Dossier d’accompagnement
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Universitaire, spécialiste de Shakespeare
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Universitaire, spécialiste de Shakespeare
Roméo et Juliette
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Roméo et Juliette
David Bobee /
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David Bobee / Compagnie
Compagnie Compagnie
Compagnie Rictus
RictusRictus
Rictus
Les 8 et 9 novembre, 20h30
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Cirque Théâtre d’Elbeuf
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Contacts au Cirque
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-Théâtre d’Elbeuf
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Contact au Festival Automne en Normandie
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NB : sauf mention contraire, la traduction citée est celle qui a été réalisée par Pascal
NB : sauf mention contraire, la traduction citée est celle qui a été réalisée par Pascal NB : sauf mention contraire, la traduction citée est celle qui a été réalisée par Pascal
NB : sauf mention contraire, la traduction citée est celle qui a été réalisée par Pascal
Collin et Antoine Collin pour le spectacle (éditions Théâtrales, 2012).
Collin et Antoine Collin pour le spectacle (éditions Théâtrales, 2012). Collin et Antoine Collin pour le spectacle (éditions Théâtrales, 2012).
Collin et Antoine Collin pour le spectacle (éditions Théâtrales, 2012).
Roméo et Juliette
Roméo et JulietteRoméo et Juliette
Roméo et Juliette de William Shakespeare
de William Shakespeare de William Shakespeare
de William Shakespeare
«
««
«
Bonne nuit, bonne nuit
Bonne nuit, bonne nuitBonne nuit, bonne nuit
Bonne nuit, bonne nuit
! Se séparer est un si doux chagrin
! Se séparer est un si doux chagrin! Se séparer est un si doux chagrin
! Se séparer est un si doux chagrin
que je te dirais bonne nuit jusqu’au matin.
que je te dirais bonne nuit jusqu’au matin.que je te dirais bonne nuit jusqu’au matin.
que je te dirais bonne nuit jusqu’au matin.
»
»»
» (acte II, scène 3)
Roméo et Juliette est sans doute l’une des pièces de Shakespeare parmi les plus
connues et les plus aimées du public, et ce depuis ses premières représentations sur
la scène élisabéthaine jusqu’aux adaptations cinématographiques récentes.
La tragédie des amants de Vérone a probablement été composée vers 1595-1596,
au début de la carrière de Shakespeare, et a immédiatement rencontré beaucoup
de succès, comme l’indique le titre de la première édition (1597), une édition
« pirate », vraisemblablement composée de mémoire par des spectateurs ou des
acteurs, et suivie de plusieurs éditions rectifiant les erreurs de la première, à partir du
manuscrit de l’auteur.
Roméo et Juliette est ainsi la deuxième tragédie de Shakespeare, après Titus
Andronicus (env. 1592), une tragédie de vengeance particulièrement sanglante, et
avant Hamlet (1600-1601). Si Romeo et Juliette paraît bien éloignée de Titus
Andronicus, elle présente déjà certains traits que l’on retrouvera dans Hamlet
(notamment l’imagerie macabre des ossements et des corps en putréfaction), mais
c’est surtout et cela n’est peut-être pas si paradoxal avec les comédies
shakespeariennes écrites à la même époque que la pièce partage des points
communs, en particulier Le Songe d’une nuit d’été (A Midsummer Night’s Dream ) et
Les deux gentilshommes de Vérone (The Two Gentlemen of Verona). La première
s’ouvre sur un conflit de générations opposant une jeune fille à ses parents, qui
veulent la marier à un homme qu’elle n’a pas choisi. Elle se clôt sur une pièce dans
la pièce mettant en scène sur un mode burlesque l’histoire tragique de Pyrame et
Thisbé, tirée d’Ovide, qui se termine sur le double suicide des amants. La seconde,
sûrement un peu antérieure, se déroule partiellement dans la ville italienne de
Vérone, tandis que plusieurs scènes sont situées dans la forêt aux alentours de
Mantoue, s’est réfugié l’un des deux gentilshommes après son bannissement de
Milan.
«
««
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Un avant et un après le théâtre
Un avant et un après le théâtreUn avant et un après le théâtre
Un avant et un après le théâtre
»
»»
»
L’histoire de Roméo et Juliette circulait déjà en Europe depuis plus d’un siècle
lorsque Shakespeare se l’appropria pour écrire une pièce de théâtre. C’était à
l’origine une novella italienne, l’un de ces récits rassemblés dans des recueils dont Le
Décaméron de Boccace offre l’exemple emblématique. Les novelle fournissaient
souvent leur matériau aux dramaturges élisabéthains, toujours à la recherche de
sujets pour leurs pièces. L’histoire de Roméo et Juliette, dont diverses variantes
figuraient dans plusieurs recueils, avait transité par la France avant d’arriver en
Angleterre sous la plume d’Arthur Brooke, auteur d’un poème narratif intitulé « The
Tragicall Historye of Romeus and Juliet », source directe de la tragédie de
Shakespeare. En 1476, lorsque naît à la littérature cette histoire puisant dans le
folklore, les amants s’appellent Mariotto et Gianozza et la ville est Sienne. C’est la
version de Luigi da Porto, publiée en 1530, qui établit les noms de Roméo et Juliette
(Romeo et Giuletta), des Montaigu et des Capulet (Montecchi et Capelletti), et qui
transfère l’action à rone. Les principales phases du récit sont également posées :
l’amour de Roméo pour une jeune fille qui le dédaigne, le bal et le coup de foudre
réciproque avec Juliette, l’échange amoureux au balcon de Juliette, le mariage
clandestin, le duel avec « Thebaldo » (Tybalt), l’exil à Mantoue, la décision des
parents de Juliette de la marier de force, sa fausse mort, le message non délivré et le
double suicide. Arthur Brooke, en 1562, traduira en fait une traduction française
d’une novella qui était elle-même une réécriture de l’histoire racontée par Da Porto.
Comme souvent dans sa pratique de l’écriture dramatique, Shakespeare n’est pas
l’inventeur de la trame ni des personnages de sa pièce. Mais, comme le souligne
Pascal Collin, auteur de la traduction employée pour le spectacle de David Bobée,
« pour cette histoire, il y a un avant et un après le théâtre ». En adaptant le matériau
narratif au théâtre, Shakespeare lui a donné une intensité poétique et émotionnelle
d’une ampleur inédite.
Une tragédie de l’urgence
Une tragédie de l’urgenceUne tragédie de l’urgence
Une tragédie de l’urgence
Tout en conservant les grandes étapes du récit tel qu’il l’a lu dans le texte d’Arthur
Brooke, Shakespeare comprime le temps et impulse aux événements un rythme
effréné. L’histoire se déployait sur près de dix mois, Shakespeare la concentre sur
cinq jours et quatre nuits. Tout va plus vite au théâtre : Roméo et Juliette est une
tragédie de l’urgence, une tragédie du temps compté.
Les moments de répit n’en sont que plus précieux. Les échanges amoureux
acquièrent un tel impact parce qu’ils sont uniques et semblent presque miraculeux.
Ce sont des instants en suspens, qui émerveillent comme un numéro d’équilibriste.
Les amoureux parviennent, temporairement, à s’arracher aux exigences du monde
tout en se préservant de ses menaces. Les amis de Roméo qui le retiennent, la
nourrice de Juliette qui l’appelle, le péril qu’encourt Roméo dans le jardin des
Capulet : de tout cela, les amoureux parviennent à s’affranchir lorsque Roméo
rejoint Juliette à son balcon. Le lyrisme de leurs paroles d’amour se trouve encore
exalté par le caractère éphémère, instable et fragile des circonstances qui président
à cet échange de serments. Et tandis que, dans le texte d’Arthur Brooke utilisé
comme matière première par Shakespeare, les amoureux se retrouvaient en secret
chaque nuit pendant plusieurs mois, après leur mariage clandestin et jusqu’à la mort
de Tybalt, tué par « Romeus », Shakespeare n’octroie aux amants qu’une nuit pour
consommer leur union secrète : Tybalt est mort et Roméo, banni, doit partir à l’aube.
Cette unique nuit est une nuit dérobée, in extremis, à la rigueur de la loi.
«
« «
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Nous sommes tous punis
Nous sommes tous punisNous sommes tous punis
Nous sommes tous punis
»
»»
»
« Je suis pressé par le temps », prévient Roméo (acte II, scène 4) : les personnages
sont soumis à une pression presque constante des événements et du monde
extérieur, résultat de l’extrême concentration temporelle à laquelle Shakespeare a
soumis le récit-source. En mettant ainsi les amants « sous pression », Shakespeare
oriente fortement en leur faveur la sympathie du public, orientation qui n’avait rien
d’évident dans l’Angleterre protestante et patriarcale de la fin du 16
e
siècle : le
mariage, notamment dans l’aristocratie et les classes sociales supérieures, était
encore largement une transaction entre deux familles, dans laquelle l’existence ou
non d’un sentiment amoureux au sein du couple n’entrait guère en considération.
L’obéissance faisait partie des vertus féminines et le père attendait de sa fille qu’elle
accepte le mari choisi pour elle, tout comme le mari attendait de sa femme
soumission et obéissance. Roméo et Juliette, en se choisissant l’un l’autre, en se
mariant par amour, sans le consentement de leurs parents et même à l’encontre des
desseins de ces derniers, enfreignent les normes sociales et les règles non seulement
de Vérone, mais aussi du monde dans lequel vivent Shakespeare et ses
contemporains.
Arthur Brooke, l’auteur du poème dans lequel a puisé Shakespeare, ne s’y était pas
trompé. Dans sa préface, il indique au lecteur comment interpréter le sort tragique
des deux amants : cette histoire est un exemple de ce qu’il ne faut pas faire. Selon
Brooke, les jeunes gens ont été punis pour leurs actions immorales : Brooke
condamne leur désir réciproque et leur mariage clandestin, les accusant d’avoir
négligé les conseils et l’autorité de leurs parents. Sa lecture ancrée dans le
protestantisme fait de Frère Laurent un « moine superstitieux », qui « naturellement »
aide les amoureux dans leurs arrangements secrets visant à assouvir un désir
forcément coupable.
Les torts sont radicalement redistribués par Shakespeare, qui « neutralise » par la
même occasion le contexte catholique de l’histoire. Frère Laurent, tout en apportant
son secours aux amants, apparaît comme une autorité morale qui se fait même
l’écho, dans une certaine mesure, des propos de Brooke, en soulignant par des
maximes l’impulsivité des jeunes gens (par exemple : « Lentement et
sagement. Quand on va trop vite, on se casse la figure. », acte II, scène 4, ou
encore : « Les plaisirs violents connaissent des fins violentes », acte II, scène 6). Même
si l’impétuosité des amants est parfois dénoncée, la responsabili de leur mort se
trouve de fait répartie entre de multiples personnages : les parents intransigeants, les
membres belliqueux des familles ennemies, le prince lui-même, qui n’a pas su
endiguer la haine entre les deux factions, qui a « fermé les yeux sur [leurs]discordes »,
comme il le reconnaît à la toute fin de la pièce avant de déclarer : « Nous sommes
tous punis » (acte V, scène 3).
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