PD Remettre l`économie mondiale sur les rails de la croissance et

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Service de presse de Travail.Suisse – No 17 – 24 novembre 2008 – Marché du travail
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Remettre l’économie mondiale
sur les rails de la croissance et de l’emploi
L’architecture financière internationale doit être réformée et la voix des travailleurs/euses prise en compte pour sortir l’économie mondiale de la récession.
Parce que la Suisse est un pays exportateur qui gagne un franc sur deux à l’étranger, il est
inévitable que la croissance et l’emploi en Suisse vont être affectés en 2009 par la crise financière mondiale qui devient maintenant aussi une crise économique majeure. A titre
d’exemple, les premiers licenciements semblent imminents parmi les sous-traitants
suisses de l’industrie automobile, plombée par la crise.
Notre pays a donc un très grand intérêt à ce que les mesures discutées au niveau international lors de la réunion du G20 (qui regroupe les principaux pays industrialisés et en voie
de développement) débouchent sur des engagements concrets qui réforment complètement le fonctionnement des marchés financiers et qui favorisent une relance coordonnée
au niveau mondial de l’économie.
Il est prématuré de tirer un bilan de cette réunion, les dirigeants du G20 et leurs ministres
des finances devant se revoir avant le 30 avril 2009 pour examiner la mise en œuvre du
plan d’action. En outre, la déclaration finale adoptée est si dépourvue de détails qu’il est
impossible de dire si la coopération macro-économique plus étroite, pour restaurer la
croissance et soutenir les économies des marchés émergents et des pays en développement, sera dotée des moyens nécessaires à son ambition.
Déclaration du G20 : rien ou presque sur l’emploi
On constate toutefois la faiblesse du texte concernant les mesures à prendre pour faire
face à la crise de l’emploi, les dirigeants du G20 se bornant à rappeler combien il est vital
de rejeter le protectionnisme et l’importance de soutenir l’emploi qui, demain, apportera
la croissance durable. Pourtant, selon le Bureau international du Travail (BIT), le nombre
de chômeurs devrait augmenter de 20 millions dans le monde (de 190 à 210 millions) en
raison des conséquences de la crise financière. La pauvreté va aussi augmenter dans les
pays en développement. Il en résulte des risques d’instabilité supplémentaires, des tentations protectionnistes accrues avec une menace pour la paix et la sécurité. Or, l’économie
suisse a besoin de stabilité mondiale pour investir à l’étranger et créer des emplois, aussi
en Suisse.
L’ampleur et la durée de la récession dépendront finalement de la justesse de l’action
gouvernementale.
Service de presse de Travail.Suisse – No 17 – 24 novembre 2008 – Marché du travail
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Pour Travail.Suisse, les éléments suivants sont essentiels :
1) L’architecture réglementaire financière nationale et internationale doit être reconstruite
pour que les marchés financiers reviennent à leur utilité première : assurer un financement stable et efficace de l’outil productif dans l’économie réelle.
Or la déclaration adoptée est encore insuffisante ou formulée de façon trop floue sur ce
chapitre. Ainsi, il n’est toujours pas prévu de réglementer les hedge funds et les fonds de
capital-investissement private equity. L’idée d’établir un régime international pour une
taxation des transactions financières internationales, dont les revenus pourraient servir à
soutenir les institutions financières poursuivant un objectif de développement ou social,
n’est même pas envisagée.
2) Les gouvernements et les institutions internationales doivent établir un nouvel ordre
économique efficace, socialement juste et respectant le développement durable.
Les mesures suivantes devront être prises au niveau mondial :
a. Initier un plan de relance massif pour sortir les économies de la récession et poser les
fondations d’un retour à la création d’emplois décents. Les négociations qui se tiendront à Poznan en Pologne dès le début du mois de décembre pour le nouvel accord
sur le climat qui devra faire suite au Protocole de Kyoto doivent être l’occasion
d’afficher des buts de réduction de gaz à effet de serre ambitieux. Investir dans la protection du climat veut dire investir dans des programmes d’infrastructures publiques
ou de rénovation énergétiques des bâtiments qui créeront des emplois à court terme et
permettront de relancer l’économie.
b. Combattre l’explosion des inégalités de revenus qui est au cœur de cette crise. Un nouveau système de gouvernance économique doit permettre une croissance plus équilibrée dans l’économie mondiale entre les régions, mais aussi entre le capital et le travail,
entre salariés à haut et à bas revenus, entre riches et pauvres.
c. Les budgets d’aide au développement des pays les moins avancés doivent être maintenus au nom des objectifs de développement du millénaire.
Le mouvement syndical international a adopté une déclaration internationale1 pour le
sommet de crise du G20 qui développe de façon plus approfondie ces divers éléments. Il
faut maintenant que les administrations des gouvernements qui plancheront sur la suite
concrète à donner au sommet du G20 s’en inspirent sérieusement. La voix des travailleurs
et travailleuses doit être entendue maintenant, d’autant plus que ce sont eux qui perdent
leur logement, leur emploi, leur retraite du fait de la crise du système financier dont ils ne
sont pas responsables.
Denis Torche, responsable du dossier de politique extérieure, Travail.Suisse
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