lution des technologies de l’information peut
avoir un impact plus fort sur certains métiers,
nécessitant une revalorisation des postes.
Ainsi le métier de cariste a été le plus large-
ment touché : « Les caristes sont devenus des
interlocuteurs privilégiés des lignes d’assem-
blage et ils ont maintenant une préparation
informatique. Ce métier s’est informatisé ; le
fait d’avoir un permis cariste et de charger les
camions devient mineur par rapport à leur
travail de saisie informatique ou d’analyse
des besoins des clients. […] Il y a eu une
grosse action de formation à l’informatique
pour des caristes présélectionnés, avec
ensuite évolution des qualifications, des coef-
ficients, des salaires forcément. » (Respon-
sable de production ALPHA).
lLe décloisonnement interne :
La coordination des flux d’information est
tout aussi indispensable au niveau intra-orga-
nisationnel qu’au niveau inter-organisation-
nel. Les cloisonnements entre groupes et entre
fonctions se révèlent alors être des obstacles
majeurs à sa réalisation. Certaines structures
apparaissent dans ce cadre plus à même de
favoriser le décloisonnement entre les fonc-
tions. En regroupant plusieurs fonctions sous
une même autorité hiérarchique, les informa-
tions circulent de manière plus fluide et les
arbitrages entre fonctions sont facilités. Par
exemple, le choix d’intégrer production et
logistique (chez ALPHA) ou production,
logistique et maintenance (chez BETA) est
vécu comme un levier de la communication et
de la coordination entre ces fonctions. De
plus, pour que les informations utiles circu-
lent aisément, dans et entre les services, des
conditions favorables peuvent être réunies. Il
s’agit de fournir des espaces de communica-
tion ou de spécifier des temps d’échanges (au
moment des prises d’équipe, à travers des réu-
nions intra ou inter-services ou par des habitu-
des de communication informelle), afin
d’encourager la coordination des informa-
tions. Enfin, la circulation de l’information
pertinente peut souffrir d’un manque de clarté
dans l’attribution des rôles de chacun. Pour
que l’information soit transmise de manière
fiable et efficace, les rôles d’interface doivent
être clairement définis. « Il y a le problème du
« qui fait quoi ». Où s’arrête le domaine de
responsabilité de chaque service et quelles
sont les interfaces ? On perd beaucoup
d’énergie et de temps à vérifier ça. Et la fiabi-
lité de l’information est nulle : par exemple ce
matin, les pièces pour [client X] étaient là,
mais elles sont restées toute la journée dans
un coin, personne ne les a prises pour les
livrer ! » (Responsable logistique DELTA).
La réactivité aux aléas est rendue possible
par une activité de GRH renvoyant au
domaine de la valorisation du potentiel
humain (Mahé de Boislandelle, 1988)4qui
peut être décomposée en deux leviers :
lL’efficacité de la communication externe :
Pour que les aléas, susceptibles de se répercu-
ter en cascade au long de la CLAT, puissent
être gérés rapidement, la communication in-
ter-organisationnelle doit être efficace. Il
s’agit de se comprendre parfaitement, pour
pouvoir coordonner au mieux ses actes lors de
la survenue d’un dysfonctionnement, une
panne machine, une défaillance de transport,
une erreur de saisie informatique, etc. A cette
fin, le repérage de qualités de communicateur,
voire de négociateur lorsqu’il s’agit de trouver
une solution commune à un problème, guide
la sélection du personnel réalisant l’interface
avec les fournisseurs et les clients. D’autre
part, la mise en place de pratiques de sociali-
sation externe permettent le développement
d’une connaissance de l’autre, d’une repré-
sentation partagée des situations rencontrées,
d’un langage commun qui favorise la commu-
nication inter-organisationnelle. Cette sociali-
sation peut être naturelle, en se jouant sur le
registre des liens amicaux. Il en résulte une co-
opération très spontanée : « Il y a des chauf-
feurs, les réguliers qu’on voit souvent, ils
connaissent bien nos caristes, et il y a avec eux
une très bonne entente. Alors au lieu de ne
rien dire s’ils ont un ennui sur la route, ils
nous appellent pour qu’on puisse prévenir le
client d’un retard probable. Mais cela, tous
n’y penseront pas. » (Chef d’équipe ALPHA).
Cette socialisation externe peut également
être encouragée par les pratiques de visite de
site, de rencontre inter-personnelle entre
correspondants ou de réunion inter-organisa-
tionnelle.5L’attention est alors tout particuliè-
rement tournée vers l’amélioration de la
relation au client. La proximité géographique
apparaît dans ce cadre comme un avantage
important aux yeux des entreprises étudiées :
« la proximité avec les clients et fournisseurs
permet d’avoir des contacts. Je n’imagine pas
être autrement vis-à-vis d’un client. […] En
cas de problème, on est sur place, on y va, on
va voir les gens, quand on les rencontre sou-
vent c’est plus facile de discuter, et d’organi-
ser les progrès. » (Responsable logistique
BETA).
lL’adaptabilité de la ressource humaine :
La survenue d’un aléa impose de prendre rapi-
Logistique & Management
Vol. 12 – N°1, 2004 27
4 - La valorisation du potentiel
humain vise l’enrichissement
des salariés sur les plans du
savoir, du savoir-faire, du
confort matériel et de la
reconnaissance.
5 - Mentionnons ici les
résultats intéressants produits
par M. Detchessahar (1998) qui
constate que l’homologie des
trajectoires
socio-professionnelles des
personnels en contact favorise
la coopération
inter-organisationnelle en
renforçant notamment la
confiance inter-personnelle. Ce
constat pourrait peut-être à
l’avenir inspirer les démarches
de sélection des personnels
d’interface.