins éco-responsables de tous ! Comment l’expliquer ? Une réponse vient à l’esprit : ils sont consommateurs avant tout. Et la logique des aînés, qui ont (pour partie) pris conscience du facteur investissement sur le long-terme ne touche pas les jeunes pour qui le futur est une chose acquise. Autrement dit, ils se contrefichent de s’investir dans des efforts et des sacrifices pour un avenir qui leur paraît lointain. Comment leur faire comprendre qu’ils se trompent ? En revanche, on trouvera dans les facs et les écoles une poignée d’ayatollahs de l’environnement prêts à en découdre avec quiconque crache par terre. Nous sommes donc là devant deux attitudes extrêmes. Une forme d’apathie aveuglée par le « tout tout de suite », résultat de 40 ans de matérialisme débridé, transmis par les parents, et une forme d’intégrisme impatient dénué de toute capacité de persuasion. Il faudrait, pour résoudre le problème, mettre en application une maïeutique patiente, bref faire appel à Socrate pour la cause verte. 26 Une autre explication possible tient au fait que nous sommes dans une société incivique, de déficit éducatif parental, et que cela s’ajoute au consumérisme dont les jeunes sont imbibés. Le mélange rend la persuasion éco-citoyenne pour le moins ardue. Déresponsabilisation des générations + cynisme commercial ambiant = éco-citoyenneté presque impossible. DE L’ÉDUCATION À L’ACTION : LES PERSPECTIVES D ans un organisme, quel qu’il soit, la condition première de toute tentative de SME est l’adhésion des instances directrices. Sans la tête, aucun espoir de voir les couches subalternes prendre les décisions, donner les moyens et soutenir une politique quelconque. Une fois cette étape franchie, il devient plus aisé de faire redescendre l’expression d’une volonté vers les branches de l’organisme. Un président ou un présent aux réunions, qui confirme l’engagement, motive indiscutablement les troupes. Cet « élu porteur » transmet son énergie aux exécutants et légitime l’action. Ensuite, les relais s’enclenchent : information, concertation, mise en action. Il s’agit d’une stratégie de longue haleine qui exige des modalités de fonctionnement très structurées. Un Agenda 21 ou une démarche de labellisation en Campus Responsable, par exemple, offrent un cadre qui évitera l’éparpillement et rassurera les acteurs à tous les niveaux. Il s’agit dès lors de mettre en route le processus. D’abord, l’information. Expliquer. Voire justifier, tant les résistances sont lourdes et les indolences rampantes… Puis la consultation : cette information ascendante ou « retour » permet à chacun(e) de se sentir valorisé(e) et donne aux décideurs un éclairage utile sur les questions à traiter. Ensuite vient la concertation, fondée sur l’échange, la mise en commun des idées, des critiques et suggestions, le plus souvent par des réunions physiques, parfois par des sondages internes, suivie de la co-décision qui mène à la mise en application de la SME. Un comité de pilotage est alors un instrument de coordination souvent indispensable. L’erreur fatale dans ce domaine reste l’approche moralisatrice. J’appelle cela (qu’on veuille me pardonner les termes) « la stratégie du malbaisé ». Comment suivre une face de carême dont la didactique repose sur l’injonction acerbe, la répression divine, l’alarmisme docte, le pointage de la honte, le discours acrimonieux et l’intégrisme vert… ? Non qu’il faille systématiquement éviter toute confrontation avec les mauvaises volontés ! Ni qu’il faille renoncer à mettre chacun face à ses propres manquements ! Mais cela peut être fait avec un humour ravageur qui passera souvent bien auprès du public visé. En tout cas, l’important est de toujours laisser le choix aux personnes : « Vous pouvez, si vous le souhaitez… Aucune obligation. Vous êtes bienvenus à… » Les partenaires internes entrent alors en jeu : associations d’étudiants qui relaient la sensibilisation, enseignants-chercheurs qui « tutorent » des 27 projets, personnels administratifs et techniciens qui apportent leur concours à la mise en place de solutions matérielles, les volontaires convaincus parmi les employés municipaux fédèrent leurs collègues sur des opérations d’information ou proposent des projets. Une méthode consiste à mettre à contribution les quelques volontaires qui vont aller chercher les hésitants et les passifs, bref rameuter quelques forces insoupçonnées qui se révèlent utiles en fin de compte. Il est possible de rallier les franges de cette population en lui présentant le projet sous une autre forme, et sans qu’ils aient affaire au RE. Une opération d’hygiène ponctuelle sera le parallèle d’un dispositif de recyclage, la distribution de tracts pour un documentaire écologiste ne sera pas commanditée par le RE, une consultation sur l’optimisation des transports sera menée par ces « acteurs secondaires » sans que ce soit forcément rattaché à un projet de covoiturage. Il existe une voie périphérique pour faire participer les indécis. Les partenaires externes, comme l’ADEME, le WWF, les bureaux d’études, sont invités lors d’opérations éducatives ou apportent un soutien matériel à la mise en route d’une solution technique. Enfin, il faut insister sur la nécessité d’intégrer à tout cursus scolaire une véritable éducation à l’éco-civilité et à l’éco-responsabilité. Eduquer les enfants afin qu’ils répercutent la bonne parole auprès de leurs parents, parfois encore imperméables à ces notions. Ou l’inverse. La clé du problème réside assurément dans la combinaison éducative « maison » + « institution », c'est-à-dire « parents » + « référents », l’une se nourrissant de l’autre par le transfert de l’exemplarité. Le sujet peut « importer » de l’école ou de la maison les pratiques vertueuses qu’on lui a enseignées. C’est ainsi que se construit la norme sociale qui sert de terreau à la réussite éco-citoyenne. Quoi qu’il en soit, dans un organisme, le RE ou l’autorité territoriale tient le rôle de chef d’orchestre qui anime cet ensemble de synergies humaines. Partant du principe que “Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage.” on admet donc que les parties prenantes doivent d’abord être des parties apprenantes. On souhaiterait même à l’avenir qu’elles deviennent des parties surprenantes tant le temps presse et la tâche est démesurée. Hélas, pour citer Odile Blanchard : “Comme l’attestent de nombreuses études, les campagnes d’information et d’éducation, aussi bonnes soient-elles, peuvent contribuer à une prise de conscience des individus. Mais ces campagnes ne suffisent pas pour changer le comportement des individus.” L’auteur fait référence aux études McKenzieMohr de 1999 et Bartiaux de 2006. Et d’ajouter que la sensibilisation peut avoir davantage d’impact si elle s’accompagne d’échanges et du soutien social mentionné plus haut. En définitive, les personnes ont besoin d’accompagnement pour s’engager dans une véritable modification de leur fonctionnement vis-à-vis de l’écologie. 28 On peut donc schématiser l’itinéraire de l’éco-responsabilité comme suit. Le but du jeu étant de parvenir à l’Action Verte sans avoir recours à la Coercition Rouge. Dans tous les cas, l’exemplarité fait œuvre de conduction. Il s’agit en effet de « se montrer », dans toutes les étapes du processus, c'està-dire de communiquer sur les actions en tant qu’organisme, et de se poser en exemple à titre individuel. C’est donc d’une combinaison de divers types d’exemplarité qu’il s’agit de mettre en avant. ITINÉRAIRE DE L’ÉCO-RESPONSABILITÉ ACTION ÉDUCATION PERSUASION Information Sensibilisation Exemplarité informative Consultation Concertation Incitation Exemplarité incitative Participation Exemplarité active COERCITION Obligation Exemplarité défective Une ultime piste peut , enfin, être explorée : celle de la recherche en neuro-sciences. En effet, les découvertes récentes sur le cortex cérébral tendent à ouvrir des voies d’explication sur la mécanique des comportements. Et en particulier des comportements individuels et/ou collectifs, des écarts entre hommes et femmes, etc. L’ « homme neuronal » révélé dans les années 80 a permis de dégager une piste nouvelle où il est devenu possible de comprendre pourquoi telle personne, avec son patrimoine acquis et inné, sa culture, ainsi que des paramètres extérieurs (milieux divers), verra ses processus mentaux la mener à des évolutions comportementales plus ou moins rapidement. Ainsi, des blocages au changement d’attitude ( et d’habitudes), ainsi de l’adoption aisée de l’éco-responsabilité, bref, de la capacité du cerveau à modifier ce qui est ancré. A ce stade, les neuro-sciences nous disent que la répétition, l’éducation, la « gymnastique » neuronale sont les alliés du processus de déclic. Il est donc envisageable de savoir appuyer sur le « bon bouton » un certain nombre de fois pour conformer la démarche cérébrale. Si cette compréhension débouche sur une exploitation positive de la connaissance en question, et non sur la manipulation mentale, on peut espérer accélérer l’adhésion générale pour la cause de notre survie. 29 CONCLUSION L a question finale se révèle double défi : comment changer les esprits de telle sorte qu’ils commandent à l’acte, et comment accélérer le processus pour que l’éco-responsabilité entre dans les mœurs sans tarder davantage ? Nous avons passé 30 ans à faire des petits pas, maintenant est venu le temps de faire de grands sauts. Tout simplement parce que l’échéance fatale est proche, confirmée par les études scientifiques : une vingtaine d’années. Audelà de quoi… Il ressort, à l’observation des comportements, que malgré les premiers signes visibles d’une dégradation de la Terre, l’humanité traîne encore des pieds. Les Brésiliens qui vivent du défrichage de la forêt amazonienne en voient les effets, mais sont prisonniers de la nécessité économique. Même schéma pour les Chinois et les Africains. Les Européens et les Nord-américains voient bien, par les médias, que la calotte glacière fond à vue d’œil, mais ils persistent à rouler seuls dans leurs véhicules et n’ont pas encore tout à fait abandonné le 4X4, parce que la fonte des pôles, c’est loin. Beaucoup pensent encore que les émissions de CO2 sont le fait des industries, et personne ne pointe du doigt son propre usage de l’automobile. L’homme ne changera que confronté au danger immédiat. Dos au mur et les pieds dans l’eau, l’instinct de survie prendra alors le relais de la raison qu’il avait mise en veilleuse tant que « ça passait encore ». On peut donc douter de l’efficacité réelle de l’info éducative déployée par les médias et les SME, insuffisante pour « botter le derrière » à l’homme. Seule l’imminence physique de la catastrophe annoncée aura l’effet escompté. Il sera sans doute trop tard. Et je ne suis pas certain qu’en absence de souci plus flagrant pour la préservation de la Terre, la planète aura, dans sa réaction de survie, le souci de la préservation de l’homme. Avant de nettoyer la planète, il est indispensable de nettoyer d’abord les esprits. De les débarrasser des blocages que sont les égoïsmes, les habitudes, les idées reçues et les vues à court terme. Leurs démontrer, sans brusquerie mais avec fermeté, que le geste écologique au quotidien se solde par un avantage et non par une perte, que le sacrifice d’un peu de confort peut se solder par le bénéfice d’une vie plus saine. Et ne pas perdre de vue que l’exemplarité à tous les niveaux finit par induire, même à dose homéopathique, une avancée vertueuse dans les esprits, et qu’avec l’instauration d’une norme sociale dans la pratique, les réticences peuvent, à terme, finir par tomber. Nous devrions nous souvenir que l’éco-responsabilité existe déjà dans les sociétés agraires et primitives, là où les ressources sont souvent rares et difficiles à atteindre. La révolution espérée des mentalités et des mœurs n’aura pas lieu, tant elle semble impossible chez nous d’abord, chez les autres ensuite, car c’est de 9 milliards d’humain dont il s’agira en 2050 ! Seule 30 la patiente éducation des cerveaux neufs ouvrira un horizon plus clair et plus beau, par le binôme gagnant « éducation parentale + cursus scolaires intégrant l’éco-civilité », avec l’appoint éventuel des neuro-sciences. Tout cela sera réaliste et réalisable à condition de sortir de l’hyperconsommation, et pas seulement en temps de récession, sous la force majeure. L’éco-responsabilité est donc l’objet d’un double effort : d’une part les petits pas de chacun, chez soi, au travail, et dont le cumul à l’échelle mondiale peut avoir un réel impact positif sur la planète, et d’autre part les grands sauts impulsés par les gouvernements et les organismes officiels, renforcés par des réglementations multilatérales, et notamment financières. C’est assurément cette combinaison, soutenue par les médias et les associations, qui permettra d’avancer plus rapidement vers un modus vivendi mondial acceptable à défaut d’être vertueux. Nous sommes parvenus à mondialiser l’économie, mus par nos intérêts. Nous devons parvenir à mondialiser l’éco-responsabilité, mus par un égal intérêt commun. C’est une condition obligatoire, car sans la prise en compte de ce souci partagé par tous pour la Terre qui nous fournit de quoi faire fonctionner nos sociétés, il n’y aura plus d’économie viable. C’est donc tout l’intérêt de développer farouchement une économie verte, le social business inventé par Muhammad Yunus, et autres solutions réalistes et bénéfiques à la fois, pour la survie et le bien communs. Cesse de t’inquiéter pour le petit… Je considère qu’on le prépare au type de planète qu’on va lui laisser en héritage… Les 4x4 critiqués pour la forte augmentation des émissions de gaz à effet de serre… 31 Annexe 1 THÉORIE DE L’AUTODÉTERMINATION AUTOMOTIVATION POURQUOI ADOPTEZ-VOUS DES COMPORTEMENTS ÉCOLOGIQUES? Plaisir de maîtriser de nouvelles façons d'aider l'environnement. Plaisir de trouver nouvelles façons d'améliorer l'environnement. Aime le sentiment lorsque je fais des choses pour l'environnement Plaisir lorsque je contribue à la préservation de l'environnement. Prendre soin de l'environnement fait partie intégrale de ma vie. Prendre soin de moi et de l'environnement sont inséparables. Etre conscient de l'environnement est une partie de qui je suis. Fait partie de la façon dont j'ai choisi de vivre ma vie. Me semble raisonnable d'aider à préserver l'environnement. Ces comportements constituent des stratégies raisonnables. Moyens que j'ai choisis afin de contribuer. Je pense que c'est une bonne idée de faire quelque chose. J'ai des remords quand je ne fais rien. J’ai l'impression de mal agir lorsque je ne fais rien. Je me sentirais mal à l'aise si je ne faisais rien. Je me sentirais coupable si je ne faisais pas ces comportements. Les autres seront contrariés si je ne fais rien. Pour la reconnaissance que les autres auront envers moi. Mes amis insistent pour que je fasse ces comportements. Pour éviter d’être critiqué(e). Je ne sais pas vraiment, je ne vois pas ce que j'en retire. Je me demande pourquoi; la situation ne s'améliore pas. J’ai l'impression que je perds mon temps Je ne vois pas comment mes efforts améliorent la situation. ______________________________________________________________________________________ (Pelletier & al., 1998) 32 Annexe 2 Questionnaire sur l’usage du vélo 1. Comment viens-tu à l’école ? Voiture Bus Vélo 2 roues motorisé A pied 2. A quelle distance habites-tu de l’école? Moins de 500 m Entre 500 m et 1 km Entre 1 et 2 km A plus de 2 km 3. Possèdes-tu un vélo à La Rochelle? Oui Non 4. Si oui, à quelle fréquence utilises-tu ton vélo? Jamais Moins de 15 fois par semaine (2 fois/jour) Plus de 15 fois par semaine 5. Sinon, pourquoi ? ____________________________________________________________ 6. Si l’école mettait un vélo à ta disposition, tu serais… Très intéressé(e) Intéressé(e) Peu intéressé(e) Pas du tout intéressé(e) 7. Si l’école mettait un vélo à ta disposition, serais-tu prêt à l’utiliser pour venir à l’école ? Oui Non 8. As-tu sérieusement envisagé le covoiturage ? Oui Non 9. Sexe : H F 10. Ton Programme d’Etudes : BI BB ESC LRBST Master Merci d’avoir répondu à ce questionnaire 33 Synthèse des résultats du sondage 338 étudiants au total ont répondu. Question 1 : 34,3 % viennent en voiture 36,7% à pied 15,4% à vélo Question 2 : 42 % habitent à moins d’1 km Question 3 : 47,3 % ont un vélo 52,7 % n’en ont pas Question 4 : 25,1 % ne l’utilisent jamais 48,6 % moins de 15X /semaine Question 5 : Les motifs de non-usage sont variés : Habite trop loin Préfère la voiture Utilise un autre mode Trop de vols N’a pas de place chez lui/elle En a un chez ses parents Et même : « Flemme » « Ne sais pas pédaler » « Pas un grand sportif » « Les pneus sont dégonflés » Question 6 : 67,6 % seraient intéressés de s’en voir mettre un à disposition par l’école Question 7 : 62,1 % affirment qu’ils l’utiliseraient pour venir à l’école Question 8 : 61,2 % affirment avoir envisagé le covoiturage Question 9 : 57,7 % de femmes 42,3 % d’hommes ont répondu Question 10 : (NC) Commentaire Les questions 6, 7 et 8 interpellent : il y a une volonté exprimée, qui est en totale contradiction avec l’usage réel et les motifs précédents. Quelle foi y donner ? Cela illustre bien le décalage entre les intentions et l’action, entre la prise de conscience et le passage au réel. 34 Sources & Bibliographie Les démarches de campus responsables, L’exemple de l’Université de Stanford, C.Souchon, J. Sitbon, A. Zana, HEC, 2006. Les démarches de campus responsables, L’exemple de l’Université de Berkeley, M. Bouzoubaa, HEC, 2006. Les démarches de campus responsables, L’exemple de l’Université d’Oxford, C. Dambricourt, A.-M. Poyet, H. Debry, HEC, 2006. Consience et environnement, Pierre Rabhi, éd. du Relié, 2006. Des attitudes aux comportements : une recherche interdisciplinaire en sciences sociales, Odile Blanchard, CNRS/Univeristé Mendès-France, Grenoble, 2008. La stratégie du projet latéral : comment réussir le changement quand les forces politiques et sociales doutent ou s’y opposent, O. d’Herbemont, B. César, Dunod, 1998. Lutte contre le changement climatique : quels messages pour quelles cibles dans les universités ? A. Renuy, L. Strus, E. Troille, CIES, Grenoble, 2008. Objectif du DD – Comprendre, agir sur son territoire, Réseau des Agences Régionales de l’Energie et de l’Environnement, 2008. Ce travail a été mené sans aucune consultation Internet. C’est un choix et un défi, justifié par la volonté de ne pas me laisser entraîner dans la jungle trop riche du web mondial. Ce n’est en aucun cas un rejet systématique de cette option. 35