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SEPTEMBRE 2009 - PHARMACEUTIQUES
Tère. On y traite des sujets les plus
variés. » Et de nombreuses questions
émanant d’associations externes, de
patients, de médecins, etc., se re-
trouvent bien souvent sur le bureau
du pharmacien responsable qui doit
se débattre avec une réglementation
très complexe source d’interpréta-
tions et de lectures différentes. A ce
propos, Victorine Carré, ex-directrice
de Carré-Castan, juge qu’il « faut des
pharmaciens mieux formés au droit,
car il existe une profusion de régle-
mentation qui accompagne la vie du
médicament ou du dispositif médi-
cal et l’interprétation des textes reste
essentielle ». Pharmacien industriel
spécialisée dans les questions de droit
pharmaceutique, Victorine Carré est
une spécialiste des AR dont elle a eu
la charge au sein de plusieurs labora-
toires, avant de fonder sa société. « Si
j’avais un conseil à donner à de jeunes
pharmaciens qui se destinent aux AR,
ce serait de compléter leur formation
au moins par un DU de droit phar-
maceutique, confirme-t-elle. J’estime
d’ailleurs qu’une erreur a été faite par
le conseil de l’Ordre des pharmaciens
à la section B, qui s’est battue pour
que les pharmaciens responsables des
laboratoires exploitants soient d’abord
compétents en pharmacovigilance.
C’est absurde, car les pharmaciens
responsables ont avant tout des activi-
tés d’ordre réglementaire et ils doivent
faire appliquer la réglementation dans
leur entreprise, que ce soit pour la pu-
blicité, ou pour toute la vie du médi-
cament. Il doivent connaître les textes
et voir ensuite comment leurs projets
vont être impactés par cette réglemen-
tation. Je regrette que l’accent ait été
mis par la section B sur la compétence
scientifique plus que réglementaire
pure car c’est ce point qui pèche dans
les laboratoires. » n
Brigitte Postel
(1) Questions auprès de plusieurs agen-
ces en Europe pour vérifier que l’option
retenue par l’entreprise est solide ou que
les protocoles envisagés répondent aux
souhaits des différentes autorités.
AR, un métier aux facettes multiples
Essais cliniques :
La réglementation s’est considérablement
modifiée suite à la transposition de la direc-
tive essais cliniques. Elle oblige à déposer
un mini-dossier d’AMM avec données sur
la fabrication, la stabilité, données de sécu-
rité préclinique, méthodes de contrôle et en
fonction de la phase les résultats des phases
précédentes.
Préparation et gestion des dossiers
d’AMM :
Il s’agit de déposer les dossiers, de les suivre
et de gérer les dossiers de variation. Mais
aussi de préparer la soumission électronique
des dossiers d’AMM Ce qui implique un
contact étroit avec les autorités de tutel-
les. « Nos outils industriels évoluant, nous
avons aussi à faire évoluer les dossiers phar-
maceutiques de nos spécialités afin d’être
en accord avec ce qui se passe dans nos
usines », note Françoise Tère, pharmacien
responsable de Pfizer et directeur des AR et
de la qualité.
Affaires économiques :
Il s’agit de préparer les demandes de prix
et de remboursement des médicaments,
ainsi que des problèmes de convention. La
veille concurrentielle du laboratoire face à
la concurrence des autres industries phar-
maceutiques est aussi concernée. L’écono-
mie prend une place très importante dans
les AR, observe Victorine Carré. « Quand
le produit est en cours de développement,
il est essentiel qu’en amont, le pharmacien
ait l’idée d’injecter les éléments d’ordre
médico-économique. On doit réintégrer le
produit dans le soin, car c’est une solution
de santé globale. Il faut avoir cette notion à
l’esprit dès le début. »
Contrôle de la publicité :
Les AR se chargent de contrôler les docu-
ments promotionnels, l’e-business et de
suivre la réglementation de plus en plus
stricte relative à ce sujet.
Import/Export :
Les AR doivent suivre la réglementation lo-
cale dans les pays où les médicaments sont
exportés. Elles doivent se charger de la mise
à disposition des dossiers et de leur le suivi
des dossiers avec les agents locaux
Rappels de lots :
Les AR doivent gérer les problèmes liés aux
réclamations (blisters déchirés, comprimés
écrasés, etc.) ou aux rappels de lots.
Affaires pharmaceutiques :
Ce sont les personnes en interface avec
les équipes de fabrication. « A chaque fois
qu’une AMM est modifiée, la notice pa-
tient doit aussi être corrigée », explique
Françoise Terre.
Compliance et qualité :
Cette activité concerne les personnes qui pren-
nent en charge le contrôle qualité ou encore,
comme chez Pfizer, la visite médicale au travers
du référentiel publié par la HAS en 2004. De-
puis, les entreprises doivent être certifiées, avec
un système qualité mis en place spécifique-
ment pour la visite médicale. « Le pharmacien
responsable est l’animateur de cette charte dans
son entreprise, estime Françoise Tère. C’est as-
sez lourd en termes de suivi, de contraintes et
de communication avec les équipes sur le ter-
rain. Tous les ans, nous avons un audit pour
vérifier que le système qualité mis en place par
l’entreprise est fiable et s’améliore. »
« JE DOIS ÊTRE CERTAIN QUE L’ENSEMBLE
DE L’ORGANISATION FONCTIONNE
CORRECTEMENT, ÉTHIQUEMENT ET
DÉONTOLOGIQUEMENT », EXPLIQUE
FRÉDÉRIC BASSI, DIRECTEUR EXÉCUTIF
AFFAIRES RÉGLEMENTAIRES ET
PHARMACIEN RESPONSABLE DE BMS.
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