ses grands traits la vie et l’environnement physique et matériel des Tsimshian, Claude
LéviStrauss (pages 178 à 182) nous introduit la version de la geste d’Asdiwal recueillie par
Franz Boas en 1912 à PortSimpson. Dans la troisième partie (pages 182 à 189), Claude
LéviStrauss s’attache à dégager les cadres généraux à l’intérieur desquels cette version du
mythe s’insère et parvient à extraire de ce dernier quatre pans principaux: tout d’abord un cadre
géographique au sein duquel se déroulent les déplacements physiques d’Asdiwal, puis un cadre
économique (non moins réel), représenté par les migrations successives des protagonistes suivant
le calendrier de la chasse et de la pêche (alors que le mythe s’ouvre sur une famine). Le troisième
cadre, sociologique, met en scène une grande diversité d’actions, le mythe propose en effet
différents épisodes de mariages (trois exactement) qui échouent pour Asdiwal. Claude
LéviStrauss note à cet égard que la société tsimshian fonctionne sur un système de filiation
matrilinéaire mais qui adopte cependant le patrilocalisme. Or, ce dernier se trouve bouleversé au
début du mythe et Asdiwal, qui reproduit à chaque mariage (l’échec du troisième constituant un
retour au patrilocalisme) le matrilocalisme rencontre dans ce type de résidence des oppositions et
des contradictions qui apparaissent insurmontables au cours du récit. Le quatrième cadre
cosmologique est l’occasion pour LéviStrauss d’intégrer les deux voyages “surnaturels”
d’Asdiwal (l’un au ciel, l’autre dans le monde souterrain). Dans la partie suivante (pages 189 à
193), LéviStrauss, qui revient tout d’abord sur ses quatre cadres du récits pour discerner leur
rapport avec la réalité ou l’imaginaire, indique cependant la spécificité de la pensée indigène, qui
articule ces “cadres” selon ses besoins en ne séparant jamais les sphères du récits qui trouvent à
chaque moment une utilité propre et symbolique. La suite présente des séries d’oppositions au
sein desquelles Asdiwal se trouve plongé (la nature matrilocale de ses mariages, ses pouvoirs à la
chasse hérité de son père qui l’opposent à la famille de ses deux femmes) et qui ne se résout
qu’avec l’oubli fatal d’un des objets magiques à la fin du récit qui condamne à la mort le héros
sans que ce dernier parvienne à retrouver un équilibre. La cinquième partie (pages 193 à 197)
s’ouvre sur l’une des thématiques centrales de la démonstration de LéviStrauss (ainsi que de sa
méthode) qui repose sur la distinction des “deux aspects de la construction mythique ”: Il
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distingue en effet les séquences (les évènements) des schèmes (sorte de contrepoints qui
complètent les évènements en leur donnant une caractère profond et harmonique) tout en nous
proposant une analyse qui combine ces deux aspects d’où émerge ce que nous pourrions nommer
la mélodie mythique (c’est à dire la structure). La suite de cette partie s’attache de manière très
méthodique à coder les différents écarts du récit à l’intérieur des quatre cadres nommés
précedemment (géographique/économique/sociologique/cosmologique). Lévi Strauss aboutit à la
fin de cette partie à un schéma d’ “intégration” mettant en évidence la structure du message, de
sa situation initiale à sa situation finale. Claude LéviStrauss amorce ensuite (pages 198 à 208)
en introduisant la version de 1916 une nouvelle étape de sa démonstration. Ce dernier voit dans
cette version où l’on voit apparaître Waux, le fils du second mariage d’Asdiwal une évolution
importante qui clôt d’une certaine façon un cycle ouvert par la famine et le mouvement (celui de
la grand mère et de la mère d’Asdiwal) et qui se referme avec la réplétion, la mort et
l’immobilité de la femme de Waux (en même temps que la mort de celui ci). D’autre part,
Claude LéviStrauss, qui s’appuie sur l’échec de l’unique mariage de Waux (qui se marrie avec
sa cousine) et sur l’étude des règles et du fonctionnement des potlatch chez les Tsimshian, en
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vient à définir le mythe comme une “confession” des contradictions (Claude LéviStrauss
5“lagested’Asdiwal”p.193
6“lagested’Asdiwal”p.205
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