Méningites et méningo-encéphalites de l’adulte ECN n° 96 Albert Sotto février 2010 Référentiels z Pilly, POPI z Conférence de consensus 2008 z Circulaire DGS/5C/2006/458 Méningites z z La méningite infectieuse est une urgence thérapeutique Le délai entre l’évocation du diagnostic et l’antibiothérapie doit être le plus court possible Etiologie des méningites en fonction de l’âge 100% 90% 8 80% 70% 55 60% 59 73 S. agalactiae S. pneumoniae L. monocytogenes N. meningitidis H. influenzae 69 50% 40% 89 30% 23 20% 10% 25 11 9 40-64 ans > 64 ans 0% 15-24 ans N cas* en 2006 131 d’après E.Varon, nov 2008 25-39 ans 123 323 240 Total Adultes 817 * Cas redressés et corrigés, Réseau EPIBAC, InVS 5 Épidémiologie z De 1 an à 24 ans z z z méningocoque et pneumocoque = 95% des étiologies ↗ du méningocoque avec l’âge > 24 ans z Pneumocoque = 50% adulte jeune, 70% > 40 ans z Méningocoque z Listeria spp. = 5 à 10% z Haemophilus spp. = 5 à 10% z Streptocoque B = 5 à 10% Méningites à pneumocoque de l’adulte : évolution de la résistance aux β-lactamines 80% 70% % I+R - Pénicilline : CMI > 0,064 mg/L - Amox, Céfotaxime : CMI > 0,5 mg/L 60% 50% 2001 (n=215) 2002 (n=219) 2003 (n=258) 2005 (n=296) 2004 (n=212) 2006 (n=217) 42% 37% 40% 30% 24% 18% 20% 12% 10% 4% 0% Penicillin 20% %R - Pénicilline : CMI > 1 mg/L - Amox, Céfotaxime : CMI > 2 mg/L Amoxicillin Cefotaxime 18% 2001 (n=215) 2002 (n=219) 16% 2003 (n=258) 2005 (n=296) 2004 (n=212) 2006 (n=217) 14% 12% 10,7% 10% 8% 5,5% 6% 4% 2,8% 1,4% 2% 0,5% 0% Penicillin d’après E.Varon, nov 2008 7 Amoxicillin Cefotaxime CNRP, Annual report 2007 Méningites à méningocoque de l’adulte : évolution de la résistance aux antibiotiques Augmentation de la proportion de souches de sensibilité diminuée à la pénicilline (CMI de 0,12 à 1 mg/L) 25% en 2006 Æ 32% en 2007 Aucune souche de sensibilité diminuée aux C3G injectables (CMI < 0,12 mg/L) Aucune souche productrice de pénicillinase Rares souches résistantes à la rifampicine (CMI > 32 mg/L) Rares souches résistantes à la ciprofloxacine (CMI > 0,06 mg/L) d’après E.Varon, nov 2008 Taha MK, CNRM Annual report 8 Autres pathogènes Listeria monocytogenes (DO) 40 à 60 cas d’infections neuro-méningées par an, stable malgré ¸ des cas de listériose humaine (> 60 ans), en France et en Europe En 2006, toutes les souches étaient sensibles à Pénicilline, amoxicilline, ampicilline Gentamicine Les rares souches triméthoprime R doivent être détectées (abolition de la synergie avec sulfamides) Naturellement R aux céphalosporines Haemophilus influenzae 17 cas en 2005 (NT=15, type e=1, type f=1) 13% de souches amino-pénicillines R (CMI > 1 mg/L) Toutes les souches sont sensibles aux C3G en France d’après E.Varon, nov 2008 Le Monnier A, CNRL Annual report Dabernat H, CNRH Annual report 9 Mortalité z Mortalité globale précoce 21% z z z Séquelles z z 30% pneumocoque vs 7% méningocoque (Y>C>B) 25% en cas de purpura fulminans 40% pneumocoque vs 11% méningocoque Létalité et taux de séquelles sont plus élevés au-delà de 65 ans Van de Beek et al. N Engl J Med 2005 Auburtin et al. Crit Care Med Quelles sont les situations conduisant à évoquer un diagnostic de méningite ? z Chez l'adulte, la triade « fièvre, raideur de nuque et altération de la conscience » a une sensibilité d'environ 45 % pour le diagnostic de méningite bactérienne communautaire Quelles sont les situations conduisant à évoquer un diagnostic de méningite ? z z Chez l'adulte, la triade « fièvre, raideur de nuque et altération de la conscience » a une sensibilité d'environ 45 % pour le diagnostic de méningite bactérienne communautaire 95 % des patients avec méningite bactérienne ont au moins deux des signes parmi les suivants : céphalées, fièvre, raideur de nuque, altération de la conscience Quelles sont les situations conduisant à évoquer un diagnostic de méningite ? z z z z z Chez l'adulte, la triade « fièvre, raideur de nuque et altération de la conscience » a une sensibilité d'environ 45 % pour le diagnostic de méningite bactérienne communautaire 95 % des patients avec méningite bactérienne ont au moins deux des signes parmi les suivants : céphalées, fièvre, raideur de nuque, altération de la conscience La triade classique est plus fréquente lors des méningites à pneumocoque qu'à méningocoque Des signes cutanés, essentiellement un purpura, évoquent un méningocoque Les signes de Kernig et Brudzinski et la raideur de nuque ont une mauvaise sensibilité Quelles sont les situations conduisant à évoquer un diagnostic de méningite ? z une méningite est hautement probable chez un patient présentant de la fièvre, une raideur de nuque et soit des céphalées soit des troubles de la conscience Quelles sont les situations conduisant à évoquer un diagnostic de méningite ? z z une méningite est hautement probable chez un patient présentant de la fièvre, une raideur de nuque et soit des céphalées soit des troubles de la conscience une méningite est hautement probable chez un patient présentant de la fièvre, et un purpura, ce d'autant que sont associées des céphalées Quelles sont les situations conduisant à évoquer un diagnostic de méningite ? z z z une méningite est hautement probable chez un patient présentant de la fièvre, une raideur de nuque et soit des céphalées soit des troubles de la conscience une méningite est hautement probable chez un patient présentant de la fièvre, et un purpura, ce d'autant que sont associées des céphalées une méningite doit être évoquée chez un patient présentant de la fièvre et des signes neurologiques de localisation ou des convulsions Quelles sont les situations conduisant à évoquer un diagnostic de méningite ? z Le diagnostic de méningite doit toujours être gardé à l'esprit chez un patient présentant des céphalées et de la fièvre sans trouble de la conscience ni raideur de la nuque ni troubles neurologiques. Quelles sont les situations conduisant à évoquer un diagnostic de méningite ? z Le diagnostic de méningite doit toujours être gardé à l'esprit chez un patient présentant des céphalées et de la fièvre sans trouble de la conscience ni raideur de la nuque ni troubles neurologiques. z En l'absence d'un autre diagnostic possible, une ponction lombaire doit être discutée en particulier s'il existe un syndrome inflammatoire évocateur d'une infection bactérienne (CRP et/ou procalcitonine élevées) Recherche de signes de gravité z purpura fulminans = urgence thérapeutique z signes de choc septique z signes neurologiques z van de Beek et al.,NEJM 2006 signes de localisation, troubles la conscience, convulsions, signes neurovégétatifs, signes d’HTIC Ö Hospitalisation en réanimation Diagnostic de présomption du microorganisme sur les données épidémiologiques z Pneumocoque z z z z Méningocoque z z z z > 25 ans Foyer ORL, chirurgie base du crâne, trauma crânien Éthylisme chronique, diabète sucré, VIH, splénectomie Adolescent, adulte < 24 ans Foyer ORL Contage, épidémie Listériose z z z Adulte > 50 ans, femme enceinte, n-nés Immunodépression Contage, épidémie Diagnostic de présomption du microorganisme sur les données cliniques z Signes cliniques d’une virose z z Signes neurologiques z z pneumocoque Purpura extensif z z zona, oreillons méningocoque Rhombencéphalite z listériose Ponction Lombaire z z Urgence !!! Réalisation d’une imagerie cérébrale avant PL si z z z z Signes de localisation neurologiques Troubles de la vigilance (Glasgow ≤ 11) Crises épileptiques récentes ou en cours focales ou généralisées ! Aux troubles de la coagulation L’imagerie encéphalique préalable à la PL ne doit retarder en aucun cas le traitement anti-infectieux L’antibiothérapie doit être instaurée au plus tard dans les 3 heures, idéalement dans l’heure qui suit l’arrivée à l’hôpital Diagnostic de présomption sur les données biologiques sanguines z Méningite bactérienne / virale 115 mén. bact vs 283 mén vir z Hyperleucocytose à PNN z z (Hoen et al., EJCMID 1995) Ü PCT z (Viallon et al., CID 1999) P < 0.0001 GB = 19.9 ± 10.1 vs 8.9 ± 3.4 . 109/l PNN = 16.3 ± 9.1 vs 6.2 ± 3.0 . 109/l 23 mén. bact vs 57 mén vir vs mén = 0 13.8 ± 5.2 vs 0.03 ± 0.003 vs 0.04 ± 0.002 Diagnostic de présomption sur les données biologiques du LCR z Méningite bactérienne / virale z 115 mén. bact vs 283 mén vir Hyperleucocytose à PNN P < 0.0001 GB = 4990 ± 5000 vs 311 ± 400 . 106/l PNN = 4750 ± 5026 vs 66 ± 134 . 109/l z Hyperprotéinorachie 3.6 ± 3.1 vs 0.5 ± 0.3 g/l z Hypoglycorachie Ratio LCR/sang 0.2 ± 0.3 vs 0.6 ± 0.2 Hoen et al., EJCMID 1995 Quels sont les examens biologiques à visée diagnostique qui doivent être réalisés pour déterminer l’étiologie bactérienne ? z De manière systématique z analyse biochimique, cytologique et microbiologique du LCR. La culture du LCR reste l'examen de référence : elle affirme le diagnostic, identifie l'agent étiologique, étudie la sensibilité aux antibiotiques. z au moins une hémoculture z Les examens suivants sont optionnels : z Test immunochromatographique pour Streptococcus pneumoniae sur le LCR, lorsque le contexte clinique est fortement évocateur d'une méningite bactérienne en particulier lorsque l'examen direct du LCR est négatif z PCR sur le LCR. En cas de forte suspicion de méningite bactérienne et d'examen direct négatif : PCR méningocoque, PCR pneumocoque sauf si le test immunochromatographique a été réalisé, ou PCR universelle z PCR méningocoque sur le sang en cas de forte suspicion de méningococcémie z Les examens suivants sont optionnels : z Biopsie cutanée en présence de purpura, surtout si un traitement antibiotique a été initié avant la réalisation de la ponction lombaire ou si l'examen direct du LCR est négatif ou non pratiqué : PCR méningocoque, examen direct et culture z Dosage du lactate dans le LCR : une valeur audessous de 3,2 mmol/l rend très peu probable le diagnostic de méningite bactérienne z Dosage de la procalcitonine sérique : une valeur audessous de 0,5 ng/ml rend très peu probable le diagnostic de méningite bactérienne Thérapeutique anti-infectieuse z Immédiate avant PL si z Purpura z Prise fulminans en charge hospitalière ne peut pas être réalisé dans les 90 min z CI à la réalisation de la PL z Anomalie de l’hémostase z Risque élevé d’engagement cérébral z Instabilité hémodynamique Traitement de 1ère intention des méningites bactériennes aiguës en fonction de l’examen du LCR Conférence de consensus, novembre 2008 Conférence de consensus, novembre 2008 Place des corticoïdes z Dexaméthasone est recommandée, immédiatement avant ou de façon concomitante à la première injection d'antibiotique en cas de : z diagnostic microbiologique initial chez l'adulte de méningite à pneumocoque (grade A) ou à méningocoque (Grade B) z diagnostic présumé de méningite bactérienne sans certitude microbiologique mais décision de traitement probabiliste par antibiotique chez l'adulte : z l'indication d'une imagerie cérébrale retarde la réalisation de la PL z le LCR est trouble et a fortiori purulent lors de la ponction lombaire z l'examen direct est négatif mais les données fournies par les autres examens biologiques du LCR et du sang permettent de retenir le diagnostic de méningite bactérienne Traitement antibiotique après documentation microbiologique Conférence de consensus, novembre 2008 Conférence de consensus, novembre 2008 Conférence de consensus, novembre 2008 van de Beek et al.,NEJM 2006 Purpura fulminans Ceftriaxone ou cefotaxime 50-100 mg/kg, 1 à 2 g chez l’adulte z Si allergie aux bêta-lactamines z Pneumocoque et ménigocoque z phénicolés z Listériose z cotrimoxazole Si LCR clair cellules > 10/mm3 lympho > ou = 50 % glyLCR/glysang < 0.5 glyLCR/glysang sup ou = 0.5 tuberculose / listériose/ cryptococcose... B Gram + Encre de chine + négatif listériose cryptococcose traiter listériose +/- tuberculose traitement spécifique traitement spécifique méningite virale méningo-encéphalite herpétique surveillance traitement spécifique z Ne pas oublier de traiter la porte d’entrée Mesures de santé publique z MDO z Infections invasives à méningocoque z Listériose z Isolement z Infections invasives à méningocoque Mesures prophylactiques z Méningocoque = Circulaire DGS/5C/2006/458 du 23 octobre 2006 z Pneumocoque = vaccination z Haemophilus = vaccination Méningo-encéphalites infectieuses Manifestations cliniques z Association variable de z Syndrome méningé z Fièvre z Troubles de la vigilance z Signes déficitaires neurologiques z Crises convulsives z Manifestations spécifiques de l’agent infectieux causal Étiologies z Virales = HSV1, 2, autres herpès virus, rougeole, rubéole, oreillons, grippe,… z Bactériennes = listériose, tuberculose, borréliose,… z Fongiques = cryptococcose, toxoplasmose z Parasitaires = paludisme Explorations paracliniques Imagerie = IRM à défaut TDM z Ponction lombaire = examen « standard » + examen spécifiques en fonction de l’orientation étiologiques (coloration spéciales, Ag, PCR,…) z Au niveau sanguin = hémoculture, sérologie, Ag, PCR, frottis,… z Thérapeutique z Urgences thérapeutiques z Méningo-encéphalite z Listériose z Paludisme z Cryptococcose herpétique Encéphalite herpétique Tableau sévère z Imagerie ; EEG z PL = méningite lymphocytaire, PCR HSV z z Aciclovir IV z 15 mg/kg/8h pdt 21 jours