SOCIÉTÉ>18
Réf orme des r etrai tes :
qua nd on veut noye r ses vieux...
N ° 7
Mens uel - 2
ème
anné e
Sept embre 2013 - 5 eur os
AGRICULTURETIONAL>10
RÉFLEXION> 28
Les cultures populaires, un soutien
à l'écologie
SOCIÉTÉ > 20
Justice : de l'indépendance
à la technocratie
POLITIQUE>24
Comprendre la montée
du Front national
INTERNATIONAL> 6
Mali : l'aide
et la dette
N°1 8
Mens uel - 2
ème
année
octo bre 20 14 - 5 euro s
DOSSIER
>
Préserver nos territoires
et les biens commmuns
Barrage de Sivens :
menace sur
l'écosytème
Offre spéciale abonnement
Nom
Prénom
Adressse
Code postal
Ville
Pays
o
Je désire m’abonner ou abonner un(e)
amie pour un an (10 n°) à
Les zindigné(e)s
au prix de 40 euros
Veuillez retourner ce bon de commande en
joignant votre règlement à l’ordre de
Golias BP 3045 - 69605 Villeurbanne cx.
40
10 n°/an
Rédaction en chef : Paul Ariès
Secrétariat de rédaction :
Charlotte Belge, Vincent Farnier
Ont collaboré à ce numéro : Christian Pince,
Patrice Canal et Françoise Blandel, Réseau
CADTM international & CAD-Mali, Guillaume
Faburel, Christian Sunt, Thierry Brulavoine,
Hélène Erlingsen-Creste, Gilles Sainati, Mathieu
Bellahsen, Laurent Paillard, Thierry Brugvin,
Yann Fiévet.
Edité par les éditions Golias
BP 3045 - 69605 Villeurbanne cx
sarl au capital de 50155.73 euros
Crédit Photos : Golias / Tous droits réservés
sauf mention contraire sous la photo
Conception graphique : Cris’créa
Directeur de publication : Luc Terras
Tél : 04 78 03 87 47 Fax : 04 78 84 42 03
Internet : www.les-indignes-revue.fr
Impression : Nouvelle imprimerie Laballery (58)
Commission paritaire : 0219 K 91249 -
Dépôt légal à parution - Mensuel 5
Les Zindigné(e)s n°20 - décembre 2014
Pour une autre médecine
29
DÉBAT
diagnostics. Le dosage des PSA est trop
efficace ; il dépiste des petites lésions dont
la grande majorité n’évoluera jamais. La
biopsie est incapable de reconnaître ces
cancers biologiques (sur-diagnostic) qui ne
seront jamais des maladies. Le dépistage
transforme ainsi beaucoup d’hommes
sains en cancéreux angoissés, à qui les
médecins infligent inutilement chirurgie,
chimiothérapie, radiothérapie, et/ou
hormonothérapie selon les cas.
Aucun de ces traitements n’est anodin, tous
exposent à des complications rares mais
potentiellement graves. La simple annonce
du diagnostic de cancer bouleverse la vie,
est source d’angoisse et pose des problèmes
pratiques parfois pénibles (difficultés de
s’assurer pour l’achat d’un appartement,
frein à la progression de carrière en
entreprises..) La prostatectomie radicale
bouleverse l’image de l’homme et sa
vie familiale le rend habituellement
impuissant et fréquemment incontinent.
La radiothérapie peut donner des
complications urinaires et digestives
parfois même mortelles. La chimiothérapie
expose à de multiples complications.
L’hormonothérapie augmente le risque
de complications cardiovasculaires..La
somme de ces complications de traitements
inutiles est susceptible d’expliquer l’excès
de décès « toutes causes confondues »
observées chez les hommes qui se prêtent
aux dépistages systématiques.
L’opportunité d’un dépistage par un test de
dosage du PSA sérique total a fait l’objet de
nombreuses autres évaluations. L’ensemble
des agences d’évaluation en santé qui se
sont prononcées sur le thème, dont l’Anaes5
et l’International Network of Agencies for
Health Technology Assessment (Inahta)
regroupant alors 15 agences d’évaluation
en santé, ont conclu que le dosage du PSA
sérique total n’était pas recommandé dans
le cadre d’un dépistage de masse, c’est-à-
dire organisé ou de manière systématique.
Le tribunal de grande instance de Troyes
a relaxé un généraliste à qui un patient
reprochait de ne pas avoir pratiqué un
dépistage précoce de son cancer de la
prostate. Âgé de 63 ans, ce patient accusait
son praticien de ne pas lui avoir délivré
des « soins attentifs et diligents conformes
aux connaissances et aux données de la
science médicale », alors qu'il se plaignait de
troubles urinaires depuis plusieurs années.
La justice ne lui a pas donné raison. Par
son jugement du 22 mars 2013, elle a estimé
« qu’au regard des données acquises de la
science, le médecin n’a commis aucune
faute de diagnostic ou de dépistage en lien
avec le cancer de la prostate dont souffre
son patient ».
Au total l’information qu’il faut donner
aux hommes est la même qu’on doit fournir
aux femmes qui croient que le dépistage
du cancer du sein par la mammographie
leur permettra de vivre plus longtemps
« si vous vous soumettez au dépistage, vous
ne vivrez pas plus longtemps, mais la vie
pourrait vous paraître plus longue »6.
Refusons ce dépistage. Ne mutilons plus
inutilement les hommes ! Utilisons plus
efficacement l’argent de la Sécurité
Sociale.. Ne remboursons plus le dosage
des PSA chez les hommes ne souffrant pas
de cancer prostatique connu. Ne tolérons
plus des publicités mensongères sur le
sujet.. Exigeons une information loyale sur
le sujet. Seule une information objective
fondée sur l’état actuel de la science
permettra de lutter contre les groupes de
pression qui nous asservissent par la peur
pour doper leurs bénéfices. p
Pour aller plus loin : Nicole Delépine, Neuf
petits lits sur le trottoir, éd. L'harmattan
1. Dosage sérique de l’antigène spécifique de la
prostate (Prostatic Specific Antigen =PSA).
2. Timothy Wilt, No Survival Benefit of Radical
Prostatectomy vs Observation for Localized
Prostate Cancer Detected by PSA Testing Asco
post September 15, 2012, Volume 3, Issue 14.
3. Schröder FH, Hugosson J, Roobol MJ, et
al. Prostate-cancer mortality at 11 years of
follow-up. New England Journal of Medicine
2012;366(11):981-990.
4. Gerald L. Andriole, M.D Mortality Results from
a Randomized Prostate-Cancer Screening Trial
N Engl J Med 2009; 360:1310-1319.
5. Richard J. Ablin The Great Prostate Mistake
New York Times 9 mars 2010.
6. ANAES Éléments d’information des
hommes envisageant la réalisation d’un
dépistage individuel du cancer de la prostate
Recommandations Septembre 2004.
7. Le cancer, un fléau qui rapporte, N. Delépine
éd. Michalon 2013