DISCUSSION
Les principes thérapeutiques des FPR sont celles de
toutes les fistules : résection du trajet fistuleux, sutures
en tissus sains, décalage des sutures avec en cas de
nécessité une interposition tissulaire [4].
Avant tout traitement d’une FPR deux gestes doivent
être pris en considération :
- le drainage des urines par une sonde urèthro-vésicale
est toujours indispensable et peut parfois être suffisant
pour traiter les petites fistules [5].
- la dérivation digestive n’est pas toujours nécessaire,
mais augmente quand elle est réalisée la sécurité du
geste opératoire [1]. Quand la colostomie n’est pas réa-
lisée il faut une très bonne préparation colique aussi
bien mécanique qu’antimicrobienne [6].
Les FPR peuvent être abordées par plusieurs voies
(Figure 4).
• L’abord par voie postérieure transacrée de Kraske
donne un excellent jour sur la fistule par voie endo ou
extra-rectale mais elle est délabrante et comporte le
risque d’ostéite du fait de la section osseuse [4].
• La voie périnéale permet d’aborder la fistule sans dis-
section du sphincter mais ne donne qu’un jour étroit sur la
fistule surtout dans les fistules hautes [3, 4, 5]. Elle expo-
se aussi au risque d’incontinence et d’impuissance [2].
• La voie trans-anale de Parks consiste à supprimer
d’abord la muqueuse rectale autour de la fistule, puis
sans excision ni fermeture de la fistule à recouvrir la
surface rectale dépouillée de sa muqueuse par un seg-
ment de paroi intestinale mobilisée. Cette voie a l’avan-
tage d’épargner les tissus cicatriciels mais n’est réali-
sable que pour les FPR vues en postopératoire précoce.
Elle n’offre qu’une exposition limitée dans les fistules
hautes mais permet de traiter les fistules basses sans la
moindre morbidité [3, 5].
• L’abord trans-abdominal permet l’interposition d’épi-
ploon, mais ne donne qu’un jour limité surtout pour la
fermeture de l’orifice urétral [5].
• La voie trans-ano-sphinctérienne antérieure est indi-
quée surtout quand il y a une sténose urétrale associée.
Elle permet l’interposition de l’épiploon en ouvrant le
cul de sac de Douglas mais expose au risque d’impuis-
sance [2].
En comparant ces différentes voies, la voie trans-ano-
sphincterienne postérieure de York Mason présente
plusieurs avantages :
Elle ne comporte pas de risque d’ostéite puisqu‘elle ne
nécessite le plus souvent pas de section osseuse.
Elle permet une bonne exposition de la fistule à travers
des tissus non cicatriciels et quelque soit le niveau de
la communication. Elle peut être par conséquent utili-
sée même chez les patients déjà opérés [2].
Elle évite les pédicules vasculo-nerveux et le plancher
pelvien qui sont importants pour la fonction sexuelle et
la continence urinaire.
Aucun cas de récidive ou d’incontinence anale n’a été
décrit avec cette voie.
Les suites opératoires sont habituellement simples et la
douleur postopératoire n’est pas importante permettant
de diminuer de façon considérable la durée d’hospita-
lisation [6].
La voie de York Mason est certes une très bonne voie
mais n’est pas indiquée dans toutes les FPR. :
- Les plaies fraîches per-opératoires peuvent être fer-
mées par double voie endovésico-prostatique pour
l’orifice prostatique et endoanale pour l’orifice rec-
t a l .
- Les petites fistules découvertes en postopératoires pré-
coce doivent être d’abord traitées par drainage urinaire
seul. En cas d’échec du drainage urinaire L
E
GU I L L O U
[3] propose d’intervenir vers la cinquième/sixième
semaine et non après plusieurs mois. BO U S H E Y [1] pro-
pose de traiter les FPR en trois temps. Le premier
consiste à réaliser une double dérivation urinaire et
digestive pendant 3 à 6 mois. Un contrôle uréthrogra-
phique est ensuite réalisé, si la fistule persiste elle abor-
dée par la voie de York Mason. La troisième étape est le
rétablissement de la continuité digestive si la fistule s‘est
f e r m é e .
La voie de York Mason n’est pas indiquée dans les fis-
tules post-radiques où l’interposition de tissus bien
vascularisés est souhaitable.
Dans les FPR secondaires à la maladie de Crohn, dans
le but de diminuer le traumatisme opératoire sur ces
colons fragiles, la chirurgie trans-anale est préférée.
CONCLUSION
Les FPR du fait de leur difficulté d’accessibilité ont
toujours représenté un défi thérapeutique pour le chi-
r u rgien. Tous les auteurs sont d’accord sur le fait que
la première tentative de réparation est la meilleure et
que les reprises sont difficiles, il faut donc choisir
une voie d’abord permettant de bien exposer les deux
orifices fistuleux avec le minimum de risque de com-
plications. Après une revue de la littérature il semble
que la voie de York Mason est la voie idéale quand
l’interposition de lambeaux vascularisés n’est pas
n é c e s s a i r e .
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K. Tazi et coll., Progrès en Urologie (2001), 11, 1335-1339