Contexte de nos propositions
- 3 - Institut Montaigne - Le G20, et après… - Mars 2009
D’un sommet de Londres à l’autre : de 2009 à 1933
Le 2 avril 2009, les chefs d’Etat des pays membres du G20 se réuniront à Londres pour
discuter et décider de mesures nécessaires à l’endiguement de la crise économique et
financière actuelle. Le contexte de ce sommet est à la fois dangereux, inattendu, et
propice aux réformes les plus ambitieuses.
Un contexte dangereux : la dislocation du système financier mondial s’accompagne
d’un effondrement de l’économie américaine, moteur de la croissance mondiale, du
retour des nationalismes et du protectionnisme économique, en réponse à la montée
rapide du chômage dans toutes les grandes économies du monde (particulièrement aux
Etats-Unis et en Chine). De nombreux pays anticipent ou redoutent des désordres sociaux
significatifs en 2009.
Un contexte inattendu : sans l’avoir voulu, et sans y être préparés en termes d’idéologie,
de compétences humaines, techniques ou juridiques, les pays du monde entier –Etats-
Unis en tête – sont actuellement obligés de reprendre en catastrophe les manettes de leurs
économies, et en premier lieu les activités de crédit.
Un contexte propice aux réformes les plus ambitieuses : la conscience partagée du
caractère violent, systémique et mondial de la crise, l’élection d’un nouveau président
américain porteur d’un mandat de changement, l’émergence d’un exécutif européen enfin
capable d’initiatives concertées (en dehors d’une Commission européenne absente ou à
contre-emploi, notamment sur les questions de concurrence), l’inclusion des pays
émergents dans la gouvernance mondiale, sont autant de promesses et d’attentes pour le
sommet du 2 avril.
Ces attentes sont telles que de nombreux observateurs comparent ce sommet à un
« Bretton Woods II ». Il est plus juste de comparer le prochain sommet de Londres
avec celui de juin 1933, quelques semaines après l’entrée en fonctions de Franklin
Delano Roosevelt à la présidence des Etats-Unis, en pleine Grande Dépression. Les
puissances européennes voulaient enfermer la conférence dans un agenda contraire aux
intérêts américains, M. Roosevelt boycotta la conférence, avec les conséquences que l’on
sait sur l’économie et la paix mondiales. Quelle que soit la responsabilité des Etats-Unis
dans la crise actuelle, ce risque doit être évité à tout prix.
Dans cette perspective, l’Institut Montaigne formule trois séries de propositions
spécifiques pouvant être soumises au G20, dans un esprit de concertation prenant en
compte les intérêts américains, première puissance économique mondiale et qui devrait le
rester longtemps. Les propositions ci-après succèdent aux mesures d’urgence que nous
préconisons dans le briefing paper1 de mars 2009, en particulier le moratoire sur les
pratiques de marché qui contribuent à l’aggravation de la crise. Elles s’inscrivent aussi
dans notre anticipation d’un programme coordonné, nécessaire et temporaire de
nationalisations des grandes institutions financières américaines et européennes.
1" Reconstruire la finance pour relancer l’économie, briefing paper, Institut Montaigne, mars 2009."