laire. En dehors de la classique triade symptomatique (céphalée,
claudication massétérine, amaurose), la maladie de Horton peut
être très protéiforme, associant une altération de l’état général, un
tableau d’allure neurogène (centrale ou périphérique) et des symp-
tômes dépendant du territoire que dessert l’artère touchée, par
exemple des douleurs interscapulaires, thoraciques ou de la base
du cou pour les gros troncs. On dispose dans ce cas d’un signe
cardinal, la modication de l’artère temporale, épaissie, nodu-
laire, douloureuse, non pulsante, entourée d’un érythème local. Si
la biopsie de l’artère temporale ne peut être obtenue rapidement,
l’écho-doppler, sans prétendre à la remplacer, constitue une aide
diagnostique appréciable.
Echographie
Si l’échographie s’impose de plus en plus comme complément
d’investigation utile dans la PMR, c’est qu’elle permet d’identier
plus d’une fois sur deux une atteinte inammatoire des synoviales,
des structures ténosynoviales et des bourses: la bursite sous-acro-
mio-deltoïdienne bilatérale possède ainsi une excellente valeur
prédictive positive pour la PMR. On peut donc espérer que les pra-
ticiens pensent plus souvent à cet examen dans cette indication.
Enn, on n’oubliera pas que, comme toute entité syndromique,
la PMR s’accommode mal des atypies. Une vitesse de sédimenta-
tion basse, un début progressif, l’absence d’atteinte des épaules,
des manifestations systémiques, une arthrite périphérique, une
réponse incomplète au traitement, une durée de plus de deux ans
doivent faire reconsidérer le diagnostic.
Améliorer le traitement
Poser le diagnostic de PMR implique en pratique une corticothé-
rapie pour plusieurs raisons. La réponse thérapeutique aux faibles
doses de predinisone reste pour le clinicien un test précieux, même
si la tendance est actuellement de l’exclure des critères de classi-
cation. Il n’y a pour l’instant aucune alternative comme traitement
de première intention, le rapport bénéce-risque des AINS étant
notoirement défavorable dans la classe d’âge intéressée.
Schéma thérapeutique
Le schéma thérapeutique est simple et bien codié: prednisone à
la dose initiale de 15 mg par jour en une prise matinale, indépen-
damment du poids, suivie d’une diminution par paliers de 2,5 mg
jusqu’à obtenir 10 mg, puis d’une diminution par paliers de 1 mg
jusqu’à atteindre la dose-seuil ou la guérison. La durée de chaque
palier est de l’ordre de 4 semaines, mais peut être modulée en fonc-
tion des nécessités cliniques (réponse spectaculaire, tolérance,
négociation avec un patient souvent réticent…). Il faut pondérer
la réponse thérapeutique: sur le plan clinique, elle est près d’une
fois sur deux incomplète à 3 semaines; la normalisation biologique
est tributaire de la cinétique de variation du paramètre retenu et
il n’est pas rare qu’à un mois VS et CRP ne soient qu’incomplète-
ment corrigées. La tendance actuelle est de considérer le sevrage de
prednisone en moins de 2 ans plutôt que la bonne réponse initiale
comme critère diagnostique. Le clinicien doit donc faire preuve de
patience à tous les temps de l’évolution.
Si ce programme peut être appliqué à la lettre, il n’occasionne
généralement pas d’eet indésirable détectable par le clinicien. Mais
la durée du traitement, au moment où l’on retient le diagnostic, est
imprévisible, ce qui justie quelques précautions concernant les
« bandits silencieux »: contrôle des troubles métaboliques potentiels
et de la tension artérielle, supplémentation vitamino-calcique, den-
sitométrie en cas de cumul de facteurs de risque de fracture.
Traitement de substitution
Légitimement guidés par le principe de précaution, les médecins
ont de longue date tenté de trouver un traitement de substitution
ou, à tout le moins, d’épargne cortisonique. Le recours à ces alter-
natives s’est jusqu’ici révélé décevant. Le méthrotrexte avait sus-
cité quelques espoirs, vite refroidis par les études systématiques.
L’arrivée des traitements biologiques a ouvert une boîte de Pan-
dore, mais les anti-TNF, si ecaces dans nombre de rhumatismes
inammatoires, n’ont pas trouvé leur place dans la prise en charge
de la PMR. Le focus est actuellement porté sur l’anti-IL 6 (tocilizu-
mab) dont les résultats sur les quelques cas rapportés sont promet-
teurs. Les premiers essais ouverts sont attendus pour 2014.
Dans la pratique nonobstant, pour autant qu’il soit vigilant
et attentif aux pièges signalés ci-dessus, le médecin de premier
recours peut parfaitement assumer la prise en charge complète
d’un patient chez qui il suspecte une PMR. C’est la présence d’une
atypie, par exemple tout écart aux critères mentionnés ci-dessus
ou au programme thérapeutique classique, qui devrait l’inciter à
prendre l’avis du rhumatologue (4).
Dr Pierre-Alain Buchard
Clinique romande de réadaptation
Centre d'évaluation et de consultations
Avenue Grand-Champsec 90, 1951 Sion
Pierre-Alain.Buchard@crr-suva.ch
B Références:
sur notre site internet : www.medinfo-verlag.ch
FORMATION CONTINUE · FORUM MÉDICAL
TAB. 2 2 Maladies susceptibles de mimer une PMR
Rhumatisme inflammatoire chronique
(polyarthrite rhumatoïde, spondylarthropathie tardive…)
Infection (endocardite, tbc…)
Arthrite microcristalline (chondrocalcinose)
Cancer, lymphome, myélome…
Vascularite (de Horton)
Maladies musculaires
(métaboliques, inflammatoires, médicamenteuses…)
Endocrinopathies
Ostéomalacie
Affections neurologiques (Parkinson, myasthénie…)
Message à retenir
◆ La polymyalgia rheumatica peut être prise en charge par le médecin
de premier recours dans la plupart des cas
◆ Bien qu’empiriques, les critères diagnostiques classiques restent
valables si l’on prend la précaution d’exclure toute atteinte suscep-
tible de se présenter comme une pseudo-polyarthrite rhizomélique.
◆
Les corticoïdes faiblement dosés ont de loin le meilleur rapport béné-
fices-risques dans cette affection: il n’y a pas eu de révolution thérapeu-
tique ces dernières années et aucun traitement d’épargne cortisonique,
y compris biologique, n’a encore fait la preuve de son efficacité
la gazette médicale _ info@gériatrie _ 04 _ 2014 23