entrées libres < N°68 < avril 2012 15
La presse en a parlé. Nous y revenons.
À partir d’une information ou d’un évènement
récent, entrées libres interroge une personnalité,
du monde scolaire ou non. L’occasion, pour
elle,de nous proposer un éclairage différent,
un commentaire personnel, voire d’interroger
la question ainsi posée.
22/03/2012
Suite à l’appel lancé par les Nations
Unies à taxer la « malbouffe », le
Conseil de la Jeunesse en Commu-
nauté française s’est prononcé pour la
suppression de ce type d’aliments dans
les écoles au pro t d’une alimentation
saine. La Ministre de l’Enseignement
obligatoire, Marie-Dominique SIMO-
NET, lui a emboité le pas en annonçant
son intention de supprimer les distri-
buteurs de sodas, sucreries ou autres
chips dans les écoles d’ici 2015.
Et vous, qu’en dites-vous?
Axelle VERMEEREN, médecin sco-
laire, médecin-directeur du Centre
de santé de l’UCL :
« Le problème du surpoids et de l’obé-
sité chez l’enfant est un réel problème
de santé publique en Communauté
française. La proposition de M.-D. SI-
MONET me semble, dès lors, tout à
fait correcte. La Belgique dispose, en
fait, depuis quelques années d’un plan
de nutrition au niveau fédéral, qui s’est
décliné aux niveaux régional et commu-
nautaire. Un « Plan de promotion des
attitudes saines » a été mis en place
entre 2005 et 2010, dans le but d’amé-
liorer la santé et le bien-être des enfants
et des adolescents en Communauté
française. Il s’agissait d’améliorer les
habitudes alimentaires des enfants et
des parents, de renforcer leur éducation
en la matière et de mener une ré exion
globale sur l’environnement éducatif
et ses enjeux culturels, commerciaux
et économiques. Fatalement, dans ce
cadre-là, la proposition de la Ministre
est l’une des pistes à envisager. Mais
une mesure seule ne règlera pas le pro-
blème de l’alimentation des enfants ou
de l’obésité. Cela doit se faire dans un
cadre global, en rendant les gens ac-
teurs de la santé. Il faudra donc diffuser
cette information, la faire accepter sur le
terrain et faire en sorte que les acteurs
soient partie prenante du projet.
Le « Plan de promotion des attitudes
saines » avait déjà contribué à la mise
en place de différentes mesures : deux
conseillers nutritionnels ont eu pour
mission d’aider à améliorer la restaura-
tion scolaire, une mallette pédagogique
et un label « alimentation saine » pour
les écoles ont été créés, un état des
lieux a été effectué au niveau des can-
tines scolaires, du personnel a été for-
mé, l’offre des collations et des boissons
a été règlementée, et les activités com-
merciales dans les écoles interdites…
C’est peut-être aussi à l’école que l’on
peut proposer une éducation au gout,
aux fruits et aux légumes, à des aliments
que certains enfants ne connaissent
peut-être pas, à l’importance de boire
de l’eau. Ce n’est pas le fait d’interdire
ceci ou cela qui marche, mais plutôt
de proposer une formule alternative :
qu’est-ce qu’on met à disposition ? S’il
n’y a qu’une seule fontaine d’eau pour
1000 élèves et que l’eau servie à la
cantine est chaude, cela ne peut pas
fonctionner. Il faut aussi que le restau-
rant scolaire soit agréable, qu’on ait un
peu de temps pour manger, que ce soit
propre, pas trop bruyant… Il est assez
logique de retrouver des produits sains
à l’école, mais cela pose certaines dif-
cultés : les yaourts ont une date de
péremption, les fruits pourrissent plus
facilement qu’une gaufre…
Comme l’enfant passe la moitié de
sa vie en milieu scolaire, il est en tout
cas assez logique qu’il se trouve dans
un milieu favorable à la santé, tant en
termes d’accès à l’eau ou à une ali-
mentation saine et équilibrée qu’en
termes d’activité physique. Bien sûr, il
faut laisser du temps aux écoles. La
Ministre propose d’attendre 2015 parce
qu’il faut tenir compte de la réalité éco-
nomique. Vendre des gaufres ou des
chips dans les écoles, cela rapporte de
l’argent. Celles-ci doivent pouvoir se
retourner. Le tout n’est pas de leur dire
ce qu’elles doivent faire, les moyens
nanciers doivent suivre ! Pour moi,
si dans trois ans, les distributeurs sont
interdits dans toutes les écoles de tous
les niveaux d’enseignement, ce serait
déjà très bien. Mais il ne faut pas ou-
blier ce qui se passe avant et après
l’école, le milieu extrascolaire et la pro-
motion de l’activité physique. »
BRIGITTE GERARD
Pour plus d’informations et
d’idées de bonnes pratiques :
www.mangerbouger.be
INTERDIRE LA MALBOUFFE À L’ÉCOLE ?
mais encore...
Illustration: Anne HOOGSTOEL
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