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Valérie Busseuil tél. 03 88 34 10 36
valerie.busseuil@strasbourg.eu
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Les Taps,
théâtre actuel et public
de Strasbourg
saison 2011-12
DOSSIER DE PRESSE
création 2011
Créanciers
d’August Strindberg
Mise en scène Cyril Pointurier
Orchestre Seconde, Strasbourg
Traduction Marc-Vincent Howlett et Jean-Claude Amyl - Ed. Circé théâtre
Avec Laure Wolf, Gaël Chaillat, Philippe Cousin
Scénographie Antonin Bouvret
Lumière et dispositif vidéo Frédérique Steiner-Sarrieux
Création sonore Cyril Pointurier
Assistante à la mise en scène Marie Bruckmann
Régie générale Gwendoline Barbey
Taps Scala
du mardi 4 au samedi 8 octobre à 20h30
dimanche 9 octobre à 17h
théâtre / tout public / 1h20
"après-coup" le vendredi 7 octobre à l’issue de la représentation
Production Orchestre Seconde. Coproduction : Comédie de l’Est- Centre dramatique régional d’Alsace Colmar ; les Taps
théâtre actuel et public de Strasbourg. Avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication – DRAC Alsace, de
la Région Alsace, de la Ville de Strasbourg, du Conseil Général du Bas-Rhin et de l’Agence Culturelle d’Alsace dans le cadre du
dispositif d’accompagnement à la création.
Les "après-coups" sont un moment d’échanges privilégiés entre les équipes artistiques et le public en salle. Ils
se déroulent à l’issue de l’une des représentations et prolongent ainsi le temps du spectacle par celui de la
rencontre.
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RÉSUMÉ
Cyril Pointurier, artiste associé aux Taps depuis la saison dernière, créera ce huis-clos sombre et
tragique à l’issue d’une résidence de trois semaines sur le plateau du Taps Scala.
Pour l’immense auteur suédois qu’est August Strindberg, si l’amour n’est pas une monnaie il n’est
pas un acte gratuit non plus : il laisse des créances dans le cœur des amants. Dans les liens qui se
tissent, les serments qui s’échangent, chacun est créancier de l’autre et peut à tout moment venir
reprendre ses gages.
Créanciers est une double histoire d’amour qui se solde entre une femme - romancière renommée -
et deux hommes follement épris d’elle. Il est question de jalousie, de vengeance, de manipulation
dans la société suédoise de la fin du XIX° siècle où la femme veut assumer son désir d’indépendance
et de liberté. Subtilement, à la manière d’une histoire à suspens, vont se découdre les liens jusqu’au
terme de l’aventure que l’on croirait sortie d’Othello de Shakespeare.
Dans un espace ouvert à l’imaginaire, trois personnages très dessinés illustrent l’analyse des relations
amoureuses d’un poète visionnaire au cœur tourmenté.
LE TEXTE
Ce texte a été publié en 1888 par August Strindberg, peu après le succès de Mademoiselle Julie. Ecrit
en un mois, ce drame débute comme un banal complot conjugal ourdi par un ex-mari tentant de
briser le bonheur de celle qui fut son épouse. Comment ? En minant son couple de l’intérieur. Très
vite, sa tentative de manipulation visant à dresser l’actuel mari contre son épouse passe au second
plan. Créanciers est une analyse pertinente de ce que toute relation amoureuse génère comme
passif, comme créance indélébile entre deux amants qui deviennent peu à peu des conjoints.
Concise, la pièce se compose de trois actes :
- à visage couvert, l’ex-mari de Tekla amène Adolphe à penser que sa femme ne l’aime pas
mais qu’elle l’utilise
- Tekla fait face aux reproches et aux doutes de son mari : elle y répond sans saisir leur gravité.
- l’ex-mari s’emploie à démontrer que Tekla est incapable d’aimer et qu’elle ne fait que
consommer ce que les hommes lui donnent ; Tekla lui répond qu’elle ne négociera jamais sa
liberté.
Tekla : Ainsi tu viens présenter tes créances ?
Gustave : Je viens reprendre ce que tu m’as volé, et non ce que je t’ai donné. Tu avais volé mon
honneur et je ne pouvais plus le retrouver qu’en prenant le tien. N’avais-je pas raison ?
Tekla : L’honneur ! Et maintenant, tu es satisfait ?
Gustave : Maintenant, je suis satisfait.
Créanciers (extrait)
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L’AUTEUR
August Strindberg (1849-1912) appartient à la même génération de
dramaturges que le russe Tchekhov et le norvégien Ibsen. Moins connu
que Tchekhov, plus novateur qu'Ibsen, il contribue à fonder la modernité
au théâtre.
On connaît Mademoiselle Julie, Père, Créanciers, La danse de mort,
pièces souvent jouées en France. On ignore souvent l'énorme production
littéraire de Strindberg : pièces historiques, drames à stations ou jeux de
rêve pour qualifier des pièces inclassables comme Le chemin de Damas,
pièces "de chambre", mais aussi récits, essais, articles, correspondance
passionnante, entre autres avec Zola ou Nietzsche, réflexions sur le
théâtre partiellement recueillies dans Théâtre cruel, théâtre mystique paru
chez Gallimard en 1964. Strindberg, parcourant l'Europe sans trouver jamais de lieu qui apaise ses
angoisses, se révèle au carrefour d'influences aussi décisives que celles de Schopenhauer, Schiller,
Kierkegaard, Byron, ou des précurseurs de Freud comme Bernheim. Il s'avère une formidable caisse
de résonance de toutes les tendances esthétiques de son temps, notamment dans ses prises de
position sur le naturalisme. Il est aussi un peintre étonnant, très lié à Edward Munch. Il se passionne
pour la chimie et se rêve alchimiste jusqu'à s'en brûler les mains.
" Ce qu'il me faut, c'est absolument savoir. Et pour cela je vais faire sur ma vie une profonde, une
discrète et scientifique enquête. Utilisant toutes les ressources de la nouvelle science psychologique,
en mettant à profit la suggestion, la lecture de pensée, la torture mentale, [...] je chercherai tout. "
La vie et l'œuvre de Strindberg se placent sous le signe de cette confession. Tous ses écrits
témoignent de sa vie et portent la trace de ses crises, de ses combats, de ses révoltes contre une
société au conformisme rigide qu'il exècre et qui le décrètera scandaleux. Le moi de l'écrivain fonde
l'unité de cette énorme production littéraire, par delà les genres et par delà les diversités formelles.
en 1849, dans un milieu petit bourgeois, il perd sa mère à treize ans et souffre du remariage d'un
père trop autoritaire. Sa mère, fille d'aubergiste, épousera son père après avoir été sa gouvernante
puis sa maîtresse. Ce roman familial est à l'origine du sentiment de déclassement, d'entre deux, qui
l'habite toute son existence. Il échoue dans la carrière de comédien où il voulait s'engager, devenant,
peut-être par dépit, auteur de théâtre. Ses relations avec les femmes sont terriblement
conflictuelles. Marié et divorcé trois fois, il doit travailler beaucoup pour assurer la subsistance des
enfants qu'il a de chacun de ses mariages. La misogynie de Strindberg, son antiféminisme bien connu,
le diabolisent face à son rival Ibsen qui apparaît depuis Maison de poupée comme un champion du
féminisme. Strindberg aime les femmes dans une recherche fusionnelle et de tels élans passionnés
qu'il ne peut qu'être déçu. C'est alors que l'ange adoré se transforme à ses yeux en mégère prête à le
vider de toute substance. Sa jalousie féroce envers sa première épouse, la baronne Siri Von Essen est
à l'origine de ses premiers délires paranoïaques. Toute sa vie Strindberg traverse des crises délirantes
qu'il tente de décrire dans des textes autobiographiques, toute sa vie il lutte contre ses fantômes
pour extraire, in vivo, de son être, une œuvre noire qui nous dit la détresse de l'homme
d'aujourd'hui. Kafka, les expressionnistes, Adamov dramaturge contemporain revendiquent
fortement son héritage. Comment ne pas penser qu'Artaud, qui monta Le Songe au théâtre Alfred
Jarry en 1928, n'ait pas puisé chez Strindberg le terme même de théâtre de la cruauté
?
source blog attheatrehanoi : Anne-Marie BONNABEL, professeur agrégé de Lettres Modernes
chargée de l'enseignement du théâtre au Lycée Thiers de Marseille.
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LE PROJET ARTISTIQUE DE L’ORCHESTRE SECONDE
Après Heiner Müller, Pier Paolo Pasolini, Tennessee Williams ou Friedrich Nietzsche, l’Orchestre
Seconde confirme son attrait pour des auteurs qui posent un regard sans concession sur le cadre
oppressant voire aliénant des conventions sociales.
Les particularités de cette création
Le plateau est entièrement dégagé, jusqu’à ses murs.
La scénographie multiplie les aspérités (une méridienne surdimensionnée), un mur d’images oblique
qui impose le fantasme masculin, aucun espace d’intimité)
Aucune « reconstitution » réaliste du cadre d’époque n’est envisagée afin de souligner ce en quoi ce
texte demeure relié à la conjugalité d’aujourd’hui.
Le conflit est transcendé grâce à la projection des photographies de Tekla. Signées Christophe
Urbain, elles soulignent l’écart entre la personne réelle qu’est Teckla et le regard des deux hommes
projetant sur elle leur fantasme d’appropriation. Des images vidéo filmées en live par les deux
protagonistes masculins sont très ponctuellement diffusées sur le sol.
Note d’intention du metteur en scène, Cyril Pointurier
« J’envisage Créanciers comme un huis-clos. Une femme, deux hommes.
A mes yeux, cette pièce est unique en son genre. Son auteur s’empare des conventions du drame
bourgeois pour aboutir à un questionnement frontal sur les rapports homme-femme.
J’ai envie de jouer avec la dualité de ce matériau.
D’une part, en m’appuyant sur l’élégance des costumes, le confort apparent d’une méridienne et les
convenances dont l’écriture se repaît faussement.
D’autre part en posant un plateau aussi nu que possible afin de permettre au regard de se focaliser
sur les rapports de force portés par les interprètes.
Trois protagonistes confinés dans un hall d’hôtel déserté.
Une femme aimée par deux hommes : son mari et son ex-mari.
Une unité de lieu et de temps. Une multiplicité de conflits entre dit et non-dit, passé et présent.
En 1888, Strindberg se passionne pour l’inégalité comme moteur des rapports humains (il vient de
découvrir la pensée de Nietzche) : inégalité des sentiments amoureux, inégalité socioprofessionnelle,
inégalité générationnelle et inégalité des tempéraments nourrissent fortement les personnages de
Créanciers.
Elle est un auteur connu. Il est un artiste sur le déclin, tandis que le troisième semble être un
enseignant en mal de reconnaissance littéraire.
Un ex-mari amer qui manipule l’époux de celle qu’il pensait être sienne.
La pièce s’ouvre sur la détresse des hommes.
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Violemment, ils croquent le portrait d’une femme calculatrice et sans amour. Lorsqu’ils se
confrontent à elle, qu’elle apparaît sur le plateau, on découvre que Tekla est en vérité une toute
autre personne.
Et ce n’est pas l’unique bascule de Créanciers : car dans les reproches qui lui sont adressés se
dessine en négatif le carcan qui pèse sur cette femme : son rôle de faire-valoir, la maternité comme
obligation morale et surtout son maintien insidieux comme mineure au sein du couple.
Or Tekla s’affranchit de ces fardeaux. Peu à peu on devine que si sa liberté paraît intolérable aux
deux hommes, c’est parce qu’elle ne fait que mettre à jour leur médiocrité.
Tekla refuse d’être utilisée comme un paravent derrière lequel il est valorisant de se dissimuler.
Sur le plan dramaturgique, j’observe qu’il y a tous les éléments dans cette pièce pour que le
spectateur ressente un subtil embarras si ce n’est un vrai plaisir à se couvrir lui aussi manipulé
par le stratagème de Gustave, l’ex-mari.
Certes, le glaçant portrait qu’il fait de Tekla est approuvé par Adolphe, l’époux actuel, mais ce sont
ses propres préjugés sur les clichés de la femme vampirique et dominatrice qui nous poussent à
condamner Tekla, alors même qu’elle n’est pas encore entrée en scène.
Le procédé élaboré par Strindberg n’est pas seulement habile : il sollicite nos à priori.
Lorsque Tekla apparaît, elle respire la joie de vivre. Par contraste avec la souffrance d’Adolphe et
l’aigreur de Gustave, son bonheur est suspect. Or, peu à peu, chacun peut réaliser à quel point elle
est loin de ce théâtre masculin qui réunit les deux hommes. Tekla est radieuse. Et aimante.
A mes yeux, même si ce texte évoque un hall d’hôtel, l’intensité des relations constitue le seul cadre.
Il faut que ce cadre soit matérialisé. L’espace doit suggérer une tension asymétrique entre les
protagonistes. L’élaboration du stratagème de Gustave doit fonder l’aménagement du plateau. Les
images vidéo live projetées sur le sol renforceront le caractère obsédant qu’elles revêtent pour ces
deux hommes. Mais elles exalteront aussi la liberté pleinement assumée par cette femme. »
Cyril Pointurier / mai 2010
dessin préparatoire à la scénographie (Antonin Bouvret)
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